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Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse

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    Bonjour, c'est Simon à l'appareil.
  • 0:13 - 0:16
    Alors, en fait, parfois pendant l'amour,
    je pense à mon ex.
  • 0:17 - 0:20
    Je me demande si c'est normal, par
    rapport à ma copine actuelle et tout ça.
  • 0:20 - 0:22
    Bonjour Point G.
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    Je m'appelle Maëva, j'ai dix-huit ans.
  • 0:25 - 0:31
    J'entends souvent que les femmes jouissent
    systématiquement après les hommes,
  • 0:31 - 0:33
    comme si on était programmée
    pour ça, en fait.
  • 0:34 - 0:37
    Comme si, les femmes,
    ça prend plus de temps,
  • 0:37 - 0:40
    et les hommes, c'est censé
    aller plus rapidement.
  • 0:41 - 0:44
    Voilà, le problème, c'est qu'avec
    mon copain, c'est l'inverse.
  • 0:45 - 0:47
    C'est lui qui jouit toujours après moi,
  • 0:47 - 0:51
    du coup, je me demande
    si je dois m'inquiéter.
  • 0:51 - 0:53
    Est-ce qu'on est anormaux ou pas ?
  • 0:54 - 0:56
    Voilà. Merci, PointG. Bisous.
  • 0:57 - 0:58
    Oui allo, bonjour.
  • 0:59 - 1:01
    C'est Pierre pour Point G.
  • 1:01 - 1:03
    Après l'amour, je ne suis pas très câlin,
  • 1:03 - 1:05
    mon copain voudrait
    me prendre dans ses bras
  • 1:05 - 1:08
    mais moi j'ai besoin de
    me retrouver un peu d'abord.
  • 1:09 - 1:12
    Il me dit que ce n'est pas normal
    et ça m'inquiète un peu.
  • 1:12 - 1:16
    Voilà, j'aimerais avoir votre avis.
    Merci beaucoup. [Bip sonore]
  • 1:18 - 1:22
    (Applaudissements)
  • 1:22 - 1:24
    Est-ce que je suis normal(e) ?
  • 1:24 - 1:25
    Ah, la voilà !
  • 1:25 - 1:30
    La grande question que j'entends
    tous les soirs à l'antenne ou presque,
  • 1:30 - 1:32
    avec chaque auditeur ou presque,
  • 1:32 - 1:36
    que ce soit dit de façon explicite ou pas.
    C'est aussi la grande question
  • 1:36 - 1:39
    qu'entendent tous les sexologues,
    consultation après consultation.
  • 1:39 - 1:42
    Alors je sais, ça peut faire sourire.
  • 1:42 - 1:45
    Mais vous tous, tout au fond de vous,
    je suis sûre
  • 1:45 - 1:48
    qu'au moins une fois dans votre vie,
    vous vous êtes dit : « mais,
  • 1:48 - 1:51
    « Mais, pourquoi cette envie-là
    tout à coup ? Pourquoi ce désir-là ?
  • 1:51 - 1:54
    Pourquoi j'ai fait ce rêve-là ?
    Pourquoi ce fantasme-là ?
  • 1:54 - 1:56
    Pourquoi avec lui ? Avec elle ?
    Pourquoi comme ça ?
  • 1:57 - 2:00
    Pourquoi maintenant ? Est-ce que
    tout ça est très normal finalement ? »
  • 2:00 - 2:02
    A force, moi la question
    que je me suis posée c'est :
  • 2:02 - 2:08
    « Mais en fait, ça veut dire quoi être
    normal quand on parle de sexualité ?
  • 2:08 - 2:10
    La norme en matière
    de sexualité, c'est quoi ?
  • 2:10 - 2:12
    Est-ce que la sexualité
    peut être normale ?
