Pourquoi une bonne histoire est comme une porte secrète
-
0:01 - 0:03Bonjour à tous. Mon nom est Mac.
-
0:03 - 0:06Je gagne ma vie en mentant aux enfants.
-
0:06 - 0:09Mais ce sont des mensonges honnêtes.
-
0:09 - 0:10J'écris des livres pour enfants.
-
0:10 - 0:14Voici ce que dit Pablo Picasso sur l'Art :
-
0:14 - 0:17« Nous savons tous
que l'Art n'est pas la vérité. -
0:17 - 0:19L'Art est un mensonge
-
0:19 - 0:21qui nous fait saisir la vérité,
-
0:21 - 0:23ou celle qui nous est visible.
-
0:23 - 0:26L'artiste doit savoir comment convaincre
-
0:26 - 0:30autrui de la sincérité de ses mensonges. »
-
0:30 - 0:32J'ai découvert cette citation
-
0:32 - 0:33quand j'étais enfant,
-
0:33 - 0:35et je l'ai adorée,
-
0:35 - 0:37sans savoir ce qu'elle signifiait.
-
0:37 - 0:38(Rires)
-
0:38 - 0:41Alors, je me suis dit
que c'est de cela précisément -
0:41 - 0:43que je suis venu vous parler aujourd'hui :
-
0:43 - 0:45Vérité et mensonges ; fiction et réalité.
-
0:45 - 0:47Comment vais-je faire pour démêler
-
0:47 - 0:49cette pelote de phrases ?
-
0:49 - 0:51J'ai pensé qu'avec Powerpoint,
-
0:51 - 0:53je pourrais vous faire
un diagramme de Venn. -
0:53 - 0:55[vérité - mensonges]
(Rires) -
0:55 - 0:58Et le voilà ! Juste ici ! Hop !
-
0:58 - 0:59On a la vérité, le mensonge,
-
0:59 - 1:01et leur intersection, au milieu.
-
1:01 - 1:04Cet espace liminal, c'est l'art.
-
1:04 - 1:06Bon... OK... d'accord...
-
1:06 - 1:08(Rires)
(Applaudissements) -
1:08 - 1:09OK.
-
1:09 - 1:12Le diagramme de Venn.
-
1:12 - 1:15Mais c'est d'une utilité relative.
-
1:15 - 1:19Ce qui m'a vraiment permis de comprendre
-
1:19 - 1:23cette citation, et ce qu'est l'art
fondamentalement, -
1:23 - 1:25du moins l'art de la fiction,
-
1:25 - 1:27c'est de travailler avec des enfants.
-
1:27 - 1:29J'ai eu un job d'animateur
dans des camps d'été. -
1:29 - 1:32J'étais étudiant et je faisais ça
pendant mes vacances. -
1:32 - 1:33Et j'ai adoré.
-
1:33 - 1:35C'était un camp sportif,
-
1:35 - 1:38pour les enfants de 4 à 6 ans.
-
1:38 - 1:40Je m'occupais des enfants de 4 ans.
-
1:40 - 1:42Une bonne chose,
parce que les gosses de 4 ans -
1:42 - 1:45ne savent pas faire du sport.
Et moi non plus. -
1:45 - 1:46(Rrires)
-
1:46 - 1:49Mon niveau sportif
est celui d'un enfant de 4 ans. -
1:52 - 1:54Les enfants faisaient quelques dribbles,
-
1:54 - 1:56autours de cônes, ils avaient chaud,
-
1:56 - 1:58et venaient s'asseoir sous un arbre,
-
1:58 - 2:01à côté de moi.
(Rires) -
2:01 - 2:03Et je leur racontais
des histoires sur ma vie -
2:03 - 2:05que j'inventais sur le moment.
-
2:05 - 2:07Je leur racontais que les week-ends,
-
2:07 - 2:08je rentrais à la maison pour devenir
-
2:08 - 2:10l'espion de la Reine d'Angleterre.
-
2:10 - 2:11(Rires)
-
2:11 - 2:13Très vite, d'autres gamins,
-
2:13 - 2:15qui ne faisaient pas partie de mon groupe,
-
2:15 - 2:16m'approchaient pour me demander
-
2:16 - 2:18si j'étais bien Mac Barnett.
