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Transition démocratique | Armel Le Coz | TEDxReims

  • 0:16 - 0:18
    La France change
  • 0:19 - 0:22
    et il nous faut adapter notre système
    politique à ce changement.
  • 0:24 - 0:29
    J'ai bien observé le modèle français
    et je l'ai compris.
  • 0:31 - 0:34
    Dans ce marasme économique, nous avons
    besoin d'une France forte.
  • 0:35 - 0:38
    Ensemble, réinventons notre système
  • 0:39 - 0:43
    pour une société plus efficace,
    plus durable et plus juste.
  • 0:44 - 0:50
    Liberté, égalité, fraternité,
  • 0:50 - 0:54
    ce sont les valeurs de la République
    et elles sont méprisées.
  • 0:55 - 0:57
    Aujourd'hui, je fais un rêve.
  • 0:59 - 1:01
    Celui d'une République exemplaire.
  • 1:02 - 1:04
    Je rêve qu'un jour notre nation
    se réveille
  • 1:04 - 1:06
    et combatte son ennemi intérieur.
  • 1:06 - 1:11
    Notre ennemi n'a pas de nom,
    pas de visage, pas de parti.
  • 1:12 - 1:16
    Il ne présentera jamais sa candidature
    et pourtant, il gouverne.
  • 1:17 - 1:20
    Cet ennemi, c'est le monde de la défiance.
  • 1:21 - 1:24
    Nous traversons une crise de confiance
    sans précédent.
  • 1:24 - 1:26
    Les Français ne croient plus
  • 1:26 - 1:28
    dans notre modèle économique et politique.
  • 1:28 - 1:31
    Il nous faut moraliser la vie publique
    et moraliser l'entreprise.
  • 1:32 - 1:36
    J'aime l'entreprise mais je ne serai pas
    le président des riches.
  • 1:36 - 1:39
    Moi, président de la République,
    je laisserais sa place
  • 1:39 - 1:42
    à chaque Française, à chaque Français.
  • 1:42 - 1:45
    Moi, président de la République,
    je déclarerais une guerre totale
  • 1:45 - 1:48
    contre les injustices.
  • 1:48 - 1:50
    Moi, prési...
  • 1:57 - 2:00
    En fait, on ne peut plus faire
    de la politique comme ça.
  • 2:00 - 2:05
    Je pense que vous en avez bien conscience,
    ça ne peut pas marcher !
  • 2:05 - 2:09
    Ce que je vous propose plutôt,
    c'est une anti-candidature présidentielle.
  • 2:11 - 2:14
    Je vous propose qu'on soit tous
    co-président d'une autre société
  • 2:14 - 2:16
    qu'il faut qu'on invente ensemble.
  • 2:16 - 2:18
    Il y a un an, je suis parti
  • 2:18 - 2:20
    pendant six mois faire un tour de France.
  • 2:20 - 2:22
    Je suis parti sur les routes en stop.
  • 2:22 - 2:24
    J'ai été pris par près
    de 500 conducteurs
  • 2:24 - 2:27
    et à chaque fois
    que je rentrais dans une voiture,
  • 2:27 - 2:30
    je lui demandais dans quelle société
    il avait envie de vivre demain
  • 2:30 - 2:33
    et de ce qui posait les problèmes
    dans la société d'aujourd'hui.
  • 2:33 - 2:35
    J'ai fait plus de 8000 km,
  • 2:35 - 2:39
    je suis allé voir aussi des élus et des
    candidats aux élections municipales.
  • 2:39 - 2:42
    C'est-à-dire que j'ai été rencontrer
    ces candidats,
  • 2:42 - 2:43
    j'ai été dormir chez eux,
  • 2:43 - 2:46
    j'ai été les interviewer sur
    leur vision de la démocratie
  • 2:46 - 2:49
    et la société qu'ils
    aimeraient léguer demain
  • 2:49 - 2:51
    à leurs enfants ou à leurs petits-enfants.
  • 2:51 - 2:54
    Et je suis revenu de ce voyage,
    de ce tour de France,
  • 2:54 - 2:56
    avec plein d'idées, plein d'envies
  • 2:56 - 2:57
    et avec une conviction :
  • 2:57 - 3:00
    c'est qu'il faut absolument qu'on
    ait une vision à proposer.
