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La chose surprenante que j'ai apprise en faisant le tour du monde à la voile en solitaire

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    Lorsque l'on est enfant,
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    absolument tout est possible.
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    Le défi est, bien souvent, de conserver
    ce sentiment en grandissant.
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    Lorsque j'avais quatre ans,
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    j'ai eu l'opportunité de naviguer
    pour la première fois.
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    Je n'oublierai jamais l'excitation
    lorsque nous avons quitté la côte.
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    Je n'oublierai jamais
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    la sensation d'aventure
    lorsque je suis montée à bord du bateau
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    et ai regardé avidement sa petite
    cabine pour la première fois.
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    Mais la sensation la plus incroyable
    a été la sensation de liberté,
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    la sensation que j'ai éprouvée
    lorsque nous avons mis les voiles.
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    Pour une enfant de quatre ans,
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    c'était la plus grande
    sensation de liberté
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    que j'aurais jamais pu imaginer.
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    Là-bas, j'ai décidé qu'un jour,
    d'une façon ou d'une autre,
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    j'allais naviguer autour du monde.
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    Alors j'ai fait ce que j'ai pu
    pour me rapprocher de ce rêve.
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    À 10 ans, c'était économiser
    la monnaie de l'argent de la cantine.
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    Chaque jour pendant huit ans,
    je mangeais de la purée et des haricots,
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    qui coûtaient 4 pence chacun,
    et la sauce était gratuite.
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    Chaque jour, j'empilais
    la monnaie sur ma tirelire,
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    et quand cette pile faisait 1 livre,
    je la mettais dedans,
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    et cochais l'un des cents carrés
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    que j'avais dessinés
    sur une feuille de papier.
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    Enfin, j'ai acheté un tout petit canot.
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    Dans le jardin j'ai passé des heures
    dedans, m'imaginant réaliser mon rêve.
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    J'ai lu chaque livre
    que j'ai pu sur la voile,
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    puis, alors que mon école m'avait dit
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    que je n'étais pas assez
    intelligente pour être vétérinaire,
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    j'ai quitté l'école à 17 ans
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    pour commencer
    mon apprentissage de la voile.
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    Imaginez comment je me suis sentie,
    seulement quatre ans plus tard,
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    d'être assise
    dans une salle de conférence,
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    devant quelqu'un qui, je le savais,
    pouvait réaliser mon rêve.
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    J'ai eu l'impression que ma vie
    dépendait de ce moment,
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    et incroyablement, il a dit oui.
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    Je pouvais à peine
    contenir mon excitation
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    lorsque j'ai assisté
    à cette première réunion
  • 1:53 - 1:56
    pour concevoir un bateau
    avec lequel j'allais naviguer
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    en solitaire, sans escale,
    autour du monde.
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    Depuis cette première réunion
    à la ligne d'arrivée de la course,
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    c'était tout ce que j'avais
    jamais imaginé.
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    Comme dans mes rêves, il y eut des moments
    formidables et des moments difficiles.
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    Nous avons évité de six mètres un iceberg.
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    Neuf fois, j'ai grimpé
    au sommet du mât de 27 mètres.
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    Le vent soufflait en travers
    dans l'océan Austral.
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    Mais les couchers de soleil,
    la faune et l'éloignement
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    étaient absolument époustouflants.
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    Après trois mois en mer,
    à tout juste 24 ans,
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    j'ai terminé en deuxième position.
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    J'avais tant adoré cette course
    qu'en moins de six mois,
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    j'avais décidé de faire
    encore le tour du monde,
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    mais cette fois, pas lors d'une course :
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    pour essayer d'être la personne
    la plus rapide de l'histoire
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    à naviguer en solitaire
    sans escale autour du monde.
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    Pour ce faire, j'avais besoin
    d'un bateau différent :
  • 2:43 - 2:47
    plus grand, plus large,
    plus rapide, plus puissant.
  • 2:47 - 2:49
    Pour donner une idée de son échelle,
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    je pouvais grimper
    à l'intérieur de son mât
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    jusqu'au sommet.
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    23 mètres de long,
    18 mètres de large.
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    Je l'appelais affectueusement Moby.
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    C'était un multicoque.
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    À l'époque, personne n'avait jamais réussi
    un voyage en solitaire sans escale
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    autour du monde en une fois,
    bien que beaucoup aient essayé,
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    mais durant la construction,
    un Français prit un bateau 25% plus grand,
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    et non seulement a-t-il réussi,
    mais il a battu le record de 93 jours,
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    et l'a fait descendre à 72.
