Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse
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0:11 - 0:13Bonjour, c'est Simon à l'appareil.
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0:13 - 0:16Alors, en fait, parfois pendant l'amour,
je pense à mon ex. -
0:17 - 0:20Je me demande si c'est normal, par
rapport à ma copine actuelle et tout ça. -
0:20 - 0:22Bonjour Point G.
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0:22 - 0:24Je m'appelle Maëva, j'ai dix-huit ans.
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0:25 - 0:31J'entends souvent que les femmes jouissent
systématiquement après les hommes, -
0:31 - 0:33comme si on était programmée
pour ça, en fait. -
0:34 - 0:37Comme si, les femmes,
ça prend plus de temps, -
0:37 - 0:40et les hommes, c'est censé
aller plus rapidement. -
0:41 - 0:44Voilà, le problème, c'est qu'avec
mon copain, c'est l'inverse. -
0:45 - 0:47C'est lui qui jouit toujours après moi,
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0:47 - 0:51du coup, je me demande
si je dois m'inquiéter. -
0:51 - 0:53Est-ce qu'on est anormaux ou pas ?
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0:54 - 0:56Voilà. Merci, PointG. Bisous.
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0:57 - 0:58Oui allo, bonjour.
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0:59 - 1:01C'est Pierre pour Point G.
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1:01 - 1:03Après l'amour, je ne suis pas très câlin,
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1:03 - 1:05mon copain voudrait
me prendre dans ses bras -
1:05 - 1:08mais moi j'ai besoin de
me retrouver un peu d'abord. -
1:09 - 1:12Il me dit que ce n'est pas normal
et ça m'inquiète un peu. -
1:12 - 1:16Voilà, j'aimerais avoir votre avis.
Merci beaucoup. [Bip sonore] -
1:18 - 1:22(Applaudissements)
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1:22 - 1:24Est-ce que je suis normal(e) ?
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1:24 - 1:25Ah, la voilà !
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1:25 - 1:30La grande question que j'entends
tous les soirs à l'antenne ou presque, -
1:30 - 1:32avec chaque auditeur ou presque,
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1:32 - 1:36que ce soit dit de façon explicite ou pas.
C'est aussi la grande question -
1:36 - 1:39qu'entendent tous les sexologues,
consultation après consultation. -
1:39 - 1:42Alors je sais, ça peut faire sourire.
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1:42 - 1:45Mais vous tous, tout au fond de vous,
je suis sûre -
1:45 - 1:48qu'au moins une fois dans votre vie,
vous vous êtes dit : « mais, -
1:48 - 1:51« Mais, pourquoi cette envie-là
tout à coup ? Pourquoi ce désir-là ? -
1:51 - 1:54Pourquoi j'ai fait ce rêve-là ?
Pourquoi ce fantasme-là ? -
1:54 - 1:56Pourquoi avec lui ? Avec elle ?
Pourquoi comme ça ? -
1:57 - 2:00Pourquoi maintenant ? Est-ce que
tout ça est très normal finalement ? » -
2:00 - 2:02A force, moi la question
que je me suis posée c'est : -
2:02 - 2:08« Mais en fait, ça veut dire quoi être
normal quand on parle de sexualité ? -
2:08 - 2:10La norme en matière
de sexualité, c'est quoi ? -
2:10 - 2:12Est-ce que la sexualité
peut être normale ? -
2:12 - 2:14Est-ce que c'est souhaitable ? »
-
2:14 - 2:17Dans ces cas-là, quand on commence
à se poser ce genre de questions, -
2:17 - 2:20le mieux, ça reste un petit
retour aux fondamentaux, -
2:20 - 2:23donc on va regarder les définitions
du dictionnaire qui nous dit quoi ? -
2:23 - 2:25Le dictionnaire nous dit d'abord,
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2:25 - 2:28normal : qui est conforme
à la nature d'un être, d'une chose, -
2:28 - 2:32à l'organisation de cette chose,
qui est habituel, logique, ordinaire -
2:33 - 2:34Deuxième possibilité,
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2:34 - 2:37normal : qui est conforme à une moyenne
considérée comme une norme, -
2:37 - 2:39qui n'a donc rien d'exceptionnel ;
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2:39 - 2:40et enfin,
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2:40 - 2:44normal : qui sert de règle,
de modèle, de référence. -
2:44 - 2:48Alors ce que je vous propose c'est
qu'on prenne toutes ces définitions -
2:48 - 2:50une par une
-
2:50 - 2:51et on va voir si ça marche.
