Matrone des temps modernes | Martha Diomandé | TEDxRennes
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0:08 - 0:09Bonsoir à tous.
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0:10 - 0:11Je suis Martha Diomandé,
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0:11 - 0:12artiste chorégraphe,
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0:13 - 0:16fille et petite-fille de matrone.
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0:16 - 0:20Matrone, dans un premier temps,
c'est des accoucheuses traditionnelles. -
0:21 - 0:24Et un peu plus loin,
ce sont des exciseuses. -
0:25 - 0:28Les matrones, c'est des femmes
qui sont importantes dans la société. -
0:29 - 0:36C'est des femmes à qui on confie
nos enfants pour acquérir une sagesse. -
0:37 - 0:40C'est ce que nous savons des matrones
dans la culture africaine. -
0:41 - 0:44J'ai été excisée à l'âge de 7ans
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0:44 - 0:47parce que simplement
je portais le nom d'une matrone, -
0:47 - 0:49ma grand-mère.
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0:50 - 0:53Pour vous dire un peu
la voyance des matrones, -
0:54 - 0:57quand j'avais 7 ans,
ma grand-mère avait prédit -
0:57 - 1:02que j'allais partir de la Côte d'Ivoire
à l'âge de 15 ans, -
1:03 - 1:06puisque c'est à l'âge de 15 ans
que l'excision se pratique chez nous. -
1:06 - 1:08Et elle avait vu juste :
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1:08 - 1:12à 15 ans j'étais déjà dans l'avion
et j'étais en tant que danseuse en France. -
1:13 - 1:17Donc pour vous parler de mon excision...
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1:17 - 1:18L'excision, c'est quoi ?
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1:20 - 1:26L'excision, pour être vulgaire,
c'est l'ablation du clitoris. -
1:27 - 1:29Maintenant dans ma culture,
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1:29 - 1:34l'excision, ça peut être vu
comme un passage à l'âge adulte. -
1:35 - 1:39L'excision, c'est aussi une grosse fête
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1:40 - 1:46où famille, enfants, oncles, tout le monde
veut faire plaisir à la petite fille. -
1:47 - 1:52L'excision dans ma culture,
il y a des femmes ou des filles -
1:53 - 1:55qui l'attendent comme un jour de Noël.
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1:56 - 1:59Et l'excision, c'est aussi cette douleur
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2:00 - 2:01que nous avons tous en commun,
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2:01 - 2:04quelles que soient les raisons
pour lesquelles on la pratique. -
2:04 - 2:06Cette douleur atroce,
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2:06 - 2:10cette incompréhension,
avec tout cet engouement autour de toi -
2:10 - 2:12où tu te sens comme une princesse,
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2:12 - 2:13où on te fait plein de cadeaux,
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2:13 - 2:19cette douleur que tu reçois
le jour où l'excision est pratiquée... -
2:20 - 2:22Cette douleur qu'on ne peut pas expliquer,
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2:23 - 2:25où tu as l'impression
de tuer tout le monde, -
2:25 - 2:27où tu te sens trahie quelques secondes.
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2:27 - 2:32Et après cette douleur,
quel que soit le lieu où ça a été fait, -
2:32 - 2:35quand tu regardes le visage de ces femmes
qui sont autour de toi, -
2:35 - 2:37qui viennent de te faire si mal,
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2:37 - 2:40tu sens en elles
qu'elles ont autant pleuré que toi -
2:40 - 2:42parce que pour elles, dans l'ignorance,
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2:42 - 2:46elles pensent que tu dois
devenir comme elles. -
2:46 - 2:50Et elles sont soulagées
que tu n'y sois pas restée. -
2:51 - 2:54Donc quelque part, l'excision
pour vous l'expliquer aujourd'hui, -
2:55 - 2:59je vais vous dire tout simplement que
c'est de la douleur, -
2:59 - 3:00c'est un acte de bravoure,
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3:00 - 3:02parce que quand tu lis dans leurs yeux,
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3:02 - 3:04c'est comme si tu devenais comme elles,
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3:04 - 3:07comme si tu appartenais
à une tribu de femmes. -
3:08 - 3:10Ce qui est important dans une société.