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    La barre était désormais bien plus haute.
  • 3:20 - 3:22
    Ces bateaux étaient
    sensationnels à naviguer.
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    C'était un essai en mer
    sur la côte française.
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    Je connais bien parce que j'étais
    l'une des cinq membres d'équipage à bord.
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    Alors que tout allait bien,
    il n'a fallu que cinq secondes
  • 3:33 - 3:37
    pour que notre monde s'obscurcisse
    et que les hublots soient sous l'eau
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    et ces cinq secondes passent vite.
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    Regardez la distance entre la mer et ces gars.
  • 3:42 - 3:46
    Imaginez ça, seule, dans l'océan Austral,
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    plongée dans l'eau glacée, à des milliers
    de kilomètres de la terre ferme.
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    C'était le jour de Noël.
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    J'avançais dans l'océan Austral,
    au-dessous de l'Australie.
  • 3:57 - 4:00
    Les conditions étaient atroces.
  • 4:00 - 4:02
    J'approchais un endroit dans l'océan
  • 4:02 - 4:05
    qui était à plus de 3 000 kilomètres
    de la ville la plus proche.
  • 4:05 - 4:07
    La terre la plus proche
    était l'Antarctique
  • 4:07 - 4:11
    et les gens les plus proches étaient
    de service à l'European Space Station
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    au-dessus de moi. (Rires)
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    Vous êtes vraiment
    au milieu de nulle part.
  • 4:15 - 4:17
    Si vous avez besoin d'aide,
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    et si vous êtes toujours en vie,
  • 4:19 - 4:22
    il faut quatre jours pour
    qu'un bateau arrive jusqu'à vous,
  • 4:22 - 4:25
    puis quatre jours pour
    que ce bateau vous ramène au port.
  • 4:25 - 4:27
    Aucun hélicoptère ne peut
    vous atteindre là-bas,
  • 4:27 - 4:29
    et aucun avion ne peut atterrir.
  • 4:29 - 4:33
    Nous allions au devant
    d'une énorme tempête.
  • 4:33 - 4:35
    En son centre le vent
    atteignait 80 nœuds,
  • 4:35 - 4:38
    bien plus que ce que le bateau
    et moi-même pouvions supporter.
  • 4:38 - 4:41
    Les vagues atteignaient déjà
    12 à 15 mètres de haut,
  • 4:41 - 4:43
    et l'écume des crêtes déferlantes
  • 4:43 - 4:47
    était projetée horizontalement
    comme la neige durant un blizzard.
  • 4:47 - 4:50
    Si nous ne naviguions pas assez vite,
    nous serions engloutis par cette tempête,
  • 4:50 - 4:54
    nous allions chavirer
    ou être réduits en pièces.
  • 4:54 - 4:56
    Nous nous accrochions
    littéralement à la vie,
  • 4:56 - 4:59
    et nous étions
    au bord du gouffre.
  • 4:59 - 5:02
    La vitesse dont j'avais
    désespérément besoin
  • 5:02 - 5:03
    s'accompagnait de son lot de dangers.
  • 5:03 - 5:08
    On sait tous ce que ça fait de conduire
    une voiture à 40, 50, 60 km à l'heure.
  • 5:08 - 5:10
    Ça n'est pas trop stressant.
    On peut se concentrer.
  • 5:10 - 5:12
    On peut écouter la radio.
  • 5:12 - 5:14
    Roulez à 80, 90, 100,
  • 5:14 - 5:17
    accélérez jusqu'à 120,
    130, 140 km par heure.
  • 5:17 - 5:20
    Maintenant l'adrénaline monte,
    et on serre le volant.
  • 5:20 - 5:23
    Maintenant conduisez
    cette voiture hors route, de nuit,
  • 5:23 - 5:25
    et enlevez les essuie-glaces,
    le pare-brise,
  • 5:25 - 5:26
    les phares et les freins.
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    C'est comme ça dans l'océan Austral.
  • 5:29 - 5:33
    (Rires) (Applaudissements)
  • 5:33 - 5:37
    Vous imaginez combien il peut être
    difficile de dormir dans cette situation,
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    même en tant que passager.
  • 5:38 - 5:40
    Mais vous n'êtes pas passager.