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2:51 - 2:54On va voir si la sexualité
peut être conforme -
2:54 - 2:57à la nature d'un être ou d'une chose,
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2:57 - 3:01si elle peut être habituelle,
logique ou ordinaire. -
3:05 - 3:10Salut PointG c'est Charlotte, j'appelle
pour votre émission ce soir sur l'orgasme. -
3:10 - 3:13Alors pour moi l'expression
qui résumerait le mieux cet état -
3:13 - 3:15c'est : « Je ne réponds plus de rien. »
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3:15 - 3:19Un moment où la sensation s'impose à vous,
à tel point qu'elle éclipse tout le reste -
3:19 - 3:22un peu comme, bizarrement, pendant
un éternuement ou des chatouilles. -
3:22 - 3:26Peut-être qu'on est jamais aussi présent
à soi-même que dans ce moment-là -
3:26 - 3:29et ça peut même mener à des
situations un peu embarrassantes. -
3:29 - 3:33Je me souviens avoir réagi,
assez récemment, un peu violemment -
3:33 - 3:37après un orgasme interrompu
involontairement par mon partenaire. -
3:37 - 3:41A base de : « Je te déteste,
ne me fais plus jamais ça. » -
3:41 - 3:44J'ai dû platement m'excuser après,
j'avais un petit peu la honte -
3:44 - 3:46de m'être comportée comme une bête.
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3:46 - 3:49Voilà, c'est ça l'orgasme, aussi.
Et c'est pour ça qu'on aime, entre autre. -
3:49 - 3:51Merci et bonne émission.
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3:51 - 3:53[Sonnerie]
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3:53 - 3:55Oui, l'orgasme,
c'est cet abandon complet -
3:55 - 3:59C'est ce lâcher-prise total qui va
chercher tout au fond de nous -
3:59 - 4:03et qui fait que non, quand on aime,
quand on désire, -
4:03 - 4:05plus rien n'est conforme
à la nature des choses. -
4:05 - 4:07On est hors de soi,
on est plus que soi. -
4:07 - 4:12On l'a tous senti ce cœur qui bat, cette
boule au ventre ou les ailes dans le dos. -
4:12 - 4:14Ça dépend des moments.
La pupille qui se dilate. -
4:14 - 4:18En tout cas le corps qui échappe,
la pensée qui tourne en boucle. -
4:19 - 4:23C'est parfaitement anormal et en
même temps c'est parfaitement naturel. -
4:23 - 4:25Les poètes parlaient d'ivresse des sens.
-
4:25 - 4:28La médecine, la science a fini
par leur donner raison : oui, -
4:28 - 4:31quand on aime
on est toujours un peu saoul. -
4:31 - 4:32Toujours un peu fou.
-
4:32 - 4:35En fait, en réponse à un stimuli
sensuel ou sexuel, -
4:35 - 4:38le cerveau va libérer
un cocktail d'hormones -
4:38 - 4:40qui va agir comme
un produit dopant naturel. -
4:40 - 4:42On va d'abord secréter de la dopamine,
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4:42 - 4:45l'hormone de la motivation et
de la récompense qui fait qu'à priori, -
4:45 - 4:48on a envie d'y retourner.
On va sécréter aussi, -
4:48 - 4:50quand tout va bien, des endorphines,
l'hormone du plaisir. -
4:50 - 4:54Et puis de l'ocytocine
qui est l'hormone de l'attachement. -
4:54 - 4:56On est en quelques sortes en sur-régime.
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4:56 - 4:58C'est manifeste en imagerie cérébrale.