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3:10 - 3:13J'en passe...
Ça, c'est quand j'avais 7 ans. -
3:14 - 3:15J'arrive en France,
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3:15 - 3:17en tant que artiste chorégraphe donc,
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3:17 - 3:19et je monte une association.
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3:19 - 3:21Mon objectif n'était pas d'abord
de lutter contre l'excision. -
3:22 - 3:23Ce que je vous explique,
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3:24 - 3:26c'est que la lutte
n'était pas mon objectif premier. -
3:27 - 3:30C'était déjà de me faire connaître
en tant que danseuse. -
3:30 - 3:31Ce que j'ai fait.
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3:32 - 3:33Je me suis fait connaitre à Rennes.
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3:33 - 3:35Et un jour, il y avait une conférence :
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3:36 - 3:37je suis allée à la mairie,
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3:37 - 3:40il y avait une conférence
sur l'excision. -
3:40 - 3:42Quelque part,
ça m'a interpelée, -
3:42 - 3:44parce que être fille
et petite-fille de matrone, -
3:44 - 3:46quelque part, quand tu entends excision,
ça te parle. -
3:47 - 3:51Et là moi je vais tout simplement
à cette conférence, comme tout le monde. -
3:52 - 3:53Et là, j'arrive à la conférence...
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3:53 - 3:56Je pense que c'est là que tout a basculé.
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3:56 - 3:58J'arrive à cette conférence.
J'écoute, -
3:59 - 4:03et tous les mots que j'entends,
franchement, je ne les reconnais pas. -
4:03 - 4:07Je ne reconnais pas l'excision
que j'avais dans ma tête, -
4:07 - 4:08cette définition de l'excision,
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4:09 - 4:11parce que c'était considéré
comme un crime. -
4:12 - 4:16Dans la salle,
il y avait des sujets comme... -
4:16 - 4:20Ces femmes qui font ça à leurs enfants,
c'est des sauvages. -
4:21 - 4:24Pour moi, je me suis sentie blessée,
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4:24 - 4:28je me suis sentie humiliée,
je me suis sentie sale à cette conférence -
4:28 - 4:34parce que ma mère qui m'a excisée à 7 ans
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4:34 - 4:36n'était pas une criminelle.
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4:36 - 4:37Ni ma grand-mère.
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4:38 - 4:40Ni ce que j'avais vu
dans le visage de ces femmes. -
4:40 - 4:45Mais je reste patiente pour pouvoir
poser des questions à la dame, -
4:45 - 4:47lui demander pourquoi
elle a tenu de tels propos. -
4:48 - 4:52Je reste, et plus tard,
je vois que j'ai eu raison, -
4:52 - 4:54parce que dans cette même conférence,
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4:54 - 4:58elle a dit des choses
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4:58 - 5:01qui ont fait que je me suis retrouvée
en tant que femme -
5:01 - 5:04dans les accouchements difficiles,
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5:06 - 5:08les rapports non désirés,
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5:08 - 5:09les douleurs que nous avons.
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5:10 - 5:13Donc je suis sortie
de cette conférence mitigée. -
5:13 - 5:20Voilà en quoi l'Europe m'a permis
d'avancer dans quelque chose. -
5:20 - 5:25Je suis sortie révoltée, et en même temps,
avec une prise de conscience. -
5:25 - 5:27Donc, ce n'était pas si mauvais.