  • 2:12 - 2:14
    Est-ce que c'est souhaitable ? »
  • 2:14 - 2:17
    Dans ces cas-là, quand on commence
    à se poser ce genre de questions,
  • 2:17 - 2:20
    le mieux, ça reste un petit
    retour aux fondamentaux,
  • 2:20 - 2:23
    donc on va regarder les définitions
    du dictionnaire qui nous dit quoi ?
  • 2:23 - 2:25
    Le dictionnaire nous dit d'abord,
  • 2:25 - 2:28
    normal : qui est conforme
    à la nature d'un être, d'une chose,
  • 2:28 - 2:32
    à l'organisation de cette chose,
    qui est habituel, logique, ordinaire
  • 2:33 - 2:34
    Deuxième possibilité,
  • 2:34 - 2:37
    normal : qui est conforme à une moyenne
    considérée comme une norme,
  • 2:37 - 2:39
    qui n'a donc rien d'exceptionnel ;
  • 2:39 - 2:40
    et enfin,
  • 2:40 - 2:44
    normal : qui sert de règle,
    de modèle, de référence.
  • 2:44 - 2:48
    Alors ce que je vous propose c'est
    qu'on prenne toutes ces définitions
  • 2:48 - 2:50
    une par une
  • 2:50 - 2:51
    et on va voir si ça marche.
  • 2:51 - 2:54
    On va voir si la sexualité
    peut être conforme
  • 2:54 - 2:57
    à la nature d'un être ou d'une chose,
  • 2:57 - 3:01
    si elle peut être habituelle,
    logique ou ordinaire.
  • 3:05 - 3:10
    Salut PointG c'est Charlotte, j'appelle
    pour votre émission ce soir sur l'orgasme.
  • 3:10 - 3:13
    Alors pour moi l'expression
    qui résumerait le mieux cet état
  • 3:13 - 3:15
    c'est : « Je ne réponds plus de rien. »
  • 3:15 - 3:19
    Un moment où la sensation s'impose à vous,
    à tel point qu'elle éclipse tout le reste
  • 3:19 - 3:22
    un peu comme, bizarrement, pendant
    un éternuement ou des chatouilles.
  • 3:22 - 3:26
    Peut-être qu'on est jamais aussi présent
    à soi-même que dans ce moment-là
  • 3:26 - 3:29
    et ça peut même mener à des
    situations un peu embarrassantes.
  • 3:29 - 3:33
    Je me souviens avoir réagi,
    assez récemment, un peu violemment
  • 3:33 - 3:37
    après un orgasme interrompu
    involontairement par mon partenaire.
  • 3:37 - 3:41
    A base de : « Je te déteste,
    ne me fais plus jamais ça. »
  • 3:41 - 3:44
    J'ai dû platement m'excuser après,
    j'avais un petit peu la honte
  • 3:44 - 3:46
    de m'être comportée comme une bête.
  • 3:46 - 3:49
    Voilà, c'est ça l'orgasme, aussi.
    Et c'est pour ça qu'on aime, entre autre.
  • 3:49 - 3:51
    Merci et bonne émission.
  • 3:51 - 3:53
    [Sonnerie]
  • 3:53 - 3:55
    Oui, l'orgasme,
    c'est cet abandon complet
  • 3:55 - 3:59
    C'est ce lâcher-prise total qui va
    chercher tout au fond de nous
  • 3:59 - 4:03
    et qui fait que non, quand on aime,
    quand on désire,
  • 4:03 - 4:05
    plus rien n'est conforme
    à la nature des choses.
  • 4:05 - 4:07
    On est hors de soi,
    on est plus que soi.
  • 4:07 - 4:12
    On l'a tous senti ce cœur qui bat, cette
    boule au ventre ou les ailes dans le dos.
  • 4:12 - 4:14
    Ça dépend des moments.
    La pupille qui se dilate.
  • 4:14 - 4:18
    En tout cas le corps qui échappe,
    la pensée qui tourne en boucle.
  • 4:19 - 4:23
    C'est parfaitement anormal et en
    même temps c'est parfaitement naturel.