  • 3:00 - 3:03
    Aujourd'hui, notre société, elle est
    en panne de vision.
  • 3:03 - 3:05
    Je ne vais pas vous proposer
    une vision toute faite.
  • 3:05 - 3:08
    J'ai juste quelques témoignages à vous
    apporter,
  • 3:08 - 3:11
    quelques idées,
    quelques envies de choses à partager.
  • 3:11 - 3:15
    La première, c'est que j'ai l'impression
    qu'il faut qu'on forme des citoyens.
  • 3:15 - 3:17
    Des vrais citoyens, c'est-à-dire
  • 3:17 - 3:19
    pas des gens passifs,
    qui vont être attentistes,
  • 3:19 - 3:22
    qui vont attendre que la société
    leur dise quoi faire.
  • 3:22 - 3:24
    Des gens qui sont capables d'agir
    par eux-mêmes.
  • 3:24 - 3:27
    Pour ça, il nous faut des écoles
    de citoyens.
  • 3:27 - 3:31
    Il faut que dans les écoles d'aujourd'hui,
    ce soit une école pour tous :
  • 3:31 - 3:33
    pour les filles et les garçons
    et tous les âges.
  • 3:33 - 3:37
    Qu'on puisse se former à n'importe
    quel âge, tout au long de sa vie.
  • 3:37 - 3:40
    Il faut que ça soit une école basée
    sur l'échange réciproque de savoir.
  • 3:41 - 3:46
    C'est-à-dire ne plus avoir le système
    des sachants qui, de manière descendante,
  • 3:46 - 3:50
    vont décréter ce qui est vrai ou pas
    et donner leur savoir.
  • 3:50 - 3:52
    Non, il faut qu'on soit sur
    du pair-à-pair.
  • 3:52 - 3:55
    C'est-à-dire partager le savoir
    et les compétences qu'on peut avoir
  • 3:55 - 3:57
    parce qu'on a tous des compétences
    à partager.
  • 3:58 - 4:00
    Pour ça, on peut apprendre en faisant.
  • 4:00 - 4:03
    C'est-à-dire être sur un mode projet,
  • 4:03 - 4:04
    fonctionner en projet
  • 4:04 - 4:07
    ou même fonctionner en laboratoire.
  • 4:07 - 4:08
    Ne pas avoir peur de se tromper.
  • 4:09 - 4:11
    En fait, l'échec, il fait partie du
    processus d'apprentissage
  • 4:11 - 4:14
    et pour avoir des citoyens,
    il faut s'être trompé.
  • 4:14 - 4:20
    Il faut se tromper tous les jours
    pour, derrière, pouvoir réussir.
  • 4:21 - 4:24
    Il faut qu'on n'ait pas de notes
    dans cette école,
  • 4:24 - 4:26
    pas de classement, pas de compétition
  • 4:26 - 4:28
    parce que cette société
    dans laquelle on est,
  • 4:28 - 4:31
    elle est préparée dès le plus jeune âge.
  • 4:31 - 4:35
    Si on veut une société de la coopération,
    il faut une école de la coopération :
  • 4:35 - 4:38
    c'est-à-dire qu'il faut qu'on puisse
    travailler en groupe,
  • 4:38 - 4:39
    qu'on puisse copier.
  • 4:39 - 4:41
    Il ne faut pas que ce soit interdit
    de copier - au contraire !
  • 4:41 - 4:44
    Regardez ce que fait le voisin
    et faites avec lui !
  • 4:44 - 4:46
    Mais même au-delà de l'école,
  • 4:46 - 4:48
    il faut que toute la société
    nous pousse
  • 4:48 - 4:50
    et nous prépare à devenir des citoyens.
  • 4:52 - 4:54
    Quand devient-on citoyen
    aujourd'hui ?
  • 4:54 - 4:57
    A 18 ans, on n'a pas le choix.
    On devient citoyen.
  • 4:58 - 5:00
    On a un droit de vote qui nous arrive
  • 5:00 - 5:02
    et puis, c'est à peu près tout.
  • 5:03 - 5:06
    Ce qu'il faudrait, c'est peut-être
    remettre en place
  • 5:06 - 5:08
    ou mettre en place
    une forme de service civil.
