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Pas de villes intelligentes sans tiers lieux libres et opensource ! | Yoann Duriaux | TEDxReims

  • 0:14 - 0:17
    La première fois que j'ai vécu
    une révolution, j'avais 7 ans.
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    C'est lorsqu'on m'a offert cet appareil,
    un ordinateur, un TO7 de Thomson.
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    Comme vous, j'ignorais à quoi
    ça pouvait servir à cette époque,
  • 0:25 - 0:28
    mais je n'ai eu aucun problème
    pour me l'approprier.
  • 0:28 - 0:31
    Je vais vous donner la recette,
    c'est assez simple.
  • 0:31 - 0:34
    J'ai d'abord appuyé sur le bouton,
    j'ai utilisé l'appareil.
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    J'étais très fort sur le numéro 3,
    régler le crayon optique.
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    C'était le plus facile, et quand
    on ne comprend pas une technologie,
  • 0:41 - 0:42
    il faut faire le plus simple.
  • 0:42 - 0:47
    Rapidement, j'ai commencé
    à me familiariser avec ce bel outil.
  • 0:47 - 0:49
    J'ai commencé à le comprendre,
    à voir son fonctionnement.
  • 0:49 - 0:52
    J'ai commencé à interagir avec la machine.
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    Je n'en suis pas resté là,
    j'ai voulu l'améliorer.
  • 0:55 - 0:59
    On pouvait commander un clavier,
    ça faisait plus « ordinateur »,
  • 0:59 - 1:02
    c'était le côté culturel.
  • 1:02 - 1:04
    C'est devenu le TO 7-70.
  • 1:04 - 1:06
    Bien sûr, ce qui m'a beaucoup
    passionné aussi,
  • 1:06 - 1:09
    c'est de commencer à contribuer,
    fabriquer mes jeux,
  • 1:09 - 1:11
    ou participer aux jeux de mes copains,
  • 1:11 - 1:13
    qu'on se partageait à l'école
    sur des disquettes.
  • 1:14 - 1:16
    Pourquoi était-ce une révolution ?
  • 1:16 - 1:19
    Parce que pour la première fois,
    j'ai compris ce qu'était la liberté,
  • 1:19 - 1:22
    ce qui formera le socle
    de ma culture tout au long de ma vie.
  • 1:22 - 1:28
    La liberté est avant tout la possibilité
    d'utiliser, de modifier, de distribuer,
  • 1:28 - 1:30
    et surtout la possibilité de comprendre.
  • 1:32 - 1:35
    On ne peut pas parler de technologie
    sans les légendes et mythes qui vont avec,
  • 1:35 - 1:38
    puisqu'une technologie
    devient évidente pour tous
  • 1:38 - 1:40
    à partir du moment où
    on a des mythes et des légendes.
  • 1:40 - 1:44
    J'ai découvert WarGames, le hacking,
  • 1:44 - 1:46
    où ce jeune déboulait
    sur le réseau Arpanet,
  • 1:46 - 1:50
    se connectait à un jeu et, croyant jouer,
    déclenchait une guerre thermo-nucléaire.
  • 1:50 - 1:53
    Ouah, effet magnifique !
  • 1:53 - 1:56
    Paradoxalement, la personne
    qui m'avait offert l'ordinateur -
  • 1:56 - 1:59
    un signe, peut-être -
    m'a emmené voir un film,
  • 1:59 - 2:02
    « 2001, l'odyssée de l'espace »,
    de Stanley Kubrick,
  • 2:02 - 2:03
    dans lequel un ordinateur, HAL,
  • 2:03 - 2:06
    commence à prendre
    le contrôle du vaisseau.
  • 2:06 - 2:08
    Ça fait peur, et évidemment,
    on me freinait.
  • 2:08 - 2:12
    Je ne connaissais pas la technologie
    que déjà on m'avait mis des freins.
  • 2:12 - 2:16
    Ce qui s'est passé alors,
    c'est que je suis d'une génération
  • 2:16 - 2:18
    où on a mis la technologie
    en haut de la pyramide.
  • 2:18 - 2:21
    Elle nous a donné
    des légendes et des mythes,
  • 2:21 - 2:22
    et ça a fait ma culture.
