Le point final du journaliste
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0:00 - 0:07(Thierry Fischer) 23 journalistes,
5 graphistes,2 iconographes, 1 correctrice -
0:07 - 0:111 comptable, 1 secrétaire,
3 employés du marketing. -
0:12 - 0:17Jeudi dernier la Société des rédacteurs
et du personnel de RIngier/Axel Springer -
0:17 - 0:18a diffusé son communiqué,
-
0:18 - 0:23une information qui précise le nombre
de collaborateurs congédiés -
0:23 - 0:28après la décision de l'éditeur germano
-suisse de supprimer la publication -
0:28 - 0:31du magazine romand L'Hebdo.
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0:31 - 0:32Michel Danthe, bonjour.
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0:32 - 0:34(Michel Danthe) Bonjour, Thierry Fischer.
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0:34 - 0:36(TF) Merci beaucoup d'être en direct
dans Médialogues ce matin, -
0:36 - 0:39(MD) Oui, il y a cette - on sort
de trois longues semaines. -
0:39 - 0:43Si vous me demandez comment je vais,
je vous dirai que j'ai très mal dormi -
0:43 - 0:44ces derniers temps.
-
0:44 - 0:47On va rassurer nos auditeurs:
lorsqu'on a posé la même question -
0:47 - 0:52à Ralph Büchi qui est notre
directeur général, qui est rentré -
0:52 - 0:56de ses vacances ensoleillées à Verbier
mercredi pour nous annoncer -
0:56 - 0:59la triste nouvelle avant un peu
tout le monde, -
0:59 - 1:01il nous a confié, lui,
qu'il dormait très bien, -
1:01 - 1:05il s'est un peu excusé d'être
aussi bronzé, mais voilà: -
1:05 - 1:10il nous a annoncé cette nouvelle et depuis
je pense qu'il n'y a pas seulement -
1:10 - 1:12l'équipe de négociation et l'équipe des--
-
1:12 - 1:16la société des rédacteurs
qui dort très mal, mais également -
1:16 - 1:19toutes les personnes qui ont vu
brutalement mettre fin -
1:19 - 1:23à leur carrière professionnelle
dans les journaux qu'ils ont aimés, -
1:23 - 1:24dans les journaux qu'ils ont défendus
-
1:24 - 1:29dans les journaux qu'ils ont vraiment
habité de leur présence, de leur plume, -
1:29 - 1:30de leur intelligence.
-
1:30 - 1:33Ça fait quand même 36 personnes,
-
1:33 - 1:3836 personnes qui sont touchées dans
leur destin professionnel. -
1:38 - 1:42Alors voilà, c'est effectivement une --
des semaines assez tristes. -
1:43 - 1:47Ça arrive après une longue préparation,
on va dire que nous avons un éditeur -
1:48 - 1:50qui est un spécialiste
de la cuisson lente -
1:50 - 1:55et qui nous avait déjà laissé entendre
en septembre de l'année dernière -
1:55 - 1:57qu'il y allait avoir des choses.
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1:57 - 2:02Ces choses, elles ont nourri ensuite,
évidemment, l'anxiété des collaborateurs, -
2:02 - 2:06l'anxiété de tous ceux et celles
qui se battaient pour que L'Hebdo survive, -
2:06 - 2:09pour que Le Temps, également,
puisse défendre sa place -
2:09 - 2:11dans ce paysage médiatique suisse romand.
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2:12 - 2:15Donc de longs mois d'attente,
de longs mois d'angoisse. -
2:15 - 2:20Et puis, bien, cette angoisse
et cette attente ont culminé, -
2:20 - 2:23si j'ose dire, une première fois
le 23 janvier, -
2:23 - 2:25lorsqu'on est venu nous annoncer
-
2:25 - 2:28qu'il fallait faire l'économie
de 37 postes. -
2:28 - 2:33Après quoi notre éditeur s'est lancé
dans une Blitzkrieg, un peu. -
2:33 - 2:36C'est un peu les divisions Guderian
qui débarquent sur la Pologne, -
2:36 - 2:38si j'ose dire.