  • 5:40 - 5:43
    Vous êtes seul sur un bateau
    dans lequel vous tenez à peine debout,
  • 5:43 - 5:45
    et vous devez prendre
    toutes les décisions à bord.
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    J'étais absolument exténuée,
    physiquement et mentalement.
  • 5:48 - 5:51
    Huit changements de voile
    en douze heures.
  • 5:51 - 5:53
    La grand-voile faisait
    trois fois mon poids,
  • 5:53 - 5:55
    et après chaque changement,
  • 5:55 - 5:57
    je m'effondrais sur le sol,
    trempée par la sueur,
  • 5:57 - 6:02
    alors que l'air glacial de l'océan
    Austral brûlait le fond de ma gorge.
  • 6:02 - 6:04
    Mais là-bas, les pires moments
  • 6:04 - 6:08
    contrastent si souvent
    avec les moments les plus forts.
  • 6:08 - 6:12
    Quelques jours plus tard,
    nous sommes sortis du gouffre.
  • 6:12 - 6:15
    Contre tout attente, nous
    avions battu tous les pronostics
  • 6:15 - 6:17
    au cœur de cette dépression.
  • 6:17 - 6:20
    Le ciel s'est éclairci,
    la pluie s'est arrêtée,
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    et en un clin d’œil,
  • 6:22 - 6:25
    la mer monstrueuse s'était transformée
  • 6:25 - 6:28
    en la plus belle des montagnes
    au clair de lune.
  • 6:28 - 6:30
    C'est dur à expliquer,
  • 6:30 - 6:33
    mais vous fonctionnez différemment
    lorsque vous partez là-bas.
  • 6:33 - 6:35
    Votre bateau est votre monde entier,
  • 6:35 - 6:38
    et ce que vous prenez avec vous
    au départ est tout ce que vous avez.
  • 6:38 - 6:41
    Si je vous disais maintenant :
    « Allez à Vancouver
  • 6:41 - 6:44
    et trouvez ce dont vous avez besoin
    pour survivre durant trois mois »,
  • 6:44 - 6:46
    ce n'est pas une mince affaire.
  • 6:46 - 6:49
    Il s'agit de la nourriture,
    l'essence, les vêtements,
  • 6:49 - 6:51
    même le papier toilette et le dentifrice.
  • 6:51 - 6:52
    C'est ce que nous faisons,
  • 6:52 - 6:54
    et lorsque nous partons, nous gérons
  • 6:54 - 6:58
    jusqu'à la dernière goutte d'essence
    et le dernier sachet de nourriture.
  • 6:58 - 7:02
    Aucune expérience dans ma vie n'aurait pu
    m'apporter une meilleure compréhension
  • 7:02 - 7:04
    de la définition du mot « limité ».
  • 7:04 - 7:06
    Ce que nous avons là-bas
    est tout ce que nous avons.
  • 7:06 - 7:08
    Ni plus ni moins.
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    Et jamais dans ma vie je n'ai pu
    étendre cette définition du limité
  • 7:11 - 7:14
    que j'ai pu ressentir à bord
    à quoi que ce soit en dehors de la voile,
  • 7:14 - 7:19
    jusqu'à ma descente du bateau à la ligne
    d'arrivée, après avoir battu le record.
  • 7:19 - 7:22
    (Applaudissements)
  • 7:25 - 7:27
    Tout à coup, j'ai fait le lien.
  • 7:27 - 7:30
    Notre économie mondiale
    n'est pas différente.
  • 7:30 - 7:32
    Elle est entièrement
    dépendante de matières limitées
  • 7:32 - 7:36
    que nous ne possédons qu'une fois
    dans l'histoire de l'humanité.
  • 7:36 - 7:39
    C'était un peu comme voir quelque
    chose d'inattendu sous un rocher
  • 7:39 - 7:40
    et avoir deux choix :
  • 7:40 - 7:43
    soit je mets ce rocher de côté
  • 7:43 - 7:45
    et j'en apprends plus à son sujet,
  • 7:45 - 7:46
    soit je le remets en place
  • 7:46 - 7:50
    et je poursuis le métier de mes
    rêves : naviguer autour du monde.
  • 7:51 - 7:52
    J'ai choisi le premier.
  • 7:52 - 7:56
    Je l'ai mis de côté et j'ai entrepris
    l'aventure d'un nouvel apprentissage,
  • 7:56 - 7:59
    parlant à des PDG, des experts,
    des scientifiques, des économistes,
  • 7:59 - 8:03
    pour essayer de simplement comprendre
    comment marche notre économie mondiale.