  • 4:23 - 4:25
    Les poètes parlaient d'ivresse des sens.
  • 4:25 - 4:28
    La médecine, la science a fini
    par leur donner raison : oui,
  • 4:28 - 4:31
    quand on aime
    on est toujours un peu saoul.
  • 4:31 - 4:32
    Toujours un peu fou.
  • 4:32 - 4:35
    En fait, en réponse à un stimuli
    sensuel ou sexuel,
  • 4:35 - 4:38
    le cerveau va libérer
    un cocktail d'hormones
  • 4:38 - 4:40
    qui va agir comme
    un produit dopant naturel.
  • 4:40 - 4:42
    On va d'abord secréter de la dopamine,
  • 4:42 - 4:45
    l'hormone de la motivation et
    de la récompense qui fait qu'à priori,
  • 4:45 - 4:48
    on a envie d'y retourner.
    On va sécréter aussi,
  • 4:48 - 4:50
    quand tout va bien, des endorphines,
    l'hormone du plaisir.
  • 4:50 - 4:54
    Et puis de l'ocytocine
    qui est l'hormone de l'attachement.
  • 4:54 - 4:56
    On est en quelques sortes en sur-régime.
  • 4:56 - 4:58
    C'est manifeste en imagerie cérébrale.
  • 4:58 - 5:03
    Toutes les zones de la motivation sont
    hyper-excitées quand cet état dure,
  • 5:03 - 5:07
    ça s'appelle de l'amour,
    qui est biologiquement aveugle
  • 5:07 - 5:10
    puisque dans le même temps,
    toutes les zones du jugement critique
  • 5:10 - 5:13
    sont comme endormies.
  • 5:14 - 5:17
    Oui, l'amour est par essence
    parfaitement anormal
  • 5:17 - 5:22
    et quand on atteint
    les sommets du plaisir, c'est pire encore.
  • 5:24 - 5:25
    Salut PointG, c'est Félix.
  • 5:25 - 5:28
    J'appelle pour l'émission de ce soir.
  • 5:28 - 5:32
    Qu'est-ce qu'on ressent
    quand on a un orgasme ?
  • 5:32 - 5:38
    Pour moi l'orgasme c'est un peu
    tout sentir et tout ressentir.
  • 5:38 - 5:42
    C'est ne rien sentir et ne rien ressentir.
  • 5:42 - 5:47
    C'est des émotions contradictoires
    qui se succèdent comme une mitrailleuse
  • 5:47 - 5:52
    Je suis heureux, je suis bien,
    puis je suis triste, je suis mélancolique.
  • 5:52 - 5:54
    J'ai envie de rire, j'ai envie de pleurer.
  • 5:54 - 5:56
    J'ai envie de...
  • 5:56 - 6:01
    C'est comme on l'appelle,
    on appelle l'orgasme la petite mort
  • 6:01 - 6:03
    et ce n'est pas pour rien.
  • 6:03 - 6:06
    Parce qu'on se sent vivant,
    on se fusionne avec l'autre.
  • 6:07 - 6:11
    On ne parle plus d'elle et de moi,
    on parle de nous.
  • 6:11 - 6:13
    Il n'y a plus qu'un grand tout.
  • 6:13 - 6:18
    Le monde peut s'arrêter maintenant
    et plus rien ne compte.
  • 6:20 - 6:23
    Avoir un orgasme c'est un peu
    comme mourir un peu.
  • 6:23 - 6:27
    Voilà, passez une bonne soirée
    et à bientôt. Au revoir.
  • 6:28 - 6:30
    Je vois que ça parle
    à certains d'entre vous
  • 6:30 - 6:33
    ce qui est en soi une bonne nouvelle
    alors oui effectivement.
  • 6:33 - 6:36
    Au moment de la montée maximale
    du plaisir,
  • 6:36 - 6:38
    ça va chercher tout au fond de nous,
  • 6:38 - 6:41
    vers quelque chose de beaucoup plus
    spontané, voire d'animal.