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5:27 - 5:30Maintenant je me dis
qu'il faut faire quelque chose. -
5:31 - 5:34Si tous les mots dans lesquels
tu te retrouves aujourd'hui, -
5:34 - 5:38ça veut dire que dans ta communauté,
il y a beaucoup de femmes -
5:38 - 5:41qui sont comme toi,
mais qui n'ont pas cette possibilité -
5:41 - 5:44de se retrouver en Europe
ou d'assister à une conférence. -
5:44 - 5:47Et vu comment cette conférence a démarré,
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5:49 - 5:50son côté brutal,
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5:50 - 5:53je ne pense pas qu'une femme de ma région
serait restée jusqu'à la fin. -
5:54 - 5:56Donc, il faut lutter autrement,
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5:56 - 5:59parce que, quand on parle des traditions,
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5:59 - 6:02il y a une frustration qui fait
qu'on ferme les oreilles, -
6:02 - 6:04on n'a plus envie d'aller plus loin.
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6:04 - 6:07Et je pense que l'ouverture
que l'Europe m'a donnée, -
6:07 - 6:09c'est ce qui a fait que,
malgré ma frustration, -
6:09 - 6:11j'ai pu rester sur place jusqu'à la fin.
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6:12 - 6:13Donc lutter autrement.
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6:13 - 6:14Comment ?
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6:14 - 6:16Là, je me retrouve avec moi-même
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6:17 - 6:18et je vais me battre contre moi-même.
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6:19 - 6:21Vous savez le tabou,
c'est important. -
6:21 - 6:23Il y a des gens qui écrivent des livres.
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6:24 - 6:26On lutte contre l'excision
depuis des décennies, -
6:26 - 6:28mais ça ne finit pas.
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6:28 - 6:32Le plus gros problème, c'est ce tabou.
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6:33 - 6:37Moi j'avais décidé de lutter,
mais je n'avais pas les armes, -
6:37 - 6:40parce que j'avais l'impression
de trahir ma famille. -
6:40 - 6:43Même parler de douleur
devant les gens, -
6:43 - 6:45pour moi, c'était comme si je trahissais,
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6:46 - 6:47donc je ne pouvais pas.
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6:47 - 6:50J'avais envie de lutter,
mais je ne savais pas comment. -
6:50 - 6:52Il ne suffit pas de dire : « Je lutte ! »
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6:52 - 6:55Tu luttes, mais qu'est-ce que
tu mets en place ? -
6:55 - 6:58Donc je me suis mise à réfléchir,
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6:58 - 7:02et je me suis dit : « Je vais lutter,
mais sans heurter. -
7:02 - 7:05Je vais lutter dans la tolérance. »
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7:06 - 7:09Et à partir de là,
puisque je ne pouvais pas parler, -
7:09 - 7:11je me suis dit :
« Je vais créer un spectacle -
7:12 - 7:17qui va me permettre de sensibiliser
et de toucher un public ici -
7:17 - 7:20parce qu'en Europe,
l'excision est perçue comme un crime. » -
7:21 - 7:24Et du coup, il y a
une partie de la population -
7:24 - 7:25qui ne se sent pas concernée,
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7:25 - 7:28et du coup, l'excision
continue dans les villages, -
7:28 - 7:29et en France on est averti,
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7:29 - 7:31mais dans les villages,
on n'est pas averti. -
7:31 - 7:32Donc avec ce spectacle,
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7:33 - 7:35j'ai réussi à toucher mes bénévoles,
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7:36 - 7:39j'ai réussi à faire comprendre un peu...
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7:39 - 7:41Sachant que ça n'a pas été facile
-
7:41 - 7:42parce que dans un premier temps
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7:42 - 7:45on croyait que je voulais
que l'excision continue. -
7:45 - 7:46Hé non !
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7:46 - 7:49Il fallait juste lutter
dans le respect des gens. -
7:49 - 7:53Pour moi, les gens dans les villages
n'étaient pas assez avertis, -
7:53 - 7:55c'est pourquoi l'excision continuait.
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7:55 - 7:58Après cette période, qui a duré 4 ans,
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7:58 - 8:00je me suis dit : « Maintenant
que j'ai des bénévoles, -
8:00 - 8:03il faut aller sur le terrain
pour voir comment -
8:03 - 8:05on peut faire changer les choses là-bas,
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8:05 - 8:09parce qu'ici, on est averti,
mais tant que, là-bas, ça ne change pas, -
8:09 - 8:11l'excision ne va jamais s'arrêter. »
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8:11 - 8:13Donc je fais un premier voyage
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8:14 - 8:16chez moi, la première fois...