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2:38 - 2:43Ils nous ont laissé 10 jours pour réagir
à cet état de fait: -
2:43 - 2:4937 postes à économiser, à supprimer,
10 jours pour réfléchir, -
2:49 - 2:5210 jours pour constituer
une équipe de négociaiton. -
2:52 - 3:0010 jours pour consulter, rendre notre avis
et nos mesures alternatives d'économie. -
3:00 - 3:02C'est ce qu'on a fait la semaine passée.
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3:02 - 3:06En 5 jours la direction s'est prononcée
sur ces mesures alternatives, -
3:06 - 3:09elle les a toutes refusées et déclinées.
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3:09 - 3:13Elles consistaient, pour mémoire,
si les gens ne le savent pas, -
3:13 - 3:21à envoyer à la retraite anticipée le cadre
qui avait mené à une telle catastrophe, -
3:21 - 3:28le directeur de Ringier Romandie et un
des rédacteurs en chef de cette newsroom, -
3:28 - 3:30de cette armée mexicaine qui a --
-
3:30 - 3:33(TF) Daniel Pillard et Alain Jeannet,
respectivement. -
3:34 - 3:35(MD) Voilà, oui.
-
3:36 - 3:38Economiser également sur les locaux,
-
3:38 - 3:40parce qu'on a des locaux extrêmement
bling-bling, -
3:40 - 3:42des locaux qui sont un peu pour la montre,
-
3:42 - 3:47pour pouvoir exposer les oeuvres d'art de
la collection Michael Ringier. -
3:47 - 3:53Et donc, on proposait de se serrer
un peu plus pour économiser de l'argent, -
3:53 - 3:55de se serrer un peu plus
pour sauver des postes. -
3:55 - 3:59Tout cela a été refusé et aujourd'hui,
on est devant ce désastre. -
Not Synced(TF) Comment allez-vous --
-
Not Syncedc'est précisément la question que j'allais
vous poser, vous m'avez devancé, -
Not SyncedMichel Danthe, on sent
dans votre témoignage, -
Not Syncedet je vous remercie d'être venu
dans notre studio ce matin, -
Not Syncedon sent évidemment dans votre
témoignage qu'il est chargé. -
Not SyncedOn va rentrer dans les détails
de ce qui s'est déroulé -
Not Syncedpendant les 3 semaines précédentes,
juste avant ça. -
Not SyncedEvidemment, le public romand,
les lecteurs romands -
Not Syncedont croisé votre signature,
inévitablement, -
Not Syncedparce que vous avez une longue expérience,
-
Not Syncedvous faites partie des journalistes
qui comptent en Suisse romande, -
Not Syncedvous êtes journaliste depuis
près de 40 ans -
Not Syncedau sein de nombreuses rédactions romandes.
-
Not SyncedFormation au Journal de Genève,
-
Not Syncedaujourd'hui licencié de la rédaction
du Temps, -
Not Syncedentre les deux et en vrac, Le Courrier,
Le Nouveau Quotidien, -
Not Syncedvous avez été rédacteur en chef
du Matin Dimanche -- -
Not Synced(MD) Alors au Courrier, je n'ai jamais
travaillé au Courrier, -
Not Syncedmais par contre à La Suisse, oui.
-
Not Synced(TF) Voilà, j'ai lu un de vos articles
publié aujourd'hui sur le site du Courrier. -
Not Synced(MD) Oui, ça, c'était quand j'étais
au chômage, je -- -
Not Syncedparce que j'ai été au chômage dans ma vie
et donc une fois, effectivement, -
Not Syncedj'ai écrit un article en freelance
-
Not Syncedque, entre autres, Le Courrier,
par syndication, a repris. -
Not SyncedEt donc aussi La Liberté, je crois.