  • 6:41 - 6:46
    Une animalité qu'on passe pourtant sa vie
    à tenter de civiliser, de domestiquer.
  • 6:46 - 6:49
    A coup de « ça se fait »
    ou « ça ne se fait pas ».
  • 6:49 - 6:51
    Là, tout à coup, il n'y a plus tout ça.
  • 6:51 - 6:54
    C'est un moi beaucoup moins noble,
    beaucoup moins raisonnable,
  • 6:54 - 6:56
    beaucoup moins lisse,
    qui exulte.
  • 6:56 - 6:59
    Alors oui, ça dérange,
    ça bouscule, ça fait peur.
  • 6:59 - 7:03
    On va avoir envie de se rapprocher
    de ce qu'on peut, à des stéréotypes,
  • 7:03 - 7:06
    à des prêt-à-penser,
    à des idées toutes faites
  • 7:06 - 7:07
    et puis aux autres surtout,
  • 7:07 - 7:11
    à l'immense masse des autres qui
    nous entourent et dont on pense toujours
  • 7:11 - 7:13
    et dont on pense toujours qu'ils savent
    mieux faire que nous parce que
  • 7:13 - 7:15
    eux ils font du moins,
    c'est ce qu'on croit.
  • 7:15 - 7:18
    Donc on se raccroche
    à ce qu'on croit qu'ils font.
  • 7:18 - 7:21
    En un mot, à la moyenne
    des comportements, à la norme.
  • 7:21 - 7:24
    Mais cette fois à la norme statistique.
  • 7:24 - 7:26
    Et alors là, excellente nouvelle !
  • 7:26 - 7:28
    Pas une semaine ne se passe,
    pas une journée ne se passe
  • 7:28 - 7:32
    sans qu'une nouvelle enquête,
    un nouveau sondage, une nouvelle étude
  • 7:32 - 7:35
    un nouveau chiffre sur la sexualité
    sur un internet ou à la télévision
  • 7:35 - 7:37
    ne nous donne du grain à moudre.
  • 7:37 - 7:42
    Par exemple celle-ci : 13,5 cm.
  • 7:42 - 7:48
    C'est la taille moyenne du pénis
    des français selon l'université d'Ulster,
  • 7:48 - 7:53
    qui nous place « Cocorico » dans une bonne
    moyenne, dans un classement européen,
  • 7:53 - 7:54
    en tout cas pas honteuse.
  • 7:54 - 7:57
    Messieurs, ne vérifiez pas
    tout de suite s'il vous plaît.
  • 7:57 - 8:00
    On le sait, il n'y a pas
    que la taille qui compte.
  • 8:00 - 8:06
    Et surtout ça n'empêche personne de
    faire l'amour 97 fois par an en moyenne.
  • 8:06 - 8:11
    selon une étude Durex, soit environ
    deux fois par semaine.
  • 8:11 - 8:14
    Ce qui satisfait visiblement
    la plupart d'entre nous.
  • 8:14 - 8:17
    Enfin surtout les gauchers ! Oui.
  • 8:17 - 8:18
    86% des gauchers,
  • 8:18 - 8:20
    je suis gauchère,
  • 8:20 - 8:25
    86% des gauchers se disent extrêmement
    satisfaits de leur vie sexuelle
  • 8:25 - 8:27
    contre 15% seulement des droitiers.
  • 8:27 - 8:30
    Alors quel est le rapport ?
    Pas la moindre idée,
  • 8:30 - 8:33
    parce qu'évidemment les auteurs
    de cette étude ne l'expliquent pas.
  • 8:33 - 8:34
    Ce serait trop beau.
  • 8:34 - 8:36
    Revenons en à ces deux fois !
  • 8:36 - 8:38
    Deux fois c'est bien.
  • 8:39 - 8:42
    Ah bah vous êtes gauchère madame,
    je suis ravie pour vous.
  • 8:42 - 8:43
    Donc vous êtes dans les 86% sans doute.
