Lettre au Pape François ! Farian Sabahi | TEDxMilano
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0:20 - 0:24Saint Père, j’ai commencé
à t’écrire il y a deux ans, -
0:24 - 0:27par un matin de printemps bien avancé,
dans un village des Langhe -
0:27 - 0:30avec des rues pavées qui montent
en spirale jusqu’à la place. -
0:30 - 0:33En plus, un château
et une église ancienne, -
0:33 - 0:35comme il y en a beaucoup dans le Piémont.
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0:35 - 0:38De la place, la vallée s’ouvre
jusqu’à perdre haleine. -
0:38 - 0:42Au fond, les collines couvertes d'arbres,
des châtaigniers et des noisetiers. -
0:42 - 0:46Plus bas, les vignes
et les champs de maïs. -
0:46 - 0:48Les Langhe dans toute leur beauté !
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0:48 - 0:51Là, la splendeur du paysage
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0:51 - 0:55cohabite avec l’horreur
qui règne dans certaines familles. -
0:55 - 0:57Comme la mienne, bourgeoise.
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0:57 - 0:59Dans l’indifférence des autres.
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1:01 - 1:05Saint Père, je m’appelle Ginevra,
j’ai 40 ans, je viens de Turin. -
1:05 - 1:07J’y ai grandi, j’y ai fréquenté le lycée.
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1:07 - 1:10Ensuite, j’ai connu l’homme
qui deviendrait mon mari. -
1:10 - 1:14C’était l’automne,
il venait des Langhe, de Coni. -
1:14 - 1:16Un jeune fluet, aux belles manières.
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1:16 - 1:19Il venait de s’inscrire
en médecine, à Turin. -
1:19 - 1:21Avenue Massimo D’Azeglio.
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1:21 - 1:24Ce jour-là, la brume du Pô
montait jusque dans le parc. -
1:24 - 1:28L’air nous enivrait, nous nous regardions
et nous étions heureux. -
1:28 - 1:31Un rêve qui est resté dans le sang.
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1:32 - 1:34Il a eu son diplôme et s'est spécialisé.
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1:34 - 1:36Un mariage somptueux.
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1:37 - 1:39Je suis allée vivre dans son village.
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1:40 - 1:43Un premier enfant, Matteo («don de Dieu»).
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1:43 - 1:45Ensuite, Pietro et Luca, les jumeaux.
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1:45 - 1:48Pietro est la pierre sur laquelle
Jésus bâtit son église. -
1:48 - 1:51Luca en est la lumière,
celui que la Sainte Vierge préfère. -
1:52 - 1:54Saint Luc est le patron des médecins.
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1:54 - 2:00Francesca me ressemble : les yeux verts,
les boucles blondes et le regard fuyant. -
2:00 - 2:02Ils sont beaux, mes enfants !
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2:02 - 2:04Ils ont ce teint clair
des gens de campagne. -
2:04 - 2:07Aux pieds des Langhe, à la confluence
de deux cours d’eau, -
2:07 - 2:10300 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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2:10 - 2:14Autrefois, une étape
pour les voyageurs et les pèlerins -
2:14 - 2:18sur la voie antique du sel
qui reliait Albenga à Albe. -
2:18 - 2:21On vit dans une grande
maison de campagne. -
2:21 - 2:24Mes enfants jouent pieds nus
dans l’herbe, et sautent de joie. -
2:24 - 2:26La nuit, les grillons chantent.
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2:26 - 2:28Andrea est l’héritier d’une famille riche,
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2:28 - 2:32propriétaire d’un immeuble en ville
et d’une belle villa à la mer, à Sanremo. -
2:32 - 2:36Sa famille est bien connue
dans notre bourgade : -
2:36 - 2:38ils font beaucoup de dons à l’Église
-
2:38 - 2:40et le dimanche Andrea
va toujours à la messe, -
2:40 - 2:44au premier rang, sur le banc en bois
où est écrit le nom de la famille. -
2:44 - 2:48Jeune, il a pris le temps de voyager.
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2:48 - 2:50Mais au lieu d’épouser une fille du pays,
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2:50 - 2:53une jeune fille habituée
à la vie à la campagne, -
2:53 - 2:55c’est moi qu’il a choisie.
