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Pourquoi une bonne histoire est comme une porte secrète

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    Bonjour à tous. Mon nom est Mac.
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    Je gagne ma vie en mentant aux enfants.
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    Mais ce sont des mensonges honnêtes.
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    J'écris des livres pour enfants.
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    Voici ce que dit Pablo Picasso sur l'Art :
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    « Nous savons tous
    que l'Art n'est pas la vérité.
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    L'Art est un mensonge
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    qui nous fait saisir la vérité,
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    ou celle qui nous est visible.
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    L'artiste doit savoir comment convaincre
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    autrui de la sincérité de ses mensonges. »
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    J'ai découvert cette citation
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    quand j'étais enfant,
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    et je l'ai adorée,
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    sans savoir ce qu'elle signifiait.
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    (Rires)
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    Alors, je me suis dit
    que c'est de cela précisément
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    que je suis venu vous parler aujourd'hui :
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    Vérité et mensonges ; fiction et réalité.
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    Comment vais-je faire pour démêler
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    cette pelote de phrases ?
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    J'ai pensé qu'avec Powerpoint,
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    je pourrais vous faire
    un diagramme de Venn.
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    [vérité - mensonges]
    (Rires)
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    Et le voilà ! Juste ici ! Hop !
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    On a la vérité, le mensonge,
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    et leur intersection, au milieu.
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    Cet espace liminal, c'est l'art.
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    Bon... OK... d'accord...
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    (Rires)
    (Applaudissements)
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    OK.
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    Le diagramme de Venn.
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    Mais c'est d'une utilité relative.
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    Ce qui m'a vraiment permis de comprendre
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    cette citation, et ce qu'est l'art
    fondamentalement,
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    du moins l'art de la fiction,
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    c'est de travailler avec des enfants.
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    J'ai eu un job d'animateur
    dans des camps d'été.
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    J'étais étudiant et je faisais ça
    pendant mes vacances.
  • 1:32 - 1:33
    Et j'ai adoré.
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    C'était un camp sportif,
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    pour les enfants de 4 à 6 ans.
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    Je m'occupais des enfants de 4 ans.
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    Une bonne chose,
    parce que les gosses de 4 ans
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    ne savent pas faire du sport.
    Et moi non plus.
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    (Rrires)
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    Mon niveau sportif
    est celui d'un enfant de 4 ans.
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    Les enfants faisaient quelques dribbles,
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    autours de cônes, ils avaient chaud,
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    et venaient s'asseoir sous un arbre,
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    à côté de moi.
    (Rires)
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    Et je leur racontais
    des histoires sur ma vie
  • 2:03 - 2:05
    que j'inventais sur le moment.
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    Je leur racontais que les week-ends,
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    je rentrais à la maison pour devenir
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    l'espion de la Reine d'Angleterre.
  • 2:10 - 2:11
    (Rires)
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    Très vite, d'autres gamins,
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    qui ne faisaient pas partie de mon groupe,
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    m'approchaient pour me demander
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    si j'étais bien Mac Barnett.
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    «T'es le type qui espionne
    pour la Reine d'Angleterre. »
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    J'avais attendu toute ma vie
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    qu'un étranger m'aborde
    et me pose cette question!
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    Dans mes fantasmes,
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    ce sont de magnifiques femmes russes.
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    Mais bon, des enfants de 4 ans...
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    On prend ce qui vient
    à Berkeley, en Californie.
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    (Rires)
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    A ce moment, j'ai compris
    que mes histoires
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    étaient réelles, parce que familières,
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    et aussi très excitantes.
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    J'ai atteint mon apogée avec
    -- et je ne l'oublierai jamais --
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    cette petite fille qui s'appelait Riley.
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    Elle sortait avec sa boîte à déjeuner
    chaque midi
  • 2:51 - 2:53
    et jetait son fruit.
  • 2:53 - 2:55
    Sa maman lui donnait un peu de melon,
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    elle le prenait en main, comme ça,
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    et le jetait dans le lierre.
  • 2:58 - 3:00
    A la place, elle mangeait
  • 3:00 - 3:02
    des snacks aux fruits, des puddings.