  • 8:43 - 8:46
    Alors deux fois par semaine c'est bien.
  • 8:47 - 8:48
    Mais peu mieux faire.
  • 8:48 - 8:51
    Regardez ! A trois fois par semaine
    selon une étude,
  • 8:51 - 8:53
    cette fois-ci de l'université d'Edimbourg.
  • 8:53 - 8:54
    Ce qui n'est pas rien.
  • 8:54 - 8:56
    Les personnes qui font l'amour
    trois fois par semaine
  • 8:56 - 9:00
    paraissent 7 à 12 ans de moins
    que leur âge réel.
  • 9:00 - 9:00
    Ouah !
  • 9:00 - 9:02
    Mieux que le Botox !
  • 9:02 - 9:05
    Alors, ajoutez une fois, et là jackpot !
  • 9:06 - 9:11
    Les personnes qui font l'amour
    quatre fois par semaine
  • 9:11 - 9:14
    sont 5 % plus riches.
  • 9:14 - 9:20
    Accessoirement, elles sont aussi moins
    dépressives et plus intelligentes.
  • 9:21 - 9:23
    Comme quoi, ne me demandez pas pourquoi !
  • 9:23 - 9:25
    Ce n'est évidemment pas donné.
  • 9:25 - 9:28
    Comme quoi, ce qui compte c'est
    de faire et beaucoup si possible.
  • 9:28 - 9:31
    Le culte de la performance
    dans lequel on a tous plongé
  • 9:31 - 9:33
    depuis une vingtaine d'année,
    n'a pas épargné la sexualité.
  • 9:33 - 9:36
    La norme statistique en matière
    de sexualité devient donc
  • 9:36 - 9:39
    celle du toujours plus, toujours
    plus loin, toujours plus fort
  • 9:39 - 9:43
    et la seule question aujourd'hui,
    ce n'est plus « Comment ? »
  • 9:43 - 9:45
    c'est surtout « Combien ? »
  • 9:45 - 9:49
    Oui bonjour ! J'appelle pour
    l'émission PointG comme Giulia
  • 9:49 - 9:54
    Je voulais savoir s'il existait
    une normalité dans la sexualité.
  • 9:54 - 9:56
    Alors il me semble que non parce que
  • 9:56 - 9:59
    voilà on dit souvent :
    « Chacun son rythme » ,
  • 9:59 - 10:00
    « Chacun trouve son équilibre ».
  • 10:00 - 10:03
    Certes, mais voilà...
    C'est quoi un bon rythme ?
  • 10:04 - 10:07
    Deux fois, trois fois, dix fois,
    vingt fois par semaine
  • 10:07 - 10:11
    C'est un peu moche de
    comptabiliser mais voilà,
  • 10:11 - 10:15
    est-ce qu'il y a un chiffre
    clé une normalité ?
  • 10:16 - 10:19
    Oui je vous entends rire.
    Moi aussi j'ai très envie de rire.
  • 10:19 - 10:22
    Sauf que je suis sûre que là,
    dans la salle aujourd'hui
  • 10:22 - 10:25
    il y en a au moins quelques-uns
    qui sont en train de se dire,
  • 10:25 - 10:28
    Attend je l'ai fait combien de fois ?
    Est-ce que je suis bien ?
  • 10:28 - 10:32
    Est-ce que je suis bien dans la moyenne ?
    Je vais les donner ces chiffres,
  • 10:32 - 10:35
    les vrais chiffres,
    pas les pseudo-études internet.
  • 10:35 - 10:39
    En fait il y a une seule enquête sur notre
    sexualité qui soit valable aujourd'hui.
  • 10:39 - 10:43
    C'est celle qu'ont faite les chercheurs
    de l'INSERM publiée en 2008
  • 10:43 - 10:46
    et qui s'appelle
    Contexte de la sexualité en France
  • 10:46 - 10:51
    Donc selon l'enquête CSF nous ferions
    l'amour 9 fois par mois en moyenne.