  • 5:08 - 5:11
    C'est-à-dire, passer du temps
    au service du bien commun
  • 5:11 - 5:12
    avant de devenir citoyen.
  • 5:12 - 5:15
    Découvrir les institutions,
    découvrir et toucher du doigt
  • 5:15 - 5:17
    l'intérêt général.
  • 5:17 - 5:21
    Le jour où on devient citoyen,
    finalement, on devrait pouvoir le choisir.
  • 5:21 - 5:25
    Entre 15 et 30 ans,
    je choisis quand je deviens citoyen,
  • 5:25 - 5:28
    une fois que j'ai fait mon service civil,
  • 5:28 - 5:31
    et je signe un contrat social
    personnalisé.
  • 5:32 - 5:36
    C'est-à-dire un engagement
    que je prends envers la société
  • 5:36 - 5:40
    et la société va s'engager
    aussi envers moi
  • 5:40 - 5:42
    et on peut s'engager plus ou moins.
  • 5:42 - 5:45
    La société nous délivre alors
    plus ou moins de services.
  • 5:45 - 5:49
    Plus je contribue, plus je partage,
    plus la société va me donner.
  • 5:49 - 5:54
    Alors ça, c'est des exemples
    qui sont issus de pistes
  • 5:54 - 5:56
    que j'ai été voir sur ce tour de France.
  • 5:56 - 5:58
    On avait le service militaire.
  • 5:58 - 6:02
    On a aujourd'hui de plus en plus
    de jeunes qui sont en service civique
  • 6:02 - 6:05
    et c'est quelque chose qui a l'air
    de tellement bien marcher
  • 6:05 - 6:07
    que pourquoi ne pas le généraliser ?
  • 6:08 - 6:11
    Il y a un maire qui m'a raconté
    une anecdote qui m'a beaucoup touché.
  • 6:11 - 6:13
    Il me disait finalement :
  • 6:13 - 6:15
    « Avant de travailler,
    j'ai fait mon service militaire
  • 6:15 - 6:20
    et puis dès ma retraite,
    je me suis proposé pour être maire
  • 6:20 - 6:22
    de mon tout petit village
    et j'ai fait un mandat de six ans,
  • 6:22 - 6:24
    et c'est les deux moments où j'ai eu
    l'impression
  • 6:24 - 6:27
    d'être connecté à l'intérêt général
    ou au bien commun. »
  • 6:27 - 6:29
    Pourquoi ne pourrait-on pas
    être connecté
  • 6:29 - 6:32
    à cet intérêt général ou ce bien commun
    tout le long de notre vie ?
  • 6:32 - 6:38
    Donc, pour ça, après avoir fait le service
    civil, un contrat social personnalisé,
  • 6:38 - 6:40
    pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas
    avoir un parrainage citoyen ?
  • 6:40 - 6:43
    C'est-à-dire pouvoir se faire coacher
    par un autre citoyen
  • 6:43 - 6:47
    sur la place qu'on pourrait avoir
    dans la société.
  • 6:47 - 6:50
    Et au bout d'un certain temps,
    nous aussi, on pourrait devenir coach.
  • 6:50 - 6:54
    C'est juste quelques idées
    mais finalement, l'objectif de ces idées
  • 6:54 - 6:57
    ou de ces propositions, ce serait que
    cette société nous pousse à devenir
  • 6:57 - 6:59
    des citoyens de plus en plus actifs.
  • 6:59 - 7:01
    La deuxième idée
    dont je voudrais vous parler :
  • 7:01 - 7:03
    c'est finalement
    pourquoi ne pas transformer
  • 7:03 - 7:06
    le service public en services communs ?
    Au pluriel.
  • 7:06 - 7:09
    Le service public,
    qu'est-ce que c'est ?
  • 7:09 - 7:11
    Le service public, c'est les services
  • 7:11 - 7:12
    que la société nous rend.
  • 7:12 - 7:15
    Mais la société, c'est nous.
    C'est nous tous ici.
  • 7:15 - 7:16
    Donc finalement le service public,
  • 7:16 - 7:18
    c'est les services qu'on se rend
    les uns aux autres.
