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Quand j'ai partagé ma tumeur cérébrale sur le Net

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    Ça là c'était ma tumeur au cerveau.
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    C'est joli, non ?
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    (Rires)
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    Le mot-clef c'est « était »,
  • 0:14 - 0:15
    ouf.
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    (Applaudissements)
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    Avoir un cancer au cerveau c'était,
    comme vous pouvez imaginer,
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    un gros choc pour moi.
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    [Choc]
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    Je ne savais rien sur le cancer.
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    [Disparition]
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    Dans les cultures occidentales,
    quand tu as le cancer,
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    c'est comme si tu disparaissais d'un coup.
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    Ta vie en tant qu'être complexe
    est remplacée par des données médicales :
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    tes scanners, tes examens,
    tes résultats sanguins,
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    une liste de médicaments.
  • 0:51 - 0:54
    [Tout le monde]
    Et tout le monde change aussi.
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    Tout d'un coup, tu deviens une maladie
    sur pattes.
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    Les docteurs se mettent à parler un
    langage que tu ne comprends pas.
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    Ils montrent du doigt
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    ton corps et tes scanners.
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    Les gens se mettent à changer aussi
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    parce qu'ils commencent à s'intéresser
    à la maladie,
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    au lieu de l'être humain.
  • 1:21 - 1:24
    Ils disent :
    « Qu'a dit le docteur ? »
  • 1:24 - 1:25
    avant même de dire « Bonjour ».
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    [Questionnement]
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    Et pendant ce temps,
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    tu te retrouves avec des questions dont
    personne ne te donne la réponse.
  • 1:35 - 1:38
    Les questions « Est-ce que je peux ? » :
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    Est-ce que je peux
    travailler si j'ai le cancer ?
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    Est-ce que je peux étudier ?
    Faire l'amour ? Être créatif ?
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    Et tu te demandes : « Qu'est-ce que
    j'ai fait pour mériter ça ? »
  • 1:49 - 1:53
    Tu te demandes : « Est-ce que je peux
    changer mon mode de vie ? »
  • 1:54 - 1:56
    « Est-ce que je peux
    faire quelque chose ? »
  • 1:56 - 1:58
    « Y a-t-il d'autres options ? »
  • 2:00 - 2:06
    Et, évidemment, les docteurs sont
    les gentils dans l'histoire,
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    parce qu'ils sont très professionnels et
    se consacrent uniquement à ta guérison.
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    Mais ils ont l'habitude de
    s'occuper de patients,
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    donc je dirais que parfois ils oublient
    que c'est une torture pour toi
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    et tu deviens, littéralement,
    un patient --
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    c'est-à-dire « celui qui attend ».
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    (Rires)
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    Les choses changent, mais généralement,
  • 2:37 - 2:43
    ils ne te poussent pas vraiment à
    en apprendre davantage sur ta condition,
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    à impliquer tes amis et ta famille,
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    ou à changer ton mode de vie
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    [Style de vie]
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    pour minimiser les risques
    de ce qui t'arrive.
  • 2:54 - 2:58
    Au lieu de ça, on te force à attendre
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    entre les mains d'une série d'inconnus
    très professionnels.
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    [L'attente]
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    Quand j'étais à l'hôpital,
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    j'ai demandé une copie de mon cancer
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    et je lui ai parlé.
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    C'était super dur à obtenir,
  • 3:15 - 3:20
    parce que c'est pas très courant
    de demander une photo de son cancer.