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4:58 - 5:03Toutes les zones de la motivation sont
hyper-excitées quand cet état dure, -
5:03 - 5:07ça s'appelle de l'amour,
qui est biologiquement aveugle -
5:07 - 5:10puisque dans le même temps,
toutes les zones du jugement critique -
5:10 - 5:13sont comme endormies.
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5:14 - 5:17Oui, l'amour est par essence
parfaitement anormal -
5:17 - 5:22et quand on atteint
les sommets du plaisir, c'est pire encore. -
5:24 - 5:25Salut PointG, c'est Félix.
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5:25 - 5:28J'appelle pour l'émission de ce soir.
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5:28 - 5:32Qu'est-ce qu'on ressent
quand on a un orgasme ? -
5:32 - 5:38Pour moi l'orgasme c'est un peu
tout sentir et tout ressentir. -
5:38 - 5:42C'est ne rien sentir et ne rien ressentir.
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5:42 - 5:47C'est des émotions contradictoires
qui se succèdent comme une mitrailleuse -
5:47 - 5:52Je suis heureux, je suis bien,
puis je suis triste, je suis mélancolique. -
5:52 - 5:54J'ai envie de rire, j'ai envie de pleurer.
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5:54 - 5:56J'ai envie de...
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5:56 - 6:01C'est comme on l'appelle,
on appelle l'orgasme la petite mort -
6:01 - 6:03et ce n'est pas pour rien.
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6:03 - 6:06Parce qu'on se sent vivant,
on se fusionne avec l'autre. -
6:07 - 6:11On ne parle plus d'elle et de moi,
on parle de nous. -
6:11 - 6:13Il n'y a plus qu'un grand tout.
-
6:13 - 6:18Le monde peut s'arrêter maintenant
et plus rien ne compte. -
6:20 - 6:23Avoir un orgasme c'est un peu
comme mourir un peu. -
6:23 - 6:27Voilà, passez une bonne soirée
et à bientôt. Au revoir. -
6:28 - 6:30Je vois que ça parle
à certains d'entre vous -
6:30 - 6:33ce qui est en soi une bonne nouvelle
alors oui effectivement. -
6:33 - 6:36Au moment de la montée maximale
du plaisir, -
6:36 - 6:38ça va chercher tout au fond de nous,
-
6:38 - 6:41vers quelque chose de beaucoup plus
spontané, voire d'animal. -
6:41 - 6:46Une animalité qu'on passe pourtant sa vie
à tenter de civiliser, de domestiquer. -
6:46 - 6:49A coup de « ça se fait »
ou « ça ne se fait pas ». -
6:49 - 6:51Là, tout à coup, il n'y a plus tout ça.
-
6:51 - 6:54C'est un moi beaucoup moins noble,
beaucoup moins raisonnable, -
6:54 - 6:56beaucoup moins lisse,
qui exulte. -
6:56 - 6:59Alors oui, ça dérange,
ça bouscule, ça fait peur. -
6:59 - 7:03On va avoir envie de se rapprocher
de ce qu'on peut, à des stéréotypes, -
7:03 - 7:06à des prêt-à-penser,
à des idées toutes faites -
7:06 - 7:07et puis aux autres surtout,
-
7:07 - 7:11à l'immense masse des autres qui
nous entourent et dont on pense toujours -
7:11 - 7:13et dont on pense toujours qu'ils savent
mieux faire que nous parce que -
7:13 - 7:15eux ils font du moins,
c'est ce qu'on croit. -
7:15 - 7:18Donc on se raccroche
à ce qu'on croit qu'ils font. -
7:18 - 7:21En un mot, à la moyenne
des comportements, à la norme. -
7:21 - 7:24Mais cette fois à la norme statistique.
-
7:24 - 7:26Et alors là, excellente nouvelle !
-
7:26 - 7:28Pas une semaine ne se passe,
pas une journée ne se passe -
7:28 - 7:32sans qu'une nouvelle enquête,
un nouveau sondage, une nouvelle étude -
7:32 - 7:35un nouveau chiffre sur la sexualité
sur un internet ou à la télévision -
7:35 - 7:37ne nous donne du grain à moudre.
