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Comment les cours massifs en ligne vont changer l'éducation

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    (Musique sautillante et drôle)
    (Voix F) Tribu - Laurent Caspary.
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    (Laurent Caspary) Bonjour, bienvenue dans Tribu.
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    Ils portent un étrange acronyme anglais: les MOOCs, pour Massive Open Online Courses
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    ou, en français, on pourrait traduire par "les cours ouverts et massifs en ligne".
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    Concrètement, ça donne la possibilité à un étudiant de suivre des cours
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    un peu partout dans le monde en direct.
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    Ça n'a l'air de rien, mais les premières tentatives ont eu lieu il y a deux ans à peine
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    et cela transforme déjà un peu notre système de formation
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    et ce n'est qu'un début: les perspectives sont immenses, les craintes aussi,
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    mais comme nous avons désormais déjà un petit peu d'expérience en la matière,
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    hé bien certaines de ces craintes disparaissent ou s'amenuisent.
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    On va en parler, de ces cours en ligne,ces fameux MOOCs,
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    avec vous, Pierre Dillenbourg: bonjour.
    (Pierre Dillenbourg) Bonjour.
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    (Caspary) Vous êtes professeur, directeur du Centre pour l'éducation digitale à l'EPFL
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    ou, dit en anglais, la MOOC Factory ...
    (Dillenbourg) Exactement.
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    (Caspary) C'est ça. Merci d'être avec nous en direct dans Tribu pour nous parler
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    de ce qui pourrait être effectivement un phénomène de société au sens large du terme.
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    Vous êtes en plein dedans, puisque vous êtes le directeur de la Mooc factory,
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    vous rencontrez des gens, vous travaillez avec des gens qui parlent de MOOCs toute la journée,
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    vous êtes interviewé très régulièrement sur les MOOCs.
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    Est-ce que, lorsque vous allez dans un dîner chez des gens, on va dire, hors du sérail,
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    et que vous dites: "Ben, je travaille dans les MOOCs," on vous regarde encore de travers?
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    (Dillenbourg) Ce matin, sur le quai de la gare, j'ai rencontré un vieil ami qui m'a dit:
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    "J'ai pris tel MOOC de l'EPFL et c'était vraiment bien."
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    Donc, je pense que ça, effectivement, ça touche maintenant l'ensemble des milieux.
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    (Caspary) D'accord, très bien, bon, j'ai des exemples inverses,
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    en en discutant dans ma famille, on ouvre encore des grands yeux:
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    "Les MOOCs, mais qu'est-ce que c'est?"
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    Mais voilà: on est en train d'en parler, on en parle pas mal, effectivement, depuis quelques années,
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    depuis deux ans, depuis l'apparition des MOOCs
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    et on va en parler probablement ces prochaines années, parce que c'est en train de se faire connaître.
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    Alors peut-être, pour être très clairs, pour commencer avec la base,
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    qu'est-ce que c'est qu'un MOOC ou un cours massif en ligne?
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    (Dillenbourg) Alors, prenons un cours typique de l'EPFL, "Dynamique des fluides."
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    Normalement, ce cours est donné sur le campus,
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    le professeur donne un cours ex-cathedra de deux heures,
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    suivies de deux heures d'exercices ou de travaux pratiques dans des laboratoires.
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    Quand il est placé sur internet, ce cours devient une série de vidéos de 10-12 minutes,
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    donc la leçon typique de 50 minutes est divisée en 4-5 vidéos de 10 minutes.
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    Ces vidéos sont saupoudrées de quiz, de questions:
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    de temps en temps, la vidéo s'arrête et une question apparaît pour maintenir l'attention de l'étudiant.
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    Donc, première chose: il y a des vidéos de cours, comme des cours ex-cathedra.
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    Deuxième chose, il y a les travaux à rendre chaque semaine
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    et ces travaux sont aussi difficiles que tous les travaux de l'EPFL:
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    les étudiants y passent 4 à 5 heures par semaine,
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    donc c'est des vrais cours avec des exigences tout à fait sérieuses.
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    Et finalement, il y a des forums online:
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    vous savez, des endroits où on peut poser des questions auxquelles le professeur va répondre,
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    les assistants vont répondre.
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    Mais si vous êtes 20'000 online, il y a beaucoup de chances que le premier qui vous réponde,
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    c'est un autre étudiant qui se trouve quelque part dans le monde.
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    Donc, il y a une vie sociale assez forte dans ces forums online qui accompagnent le cours.
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    (Caspary) Donc, c'est une extension, parce que c'est vrai que les cours à distance, c'était connu,
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    voire même par correspondance, l'université par correspondance, c'est connu.
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    Là, c'est vraiment une nouvelle méthode
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    qui est favorisée, évidemment, par internet et par le haut débit?
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    (Dillenbourg) Alors, personnellement, j'ai donné cours online de 94 à 2004.
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    On pourrait dire, c'est pas très nouveau, les MOOCs.
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    Sauf que j'avais 15 étudiants.
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    Maintenant, nos professeurs ont 15'000, 20'000, 30'000,
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    il y a même un professeur qui en a eu 50'000.
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    Donc, il y a des choses qui ont changé.
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    Il y a dix ans, il y avait internet, mais il n'y avait pas internet partout, comme maintenant.
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    Il y a dix ans, il n'y avait pas d'iPhone, il n'y avait pas de tablette, il n'y avait pas de Facebook:
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    ça n'existait pas.