-
2:18 - 2:21«T'es le type qui espionne
pour la Reine d'Angleterre. » -
2:21 - 2:23J'avais attendu toute ma vie
-
2:23 - 2:26qu'un étranger m'aborde
et me pose cette question! -
2:26 - 2:28Dans mes fantasmes,
-
2:28 - 2:30ce sont de magnifiques femmes russes.
-
2:30 - 2:32Mais bon, des enfants de 4 ans...
-
2:32 - 2:33On prend ce qui vient
à Berkeley, en Californie. -
2:33 - 2:35(Rires)
-
2:35 - 2:39A ce moment, j'ai compris
que mes histoires -
2:39 - 2:42étaient réelles, parce que familières,
-
2:42 - 2:44et aussi très excitantes.
-
2:44 - 2:46J'ai atteint mon apogée avec
-- et je ne l'oublierai jamais -- -
2:46 - 2:49cette petite fille qui s'appelait Riley.
-
2:49 - 2:51Elle sortait avec sa boîte à déjeuner
chaque midi -
2:51 - 2:53et jetait son fruit.
-
2:53 - 2:55Sa maman lui donnait un peu de melon,
-
2:55 - 2:56elle le prenait en main, comme ça,
-
2:56 - 2:58et le jetait dans le lierre.
-
2:58 - 3:00A la place, elle mangeait
-
3:00 - 3:02des snacks aux fruits, des puddings.
-
3:02 - 3:04Je lui disais : « Riley, ne fais pas ça.
-
3:04 - 3:06Mange tes fruits.»
-
3:06 - 3:08Et elle me demandait : « Mais pourquoi ? »
-
3:08 - 3:10Alors, je lui disais : « Si tu jettes
ton fruit dans le lierre, -
3:10 - 3:13tu vas y faire pousser plein de melons. »
-
3:13 - 3:16Et voilà comment je suis devenu
écrivain pour enfants -
3:16 - 3:19et pas nutritionniste pour enfants.
-
3:19 - 3:20(Rires)
-
3:21 - 3:23Riley, elle ne me croyait pas :
-
3:23 - 3:25« Ça ne va jamais arriver », disait-elle.
-
3:25 - 3:27Alors, le dernier jour du camp,
-
3:27 - 3:29je me suis levé tôt
pour aller chez l'épicier, -
3:29 - 3:31et j'ai acheté un énorme melon,
-
3:31 - 3:33que j'ai caché dans le lierre.
-
3:33 - 3:35A midi, j'ai dit à Riley :
-
3:35 - 3:38« Va donc voir ce que
tu as fait au lierre. » -
3:38 - 3:40Et - (rires) -
-
3:41 - 3:43Riley a commencé
à fourrager dans le lierre. -
3:43 - 3:46Quand elle a découvert ce melon,
plus grand que sa tête, -
3:46 - 3:48ses yeux brillaient de mille éclats !
-
3:48 - 3:51Et tous les gosses se pressaient autour,
-
3:51 - 3:52et un d'entre eux a dit :
-
3:52 - 3:55« Pourquoi il a une étiquette ? »
-
3:55 - 3:57(Rires)
-
3:58 - 4:00Alors, j'ai noyé le poisson :
-
4:00 - 4:02« C'est pour ça que j'avais dit
-
4:02 - 4:04de ne pas jeter
les étiquettes dans le lierre, -
4:04 - 4:06mais de les jeter dans la poubelle !
-
4:06 - 4:08C'est pas bon pour la nature ça ! »
-
4:08 - 4:09(Rires)
-
4:09 - 4:13Riley a pris son melon avec elle
partout, toute la journée. -
4:13 - 4:16Elle était si fière !
-
4:16 - 4:17Riley savait bien
-
4:17 - 4:21qu'elle n'a pas fait
pousser un melon en 7 jours. -
4:21 - 4:23Mais elle savait aussi
qu'elle l'avait fait. -
4:23 - 4:26C'est un espace étrange.