-
7:37 - 7:42Par exemple celle-ci : 13,5 cm.
-
7:42 - 7:48C'est la taille moyenne du pénis
des français selon l'université d'Ulster, -
7:48 - 7:53qui nous place « Cocorico » dans une bonne
moyenne, dans un classement européen, -
7:53 - 7:54en tout cas pas honteuse.
-
7:54 - 7:57Messieurs, ne vérifiez pas
tout de suite s'il vous plaît. -
7:57 - 8:00On le sait, il n'y a pas
que la taille qui compte. -
8:00 - 8:06Et surtout ça n'empêche personne de
faire l'amour 97 fois par an en moyenne. -
8:06 - 8:11selon une étude Durex, soit environ
deux fois par semaine. -
8:11 - 8:14Ce qui satisfait visiblement
la plupart d'entre nous. -
8:14 - 8:17Enfin surtout les gauchers ! Oui.
-
8:17 - 8:1886% des gauchers,
-
8:18 - 8:20je suis gauchère,
-
8:20 - 8:2586% des gauchers se disent extrêmement
satisfaits de leur vie sexuelle -
8:25 - 8:27contre 15% seulement des droitiers.
-
8:27 - 8:30Alors quel est le rapport ?
Pas la moindre idée, -
8:30 - 8:33parce qu'évidemment les auteurs
de cette étude ne l'expliquent pas. -
8:33 - 8:34Ce serait trop beau.
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8:34 - 8:36Revenons en à ces deux fois !
-
8:36 - 8:38Deux fois c'est bien.
-
8:39 - 8:42Ah bah vous êtes gauchère madame,
je suis ravie pour vous. -
8:42 - 8:43Donc vous êtes dans les 86% sans doute.
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8:43 - 8:46Alors deux fois par semaine c'est bien.
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8:47 - 8:48Mais peu mieux faire.
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8:48 - 8:51Regardez ! A trois fois par semaine
selon une étude, -
8:51 - 8:53cette fois-ci de l'université d'Edimbourg.
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8:53 - 8:54Ce qui n'est pas rien.
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8:54 - 8:56Les personnes qui font l'amour
trois fois par semaine -
8:56 - 9:00paraissent 7 à 12 ans de moins
que leur âge réel. -
9:00 - 9:00Ouah !
-
9:00 - 9:02Mieux que le Botox !
-
9:02 - 9:05Alors, ajoutez une fois, et là jackpot !
-
9:06 - 9:11Les personnes qui font l'amour
quatre fois par semaine -
9:11 - 9:14sont 5 % plus riches.
-
9:14 - 9:20Accessoirement, elles sont aussi moins
dépressives et plus intelligentes. -
9:21 - 9:23Comme quoi, ne me demandez pas pourquoi !
-
9:23 - 9:25Ce n'est évidemment pas donné.
-
9:25 - 9:28Comme quoi, ce qui compte c'est
de faire et beaucoup si possible. -
9:28 - 9:31Le culte de la performance
dans lequel on a tous plongé -
9:31 - 9:33depuis une vingtaine d'année,
n'a pas épargné la sexualité. -
9:33 - 9:36La norme statistique en matière
de sexualité devient donc -
9:36 - 9:39celle du toujours plus, toujours
plus loin, toujours plus fort -
9:39 - 9:43et la seule question aujourd'hui,
ce n'est plus « Comment ? » -
9:43 - 9:45c'est surtout « Combien ? »
-
9:45 - 9:49Oui bonjour ! J'appelle pour
l'émission PointG comme Giulia -
9:49 - 9:54Je voulais savoir s'il existait
une normalité dans la sexualité. -
9:54 - 9:56Alors il me semble que non parce que
-
9:56 - 9:59voilà on dit souvent :
« Chacun son rythme » , -
9:59 - 10:00« Chacun trouve son équilibre ».
-
10:00 - 10:03Certes, mais voilà...