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    Les universités américaines n'étaient pas en crise comme aujourd'hui.
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    Donc, voilà: le monde a changé
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    il y a des choses qui vivotaient il y a dix ans qui ont tout d'un coup pris un essor très fort il y a deux ans,
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    notamment avec une formule nouvelle: ces cours ont un timing très strict.
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    Chaque semaine, vous participez, chaque semaine vous devez rendre vos travaux,
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    ce qui crée une dynamique sociale forte.
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    Si vous allez dans les forums, vous avez des questions sur le travail à rendre demain,
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    pas des questions que quelqu'un a posées il y a six mois.
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    C'est comme courir le marathon de Lausanne:
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    vous pouvez le courir demain matin, à 6 heures du matin, vous serez tout seul,
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    il n'y aura pas 10'000 glus qui vous empêchent de courir aussi vite que vous voulez.
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    Mais c'est plus facile de le courir en même temps que 10'000 personnes,
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    parce qu'il y a une dynamique sociale.
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    On aime bien, ensemble, affronter des épreuves, et ça marche assez bien dans les MOOCs.
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    (Caspary) Donc, l'aspect massif qui est primordial?
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    (Dillenbourg) L'aspect massif était la grosse surprise, en effet.
    (Gaspary) Alors --
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    (Dillenbourg) -- En deux ans, si je peux dire, on a récolté 650'000 inscriptions à l'EPFL:
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    pour une université qui compte 7'000 étudiants, 8'000 étudiants, pardon, c'est intéressant.
  • 4:58 - 5:01
    Alors, on va voir qu'ils ne vont pas tous jusqu'au bout,
  • 5:01 - 5:04
    mais il y a quand même un phénomène qui nous dépasse un peu, là.
  • 5:04 - 5:05
    Ce succès est assez extraordinaire.
  • 5:05 - 5:08
    (Caspary) Oui, ça, l'EPFL pionnière en Europe dans les MOOCs,
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    on sait que ça vient des Etats-Unis, enfin les Etats-Unis sont évidemment un peu en avance,
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    mais l'EPFL, au niveau européen, très forte?
  • 5:13 - 5:16
    (Dillenbourg) L'EPFL est No 1 en Europe, on était dès le début --
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    vous savez, notre Président a un flair assez bon, donc il a senti qu'il se passait quelque chose.
  • 5:20 - 5:22
    On a été très vite, on est associés aux deux grandes plateformes,
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    ce qui nous donne une position très, très forte
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    et on a pris, en effet, le leadership en Europe sur ce thème là.
  • 5:28 - 5:29
    (Caspary) Alors, qui s'inscrit à ces MOOCs,
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    et surtout pourquoi, à ces cours massifs en ligne?
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    Vous dites 650'000 étudiants: ils viennent d'où? D'Europe, du monde entier?
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    Ce sont des universitaires, des gens qui font des postgrads, qui sont-ils?
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    (Dillenbourg) Alors, il y a d'abord nos étudiants qui prennent les MOOCs.
  • 5:47 - 5:49
    Il n'y a pas que les gens dans le monde entier, il y a aussi nos étudiants:
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    on peut y revenir par la suite, et c'est quand même le public No 1 de l'EPFL.
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    Ensuite, il y a effectivement des gens du monde entier.
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    On a, par exemple, sur les 650'000 inscrits, 120'000 Américains.
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    C'est intéressant, parce qu'on nous dit parfois:
  • 6:02 - 6:06
    "Mais, les MOOCs, c'est la macdonaldisation de l'éducation américaine,
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    alors que là, ce sont des Américains qui viennent manger la raclette, en quelque sorte.
  • 6:10 - 6:12
    (Caspary) Les cours sont en anglais, alors, rassurez-moi?
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    (Dillenbourg) Alors, dans les 120'000, il y en a 25'000 inscrits à des MOOCs francophones.
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    (Caspary) D'accord
    (Dillenbourg) Alors il y a des choses --
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    parce qu'on a à peu près fifty-fifty, moitié-moitié, de cours anglais et francophones.
  • 6:22 - 6:25
    Alors, est-ce que ce sont vraiment des Américains qui veulent prendre des cours en français?
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    Il y a par exemple un Japonais qui a pris notre cours de physique en français,
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    parce qu'il apprenait à la fois la physique et le français.
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    Voilà. Donc, un grand succès à l'étranger, beaucoup, beaucoup de succès en France,
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    un succès en Afrique qui commence à monter, on y reviendra tout à l'heure,
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    et en Suisse aussi.
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    C'est intéressant de voir qu'on a beaucoup, beaucoup de Zurichois qui viennent s'inscrire à nos cours,
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    plus que de Lausannois.
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    On a cité ces chiffres à notre Secrétaire d'Etat pour la science, Maurizio dell'Ambrogio,
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    c'est intéressant, les choses bougent.
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    (Caspary) Oui, parce que du côté de Zurich, on a été un peu plus réticents,
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    on a été un peu moins, on va dire, on s'est un peu moins jeté sur les Moocs,
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    et puis là, on voit qu'en fin de compte, les Zurichois s'y intéressent,
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    en tout cas, les étudiants zurichois s'y intéressent?
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    (Dillenbourg) Les étudiants s'y intéressent,
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    le leadership de l'ETHZ s'en est rendu compte maintenant,
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    ils commencent un peu, avec deux ans de retard, mais comme nous sommes très gentils,
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    nous allons les aider à avancer dans ce jeu-là.