-
4:26 - 4:29Cet espace n'est pas
accessible qu'aux enfants. -
4:29 - 4:32Il est partout. L'Art nous y emmène.
-
4:32 - 4:34Riley était au centre de cet espace,
-
4:34 - 4:37qu'on appelle art, ou fiction.
-
4:37 - 4:39Je l'appelle « merveille ».
-
4:39 - 4:42C'est ce que Coleridge nomme
une dose volontaire d'incrédulité. -
4:42 - 4:44Ou de foi poétique,
-
4:44 - 4:46chaque fois qu'une histoire,
-
4:46 - 4:48aussi invraisemblable soit-elle,
-
4:48 - 4:50prend des airs de vérité.
-
4:50 - 4:51Il n'y a pas que les enfants
-
4:51 - 4:53qui soient capables d'atteindre ce rivage.
-
4:53 - 4:55Les adultes aussi, quand nous lisons.
-
4:55 - 4:58Voilà pourquoi, dans deux jours,
vous irez à Dublin, -
4:58 - 5:02pour faire le tour de Bloomsday à pied,
-
5:02 - 5:06et voir tout ce qui est arrivé à Ulysse,
-
5:06 - 5:08même si rien n'est vraiment arrivé !
-
5:08 - 5:10A Londres, les gens visitent Baker Street,
-
5:10 - 5:12l'appartement de Sherlock Holmes.
-
5:12 - 5:15Alors que le 221B a été peint à cet effet
-
5:15 - 5:17sur une maison
qui n'a jamais eu ce numéro. -
5:17 - 5:19On sait que les personnages sont fictifs.
-
5:19 - 5:22Mais on a des sentiments réels pour eux.
-
5:22 - 5:23C'est notre don :
-
5:23 - 5:25on sait que les personnages
ne sont pas réels, -
5:25 - 5:28tout en sachant qu'ils le sont aussi.
-
5:28 - 5:31C'est plus facile pour les enfants
que pour les adultes. -
5:31 - 5:33J'adore écrire des histoires
pour les enfants, -
5:33 - 5:36parce qu'ils sont les meilleurs lecteurs
-
5:36 - 5:38de fiction littéraire sérieuse.
-
5:38 - 5:41Quand j'étais gosse,
-
5:41 - 5:45j'étais obsédé par les romans
avec des portes secrètes, -
5:45 - 5:47comme « Narnia »,
-
5:47 - 5:49on ouvre une garde-robe,
-
5:49 - 5:50pour passer dans un monde magique.
-
5:50 - 5:53J'étais convaincu
que les portes secrètes existaient, -
5:53 - 5:55et je les cherchaient pour les franchir.
-
5:55 - 5:57Je voulais vivre et atteindre
le monde fictif. -
5:57 - 6:01En fait, j'ouvrais toutes les portes
des placards chez les gens. -
6:01 - 6:03(Rires)
-
6:03 - 6:05Chez le copain de ma mère,
-
6:05 - 6:09il n'y avait jamais de monde magique.
-
6:09 - 6:11Il y avait juste plein de choses bizarres.
-
6:11 - 6:13Je pensais que maman
devait être au courant. -
6:13 - 6:15Et je me faisais une joie de lui raconter.
-
6:15 - 6:17(Rires)
-
6:19 - 6:23Après mes études, mon premier job
-
6:23 - 6:26était derrière une de ces portes secrètes.
-
6:26 - 6:29Cet endroit s'appelle 826 Valencia.
-
6:29 - 6:31C'est son adresse, 826 Valencia Street,
-
6:31 - 6:33dans Mission à San Francisco.
-
6:33 - 6:35Quand je travaillais là,
-
6:35 - 6:36il y avait une maison d'édition
-
6:36 - 6:38appelée McSweeney's,
-
6:38 - 6:41un centre d'écriture sans but lucratif,
le 826 Valencia, -
6:41 - 6:43et sur la devanture,
-
6:43 - 6:45il y avait un magasin étrange.