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8:16 - 8:19Et là je me rends compte
que je ne m'étais pas trompée : -
8:20 - 8:24l'excision était encore
au centre de toutes les conversations. -
8:24 - 8:27Et moi, j'avais quitté mon village
depuis l'âge de 7 ans. -
8:28 - 8:31Donc si aujourd'hui on milite en France,
en Europe, partout, -
8:32 - 8:34cela fait déjà 30 ans,
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8:34 - 8:38et 100% des femmes
sont encore excisées chez moi, -
8:38 - 8:42cela veut dire que
le message n'est pas passé ! -
8:42 - 8:44Ça veut dire quelque part
que les gens concernés -
8:44 - 8:46ne sont pas avertis.
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8:47 - 8:50Donc je me suis dit : « Je ne vais pas
aller comme une citoyenne, -
8:50 - 8:54en me disant que je suis quitte
en France, je vais changer les choses. » -
8:54 - 8:55D'abord, premier objectif :
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8:55 - 8:57rassembler des femmes,
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8:57 - 8:59créer une association
d'aide aux femmes démunies, -
8:59 - 9:03simplement, avec des matrones,
des acolytes, -
9:03 - 9:06- c'est un peu comme les aides-soignantes
auprès des infirmiers -
9:06 - 9:07et des sages-femmes.
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9:08 - 9:12Donc des matrones, des acolytes,
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9:12 - 9:14toutes les classes d'âge
qui ne se mélangent pas -
9:14 - 9:15dans la communauté,
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9:15 - 9:17il faut les mélanger,
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9:17 - 9:18déjà pour casser un mythe :
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9:18 - 9:21on ne parle pas d'excision
avec les plus jeunes. -
9:21 - 9:23donc il fallait casser quelque chose.
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9:23 - 9:26Et cette association,
les femmes, les matrones, -
9:26 - 9:29ont accepté pour la première fois
d'être dans la même catégorie -
9:30 - 9:31que toutes les femmes du village.
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9:31 - 9:34Ça, c’était pour moi ma première victoire.
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9:34 - 9:36Je leur ai dit : « On va essayer
de créer une association. -
9:36 - 9:39Je dois rentrer en France,
je n'ai pas d'argent, -
9:39 - 9:41mais on va demander des subventions. »
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9:41 - 9:43Quand je suis rentrée,
j'ai dit à mes bénévoles : -
9:43 - 9:44« On commence maintenant.
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9:44 - 9:45On a dansé en France,
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9:45 - 9:48maintenant, il va falloir
aller sur le terrain. » -
9:48 - 9:50Donc il faut chercher des subventions,
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9:50 - 9:53ça va être difficile
pour être soutenu, -
9:53 - 9:55parce que j'ai
un autre discours sur l'excision. -
9:56 - 9:59Je parle du respect de la tradition,
et en Europe, c'est vu comme un crime, -
9:59 - 10:02donc il va falloir qu'on s'investisse
dans un premier temps -
10:02 - 10:04si on veut que ça change là-bas.
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10:04 - 10:06Donc les choses ont commencé,
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10:06 - 10:08mes bénévoles ont payé leur transport,
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10:08 - 10:10leur billet d'avion,
comme moi, -
10:10 - 10:12et on a demandé des subventions,
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10:12 - 10:16on a investi dans le premier projet
d'aide aux femmes, -
10:16 - 10:19donc les acolytes ont commencé
le premier travail, -
10:19 - 10:21ce qui a motivé d'autres femmes.
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10:21 - 10:24Deuxième volet du projet :
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10:24 - 10:29il fallait absolument toucher
maintenant les matrones -
10:29 - 10:31parce que mon objectif,
c'était les matrones. -
10:32 - 10:33Deuxième volet.