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    (Caspary) Est-ce que ça coûte cher de s'inscrire à un de ces cours,
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    parce que, c'est 650'000, alors on sait qu'en Suisse, les universités sont normalement peu chères,
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    elles sont abordables par rapport aux universités américaines,
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    dont les cours, évidemment, l'entrée est très chère.
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    Comment est-ce que ça se passe? Est-ce qu'il faut payer quelque chose?
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    Est-ce qu'il faut avoir aussi un diplôme, éventuellement, pour suivre ces cours?
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    (Dillenbourg) Alors, deux choses:
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    Le mot "Open" - dans M.O.O.C., MOOC, la deuxième lettre vient de "Open" - veut dire deux choses.
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    D'abord, il n'y a pas de conditions d'entrée.
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    On a parfois des gamins de 15 ans qui viennent prendre des MOOCs de l'EPFL
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    et, ma foi, certains réussissent,
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    ou des dames de 65 ans, qui n'ont jamais été à l'université,
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    qui ne pourraient pas rentrer à l'EPFL, et qui y réussissent, donc --
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    (Caspar) Donc il y a partage de la connaissance de manière incroyable, aussi,
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    parce que là, on parlait des étudiants, mais tout un chacun peut, a accès tout d'un coup,
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    à des choses qui étaient réservées à un cénacle, une sorte d'élite, en fin de compte?
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    (Dillenbourg) Tout un chacun peut accéder: c'est l'idée.
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    Nous sommes huit millions en Suisse,
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    il y a à peu près 100'000 étudiants dans les universités,
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    donc pourquoi ne pas partager nos connaissances?
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    Ça, c'est l'idée.
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    Dans la réalité, on en est loin.
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    En moyenne, l'étudiant qui fait un MOOC est plutôt un mâle blanc de trente ans
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    qui a déjà un diplôme universitaire et qui vit dans une grande ville.
  • 8:37 - 8:40
    On est quand même encore, pour le moment, dans --
  • 8:42 - 8:46
    on n'atteint pas tout le monde, quoi, un peu encore un public de privilégiés,
  • 8:46 - 8:48
    mais le but, c'est vraiment d'étendre ça le plus possible.
  • 8:48 - 8:52
    Evidemment, les MOOCs qu'on met online sont des MOOCs assez pointus:
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    le Digital Signal Processing de l'EPFL, je peux vous dire que c'est un MOOC qu'il faut y aller.
  • 8:57 - 9:00
    Donc c'est normal qu'on touche un peu plus à la formation continue qu'à la formation initiale:
  • 9:00 - 9:04
    deux tiers des participants ont déjà un Bachelor et un Master.
  • 9:04 - 9:07
    Mais l'objectif global des MOOCs, pour une société, c'est effectivement
  • 9:07 - 9:13
    que tout le monde puisse accéder au savoir dont disposent les universités.
  • 9:14 - 9:16
    (Caspary) Et vous nous disiez tout à l'heure que sur les 650'000 qui se sont inscrits,
  • 9:16 - 9:23
    à ces cours en ligne, à ces MOOCs de l'EPFL, il faut évidemment, quelque part, pondérer le chiffre,
  • 9:23 - 9:26
    parce qu'entre les gens qui s'inscrivent et les gens qui, peut-être, à la fin,
  • 9:26 - 9:30
    vont faire un examen final ou vont jusqu'au bout, on arrive à quelle proportion?
  • 9:30 - 9:33
    (Dillenbourg) Alors, on arrive à 10%, mais ça se passe comme ceci:
  • 9:33 - 9:38
    Sur les 650'000, à peu près un tiers s'inscrivent, puis viennent voir les premières vidéos
  • 9:38 - 9:41
    et se rendent compte que c'est des contenus mathématiques poussés, etc.
  • 9:41 - 9:43
    et se disent "Oh, ce n'est pas pour moi, d'accord."
  • 9:43 - 9:47
    Donc, ce n'est pas qu'ils ont abandonné, c'est qu'ils se sont inscrits pour voir,
  • 9:47 - 9:50
    en général, bon, ils viennent quand même visiter l'EPFL online,
  • 9:50 - 9:52
    donc ce n'est pas négatif du tout pour l'EPFL.
  • 9:53 - 9:56
    Le deuxième tiers sont des -- on les appelle les auditeurs.
  • 9:56 - 9:58
    C'est des gens qui s'inscrivent au MOOC,
  • 9:58 - 10:02
    mais ils n'ont pas du tout l'intention de suivre l'entièreté du cours,
  • 10:02 - 10:04
    parce qu'ils ont peut-être déjà suivi ce cours il y a cinq ans.
  • 10:04 - 10:07
    Ils veulent prendre certains chapitres qui les intéressent
  • 10:07 - 10:11
    ou mon ami Maurizio, croisé sur le quai de la gare ce matin,
  • 10:11 - 10:17
    il m'a dit: "J'ai pris tous les cours du professeur Vetterli, mais pas l'examen;
  • 10:17 - 10:19
    je n'avais pas le temps de rendre tous les travaux."
  • 10:19 - 10:22
    Donc, il y a des gens qui viennent, ils prennent un MOOC comme un wiki.
  • 10:22 - 10:24
    (Caspary) Un peu à la carte?
    (Dillenbourg) A la carte, et ils sont très contents.
