Return to Video

N'éprouvez pas de pitié pour les réfugiés, croyez en eux

  • 0:01 - 0:03
    Je me souviens de quand j'ai découvert
  • 0:03 - 0:05
    que j'allais intervenir
    à une conférence TED.
  • 0:05 - 0:07
    J'ai couru jusqu'à une de mes classes
  • 0:07 - 0:08
    pour informer mes élèves.
  • 0:09 - 0:10
    « Devinez quoi ?
  • 0:10 - 0:12
    On m'a demandé d'intervenir à TED. »
  • 0:12 - 0:14
    La réaction n'était pas
    celle que j'attendais.
  • 0:14 - 0:15
    La classe s'est tue.
  • 0:17 - 0:20
    « Une intervention TED ?
    Comme celle sur le courage ?
  • 0:20 - 0:24
    Ou celle avec le scientifique qui faisait
    un truc super avec des robots ? »
  • 0:24 - 0:25
    a demandé Muhammad.
  • 0:25 - 0:26
    « Oui, exactement. »
  • 0:27 - 0:30
    « Mais coach, ces gens
    sont très importants et intelligents. »
  • 0:30 - 0:32
    (Rires)
  • 0:32 - 0:34
    « Je le sais. »
  • 0:35 - 0:39
    « Coach, pourquoi intervenez-vous ?
    Vous détestez parler en public. »
  • 0:39 - 0:41
    J'ai admis : « C'est vrai,
  • 0:42 - 0:46
    mais c'est important que je parle
    de nous, de vos parcours,
  • 0:46 - 0:47
    de mon parcours.
  • 0:47 - 0:48
    Les gens doivent savoir. »
  • 0:49 - 0:52
    Les élèves de l'école
    de réfugiés que j'ai fondée
  • 0:52 - 0:54
    ont fini par quelques mots
    d'encouragement.
  • 0:54 - 0:56
    « Cool ! Ça a intérêt d'être bien. »
  • 0:56 - 0:59
    (Rires)
  • 0:59 - 1:02
    Il y a 65,3 millions de gens
    qui ont été délogés de force
  • 1:02 - 1:05
    de chez eux du fait de la guerre
    ou de la persécution.
  • 1:06 - 1:09
    La plupart, 11 millions,
    viennent de Syrie.
  • 1:10 - 1:14
    33 952 personnes
    fuient leur maison chaque jour.
  • 1:17 - 1:20
    La grande majorité demeurent
    dans des camps de réfugiés,
  • 1:20 - 1:24
    où les conditions ne peuvent être dites
    humaines selon aucune définition.
  • 1:25 - 1:29
    Nous participons
    à la dégradation des humains.
  • 1:33 - 1:35
    Les chiffres n'ont jamais été si élevés.
  • 1:35 - 1:38
    C'est le plus grand nombre de réfugiés
    depuis la deuxième guerre mondiale.
  • 1:38 - 1:41
    Laissez-moi vous dire pourquoi
    ce problème m'importe tant.
  • 1:42 - 1:45
    Je suis arabe. Je suis une immigrante.
  • 1:46 - 1:47
    Je suis musulmane.
  • 1:48 - 1:52
    J'ai aussi passé les 12 dernières années
    de ma vie à travailler avec des réfugiés.
  • 1:52 - 1:53
    Oh, et je suis homosexuelle.
  • 1:53 - 1:55
    Cela me rend
    très populaire ces jours-ci.
  • 1:55 - 1:57
    (Rires)
  • 1:57 - 1:59
    Mais je suis la fille d'une réfugiée.
  • 2:00 - 2:05
    Ma grand-mère a fui la Syrie en 1964
    durant le premier régime Assad.
  • 2:05 - 2:08
    Elle était enceinte de 3 mois
    quand elle a fait sa valise,
  • 2:08 - 2:11
    a embarqué ses cinq enfants
    et a conduit jusqu'en Jordanie,
  • 2:11 - 2:14
    ne sachant pas ce que l'avenir
    réservait à elle et sa famille.
  • 2:14 - 2:18
    Mon grand-père a décidé de rester,
    ne croyant pas que c'était si terrible.
  • 2:19 - 2:22
    Il l'a suivie un mois plus tard,
    après que ses frères aient été torturés
  • 2:22 - 2:24
    et que son usine soit reprise
    par le gouvernement.