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10:33 - 10:34J'ai dit aux matrones :
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10:34 - 10:37« Qu'est-ce que vous pensez
de l'excision ? -
10:37 - 10:40Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui,
dans notre communauté, -
10:40 - 10:43de l'arrêt de l'excision,
qui a été décidé par l’État, -
10:43 - 10:45parce que l’État interdit l'excision. »
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10:45 - 10:48Mais en fait les gens ne vont pas
sur le terrain pour militer -
10:48 - 10:51parce qu'ils ont peur justement
de la puissance de ces femmes, -
10:51 - 10:54ce sont des femmes
qui ont des connaissances des plantes, -
10:54 - 10:56il y a des femmes
qui sont aussi mystiques, -
10:56 - 10:59donc entre ce que l’État peut dire,
et ce qui se passe sur le terrain, -
10:59 - 11:00ça fait deux.
-
11:00 - 11:03Donc je pose la question
pour ne pas que ça vienne de moi. -
11:03 - 11:07Et là les matrones,
ça a été comme une explosion : -
11:08 - 11:10elles étaient frustrées.
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11:10 - 11:11Elles m'ont dit :
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11:11 - 11:16« Vous voyez, ma fille,
il y a 60 ethnies en Côte d'Ivoire, -
11:16 - 11:19pourquoi ils ne s'attaquent pas
à la tradition des autres ? -
11:20 - 11:24Pourquoi est-ce qu'ils trouvent que nous
on pratique l'excision -
11:24 - 11:26et que l'on n'a pas d'explication ?
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11:26 - 11:29Ils veulent simplement
nous mettre en prison. -
11:29 - 11:32Mais cela n'arrête rien,
parce que nous, c'est nos traditions. » -
11:32 - 11:34Elles m'ont expliqué
tout ce qui les poussait, -
11:34 - 11:35et l'éducation de nos enfants,
-
11:35 - 11:38parce que nous l'excision,
c'est aussi la partie où on passe -
11:38 - 11:40le message d'éducation
de nos enfants. -
11:40 - 11:42Nos traditions,
où les mettre? -
11:42 - 11:43J'ai écouté tout cela,
-
11:43 - 11:44comme si j'étais un peu bête,
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11:44 - 11:46Je les ai écoutées et dit :
-
11:46 - 11:49« Moi, je crois en ça, et moi, et moi,
j'ai été excisée.» -
11:49 - 11:52Je suis l'exemple même
qu'une excisée n'est pas bête. -
11:52 - 11:56Mais tôt ou tard, l'excision va s'arrêter
de manière brutale, -
11:56 - 12:00parce que le monde entier veut
que l'excision s'arrête. -
12:00 - 12:02Soit on se met ensemble,
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12:02 - 12:04on valorise vos connaissance des plantes,
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12:04 - 12:06vous devenez des accoucheuses,
-
12:06 - 12:07on fait une formation,
-
12:07 - 12:14et on ressort votre côté
qui est important dans la communauté, -
12:14 - 12:16parce que vous restez
des femmes importantes. -
12:16 - 12:19Aujourd'hui, une femme africaine
qui passe dans les mains d'une matrone -
12:19 - 12:21ressort gagnante,
-
12:21 - 12:24parce qu'elle a l'éducation française
et l'éducation africaine, -
12:24 - 12:25et elle en a besoin.
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12:25 - 12:28Donc mon objectif aujourd'hui,
ce n'est pas de vous dire -
12:28 - 12:29d'arrêter l'excision,
-
12:29 - 12:33mais c'est de travailler ensemble
pour trouver une solution. -
12:33 - 12:35Comment garder cette tradition,
-
12:36 - 12:38sans l'acte de couper
le clitoris de quelqu'un. » -
12:39 - 12:42Donc, ma première conversation
avec les matrones, ça a été ça. -
12:42 - 12:43Donc je leur ai dit :
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12:43 - 12:47« Maintenant je vais vous envoyer
des sages-femmes qui vont vous former. » -
12:47 - 12:49Déjà, cela n'était pas gagné,
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12:50 - 12:54parce que une matrone accoucheuse
et une matrone exciseuse, -
12:54 - 12:58la matrone exciseuse a plus de grade
que la matrone accoucheuse. -
12:58 - 13:00mais la chose a été acceptée.