  • 10:24 - 10:27
    Et ensuite, il y a à peu près un tiers qui s'inscrit pour le cours,
  • 10:27 - 10:30
    et dans ce tiers-là, il n'y a à peu près qu'un tiers qui réussit,
  • 10:30 - 10:33
    parce que ce sont des cours difficiles, il y a ce termin très strict.
  • 10:33 - 10:38
    Donc, on en arrive, au bout, à environ un peu moins de 10% qui arrivent,
  • 10:38 - 10:46
    donc ça fait quand même 50'000 diplômes, certificats, délivrés par l'EPFL pour des choses difficiles, hein?
  • 10:46 - 10:53
    C'est pas une vidéo sur le Gangnam Style, c'est à 14 semaines, 4 à 5 heures de travail par semaine.
  • 10:53 - 10:56
    Donc, 50'000 certificats qui ont une vraie valeur.
  • 10:57 - 10:59
    Alors je n'ai pas fini sur le coût d'inscription.
  • 10:59 - 11:02
    Donc l'inscription est gratuite pour tous et va le rester.
  • 11:02 - 11:04
    On a la garantie de nos partenaires.
  • 11:04 - 11:08
    Dans certain cas, les étudiants peuvent choisir entre deux certificats.
  • 11:09 - 11:11
    Il y a le certificat normal, qui est délivré, qui est gratuit à la fin,
  • 11:12 - 11:15
    et puis un certificat dans lequel il y a plus de contrôle.
  • 11:15 - 11:21
    A chaque exercice ou test, il y a quelqu'un qui vérifie online votre identité, pour vérifier que c'est bien vous.
  • 11:21 - 11:24
    Ce certificat-là coûte $49, enfin, les prix varient,
  • 11:24 - 11:30
    mais disons, coûtent une somme non négligeable, mais quand même tout à fait gérable.
  • 11:30 - 11:36
    Donc, alors, est-ce que le certificat à $50 vaut vraiment plus que le certificat gratuit?
  • 11:37 - 11:40
    Ce n'est pas nous, l'EPFL, qui allons décider, c'est le marché de l'emploi qui va dire:
  • 11:41 - 11:46
    "A vous, je vous donne le job, parce que l'autre candidat avait un certificat. [sic; lapsus?]" Voilà.
  • 11:46 - 11:48
    Donc ça, on va voir comment ça évolue.
  • 11:48 - 11:52
    Est-ce qu'on va continuer à donner des certificats gratuits, ça, c'est une grande question.
  • 11:52 - 11:55
    Les techniques de contrôle online s'améliorent tellement
  • 11:56 - 12:02
    que je pense que d'ici deux ans, on pourra même délivrer des crédits CTS,
  • 12:02 - 12:05
    donc des vrais crédits universitaires sur la base des MOOCs.
  • 12:05 - 12:09
    (Caspary) Petit aspect technique: lorsque vous avez 50'000 étudiants qui certes,
  • 12:09 - 12:10
    pas tous en même temps, mais enfin,
  • 12:10 - 12:16
    qui se rajoutent aux étudiants qui sont sur le campus, qui suivent les cours, on va dire, plus normalement,
  • 12:16 - 12:19
    il faut des gens pour contrôler tout ça, il faut -- comment ça se passe?
  • 12:19 - 12:22
    Il faut pas mal de monde, j'imagine, pour vérifier les épreuves?
  • 12:23 - 12:25
    (Dillenbourg) Alors, il y a deux sortes d'épreuves.
  • 12:25 - 12:28
    Il y a des choix multiples: ça, c'est corrigé automatiquement.
  • 12:29 - 12:32
    Et on a pas mal de MOOCs dans le domaine de la programmation, donc on a --
  • 12:32 - 12:37
    les étudiants rédigent un programme et on a un autre programme qui analyse leur programme.
  • 12:37 - 12:39
    Ils peuvent recommencer cent fois.
  • 12:39 - 12:41
    Ça, ça marche assez bien.
  • 12:41 - 12:43
    Et puis, il y a les cas plus difficile, voilà.
  • 12:43 - 12:48
    On fait de l'urbanisme, on doit décrire la situation d'une ville, avec un texte.
  • 12:48 - 12:53
    Comment, si je reçois chaque semaine 10'000 textes à corriger,
  • 12:53 - 12:54
    qu'est-ce que je fais?
  • 12:55 - 12:57
    J'ai un vrai problème.
  • 12:57 - 13:00
    Par contre, j'ai aussi une solution: j'ai 10'000 personnes online.
  • 13:01 - 13:02
    Donc qu'est-ce que je fais?
  • 13:02 - 13:05
    Je prends le premier essai, je le distribue aléatoirement à cinq étudiants
  • 13:06 - 13:09
    et je fais la même chose avec le deuxième, je continue,
  • 13:09 - 13:12
    donc je reçois de leur part cinq notes,
  • 13:13 - 13:14
    puis, par exemple, j'élimine les deux extrêmes,
  • 13:14 - 13:16
    je calcule la moyenne sur les trois qui restent
  • 13:16 - 13:19
    et ça me donne une note dont on a pu montrer,
  • 13:19 - 13:21
    parce que dans certains cas, on a contrôlé
  • 13:21 - 13:25
    et on a demandé à quelqu'un de corriger 1'000 copies,
  • 13:25 - 13:29
    on a montré que cette note d'auto-évaluation, ou d'évaluation par les pairs,
  • 13:29 - 13:33
    est en fait bien corrélée avec la note que donne le professeur,
  • 13:33 - 13:37
    à une seule condition: c'est que le professeur ait défini des critères très stricts.