  • 8:03 - 8:06
    Ma curiosité m'a conduite
    dans des endroits extraordinaires.
  • 8:06 - 8:11
    Cette photo a été prise dans le brûleur
    d'une centrale électrique au charbon.
  • 8:11 - 8:12
    J'étais fascinée par le charbon,
  • 8:12 - 8:14
    essentiel à nos besoins
    énergétiques mondiaux,
  • 8:14 - 8:17
    mais également très lié
    à ma famille.
  • 8:17 - 8:19
    Mon arrière-grand-père était mineur,
  • 8:19 - 8:23
    et il avait passé cinquante ans
    de sa vie sous terre.
  • 8:23 - 8:26
    Voici une photo de lui,
    et lorsque vous voyez cette photo,
  • 8:26 - 8:29
    vous voyez quelqu'un d'une autre époque.
  • 8:29 - 8:32
    Plus personne ne porte des pantalons
    avec une taille aussi haute
  • 8:32 - 8:34
    de nos jours. (Rires)
  • 8:34 - 8:37
    Mais encore, c'est moi
    avec mon arrière-grand-père,
  • 8:37 - 8:41
    et en passant, ce ne sont pas
    ses vraies oreilles. (Rires)
  • 8:41 - 8:43
    Nous étions proches.
  • 8:43 - 8:46
    Je me rappelle m'asseoir
    sur ses genoux et écouter ses histoires.
  • 8:46 - 8:48
    Il parlait de la camaraderie sous terre,
  • 8:48 - 8:51
    et du fait que les mineurs gardaient
    les croûtes de leurs sandwiches
  • 8:51 - 8:55
    pour les donner aux poneys
    avec qui ils travaillaient sous terre.
  • 8:55 - 8:57
    C'était comme si c'était hier.
  • 8:57 - 8:58
    Et dans mon aventure vers le Savoir,
  • 8:58 - 9:01
    j'ai visité le site
    de la World Coal Association,
  • 9:01 - 9:03
    et sur la page d'accueil était écrit :
  • 9:03 - 9:07
    « Il nous reste environ
    118 ans de charbon. »
  • 9:07 - 9:09
    Et je me suis dit, bon,
    c'est bien après mon existence,
  • 9:09 - 9:12
    et un chiffre bien meilleur
    que les prédictions pour le pétrole.
  • 9:12 - 9:15
    Mais j'ai compté, et j'ai réalisé
    que mon arrière-grand-père
  • 9:15 - 9:20
    était né exactement 118 ans
    avant cette année-là,
  • 9:20 - 9:23
    et je m'asseyais sur ses genoux
    jusqu'à ce que j'aie 11 ans.
  • 9:23 - 9:24
    J'ai réalisé que ce n'était rien
  • 9:24 - 9:27
    ni en termes d'années, ni d'histoire.
  • 9:27 - 9:30
    Et ça m'a fait prendre une décision
    tout à fait inattendue :
  • 9:30 - 9:32
    de laisser la voile
    en solitaire derrière moi,
  • 9:32 - 9:36
    et de me concentrer sur le plus grand
    défi que j'avais jamais rencontré :
  • 9:36 - 9:38
    le futur de notre économie mondiale.
  • 9:38 - 9:41
    J'ai vite réalisé que ça ne concernait
    pas que l'énergie,
  • 9:41 - 9:42
    mais aussi les matières premières.
  • 9:42 - 9:45
    En 2008, j'ai trouvé
    une étude scientifique
  • 9:45 - 9:48
    qui étudiait combien d'années
    de matériaux précieux
  • 9:48 - 9:50
    à extraire du sol il nous reste :
  • 9:50 - 9:54
    cuivre, 61 ; étain, zinc, 40 ; argent, 29.
  • 9:54 - 9:56
    Ces chiffres ne pouvaient pas être exacts,
  • 9:56 - 9:58
    mais nous savions qu'ils étaient limités.
  • 9:58 - 9:59
    Nous ne les avons qu'une fois.
  • 9:59 - 10:02
    Pourtant, la vitesse
    à laquelle nous les utilisons
  • 10:02 - 10:04
    a rapidement augmenté,
    de façon exponentielle.