  • 2:22 - 2:25
    J'ai cru longtemps que l'évolution,
    c'était la technologie,
  • 2:25 - 2:28
    peut-être comme certains dans la salle.
  • 2:28 - 2:30
    Voilà à peu près l'effet que ça m'a fait.
  • 2:30 - 2:34
    Je vous rassure, la techno,
    le geek, c'est vite passé à côté.
  • 2:34 - 2:37
    Comme on nous l'a dit à l'accueil,
    on vivait nos crises à notre manière,
  • 2:38 - 2:41
    le chômage, les problèmes
    dans le monde, etc.
  • 2:42 - 2:46
    Tout ça s'est bien déroulé
    jusqu'en 2004.
  • 2:46 - 2:48
    Peut-être, à la naissance
    de mon deuxième enfant,
  • 2:48 - 2:52
    j'ai pris conscience
    que le monde n'allait pas très bien,
  • 2:52 - 2:57
    et j'ai voulu faire des choses, m'engager
    dans des associations, des collectifs.
  • 2:58 - 3:02
    En mettant le numérique et ma culture
    geek au cœur de tout ça,
  • 3:02 - 3:06
    je me suis dit : « C'est bizarre, on peut
    faire beaucoup avec le numérique,
  • 3:06 - 3:09
    et Jaurès, Diderot, d'Alembert,
    l'aurait utilisé dans leurs œuvres,
  • 3:09 - 3:11
    mais aujourd'hui, non. »
  • 3:11 - 3:15
    Ici au milieu, c'est une bibliothèque
    en France, il y a quatre ans.
  • 3:15 - 3:17
    Voilà le niveau de considération
    du numérique.
  • 3:17 - 3:21
    Je me suis intéressé à plein de sujets :
    les problèmes d'inondation, d'eau,
  • 3:21 - 3:24
    l'empreinte écologique dont
    certains ont entendu parler.
  • 3:24 - 3:27
    Lorsque je me suis intéressé au sujet,
  • 3:27 - 3:31
    les ressources de la planète étaient
    consommées au mois d'octobre.
  • 3:31 - 3:34
    Cet été, elles l'ont été le 19 août.
  • 3:34 - 3:36
    Tout ça pour dire qu'en m'engageant,
  • 3:36 - 3:39
    je n'avais plus de famille
    ou d'amis, plus rien.
  • 3:39 - 3:42
    J'étais tout le temps dans
    des associations, des collectifs.
  • 3:43 - 3:47
    Et puis, j'allumais la télé,
    la radio, et rien ne s'améliorait.
  • 3:47 - 3:49
    Ça, c'était ma méthode.
  • 3:49 - 3:52
    Soyons un peu auto-critique,
    reconnaissons pourquoi ça ne marche pas.
  • 3:52 - 3:55
    J'avais ce tempérament,
    peut-être de forain -
  • 3:55 - 3:57
    mon père l'était, j'ai connu
    cette aventure des marchés -
  • 3:58 - 3:59
    et beaucoup de confiance en moi.
  • 3:59 - 4:03
    Ça me paraissait évident, donc j'avais
    une méthode de passage en force.
  • 4:03 - 4:05
    Je suis de la génération Internet,
  • 4:05 - 4:08
    donc il y a les choses qu'on fait
    dans sa rue, son immeuble,
  • 4:08 - 4:10
    et celles qu'on vit en ligne.
  • 4:10 - 4:12
    Je n'arrêtais pas de faire le yoyo.
  • 4:12 - 4:14
    Je m'investissais beaucoup en ligne,
  • 4:14 - 4:18
    et mes copains en bas me disaient :
    « T'es trop perché, hors sol »,
  • 4:18 - 4:19
    alors j'allais sur le terrain,
  • 4:19 - 4:22
    et là on me disait :
    « T'es bouseux, terre-à-terre. »
  • 4:22 - 4:24
    Je n'arrêtais pas
    de faire cet aller-retour.
  • 4:24 - 4:29
    En fait, j'ai compris qu'on avait
    un vrai problème : la confiance.
  • 4:29 - 4:33
    Nous sommes actuellement dans
    une société qui ne se fait plus confiance.
  • 4:33 - 4:37
    Même quand on se fait confiance, le
    problème suivant, c'est la bienveillance.