  • 3:02 - 3:04
    Je lui disais : « Riley, ne fais pas ça.
  • 3:04 - 3:06
    Mange tes fruits.»
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    Et elle me demandait : « Mais pourquoi ? »
  • 3:08 - 3:10
    Alors, je lui disais : « Si tu jettes
    ton fruit dans le lierre,
  • 3:10 - 3:13
    tu vas y faire pousser plein de melons. »
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    Et voilà comment je suis devenu
    écrivain pour enfants
  • 3:16 - 3:19
    et pas nutritionniste pour enfants.
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    (Rires)
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    Riley, elle ne me croyait pas :
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    « Ça ne va jamais arriver », disait-elle.
  • 3:25 - 3:27
    Alors, le dernier jour du camp,
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    je me suis levé tôt
    pour aller chez l'épicier,
  • 3:29 - 3:31
    et j'ai acheté un énorme melon,
  • 3:31 - 3:33
    que j'ai caché dans le lierre.
  • 3:33 - 3:35
    A midi, j'ai dit à Riley :
  • 3:35 - 3:38
    « Va donc voir ce que
    tu as fait au lierre. »
  • 3:38 - 3:40
    Et - (rires) -
  • 3:41 - 3:43
    Riley a commencé
    à fourrager dans le lierre.
  • 3:43 - 3:46
    Quand elle a découvert ce melon,
    plus grand que sa tête,
  • 3:46 - 3:48
    ses yeux brillaient de mille éclats !
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    Et tous les gosses se pressaient autour,
  • 3:51 - 3:52
    et un d'entre eux a dit :
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    « Pourquoi il a une étiquette ? »
  • 3:55 - 3:57
    (Rires)
  • 3:58 - 4:00
    Alors, j'ai noyé le poisson :
  • 4:00 - 4:02
    « C'est pour ça que j'avais dit
  • 4:02 - 4:04
    de ne pas jeter
    les étiquettes dans le lierre,
  • 4:04 - 4:06
    mais de les jeter dans la poubelle !
  • 4:06 - 4:08
    C'est pas bon pour la nature ça ! »
  • 4:08 - 4:09
    (Rires)
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    Riley a pris son melon avec elle
    partout, toute la journée.
  • 4:13 - 4:16
    Elle était si fière !
  • 4:16 - 4:17
    Riley savait bien
  • 4:17 - 4:21
    qu'elle n'a pas fait
    pousser un melon en 7 jours.
  • 4:21 - 4:23
    Mais elle savait aussi
    qu'elle l'avait fait.
  • 4:23 - 4:26
    C'est un espace étrange.
  • 4:26 - 4:29
    Cet espace n'est pas
    accessible qu'aux enfants.
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    Il est partout. L'Art nous y emmène.
  • 4:32 - 4:34
    Riley était au centre de cet espace,
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    qu'on appelle art, ou fiction.
  • 4:37 - 4:39
    Je l'appelle « merveille ».
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    C'est ce que Coleridge nomme
    une dose volontaire d'incrédulité.
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    Ou de foi poétique,
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    chaque fois qu'une histoire,
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    aussi invraisemblable soit-elle,
  • 4:48 - 4:50
    prend des airs de vérité.
  • 4:50 - 4:51
    Il n'y a pas que les enfants
  • 4:51 - 4:53
    qui soient capables d'atteindre ce rivage.
  • 4:53 - 4:55
    Les adultes aussi, quand nous lisons.
  • 4:55 - 4:58
    Voilà pourquoi, dans deux jours,
    vous irez à Dublin,
  • 4:58 - 5:02
    pour faire le tour de Bloomsday à pied,
  • 5:02 - 5:06
    et voir tout ce qui est arrivé à Ulysse,
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    même si rien n'est vraiment arrivé !
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    A Londres, les gens visitent Baker Street,
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    l'appartement de Sherlock Holmes.
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    Alors que le 221B a été peint à cet effet
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    sur une maison
    qui n'a jamais eu ce numéro.
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    On sait que les personnages sont fictifs.
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    Mais on a des sentiments réels pour eux.
