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Le Flux Empathique | Joël de Rosnay | TEDxBasqueCountry

  • 0:09 - 0:11
    Le flux empathique.
  • 0:12 - 0:15
    Un titre un peu étrange,
  • 0:16 - 0:19
    mais je voudrais montrer
    avec ces deux mots
  • 0:19 - 0:21
    qu'une dynamique de paix est possible.
  • 0:23 - 0:24
    Comment ?
  • 0:24 - 0:30
    Parce que les flux, la fluidité,
    au contraire de la force,
  • 0:30 - 0:34
    permettent d'organiser
    les relations humaines
  • 0:34 - 0:39
    de manière différente,
    plus juste et plus équilibrée.
  • 0:39 - 0:42
    Et parce que l'empathie,
  • 0:42 - 0:44
    c'est la capacité que l'on a,
    psychologiquement,
  • 0:44 - 0:47
    à se mettre à la place de l'autre
  • 0:47 - 0:52
    pour comprendre ses émotions
    et ses sentiments.
  • 0:53 - 0:56
    Une grande différence avec la force.
  • 0:57 - 1:00
    L'usage de la force dans les rapports
    sociaux et dans les rapports humains.
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    Usage de la force
    qui conduit souvent au conflit,
  • 1:03 - 1:07
    à l'affrontement et parfois même
    à la violence.
  • 1:07 - 1:12
    Tandis que la pratique raisonnée
    et intelligente des flux
  • 1:13 - 1:18
    peut conduire au partage,
    peut conduire à la solidarité,
  • 1:19 - 1:21
    peut conduire aussi à la collaboration.
  • 1:23 - 1:25
    Une grande différence, notez-le,
  • 1:26 - 1:29
    avec l'usage de cette force.
  • 1:29 - 1:33
    Une très grande différence,
    qui fait que aujourd'hui,
  • 1:33 - 1:37
    nous sommes confrontés
    à des rapports de force
  • 1:37 - 1:40
    et à des rapports de flux,
  • 1:40 - 1:44
    deux expressions qui vous le comprendrez
    interpellent le scientifique
  • 1:44 - 1:46
    et le surfeur qui vous parle.
  • 1:47 - 1:50
    Alors voyons un peu ensemble
  • 1:50 - 1:53
    comment ces rapports de force
    et ces rapports de flux
  • 1:53 - 1:57
    peuvent nous aider à mieux comprendre
    les chemins, ou à tracer les chemins
  • 1:57 - 2:01
    vers la paix, thème magnifique
  • 2:01 - 2:06
    choisi par TEDx Basque
    pour cette formidable journée.
  • 2:06 - 2:09
    Nos sociétés se sont construites
    depuis l'origine
  • 2:09 - 2:11
    sur des rapports de force : voyez,
    je fais ce geste,
  • 2:11 - 2:13
    un affrontement des puissances,
  • 2:13 - 2:16
    militaires, économiques, religieuses,
  • 2:16 - 2:19
    politiques, parti contre parti,
  • 2:19 - 2:21
    mais aussi plus proche de nous,
  • 2:21 - 2:24
    rapport de force
    entre les syndicats et le patronat.
  • 2:24 - 2:28
    De manière plus globale,
    avec la dissuasion nucléaire,
  • 2:29 - 2:31
    avec l'équilibre de la terreur.
  • 2:31 - 2:34
    Or, le problème avec les rapports
    de force, vous le comprenez,
  • 2:34 - 2:37
    c'est que pour sortir
    d'un rapport de force,
  • 2:37 - 2:39
    il faut ce que l'on appelle une escalade,
  • 2:39 - 2:43
    c'est-à-dire que l'une prend le dessus
    sur l'autre pendant un certain temps
  • 2:43 - 2:45
    et l'autre essaye de la rattraper.
  • 2:45 - 2:52
    D'où discontinuité, déséquilibre,
    précarité, insécurité.
  • 2:53 - 2:56
    Et pourtant, depuis toujours,
  • 2:56 - 3:00
    nous apprenons à nos enfants
    à être le plus fort, le meilleur,
  • 3:00 - 3:02
    le premier de la classe...
    Peut-être pas tout le monde !
  • 3:02 - 3:07
    mais à gagner... et nos entreprises,
    à être compétitives, concurrentes,
  • 3:07 - 3:10
    C'est ce que l'on prône toujours,
    la concurrence, le dépassement,
  • 3:10 - 3:11
    battre les autres.