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2:55 - 2:58Turinoise, étrangère
dans ce village, près de Coni. -
2:58 - 3:02Mince et blonde, comme d'autres filles
qu’il avait rencontrées dans le monde. -
3:04 - 3:08Malheureusement, notre belle
histoire d'amour s’arrête là : -
3:08 - 3:10Andrea n’a pas les vertues
morales du roi Arthur. -
3:10 - 3:13Dès qu'il est retourné
au village, il a changé. -
3:14 - 3:18Peut-être est-ce la culture paysanne,
machiste ; ou aussi ses amis au bar. -
3:18 - 3:22Pour eux, les femmes ne comptent pas,
elles ne servent qu'à les servir. -
3:23 - 3:24En tout cas, Andrea est devenu violent.
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3:24 - 3:28Il me frappe depuis douze ans
et maintenant il frappe les enfants aussi. -
3:29 - 3:32Et pas un seul noble chevalier
aux alentours pour nous sauver. -
3:32 - 3:37Notre ménage n’a rien à partager
avec certaines banlieues. -
3:37 - 3:41Tout au contraire, Andrea est
médecin-chef et gagne bien sa vie. -
3:41 - 3:44Il n’est pas généreux avec moi :
peu d’argent à la fois. -
3:44 - 3:47Le soir, il exige les tickets des courses.
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3:47 - 3:49Il va chez le boucher
à la fin de chaque mois. -
3:49 - 3:52Mais, en fin de compte,
l’argent ne manque pas. -
3:54 - 3:56L’autre nuit Andrea
m’a frappée à coups de pieds, -
3:56 - 3:59je hurlais : j'étais trop fatiguée,
et je n’ai pas supporté la douleur. -
3:59 - 4:01Ma fille s’est réveillée en sursaut.
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4:01 - 4:03Elle s'est glissée les escaliers
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4:03 - 4:05et m'a vu par terre
pendant qu'il me battait. -
4:05 - 4:07Le lendemain, à l’école,
elle a éclaté en sanglots. -
4:07 - 4:10La maîtresse l'a prise dans ses bras
et lui a demandé de s'ouvrir. -
4:10 - 4:13Elle connaît Andrea depuis toujours,
et elle était étonnée. -
4:13 - 4:16Elle n’aurait jamais imaginé
qu’il pouvait être violent. -
4:16 - 4:19Mais les enfants
ne racontent pas de mensonges. -
4:19 - 4:22La maîtresse m’a convoquée et m’a dit
qu’elle se chargerait de lui en parler. -
4:22 - 4:24Je l’ai suppliée de ne pas le faire.
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4:24 - 4:26Il est capable de nous tuer,
moi et ma fille. -
4:28 - 4:31À présent, je n’ai pas
le cœur à me révolter. -
4:31 - 4:33je n’ai pas le cœur
à quitter cette belle maison -
4:33 - 4:37pour aller vivre, avec mes quatre enfants,
dans un petit appartement. -
4:37 - 4:40Et puis mon mari est catholique,
il est contre la séparation. -
4:40 - 4:43Mes parents aussi
sont catholiques, pratiquants. -
4:43 - 4:46Ils habitent en ville
et je ne les vois pas souvent. -
4:46 - 4:48Ma mère entend qu’il y a des problemes,
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4:48 - 4:50mais je ne veux pas lui faire de la peine.
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4:50 - 4:54Je sais déjà qu’une fille divorcée,
elle n’aimerait pas ça. -
4:55 - 4:58En fait, je ne veux pas quitter Andrea
et aller à la gendarmerie, -
4:58 - 5:02comme me conseille une camarade du lycée,
la seule que je vois de temps en temps. -
5:02 - 5:04Ce serait comme le trahir.
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5:05 - 5:08Peut-être que je me trompe :
tout me semble très bizarre. -
5:08 - 5:11Quand je l’ai connu, Andrea était gentil.
Il l’est encore, aujourd’hui. -
5:11 - 5:16Il me roue de coups, puis il m’embrasse
et dit qu’il m’aime. Cela arrive souvent. -
5:16 - 5:18Si je saigne, c’est lui
qui me soigne, bien sur. -
5:18 - 5:21Il ne veut pas aller aux urgences :
là, tout le monde le connaît. -
5:23 - 5:26Bien souvent, la famille,
loin d’être le reflet de l’amour, -
5:26 - 5:28devient un lieu de cruauté ordinaire.
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5:29 - 5:33L’autre jour, je suis rentrée chez moi
et j'ai dû affronter la mère d’Andrea. -
5:33 - 5:36Quand elle était jeune,
elle giflait son mari et ses enfants. -
5:36 - 5:39Chez elle, elle ne parle pas l’italien,
elle utilise le dialecte. -
5:39 - 5:42Et il y a quelques soirs,
dans ce dialecte rude, -
5:42 - 5:44elle a incité Andrea à me frapper.