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13:00 - 13:01Donc je rentre en France.
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13:01 - 13:05Martha a dit : « Je vais vous former...
mais elle n'est pas formatrice ! » -
13:05 - 13:09Donc j'arrive en France,
et là je commence à faire des conférences -
13:10 - 13:13avec le Docteur Harlicot,
parce que je donne aussi des conférences -
13:13 - 13:16avec des chirurgiens réparateurs,
pour expliquer un peu -
13:16 - 13:19l'importance de l'excision,
et puis comment il faut s'y prendre. -
13:19 - 13:21Donc on va à l'école des sages-femmes,
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13:22 - 13:23à [l'hôpital] Pontchaillou.
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13:23 - 13:27Le but, c'est d'apprendre à ces femmes
quel contact elles peuvent avoir -
13:27 - 13:29avec les femmes excisées.
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13:29 - 13:31Et là je fais une belle rencontre :
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13:31 - 13:34Claudie Robert,
qui enseigne aux sages-femmes. -
13:34 - 13:36On s'est rencontrées, et 3 mois après,
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13:37 - 13:38elle m'a suivie en Côte d'Ivoire.
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13:39 - 13:42Donc, ça, c'est une deuxième victoire.
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13:42 - 13:44J'avais une formatrice,
et une vraie ! -
13:44 - 13:45Donc on arrive en Côte d'Ivoire,
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13:46 - 13:47et pour la première formation,
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13:47 - 13:48je lui dis :
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13:48 - 13:51« Claudie, tu fais la formation,
mais dans un premier temps, -
13:51 - 13:53tu n'es pas excisée, et tu es blanche.
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13:53 - 13:55Il faut que l'on gagne
la confiance des matrones. -
13:56 - 13:59On ne parle pas d'excision.
tu fais la première formation, -
13:59 - 14:02et on rentre en France.
Et après, on va préparer le terrain. » -
14:03 - 14:06OK. On arrive, on fait la formation.
-
14:06 - 14:07Les matrones sont motivées.
-
14:07 - 14:11Il y avait 10 matrones.
-
14:11 - 14:13Deuxième formation.
-
14:13 - 14:14On en avait 50 !
-
14:17 - 14:20J'en ai alors profité pour leur dire :
-
14:20 - 14:24« Comme vous faites des accouchements
dans les cases, etc..., -
14:24 - 14:26et que nous n'avons pas
de lieux de sensibilisation, -
14:26 - 14:29ce serait bien que l'on vous fasse
une case de matrones, -
14:29 - 14:30parce qu'une maternité,
-
14:31 - 14:33c'est la concurrence au corps médical.
-
14:33 - 14:36Mais une case de matrones,
dans tous les villages, -
14:36 - 14:37les matrones accouchent,
-
14:37 - 14:38qu'il y ait un lieu ou pas,
-
14:38 - 14:40qu'il y ait une maternité ou pas,
-
14:40 - 14:42des femmes qui sont excisées,
qui n'ont pas envie -
14:42 - 14:44qu'une femme qui n'est pas excisée
-
14:44 - 14:45qui a eu tous ces diplômes,
-
14:45 - 14:46les touchent.
-
14:46 - 14:51Il vaut donc mieux un endroit
où on peut vous sensibiliser -
14:51 - 14:55et en même temps vous permettre de
faire des accouchements dans l'hygiène. » -
14:55 - 15:00Et là je pense que ça a été le truc
qui a tout changé dans le village. -
15:00 - 15:04Les matrones ont accepté cela
comme si c'était leur projet -
15:05 - 15:06et elles y ont participé.