  • 7:18 - 7:21
    Sauf qu'on passe par un intermédiaire.
  • 7:21 - 7:25
    On a délégué ces services
    à une administration, à des élus,
  • 7:25 - 7:29
    donc ce service public, on se le
    rend pas directement les uns aux autres.
  • 7:29 - 7:33
    Est-ce qu'aujourd'hui, on n'est pas
    capable de se rendre plus de services
  • 7:33 - 7:33
    les uns aux autres ?
  • 7:33 - 7:37
    Est-ce que les plateformes collaboratives
    dont on parle, qui nous connectent,
  • 7:38 - 7:40
    qui nous permettent de proposer
    des services :
  • 7:40 - 7:42
    le covoiturage, c'est un service
    qu'on rend à d'autres,
  • 7:42 - 7:46
    le « coach surfing », quand on invite,
    on dit :
  • 7:46 - 7:48
    « Voilà, j'ai une place sur mon canapé.
  • 7:48 - 7:49
    Vous pouvez venir dormir chez moi. »
  • 7:49 - 7:51
    C'est des services qu'on propose
    aux autres.
  • 7:51 - 7:54
    Est-ce qu'on peut pas imaginer ça
    à une échelle plus large
  • 7:54 - 7:57
    et concernant les biens communs
    et le service public ?
  • 7:57 - 7:58
    C'est ce qu'on appelle
    le service public aujourd'hui,
  • 7:58 - 8:00
    c'est-à-dire, partir du service public
  • 8:00 - 8:04
    pour le transformer en services communs,
    dans lesquels
  • 8:04 - 8:07
    on est autant des contributeurs
    que des bénéficiaires.
  • 8:07 - 8:10
    Les exemples que j'ai été voir
    qui m'ont inspiré cette idée,
  • 8:10 - 8:12
    c'est des exemples tout bêtes
    de chantiers participatifs.
  • 8:12 - 8:14
    Il y a de plus en plus de villes,
  • 8:14 - 8:17
    notamment des villages qui ont
    recours à ces chantiers participatifs.
  • 8:17 - 8:18
    Je pense à des villages
  • 8:18 - 8:20
    sur le plateau de Millevaches
    ou à Trémargat, en Bretagne,
  • 8:20 - 8:23
    où en fait la collectivité,
    les élus, disent :
  • 8:23 - 8:25
    « On peut faire une partie
    du service public
  • 8:25 - 8:27
    mais il y a énormément de choses
  • 8:27 - 8:29
    qu'on pourrait faire ensemble
    si on met tous la main à la pâte. »
  • 8:29 - 8:33
    Du coup, ils invitent à venir sur
    la place du village
  • 8:33 - 8:35
    construire un nouveau bâtiment
    ou rénover quelque chose
  • 8:35 - 8:38
    et finalement, c'est des gens qui
    viennent apporter du temps
  • 8:39 - 8:42
    au service de l'intérêt général,
    au service du commun.
  • 8:43 - 8:46
    Est-ce que, si on imagine ces communs,
    ces services communs,
  • 8:46 - 8:50
    d'une manière extrêmement large,
    comme des services qui nous permettraient
  • 8:50 - 8:52
    de nous procurer le minimum vital,
  • 8:52 - 8:55
    c'est-à-dire, si on imagine de pouvoir
    vivre de ces services communs,
  • 8:56 - 8:57
    qu'est-ce que ça donne ?
  • 8:57 - 9:00
    Si on prend la pyramide de Maslow et qu'on
    prend toute la base, et qu'on se dit :
  • 9:00 - 9:02
    « Ça, ça devient des services communs
    qu'on peut se rendre les uns aux autres :
  • 9:02 - 9:07
    manger, boire, se loger
    s'habiller, vivre en sécurité, apprendre,
  • 9:07 - 9:10
    se déplacer, communiquer... »
    Tout ça, ça pourrait être des services
  • 9:10 - 9:12
    qu'on se rend les uns
    aux autres finalement,
  • 9:12 - 9:14
    en passant par ce type de plate-forme.
  • 9:14 - 9:18
    C'est une logique de gouvernement,
    de gouvernance comme une plateforme
  • 9:18 - 9:20
    et ça devient une sorte de revenu de base
  • 9:20 - 9:24
    qui est payé, non pas avec de l'argent,
    payé en nature.