-
Not Synced(TF) Voilà, ce qui --
-
Not Synced(MD) Ce qui ne manque pas non plus
d'ailleurs de piquant -
Not Syncedparce que je ne suis pas connu
pour être un journaliste de gauche, -
Not Syncedje suis plutôt du camp, on va dire,
opposé. -
Not Synced(TF) Vous avez participé au lancement
du Matin Bleu, -
Not Syncedpris aussi le train
des nouvelles technologies, puisque -
Not Syncedvous vous êtes lancé dans une formation,
-
Not Syncedvous avez été chef de la rubrique
Opinions et débats au Temps: -
Not Syncedresponsabilités donc diverses, on le voit,
responsabilités rédactionnelles, -
Not Syncedresponsabilités d'encadrement,
aujourd'hui encore, -
Not Syncedprésident de la Société des rédacteurs et
du personnel de Ringier / Axel Springer. -
Not SyncedDans votre communiqué,
vous n'y allez pas de main morte, -
Not Syncedvous parlez de carnage.
-
Not Synced(MD) Oui, c'est un carnage,
-
Not Syncedparce qu'il faut savoir
le carnage au Temps. -
Not SyncedD'abord, c'est un enterrement définitif
de l'Hebdo, -
Not Synceddont l'équipe rédactionnelle a été,
j'allais dire, quasiment éradiquée -
Not Syncedà l'exception de son rédacteur en chef
et de quelques autres rédacteurs -
Not Syncedqui travaillaient déjà en pool
dans la rédaction du Temps. -
Not SyncedMais ce qu'a fort bien communiqué
de son point de vue, bien entendu, -
Not Syncedl'éditeur le 23 janvier,
c'est que 37 postes disparaissaient, -
Not Synceddû à la suppression de L'Hebdo.
-
Not SyncedCe sont de pures calembredaines,
bien entendu. -
Not Synced37 postes disparaissent, mais on ne
faisait pas L'Hebdo avec 37 personnes. -
Not SyncedOn faisait L'Hebdo
avec beaucoup moins de personnes. -
Not SyncedOù sont les autres?
-
Not SyncedHé bien les autres, elle sont
dans la rédaction du Temps, -
Not Syncedrédaction du Temps qui aujourd'hui,
est amputée d'un quart de ses effectifs. -
Not SyncedIl faut savoir que c'est la sixième
restructuration depuis que Le Temps existe, -
Not Syncedque l'avant-dernière avait eu lieu en 2015
et qu'elle avait touché 15 personnes, -
Not Syncedque l'avant-avant-dernière
avait eu lieu en 2012 -
Not Syncedet qu'elle avait touché
une dizaine de personnes. -
Not SyncedVous pouvez donc vous imaginer aujourd'hui
quel est l'état, si vous voulez, -
Not Syncedde la rédaction de ce "quality paper" que
l'éditeur aimait à qualifier auparavant -
Not Syncedde journal de référence - il n'utilise
plus aujourd'hui ce "claim", -
Not Syncedcomme on dit en anglais.
-
Not SyncedOn est évidemment,
comme dit le cliché journalistique -
Not Syncedque je conseille
à tous les jeunes journalistes d'éviter -
Not Syncedlorsqu'ils font des titres, mais
on va le réutiliser aujourd'hui. -
Not SyncedQuand on est très ému, c'est
les clichés qui viennent à la bouche: -
Not Syncedon est évidemment sous le choc, atterrés,
fort en colère. -
Not SyncedC'est 25% de l'effectif du Temps
qui aujourd'hui, -
Not Synceden plus de la suppression de L'Hebdo,
disparaissent. -
Not SyncedC'est vous dire qu'à partir de lundi,
à partir des mois qui viennent, -
Not Syncedc'est d'un autre Temps
dont on devra parler. -
Not Synced(TF) Qu'est-ce qui vous met
le plus en colère? -
Not Synced(MD) Mais ce qui me met
le plus en colère, c'est que -
Not Syncedon ait été menés, si vous voulez,
dans cette, dans ce désastre -
Not Syncedpar des gens qui, aujourd'hui, n'ont plus
l'énergie de se battre -- -
Not Synced(TF) Mais les titres, il faut bien
les rentabiliser, Michel Danthe! -
Not Synced(MD) Bien sûr qu'il faut
rentabiliser les titres. -
Not SyncedMais pour rentabiliser les titres,
il ne faut pas mettre -
Not Syncedà leur direction générale des gens
qui attendent leur retraite anti... -
Not Syncedqui attendent leur retraite et
sauver leurs fesses, -
Not Syncedet qui n'ont plus aucune énergie
ni aucune niaque -
Not Syncedpour essayer de défendre cette affaire!