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    C'est notre don :
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    on sait que les personnages
    ne sont pas réels,
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    tout en sachant qu'ils le sont aussi.
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    C'est plus facile pour les enfants
    que pour les adultes.
  • 5:31 - 5:33
    J'adore écrire des histoires
    pour les enfants,
  • 5:33 - 5:36
    parce qu'ils sont les meilleurs lecteurs
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    de fiction littéraire sérieuse.
  • 5:38 - 5:41
    Quand j'étais gosse,
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    j'étais obsédé par les romans
    avec des portes secrètes,
  • 5:45 - 5:47
    comme « Narnia »,
  • 5:47 - 5:49
    on ouvre une garde-robe,
  • 5:49 - 5:50
    pour passer dans un monde magique.
  • 5:50 - 5:53
    J'étais convaincu
    que les portes secrètes existaient,
  • 5:53 - 5:55
    et je les cherchaient pour les franchir.
  • 5:55 - 5:57
    Je voulais vivre et atteindre
    le monde fictif.
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    En fait, j'ouvrais toutes les portes
    des placards chez les gens.
  • 6:01 - 6:03
    (Rires)
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    Chez le copain de ma mère,
  • 6:05 - 6:09
    il n'y avait jamais de monde magique.
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    Il y avait juste plein de choses bizarres.
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    Je pensais que maman
    devait être au courant.
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    Et je me faisais une joie de lui raconter.
  • 6:15 - 6:17
    (Rires)
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    Après mes études, mon premier job
  • 6:23 - 6:26
    était derrière une de ces portes secrètes.
  • 6:26 - 6:29
    Cet endroit s'appelle 826 Valencia.
  • 6:29 - 6:31
    C'est son adresse, 826 Valencia Street,
  • 6:31 - 6:33
    dans Mission à San Francisco.
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    Quand je travaillais là,
  • 6:35 - 6:36
    il y avait une maison d'édition
  • 6:36 - 6:38
    appelée McSweeney's,
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    un centre d'écriture sans but lucratif,
    le 826 Valencia,
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    et sur la devanture,
  • 6:43 - 6:45
    il y avait un magasin étrange.
  • 6:45 - 6:47
    Ce quartier était marchand par décret,
  • 6:47 - 6:49
    et la ville de San Francisco
    n'est pas flexible.
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    Alors, Dave Eggers, l'écrivain
    qui a fondé le centre,
  • 6:52 - 6:55
    a ouvert un magasin pour pirates
  • 6:55 - 6:57
    pour respecter le code.
  • 6:57 - 7:00
    (Rires)
  • 7:00 - 7:02
    Et voilà.
  • 7:02 - 7:04
    C'est super beau, en bois et tout.
  • 7:04 - 7:06
    Il y a des tiroirs à agrumes,
  • 7:06 - 7:08
    pour éviter le scorbut.
  • 7:08 - 7:09
    (Rires)
  • 7:09 - 7:12
    Il y a des bandeaux de couleurs,
  • 7:12 - 7:14
    parce qu'au printemps,
    les pirates se lâchent.
  • 7:14 - 7:16
    Incroyable !
  • 7:16 - 7:18
    Le noir, c'est ennuyeux.
    Du pastel !
  • 7:18 - 7:21
    Des yeux en verre de toutes les couleurs,
  • 7:21 - 7:23
    pour gérer toutes les situations.
  • 7:23 - 7:24
    (Rires)
  • 7:25 - 7:28
    C'est étrange mais,
    il y a des gens qui venaient
  • 7:28 - 7:30
    au magasin et achetaient des choses.
  • 7:30 - 7:31
    (Rires)
  • 7:33 - 7:36
    Cela permettait de payer le loyer
  • 7:36 - 7:38
    de notre centre d'éducation
    dans l'arrière-boutique.
  • 7:38 - 7:41
    Le plus important selon moi,
  • 7:41 - 7:43
    c'est que la qualité de notre travail
  • 7:43 - 7:46
    d'éducation des enfants à l'écriture,
  • 7:46 - 7:49
    est affectée positivement par le fait
  • 7:49 - 7:52
    que nous devions traverser cet espace
    fictif, étrange et liminal.