  • 9:24 - 9:29
    On pourrait aussi être équipé de cartes de
    citoyen qui nous permettent d'accéder
  • 9:29 - 9:33
    à des plateformes de répartition du
    service public ou des services communs.
  • 9:34 - 9:36
    De proposer nos propres services communs.
  • 9:36 - 9:38
    Je sais faire quelque chose,
    je suis designer
  • 9:38 - 9:41
    je veux mettre ça
    au service de la collectivité,
  • 9:41 - 9:43
    eh bien, je le propose sur cette
    plateforme
  • 9:43 - 9:46
    et on propose ce qu'on a envie de faire,
    ce qu'on sait faire,
  • 9:46 - 9:49
    et la collectivité, en échange, va
    nous rendre des services,
  • 9:49 - 9:51
    en échange des services que nous
    on propose.
  • 9:51 - 9:54
    C'est finalement s'inscrire dans
    des missions d'intérêt général
  • 9:54 - 9:56
    parce que, ce qui me paraît
    complètement fou, aujourd'hui,
  • 9:56 - 9:59
    c'est qu'on s'aperçoit que la société
    est de plus en plus inégalitaire.
  • 9:59 - 10:01
    Il y a plus de gens
    qui ont besoin de services
  • 10:01 - 10:04
    et de l'autre côté, on a du chômage
    ou de l'inactivité
  • 10:04 - 10:07
    ou des gens qui ne sont pas
    épanouis dans leurs activités
  • 10:07 - 10:10
    et qui aimeraient agir plus
    dans le sens de l'intérêt général.
  • 10:10 - 10:14
    Si on met ces deux besoins en regard, si
    on les connecte, qu'est-ce que ça donne ?
  • 10:14 - 10:16
    Là, il y a déjà des débuts
    d'exemples aussi.
  • 10:16 - 10:18
    Je pense au Conseil Général de la Gironde
    qui a mis en place
  • 10:18 - 10:21
    une bourse d'échange
    de services et de savoir.
  • 10:22 - 10:26
    C'est des pistes mais qui peuvent,
    à mon avis, nous emmener loin.
  • 10:26 - 10:29
    Il y a un troisième exemple
    qui me semble primordial :
  • 10:29 - 10:31
    c'est l'impôt.
  • 10:31 - 10:33
    Aujourd'hui, on paie nos impôts
    en argent.
  • 10:33 - 10:36
    Est-ce qu'on ne pourrait pas remplacer cet
    impôt par de la contribution directe ?
  • 10:36 - 10:38
    Parce qu'en fait le principe
    même de l'impôt,
  • 10:38 - 10:40
    j'ai l'impression qu'il
    est en train de mourir.
  • 10:40 - 10:43
    Déjà, les entreprises et les contribuables
    les plus riches,
  • 10:43 - 10:45
    ils réussissent à échapper à l'impôt
  • 10:45 - 10:49
    et puis ce recours à l'impôt,
    il est bouleversé par le développement
  • 10:49 - 10:50
    des monnaies mondiales ou locales,
  • 10:50 - 10:52
    par les plateformes d'échange
    direct sur Internet,
  • 10:52 - 10:56
    par la dématérialisation et la
    multiplication exponentielle des échanges
  • 10:56 - 10:58
    qui deviennent du coup incontrôlables,
  • 10:58 - 11:01
    par l'abandon progressif du pouvoir de
    création monétaire
  • 11:01 - 11:03
    par les États-nations
    au profit de grandes banques,
  • 11:03 - 11:07
    par la concurrence fiscale entre des
    États et du coup le recours accru
  • 11:07 - 11:09
    à des paradis fiscaux,
  • 11:09 - 11:11
    par la folie de la finance, le trading
    haute fréquence,
  • 11:11 - 11:12
    les marchés spéculatifs...
  • 11:12 - 11:15
    Tout ça, c'est en train de remettre
    en cause ce principe de l'impôt
  • 11:15 - 11:18
    et pourtant toute notre société,
    elle est basée là-dessus.
  • 11:18 - 11:21
    Si on essaye de contourner ce
    fonctionnement, qu'est-ce que ça donne ?