  • 10:04 - 10:07
    Toujours plus nombreux à
    posséder toujours plus de choses,
  • 10:07 - 10:10
    nous avons en effet
    vu cent ans de baisse de prix
  • 10:10 - 10:13
    pour ces produits de base
    être effacée en seulement dix ans.
  • 10:13 - 10:15
    Et ça nous touche tous.
  • 10:15 - 10:18
    Ça a amené une énorme
    instabilité dans les prix,
  • 10:18 - 10:20
    tant et si bien qu'en 2011,
  • 10:20 - 10:23
    le constructeur automobile
    européen moyen
  • 10:23 - 10:25
    a vu le prix des matières
    premières augmenter
  • 10:25 - 10:27
    de 500 millions d'euros,
  • 10:27 - 10:30
    effaçant la moitié
    de ses bénéfices d'exploitation
  • 10:30 - 10:33
    au profit de quelque chose sur lequel
    il n'a absolument aucun contrôle.
  • 10:33 - 10:36
    Plus j'en apprenais, plus je commençais
    à changer ma propre vie.
  • 10:36 - 10:39
    J'ai moins voyagé,
    moins fait, moins utilisé.
  • 10:39 - 10:42
    Il semblait que moins faire
    était ce qu'il fallait faire.
  • 10:42 - 10:44
    Mais ça me mettait mal à l'aise.
  • 10:44 - 10:46
    Ça n'allait pas.
  • 10:46 - 10:48
    J'avais l'impression
    que l'on gagnait du temps.
  • 10:48 - 10:50
    Nous rallongions un peu les choses.
  • 10:50 - 10:53
    Même si tout le monde changeait,
    le problème ne serait pas résolu.
  • 10:53 - 10:56
    Ça ne réparerait pas le système.
  • 10:56 - 10:59
    C'était vital dans la transition,
    mais voici ce qui me fascinait :
  • 10:59 - 11:00
    la transition vers quoi ?
  • 11:00 - 11:04
    Qu'est-ce qui pourrait vraiment marcher ?
  • 11:04 - 11:07
    J'ai constaté que le système en lui-même,
    le cadre dans lequel nous vivons,
  • 11:07 - 11:10
    est fondamentalement imparfait,
  • 11:10 - 11:12
    et j'ai réalisé à la fin
  • 11:12 - 11:16
    que notre système de fonctionnement,
    la façon dont notre économie marche,
  • 11:16 - 11:19
    dont notre économie a été construite,
    est un système en lui-même.
  • 11:19 - 11:22
    En mer, j'avais dû comprendre
    des systèmes complexes.
  • 11:22 - 11:24
    Je devais intégrer de
    multiples informations,
  • 11:24 - 11:26
    je devais les traiter,
  • 11:26 - 11:28
    et je devais comprendre
    le système pour gagner.
  • 11:28 - 11:30
    Je devais le rendre intelligible.
  • 11:30 - 11:32
    Alors que j'étudiais notre économie,
  • 11:32 - 11:34
    j'ai réalisé que c'était aussi un système,
  • 11:34 - 11:39
    mais c'est un système qui ne peut
    pas fonctionner sur le long terme.
  • 11:39 - 11:42
    J'ai réalisé que nous avions parfait
    ce qui est une économie linéaire
  • 11:42 - 11:44
    pendant cent cinquante ans,
  • 11:44 - 11:46
    où nous sortons une matière du sol,
  • 11:46 - 11:49
    nous en faisons quelque chose,
    et à la fin,
  • 11:49 - 11:53
    ce produit est jeté,
    et oui, nous en recyclons une partie,
  • 11:53 - 11:56
    mais plus comme une façon
    d'en tirer ce qu'on peut à la fin,
  • 11:56 - 11:58
    pas parce qu'on l'a prévu.
  • 11:58 - 12:01
    C'est une économie qui ne peut
    pas marcher sur le long terme,
  • 12:01 - 12:04
    et si nous savons
    que nos matières sont limitées,
  • 12:04 - 12:07
    pourquoi construirions-nous une économie
    qui consommerait les choses,
  • 12:07 - 12:09
    qui créerait des déchets ?
  • 12:09 - 12:12
    La vie elle-même existe
    depuis des milliards d'années
  • 12:12 - 12:15
    et s'est continuellement adaptée
    à l'utilisation efficace des matières.
  • 12:15 - 12:19
    C'est un système complexe,
    mais il n'y a pas de gaspillage.
