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Peut-on apprendre autrement ? | Anna Stepanoff | TEDxOrléans

  • 0:21 - 0:26
    J'aimerais commencer par vous
    présenter quatre personnes,
  • 0:26 - 0:28
    deux hommes et deux femmes,
  • 0:28 - 0:33
    Florian, un jeune homme de 20 ans
    qui n'a pas eu son bac,
  • 0:33 - 0:37
    mais qui adore bricoler avec son
    ordinateur et qui adore les jeux vidéo.
  • 0:38 - 0:41
    À côté de lui, Emmanuelle,
    une jeune femme de 44 ans,
  • 0:41 - 0:43
    qui a trois enfants,
  • 0:43 - 0:47
    qui a tenu une boulangerie pendant 12 ans.
  • 0:47 - 0:51
    Après, elle a eu
    un accident cérébral grave,
  • 0:51 - 0:54
    et elle ne peut plus aujourd'hui
    exercer son ancien métier.
  • 0:55 - 0:57
    Vous avez à côté Aizkoa,
  • 0:57 - 0:59
    une jeune femme qui vient du Pays Basque.
  • 1:00 - 1:02
    Elle était, il y a encore un an,
  • 1:02 - 1:06
    une institutrice dans une école
    maternelle, et s'occupait des tout-petits.
  • 1:07 - 1:08
    Enfin Balthazar,
  • 1:08 - 1:12
    un jeune homme qui porte
    un short l'hiver comme l'été.
  • 1:12 - 1:14
    Il a fait des études de cinéma,
  • 1:14 - 1:18
    et puis il s'est dit : « En fait,
    je ne voulais pas faire du cinéma. »
  • 1:18 - 1:20
    Il s'est retrouvé au chômage.
  • 1:20 - 1:25
    Ces quatre personnes, si différentes,
    qu'ont-elles en commun ?
  • 1:25 - 1:30
    Elles sont toutes, aujourd'hui,
    devenues des développeurs.
  • 1:31 - 1:33
    Vous savez, un développeur,
  • 1:33 - 1:36
    c'est celui qui crée des sites internet,
    des applications web et mobiles.
  • 1:38 - 1:42
    Ce métier, en fait, aujourd'hui,
    est devenu tout à fait accessible.
  • 1:42 - 1:45
    Il s'est démocratisé considérablement.
  • 1:45 - 1:49
    On est loin de l'image du geek
    boutonneux devant son écran.
  • 1:49 - 1:53
    Non, le métier s'est ouvert.
  • 1:53 - 1:56
    C'est d'ailleurs un véritable
    accélérateur de carrière.
  • 1:57 - 1:59
    Quel autre domaine
    vous permet de changer
  • 1:59 - 2:02
    votre vie professionnelle
    aussi radicalement ?
  • 2:03 - 2:05
    Dans ce domaine,
  • 2:05 - 2:08
    il y a de nouveaux métiers
    qui apparaissent tous les jours.
  • 2:08 - 2:09
    D'autres meurent.
  • 2:10 - 2:15
    Par exemple, le métier
    de webmaster a été remplacé,
  • 2:15 - 2:19
    il n'y a pas longtemps,
    par le métier de community manager.
  • 2:20 - 2:22
    Vous ne le savez peut-être pas,
  • 2:22 - 2:27
    mais, en Europe, en 2020,
  • 2:27 - 2:32
    il va nous falloir 900 000
    professionnels sachant coder.
  • 2:34 - 2:39
    Et 90 % des métiers exigeront
    des compétences numériques.
  • 2:41 - 2:42
    Dans ces conditions,
  • 2:42 - 2:46
    travailler dans le numérique,
    c'est passionnant.
  • 2:46 - 2:49
    Il y a le métier de développeur,
    d'autres métiers en pénurie,
  • 2:49 - 2:54
    comme UX designer,
    community manager, data scientist.
  • 2:56 - 2:58
    Travailler dans le numérique,
    c'est passionnant,
  • 2:58 - 3:01
    mais peut s'apparenter
    parfois à un marathon,
  • 3:01 - 3:04
    parce qu'il faut courir
    de plus en plus vite,
  • 3:04 - 3:06
    rester à jour.
  • 3:07 - 3:09
    Il y a aujourd'hui
    des développeurs au chômage,
  • 3:09 - 3:13
    comme il y a aussi
    une pénurie de développeurs.