  • 2:25 - 2:27
    Ils ont refait leur vie en partant de rien
  • 2:27 - 2:31
    et ont fini par devenir des citoyens
    jordaniens indépendants et riches.
  • 2:32 - 2:34
    Je suis née en Jordanie 11 ans plus tard.
  • 2:35 - 2:39
    C'était important pour ma grand-mère
    que nous connaissions notre histoire
  • 2:39 - 2:40
    et notre voyage.
  • 2:41 - 2:44
    J'avais huit ans quand elle m'a emmenée
    visiter mon premier camp de réfugiés.
  • 2:45 - 2:46
    Je ne comprenais pas pourquoi.
  • 2:47 - 2:50
    J'ignorais pourquoi c'était si important
    pour elle que nous y allions.
  • 2:50 - 2:53
    Je me souviens d'être arrivée
    au camp en lui tenant la main
  • 2:53 - 2:55
    et elle m'a dit de jouer avec les enfants
  • 2:55 - 2:58
    pendant qu'elle rendait visite
    aux femmes du camp.
  • 2:59 - 3:00
    Je ne voulais pas.
  • 3:00 - 3:01
    Ils n'étaient pas comme moi.
  • 3:01 - 3:03
    Ils étaient pauvres,
    vivaient dans un camp.
  • 3:03 - 3:04
    J'ai refusé.
  • 3:04 - 3:07
    Elle s'est agenouillée près de moi
    et a dit fermement : « Vas-y.
  • 3:07 - 3:10
    Et ne reviens pas avant d'avoir joué.
  • 3:10 - 3:12
    Ne pense jamais
    que les gens te sont inférieurs
  • 3:12 - 3:14
    ou que tu n'as rien
    à apprendre des autres. »
  • 3:15 - 3:16
    J'y suis allée à contrecœur.
  • 3:16 - 3:18
    Je ne voulais pas décevoir ma grand-mère.
  • 3:19 - 3:21
    Je suis revenue plus tard,
  • 3:21 - 3:26
    ayant passé du temps à jouer
    au foot avec les enfants du camp.
  • 3:26 - 3:27
    Nous sommes sorties du camp
  • 3:27 - 3:30
    et je lui racontais, ravie,
    que je m'étais amusée
  • 3:30 - 3:32
    et que les enfants étaient fantastiques.
  • 3:33 - 3:36
    « Haram ! » ai-je dit en arabe.
    « Les pauvres. »
  • 3:37 - 3:40
    « Haram nous-même », a-t-elle dit,
    utilisant l'autre sens du mot,
  • 3:40 - 3:41
    que nous péchions.
  • 3:42 - 3:44
    « N'aie pas pitié d'eux, crois en eux. »
  • 3:46 - 3:50
    Ce n'est qu'après avoir quitté
    mon pays d'origine pour les États-Unis
  • 3:50 - 3:52
    que j'ai réalisé l'impact de ses mots.
  • 3:53 - 3:57
    Après mes études universitaires,
    j'ai demandé et obtenu un asile politique
  • 3:57 - 3:59
    basé sur mon appartenance
    à un groupe social.
  • 4:00 - 4:01
    Certains ne s'en rendent pas compte
  • 4:01 - 4:05
    mais vous risquez la peine de mort
    pour être homosexuel dans certains pays.
  • 4:07 - 4:09
    J'ai dû renoncer
    à ma citoyenneté jordanienne.
  • 4:09 - 4:12
    Ce fut la décision
    la plus dure que j'ai prise
  • 4:12 - 4:13
    mais je n'avais pas le choix.
  • 4:17 - 4:19
    Le fait est
  • 4:20 - 4:23
    que quand vous devez choisir
    entre votre maison et votre survie,
  • 4:23 - 4:25
    la question « D'où venez-vous ? »
    devient très difficile.
  • 4:27 - 4:30
    Une femme syrienne que j'ai rencontrée
    récemment dans un camp en Grèce
  • 4:30 - 4:31
    l'a exprimé le mieux
  • 4:31 - 4:35
    quand elle s'est souvenue du moment
    où elle a réalisé devoir fuir Alep.
  • 4:35 - 4:38
    « J'ai regardé par la fenêtre
    et il n'y avait rien.
  • 4:38 - 4:39
    Tout était en ruines.
  • 4:40 - 4:43
    Il n'y avait pas de magasins, de rues,
    d'écoles. Tout avait disparu.