  • 12:19 - 12:21
    Tout est métabolisé.
  • 12:21 - 12:25
    Ce n'est pas du tout
    une économie linéaire, mais circulaire.
  • 12:26 - 12:29
    Je me suis sentie
    comme l'enfant dans le jardin.
  • 12:29 - 12:31
    Pour la première fois dans cette aventure,
  • 12:31 - 12:34
    je pouvais voir
    exactement où nous allions.
  • 12:34 - 12:35
    Si nous pouvions bâtir une économie
  • 12:35 - 12:38
    qui utiliserait les choses
    au lieu de les consommer,
  • 12:38 - 12:41
    nous pourrions bâtir un futur
    qui serait viable sur le long terme.
  • 12:41 - 12:43
    J'étais excitée.
  • 12:43 - 12:45
    C'était la voie à suivre.
  • 12:45 - 12:46
    Nous savions exactement où aller.
  • 12:46 - 12:48
    Nous devions juste
    comprendre comment y aller,
  • 12:48 - 12:50
    et c'est avec cette idée-là en tête
  • 12:50 - 12:54
    que nous avons créé la Fondation
    Ellen MacArthur en septembre 2010.
  • 12:55 - 12:59
    Beaucoup d'écoles de pensée ont nourri
    notre réflexion et indiqué ce modèle :
  • 12:59 - 13:02
    symbiose industrielle,
    économie performante,
  • 13:02 - 13:04
    économie de partage, biomimétisme,
  • 13:04 - 13:07
    et bien sûr, une production
    du berceau au berceau.
  • 13:07 - 13:11
    Les matières seraient soit définies
    comme techniques, soit comme biologiques,
  • 13:11 - 13:14
    le gaspillage serait entièrement supprimé,
  • 13:14 - 13:17
    et on aurait un système
    qui pourrait absolument fonctionner
  • 13:17 - 13:18
    sur le long terme.
  • 13:18 - 13:21
    À quoi donc ressemblerait cette économie ?
  • 13:21 - 13:23
    Peut-être que l'on n'achèterait
    pas de lampes
  • 13:23 - 13:25
    mais que l'on paierait
    pour un service.
  • 13:25 - 13:27
    Les fabricants
    récupéreraient les matériaux,
  • 13:27 - 13:31
    et remplaceraient les appareils
    par des produits plus efficaces.
  • 13:31 - 13:34
    Et si des emballages non-toxiques
    pouvaient se dissoudre dans l'eau
  • 13:34 - 13:35
    et à la fin, être bus ?
  • 13:35 - 13:37
    Ne devenant jamais des déchets.
  • 13:37 - 13:40
    Et si les moteurs pouvaient
    être remanufacturés,
  • 13:40 - 13:41
    si on pouvait récupérer leurs pièces
  • 13:41 - 13:44
    et considérablement réduire
    la demande en énergie.
  • 13:44 - 13:47
    Et si on pouvait récupérer les éléments
    des circuits imprimés, les réutiliser,
  • 13:47 - 13:51
    et récupérer les matériaux
    à l'intérieur, une deuxième fois ?
  • 13:51 - 13:54
    Et si on pouvait collecter
    les restes de nourriture ?
  • 13:54 - 13:57
    Et si on pouvait les transformer
    en engrais, en chaleur, en énergie,
  • 13:57 - 14:00
    à la fin rétablir les systèmes nutritifs
  • 14:00 - 14:03
    et construire à nouveau
    un capital naturel ?
  • 14:03 - 14:06
    Et les voitures — ce que l'on veut,
    c'est se déplacer.
  • 14:06 - 14:08
    Nous n'avons pas besoin
    de posséder les matériaux.
  • 14:08 - 14:13
    Les voitures pourraient-elles devenir
    un service et nous offrir la mobilité ?
  • 14:13 - 14:15
    Tout ceci semble incroyable,
  • 14:15 - 14:17
    mais ce ne sont pas
    que des idées, c'est réel,
  • 14:17 - 14:20
    et elles sont au premier rang
    de l'économie circulaire.
  • 14:20 - 14:24
    La prochaine étape devant nous
    est de les développer et les diffuser.
  • 14:24 - 14:28
    Alors, comment passeriez-vous
    du linéaire au circulaire ?