-
6:45 - 6:47Ce quartier était marchand par décret,
-
6:47 - 6:49et la ville de San Francisco
n'est pas flexible. -
6:49 - 6:52Alors, Dave Eggers, l'écrivain
qui a fondé le centre, -
6:52 - 6:55a ouvert un magasin pour pirates
-
6:55 - 6:57pour respecter le code.
-
6:57 - 7:00(Rires)
-
7:00 - 7:02Et voilà.
-
7:02 - 7:04C'est super beau, en bois et tout.
-
7:04 - 7:06Il y a des tiroirs à agrumes,
-
7:06 - 7:08pour éviter le scorbut.
-
7:08 - 7:09(Rires)
-
7:09 - 7:12Il y a des bandeaux de couleurs,
-
7:12 - 7:14parce qu'au printemps,
les pirates se lâchent. -
7:14 - 7:16Incroyable !
-
7:16 - 7:18Le noir, c'est ennuyeux.
Du pastel ! -
7:18 - 7:21Des yeux en verre de toutes les couleurs,
-
7:21 - 7:23pour gérer toutes les situations.
-
7:23 - 7:24(Rires)
-
7:25 - 7:28C'est étrange mais,
il y a des gens qui venaient -
7:28 - 7:30au magasin et achetaient des choses.
-
7:30 - 7:31(Rires)
-
7:33 - 7:36Cela permettait de payer le loyer
-
7:36 - 7:38de notre centre d'éducation
dans l'arrière-boutique. -
7:38 - 7:41Le plus important selon moi,
-
7:41 - 7:43c'est que la qualité de notre travail
-
7:43 - 7:46d'éducation des enfants à l'écriture,
-
7:46 - 7:49est affectée positivement par le fait
-
7:49 - 7:52que nous devions traverser cet espace
fictif, étrange et liminal. -
7:52 - 7:55C'est notre porte secrète à traverser.
-
7:55 - 7:59Donc, j'ai géré le 826 de Los Angeles.
-
7:59 - 8:01J'ai dû construire le magasin.
-
8:01 - 8:04Et voici « l'Agence de Voyage
dans le Temps d'Echo Park ». -
8:04 - 8:08Notre slogan : « Quand que vous soyez,
nous y sommes déjà ! » -
8:08 - 8:09(Rires)
-
8:14 - 8:17La boutique est sur Sunset Boulevard,
à Los Angeles. -
8:17 - 8:19Notre personnel sympa
est à votre service. -
8:19 - 8:21Ils viennent de toutes les époques,
-
8:21 - 8:23même des années 80 ;
celui-là au fond, -
8:23 - 8:26il vient d'un passé très récent.
-
8:26 - 8:28Nous avons les « Employés du Mois »
-
8:28 - 8:30dont font partie
Genghis Khan et Charles Dickens. -
8:30 - 8:33Des personnalités éminentes
sont passées par chez nous. -
8:33 - 8:36Voici notre rayon pharmacie.
-
8:36 - 8:38On a des médicaments brevetés,
-
8:38 - 8:40des vases canopes pour vos organes.
-
8:40 - 8:42Du savon communiste où il est inscrit :
-
8:42 - 8:45« Ceci est votre ration annuelle de savon. »
-
8:45 - 8:46(Rires)
-
8:46 - 8:48Notre machine à boue a cassé
-
8:48 - 8:50le soir de l'inauguration,
-
8:50 - 8:52et on ne savait pas la réparer.
-
8:52 - 8:54Notre architecte était
couvert de sirop rouge. -
8:54 - 8:56On aurait dit
qu'il venait de tuer quelqu'un. -
8:56 - 8:58Ce qui aurait pu arriver,
-
8:58 - 9:00dans le cas précis de cet architecte.
-
9:00 - 9:01On ne savait pas quoi faire.
-
9:01 - 9:04Elle devait être notre attraction phare.
-
9:04 - 9:05J'ai accroché un panneau
-
9:05 - 9:07« Hors service. Revenez hier ! »
-
9:07 - 9:07(Rires)
-
9:07 - 9:10C'était encore plus drôle que la boue,
-
9:10 - 9:13alors on a laissé le panneau,
pour toujours. -
9:13 - 9:15Des Boules de Mammouths.