  • 7:52 - 7:55
    C'est notre porte secrète à traverser.
  • 7:55 - 7:59
    Donc, j'ai géré le 826 de Los Angeles.
  • 7:59 - 8:01
    J'ai dû construire le magasin.
  • 8:01 - 8:04
    Et voici « l'Agence de Voyage
    dans le Temps d'Echo Park ».
  • 8:04 - 8:08
    Notre slogan : « Quand que vous soyez,
    nous y sommes déjà ! »
  • 8:08 - 8:09
    (Rires)
  • 8:14 - 8:17
    La boutique est sur Sunset Boulevard,
    à Los Angeles.
  • 8:17 - 8:19
    Notre personnel sympa
    est à votre service.
  • 8:19 - 8:21
    Ils viennent de toutes les époques,
  • 8:21 - 8:23
    même des années 80 ;
    celui-là au fond,
  • 8:23 - 8:26
    il vient d'un passé très récent.
  • 8:26 - 8:28
    Nous avons les « Employés du Mois »
  • 8:28 - 8:30
    dont font partie
    Genghis Khan et Charles Dickens.
  • 8:30 - 8:33
    Des personnalités éminentes
    sont passées par chez nous.
  • 8:33 - 8:36
    Voici notre rayon pharmacie.
  • 8:36 - 8:38
    On a des médicaments brevetés,
  • 8:38 - 8:40
    des vases canopes pour vos organes.
  • 8:40 - 8:42
    Du savon communiste où il est inscrit :
  • 8:42 - 8:45
    « Ceci est votre ration annuelle de savon. »
  • 8:45 - 8:46
    (Rires)
  • 8:46 - 8:48
    Notre machine à boue a cassé
  • 8:48 - 8:50
    le soir de l'inauguration,
  • 8:50 - 8:52
    et on ne savait pas la réparer.
  • 8:52 - 8:54
    Notre architecte était
    couvert de sirop rouge.
  • 8:54 - 8:56
    On aurait dit
    qu'il venait de tuer quelqu'un.
  • 8:56 - 8:58
    Ce qui aurait pu arriver,
  • 8:58 - 9:00
    dans le cas précis de cet architecte.
  • 9:00 - 9:01
    On ne savait pas quoi faire.
  • 9:01 - 9:04
    Elle devait être notre attraction phare.
  • 9:04 - 9:05
    J'ai accroché un panneau
  • 9:05 - 9:07
    « Hors service. Revenez hier ! »
  • 9:07 - 9:07
    (Rires)
  • 9:07 - 9:10
    C'était encore plus drôle que la boue,
  • 9:10 - 9:13
    alors on a laissé le panneau,
    pour toujours.
  • 9:13 - 9:15
    Des Boules de Mammouths.
  • 9:15 - 9:17
    Ça pèse 3 kg pièce, ces machins !
  • 9:17 - 9:18
    (Rires)
  • 9:18 - 9:20
    Du répulsif à Barbares.
  • 9:20 - 9:23
    C'est rempli de salades, et de pot-pourri.
  • 9:23 - 9:25
    Tout ce que les Barbares détestent.
  • 9:25 - 9:27
    Des langues mortes.
    [Latin] [Copte]
  • 9:27 - 9:28
    (Rires)
  • 9:30 - 9:33
    Des sangsues, mini docteurs de la nature.
  • 9:33 - 9:36
    Et du déo Viking, en plusieurs fragrances :
  • 9:36 - 9:40
    Ongles des pieds, Légumes pourris,
    Cendre de bûcher.
  • 9:40 - 9:42
    Parce qu'on pense que le déo Axe
  • 9:42 - 9:44
    ne devrait se trouver
    que sur les champs de bataille,
  • 9:44 - 9:45
    pas sous les bras.
  • 9:45 - 9:47
    (Rires)
  • 9:47 - 9:50
    Ceci, ce sont des puces
    émotives pour robots.
  • 9:50 - 9:52
    Ainsi, les robots peuvent ressentir
    amour ou peur.
  • 9:52 - 9:54
    Notre best seller est « Schadenfreude ».