-
15:06 - 15:09Et après, on a décidé ensemble
-
15:10 - 15:13que les matrones qui allaient travailler
dans cette maternité -
15:13 - 15:14ne devaient plus exciser.
-
15:15 - 15:16Donc on avait 20 matrones,
-
15:17 - 15:19elles ont choisi 10 matrones,
-
15:19 - 15:21pour l'instant qui travaillent
dans cette maternité -
15:21 - 15:23et qui ne pratiquent
plus du tout l'excision. -
15:24 - 15:26Donc, j'ai profité de cela.
-
15:26 - 15:27Et j'ai dit :
-
15:27 - 15:30« Pendant le temps qu'on négocie,
puisque c'est une négociation, -
15:30 - 15:31je ne veux pas les forcer,
-
15:31 - 15:33parce que tout ce que nous avons fait,
-
15:33 - 15:36pour qu'ils nous donnent 9 matrones,
et les acolytes -
15:36 - 15:39qui ont arrêté de pratiquer l'excision,
on ne les a pas mises en prison. -
15:39 - 15:41Je ne les ai jamais insultées.
-
15:41 - 15:42Pendant les formations,
-
15:42 - 15:44on les a sensibilisées
-
15:44 - 15:47sans qu'on leur fasse
une réunion de sensibilisation. -
15:48 - 15:50C'est dans la formation que
tout est passé. -
15:50 - 15:53J'ai dit à Claudie de faire passer
toutes les transmissions, -
15:53 - 15:56et du coup elles vont se rendre compte,
petit à petit, que -
15:57 - 15:59il y a un sujet,
-
15:59 - 16:02parce qu'il ne faut pas
qu'elles se sentent agressées, -
16:02 - 16:04elles ne seront plus prêtes
à nous écouter ! » -
16:04 - 16:05Et ça, ça a marché,
-
16:06 - 16:07parce qu'elles ont commencé à comparer.
-
16:07 - 16:09Les matrones qui meurent
-
16:09 - 16:10pour la transmission.
-
16:10 - 16:11Dans notre région,
-
16:12 - 16:16beaucoup de femmes meurent du VIH
-
16:16 - 16:18mais personne ne fait allusion
-
16:19 - 16:20à la pratique de l'excision.
-
16:20 - 16:23On a le taux le plus élevé
de VIH chez nous. -
16:24 - 16:26Et elles ont commencé
à se poser cette question-là. -
16:27 - 16:28Donc pour moi aujourd'hui,
-
16:28 - 16:32quand je vous parle de changer
les choses, changer une tradition, -
16:32 - 16:33c'est proposer quelque chose.
-
16:34 - 16:37Un changement,
c'est proposer d'accompagner -
16:37 - 16:38des gens dans le changement.
-
16:39 - 16:40Pas dans le préjugé.
-
16:40 - 16:41Parce que ces femmes-là,
-
16:41 - 16:43elles étaient frustrées
depuis des décennies -
16:44 - 16:47et du coup, l'excision avait évolué :
-
16:47 - 16:48ils n'attendaient plus 14 ans,
-
16:48 - 16:51mais c'était maintenant à l'âge de 7ans,
-
16:51 - 16:538 ans, qu'ils pratiquaient l'excision
dans les villages, -
16:53 - 16:56à cause de la peur de la police
ou du gouvernement -
16:56 - 16:58qui pouvait faire des arrestations.
-
16:59 - 17:01Donc l'excision maintenant
se faisait de manière massive. -
17:01 - 17:05Et là aujourd'hui, elles sont
au courant des conséquences, -
17:05 - 17:07mais sans se sentir blessées.
-
17:07 - 17:10Et petit à petit,
les choses peuvent changer. -
17:10 - 17:12Pour moi, petit à petit,
-
17:12 - 17:15j'essaye de faire comprendre
les choses aux gens -
17:15 - 17:17et de ne pas rester sur les préjugés.