  • 4:44 - 4:46
    J'étais dans mon appartement
    depuis des mois,
  • 4:46 - 4:49
    à écouter les bombes tomber
    et regarder les gens mourir.
  • 4:50 - 4:52
    J'avais toujours cru
    que cela s'arrangerait,
  • 4:53 - 4:55
    que personne ne me forcerait à partir,
  • 4:55 - 4:57
    que personne ne m'enlèverait ma maison.
  • 4:58 - 5:01
    Je ne sais pas pourquoi ce fut
    ce matin-là, mais en regardant dehors,
  • 5:01 - 5:04
    j'ai réalisé que si je ne partais pas,
    mes trois enfants mourraient.
  • 5:04 - 5:06
    Alors nous sommes partis.
  • 5:06 - 5:09
    Parce que nous le devions,
    pas parce que nous le voulions.
  • 5:09 - 5:11
    Nous n'avions pas le choix »,
    a-t-elle dit.
  • 5:12 - 5:14
    Il est dur de croire
    que vous avez votre place
  • 5:14 - 5:16
    quand vous n'avez pas de maison,
  • 5:16 - 5:20
    être rejeté par votre pays d'origine
    par peur ou par persécution
  • 5:20 - 5:24
    ou que la ville où vous avez grandi
    est complètement détruite.
  • 5:25 - 5:27
    Je n'avais pas de chez moi.
  • 5:27 - 5:29
    Je n'étais plus une citoyenne jordanienne
  • 5:29 - 5:31
    mais je n'étais pas non plus américaine.
  • 5:32 - 5:33
    Je ressentais un certain isolement
  • 5:33 - 5:36
    sur lequel j'ai encore
    du mal à mettre des mots.
  • 5:37 - 5:40
    Après l'université, j'avais désespérément
    besoin de trouver un chez moi.
  • 5:41 - 5:42
    Je suis passée d'état en état
  • 5:42 - 5:45
    et ai fini par aller en Caroline du Nord.
  • 5:45 - 5:47
    Des personnes au bon cœur
    ayant pitié de moi
  • 5:47 - 5:49
    ont proposé de payer le loyer
  • 5:49 - 5:53
    ou de m'acheter un repas
    ou un tailleur pour mon entretien.
  • 5:53 - 5:56
    Cela m'a juste fait me sentir
    plus isolée et incapable.
  • 5:56 - 5:58
    Après avoir rencontré Miss Sarah,
  • 5:58 - 6:02
    une baptiste du Sud qui m'a accueillie,
    donné un emploi quand j'étais au plus bas,
  • 6:02 - 6:04
    j'ai commencé à croire en moi.
  • 6:05 - 6:08
    Miss Sarah avait un restaurant
    dans les montagnes de la Caroline du Nord.
  • 6:10 - 6:12
    Je supposais, du fait
    de mon enfance privilégiée
  • 6:12 - 6:14
    et de mon éducation anglaise,
  • 6:14 - 6:16
    qu'elle me demanderait
    de gérer le restaurant.
  • 6:16 - 6:17
    J'avais tort.
  • 6:18 - 6:20
    J'ai commencé par faire la plonge,
  • 6:20 - 6:22
    nettoyer les toilettes
    et m'occuper du grill.
  • 6:22 - 6:25
    Cela m'a rendue humble ;
    on m'a montré la valeur du travail.
  • 6:25 - 6:28
    Surtout, je me sentais estimée et inclue.
  • 6:29 - 6:31
    J'ai fêté Noël avec sa famille
  • 6:31 - 6:33
    et elle a essayé de faire
    le Ramadan avec moi.
  • 6:34 - 6:37
    Je me souviens de ma nervosité
    avant de faire mon coming out,
  • 6:37 - 6:39
    après tout, c'était une baptiste du Sud.
  • 6:39 - 6:40
    Je me suis assise à côté d'elle
  • 6:40 - 6:43
    et ai dit : « Miss Sarah,
    je suis homosexuelle ».
  • 6:43 - 6:45
    Je n'oublierai jamais sa réponse :
  • 6:46 - 6:48
    « C'est bon, chérie.
    Ne sois juste pas une putain. »
  • 6:48 - 6:51
    (Rires)
  • 6:51 - 6:54
    (Applaudissements)
  • 6:54 - 7:00
    J'ai fini par déménagé à Atlanta,
    cherchant toujours un chez moi.