  • 14:28 - 14:30
    À la Fondation, nous avons
    voulu travailler
  • 14:30 - 14:34
    avec les meilleures universités du monde,
    avec les entreprises de pointe,
  • 14:34 - 14:37
    avec les plus grandes
    plateformes du monde,
  • 14:37 - 14:38
    et avec les gouvernements.
  • 14:38 - 14:41
    Ou avec les meilleurs analystes
    et leur poser la question :
  • 14:41 - 14:44
    « Cette économie peut-elle
    séparer la croissance
  • 14:44 - 14:46
    des contraintes en ressources ?
  • 14:46 - 14:49
    L'économie circulaire peut-elle
    reconstruire du capital naturel ?
  • 14:49 - 14:53
    L'économie circulaire peut-elle remplacer
    l'utilisation d'engrais chimiques ? »
  • 14:53 - 14:55
    Oui fut la réponse à cette séparation,
  • 14:55 - 14:58
    mais également oui, nous pourrions
    diminuer l'utilisation d'engrais
  • 14:58 - 15:02
    en la divisant par 2,7.
  • 15:03 - 15:05
    Ce qui m'a le plus inspiré
    dans l'économie circulaire
  • 15:05 - 15:09
    était sa capacité à inspirer les jeunes.
  • 15:09 - 15:12
    Lorsque les jeunes voient l'économie
    à travers un prisme circulaire,
  • 15:12 - 15:16
    ils voient de nouvelles opportunités
    sur la même ligne d'horizon.
  • 15:16 - 15:19
    Ils peuvent utiliser
    leur créativité et leur savoir
  • 15:19 - 15:21
    pour reconstruire le système entier,
  • 15:21 - 15:24
    et il n'y a plus qu'à agir,
  • 15:24 - 15:26
    et plus vite nous le faisons,
    meilleur ce sera.
  • 15:26 - 15:29
    Pouvons-nous accomplir
    ça durant leurs existences ?
  • 15:29 - 15:31
    Est-ce vraiment possible ?
  • 15:31 - 15:33
    Je crois que oui.
  • 15:33 - 15:38
    Lorsque vous regardez l'existence de mon
    arrière-grand-père, tout est possible.
  • 15:38 - 15:41
    Lorsqu'il est né, il n'y avait
    que vingt-cinq voitures dans le monde ;
  • 15:41 - 15:44
    elles venaient à peine d'être inventées.
  • 15:44 - 15:48
    Lorsqu'il avait 14 ans, nous avons volé
    pour la première fois de l'histoire.
  • 15:48 - 15:50
    Maintenant, il y a 100 000 vols charters
  • 15:50 - 15:53
    chaque jour.
  • 15:53 - 15:56
    Lorsqu'il avait 45 ans, nous avons
    construit le premier ordinateur.
  • 15:56 - 15:59
    Beaucoup ont dit que ça ne prendrait pas,
    c'était faux, et vingt ans après,
  • 15:59 - 16:01
    nous l'avons transformé en puce,
  • 16:01 - 16:05
    dont il y a des milliers
    dans cette pièce aujourd'hui.
  • 16:05 - 16:09
    Dix ans avant sa mort, nous avons
    fabriqué le premier téléphone mobile.
  • 16:09 - 16:12
    À dire vrai, ce n'était pas si mobile,
    mais maintenant ça l'est vraiment.
  • 16:12 - 16:16
    Et alors que mon arrière-grand-père
    a quitté cette Terre, Internet est arrivé.
  • 16:16 - 16:18
    Dorénavant, nous pouvons tout faire,
  • 16:18 - 16:20
    mais le plus important,
  • 16:20 - 16:22
    maintenant nous avons un plan.
  • 16:22 - 16:23
    Merci.
  • 16:23 - 16:28
    (Applaudissements)
Title:
La chose surprenante que j'ai apprise en faisant le tour du monde à la voile en solitaire
Speaker:
Dame Ellen MacArthur
Description:

Qu'apprend-on lorsque l'on navigue autour du monde tout seul ? Lorsqu'Ellen MacArthur, navigatrice solitaire, a parcouru le globe — transportant tout ce dont elle avait besoin avec elle — elle est revenue avec un nouveau regard sur le fonctionnement du monde, qui serait un endroit de cycles imbriqués et de ressources limitées, où les décisions que l'on prend aujourd'hui affectent ce qui restera demain. Elle propose une façon nouvelle et audacieuse de percevoir les systèmes économiques mondiaux : non en tant que systèmes linéaires, mais circulaires, où tout est lié.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:47

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