  • 13:38 - 13:41
    Mais donc, ça, ça se passe assez bien; c'est quand même nouveau que les étudiants se disent:
  • 13:41 - 13:47
    "Bon, mais moi j'ai un cours gratuit et en échange, je participe à ce système d'évaluation par les pairs,"
  • 13:47 - 13:48
    qui est d'ailleurs formateur.
  • 13:48 - 13:54
    Quand je corrige le travail de quelqu'un d'autre, ça, c'est formateur, de devoir le faire.
  • 13:54 - 13:56
    (Caspary) Ah, c'est intéressant: nouvelle méthode.
  • 13:56 - 14:00
    On va continuer à en parler jusqu'à 11 heures avec vous, Pierre Dillembourg,
  • 14:00 - 14:04
    sur ces MOOCs, ces cours massifs online.
  • 14:04 - 14:08
    On va se retrouver dans moins de trois minutes après cette chanson,
  • 14:08 - 14:13
    "Don't let me be misunderstood" chantée par Jamie Cullum et Gregory Porter
  • 14:13 - 14:25
    ♫ intro orchestre ♫
  • 14:25 - 14:34
    ♫ Baby, you understand me now.
    Sometimes you see that I'm mad ♫
  • 14:36 - 14:41
    ♫ Don't you know that no one can always be an angel? ♫
  • 14:42 - 14:46
    ♫ When everything goes wrong you see some bad ♫
  • 14:46 - 14:50
    ♫ But I'm just a soul whose intentions are good ♫
  • 14:51 - 14:56
    ♫ Oh Lord, please don't let me be misunderstood ♫
  • 14:58 - 15:03
    ♫ Understand me, understand me. ♫
  • 15:06 - 15:11
    ♫ Baby, sometimes I'm so carefree ♫
  • 15:12 - 15:16
    ♫ with a joy that's hard to hide ♫
  • 15:17 - 15:22
    ♫ Sometimes it seems again that all I have is worry ♫
  • 15:23 - 15:26
    ♫ Then you're bound to see my other side ♫
  • 15:27 - 15:32
    ♫ I'm just a soul whose intentions are good ♫
  • 15:33 - 15:38
    ♫ Oh Lord, please don't let me be misunderstood ♫
  • 15:38 - 15:42
    ♫ If I seem edgy I want you to know ♫
  • 15:43 - 15:47
    ♫ That I never mean to take it out on you ♫
  • 15:48 - 15:53
    ♫ Life has its problems and I've got my share ♫
  • 15:54 - 15:59
    ♫ That's one thing I never meant to do ♫
  • 15:59 - 16:04
    ♫ Now, baby, I'm only human ♫
  • 16:05 - 16:10
    ♫ And I've got thoughts like anyone ♫
  • 16:11 - 16:16
    ♫ Sometimes I find myself long regretting ♫
  • 16:16 - 16:20
    ♫ Some of the foolish things some simple things I've done ♫
  • 16:20 - 16:26
    ♫ I'm just a soul whose intentions are good ♫
  • 16:27 - 16:32
    ♫ Oh Lord, please don't let me be misunderstood ♫
  • 16:34 - 16:39
    ♫ Understand me, understand me, understand me ♫
  • 16:41 - 16:46
    ♫ I'm just a soul whose intentions are good ♫
  • 16:47 - 16:54
    ♫ Oh Lord, please don't let me be misunderstood. ♫
  • 16:54 - 16:58
    (Caspary) "Don't let me be misunderstood" - Jamie Cullum et Gregory Porter.
  • 16:58 - 17:03
    Nous parlons des Massive Open Online Courses, ou plutôt des Cours Ouverts et Massifs En Ligne
  • 17:03 - 17:08
    avec Pierre Dillembourg, directeur du Centre pour l'éducation digitale à l'EPFL,
  • 17:08 - 17:09
    professeur également.
  • 17:10 - 17:13
    Pierre Dillembourg, est-ce que ces cours massive online
  • 17:13 - 17:18
    qui fonctionnent assez bien, vous venez de nous le dire tout à l'heure, ça a un succès considérable,
  • 17:18 - 17:22
    on peut imaginer que dans dix ans, ben les campus physiques vont disparaître?
  • 17:23 - 17:24
    (Dillembourg) Non, je ne le pense pas.
  • 17:24 - 17:31
    D'abord les étudiants qui peuvent, qui ont la chance de pouvoir venir sur le campus à l'EPFL
  • 17:31 - 17:34
    ont une expérience beaucoup plus riche que juste les MOOCs,
  • 17:34 - 17:39
    donc ils sont -- il y a toute la vie estudiantine, pardon.
  • 17:39 - 17:40
    Surtout, il y a l'accès dans les laboratoires.
  • 17:40 - 17:43
    On travaille beaucoup par projet dans nos laboratoires.
  • 17:43 - 17:49
    Donc, la formation d'un étudiant sur le campus va bien au delà de ces cours online.
  • 17:49 - 17:56
    Mais je pense qu'on fait souvent une erreur de confondre le digital et le virtuel.
  • 17:56 - 17:59
    On peut être digital et totalement physique, si vous voulez.
  • 17:59 - 18:04
    L'EPFL est déjà, aujourd'hui, un animal digital.