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5:44 - 5:47Plus tard, ce fut elle
qui me mit à la porte. -
5:47 - 5:49Mes enfants regardaient, abasourdis.
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5:50 - 5:53Peut-être parce qu’ici bœufs et hommes
sont une seule et même race : -
5:53 - 5:56moi je viens d’une famille bien rangée,
bourgeoise de Turin. -
5:57 - 6:00Elle aurait préféré une fille du pays.
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6:00 - 6:02De celles qui restent à la maison
et ne disent rien. -
6:05 - 6:06Dimanche, je suis allée me confesser.
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6:06 - 6:09Don Paolo me dit d'être patiente,
supporter la situation. -
6:09 - 6:12Dieu, a dit Jésus, accorde sa préférence
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6:12 - 6:14aux personnes marquées
par les pires douleurs. -
6:14 - 6:16Je ne dois pas me plaindre.
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6:16 - 6:18La famille est sacrée,
elle ne peut pas être démembrée. -
6:19 - 6:21Certes, il est difficile de rester unis
-
6:21 - 6:24si on ne se respecte pas
les uns les autres. -
6:24 - 6:26Mais cela n’est simplement
une manque de respect. -
6:26 - 6:29Il y a la violence, qui annule l’amour.
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6:29 - 6:32Après m’avoir frappée,
Andrea va se confesser, -
6:32 - 6:35il se repent et le prêtre
lui accorde le pardon. -
6:35 - 6:37Puis, il recommence, se remet à me battre
-
6:37 - 6:40et Don Paolo, à nouveau,
lui accorde le pardon. -
6:40 - 6:42C’est un curé de campagne,
-
6:42 - 6:45ma belle-mère lui apporte
des poulets et des lapins. -
6:45 - 6:46C'est la tradition.
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6:47 - 6:49Andrea signifie homme.
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6:50 - 6:52Très Saint Père, lors de votre
première messe comme Pape, -
6:52 - 6:54vous avez dit que tout homme
-
6:54 - 6:56doit être son propre gardien
et celui de ses proches. -
6:57 - 6:59Andrea vous regardait à la télé.
-
6:59 - 7:00Puis, le moindre prétexte a suffi
-
7:00 - 7:03pour qu’il me batte à nouveau,
devant les enfants. -
7:03 - 7:06C’est une chose normale
pour moi aussi, maintenant. -
7:06 - 7:10Je demeure silencieuse,
fixant mon homme, bouleversée. -
7:10 - 7:13Je lui ai donné quatre enfants, mais ici
les femmes n'ont changé pas de rôle : -
7:13 - 7:16elles font des enfants
et ne comptent pour rien. -
7:16 - 7:17Je suis couverte de bleus
-
7:17 - 7:20et je masque la blessure à la mâchoire
avec un peu de fard. -
7:20 - 7:22Je dois faire quelque chose
pour mes enfants. -
7:22 - 7:25L’aîné s’est mis, lui aussi,
à frapper les autres. -
7:25 - 7:29Saint Père, je vous ai écouté à la radio
parler des premiers femmes croyantes -
7:29 - 7:31Je voudrais vous demander de m’aider.
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7:31 - 7:34Une seule parole de votre part
pourrait terminer cette violence. -
7:34 - 7:38Une violence déguisée en amour,
ai-je entendu dire. -
7:38 - 7:39Mais peut-être ce serait inutile :
-
7:39 - 7:43que peut-on dire de différent
de ce qui a déjà été dit ? -
7:43 - 7:46À moins que vous, Saint Père,
ne décidiez de parler aux prêtres, -
7:46 - 7:50ceux comme Don Paolo, pour
qu’ils n’accordent pas aussi légèrement -
7:50 - 7:52le pardon aux hommes comme mon mari.
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7:53 - 7:57Que l’Église absolvent là où elle comprend
que le repentir est profond et sincère. -
7:58 - 8:03En effet, un repentir seulement formel
sert à revenir aux sacrements, -
8:03 - 8:05mais aussi à la violence habituelle.
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8:05 - 8:09Il faut montrer que l’on se repent,
que l’on cherche à se corriger. -
8:09 - 8:11Face à la simulation du repentir,
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8:11 - 8:15le prêtre ne peut – et ne doit pas –
donner l’absolution. -
8:19 - 8:21Deux ans après, 18 Avril 2015
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8:22 - 8:24Saint Père, je t’ai déjà écrit
il y a deux ans : -
8:24 - 8:26tu venais de monter
sur le trône pontifical, -
8:26 - 8:28ce n’était pas le bon moment.