-
Not Synced(TF) Vous avez été trahis?
-
Not Synced(MD) J'ai le sentiment, en tout cas
l'équipe a sans doute le sentiment -- -
Not Syncedje ne veux pas parler pour elle, mais
si je peux interpréter son sentiment, -
Not Syncedd'avoir étés effectivement trahis.
-
Not SyncedIl faut savoir que lorsque Le Temps
a été repris par Ringier, -
Not Syncedil y avait des propositions alternatives,
-
Not Synceddes propositions, par exemple,
d'un groupe d'investisseurs -
Not Syncedqui étaient prêts à s'engager
pour Le Temps, -
Not Synceddes propositions de son management
pour racheter le titre et pour le défendre -
Not Synceddans de petites structures
adaptées à la Suisse romande. -
Not SyncedOn a été repris par un mastodonte
-
Not Syncedqui a ensuite été se mettre en bouche
avec un mastodonte encore plus grand. -
Not SyncedNous sommes une espèce
de petite entité suisse romande -
Not Syncedqui ne fait aucun sens dans un pareil,
si vous voulez, cimetière de dinosaures. -
Not SyncedQue voulez-vous que je vous dise?
-
Not SyncedOn ne peut avoir que de la colère
lorsqu'on constate cela. -
Not Synced(TF) Ce lieu commun dont on parle,
à savoir -- -
Not Synced(MD) Être sous le choc?
-
Not Synced(TF) l'arrogance alémanique,
l'arrogance des centres de décision -
Not Syncedà l'égard d'un pays
comme la Suisse romande, -
Not Syncedpour en arriver à supprimer l'Hebdo et
à amputer la rédaction du Temps, -
Not Syncedc'est approprié?
-
Not Synced(MD) Écoutez, des gens disent l'arrogance,
-
Not Syncedce sont des gens
qui défendent leur logique. -
Not SyncedCe que je critique aujourd'hui, c'est
le fait que connaissant leur logique, -
Not Syncedils aient racheté,
ils se soient emparés du Temps -
Not Syncedqui fonctionnait
dans une toute autre logique. -
Not SyncedAlors, si vous voulez, si un mastodonte
décide de racheter un tout petit, -
Not Syncedune toute petite entité qui aurait
très bien pu se défendre, -
Not Synceden Suisse Romande,
avec des moyens appropriés, -
Not Syncedhé bien, j'ai de la peine à le comprendre.
-
Not SyncedAlors, appelez ça de l'arrogance,
appelez ça de l'inconscience, -
Not Syncedappelez ça du cynisme,
-
Not Syncedmoi, je n'ai pas de mot pour qualifier ça,
j'hésite entre les trois, -
Not Syncedet ma colère est nourrie
de ces trois qualificatifs. -
Not Synced(TF) Michel Danthe, le journalisme,
c'est votre vie. -
Not SyncedQu’est-ce qui disparaît, aujourd'hui?
-
Not Synced(MD) Mais aujourd'hui disparaît
une certaine idée -
Not Syncedqu'on pouvait se faire du journalisme.