  • 9:54 - 9:56
    C’était tout à fait inespéré.
  • 9:56 - 9:57
    (Rires)
  • 9:57 - 9:59
    On ne pensait pas cela possible.
  • 9:59 - 10:01
    Mais il y a une ONG
    dans l'arrière-boutique.
  • 10:01 - 10:03
    Les enfants passent une porte de service,
  • 10:03 - 10:05
    et atteignent cet espace,
  • 10:05 - 10:06
    où ils font leurs devoirs,
  • 10:06 - 10:08
    écrivent des histoires, font des films.
  • 10:08 - 10:10
    Voilà la soirée de lancement du livre
  • 10:10 - 10:11
    que les enfants ont écrit.
  • 10:11 - 10:13
    Nous publions un trimestriel
  • 10:13 - 10:14
    avec les œuvres des enfants
  • 10:14 - 10:16
    qui viennent chez nous
    chaque jour après l'école.
  • 10:16 - 10:18
    On a des soirées de lancement.
  • 10:18 - 10:19
    Les enfants mangent des gâteaux,
  • 10:19 - 10:21
    boivent du lait
    dans des coupes à champagne,
  • 10:21 - 10:24
    et lisent leurs histoires à leurs parents.
  • 10:24 - 10:25
    C'est un endroit très spécial,
  • 10:25 - 10:29
    parce que la boutique devant est étrange.
  • 10:29 - 10:30
    La blague n'est pas une blague.
  • 10:30 - 10:34
    On ne voit pas les coutures de la fiction.
  • 10:34 - 10:37
    J'adore le fait
    qu'une petite partie de la fiction
  • 10:37 - 10:39
    ait colonisé le monde réel.
  • 10:39 - 10:42
    C'est un livre en 3 dimensions.
  • 10:44 - 10:46
    Connaissez-vous le mot « métafiction » ?
  • 10:46 - 10:50
    Cela signifie
    des histoires sur les histoires.
  • 10:50 - 10:52
    C'est l'heure de gloire de « Méta »,
  • 10:52 - 10:54
    la précédente
    était dans les années 60,
  • 10:54 - 10:57
    grâce aux auteurs
    John Barth et William Gaddis.
  • 10:57 - 10:59
    Mais elle est toujours omniprésente,
  • 10:59 - 11:02
    presque aussi vieille
    que l'art de raconter des histoires.
  • 11:02 - 11:04
    Une technique de métafiction
  • 11:04 - 11:06
    consiste à abolir le 4eme mur.
  • 11:06 - 11:09
    C'est quand l'acteur
    se tourne vers l'audience,
  • 11:09 - 11:10
    et lui dit : « Je suis un acteur,
  • 11:10 - 11:13
    et ceci, ce sont des élucubrations. »
  • 11:13 - 11:15
    Et même ces moments soi-disant honnêtes,
  • 11:15 - 11:17
    existent pour servir le mensonge.
  • 11:17 - 11:19
    Même s'ils sont supposés
  • 11:19 - 11:22
    poser les fondations
    de l'artificialité de la fiction.
  • 11:22 - 11:23
    Moi, je préfère l'inverse :
  • 11:23 - 11:26
    si je veux casser le 4eme mur,
  • 11:26 - 11:28
    je veux que la fiction s'évade,
  • 11:28 - 11:30
    et entre dans le monde réel.
  • 11:30 - 11:33
    Je veux que les livres
    soient la porte secrète
  • 11:33 - 11:35
    qui laisse entrer
  • 11:35 - 11:38
    les histoires dans la réalité.
  • 11:38 - 11:41
    C'est ce que j'essaye de faire
    avec mes bouquins.
  • 11:41 - 11:43
    Un petit exemple :
  • 11:43 - 11:45
    mon tout premier livre s'appelle
  • 11:45 - 11:47
    « Billy Twitters et sa baleine bleue ».
  • 11:47 - 11:49
    C'est l'histoire d'un gamin
    qui reçoit une baleine
  • 11:49 - 11:51
    comme animal de compagnie.
  • 11:51 - 11:54
    Mais c'est une punition
    qui détruit sa vie.