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8:28 - 8:30Tu le sais déjà, je suis Ginevra,
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8:30 - 8:33piémontaise comme ton grand-père Giovanni
et son père Francesco. -
8:33 - 8:35Je vis à Turin : belle, historique.
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8:35 - 8:38Quand le soir devient étoile,
un grand chœur de personnes ! -
8:38 - 8:40Turin signifie Naples
qui va à la montagne. -
8:40 - 8:44Turin, rues rectilignes,
c’est l’autre visage de Rome même. -
8:44 - 8:48Turin, ville atteinte de mélancolie :
c’est comme cela que Venditti la chante. -
8:49 - 8:51On habite au Corso Francia,
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8:51 - 8:54toute une ligne droite
qui part de piazza Statuto, Porte Susa, -
8:54 - 8:56et conduit en France, à Chambéry.
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8:56 - 9:01C’est Victor-Amédée II de Savoie qui,
en 1711, en avait voulu la construction. -
9:01 - 9:05Elle reliait le Palais Royal
à la résidence de Rivoli. -
9:05 - 9:08Pendant la Seconde Guerre Mondiale,
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9:08 - 9:10quand l’Italie entre
en guerre contre la France, -
9:10 - 9:14les autorités de la ville changent le nom
en cours Gabriele d’Annunzio. -
9:14 - 9:17Après la guerre, ce cours
est redevenu Corso Francia. -
9:17 - 9:21Aujourd’hui, sous ce cours passe
une ligne de métro : neuf stations ! -
9:21 - 9:23À l’entrée du cours Francia,
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9:23 - 9:27il y a beauscoup de belles villas
style Liberty, début vingtième. -
9:28 - 9:31Nous, nous habitons un peu plus loin,
vers Rivoli. La banlieue de Turin. -
9:32 - 9:34Dans mon immeuble vivent
des employés de bureaux, -
9:34 - 9:37qui courent au travail très tôt le matin.
-
9:37 - 9:40L’appartement où je vis,
ce n’est pas chez moi. -
9:40 - 9:43C’est le lieu où j’ai grandi,
l’appartement de mes parents. -
9:43 - 9:47Ils sont vieux, ils m’ont laissé
leur appartement meublé -
9:47 - 9:49et ont déménagé à la campagne.
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9:51 - 9:54Laisse-moi te raconter
comment j’ai trouvé le courage -
9:54 - 9:56d’aller à la gendarmerie
et dénoncer Andrea. -
9:56 - 9:58Tout d'abord, j'ai résisté :
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9:58 - 9:59Francesca était en CM1
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9:59 - 10:02quand il m’a frappée
avec les pieds sur le tapis. -
10:02 - 10:04Le lendemain, elle a tout raconté
à sa maîtresse. -
10:04 - 10:08Inquiète, celle-ci voulait aller
voir Andrea et lui parler. -
10:08 - 10:12Ce n’était pas bien que ma fille
aille raconter ce genre de choses partout. -
10:12 - 10:13Je l’ai suppliée de ne rien dire :
-
10:13 - 10:16Il nous aurait frappées à mort,
elle et moi. -
10:16 - 10:19J’avais pris ma décision,
-
10:19 - 10:21pour Francesca, aujourd’hui en sixième.
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10:23 - 10:26J'ai parlé avec la maîtresse,
avec la gendarmerie -
10:26 - 10:28et enfin aux urgences,
où ils ont vu les bleus. -
10:28 - 10:32Cela n’était pas la pire fois :
j’avais déjà été frappée bien pis ! -
10:32 - 10:34Mais cela a suffi pour la plainte.
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10:34 - 10:37Quelques semaines après,
j'ai contacté des avocats, à Turin. -
10:37 - 10:39J’ai fait appel à un avocat
pour le procès pénal, -
10:39 - 10:42et à un autre pour l’aspect civil.
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10:42 - 10:46Pas d'aide juridictionnelle.
Je voulais une personne de confiance. -
10:46 - 10:49J’ai dépensé tout ce que j’avais
dans les honoraires d’avocat. -
10:49 - 10:50Un sacrifice énorme.