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    Je lui ai parlé et je lui ai dit :
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    « Ok, cancer, je ne me résume pas à toi.
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    Je suis plus que ça.
  • 3:29 - 3:35
    Un traitement, n'importe lequel, aura
    à faire à toute ma personne.»
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    Et donc, le lendemain, j'ai quitté
    l'hôpital contre l'avis médical.
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    J'étais déterminé à changer
    ma relation avec le cancer
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    et à en apprendre plus sur mon cancer
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    avant de faire quelque chose d'aussi
    drastique que la chirurgie.
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    Je suis un artiste, j'utilise plusieurs
    formes de technologies open source
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    et d'information libre.
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    Donc mon intuition a été
    de partager toutes mes informations.
  • 4:10 - 4:15
    Faire en sorte que tout le monde
    puisse y accéder.
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    Donc j'ai créé un site,
    qui s'appelle La Cura,
  • 4:20 - 4:23
    sur lequel j'ai posté mes
    données médicales, en ligne.
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    J'ai d'ailleurs dû les hacker,
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    mais c'est un truc dont on pourra
    parler à un autre moment.
  • 4:29 - 4:31
    (Rires)
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    J'ai choisi ce mot, la Cura.
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    La Cura en italien
    veut dire « le traitement »
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    parce que dans beaucoup de cultures,
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    le mot « traitement » peut
    avoir plusieurs sens.
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    Dans les cultures occidentales,
  • 4:45 - 4:49
    ça veut dire, éradiquer ou
    tuer une maladie,
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    mais dans d'autres cultures,
  • 4:51 - 4:54
    par exemple, les cultures asiatiques,
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    méditerranéennes, latines ou africaines,
  • 4:58 - 5:00
    ça peut vouloir dire plus que ça.
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    Bien sûr j'ai été intéressé par
    l'opinion des médecins
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    et des professionnels de santé,
  • 5:08 - 5:14
    mais j'ai aussi été intéressé par le
    remède des artistes, des poètes,
  • 5:14 - 5:16
    des designers,
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    et, qui sait, des musiciens.
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    J'étais intéressé par la cure sociale,
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    j'étais intéressé par la cure
    psychologique,
  • 5:26 - 5:29
    j'étais intéressé par la cure spirituelle,
  • 5:29 - 5:32
    par la cure émotionelle,
  • 5:32 - 5:35
    par toutes les formes de cures possibles.
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    Et ça a marché.
  • 5:41 - 5:44
    Le site La Cura est devenu viral.
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    J'ai reçu plein d'attention de la part
    des médias italiens et étrangers
  • 5:49 - 5:54
    et j'ai rapidement reçu plus
    de 500 000 contacts --
  • 5:54 - 5:56
    emails, réseaux sociaux --
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    beaucoup donnaient des suggestions
    pour guérir mon cancer,
  • 6:00 - 6:03
    mais la plupart me disaient
    comment me guérir
  • 6:03 - 6:05
    en tant qu'individu.
  • 6:06 - 6:10
    Par exemple, des centaines de vidéos,
  • 6:10 - 6:14
    images, photos, performances artistiques
  • 6:14 - 6:16
    ont été produites pour La Cura.
  • 6:17 - 6:20
    Par exemple, ici on voit Francesca Fini
    en pleine performance.
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    Ou, comme l'artiste
    Patrick Lichty l'a fait :
  • 6:26 - 6:30
    il a créé une sculpture 3D de ma tumeur
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    et l'a mis en vente sur Thingiverse.
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    Maintenant vous aussi
    pouvez avoir ma tumeur !
  • 6:35 - 6:38
    (Rires)
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    Ce qui est plutôt cool, quand on y pense,
  • 6:41 - 6:43
    on peut partager nos cancers.
  • 6:44 - 6:47
    Et il y avait tout ça --
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    les scientifiques, les experts en
    médecine traditionnelle,
  • 6:50 - 6:51
    des chercheurs,
    des docteurs --
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    tous là pour
    me donner des conseils.
  • 6:54 - 6:56
    Avec toutes ces informations
    et ce soutien,
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    j'ai pu former une équipe de
    plusieurs neuro-chirurgiens,
  • 7:02 - 7:05
    de docteurs en médecine traditionnelle,