  • 7:00 - 7:03
    Mon voyage a pris
    un étrange tournant 3 ans après,
  • 7:03 - 7:06
    quand j'ai rencontré un groupe
    d'enfants de réfugiés jouant au foot.
  • 7:06 - 7:09
    J'avais pris le mauvais chemin
    entre ces appartements
  • 7:09 - 7:11
    et j'ai vu ces enfants
    jouant au foot dehors.
  • 7:11 - 7:14
    Ils jouaient pieds nus
    avec un vieux ballon de foot
  • 7:14 - 7:16
    et des pierres comme buts.
  • 7:16 - 7:17
    Je les ai regardés pendant une heure
  • 7:17 - 7:19
    et après je souriais.
  • 7:19 - 7:21
    Les garçons m'ont rappelé chez moi,
  • 7:21 - 7:24
    la façon dont j'ai grandi
    en jouant au foot
  • 7:24 - 7:26
    dans les rues de Jordanie
    avec mes frères et cousins.
  • 7:28 - 7:30
    J'ai fini par rejoindre leur jeu.
  • 7:30 - 7:33
    Ils étaient un peu sceptiques
    à l'idée que je me joigne à eux
  • 7:33 - 7:35
    car, selon eux, les filles
    ne savent pas jouer.
  • 7:35 - 7:37
    Clairement, je savais jouer.
  • 7:37 - 7:39
    Je leur ai demandé
    s'ils avaient joué dans une équipe.
  • 7:39 - 7:41
    Ils ont dit que non mais aimeraient bien.
  • 7:42 - 7:46
    Je les ai convaincus progressivement
    et nous avons formé notre première équipe.
  • 7:46 - 7:50
    Ce groupe d'enfants allaient me donner
    un cours intensif sur les réfugiés,
  • 7:50 - 7:51
    la pauvreté
  • 7:52 - 7:53
    et l'humanité.
  • 7:54 - 7:58
    Trois frères venant d'Afghanistan --
    Roohullah, Noorullah et Zabiullah --
  • 7:58 - 8:00
    ont joué un rôle fondamental.
  • 8:00 - 8:04
    Un jour, en retard à l'entraînement,
    j'ai trouvé un terrain désert,
  • 8:04 - 8:05
    j'étais très inquiète.
  • 8:05 - 8:07
    Mon équipe adorait s'entraîner.
  • 8:07 - 8:09
    Cela ne leur ressemblait pas
    de louper l'entraînement.
  • 8:09 - 8:13
    Je suis sortie de ma voiture,
    deux enfants ont surgi,
  • 8:13 - 8:14
    faisant des signes frénétiques.
  • 8:15 - 8:17
    « Coach, Rooh s'est fait tabasser.
  • 8:17 - 8:19
    Il y avait du sang partout. »
  • 8:19 - 8:21
    « Comment ça ?
    Comment ça il s'est fait tabasser ? »
  • 8:21 - 8:23
    « Ces méchants enfants l'ont tabassé.
  • 8:23 - 8:26
    Tout le monde est parti et avait peur. »
  • 8:26 - 8:28
    Nous avons sauté dans ma voiture
    et sommes allés chez Rooh.
  • 8:28 - 8:31
    J'ai frappé à la porte, Noor a ouvert.
  • 8:32 - 8:34
    « Où est Rooh ? Je dois lui parler,
    voir s'il va bien. »
  • 8:34 - 8:37
    « Il est dans sa chambre.
    Il refuse d'en sortir. »
  • 8:37 - 8:38
    J'ai frappé à la porte.
  • 8:39 - 8:41
    « Rooh, sors. Je dois te parler.
  • 8:41 - 8:44
    Je dois voir si ça va
    ou s'il faut aller à l'hôpital. »
  • 8:44 - 8:45
    Il est sorti.
  • 8:45 - 8:48
    Il avait une balafre sur la tête,
    une lèvre fendue
  • 8:48 - 8:50
    et était physiquement secoué.
  • 8:51 - 8:52
    Je le regardais
  • 8:52 - 8:54
    et j'ai demandé aux garçons
    d'appeler leur mère
  • 8:54 - 8:57
    car je devais l'emmener à l'hôpital.
  • 8:57 - 8:58
    Ils ont appelé leur mère.
  • 8:59 - 9:00
    Elle est venue.
  • 9:00 - 9:04
    Je lui tournais le dos
    et elle a commencé à crier en farsi.
  • 9:05 - 9:07
    Les enfants étaient pliés de rire.