  • 11:54 - 11:57
    Elle est livrée en un jour par « FedUp ».
    [jeu de mots avec FedEx : FedUp = Excédé]
  • 11:57 - 11:59
    (Rires)
  • 11:59 - 12:01
    Il doit l'emmener à l'école.
  • 12:01 - 12:02
    Mais il vit à San Francisco,
  • 12:02 - 12:04
    et ce n'est pas une ville facile
  • 12:04 - 12:05
    pour les propriétaires de baleine :
  • 12:05 - 12:07
    beaucoup de collines,
  • 12:07 - 12:09
    des prix immobiliers fort chers.
  • 12:09 - 12:11
    C'est inouï.
  • 12:11 - 12:14
    Sous la couverture du livre,
  • 12:14 - 12:18
    que vous voyez ici,
    [« Hé les enfants ! Animal marin préféré»]
  • 12:18 - 12:20
    il y a une pub,
  • 12:20 - 12:24
    qui offre une période d'essai de 30 jours
  • 12:24 - 12:27
    d'adoption de baleine bleue.
  • 12:27 - 12:29
    Il suffit de nous renvoyer une enveloppe
    avec votre adresse,
  • 12:29 - 12:32
    et nous vous envoyons une baleine.
  • 12:35 - 12:36
    Les enfants nous écrivent.
  • 12:36 - 12:38
    Voici une de ces lettres :
  • 12:38 - 12:41
    «Cher Gens, je parie 10 balles
  • 12:41 - 12:43
    que vous ne m'enverrez pas de baleine !
  • 12:43 - 12:45
    Eliot Gannon (6 ans) »
  • 12:45 - 12:47
    (Rires) (Applaudissements)
  • 12:52 - 12:54
    Eliot et les enfants qui nous ont écrit
  • 12:54 - 12:56
    reçoivent par retour de courrier
  • 12:56 - 12:58
    une lettre écrite en tout petit,
  • 12:58 - 13:00
    d'un bureau d'avocat norvégien.
  • 13:00 - 13:01
    (Rires)
  • 13:03 - 13:04
    La lettre explique qu'à cause
  • 13:04 - 13:06
    d'un changement des droits de douane
  • 13:06 - 13:08
    leur baleine est retenue à Sognefjord,
  • 13:08 - 13:10
    un très joli endroit, ce fjord,
  • 13:10 - 13:12
    et la lettre fait des digressions
  • 13:12 - 13:14
    et parle de Sognefjord
  • 13:14 - 13:16
    de la gastronomie norvégienne.
  • 13:16 - 13:16
    (Rires)
  • 13:17 - 13:19
    Mais la lettre se termine en disant
  • 13:19 - 13:22
    que la baleine serait ravie
    d'avoir des nouvelles.
  • 13:22 - 13:24
    Il y a un numéro de téléphone,
  • 13:24 - 13:25
    (Rires)
  • 13:25 - 13:28
    sur lequel on peut laisser un message.
  • 13:28 - 13:31
    Quand on appelle pour laisser un message
  • 13:31 - 13:34
    sur le répondeur, qui fait un bruit
    de baleine et puis bip,
  • 13:34 - 13:36
    (Rires)
  • 13:37 - 13:42
    qui ressemble beaucoup
    à un bruit de baleine d'ailleurs.
  • 13:42 - 13:44
    Ils reçoivent aussi
    une photo de leur baleine.
  • 13:44 - 13:46
    Voici Randolph.
  • 13:46 - 13:49
    Randolph appartient à Nico.
  • 13:49 - 13:53
    Nico est un des premiers gamins
    qui nous aie jamais appelés.
  • 13:54 - 13:56
    Voici quelques-uns de ses messages :
  • 13:56 - 13:58
    Le tout premier message
    que Nico m'a laissé :
  • 14:00 - 14:02
    (Audio) Nico: Allo ? C'est Nico.
  • 14:02 - 14:06
    Je suis ton maître, Randolph. Bonjour.
  • 14:06 - 14:10
    C'est la première fois que je te parle,
  • 14:10 - 14:14
    et j'appellerai encore bientôt. Ciao.