  • 7:05 - 7:11
    des oncologues, et quelques centaines
    de volontaires
  • 7:11 - 7:14
    avec qui j'ai pu discuter
  • 7:14 - 7:20
    à propos des informations que je recevais,
    ce qui est très important.
  • 7:20 - 7:26
    Et ensemble, on a imaginé un plan
    pour ma propre cure
  • 7:26 - 7:30
    dans plusieurs langues,
    selon différentes cultures.
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    Et notre stratégie s'inspirait
    du monde entier
  • 7:33 - 7:36
    et de milliers d'années
    d'histoire humaine,
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    ce qui est vraiment incroyable, je trouve.
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    [Chirurgie]
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    Les IRMs qui ont suivi ont montré que,
  • 7:42 - 7:45
    heureusement, le cancer n'évoluait
    presque pas.
  • 7:45 - 7:48
    J'ai donc pu prendre
    mon temps et choisir.
  • 7:48 - 7:52
    J'ai choisi le docteur avec qui
    je voulais travailler,
  • 7:52 - 7:54
    j'ai choisi l'hôpital,
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    et en même temps j'avais le soutien
    de milliers de personnes.
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    Aucun d'eux n'avait pitié de moi.
  • 8:02 - 8:09
    Tout le monde pensait pouvoir
    avoir un rôle dans ma guérison.
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    et ceci a été l'aspect
    le plus important de La Cura.
  • 8:14 - 8:15
    Le résultat ?
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    Je vais bien, comme vous voyez,
    très bien même.
  • 8:18 - 8:24
    (Applaudissements)
  • 8:24 - 8:28
    J'ai de très bonnes nouvelles
    après l'opération :
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    j'ai... j'avais un taux très faible
    de gliome,
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    une sorte de « bon » cancer
    qui ne grandit pas beaucoup.
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    J'ai complètement changé ma vie et
    mon mode de vie.
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    Tout ce que j'ai fait était pensé pour
    m'inclure dans tout ce qui se passait.
  • 8:48 - 8:52
    Durant toute l'opération chirurgicale,
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    qui a vraiment été intense,
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    des électrodes ont été implantées
    dans mon cerveau
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    de ce côté,
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    afin de créer une carte fonctionnelle
    de ce que le cerveau contrôle.
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    Et juste avant l'opération,
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    on a pu discuter avec mon docteur de
    cette carte fonctionnelle de mon cerveau
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    pour comprendre les risques
    que je prenais
  • 9:21 - 9:24
    et si je voulais en éviter certains.
  • 9:24 - 9:26
    Évidemment il y en avait.
  • 9:26 - 9:28
    [Ouverture]
  • 9:28 - 9:33
    Cette ouverture a été essentielle
    pour La Cura.
  • 9:33 - 9:38
    Des milliers de personne ont partagé
    leurs histoires, leurs expériences.
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    Les docteurs ont pu parler avec des gens
    qu'ils n'ont pas l'habitude de consulter
  • 9:42 - 9:47
    à propos du cancer.
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    Je suis dans un état de traduction
    permanent
  • 9:52 - 9:54
    dans pleins de langues différentes,
  • 9:54 - 9:58
    dans lesquelles la science rencontre
    les émotions
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    et la recherche conventionnelle rencontre
    la recherche traditionnelle.
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    [Société]
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    Le truc le plus important sur La Cura,
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    c'était ce sentiment de faire partie
    d'une société connectée et engagée
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    dont le bien-être dépend du
    bien-être de chacun.
  • 10:24 - 10:29
    Cette performance mondiale est ma
    cure open-source contre le cancer.
  • 10:30 - 10:32
    Et je pense que,
  • 10:32 - 10:34
    c'est une cure pour moi,
    et pour nous tous.
  • 10:34 - 10:35
    Merci.
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    (Applaudissements)
Title:
Quand j'ai partagé ma tumeur cérébrale sur le Net
Speaker:
Salvatore Iaconesi
Description:

Lorsque l'artiste Salvatore Iaconesi est diagnostiqué avec une tumeur au cerveau, il refuse d'être un patient passif -- patient, qui, comme il l'explique, signifie « celui qui attend ». Il décide donc de hacker les scans de son cerveau et de les poster en ligne, et il invite la communauté mondiale à élaborer une « cure ».

Celle-ci a pris forme grâce à plus d'un demi-million de personnes : conseils médicaux, art, musique et soutien émotionnel.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
10:52

French subtitles

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