  • 11:21 - 11:24
    Est-ce qu'on ne peut pas,
    pour éviter que l'argent se concentre
  • 11:24 - 11:25
    dans les mains des plus riches,
  • 11:25 - 11:29
    et continue à se concentrer
    dans les mains des plus riches,
  • 11:29 - 11:30
    finalement créer une contribution-temps
  • 11:30 - 11:33
    dans laquelle chacun doit
    consacrer un temps minimum
  • 11:33 - 11:35
    au profit de l'intérêt général
  • 11:35 - 11:38
    en contribuant directement
    à des services communs
  • 11:38 - 11:40
    et en échange, on reçoit
    les services vitaux minimums,
  • 11:40 - 11:42
    ce qui ne nous empêche pas
    de continuer à travailler,
  • 11:42 - 11:44
    d'avoir la liberté de faire les deux.
  • 11:44 - 11:47
    Il y a des exemples, là aussi,
    aujourd'hui qui bouleversent
  • 11:47 - 11:48
    ce paysage-là,
  • 11:48 - 11:50
    par exemple, des banques de temps,
  • 11:50 - 11:52
    des systèmes d'échange locaux,
    des « SEL ».
  • 11:53 - 11:57
    Le Bitcoin qui est une monnaie mondiale
    et qui pose ces questions de la monnaie
  • 11:57 - 11:59
    ou toutes les monnaies citoyennes
    et locales :
  • 11:59 - 12:03
    le SoNantes à Nantes,
    le Symba en Ile-de-France,
  • 12:03 - 12:04
    le Sol-violette à Toulouse,
  • 12:04 - 12:07
    et un peu partout, il y a des monnaies
    qui se créent.
  • 12:07 - 12:09
    Ça revient remettre en cause cette
    place aussi de l'impôt.
  • 12:09 - 12:13
    Et le quatrième sujet qu'il faut aborder,
    c'est, d'après moi, la démocratie.
  • 12:14 - 12:16
    On en parlait en introduction.
  • 12:16 - 12:18
    Qu'est-ce que c'est,
    ce mot « démocratie » ?
  • 12:18 - 12:22
    Aujourd'hui, je pense qu'il faut une
    nouvelle démocratie pour le XXIème siècle
  • 12:22 - 12:25
    mais notre système représentatif a été
    inventé, il faut bien se rendre compte,
  • 12:25 - 12:28
    à une époque où
    80% des gens ne savaient pas
  • 12:28 - 12:34
    lire ou écrire, à une époque où la radio,
    la télé et Internet n'existaient pas,
  • 12:34 - 12:38
    et quand on prend le mot « démocratie »,
    ça veut dire « le pouvoir aux gens. »
  • 12:38 - 12:41
    On a énormément gagné en pouvoir d'agir
    individuel.
  • 12:41 - 12:43
    Internet, ça change
    la manière qu'on a de s'informer,
  • 12:43 - 12:46
    de communiquer,
    de travailler, de se former...
  • 12:47 - 12:51
    Est-ce qu'on ne pourrait pas aujourd'hui
    gagner aussi en pouvoir de décider
  • 12:51 - 12:52
    et d'agir collectivement ?
  • 12:52 - 12:53
    Est-ce qu'on ne pourrait pas,
  • 12:53 - 12:56
    au lieu de déléguer notre pouvoir
    de décision et d'action
  • 12:56 - 13:00
    à une administration ou à des élus,
    reprendre une partie de ce pouvoir
  • 13:00 - 13:03
    et avoir un autre rôle pour
    les élus et les administrations
  • 13:03 - 13:05
    qui soit plus
    l'animation de ce pouvoir,
  • 13:05 - 13:08
    qui soit plus l'encadrement
    de ce pouvoir
  • 13:08 - 13:10
    mais qu'on le récupère nous-mêmes ?
  • 13:10 - 13:13
    Est-ce qu'on ne pourrait pas écrire
    ensemble des nouvelles règles du jeu ?
  • 13:13 - 13:15
    Ne plus penser à la Constitution
    au singulier
  • 13:15 - 13:17
    mais la conjuguer dans tous les territoires,
  • 13:17 - 13:18
    un peu comme des poupées gigognes,
  • 13:18 - 13:21
    parce qu'à l'échelle du quartier,
    on a besoin de nouvelles règles du jeu.