  • 4:37 - 4:39
    La confiance doit durer.
  • 4:39 - 4:42
    Avec ces allers-retours
    entre le hors sol et le in vivo,
  • 4:42 - 4:45
    derrière vous, des choses se désagrègent.
  • 4:45 - 4:47
    C'est peut-être pour ça -
    sans tirer de conclusion -
  • 4:47 - 4:50
    que notre monde associatif
    se porte si mal,
  • 4:50 - 4:54
    que l'économie sociale et solidaire
    peine encore à créer des emplois,
  • 4:55 - 4:58
    à régler les choses qui vont mal
    dans le monde, etc.
  • 4:59 - 5:03
    On pourrait se dire :
    « Il est rentré chez lui, il a arrêté »,
  • 5:03 - 5:05
    mais non, pas du tout,
    j'ai commencé à m'intéresser
  • 5:05 - 5:08
    à ce qu'on voyait entre
    le hors-ligne et le en-ligne.
  • 5:08 - 5:10
    Et là, j'ai découvert les tiers lieux,
  • 5:10 - 5:15
    d'abord par un sociologue qui avait écrit
    une étude pour Starbucks Coffee
  • 5:15 - 5:18
    où il expliquait qu'il y avait
    des tiers espaces.
  • 5:18 - 5:23
    Là, j'ai compris que contrairement
    à ce qu'on m'avait appris,
  • 5:23 - 5:26
    la technologie revenait
    à sa vraie place d'outil,
  • 5:26 - 5:30
    et que ce sont les gens qui poussaient
    des cultures et des mythes -
  • 5:30 - 5:32
    très important !
  • 5:32 - 5:34
    Qu'est-ce qu'un tiers lieu ?
  • 5:34 - 5:38
    Je pourrais vous en parler des heures,
    je suis un passionné.
  • 5:38 - 5:42
    C'est d'abord un endroit
    où on vient travailler pour soi.
  • 5:42 - 5:45
    Ce n'est jamais un lieu qui est
    trop ou pas assez animé.
  • 5:45 - 5:47
    On vient pour soi,
    on ouvre son ordinateur -
  • 5:47 - 5:49
    et ça concerne tous
    ces travailleurs nomades
  • 5:49 - 5:54
    qui utilisent de plus en plus
    les ordinateurs - et on se connecte.
  • 5:54 - 5:56
    Et ça, ça a donné le télétravail.
  • 5:56 - 5:59
    Rapidement, c'est l'ennui, donc
    on a voulu travailler avec d'autres,
  • 5:59 - 6:01
    et ça a donné le coworking,
  • 6:01 - 6:03
    un mouvement américain
    qui est arrivé en Europe,
  • 6:03 - 6:07
    et on mélange le travail
    seul ou à plusieurs.
  • 6:08 - 6:11
    Ces gens qui travaillent différemment
    vivent différemment,
  • 6:11 - 6:15
    que ce soit dans leurs amplitudes horaires
    ou leurs modes de consommation.
  • 6:15 - 6:18
    Au lieu de se vendre, on se donne,
    on se prête, on se loue.
  • 6:18 - 6:21
    Puis sont arrivées les imprimantes 3D,
    dont vous avez entendu parler.
  • 6:21 - 6:24
    On n'en est pas à la révolution
    industrielle de Rifkin,
  • 6:24 - 6:27
    mais on commence à en avoir
    dans tous ces tiers lieux,
  • 6:27 - 6:31
    et on peut réparer la télécommande,
    prototyper un objet qu'on n'a pas,
  • 6:32 - 6:34
    imprimer une pièce d'une armoire IKEA.
  • 6:34 - 6:36
    On vit donc un peu différemment.
  • 6:36 - 6:39
    Ce qui me passionne, c'est que ce sont
    des gens qui entreprennent autrement,
  • 6:39 - 6:43
    qui se sont réappropriés
    le mot « entreprendre » si galvaudé,
  • 6:43 - 6:47
    et qui peut-être ne plaisait pas à l'ESS,
    à l'éducation populaire.
  • 6:47 - 6:49
    Revenons sur le mot « entreprendre ».
  • 6:49 - 6:52
    C'est tout simplement
    faire à plusieurs, faire ensemble.