C'est quoi un bon rythme ? -
10:04 - 10:07Deux fois, trois fois, dix fois,
vingt fois par semaine -
10:07 - 10:11C'est un peu moche de
comptabiliser mais voilà, -
10:11 - 10:15est-ce qu'il y a un chiffre
clé une normalité ? -
10:16 - 10:19Oui je vous entends rire.
Moi aussi j'ai très envie de rire. -
10:19 - 10:22Sauf que je suis sûre que là,
dans la salle aujourd'hui -
10:22 - 10:25il y en a au moins quelques-uns
qui sont en train de se dire, -
10:25 - 10:28Attend je l'ai fait combien de fois ?
Est-ce que je suis bien ? -
10:28 - 10:32Est-ce que je suis bien dans la moyenne ?
Je vais les donner ces chiffres, -
10:32 - 10:35les vrais chiffres,
pas les pseudo-études internet. -
10:35 - 10:39En fait il y a une seule enquête sur notre
sexualité qui soit valable aujourd'hui. -
10:39 - 10:43C'est celle qu'ont faite les chercheurs
de l'INSERM publiée en 2008 -
10:43 - 10:46et qui s'appelle
Contexte de la sexualité en France -
10:46 - 10:51Donc selon l'enquête CSF nous ferions
l'amour 9 fois par mois en moyenne. -
10:51 - 10:54Ça va ? Tout le monde est dedans ?
-
10:54 - 10:57Neuf fois par mois en moyenne.
Attention ! Attention ! -
10:57 - 10:59Quand on vit à deux,
ces chiffres baissent. -
11:00 - 11:01[Rires]
-
11:01 - 11:02baissent...
-
11:02 - 11:05et toujours selon
les chercheurs de l'INSERM -
11:05 - 11:08ceux qui sont en couple
depuis deux ou trois ans, -
11:08 - 11:11ils sont un sur dix a avoir
déclaré à ces chercheurs -
11:11 - 11:13qu'ils n'avaient pas fait
l'amour depuis 3 mois. -
11:13 - 11:16Voilà.
Les pratiques maintenant. -
11:16 - 11:18Si l'on en croit nos magazines préférés,
-
11:18 - 11:20que personne ne lit mais
que toute le monde lit en fait. -
11:20 - 11:23Si on en croit les reportages télé,
nous serions tous devenus -
11:23 - 11:28SM, échangistes, libertins, pourquoi pas
les trois à la fois, tant qu'à faire. -
11:28 - 11:34On aurait tous un sex-toy coincé, calé,
dans le tiroir de la cuisine au cas où. -
11:34 - 11:36Bref on y va !
-
11:36 - 11:42Bon alors, pareil selon l'enquête CSF,
3,6% des hommes et 1,7 % des femmes -
11:42 - 11:48ont déclaré avoir fréquenté une fois
dans leur vie un club échangiste. -
11:48 - 11:50En terme de phénomène de société...
-
11:50 - 11:51on a vu mieux.
-
11:51 - 11:55Les sex-toy : un célèbre hebdomadaire
féminin que je ne citerai pas, titrait, -
11:55 - 11:57il n'y a pas très longtemps :
-
11:57 - 11:59« C'est vraiment la folie
des sex-toy en ce moment », -
11:59 - 12:03et s'appuyait sur une étude qui disait que
45% des français utilisent des sex-toy. -
12:03 - 12:08Il faut toujours regarder à la fin
de ces études-là -
12:08 - 12:12comment elles ont été faites et par qui.
C'est toujours utile, parce que : -
12:12 - 12:15que cette étude ait été menée
par un fabricant de sextoy, -
12:15 - 12:17qu'il n'est donc interrogé
que ses clients, -
12:17 - 12:21et que les résultats éventuellement
l'arrangent, on s'en fout. -
12:21 - 12:25Qu'il reste tout de même 55% de français
qui n'utilisent pas de sextoy -
12:25 - 12:27on s'en moque aussi.
-
12:27 - 12:29Non. Du moment qu'on peut titrer
-
12:29 - 12:31« C'est vraiment la folie
des sextoy en ce moment ! » -
12:31 - 12:34Que nous dit l'enquête CSF sur le sujet ?