  • 18:04 - 18:08
    Tous nos travaux sont digitaux, toutes nos (check) publications, avant d'être sur papier,
  • 18:08 - 18:11
    sont des fichiers, nos données sont des fichiers,
  • 18:11 - 18:15
    tous nos instruments scientifiques sont connectés de manière digitale.
  • 18:15 - 18:19
    L'ouverture de mes rideaux au Rolex Learning Center est digitale.
  • 18:19 - 18:20
    Donc, il faut bien comprendre
  • 18:20 - 18:23
    que c'est une transformation beaucoup plus profonde de campus.
  • 18:23 - 18:28
    Nous sommes des entités digitales avec un élément physique très agréable, le campus.
  • 18:29 - 18:34
    C'est pour ça qu'on offre des conditions de rêve à nos étudiants avec ce Rolex Learning Center.
  • 18:34 - 18:37
    Mais donc, ça, je ne pense pas que ça va disparaître.
  • 18:37 - 18:41
    Simplement, on donne accès à nos connaissances à une population bien plus large
  • 18:41 - 18:44
    que les privilégiés qui sont sur le campus.
  • 18:44 - 18:47
    (Caspary) Les craintes, c'est aussi les contacts entre professeurs et étudiants.
  • 18:47 - 18:49
    Alors là, effectivement, on va, on comprend bien,
  • 18:49 - 18:51
    on va peut-être se concentrer sur des travaux pratiques.
  • 18:51 - 18:55
    Malgré tout, le cours où on allait dans un auditoire, même s'il est plein,
  • 18:55 - 18:58
    on a toujours la possibilité à la fin d'avoir un contact avec le professeur:
  • 18:58 - 18:59
    ça, ça ne sera plus possible?
  • 18:59 - 19:02
    (Dillembourg) Alors, nos étudiants étaient très nerveux sur ce point là.
  • 19:02 - 19:04
    Ils étaient plutôt contre les MOOCs.
  • 19:04 - 19:06
    Ils avaient cette crainte de perdre le contact avec les enseignants.
  • 19:07 - 19:10
    L'idée du MOOC, c'est l'inverse, donc clarifions.
  • 19:10 - 19:14
    Le MOOC est utilisé par deux sortes d'étudiants, ceux qui sont dans le monde entier, voilà,
  • 19:14 - 19:18
    et puis aussi, les étudiants du professeur sur le campus.
  • 19:18 - 19:20
    Pour ces étudiants-là, l'idée est la suivante:
  • 19:20 - 19:24
    le professeur va demander aux étudiants de voir les vidéos à la maison,
  • 19:24 - 19:26
    donc d'écouter la théorie à la maison,
  • 19:26 - 19:30
    et quand ils viendront sur le campus, au lieu d'avoir le professeur qui redonne la théorie,
  • 19:30 - 19:33
    ils viendront pour faire des choses plus interactives, plus riches, avec l'enseignant.
  • 19:34 - 19:38
    Par exemple, prendre un problème un peu compliqué qu'on n'a pas eu le temps de développer,
  • 19:38 - 19:40
    et le développer avec les étudiants.
  • 19:40 - 19:43
    Donc le but des MOOCs, en interne pour nos étudiants,
  • 19:43 - 19:46
    c'est un contact plus riche avec le professeur.
  • 19:46 - 19:50
    Quand vous êtes dans un auditoire avec 300 places, celui qui est dans le fond,
  • 19:50 - 19:53
    il a -- il voit le professeur, il a un contact, mais --
  • 19:53 - 19:54
    (Caspary) C'est presque un MOOC, quoi.
    (Dillembourg) Voilà.
  • 19:54 - 19:57
    La taille du professeur est à peu près la même que sur son iPhone.
  • 19:58 - 20:02
    Donc voilà. Et les étudiants qui étaient plutôt contre, quand ils ont fini un MOOC, ils nous disent:
  • 20:03 - 20:07
    "C'était pas mal, en fait, c'était pas mal; j'ai pu arrêter le professeur," par exemple,
  • 20:07 - 20:10
    "arrêter le professeur, discuter avec mon voisin, puis cont..."
  • 20:10 - 20:11
    Je ne peux pas, dans l'auditoire, dire
  • 20:11 - 20:14
    "Monsieur, vous pourriez vous taire deux secondes pendant que je parle avec mon voisin."
  • 20:14 - 20:19
    Donc les étudiants, avant, ont un peu peur, puis en fait, ils se rendent compte que ça marche pas mal.
  • 20:19 - 20:24
    (Caspary) On parle beaucoup d'étudiants d'université, mais l'industrie, par exemple, pourrait être intéressée,
  • 20:24 - 20:29
    le monde de l'entreprise, tout ce qui est management ou tout ce qui est formation continue, par exemple?
  • 20:29 - 20:32
    (Dillembourg) Un immense intérêt de l'industrie, avec un changement, un peu:
  • 20:32 - 20:34
    il ne s'agit pas seulement de former leur personnel.
  • 20:34 - 20:39
    Bien sûr, les grandes multinationales suisses, françaises et certaines américaines
  • 20:39 - 20:40
    sont déjà venues nous voir.
  • 20:40 - 20:44
    Mais il s'agit d'aller un peu plus loin, de former mes distributeurs,
  • 20:44 - 20:48
    parce que s'ils vendent mal mon produit, c'est pas bon pour mon business,
  • 20:48 - 20:52
    et même de former mes clients, de telle sorte que mes clients soient plus satisfaits du produit.