-
9:15 - 9:17Ça pèse 3 kg pièce, ces machins !
-
9:17 - 9:18(Rires)
-
9:18 - 9:20Du répulsif à Barbares.
-
9:20 - 9:23C'est rempli de salades, et de pot-pourri.
-
9:23 - 9:25Tout ce que les Barbares détestent.
-
9:25 - 9:27Des langues mortes.
[Latin] [Copte] -
9:27 - 9:28(Rires)
-
9:30 - 9:33Des sangsues, mini docteurs de la nature.
-
9:33 - 9:36Et du déo Viking, en plusieurs fragrances :
-
9:36 - 9:40Ongles des pieds, Légumes pourris,
Cendre de bûcher. -
9:40 - 9:42Parce qu'on pense que le déo Axe
-
9:42 - 9:44ne devrait se trouver
que sur les champs de bataille, -
9:44 - 9:45pas sous les bras.
-
9:45 - 9:47(Rires)
-
9:47 - 9:50Ceci, ce sont des puces
émotives pour robots. -
9:50 - 9:52Ainsi, les robots peuvent ressentir
amour ou peur. -
9:52 - 9:54Notre best seller est « Schadenfreude ».
-
9:54 - 9:56C’était tout à fait inespéré.
-
9:56 - 9:57(Rires)
-
9:57 - 9:59On ne pensait pas cela possible.
-
9:59 - 10:01Mais il y a une ONG
dans l'arrière-boutique. -
10:01 - 10:03Les enfants passent une porte de service,
-
10:03 - 10:05et atteignent cet espace,
-
10:05 - 10:06où ils font leurs devoirs,
-
10:06 - 10:08écrivent des histoires, font des films.
-
10:08 - 10:10Voilà la soirée de lancement du livre
-
10:10 - 10:11que les enfants ont écrit.
-
10:11 - 10:13Nous publions un trimestriel
-
10:13 - 10:14avec les œuvres des enfants
-
10:14 - 10:16qui viennent chez nous
chaque jour après l'école. -
10:16 - 10:18On a des soirées de lancement.
-
10:18 - 10:19Les enfants mangent des gâteaux,
-
10:19 - 10:21boivent du lait
dans des coupes à champagne, -
10:21 - 10:24et lisent leurs histoires à leurs parents.
-
10:24 - 10:25C'est un endroit très spécial,
-
10:25 - 10:29parce que la boutique devant est étrange.
-
10:29 - 10:30La blague n'est pas une blague.
-
10:30 - 10:34On ne voit pas les coutures de la fiction.
-
10:34 - 10:37J'adore le fait
qu'une petite partie de la fiction -
10:37 - 10:39ait colonisé le monde réel.
-
10:39 - 10:42C'est un livre en 3 dimensions.
-
10:44 - 10:46Connaissez-vous le mot « métafiction » ?
-
10:46 - 10:50Cela signifie
des histoires sur les histoires. -
10:50 - 10:52C'est l'heure de gloire de « Méta »,
-
10:52 - 10:54la précédente
était dans les années 60, -
10:54 - 10:57grâce aux auteurs
John Barth et William Gaddis. -
10:57 - 10:59Mais elle est toujours omniprésente,
-
10:59 - 11:02presque aussi vieille
que l'art de raconter des histoires. -
11:02 - 11:04Une technique de métafiction
-
11:04 - 11:06consiste à abolir le 4eme mur.
-
11:06 - 11:09C'est quand l'acteur
se tourne vers l'audience, -
11:09 - 11:10et lui dit : « Je suis un acteur,
-
11:10 - 11:13et ceci, ce sont des élucubrations. »
-
11:13 - 11:15Et même ces moments soi-disant honnêtes,
-
11:15 - 11:17existent pour servir le mensonge.
-
11:17 - 11:19Même s'ils sont supposés
-
11:19 - 11:22poser les fondations
de l'artificialité de la fiction. -
11:22 - 11:23Moi, je préfère l'inverse :
-
11:23 - 11:26si je veux casser le 4eme mur,
-
11:26 - 11:28je veux que la fiction s'évade,
-
11:28 - 11:30et entre dans le monde réel.