  • 10:51 - 10:54
    Ça va ? Tout le monde est dedans ?
  • 10:54 - 10:57
    Neuf fois par mois en moyenne.
    Attention ! Attention !
  • 10:57 - 10:59
    Quand on vit à deux,
    ces chiffres baissent.
  • 11:00 - 11:01
    [Rires]
  • 11:01 - 11:02
    baissent...
  • 11:02 - 11:05
    et toujours selon
    les chercheurs de l'INSERM
  • 11:05 - 11:08
    ceux qui sont en couple
    depuis deux ou trois ans,
  • 11:08 - 11:11
    ils sont un sur dix a avoir
    déclaré à ces chercheurs
  • 11:11 - 11:13
    qu'ils n'avaient pas fait
    l'amour depuis 3 mois.
  • 11:13 - 11:16
    Voilà.
    Les pratiques maintenant.
  • 11:16 - 11:18
    Si l'on en croit nos magazines préférés,
  • 11:18 - 11:20
    que personne ne lit mais
    que toute le monde lit en fait.
  • 11:20 - 11:23
    Si on en croit les reportages télé,
    nous serions tous devenus
  • 11:23 - 11:28
    SM, échangistes, libertins, pourquoi pas
    les trois à la fois, tant qu'à faire.
  • 11:28 - 11:34
    On aurait tous un sex-toy coincé, calé,
    dans le tiroir de la cuisine au cas où.
  • 11:34 - 11:36
    Bref on y va !
  • 11:36 - 11:42
    Bon alors, pareil selon l'enquête CSF,
    3,6% des hommes et 1,7 % des femmes
  • 11:42 - 11:48
    ont déclaré avoir fréquenté une fois
    dans leur vie un club échangiste.
  • 11:48 - 11:50
    En terme de phénomène de société...
  • 11:50 - 11:51
    on a vu mieux.
  • 11:51 - 11:55
    Les sex-toy : un célèbre hebdomadaire
    féminin que je ne citerai pas, titrait,
  • 11:55 - 11:57
    il n'y a pas très longtemps :
  • 11:57 - 11:59
    « C'est vraiment la folie
    des sex-toy en ce moment »,
  • 11:59 - 12:03
    et s'appuyait sur une étude qui disait que
    45% des français utilisent des sex-toy.
  • 12:03 - 12:08
    Il faut toujours regarder à la fin
    de ces études-là
  • 12:08 - 12:12
    comment elles ont été faites et par qui.
    C'est toujours utile, parce que :
  • 12:12 - 12:15
    que cette étude ait été menée
    par un fabricant de sextoy,
  • 12:15 - 12:17
    qu'il n'est donc interrogé
    que ses clients,
  • 12:17 - 12:21
    et que les résultats éventuellement
    l'arrangent, on s'en fout.
  • 12:21 - 12:25
    Qu'il reste tout de même 55% de français
    qui n'utilisent pas de sextoy
  • 12:25 - 12:27
    on s'en moque aussi.
  • 12:27 - 12:29
    Non. Du moment qu'on peut titrer
  • 12:29 - 12:31
    « C'est vraiment la folie
    des sextoy en ce moment ! »
  • 12:31 - 12:34
    Que nous dit l'enquête CSF sur le sujet ?
  • 12:34 - 12:38
    Elle nous dit que 78% des français
    n'ont jamais utilisé de sextoy.
  • 12:38 - 12:41
    Je dis bien jamais.
    Plus généralement,
  • 12:41 - 12:44
    les conclusions des chercheurs
    de l'INSERM sont sans appel.
  • 12:44 - 12:48
    Pardon, mais le grand gang bang
    n'a pas encore eu lieu.
  • 12:49 - 12:53
    Depuis la révolution
    sexuelle des années 70,
  • 12:54 - 12:56
    pas ou peu de changement.