  • 20:52 - 20:54
    Ce n'est pas de la publicité, c'est qu'ils puissent utiliser le produit,
  • 20:55 - 20:57
    ou qu'il y ait moins d'appels au Help Desk, ou moins de retours.
  • 20:57 - 21:00
    Donc la formation s'élargit bien au delà --
  • 21:00 - 21:03
    enfin les MOOCs s'élargissent bien au delà de juste la formation du personnel.
  • 21:03 - 21:05
    Donc un immense intérêt des entreprises, oui.
  • 21:05 - 21:09
    (Caspary) Et puis, un grand fantasme aussi, peut-être, c'est l'aide au développement
  • 21:09 - 21:12
    dans des continents comme l'Afrique, qui ont un peu plus de peine.
  • 21:12 - 21:15
    Je vous propose d'écouter un extrait d'une interview de Patrick Aebischer,
  • 21:15 - 21:19
    votre patron, le patron de l'EPFL, qui rentrait d'Afrique d'un congé sabatique
  • 21:19 - 21:20
    justement consacré aux MOOCs.
  • 21:20 - 21:21
    C'était en février de cette année.
  • 21:21 - 21:25
    Bastien Confignon de l'équipe de CQFD était allé lui poser quelques questions sur cette thématique,
  • 21:25 - 21:28
    c'était donc au début de cette année.
  • 21:28 - 21:30
    Ecoutez ce que dit Patrick Aebischer à propos du rôle des MOOCs
  • 21:30 - 21:31
    dans certaines régions du monde, notamment en Afrique.
  • 21:32 - 21:33
    (Aebischer) Alors, on a un certain nombre de cours
  • 21:33 - 21:36
    et c'est étonnant de voir plusieurs milliers d'étudiants africains les prendre.
  • 21:37 - 21:40
    Il y a des problèmes supplémentaires, c'est-à-dire que la bande passante, souvent,
  • 21:40 - 21:42
    n'est pas suffisante pour accéder aux vidéos.
  • 21:42 - 21:43
    Mais c'est juste des problèmes temporaires.
  • 21:43 - 21:48
    Alors souvent, l'université là-bas, il vaut mieux aller dans le cybercafé du coin,
  • 21:48 - 21:51
    donc on voit des choses tout à fait étonnantes, là bas,
  • 21:51 - 21:56
    mais ce qui est sûr, c'est que j'ai été même dans des coins tout à fait perdus de l'Afrique:
  • 21:56 - 22:00
    souvent, il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, mais ils sont connectés.
  • 22:00 - 22:03
    Donc au fond, cet effet -- les Américains disent ça "leap-frogging",
  • 22:03 - 22:05
    c'est-à-dire, vous avez un saut technologique
  • 22:05 - 22:08
    qui fait qu'au fond, c'est une solution possible.
  • 22:08 - 22:11
    Alors, le problème de massification de l'éducation est énorme,
  • 22:11 - 22:16
    avec cette jeune population qui arrive au stade où elle peut faire des études supérieure.
  • 22:16 - 22:19
    Je crois que c'est aussi la seule manière d'offrir un avenir à l'Afrique,
  • 22:19 - 22:23
    c'est de lui donner une éducation, c'est-à-dire de lui mettre à disposition une éducation.
  • 22:24 - 22:27
    Et je crois que là, c'est clair, en tout cas les gens,
  • 22:27 - 22:31
    les étudiants que j'ai rencontrés au fin fond de l'Afrique, prenaient des cours MOOC
  • 22:31 - 22:34
    dans des conditions difficiles.
  • 22:34 - 22:37
    Et on voit qu'il y a de jours qu'ils ont faim et soif d'éducation
  • 22:37 - 22:38
    et je crois que c'est ça qui est remarquable.
  • 22:38 - 22:40
    Alors oui, il y a une série de problèmes.
  • 22:40 - 22:42
    Ça ne se fera pas aussi facilement que chez nous,
  • 22:42 - 22:48
    mais je crois que c'est la seule possibilité pour l'Afrique de vraiment pouvoir se développer
  • 22:48 - 22:54
    au travers d'une éducation de très bonne qualité, au travers justement de ces nouvelles technologies.
  • 22:55 - 22:58
    (Caspary) Alors on l'entend, l'enthousiasme de Patrick Aebischer sur les MOOCs en Afrique,
  • 22:58 - 23:00
    il y était, il est allé voir comment ça se passe.
  • 23:00 - 23:03
    Il n'empêche -- est-ce que ce n'est pas un voeu pieux,
  • 23:03 - 23:06
    parce qu'on parle de technologie de pointe, de bande passante:
  • 23:06 - 23:09
    au final, on va se retrouver avec les pays occidentaux qui seront très bien développés en MOOCs,
  • 23:09 - 23:11
    et puis l'Afrique qui sera à la traîne,
  • 23:11 - 23:13
    parce que précisément, les conditions techniques ne sont pas là?
  • 23:13 - 23:18
    (Dillembourg) Non, ce n'est pas un voeu pieux, on a reçu pas mal de ces enseignants africains
  • 23:18 - 23:21
    qui viennent voir les enseignants qui ont produit les MOOCs,
  • 23:21 - 23:22
    qui travaillent ensemble.
  • 23:22 - 23:25
    Ils retournent là-bas, ils utilisent les MOOCs dans leur université.