  • 9:07 - 9:08
    J'étais confuse,
  • 9:08 - 9:10
    j'ignorais ce qu'il y avait de drôle.
  • 9:10 - 9:12
    Ils m'ont expliqué qu'elle avait dit :
  • 9:12 - 9:15
    « Vous m'aviez dit que votre coach
    était une femme musulmane. »
  • 9:15 - 9:18
    De derrière, je ne semblais
    être ni l'un ni l'autre.
  • 9:18 - 9:20
    (Rires)
  • 9:21 - 9:24
    « Je suis musulmane »,
    ai-je dit en me tournant.
  • 9:24 - 9:25
    « Ašhadu ʾan lā ʾilāha ʾilla (A)llāh, »
  • 9:26 - 9:28
    récitant la déclaration de foi musulmane.
  • 9:29 - 9:30
    Déconcertée,
  • 9:31 - 9:33
    et peut-être un peu réassurée,
  • 9:33 - 9:34
    elle a réalisé que oui,
  • 9:34 - 9:38
    moi, cette femme ressemblant
    à une Américaine, en short et sans voile,
  • 9:38 - 9:39
    j'étais vraiment musulmane.
  • 9:40 - 9:42
    Leur famille avait fui les talibans.
  • 9:44 - 9:46
    Dans leur village, des milliers de gens
  • 9:46 - 9:47
    ont été tués.
  • 9:47 - 9:49
    Leur père a été pris par les talibans,
  • 9:49 - 9:53
    pour ne revenir que quelques mois après,
    l'ombre de l'homme qu'il avait été.
  • 9:55 - 9:57
    La famille a fui au Pakistan
  • 9:57 - 10:01
    et les deux garçons aînés,
    ayant 8 et 10 ans à l'époque,
  • 10:01 - 10:05
    tissaient des tapis 10 heures par jour
    pour subvenir aux besoins de la famille.
  • 10:05 - 10:07
    Ils étaient si contents d'apprendre
  • 10:07 - 10:11
    que leur demande de relogement
    aux États-Unis avait été approuvée,
  • 10:11 - 10:14
    faisant d'eux les 0,1%
    qui ont cette chance.
  • 10:14 - 10:16
    Ils avaient touché le gros lot.
  • 10:17 - 10:18
    Leur histoire n'est pas unique.
  • 10:19 - 10:23
    Chaque famille de réfugiés avec qui
    j'ai travaillé avait une telle histoire.
  • 10:23 - 10:25
    Je travaille avec des enfants
  • 10:25 - 10:29
    qui ont vu leur mère violée,
    les doigts de leur père coupés.
  • 10:29 - 10:32
    Un enfant a vu une balle
    être tirée dans la tête de sa grand-mère
  • 10:32 - 10:36
    car elle a refusé de laisser les rebelles
    le prendre comme enfant soldat.
  • 10:38 - 10:39
    Leurs parcours sont tourmentés.
  • 10:40 - 10:44
    Mais ce que je vois chaque jour
    c'est de l'espoir, de la résilience,
  • 10:44 - 10:47
    de la détermination,
    un amour pour la vie
  • 10:47 - 10:50
    et la gratitude d'être capables
    de rebâtir leur vie.
  • 10:52 - 10:54
    Un soir, j'étais chez les garçons
  • 10:54 - 10:59
    quand la mère est rentrée après avoir
    nettoyé 18 chambres dans la journée.
  • 10:59 - 11:01
    Elle s'est assise,
    Nooh lui massait les pieds,
  • 11:02 - 11:05
    disant qu'il prendrait soin d'elle
    quand il serait diplômé.
  • 11:05 - 11:06
    Elle a souri d'épuisement.
  • 11:06 - 11:10
    « Dieu est bon. La vie est belle.
    Nous sommes chanceux d'être là. »
  • 11:11 - 11:16
    Les deux dernières années, nous avons vu
    un sentiment anti-réfugiés croissant.
  • 11:16 - 11:17
    C'est mondial.
  • 11:19 - 11:22
    Les chiffres augmentent
    car nous ne faisons rien pour l'empêcher
  • 11:22 - 11:23
    ou y mettre un terme.
  • 11:23 - 11:27
    Le problème ne devrait pas être d'empêcher
    les réfugiés de venir dans nos pays.
  • 11:27 - 11:30
    Le problème devrait être de ne pas
    les forcer à quitter le leur.