  • 12:56 - 12:58
    Surtout, on continue
    de concevoir la sexualité
  • 12:58 - 13:02
    comme essentiellement hétérosexuelle,
    pénétrative, conjugale.
  • 13:02 - 13:06
    Comme révolution, on a vu mieux.
    Sauf que ça claque moins
  • 13:06 - 13:08
    et que ce qui compte quand même,
    c'est de claquer.
  • 13:08 - 13:13
    Faire beaucoup, beaucoup de bruit parce
    que face au silence de l'alcôve,
  • 13:13 - 13:15
    aux mystères de l'intime,
  • 13:15 - 13:17
    face à cet inconnu-là :
  • 13:18 - 13:19
    on a la trouille.
  • 13:19 - 13:24
    Qu'est-ce qu'il se passe pendant
    qu'on fait l'amour, personne ne le sait.
  • 13:24 - 13:28
    Le désir est indicible.
    Le plaisir est insaisissable.
  • 13:28 - 13:30
    Le ressenti est forcément subjectif.
  • 13:31 - 13:35
    Oui ça aussi ça nous échappe.
    Oui, ça aussi, ça nous fait peur.
  • 13:36 - 13:38
    Alors que le chiffre, ça cadre,
    ça rassure, ça norme.
  • 13:39 - 13:41
    Donc on mesure, on compare, on évalue.
  • 13:41 - 13:43
    Et là tout à coup, c'est magique.
  • 13:43 - 13:47
    Un glissement de sens s'opère
    et cette norme qui était jusque-là
  • 13:47 - 13:51
    neutre et objective puisque chiffrée
    se double de jugement moral
  • 13:51 - 13:55
    et ça n'est plus ce que
    la moyenne des gens fait.
  • 13:55 - 13:57
    C'est plutôt ce que
    tout le monde doit faire.
  • 13:57 - 14:00
    C'est-à-dire que la sexualité tout à coup
    devient quelque chose d'obligé.
  • 14:00 - 14:03
    Elle est ce que la société autorise
    et ce qu'elle interdit.
  • 14:03 - 14:08
    Si on a l'impression que tout le monde
    fait tout, tout le temps, à tout va,
  • 14:08 - 14:11
    alors à la moindre pudeur,
    à la moindre petite baisse de régime,
  • 14:11 - 14:15
    on se sent tout, tout petit,
    plus vraiment dans la course.
  • 14:15 - 14:18
    Un peu anormal en fait.
  • 14:18 - 14:21
    Ce qu'on a oublié, c'est que ces études
    ne disent rien de nous.
  • 14:21 - 14:24
    Oui, elles servent à une chose
    et c'est fondamental.
  • 14:24 - 14:27
    Elles servent à prendre la température
    d'une société à un instant t.
  • 14:27 - 14:31
    En revanche, de chacun d'entre vous,
    elles ne disent rien.
  • 14:31 - 14:33
    De moi, elles ne disent rien.
  • 14:33 - 14:37
    Très franchement, je préfère faire l'amour
    une seule fois par mois,
  • 14:37 - 14:41
    si cette fois-là est une apothéose
    plutôt que 10 tannées par semaine.
  • 14:41 - 14:43
    Et je pense que vous serez
    d'accord avec moi.
  • 14:43 - 14:46
    [Applaudissements]
  • 14:46 - 14:47
    Merci.
  • 14:47 - 14:50
    Ce qui me convient à moi,
    ne vous conviendra pas à vous.
  • 14:50 - 14:52
    Ma sexualité,
    elle est à moi et à moi seule.
  • 14:52 - 14:55
    Elle est à vous et à vous seule.
  • 14:55 - 14:59
    Pour une fois, les sciences dites 'dures'
    sont d'accord avec les sciences humaines.
  • 14:59 - 15:02
    Les psychanalystes, les sexologues,
    les neurolobiologistes
  • 15:02 - 15:05
    et j'en passe, sont tous d'accord
    sur un point : nous sommes tous
  • 15:05 - 15:08
    comme programmés pour avoir
    des désirs plus ou moins variés,
  • 15:08 - 15:13
    des fantasmes plus ou moins intenses,
    des orgasmes plus ou moins puissants.