  • 6:52 - 6:55
    Rémunéré ou pas,
    j'ai entrepris une œuvre.
  • 6:55 - 6:58
    Et ces tiers lieux ont une autre
    façon d'entreprendre.
  • 6:58 - 7:01
    Si dans ce travailler, vivre
    et entreprendre autrement,
  • 7:01 - 7:05
    vous ne parlez plus de rôles, grades,
    chefs, argent ou pas d'argent,
  • 7:05 - 7:08
    mais de rôles et postures,
    vous remettez de la poésie.
  • 7:08 - 7:10
    C'est ce que j'aime dans les tiers lieux,
  • 7:10 - 7:12
    on parle de concierges,
    veilleuses, jardiniers,
  • 7:12 - 7:14
    ce qui change beaucoup de choses.
  • 7:14 - 7:18
    Ne cherchez pas un tiers lieux,
    pas besoin de militantisme,
  • 7:19 - 7:20
    on le vit, point barre.
  • 7:20 - 7:23
    Il faut le vivre : vous venez
    une, deux fois.
  • 7:23 - 7:27
    Vous en visitez un, deux, et là
    vous comprendrez l'ADN des tiers lieux.
  • 7:27 - 7:30
    Le Comptoir Numérique, c'est
    une bande de crapauds fous, à St-Étienne,
  • 7:30 - 7:34
    qui avaient envie de mélanger
    médiation numérique, coworking
  • 7:34 - 7:38
    et hacker-space de façon spontanée.
  • 7:38 - 7:41
    On a appris en marchant
    et ça a donné le Comptoir.
  • 7:41 - 7:43
    Derrière, on a rencontré plein de gens,
  • 7:43 - 7:47
    et on a créé la Communauté
    Francophone des tiers lieux.
  • 7:47 - 7:50
    On a démarré à six, et on est,
    actuellement, 1 700-1 800 en francophonie.
  • 7:50 - 7:52
    C'était il y a à peu près trois ans.
  • 7:52 - 7:54
    On en n'est pas restés là,
  • 7:54 - 7:57
    et on s'est dit que,
    quitte à faire un tiers lieu,
  • 7:57 - 8:01
    il faut partager la recette, donc
    on a créé une méthodologie, Movilab,
  • 8:01 - 8:05
    et on a commencé à documenter
    tout ce que nous faisions.
  • 8:05 - 8:08
    Très important : il ne faut pas rester
    juste derrière son ordinateur,
  • 8:08 - 8:12
    rien ne remplacera une petite bière
    bue à Lille avec mes amis lillois,
  • 8:12 - 8:14
    ou un repas entre midi et deux.
  • 8:15 - 8:18
    Et c'est comme ça qu'on apprend
    comment les autres font, c'est important.
  • 8:18 - 8:20
    Étant entrepreneur,
    j'ai besoin de travailler,
  • 8:21 - 8:24
    donc le matin, je fais du coworking,
    et l'après-midi du slow tourisme,
  • 8:24 - 8:27
    c'est-à-dire que ce que je vis fait partie
    intégrante de mon travail.
  • 8:27 - 8:31
    C'est ça la magie, se laisser aller, dans
    une société où on contrôle un peu tout.
  • 8:31 - 8:33
    À côté de ça, avec quelques amis,
  • 8:33 - 8:37
    on a décidé d'organiser le 1er Tour de
    France du Télétravail et des Tiers lieux,
  • 8:37 - 8:41
    qui est un peu le réceptacle de tout ça,
    et on a fait entre 20 et 30 villes.
  • 8:41 - 8:44
    C'est maintenant la 2e année
    de ce tour de France,
  • 8:44 - 8:48
    et c'est passionnant car on rencontre
    des gens relativement brillants.
  • 8:48 - 8:50
    Voilà, vous savez à peu près
    tout sur les tiers lieux.
  • 8:50 - 8:53
    Il s'en crée tous les jours
    en bas de chez vous.
  • 8:53 - 8:55
    Ce sont des lieux
    qui se revendiquent tiers lieux,
  • 8:55 - 8:59
    pas de bâtiment,
    de grues, ni d'ouvriers,
  • 8:59 - 9:02
    mais des gens qui font,
    qui essaient de changer la société,
  • 9:02 - 9:05
    en étant moins dans le dogme
    ou le prêche, que dans le faire.