-
11:30 - 11:33Je veux que les livres
soient la porte secrète -
11:33 - 11:35qui laisse entrer
-
11:35 - 11:38les histoires dans la réalité.
-
11:38 - 11:41C'est ce que j'essaye de faire
avec mes bouquins. -
11:41 - 11:43Un petit exemple :
-
11:43 - 11:45mon tout premier livre s'appelle
-
11:45 - 11:47« Billy Twitters et sa baleine bleue ».
-
11:47 - 11:49C'est l'histoire d'un gamin
qui reçoit une baleine -
11:49 - 11:51comme animal de compagnie.
-
11:51 - 11:54Mais c'est une punition
qui détruit sa vie. -
11:54 - 11:57Elle est livrée en un jour par « FedUp ».
[jeu de mots avec FedEx : FedUp = Excédé] -
11:57 - 11:59(Rires)
-
11:59 - 12:01Il doit l'emmener à l'école.
-
12:01 - 12:02Mais il vit à San Francisco,
-
12:02 - 12:04et ce n'est pas une ville facile
-
12:04 - 12:05pour les propriétaires de baleine :
-
12:05 - 12:07beaucoup de collines,
-
12:07 - 12:09des prix immobiliers fort chers.
-
12:09 - 12:11C'est inouï.
-
12:11 - 12:14Sous la couverture du livre,
-
12:14 - 12:18que vous voyez ici,
[« Hé les enfants ! Animal marin préféré»] -
12:18 - 12:20il y a une pub,
-
12:20 - 12:24qui offre une période d'essai de 30 jours
-
12:24 - 12:27d'adoption de baleine bleue.
-
12:27 - 12:29Il suffit de nous renvoyer une enveloppe
avec votre adresse, -
12:29 - 12:32et nous vous envoyons une baleine.
-
12:35 - 12:36Les enfants nous écrivent.
-
12:36 - 12:38Voici une de ces lettres :
-
12:38 - 12:41«Cher Gens, je parie 10 balles
-
12:41 - 12:43que vous ne m'enverrez pas de baleine !
-
12:43 - 12:45Eliot Gannon (6 ans) »
-
12:45 - 12:47(Rires) (Applaudissements)
-
12:52 - 12:54Eliot et les enfants qui nous ont écrit
-
12:54 - 12:56reçoivent par retour de courrier
-
12:56 - 12:58une lettre écrite en tout petit,
-
12:58 - 13:00d'un bureau d'avocat norvégien.
-
13:00 - 13:01(Rires)
-
13:03 - 13:04La lettre explique qu'à cause
-
13:04 - 13:06d'un changement des droits de douane
-
13:06 - 13:08leur baleine est retenue à Sognefjord,
-
13:08 - 13:10un très joli endroit, ce fjord,
-
13:10 - 13:12et la lettre fait des digressions
-
13:12 - 13:14et parle de Sognefjord
-
13:14 - 13:16de la gastronomie norvégienne.
-
13:16 - 13:16(Rires)
-
13:17 - 13:19Mais la lettre se termine en disant
-
13:19 - 13:22que la baleine serait ravie
d'avoir des nouvelles. -
13:22 - 13:24Il y a un numéro de téléphone,
-
13:24 - 13:25(Rires)
-
13:25 - 13:28sur lequel on peut laisser un message.
-
13:28 - 13:31Quand on appelle pour laisser un message
-
13:31 - 13:34sur le répondeur, qui fait un bruit
de baleine et puis bip, -
13:34 - 13:36(Rires)
-
13:37 - 13:42qui ressemble beaucoup
à un bruit de baleine d'ailleurs. -
13:42 - 13:44Ils reçoivent aussi
une photo de leur baleine. -
13:44 - 13:46Voici Randolph.
-
13:46 - 13:49Randolph appartient à Nico.
-
13:49 - 13:53Nico est un des premiers gamins
qui nous aie jamais appelés. -
13:54 - 13:56Voici quelques-uns de ses messages :
-
13:56 - 13:58Le tout premier message
que Nico m'a laissé : -
14:00 - 14:02(Audio) Nico: Allo ? C'est Nico.