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10:51 - 10:55Aujourd’hui, Andrea me donne
500 euros par mois par enfant. -
10:55 - 10:58Il aurait dû me donner davantage,
riche comme il est. -
10:58 - 11:00Mais les propriétés
sont au nom de sa mère. -
11:01 - 11:05Ça lui est égal si ses enfants
n’ont plus les mêmes opportunités, -
11:05 - 11:09et je fais des sacrifices pour payer
les cours d’anglais et de violon. -
11:09 - 11:12Les enfants ont changé de niveau de vie.
-
11:12 - 11:15Ils renoncent à beaucoup de choses,
ils fréquentent l’école publique. -
11:15 - 11:18Pourtant, ils ne se plaignent pas,
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11:18 - 11:21ils n’ont jamais demandé
de retourner chez leur père. -
11:22 - 11:25Ils ne regrettent pas
la vieille maison de campagne -
11:25 - 11:28avec les plafonds voûtés
décorés de fresques, -
11:28 - 11:31la terrasse, les belles arcades.
-
11:32 - 11:36Je travaille à mi-temps,
secrétaire dans un musée à 900 € par mois. -
11:36 - 11:37J’ai beaucoup de frais,
-
11:37 - 11:40même si mes parents ne demandent
que 500 € de loyer, une somme symbolique. -
11:40 - 11:43Ils sont profs en retraite,
avec des problèmes de santé. -
11:43 - 11:47Ils s’en sortent mais je ne peux pas
leur en demander davantage : -
11:47 - 11:51ils font déjà beaucoup, et en tout cas
ils n’ont pas beaucoup d'argent. -
11:51 - 11:54Ils sont très réligieux,
et après bien des réserves, -
11:54 - 11:55ils ont fini par accepter
-
11:55 - 11:58que j’aie quitté mon mari
et demandé la séparation. -
11:58 - 12:03Et il y a deux ans, ils me disaient
d’être patiente, de tendre l’autre joue. -
12:03 - 12:08Mes frères, par contre,
n’ont pas vraiment accepté ma choix. -
12:08 - 12:11Ils vivent hors de Turin,
et je les vois rarement. -
12:11 - 12:14Saint Père, je vais bientôt conclure,
-
12:14 - 12:18mais laisse-moi te raconter
les réactions d’Andrea et de sa famille. -
12:18 - 12:21Quand je l’ai quitté, il l’a mal pris.
-
12:21 - 12:24Aujourd’hui, il joue
le grand seigneur blessé -
12:24 - 12:27et dans sa narration,
c’est moi qui passe pour folle. -
12:27 - 12:29Jusqu'au vendredi,
il est aux services des urgences. -
12:29 - 12:32Le samedi, bénévole à la Croix Verte
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12:32 - 12:34et, quelques fois,
auprès de personnes âgées. -
12:34 - 12:36Le dimanche, toujours à l’église.
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12:36 - 12:40Moi, je suis celle qui a tout inventé.
-
12:40 - 12:41Il a porté plainte contre moi.
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12:41 - 12:44Au tribunal, cinq dossiers
attendent d’être traités. -
12:45 - 12:49Ma belle-mère a eu la pire réaction :
une bête blessée dans son orgueil. -
12:49 - 12:51Elle pensait que l’omerta
aurait tout protégé. -
12:51 - 12:55Pour elle, je suis une sorcière
à enfermer dans une maison de fous. -
12:55 - 12:57Elle ne comprend pas
comment j’ai pu relever la tête, -
12:57 - 13:00renoncer à ma vie
de bourgeoise de campagne -
13:00 - 13:04pour vivre dans un appartement
de banlieue, non restauré. -
13:04 - 13:07Je n’ai donné qu'une couche de blanc,
elle a gardé toute le reste. -
13:07 - 13:11Quelques robes et pas de bijoux,
Andrea ne m’en a jamais offert. -
13:12 - 13:13Le collier de perles ?
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13:13 - 13:17Un cadeau de maman pour mes 18 ans,
c’est la tradition en Piémont. -
13:18 - 13:21Je ne suis pas retournée
au village : c’est son territoire. -
13:21 - 13:25Entrer là, et prendre
mes affaires, ça m'est interdit. -
13:25 - 13:28Je suis partie sans préavis
en juin, il y a deux ans. -
13:28 - 13:30L’année scolaire allait se terminer.