  • 3:13 - 3:14
    Et les développeurs au chômage,
  • 3:14 - 3:19
    ce sont ceux qui n'ont pas couru
    assez vite, qui ont décroché.
  • 3:19 - 3:24
    Alors, dans cet univers
    où tout va de plus en plus vite,
  • 3:24 - 3:27
    suite aux nouvelles
    technologies qui évoluent,
  • 3:27 - 3:31
    est-ce que cela fait encore du sens
  • 3:31 - 3:34
    de faire des études longues ?
  • 3:35 - 3:38
    Sert-il encore à quelque chose
  • 3:38 - 3:42
    de faire un master, un bac+5 ?
  • 3:47 - 3:48
    Pensez-y.
  • 3:48 - 3:51
    Ce que vous allez apprendre
    en première année
  • 3:51 - 3:54
    va devenir obsolète en cinquième.
  • 3:55 - 3:58
    Et ce que vous allez faire trois ans
    après la fin de vos études,
  • 3:58 - 4:04
    n'aura probablement plus rien
    à voir avec ce que vous avez étudié.
  • 4:05 - 4:09
    Non, cela n'a plus de sens
  • 4:09 - 4:14
    de rester, pendant des années,
    éloigné de la vraie vie professionnelle.
  • 4:16 - 4:18
    Alors,
  • 4:19 - 4:22
    pourquoi entend-on, aujourd'hui,
  • 4:23 - 4:26
    certains dire que
    les études se prolongent,
  • 4:26 - 4:30
    qu'il y a des étudiants qui veulent faire
    des études plus en plus longues,
  • 4:30 - 4:32
    qu'on se contente de moins en moins
    d'un bac+2, bac+3 ?
  • 4:33 - 4:34
    On veut faire un master,
  • 4:34 - 4:37
    et puis il y en a qui veulent
    faire un doctorat.
  • 4:37 - 4:40
    Il y a une véritable inflation
    des diplômes.
  • 4:40 - 4:42
    Vous allez me dire
    que ce sont des métiers
  • 4:42 - 4:45
    qui demandent
    de plus en plus de compétences.
  • 4:45 - 4:49
    Eh bien non, ce sont les formations,
  • 4:49 - 4:50
    désolée,
  • 4:50 - 4:53
    qui sont de moins en moins adaptées.
  • 4:53 - 4:58
    Et après une formation
    de trois ans, inadaptée,
  • 4:58 - 5:00
    l'étudiant ne se sent pas prêt
  • 5:00 - 5:02
    pour affronter
    le vrai monde professionnel.
  • 5:03 - 5:06
    Donc il va faire encore
    des années d'études.
  • 5:07 - 5:09
    Et après un master, un bac+5,
  • 5:09 - 5:11
    il ne se sent toujours pas prêt,
  • 5:11 - 5:14
    pas plus qu'après un bac+3.
  • 5:14 - 5:17
    Et demandez à un thésard
    s'il se sent prêt.
  • 5:17 - 5:20
    Non, on n'est jamais prêt.
  • 5:21 - 5:23
    Figurez-vous qu'un ami à moi
  • 5:23 - 5:28
    a dû supprimer de son CV
    la mention de son doctorat
  • 5:28 - 5:30
    pour enfin être embauché.
  • 5:31 - 5:35
    En fait, notre système scolaire nous
    pousse vers de plus en plus d'études,
  • 5:35 - 5:39
    vers la carrière universitaire
    dans un sens.
  • 5:39 - 5:43
    Or à l'université,
    il n'y a pas de débouchés.
  • 5:45 - 5:48
    Alors, comment apprendre autrement ?
  • 5:49 - 5:52
    Comment changer le système ?
  • 5:52 - 5:55
    Comment le rendre
    plus efficace, plus agile ?
  • 5:56 - 5:59
    plus proche des besoins des métiers ?
  • 5:59 - 6:04
    Comment, enfin, éviter ce coût
    extraordinaire pour la société
  • 6:05 - 6:07
    des années d'études
  • 6:07 - 6:11
    pour apprendre des métiers
    sans débouchés ?
  • 6:12 - 6:16
    J'ai envie de partager
    avec vous trois idées.
  • 6:16 - 6:18
    Première idée :
  • 6:18 - 6:21
    il faut arrêter de penser
    « études longues » .
  • 6:22 - 6:24
    Il faut penser court, modulaire.
  • 6:24 - 6:27
    Je fais une formation de cinq mois
    et puis je vais travailler.