  • 9:05 - 9:07
    Ils font, tout simplement.
  • 9:07 - 9:09
    Quelqu'un m'a mis ce livre dans les mains,
  • 9:09 - 9:12
    pendant mon voyage
    de « co-wo-slow tourisme »,
  • 9:12 - 9:14
    et m'a dit : « Tu devrais regarder ça. »
  • 9:14 - 9:16
    Et là, ça a été un gros bouleversement.
  • 9:16 - 9:22
    À chaque page, je lisais la page
    de garde, en pensant : « C'est nous. »
  • 9:22 - 9:26
    J'avais l'impression de voir les gens
    que j'avais vus à Paris, à Lille, etc.
  • 9:26 - 9:29
    Pourquoi ? Parce qu'on
    y rencontre des gens fabuleux.
  • 9:29 - 9:33
    On en a parlé, ce soir, sur Steve Jobs,
    etc. qui veut changer la société.
  • 9:33 - 9:35
    On se réfère à ceux
    qui ont eu des réussites.
  • 9:35 - 9:39
    Des Steve Jobs, des grands inventeurs,
    vous en voyez tous les jours
  • 9:39 - 9:41
    dans ces tiers lieux,
    et c'est passionnant.
  • 9:41 - 9:45
    En termes de technologie, même si j'ai
    une culture geek, j'ai arrêté assez tôt.
  • 9:45 - 9:47
    Vous m'avez vu à 17 ans,
    ce n'était plus vraiment ça.
  • 9:48 - 9:50
    Mais je côtoie des
    technologies tous les jours,
  • 9:50 - 9:52
    quand je travaille pour moi
    sur mon ordinateur.
  • 9:52 - 9:56
    Un Raspberry, un Arduino, je ne
    savais pas ce que c'était il y a un an.
  • 9:56 - 9:58
    Aujourd'hui, je les maîtrise.
  • 9:58 - 10:02
    Et tout ça, sans formation, j'ai
    simplement vu comment ils s'utilisaient.
  • 10:03 - 10:05
    Troisième point de comparaison
  • 10:05 - 10:08
    avec ces premiers geeks
    et hackers, ce sont les lieux.
  • 10:08 - 10:11
    Vous voyez là le premier
    ordinateur de la société IBM
  • 10:11 - 10:15
    qui n'aurait pas pu être une des trois
    sociétés mondiales les plus importantes,
  • 10:15 - 10:19
    si le jour, les ingénieurs n'étaient
    pas venus fabriquer les ordinateurs,
  • 10:19 - 10:21
    et la nuit, les hackers,
    les petits jeunes du 3e,
  • 10:21 - 10:25
    n'étaient pas montés et corrigeaient
    les erreurs des spécialistes.
  • 10:25 - 10:27
    C'est tout ça qui a fait
  • 10:27 - 10:30
    qu'on a eu le succès de l'informatique
    que l'on connaît aujourd'hui.
  • 10:30 - 10:34
    C'est très chouette
    les technologies qu'ils ont sorties,
  • 10:34 - 10:38
    mais ce sont peut-être les garages
    dans lesquels ils les ont fabriquées
  • 10:38 - 10:40
    sur lesquels on aurait
    dû se fixer à l'époque.
  • 10:42 - 10:44
    Je suis persuadé
    que plein de gens doutent,
  • 10:44 - 10:47
    mais vous êtes déjà dans une
    société 2.0, là, dans votre poche.
  • 10:47 - 10:50
    Vous pouvez ouvrir vos
    smartphones ou vos ordinateurs,
  • 10:50 - 10:52
    que vous ayez 20 ans ou 80 ans,
  • 10:52 - 10:57
    comme ma grand-mère
    qui a Facebook et Twitter,
  • 10:57 - 10:59
    voilà ce que ça a donné.
  • 11:00 - 11:02
    Pourquoi avez-vous cette société 2.0
    dans votre poche ?
  • 11:02 - 11:05
    Eh bien, parce qu'on a fait
    des choix - simplicité, design -
  • 11:05 - 11:09
    et aujourd'hui, pas une entreprise
    ou structure ne travaille sans ordinateur.