  • 3:11 - 3:16
    Or, ces pratiques conduisent bien souvent
    à des tensions sociales
  • 3:16 - 3:18
    que l'on connaît de plus en plus.
  • 3:18 - 3:20
    Moi je reconnais, dans ma carrière
  • 3:20 - 3:25
    j'ai bien sûr pratiqué, je pratique
    encore des rapports de force :
  • 3:25 - 3:29
    pour que mon équipe, dans la recherche,
    soit la première à publier une découverte
  • 3:29 - 3:33
    en gardant le secret
    pour que telle autre équipe,
  • 3:33 - 3:38
    dans un registre plus commercial,
    plus managérial, soit avant les autres
  • 3:38 - 3:42
    pour lancer un produit, lancer un service,
    sans rien dire à personne,
  • 3:42 - 3:44
    et sans partager.
  • 3:45 - 3:49
    Tout ça pour les honneurs, la gloire,
    les titres, la reconnaissance.
  • 3:50 - 3:52
    Mais j'ai compris progressivement,
  • 3:52 - 3:54
    et je voudrais qu'on le partage
    un peu ensemble,
  • 3:54 - 3:58
    que les rapports de flux pouvaient,
    dans l'intérêt de tous,
  • 3:58 - 4:00
    et bien sûr de la paix,
  • 4:00 - 4:03
    remplacer progressivement
    les rapports de force.
  • 4:05 - 4:10
    Et ceci, dans une optique
    que je voudrais expliquer ici
  • 4:10 - 4:14
    en faisant un geste différent de celui
    de tout à l'heure, qui est celui-ci :
  • 4:14 - 4:17
    un échange de flux complémentaires
  • 4:18 - 4:22
    non pas antagonistes, mais qui s'ajustent
    l'un par rapport à l'autre.
  • 4:22 - 4:25
    Des flux qui peuvent être
    de l'information, des flux financiers,
  • 4:25 - 4:26
    des flux de personnes,
    des flux de biens,
  • 4:26 - 4:30
    mais je voudrais vous donner
    un exemple très simple avec du liquide,
  • 4:30 - 4:34
    imaginez un seau transparent,
    il se remplit par un robinet en haut,
  • 4:34 - 4:36
    il se vide par un robinet de vidange
    en dessous.
  • 4:36 - 4:38
    Vous comprenez tout de suite
    que si les deux débits,
  • 4:38 - 4:40
    d'entrée et de sortie,
    sont exactement les mêmes,
  • 4:40 - 4:43
    le niveau de l'eau dans le seau
    reste à la même hauteur.
  • 4:43 - 4:45
    Il reste constant.
  • 4:45 - 4:49
    Écoutez-moi bien, j'ai dit constant.
    Je n'ai pas dit « qui reste statique ».
  • 4:49 - 4:52
    C'est ce qu'on appelle en biologie
    un niveau stationnaire.
  • 4:52 - 4:55
    Toutes les molécules d'eau se renouvellent
    en permanence dans mon seau,
  • 4:55 - 4:58
    et pourtant le niveau reste constant.
  • 4:58 - 5:02
    Je peux jouer sur les débits
    pour faire monter ce niveau
  • 5:02 - 5:04
    ou l'abaisser un petit peu plus bas.
  • 5:04 - 5:09
    Et voilà la clé de l'adaptation des flux
    à leur environnement, aux circonstances,
  • 5:09 - 5:11
    c'est l'information !
  • 5:11 - 5:15
    Sans information, je ne peux pas ajuster
    les flux l'un par rapport à l'autre,
  • 5:15 - 5:19
    et l'adapter à son environnement,
    à leurs différentes circonstances,
  • 5:19 - 5:20
    et à l'évolution.
  • 5:21 - 5:27
    Et d'ailleurs, moi j'ai choisi
    un mode de fonctionnement,
  • 5:27 - 5:31
    dans la vie ou avec les autres,
    qui est un mode fluide.
  • 5:31 - 5:34
    Un modèle fluide,
    un modèle de la fluidité.
  • 5:34 - 5:37
    Et ça ne vous étonnera pas
    que ce modèle de la fluidité,
  • 5:37 - 5:38
    c'est le surf.