  • 6:27 - 6:30
    Et puis plus tard, je vais faire
    une autre formation de cinq mois,
  • 6:30 - 6:32
    et puis je vais travailler.
  • 6:32 - 6:34
    Deuxième idée :
  • 6:36 - 6:38
    il faut arrêter de
    cloisonner l'enseignement.
  • 6:39 - 6:41
    Il faut arrêter de distinguer
  • 6:41 - 6:44
    « formation initiale »
    et « formation continue ».
  • 6:45 - 6:47
    Pensons ensemble.
  • 6:47 - 6:50
    Pierre, un jeune homme,
    vient d'avoir son bac.
  • 6:50 - 6:52
    Il va s'inscrire à l'université.
  • 6:52 - 6:56
    Il va peut-être aller
    dans une école d'ingénieurs.
  • 6:56 - 6:58
    Il va faire ensuite cinq ans d'études
  • 6:58 - 7:01
    pour ensuite travailler
    comme développeur logiciel.
  • 7:02 - 7:06
    Et puis prenons Marc,
    un jeune homme de 30 ans,
  • 7:07 - 7:09
    technicien du secteur automobile,
  • 7:09 - 7:12
    qui va faire une formation d'un an,
  • 7:12 - 7:16
    et ensuite, il va travailler
    comme développeur logiciel.
  • 7:17 - 7:19
    Est-ce justifié
  • 7:19 - 7:22
    que l'un va faire des études de cinq ans
  • 7:22 - 7:27
    pour apprendre le métier que l'autre
    va apprendre en une année ?
  • 7:28 - 7:31
    Ma troisième idée, le numérique.
  • 7:32 - 7:36
    Il nous permet d'automatiser
    une partie de l'enseignement.
  • 7:37 - 7:39
    Imaginons...
  • 7:39 - 7:43
    Vous êtes en train d'écouter un cours
    sur comment parler en public,
  • 7:43 - 7:46
    votre enseignant va vous
    parler de bonnes pratiques,
  • 7:46 - 7:49
    va vous partager ses techniques.
  • 7:49 - 7:53
    Et en fait cet enseignant
    va répéter les mêmes techniques
  • 7:53 - 7:56
    plusieurs fois,
    devant plusieurs salles,
  • 7:56 - 7:58
    autant de fois qu'il va donner ce cours.
  • 7:58 - 8:00
    Avec l'outil numérique,
  • 8:01 - 8:05
    l'enseignant va pouvoir enregistrer
    son cours en vidéo,
  • 8:05 - 8:10
    va écrire dans un document
    en ligne la consigne,
  • 8:10 - 8:13
    et ensuite, il va rendre
    disponible ces ressources
  • 8:13 - 8:17
    à tous ses étudiants
    avant même le début du cours.
  • 8:17 - 8:21
    Ainsi les étudiants,
    quand ils arrivent en cours,
  • 8:21 - 8:24
    ils sont préparés,
    ils peuvent poser des questions,
  • 8:24 - 8:26
    et l'enseignant peut aller plus vite.
  • 8:26 - 8:29
    Donc, l'outil informatique
    permet de gagner du temps,
  • 8:29 - 8:31
    et avec ce temps,
  • 8:31 - 8:35
    l'enseignant peut se consacrer davantage
  • 8:35 - 8:41
    à l'accompagnement individuel
    de chacun de ses élèves.
  • 8:43 - 8:47
    À partir de ces idées,
    j'ai créé la Wild Code School,
  • 8:47 - 8:52
    une école où on forme
    des personnes issues d'horizons divers
  • 8:52 - 8:55
    au métier de développeur web en cinq mois.
  • 8:56 - 8:58
    Dans cette école, nous
    ne faisons pas de distinction
  • 8:58 - 9:01
    entre la formation initiale
    et la formation continue.
  • 9:03 - 9:04
    On utilise aussi l'outil numérique
  • 9:04 - 9:07
    pour automatiser une partie
    de l'apprentissage,
  • 9:07 - 9:10
    et pour faire gagner
    du temps au formateur
  • 9:10 - 9:13
    pour qu'il puisse davantage se consacrer
  • 9:13 - 9:17
    à l'accompagnement
    individuel de ses élèves.
  • 9:18 - 9:22
    À ce propos, j'aimerais
    vous raconter une histoire.
  • 9:23 - 9:26
    Il y a dix ans, j'étais jeune
    enseignante à l'université.
  • 9:26 - 9:28
    J'avais 25 ans.