  • 11:10 - 11:12
    Le développement de ces
    technologies n'a pas empêché
  • 11:12 - 11:14
    celui de nouvelles
    activités professionnelles.
  • 11:14 - 11:17
    À ma connaissance,
    tout le monde utilise ces outils.
  • 11:17 - 11:19
    Une chose m'a beaucoup plu,
  • 11:19 - 11:23
    c'est le petit troisième, dont on parle
    moins, mais qui pourtant est libre,
  • 11:23 - 11:25
    c'est le fameux GnuLinux.
  • 11:25 - 11:28
    Ici personne n'utilise GnuLinux.
  • 11:28 - 11:32
    Non, vous n'utilisez pas GnuLinux
    mais une distribution,
  • 11:32 - 11:33
    et c'est ça qui est fabuleux :
  • 11:33 - 11:36
    le capital informationnel commun
    à l'intérieur de ce logiciel
  • 11:36 - 11:38
    appartient à tout le monde.
  • 11:38 - 11:41
    À partir de lui, vous pouvez
    fabriquer votre distribution,
  • 11:42 - 11:45
    qui s'appellera Ubuntu, Fedora, Mint,
    et ce sont eux que vous utilisez.
  • 11:46 - 11:49
    GnuLinux est simplement
    un patrimoine informationnel commun.
  • 11:49 - 11:52
    L'avantage de travailler
    sur un patrimoine commun,
  • 11:52 - 11:54
    c'est qu'on ne fait pas
    que de la technologie,
  • 11:54 - 11:57
    mais on permet aussi d'influencer
    de grands mouvements,
  • 11:57 - 12:03
    en l'occurrence Wikipedia, OpenStreetMap,
    le projet de cartographie libre
  • 12:03 - 12:05
    dont je ne pourrais pas me passer.
  • 12:05 - 12:07
    Voilà l'avantage du libre
    par rapport au propriétaire.
  • 12:07 - 12:10
    Il est parfois moins simple, moins design,
  • 12:10 - 12:12
    mais il vous permet de faire
    beaucoup plus de choses.
  • 12:13 - 12:15
    Alors ça m'a paru évident,
  • 12:15 - 12:17
    mais il y a un an ou deux,
    je n'arrivais plus à dormir,
  • 12:17 - 12:21
    persuadé que nous avions inventé
    l'ordinateur du XXIe siècle.
  • 12:21 - 12:23
    Si on compare nos tiers lieux,
  • 12:23 - 12:25
    ce sont bien des lieux,
    des espaces, tous différents,
  • 12:25 - 12:30
    comme vos ordinateurs, HP, IBM:
    vos coquilles sont différentes.
  • 12:30 - 12:32
    À l'intérieur, il y a
    un système d'exploitation.
  • 12:32 - 12:35
    Que vous ayez choisi
    le simple, le design, le libre,
  • 12:35 - 12:38
    ce système est un langage qui
    permet à la machine de tourner.
  • 12:38 - 12:40
    Puis vous avez des logiciels.
  • 12:40 - 12:44
    Pourquoi ne pas réfléchir
    à Disco Soupe, Ouishare, Makesense,
  • 12:44 - 12:48
    ces mouvements qui dans le hors sol
    emmènent des tas de gens.
  • 12:48 - 12:54
    Ouishare a réuni, en un an, 46 pays
    sur la consommation collaborative.
  • 12:55 - 12:58
    Et si on y réfléchissait en terme
    de logiciel pour nos tiers lieux ?
  • 12:58 - 13:01
    On aurait moins besoin
    de parler et on pourrait agir.
  • 13:01 - 13:04
    Enfin, dernier point,
    les groupes d'utilisateurs,
  • 13:04 - 13:07
    comme ceux qui ont amélioré
    le GnuLinux de l'époque.
  • 13:09 - 13:11
    C'est toujours trop court
    pour parler d'une passion,
  • 13:11 - 13:14
    et si certains pensent
    que je ne suis pas concret,
  • 13:14 - 13:16
    on va être très concret pour finir.
  • 13:16 - 13:20
    La concrétude est un mal
    dont nous souffrons tous en ce moment.