-
14:02 - 14:06Je suis ton maître, Randolph. Bonjour.
-
14:06 - 14:10C'est la première fois que je te parle,
-
14:10 - 14:14et j'appellerai encore bientôt. Ciao.
-
14:15 - 14:18Mac Barnet : Nico a rappelé,
une heure plus tard. -
14:18 - 14:20(Rires)
-
14:20 - 14:23Voici un autre message de Nico :
-
14:25 - 14:28(Audio) Nico : Salut Randolph, c'est Nico.
-
14:28 - 14:33Je ne t'ai plus parlé depuis looongtemps,
-
14:33 - 14:38mais je t'ai parlé samedi ou dimanche.
-
14:38 - 14:40Ouais, samedi ou dimanche.
-
14:40 - 14:43Et je t'appelle aujourd'hui aussi,
-
14:43 - 14:47pour dire bonjour,
et savoir ce que tu fais. -
14:47 - 14:53Je t'appellerai sans doute demain,
ou aujourd'hui. -
14:53 - 14:57A plus tard alors. Bye.
-
14:57 - 15:00MB: Et c'est ce qu'il a fait.
Il a appelé le jour même. -
15:01 - 15:05Nico a laissé 25 messages à Randolph,
-
15:05 - 15:07pendant 4 ans.
-
15:09 - 15:11Il parle de lui,
-
15:11 - 15:12de sa grand-mère qu'il aime,
-
15:12 - 15:15et de celle qu'il aime un petit peu moins,
-
15:15 - 15:15(Rires)
-
15:17 - 15:19des mots croisés qu'il fait.
-
15:19 - 15:21Et puis il y a ce message,
-
15:21 - 15:23que je vais vous laisser écouter.
-
15:23 - 15:26Voici le message de Noël de Nico :
-
15:26 - 15:28(Audio) [bip] Nico: Salut Randolph,
-
15:28 - 15:32je ne t'ai pas appelé ces derniers temps.
Excuse-moi. -
15:32 - 15:37J'étais très occupé
avec l'école qui a commencé -
15:37 - 15:40comme tu ne sais pas, sans doute,
-
15:40 - 15:43t'es une baleine après tout,
-
15:44 - 15:47et je t'appelais pour te dire,
-
15:47 - 15:52pour te souhaiter un Joyeux Noël.
-
15:52 - 15:57Alors, Joyeux Noël Randolph,
-
15:58 - 16:03et au revoir. Au revoir Randolph.
-
16:04 - 16:06MB: J'ai eu Nico en ligne
-
16:06 - 16:08il y a deux jours, justement,
-
16:08 - 16:11après 18 mois de silence.
-
16:12 - 16:15Sa voix a changé,
-
16:15 - 16:19mais il a demandé à sa baby-sitter
de parler aussi, -
16:19 - 16:22et elle a été très gentille avec Randolph.
-
16:22 - 16:25Nico est mon lecteur idéal.
-
16:27 - 16:30En écrivant, je forme le vœu
-
16:30 - 16:33que mon lecteur rejoigne
ce lieu émotionnel -
16:33 - 16:35où se trouvent mes créations.
-
16:35 - 16:37Je me sens privilégié.
-
16:37 - 16:39Les enfants comme Nico
sont les meilleurs lecteurs, -
16:39 - 16:43et ils méritent les meilleures histoires
que je puisse leur offrir. -
16:43 - 16:44Merci beaucoup.
-
16:44 - 16:46(Applaudissements)
- Title:
- Pourquoi une bonne histoire est comme une porte secrète
- Speaker:
- Mac Barnett
- Description:
-
L'enfance est un moment surnaturel. Pourquoi les histoires pour enfants ne le seraient-elles pas ? A travers sa présentation enthousiaste, l'auteur Mac Barnett, lauréat de prix littéraires, nous parle d'une écriture qui s'évade des pages, de l'art en tant que portail vers l'émerveillement - et d'un véritable enfant qui parle à une baleine imaginaire.
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 16:59
eric vautier approved French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door | ||
eric vautier edited French subtitles for Why a good book is a secret door |