-
17:17 - 17:19Donc aujourd'hui, l'association
parraine des enfants -
17:19 - 17:21et cela avec l'accord de tout le village,
-
17:21 - 17:24que ce soit le chef du village,
la mère, le père. -
17:24 - 17:26ils nous donnent des enfants
que l'on parraine, -
17:26 - 17:28et en retour, ces enfants
ne sont pas excisés. -
17:28 - 17:30Au moins personne n'est jugé,
-
17:30 - 17:33il n'y a pas de litige entre les familles.
-
17:33 - 17:35Parce que ce qui est dangereux
dans cette tradition, -
17:35 - 17:38c'est que si tu montes
le fils contre la mère, -
17:38 - 17:40après cela crée d'autres problèmes.
-
17:40 - 17:43Et il faut garder aussi
ce passage à l'âge adulte. -
17:44 - 17:46Il faut garder ce passage
qui fait de moi aujourd'hui -
17:46 - 17:50une citoyenne mais qui a
un autre regard sur le monde. -
17:50 - 17:52Cette sagesse-là,
-
17:52 - 17:54j'aimerais que ma fille
Stéphanie, elle l'ait. -
17:55 - 17:57J'aimerais que ma fille
ne soit pas excisée -
17:57 - 17:59mais qu'elle soit passée
dans les mains des matrones -
18:00 - 18:01et avec ce projet,
-
18:01 - 18:04les matrones pourront donner
ce passage à l'âge adulte -
18:05 - 18:07sans passer par le clitoris,
-
18:08 - 18:09sans couper le clitoris.
-
18:09 - 18:11Je préfère être brusque comme cela,
-
18:11 - 18:13parce que c'est comme ça
qu'il faut l'appeler. -
18:13 - 18:15Parce que c'est cet acte-là
qu'on ne peut pas accepter. -
18:15 - 18:18Enlever ça alors qu'on peut avoir
tout ce qui est bien, -
18:18 - 18:20tout ce qui est positif là-dedans.
-
18:20 - 18:21Ce passage-là,
-
18:21 - 18:23on peut le faire autrement.
-
18:23 - 18:25Sur tout ce que l'on appelle
les traditions, -
18:25 - 18:29j'ai envie de garder
le côté festif de l'excision, -
18:29 - 18:32garder le côté connaissance des plantes,
-
18:32 - 18:33de le valoriser,
-
18:33 - 18:35pour que les matrones restent à leur place
-
18:35 - 18:40et que la communauté africaine
puisse garder sa tradition -
18:40 - 18:43et puisse avoir des changements
à long terme. -
18:44 - 18:45Voilà.
-
18:45 - 18:48Et je voulais partager
une chanson qui me rappelle -
18:49 - 18:52tout ce que j'ai envie
de garder de l'excision... -
18:52 - 18:56(Applaudissements)
-
18:59 - 19:40(Elle chante)
-
19:51 - 19:53Merci !
-
19:53 - 19:55(Applaudissements)
- Title:
- Matrone des temps modernes | Martha Diomandé | TEDxRennes
- Description:
-
Martha Diomandé est fille et petite-fille d’exciseuses ivoiriennes. Dans sa culture de tradition animiste, « Homonyme » de sa grand-mère, elle était prédestinée à devenir elle aussi matrone exciseuse. Excisée à l’âge de 7 ans, ce n’est que bien plus tard, à l’occasion d’une conférence en France, qu’elle prend conscience de l’urgence à lutter autrement contre l’excision : pour elle, il faut supprimer l’acte violent aux conséquences avérées, mais préserver la force de la tradition. Si dans un premier temps, le tabou de l’excision l’empêche de militer en public, ses talents de danseuse-chorégraphe lui permettent de faire connaître son association. Grâce à un long travail de sensibilisation, en passant par la formation des accoucheuses, Martha est en passe de réussir son pari : s’appuyer sur les matrones elles-mêmes pour éliminer l’excision !
La tolérance n’est pas une faiblesse, nous dit-elle, mais de la compréhension et du respect naît parfois une puissance insoupçonnée !Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 19:57
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