-
12:34 - 12:38Elle nous dit que 78% des français
n'ont jamais utilisé de sextoy. -
12:38 - 12:41Je dis bien jamais.
Plus généralement, -
12:41 - 12:44les conclusions des chercheurs
de l'INSERM sont sans appel. -
12:44 - 12:48Pardon, mais le grand gang bang
n'a pas encore eu lieu. -
12:49 - 12:53Depuis la révolution
sexuelle des années 70, -
12:54 - 12:56pas ou peu de changement.
-
12:56 - 12:58Surtout, on continue
de concevoir la sexualité -
12:58 - 13:02comme essentiellement hétérosexuelle,
pénétrative, conjugale. -
13:02 - 13:06Comme révolution, on a vu mieux.
Sauf que ça claque moins -
13:06 - 13:08et que ce qui compte quand même,
c'est de claquer. -
13:08 - 13:13Faire beaucoup, beaucoup de bruit parce
que face au silence de l'alcôve, -
13:13 - 13:15aux mystères de l'intime,
-
13:15 - 13:17face à cet inconnu-là :
-
13:18 - 13:19on a la trouille.
-
13:19 - 13:24Qu'est-ce qu'il se passe pendant
qu'on fait l'amour, personne ne le sait. -
13:24 - 13:28Le désir est indicible.
Le plaisir est insaisissable. -
13:28 - 13:30Le ressenti est forcément subjectif.
-
13:31 - 13:35Oui ça aussi ça nous échappe.
Oui, ça aussi, ça nous fait peur. -
13:36 - 13:38Alors que le chiffre, ça cadre,
ça rassure, ça norme. -
13:39 - 13:41Donc on mesure, on compare, on évalue.
-
13:41 - 13:43Et là tout à coup, c'est magique.
-
13:43 - 13:47Un glissement de sens s'opère
et cette norme qui était jusque-là -
13:47 - 13:51neutre et objective puisque chiffrée
se double de jugement moral -
13:51 - 13:55et ça n'est plus ce que
la moyenne des gens fait. -
13:55 - 13:57C'est plutôt ce que
tout le monde doit faire. -
13:57 - 14:00C'est-à-dire que la sexualité tout à coup
devient quelque chose d'obligé. -
14:00 - 14:03Elle est ce que la société autorise
et ce qu'elle interdit. -
14:03 - 14:08Si on a l'impression que tout le monde
fait tout, tout le temps, à tout va, -
14:08 - 14:11alors à la moindre pudeur,
à la moindre petite baisse de régime, -
14:11 - 14:15on se sent tout, tout petit,
plus vraiment dans la course. -
14:15 - 14:18Un peu anormal en fait.
-
14:18 - 14:21Ce qu'on a oublié, c'est que ces études
ne disent rien de nous. -
14:21 - 14:24Oui, elles servent à une chose
et c'est fondamental. -
14:24 - 14:27Elles servent à prendre la température
d'une société à un instant t. -
14:27 - 14:31En revanche, de chacun d'entre vous,
elles ne disent rien. -
14:31 - 14:33De moi, elles ne disent rien.
-
14:33 - 14:37Très franchement, je préfère faire l'amour
une seule fois par mois, -
14:37 - 14:41si cette fois-là est une apothéose
plutôt que 10 tannées par semaine. -
14:41 - 14:43Et je pense que vous serez
d'accord avec moi. -
14:43 - 14:46[Applaudissements]
-
14:46 - 14:47Merci.
-
14:47 - 14:50Ce qui me convient à moi,
ne vous conviendra pas à vous. -
14:50 - 14:52Ma sexualité,
elle est à moi et à moi seule. -
14:52 - 14:55Elle est à vous et à vous seule.