  • 5:39 - 5:44
    Ce modèle de la fluidité, il permet
    au surfeur ou à la surfeuse,
  • 5:44 - 5:47
    de tirer plaisir et davantage,
  • 5:47 - 5:50
    et avantage, pour un concours
    ou pour son plaisir de surfeur,
  • 5:50 - 5:53
    des rapports de flux,
    de la dynamique des flux.
  • 5:53 - 5:55
    Il faut qu'en permanence il soit capable
  • 5:55 - 5:58
    de contrôler cette information
    multidimensionnelle.
  • 5:58 - 6:03
    Pourquoi ? Parce que la vague elle-même
    est un flux, elle roule vers la plage,
  • 6:03 - 6:04
    en série.
  • 6:04 - 6:09
    Et sur ce premier flux, moi je peux
    adapter ma planche pour aller de travers,
  • 6:09 - 6:11
    en créant un second flux.
  • 6:11 - 6:13
    Et en plus j'en crée un troisième,
  • 6:13 - 6:17
    c'est que mon corps, la dynamique
    de mon corps sur la planche,
  • 6:17 - 6:19
    si je m'avance trop, je vais piquer ;
  • 6:19 - 6:21
    si je recule, je vais la perdre.
  • 6:21 - 6:26
    Donc je suis obligé d'avoir en permanence
    une information multidimensionnelle
  • 6:26 - 6:28
    venant de mon environnement,
    venant des autres,
  • 6:28 - 6:29
    venant des circonstances,
  • 6:29 - 6:32
    absolument essentielle
    à la pratique de ce sport.
  • 6:32 - 6:34
    Sinon il est impossible.
  • 6:34 - 6:39
    Et donc, on a besoin non seulement
    de cette information en temps réel
  • 6:39 - 6:43
    mais on a aussi besoin de tenir compte
    du temps, de tenir compte de la durée,
  • 6:43 - 6:48
    de savoir quelles sont les circonstances
    qui peuvent modifier d'un moment à l'autre
  • 6:48 - 6:51
    - un surfeur qui passe devant,
    une vague qui casse, etc. -
  • 6:51 - 6:52
    Et donc, si vous voulez,
  • 6:52 - 6:56
    ce que je voulais dire ici
    en prenant cette image du surfeur,
  • 6:56 - 7:04
    c'est que, on peut aussi utiliser
    l'information pour dominer de la force.
  • 7:04 - 7:06
    J'ai dit que j'avais l'air d'opposer
  • 7:06 - 7:08
    les rapports de force
    et les rapports de flux.
  • 7:08 - 7:11
    Non ! On peut aussi utiliser
    l'un par rapport à l'autre.
  • 7:11 - 7:15
    Je donne trois exemples :
    le premier, c'est les arts martiaux.
  • 7:15 - 7:16
    Je peux, en faisant du judo,
  • 7:16 - 7:19
    avoir une information précise
    du corps de mon adversaire
  • 7:19 - 7:22
    et en donnant une petite force
    à un endroit, le déstabiliser ;
  • 7:22 - 7:26
    le second exemple, c'est la navigation
    en catamaran, par exemple.
  • 7:26 - 7:29
    Le barreur, il navigue au près,
  • 7:29 - 7:32
    c'est-à-dire qui peut remonter
    dans le vent, ce qui est paradoxal.
  • 7:32 - 7:35
    Évidemment, le troisième exemple,
    c'est le surfeur,
  • 7:35 - 7:38
    il va à l'encontre de la direction
    de la vague, puisqu'il va sur le côté.
  • 7:38 - 7:41
    Et même puisqu'il va
    dans le sens de cette vague,
  • 7:41 - 7:43
    il est sous le tube
    qui cherche à l’engouffrer,
  • 7:43 - 7:46
    donc il est à l'encontre
    de deux éléments de la vague.
  • 7:46 - 7:49
    Je vous ai donné ces exemples
    parce que je prône depuis longtemps
  • 7:49 - 7:51
    une approche multidimensionnelle
  • 7:51 - 7:55
    des événements, des rapports de flux,
    qui permet de mieux comprendre
  • 7:55 - 7:57
    la complexité du monde qui nous entoure
  • 7:57 - 8:01
    et qui permet aussi, me semble-t-il,
    de mieux gérer cette complexité,
  • 8:01 - 8:03
    ce qui est essentiel dans le monde
    dans lequel nous entrons.