  • 13:21 - 13:22
    A l'échelle du bassin de vie aussi,
  • 13:22 - 13:25
    à l'échelle de la région,
    à l'échelle de l'État-nation,
  • 13:25 - 13:30
    à l'échelle du continent ou de la planète.
    Là aussi, on a des enjeux globaux
  • 13:30 - 13:32
    qu'on a en face de nous et il faut
    qu'on ait des règles du jeu,
  • 13:32 - 13:36
    une organisation qui nous permette
    de répondre à ces enjeux.
  • 13:36 - 13:39
    Donc des constitutions complémentaires,
    qui aillent du local au global
  • 13:39 - 13:42
    et qui soient écrites par les citoyens
    pour les citoyens.
  • 13:44 - 13:47
    Et finalement, est-ce qu'on ne pourrait
    pas tous proposer un projet
  • 13:47 - 13:51
    d'intérêt général sur les plateformes
    de répartition des services communs ?
  • 13:52 - 13:55
    C'est-à-dire que, moi ou
    mon parti politique,
  • 13:55 - 13:57
    si je suis dans un parti,
    ou mon association
  • 13:57 - 14:00
    ou mon organisation, propose
    quelque chose en disant :
  • 14:00 - 14:02
    « Ça, je pense que ça irait
    dans le sens de l'intérêt général
  • 14:02 - 14:04
    et je suis d'accord pour l'animer. »
  • 14:04 - 14:06
    Et qui est-ce qui déciderait
    si, oui ou pas,
  • 14:06 - 14:09
    ça va dans le sens de l'intérêt général,
    ça pourrait être des jurys citoyens,
  • 14:09 - 14:12
    des groupes de citoyens tirés au sort,
    formés, informés,
  • 14:12 - 14:15
    qui peuvent aller voir des experts,
    débattre de manière contradictoire,
  • 14:15 - 14:18
    et décider si, oui ou non, ça va
    dans le sens de l'intérêt général,
  • 14:18 - 14:20
    parce que tout le monde est capable
    de situer l'intérêt général
  • 14:20 - 14:23
    après en avoir débattu.
    C'est comme les jurys citoyens :
  • 14:23 - 14:27
    tout le monde est capable de dire
    « coupable » ou « innocent »
  • 14:27 - 14:28
    après en avoir débattu.
  • 14:29 - 14:32
    Là aussi, il y a des exemples qui
    commencent à arriver.
  • 14:32 - 14:34
    Je pense par exemple à des villes qui
    mettent en place des tableaux de bord
  • 14:34 - 14:38
    qui permettent de piloter et de rendre
    transparent les politiques publiques.
  • 14:38 - 14:40
    Et en fait, on voit la politique publique
    se faire au fur et à mesure.
  • 14:40 - 14:42
    Aujourd'hui, on ne peut pas
    encore y participer,
  • 14:42 - 14:46
    mais Internet change déjà
    la manière qu'ont les collectivités
  • 14:46 - 14:47
    de gouverner.
  • 14:47 - 14:50
    Je pense qu'il n'y a pas besoin
    d'attendre que les choses changent
  • 14:50 - 14:52
    à l'échelle nationale ou mondiale
    pour agir.
  • 14:52 - 14:55
    On peut déjà construire des nouvelles
    règles du jeu et les expérimenter.
  • 14:55 - 14:58
    On peut déjà mettre en œuvre
    des nouveaux types de fonctionnement
  • 14:58 - 15:01
    dans nos quartiers, dans nos villages,
    et c'est un peu dans ce sens-là
  • 15:01 - 15:04
    que le collectif avec lequel j'agis,
    Démocratie Ouverte,
  • 15:04 - 15:07
    est en train de proposer un programme
    qui s'appelle
  • 15:07 - 15:08
    « Territoire hautement citoyen »
  • 15:08 - 15:12
    et qui propose aux collectivités locales
    d'animer et d'expérimenter
  • 15:12 - 15:15
    des transitions démocratiques locales.
  • 15:16 - 15:18
    Durant tout mon tour de France,
    à chaque rencontre,
  • 15:18 - 15:21
    j'ai demandé à celui qui m'accueillait
    de me dessiner le monde dans lequel
  • 15:21 - 15:23
    il rêverait de vivre.