-
13:30 - 13:33J'ai pu seulement retirer
les bulletins à l'école. -
13:33 - 13:35Un soir qu'il était de garde, à l’hôpital,
-
13:35 - 13:38j’ai pris les enfants
et on est allés à Turin, -
13:38 - 13:4080 kilomètres dans la vieille voiture
-
13:40 - 13:45qu'Andrea se ferait restituer
quelques mois après, grâce aux avocats. -
13:45 - 13:49Au village, nous n’avons laissé
aucun ami, ni moi ni mes enfants. -
13:49 - 13:53Ils étaient isolés, leur père
ne voulait personne chez lui. -
13:53 - 13:58Ça a été dur, mais j’y suis arrivée.
Nous y sommes arrivés. -
13:59 - 14:00Saint Père, je ne te demande rien.
-
14:00 - 14:03je voulais simplement
raconter les événements. -
14:04 - 14:07Je vais encore à l'église,
chaque dimanche, avec mes enfants. -
14:07 - 14:11Ils étaient habitués
à cette belle église ancienne. -
14:11 - 14:14Après la messe, les cloches
sonnaient joyeusement à l’unisson, -
14:14 - 14:17nous sortions sur la place,
et le regard s’ouvrait sur les Langhe. -
14:17 - 14:21Aujourd’hui, nous allons dans la paroisse
du quartier, au Cours Francia. -
14:22 - 14:25Ce n’est pas la même chose,
mais c’est bien comme ça. -
14:26 - 14:28J’ai parlé de toute cette histoire
-
14:28 - 14:32avec un prêtre rencontré par hasard,
un jour dans le train, -
14:32 - 14:34qui m'a marqué.
-
14:34 - 14:35Il s’appelait Père Carlo Caroglio
-
14:35 - 14:38et il disait qu’il faut
se rebeller contre les violences. -
14:38 - 14:40C’était un prêtre de ville, moderne.
-
14:40 - 14:44Il était originaire d’Alexandrie,
et il avait vécu longtemps à Novare. -
14:44 - 14:48Avant de devenir prêtre,
il avait étudié la chimie, comme toi. -
14:50 - 14:52Don Carlo n'était pas
comment le curé du village -
14:52 - 14:55qui encore, aujourd’hui, dit à Andrea :
-
14:55 - 14:58« Tu ne dois pas te sentir coupable
si ta femme t’a quitté. -
14:58 - 15:01Si une femme t’abandonne,
c’est parce qu’elle ne t’aime pas. -
15:01 - 15:04C’est elle qui doit avoir honte,
elle n’est pas digne de toi » . -
15:06 - 15:08Andrea me rouait de coups,
-
15:08 - 15:09puis il allait voir le prêtre,
-
15:09 - 15:11il disait qu’il se repentait
-
15:11 - 15:13et le curé l’absolvait.
-
15:13 - 15:17C’est pour cela qu’Andrea
pense être du côté du bien. -
15:17 - 15:20Je n’ai rien d’autre à ajouter,
je n’en ai plus le temps. -
15:20 - 15:23Je m’en remets à ta bonté
et à ta compréhension. -
15:24 - 15:26Je voudrais seulement te dire une chose :
-
15:27 - 15:31fais en sorte que les prêtres
n’absolvent pas - toujours et partout – -
15:32 - 15:34les hommes violents.
-
15:34 - 15:37Mes sentiments les plus sincères, Ginevra.
-
15:38 - 15:42(Applaudissements)
- Title:
- Lettre au Pape François ! Farian Sabahi | TEDxMilano
- Description:
-
Cette présentation a été faite lors d'un évènement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.
Pour en savoir plus, visitez http://ted.com /tedx
Dans une lettre au Pape, Farian raconte comment son mari violent l'a battue régulièrement, avec l'assentiment de tous, y compris du prêtre du village, avant de trouver le courage de le quitter, quitte à tout perdre, pour protéger ses enfants. Elle demande au pape de faire changer le regard des prêtres sur les violences conjugales. Farian Sabahi est une écrivaine, une journaliste, une professeure universitaire et une experte de Moyen-Orient. Elle enseigne "Histoire des Pays Islamiques" à l'Université de Turin, et a aussi enseigné à l'Université de Genève et à l'Université Bocconi de Milan.
Farian a écrit, parmi d'autres livres, "Histoire de l'Iran", "Islam : l'identité inquiète d'Europe", "Nous, les femmes de Téhéran." - Video Language:
- Italian
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 15:47
Elisabeth Buffard approved French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Elisabeth Buffard accepted French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Elisabeth Buffard edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Michele Gianella edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Michele Gianella edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Michele Gianella edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Michele Gianella edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano | ||
Michele Gianella edited French subtitles for Lettera a Papa Francesco | FARIAN SABAHI | TEDxMilano |