  • 15:13 - 15:16
    Et ça, c'est dû à une combinaison
    de facteurs qui tient à la fois
  • 15:16 - 15:20
    de l'environnement, de la culture,
    de la biologie, de nos parcours affectifs.
  • 15:20 - 15:22
    Ce sont ces ingrédients-là
    qui font notre sexualité.
  • 15:22 - 15:25
    Et chacun va les cuisiner à sa manière.
  • 15:25 - 15:29
    De façon plus ou moins consciente,
    pour aboutir
  • 15:29 - 15:31
    à un résultat
    qui sera propre à chacun.
  • 15:31 - 15:34
    En fait les seules variations
    qu'il faut prendre en compte,
  • 15:34 - 15:38
    c'est les variations par rapport à votre
    désir habituel, votre plaisir habituel.
  • 15:38 - 15:40
    Ce qui compte c'est d'être
    juste par rapport à vous.
  • 15:40 - 15:43
    Non, la sexualité elle ne peut
    pas être normale,
  • 15:43 - 15:45
    parce qu'elle ne peut pas être normée.
  • 15:45 - 15:47
    Parce qu'elle est
    par essence et par nature,
  • 15:47 - 15:51
    elle est unique, individuelle, singulière.
  • 15:52 - 15:55
    Oui ça aussi, ça fait un peu peur parce
    qu'il n'y a pas de repère, de boussole.
  • 15:55 - 15:58
    On va dire qu'en gros,
    à l'intérieur du cadre de la loi
  • 15:58 - 16:01
    et évidemment dans le consentement
    des deux partenaires,
  • 16:01 - 16:06
    chacun fait exactement
    comme il peut et comme il veut.
  • 16:06 - 16:09
    La question à se poser n'est pas :
    « Est-ce que je suis normal ? »
  • 16:09 - 16:11
    C'est : « Mais j'ai envie de quoi ? »
  • 16:11 - 16:12
    Moi, j'ai envie de quoi ?
  • 16:12 - 16:14
    C'est une question qui est compliquée.
  • 16:14 - 16:17
    On peut mettre toute sa vie
    avant de trouver la réponse et pire,
  • 16:17 - 16:21
    la réponse peut changer le lendemain
    parce que le problème avec la sexualité,
  • 16:21 - 16:23
    c'est que c'est une matière vivante,
    donc mouvante.
  • 16:23 - 16:26
    Ce qui est vrai aujourd'hui
    ne le sera pas demain.
  • 16:26 - 16:29
    Néanmoins, cette question-là,
    qui est complexe, qui peut faire peur,
  • 16:29 - 16:32
    qui peut être douloureuse aussi,
    en même temps elle est libératrice.
  • 16:33 - 16:36
    Elle ouvre tout le champ des possibles.
  • 16:36 - 16:38
    Elle est surtout beaucoup plus juste.
  • 16:38 - 16:41
    Évidemment, je vais vous
    la poser cette question-là.
  • 16:41 - 16:43
    Vous, tous là !
  • 16:43 - 16:45
    Vous avez envie de quoi ?
  • 16:45 - 16:46
    Merci.
  • 16:47 - 16:49
    [Applaudissements]
Title:
Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse
Description:

Cette conférence a eu lieu lors d'un événement TEDx, produit indépendamment des conférences TED.

Giulia Fois est une journaliste radio et recueille les témoignages de ses auditeurs concernant leur le sexe, arrivant toujours à une conclusion : Suis-je normal?
Giulia est l'animatrice d'une émission de radio très française appelée 'Point G comme Giulia' dans laquelle elle aborde tous le soirs des sujets sur la sexualité moderne et les relations humaines. Elle nous parlera forcément de sexualité mais avec le ton et le talent qu'elle use tous les jours.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:54

French subtitles

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