  • 13:20 - 13:23
    Dès que vous dites quelque chose
    de différent, on demande d'être concret.
  • 13:23 - 13:25
    C'est une injure car la concrétude,
  • 13:25 - 13:29
    pour un chômeur, c'est toucher
    son salaire en fin de mois,
  • 13:29 - 13:31
    pour quelqu'un à la rue, c'est dormir,
  • 13:31 - 13:35
    pour un grand patron, c'est d'éviter que
    10 000 personnes se retrouvent au chômage.
  • 13:35 - 13:37
    Chacun a sa façon d'être concret.
  • 13:37 - 13:40
    Si vous voulez qu'on le soit,
    ça va être simple :
  • 13:40 - 13:43
    aujourd'hui, il se crée des tiers lieux
    partout, tous les jours, chez nous.
  • 13:43 - 13:46
    Et ce sont des jeunes, des vieux,
    des gens qui travaillent,
  • 13:46 - 13:49
    des gens cherchant
    à entreprendre, qui les créent.
  • 13:49 - 13:51
    Ils n'ont pas besoin de faire des TEDx.
  • 13:51 - 13:54
    Par contre, ils ont envie de vous aider,
    de nous aider globalement,
  • 13:54 - 13:58
    et ils aimeraient que cette façon de
    travailler, vivre, entreprendre autrement,
  • 13:58 - 14:01
    ils puissent la partager comme
    un réseau internet avec d'autres,
  • 14:01 - 14:03
    car chacun se spécialise
    dans une particularité.
  • 14:04 - 14:07
    Certains sont très bons en mobilité,
    ils ont réfléchi aux nouvelles façons
  • 14:07 - 14:12
    de se prêter des vélos, des voitures
    ou de les louer entre particuliers.
  • 14:12 - 14:15
    D'autres sont très bons
    sur l'éducation, d'autres sur l'emploi.
  • 14:15 - 14:16
    Tout va dépendre.
  • 14:16 - 14:19
    On a une envie de les connecter ensemble.
  • 14:19 - 14:24
    Pour ça, il faut que ces tiers lieux
    aient un patrimoine informationnel commun.
  • 14:24 - 14:26
    On veut y mettre des labels,
    ce qui est très français,
  • 14:27 - 14:31
    et c'est pour ça que nous redemandons
    du libre et de l'opensource, sans label,
  • 14:31 - 14:33
    puisque depuis des années,
    on nous colle des labels,
  • 14:33 - 14:36
    récemment « French Tech » ou « Fablab ».
  • 14:36 - 14:40
    Là où il y avait de la coopération,
    ces labels ont mis de la compétition,
  • 14:40 - 14:42
    et du coup, ça ne marche plus.
  • 14:42 - 14:44
    Donc notre envie, c'est de nous connecter,
  • 14:44 - 14:48
    notre besoin, c'est de fabriquer
    un patrimoine informationnel commun.
  • 14:48 - 14:52
    Je fais appel aux designers :
    si vous n'êtes pas complètement convaincus
  • 14:52 - 14:54
    qu'on a inventé
    l'ordinateur du XXIe siècle,
  • 14:54 - 14:57
    venez nous aider, car il ne manque
    plus qu'une interface design,
  • 14:58 - 15:01
    et, après çà, les tiers lieux,
    faites-les vous-mêmes !
  • 15:01 - 15:02
    Merci.
  • 15:02 - 15:05
    (Applaudissements)
Title:
Pas de villes intelligentes sans tiers lieux libres et opensource ! | Yoann Duriaux | TEDxReims
Description:

Des lieux à la pointe de l'innovation émergent partout en France pour que des initiatives puissent être appropriées par tous et répliquées partout. C'est l'esprit opensource. Certains les considèrent comme la clé de voûte des villes durables et intelligentes.

Yoann Duriaux est le co-fondateur de la méthodologie MoviLab qui permet de transformer des actions locales en savoir universel. Il a participé à la création de la communauté francophone des Tiers Lieux Libres et Opensource (Tilios) qui permet d’appliquer localement cette méthodologie. Il travaille actuellement à la création d’une fondation d’utilité publique visant à soutenir le développement de modes de vies et de production durables.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED, mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:09

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