-
14:55 - 14:59Pour une fois, les sciences dites 'dures'
sont d'accord avec les sciences humaines. -
14:59 - 15:02Les psychanalystes, les sexologues,
les neurolobiologistes -
15:02 - 15:05et j'en passe, sont tous d'accord
sur un point : nous sommes tous -
15:05 - 15:08comme programmés pour avoir
des désirs plus ou moins variés, -
15:08 - 15:13des fantasmes plus ou moins intenses,
des orgasmes plus ou moins puissants. -
15:13 - 15:16Et ça, c'est dû à une combinaison
de facteurs qui tient à la fois -
15:16 - 15:20de l'environnement, de la culture,
de la biologie, de nos parcours affectifs. -
15:20 - 15:22Ce sont ces ingrédients-là
qui font notre sexualité. -
15:22 - 15:25Et chacun va les cuisiner à sa manière.
-
15:25 - 15:29De façon plus ou moins consciente,
pour aboutir -
15:29 - 15:31à un résultat
qui sera propre à chacun. -
15:31 - 15:34En fait les seules variations
qu'il faut prendre en compte, -
15:34 - 15:38c'est les variations par rapport à votre
désir habituel, votre plaisir habituel. -
15:38 - 15:40Ce qui compte c'est d'être
juste par rapport à vous. -
15:40 - 15:43Non, la sexualité elle ne peut
pas être normale, -
15:43 - 15:45parce qu'elle ne peut pas être normée.
-
15:45 - 15:47Parce qu'elle est
par essence et par nature, -
15:47 - 15:51elle est unique, individuelle, singulière.
-
15:52 - 15:55Oui ça aussi, ça fait un peu peur parce
qu'il n'y a pas de repère, de boussole. -
15:55 - 15:58On va dire qu'en gros,
à l'intérieur du cadre de la loi -
15:58 - 16:01et évidemment dans le consentement
des deux partenaires, -
16:01 - 16:06chacun fait exactement
comme il peut et comme il veut. -
16:06 - 16:09La question à se poser n'est pas :
« Est-ce que je suis normal ? » -
16:09 - 16:11C'est : « Mais j'ai envie de quoi ? »
-
16:11 - 16:12Moi, j'ai envie de quoi ?
-
16:12 - 16:14C'est une question qui est compliquée.
-
16:14 - 16:17On peut mettre toute sa vie
avant de trouver la réponse et pire, -
16:17 - 16:21la réponse peut changer le lendemain
parce que le problème avec la sexualité, -
16:21 - 16:23c'est que c'est une matière vivante,
donc mouvante. -
16:23 - 16:26Ce qui est vrai aujourd'hui
ne le sera pas demain. -
16:26 - 16:29Néanmoins, cette question-là,
qui est complexe, qui peut faire peur, -
16:29 - 16:32qui peut être douloureuse aussi,
en même temps elle est libératrice. -
16:33 - 16:36Elle ouvre tout le champ des possibles.
-
16:36 - 16:38Elle est surtout beaucoup plus juste.
-
16:38 - 16:41Évidemment, je vais vous
la poser cette question-là. -
16:41 - 16:43Vous, tous là !
-
16:43 - 16:45Vous avez envie de quoi ?
-
16:45 - 16:46Merci.
-
16:47 - 16:49[Applaudissements]
- Title:
- Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse
- Description:
-
Cette conférence a eu lieu lors d'un événement TEDx, produit indépendamment des conférences TED.
Giulia Fois est une journaliste radio et recueille les témoignages de ses auditeurs concernant leur le sexe, arrivant toujours à une conclusion : Suis-je normal?
Giulia est l'animatrice d'une émission de radio très française appelée 'Point G comme Giulia' dans laquelle elle aborde tous le soirs des sujets sur la sexualité moderne et les relations humaines. Elle nous parlera forcément de sexualité mais avec le ton et le talent qu'elle use tous les jours. - Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 16:54
Elisabeth Buffard approved French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Retired user accepted French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Retired user edited French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Retired user edited French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Elisabeth Buffard rejected French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Elisabeth Buffard edited French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Elisabeth Buffard edited French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse | ||
Ihsane Khalfallah accepted French subtitles for Anormal, forcément anormal | Guilia Foïs | TEDxToulouse |