  • 15:23 - 15:24
    Et vous ?
  • 15:24 - 15:27
    Si vous deviez dessiner
    une société idéale,
  • 15:27 - 15:30
    laquelle est-ce que vous dessineriez ?
    A quoi ça ressemblerait ?
  • 15:30 - 15:33
    Après avoir passé six mois à poser
    inlassablement cette question,
  • 15:33 - 15:35
    j'ai eu envie d'y répondre.
  • 15:35 - 15:38
    C'est ça qui a inspiré
    cette anti-candidature présidentielle,
  • 15:38 - 15:39
    c'est ça qui inspire le bouquin
    que je suis en train d'écrire,
  • 15:39 - 15:42
    c'est ça qui inspire
    Démocratie Ouverte
  • 15:42 - 15:44
    et le collectif dans lequel on travaille,
  • 15:44 - 15:48
    et ce que je vous invite à faire ce soir,
  • 15:48 - 15:50
    c'est à redonner ses lettres de noblesse
    à la politique.
  • 15:50 - 15:53
    Parce qu'en fait, tous ces problèmes
    que notre société rencontre,
  • 15:53 - 15:54
    dont on parle ce soir,
  • 15:54 - 15:58
    ils viennent avant tout de la manière dont
    on s'organise pour vivre ensemble
  • 15:58 - 15:59
    sur la planète.
  • 15:59 - 16:02
    Autrement dit, c'est des problèmes
    qui sont profondément politiques,
  • 16:02 - 16:04
    des problèmes de gouvernance
  • 16:04 - 16:06
    et on constate que la société
    ne tourne pas rond.
  • 16:06 - 16:08
    Là-dessus, on est d'accord,
    il y a des choses à changer
  • 16:08 - 16:10
    mais quand on regarde de plus près,
    on se rend compte que
  • 16:10 - 16:12
    le monde, il est déjà en train
    de se métamorphoser.
  • 16:12 - 16:15
    Quand on prend une loupe,
    on regarde que les racines
  • 16:15 - 16:18
    de ce nouveau monde, elles sont déjà
    là aujourd'hui.
  • 16:18 - 16:19
    Ceux qui font le monde de demain,
  • 16:19 - 16:22
    ils sont en train de porter
    des alternatives au modèle dominant.
  • 16:22 - 16:24
    Il y en a sûrement beaucoup
    dans la salle.
  • 16:24 - 16:26
    Il y en a un peu partout,
    en France et dans le monde.
  • 16:26 - 16:30
    Alors ce soir, j'ai une chose
    à vous proposer : allons-y !
  • 16:31 - 16:33
    Lançons-nous !
  • 16:33 - 16:37
    Soyons du côté des solutions
    plutôt que d'être du côté
  • 16:37 - 16:38
    de la dénonciation des problèmes.
  • 16:38 - 16:40
    Arrêtons de tirer les sonnettes d'alarme !
  • 16:40 - 16:44
    Agissons concrètement
    dans nos vies
  • 16:44 - 16:50
    et n'attendez pas 2017 pour devenir
    co-président de cette nouvelle société.
  • 16:50 - 16:51
    Merci.
  • 16:51 - 16:55
    (Applaudissements)
Title:
Transition démocratique | Armel Le Coz | TEDxReims
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Dans son intervention à TEDxReims en 2014, Armel Le Coz nous propose son anti-candidature à la présidence de la République. Par ce biais, il nous présente une approche questionnant la citoyenneté et la démocratie. Sa proposition évoque la démocratie ouverte, la citoyenneté active, le débat public, la transparence. Ces nouvelles règles du jeu permettent de rendre une place aux citoyens.

Cofondateur de Parlement & Citoyens et du collectif Démocratie Ouverte, Armel Le Coz s’engage au quotidien pour des démocraties plus efficaces et responsables. Durant les élections municipales de 2014, il part 6 mois sur les routes de France à la rencontre des citoyens et des maires innovants. Armel s’intéresse de près aux modèles émergents du partage et de « l’ouvert » : OpenGov, OpenData, économie collaborative, etc.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:58

French subtitles

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