  • 14:15 - 14:18
    Mac Barnet : Nico a rappelé,
    une heure plus tard.
  • 14:18 - 14:20
    (Rires)
  • 14:20 - 14:23
    Voici un autre message de Nico :
  • 14:25 - 14:28
    (Audio) Nico : Salut Randolph, c'est Nico.
  • 14:28 - 14:33
    Je ne t'ai plus parlé depuis looongtemps,
  • 14:33 - 14:38
    mais je t'ai parlé samedi ou dimanche.
  • 14:38 - 14:40
    Ouais, samedi ou dimanche.
  • 14:40 - 14:43
    Et je t'appelle aujourd'hui aussi,
  • 14:43 - 14:47
    pour dire bonjour,
    et savoir ce que tu fais.
  • 14:47 - 14:53
    Je t'appellerai sans doute demain,
    ou aujourd'hui.
  • 14:53 - 14:57
    A plus tard alors. Bye.
  • 14:57 - 15:00
    MB: Et c'est ce qu'il a fait.
    Il a appelé le jour même.
  • 15:01 - 15:05
    Nico a laissé 25 messages à Randolph,
  • 15:05 - 15:07
    pendant 4 ans.
  • 15:09 - 15:11
    Il parle de lui,
  • 15:11 - 15:12
    de sa grand-mère qu'il aime,
  • 15:12 - 15:15
    et de celle qu'il aime un petit peu moins,
  • 15:15 - 15:15
    (Rires)
  • 15:17 - 15:19
    des mots croisés qu'il fait.
  • 15:19 - 15:21
    Et puis il y a ce message,
  • 15:21 - 15:23
    que je vais vous laisser écouter.
  • 15:23 - 15:26
    Voici le message de Noël de Nico :
  • 15:26 - 15:28
    (Audio) [bip] Nico: Salut Randolph,
  • 15:28 - 15:32
    je ne t'ai pas appelé ces derniers temps.
    Excuse-moi.
  • 15:32 - 15:37
    J'étais très occupé
    avec l'école qui a commencé
  • 15:37 - 15:40
    comme tu ne sais pas, sans doute,
  • 15:40 - 15:43
    t'es une baleine après tout,
  • 15:44 - 15:47
    et je t'appelais pour te dire,
  • 15:47 - 15:52
    pour te souhaiter un Joyeux Noël.
  • 15:52 - 15:57
    Alors, Joyeux Noël Randolph,
  • 15:58 - 16:03
    et au revoir. Au revoir Randolph.
  • 16:04 - 16:06
    MB: J'ai eu Nico en ligne
  • 16:06 - 16:08
    il y a deux jours, justement,
  • 16:08 - 16:11
    après 18 mois de silence.
  • 16:12 - 16:15
    Sa voix a changé,
  • 16:15 - 16:19
    mais il a demandé à sa baby-sitter
    de parler aussi,
  • 16:19 - 16:22
    et elle a été très gentille avec Randolph.
  • 16:22 - 16:25
    Nico est mon lecteur idéal.
  • 16:27 - 16:30
    En écrivant, je forme le vœu
  • 16:30 - 16:33
    que mon lecteur rejoigne
    ce lieu émotionnel
  • 16:33 - 16:35
    où se trouvent mes créations.
  • 16:35 - 16:37
    Je me sens privilégié.
  • 16:37 - 16:39
    Les enfants comme Nico
    sont les meilleurs lecteurs,
  • 16:39 - 16:43
    et ils méritent les meilleures histoires
    que je puisse leur offrir.
  • 16:43 - 16:44
    Merci beaucoup.
  • 16:44 - 16:46
    (Applaudissements)
Title:
Pourquoi une bonne histoire est comme une porte secrète
Speaker:
Mac Barnett
Description:

L'enfance est un moment surnaturel. Pourquoi les histoires pour enfants ne le seraient-elles pas ? A travers sa présentation enthousiaste, l'auteur Mac Barnett, lauréat de prix littéraires, nous parle d'une écriture qui s'évade des pages, de l'art en tant que portail vers l'émerveillement - et d'un véritable enfant qui parle à une baleine imaginaire.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:59

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