  • 11:30 - 11:32
    (Applaudissement)
  • 11:47 - 11:48
    Pardon.
  • 11:48 - 11:50
    (Applaudissements)
  • 11:58 - 12:00
    Combien de souffrance,
  • 12:00 - 12:03
    combien de souffrance
    devons-nous encore endurer ?
  • 12:03 - 12:06
    Combien de gens doivent être forcés
    à quitter leur maison
  • 12:06 - 12:07
    avant que ce n'en soit assez ?
  • 12:07 - 12:09
    Cent millions ?
  • 12:09 - 12:12
    Non seulement nous les humilions,
    les accusons, les rejetons
  • 12:13 - 12:16
    pour des atrocités
    où ils n'ont joué aucun rôle,
  • 12:17 - 12:18
    nous les retraumatisons
  • 12:18 - 12:21
    quand nous sommes censés
    les accueillir dans notre pays.
  • 12:23 - 12:27
    Nous leur ôtons leur dignité
    et les traitons comme des criminels.
  • 12:27 - 12:29
    J'avais une élève dans mon bureau
    il y a deux semaines.
  • 12:29 - 12:31
    Elle est originaire d'Irak.
  • 12:31 - 12:33
    Elle a éclaté en sanglots.
  • 12:34 - 12:35
    « Pourquoi nous détestent-ils ? »
  • 12:35 - 12:36
    « Qui te déteste ? »
  • 12:36 - 12:39
    « Tout le monde nous déteste
    car nous sommes des réfugiés,
  • 12:39 - 12:41
    car nous sommes musulmans. »
  • 12:42 - 12:44
    Auparavant, j'étais capable
    de rassurer mes élèves
  • 12:44 - 12:47
    que la majorité du monde
    ne haïssait pas les réfugiés.
  • 12:47 - 12:48
    Cette fois-ci je n'ai pas pu.
  • 12:49 - 12:52
    Je n'ai pas pu expliqué pourquoi
    on a essayé d'arracher le voile de sa mère
  • 12:52 - 12:54
    alors qu'elles faisaient des courses
  • 12:54 - 12:57
    ou pourquoi un joueur d'une équipe
    adverse l'a traitée de terroriste
  • 12:57 - 13:00
    et lui a dit de retourner
    là d'où elle venait.
  • 13:00 - 13:02
    Je n'ai pas pu lui assurer
  • 13:02 - 13:04
    que le sacrifice ultime de son père
  • 13:04 - 13:07
    en servant dans l'armée américaine
    en tant qu'interprète
  • 13:07 - 13:10
    ferait d'elle une citoyenne
    américaine plus estimée.
  • 13:11 - 13:14
    Nous acceptons si peu
    de réfugiés à travers le monde.
  • 13:15 - 13:18
    Nous en relogeons moins de 0,1%.
  • 13:19 - 13:22
    Nous tirons plus d'avantages
    de ce 0,1% qu'eux.
  • 13:23 - 13:27
    Cela me sidère que le mot « réfugié »
    est considéré comme vulgaire,
  • 13:27 - 13:28
    comme honteux.
  • 13:28 - 13:30
    Il n'y a rien de honteux.
  • 13:34 - 13:37
    Il y a eu des progrès
    dans tous les aspects de notre vie
  • 13:37 - 13:38
    à part notre humanité.
  • 13:39 - 13:43
    Il y a 65,3 millions de personnes
    qui ont dû quitter leur maison
  • 13:43 - 13:44
    à cause de la guerre --
  • 13:45 - 13:47
    le chiffre le plus élevé de l'histoire.
  • 13:47 - 13:49
    C'est nous qui devrions avoir honte.
  • 13:50 - 13:51
    Merci.
  • 13:51 - 13:53
    (Applaudissements)
Title:
N'éprouvez pas de pitié pour les réfugiés, croyez en eux
Speaker:
Luma Mufleh
Description:

« Il y a eu des progrès dans tous les aspects de notre vie à part notre humanité, » dit Luma Mufleh, une immigrante jordanienne et musulmane de descendance syrienne qui a fondé la première école pour réfugiés accréditée aux États-Unis. Mufleh partage des histoires d'espoir et de résilience, expliquant comment elle aide des jeunes gens issus de pays déchirés par la guerre à traverser le processus difficile que c'est de bâtir une nouvelle maison. Soyez incités à changer personnellement la vie des réfugiés grâce à cette formidable intervention.

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:13

French subtitles

Revisions