  • 9:28 - 9:32
    j'animais un cours
    avec un professeur expérimenté.
  • 9:33 - 9:36
    J'avais envie d'améliorer
    mon enseignement,
  • 9:36 - 9:38
    d'aller au-delà des exposés classiques.
  • 9:38 - 9:42
    Donc, j'ai imaginé des exercices
    ludiques, des ateliers interactifs,
  • 9:42 - 9:44
    des jeux sérieux.
  • 9:44 - 9:48
    J'ai proposé cette nouvelle
    méthode à mon professeur.
  • 9:48 - 9:51
    Malheureusement, il n'a pas
    du tout apprécié.
  • 9:52 - 9:53
    Il m'a dit :
  • 9:53 - 9:57
    « Anna, cela ne fait pas partie
    de notre tradition universitaire.
  • 9:57 - 9:58
    Cela ne va pas marcher,
  • 9:58 - 10:02
    et de toute façon,
    les étudiants vont faire la grève. »
  • 10:04 - 10:06
    Qu'est-ce que j'avais à faire ?
  • 10:06 - 10:11
    Soit j'essaie, je poursuis avec mes idées,
    et je risque la sanction,
  • 10:11 - 10:14
    je ne pourrais plus compter
    sur le soutien du professeur,
  • 10:15 - 10:18
    ou alors, j'abandonne,
    je fais comme tout le monde,
  • 10:18 - 10:21
    je m'inscris dans
    la « tradition universitaire ».
  • 10:22 - 10:24
    Bon, je me suis déjà trop investie
  • 10:24 - 10:27
    dans la préparation
    de mes exercices interactifs
  • 10:27 - 10:28
    pour laisser tomber comme ça.
  • 10:28 - 10:31
    Donc, j'ai décidé de poursuivre.
  • 10:32 - 10:36
    Donc, je fais ma méthode, mes exercices,
  • 10:36 - 10:39
    le professeur n'a même pas
    remarqué, d'ailleurs.
  • 10:39 - 10:43
    Et finalement les étudiants ont apprécié.
  • 10:43 - 10:48
    Ils ont réussi leurs examens,
    et personne n'a fait grève.
  • 10:50 - 10:53
    Cette histoire m'a fait
    comprendre une chose :
  • 10:53 - 10:57
    si on en croit en quelque
    chose, véritablement,
  • 10:57 - 11:01
    quelles que soient les difficultés,
  • 11:01 - 11:04
    il faut essayer, expérimenter,
    il faut oser.
  • 11:04 - 11:07
    Ça va peut-être échouer,
  • 11:07 - 11:09
    mais ça peut aussi réussir,
  • 11:09 - 11:12
    et là, vous aurez gagné.
  • 11:13 - 11:18
    Donc moi, j'ai osé créer
    la Wild Code School.
  • 11:18 - 11:20
    Et c'est parce que j'ai osé,
  • 11:20 - 11:24
    qu'Emmanuelle, Aizkoa,
    Florian, Balthazar,
  • 11:24 - 11:26
    et des dizaines d'autres
  • 11:26 - 11:29
    ont, aujourd'hui,
    un métier où ils s'éclatent.
  • 11:29 - 11:31
    Merci à vous.
  • 11:31 - 11:33
    (Applaudissements)
Title:
Peut-on apprendre autrement ? | Anna Stepanoff | TEDxOrléans
Description:

De nos jours, 90 % des métiers demandent une maîtrise plus ou moins grande des outils numériques et des réseaux. Partant de ce constat et de ses observations sur l’enseignement supérieur en France, Anna Stepanoff a décidé de créer sa propre école dans laquelle elle développerait ses propres méthodes. La jeune femme est en effet convaincue que c’est par l’éducation que se fera la transformation de nos sociétés.

Anna Stepanoff, est fondatrice de la Wild Code School. Fille de chercheurs biélorusses, l’éducation, la connaissance et l’innovation sont ses moteurs. Après des études universitaires dans un système post-soviétique structuré, elle découvre l’ouverture et la liberté au sein d’une grande université américaine. Profondément européenne, elle termine son parcours d’étudiante en France. De ses trois expériences naît l’envie de décloisonner les frontières de l’enseignement et l’approche pédagogique en mettant au cœur l’échange de pratiques. L’arrivée de MOOCs et l’éclosion du numérique dans l’éducation libéreront son enthousiasme pour lancer son concept. Et si la révolution dans l’éducation passait par le Code ?

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED, mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
11:44

French subtitles

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