  • 8:03 - 8:08
    À la différence de ces rapports de force
    qui isolent souvent : des petits groupes,
  • 8:09 - 8:11
    des petites élites...
  • 8:11 - 8:14
    Eh bien les rapports de flux
    rapprochent les hommes
  • 8:14 - 8:18
    parce qu'ils sont fondés
    sur une information permanente,
  • 8:18 - 8:22
    essentielle, constante.
    Une information relationnelle,
  • 8:22 - 8:25
    une information qui conduit aussi
    au partage et la solidarité,
  • 8:25 - 8:28
    qui conduit à ce qu'on pourrait appeler
    l'approche multisectorielle
  • 8:28 - 8:32
    à la fois de soi, des autres
    et de son environnement.
  • 8:32 - 8:35
    Et donc cette dynamique des flux,
    ces échanges, qui sont pas seulement
  • 8:35 - 8:39
    des échanges classiques d'information,
    de finance, de biens matériels
  • 8:39 - 8:44
    mais qui peuvent aussi et surtout
    être des échanges culturels, artistiques
  • 8:44 - 8:47
    musicaux, émotionnels,
  • 8:47 - 8:51
    conduisent à une vision différente
    de la relation des uns avec les autres,
  • 8:51 - 8:55
    une vision différente du monde
    et donc nous ouvre
  • 8:55 - 8:59
    au respect de la diversité
    et surtout à l'écoute des autres.
  • 8:59 - 9:00
    C'est cela, l'empathie.
  • 9:00 - 9:03
    Ils nous ouvrent à l'empathie.
  • 9:03 - 9:05
    Et ça c'est fondamental et je voudrais là
  • 9:05 - 9:10
    faire une petite... pas digression
    mais vulgarisation scientifique,
  • 9:10 - 9:16
    c'est que le secret de cette empathie
    est dû à des neurones,
  • 9:16 - 9:18
    à la densité de certains neurones
    dans notre cerveau
  • 9:18 - 9:20
    qu'on appelle des neurones miroirs.
  • 9:20 - 9:25
    Et ces neurones miroirs nous aident
    à reproduire les sentiments,
  • 9:25 - 9:27
    les attitudes, les émotions des autres.
  • 9:27 - 9:32
    Et surtout à simuler
    des réponses possibles
  • 9:32 - 9:35
    pour apporter non seulement
    une réponse adaptée
  • 9:35 - 9:38
    mais aussi un altruisme adapté,
  • 9:38 - 9:42
    une harmonie équilibrée
    dans nos relations avec les autres.
  • 9:43 - 9:46
    Et c'est pourquoi je pense,
  • 9:46 - 9:49
    me semble-t-il, en tout cas
    c'est mon avis personnel,
  • 9:49 - 9:54
    que les chemins vers la paix
    sont impossibles ou très difficiles
  • 9:54 - 9:58
    sans la fluidité et sans l'empathie.
  • 9:59 - 10:02
    Ce sont eux qui nous permettent
    d'aller les uns vers les autres,
  • 10:02 - 10:04
    de nous ouvrir au monde qui vient.
  • 10:04 - 10:09
    Et en conclusion, je dirais
    que la réalité des choses
  • 10:09 - 10:13
    fait que devant nous, ces deux éléments,
  • 10:14 - 10:18
    à l'opposé de ces rapports de force
    qui nous ont construits,
  • 10:18 - 10:21
    permettront, si on sait bien les utiliser,
  • 10:21 - 10:25
    de construire ensemble
    et de manière solidaire
  • 10:25 - 10:29
    le monde de demain,
    et donc je vous dis sans hésiter,
  • 10:29 - 10:30
    vive le flux empathique !
  • 10:31 - 10:34
    (Applaudissements)
Title:
Le Flux Empathique | Joël de Rosnay | TEDxBasqueCountry
Description:

Joël de Rosnay est un biologiste français, d'abord spécialiste des origines du vivant et des nouvelles technologies, puis en systémique et en prospective. Après trois ans de recherche et d'enseignement au MIT, il fut directeur des applications de la recherche à l'Institut Pasteur, puis directeur de la prospective et de l'évaluation de la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette. Il a créé AgoraVox en mai 2005 et préside actuellement une société de conseil.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:37

French subtitles

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