  • 23:25 - 23:27
    Ça démarre doucement, c'est vrai, c'est difficile,
  • 23:27 - 23:32
    la bande passante est l'obstacle actuel le plus important,
  • 23:32 - 23:36
    mais ça avance, il y a un grand enthousiasme de leur part, un immense intérêt
  • 23:36 - 23:39
    et on voit émerger des MOOCs collaboratifs, justement,
  • 23:39 - 23:44
    qui sont co-produits par des étudiants, donc de l'Afrique sub-saharienne francophone
  • 23:44 - 23:46
    avec laquelle on travaille, et nos enseignants, ensemble,
  • 23:47 - 23:50
    pour éviter, effectivement, un point de vue qui serait uniquement
  • 23:50 - 23:53
    l'Europe qui envoie ses MOOCs en Afrique,
  • 23:53 - 23:55
    on veut éviter effectivement ce piège-là et --
    (Caspary) Oui, il faut que tout le monde
  • 23:55 - 23:59
    puisse en faire dans le monde entier, afin que tous les points de vues soient partagés, en fin de compte?
  • 23:59 - 24:01
    (Dillembourg) Voilà. Au début, c'était une histoire américaine,
  • 24:01 - 24:05
    l'EPFL, je pense, a bien rectifié le tir, et on le fait avec les Africains.
  • 24:05 - 24:09
    (Caspary) La langue française, vous le disiez, elle se défend bien sur les MOOCs?
  • 24:09 - 24:11
    Vous disiez, vous, à peu près fifty-fifty.
  • 24:11 - 24:14
    Dans le reste du onde, j'imagine, c'est encore massivement anglais?
  • 24:14 - 24:16
    (Dillembourg) Oui, il faut dire, quand on fait un MOOC en anglais,
  • 24:16 - 24:19
    on a une audience beaucoup plus grande que quand on fait un MOOC en français,
  • 24:19 - 24:23
    mais on voit beaucoup de MOOCs francophones pris en Russie, au Japon,
  • 24:23 - 24:27
    donc il y a aussi un intérêt de la -- je ne sais pas si c'est la diaspora francophone dans le monde,
  • 24:27 - 24:30
    ou bien des étudiants qui s'intéressent à la langue française.
  • 24:30 - 24:32
    (Caspary) Pierre Dillembourg, vous nous avez expliqué ce matin
  • 24:32 - 24:34
    ce que c'est que les MOOCs, on en a appris --
  • 24:34 - 24:36
    ben on a appris pas mal de chose, j'ai l'impression.
  • 24:36 - 24:39
    On va encore pas mal en parler, de ces MOOCs, vu le développement futur
  • 24:39 - 24:42
    qu'on a l'impression qu'ils vont pouvoir avoir.
  • 24:42 - 24:44
    Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin dans cette émission.
  • 24:44 - 24:45
    (Dillembourg) Je vos en prie.
  • 24:45 - 24:46
    (Caspary) On vous souhaite une excellente journée.
  • 24:46 - 24:49
    "Tribu", c'est terminé pour aujourd'hui: merci de votre écoute.
  • 24:49 - 24:52
    Demain nous aborderons, ben une tribu bien particulière,
  • 24:52 - 24:55
    celle des supporters, notamment des supporters de football.
  • 24:55 - 24:58
    On a très vite une image négative véhiculée par les débordements de certains.
  • 24:58 - 25:00
    Toutefois, ce monde est bien plus complexe qu'il n'y paraît,
  • 25:00 - 25:03
    et vous l'entendrez avec l'historien Thomas Vussey (check) qui a étudié la question.
  • 25:04 - 25:08
    Aujourd'hui, à la technique, c'était Max Boot, à la programmation musicale Carine Vuillamoz,
  • 25:08 - 25:10
    à l'assistance de production, Céline Zufferey (vérifier noms)
  • 25:10 - 25:11
    Dans quelques instants, hé bien, vous avez rendez-vous
  • 25:11 - 25:14
    avec toute l'équipe des Dicodeurs et leur invité.
  • 25:14 - 25:20
    "Tribu", c'est à ré-écouter en tout temps sur www.rts.ch/tribu .
  • 25:20 - 25:22
    Excellente fin de journée, à demain.
  • 25:22 - 25:25
    ♫ mélodie mineure à la guitare ♫
    (Annonceur) Du 26 au 28 septembre,
  • 25:26 - 25:28
    Delémont devient la capitale des musiques du monde
  • 25:28 - 25:31
    en accueillant les notes d'Equinoxe, co-produite par Espace 2.
  • 25:31 - 25:36
    ♫ (une femme chante) ♫
    Au programme, du fado portugais,
  • 25:36 - 25:40
    du baglama turc, de la musique des Balkans et bien d'autres encore.
  • 25:41 - 25:45
    La 1ère vous y donne rendez-vous en direct avec Paradiso le vendredi 26..
Title:
Comment les cours massifs en ligne vont changer l'éducation
Description:

"Tribu", RTS La 1ère, 25 septembre 2014.
De la description en http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/tribu/6136182-tribu-du-25-09-2014.html :
" Ils portent un étrange acronyme anglais: les MOOCs pour Massive open online courses ou, en français, les Cours ouverts et massifs en ligne. Les premières tentatives ont eu lieu il y a deux ans à peine et il n'est pas impossible que ce système révolutionne totalement notre manière d'imaginer l'enseignement supérieur - voire pourquoi pas l'enseignement tout court.
"Tribu" fait le tour de la question avec Pierre Dillenbourg, directeur du Centre pour l'éducation digitale et de la MOOC Factory à l'EPFL."

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Video Language:
French
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