-
Not SyncedJe ne suis pas quelqu'un qui va vous dire:
"C'était mieux avant." -
Not Synced(TF) Mais pour vous,
qu'est-ce qui disparaît? -
Not Synced(MD) Disparaît, si vous voulez,
une manière de faire du journalisme -
Not Syncedcomme on a pu le faire jusque dans
les années 2000, -
Not Syncedavant qu'interviennent massivement,
si vous voulez, l'arrivée de l'internet -
Not Syncedet l'arrivée de la dé...
-
Not Syncedsi vous voulez, du fait qu'on peut
parfaitement aujourd'hui, finan... -
Not Syncedon ne peut plus financer les journaux
aujourd'hui comme on les a financés -
Not Syncedde 1848, l'arrivée d’Émile Girardin
qui a inventé l'annonce -
Not Syncedpour pouvoir financer les journaux,
de 1848 à peu près aux années 2000. -
Not SyncedOn est dans un nouveau paradigme.
-
Not SyncedJe ne vais pas nier ce nouveau paradigme,
ce que je regrette, si vous voulez, -
Not Syncedc'est que les éditeurs aient si peu
préparé leurs équipes, -
Not Syncedaient si peu éduqué leurs équipes
à survire dans un monde -
Not Syncedqu'ils nous préparent aujourd'hui.
-
Not SyncedIls sont un peu,
si vous me permettez l'expression, -
Not Syncedcomme les généraux chinois qui,
lorsqu'ils bâtissaient leur marine, -
Not Syncedn'apprenaient surtout pas aux marins
à nager, parce qu'ils se disaient: -
Not Synced"Comme ça ils vont se battre jusqu'au bout
-
Not Syncedet quand le navire coulera,
ils couleront avec." -
Not SyncedVoilà le sentiment que j'ai,
si vous voulez, -
Not Syncedlorsque je regarde comment les éditeurs
ont préparé leurs équipes: -
Not Syncedfort mal, avec beaucoup de mesquinerie,
et ça, je le regrette infiniment. -
Not Synced(TF) C'est le deuil d'un idéal?
-
Not Synced(MD) Bien sûr que c'est
le deuil d'un idéal. -
Not SyncedMais vous savez, c'est le deuil d'un idéal
avec un sentiment raisonnable, -
Not Syncedet ce sentiment raisonnable et
l'espoir que j'ai aujourd'hui, -
Not Syncedc'est que des titres comme Le Temps,
des titres comparables à L'Hebdo, -
Not Syncedparce que comme dit Jacques Pillet,
on ne va pas ressusciter un mort, -
Not Syncedmais que des titres comparables à L'Hebdo,
des titres comme Le Temps -
Not Syncedpuissent vivre demain
de leurs propres ailes -
Not Syncedavec les moyens qui seront les leurs
dans un paysage suisse romand -
Not Syncedoù on n'aura pas besoin d'en référer
à Berlin, à Zurich, -
Not Syncedpour savoir si on peut ou non
engager des forces -
Not Syncedet engager son enthousiasme
dans la bonne direction. -
Not Synced(TF) Pendant trois semaines, vous avez été
totalement investi, -
Not Syncedces trois semaines absolument douloureuses,
-
Not Synceddepuis l'annonce de la suppression
de la publication de L'Hebdo -
Not Syncedjusqu'à aujourd'hui, ce matin --
-
Not Synced(MD) Oui, on est drainés, c'est le moins
qu'on puisse dire. -
Not Synced(TF) -- dans Médialogues, qu'est-ce qui
a été le plus difficile, Michel Danthe? -
Not Synced(MD) Écoutez, le plus difficile, pour moi,
ça a été d'accompagner, -
Not Syncedje le dis
avec une certaine forme d'émotion, -
Not Syncedaccompagner des collègues qui,
parce qu'on a accompagné -
Not Syncedcertains de nos collègues licenciés,
des gens qui ont pleuré, si vous voulez, -
Not Syncedqui ont pleuré un idéal qui disparaissait.
Je suis très ému, donc, voilà. -
Not Synced(TF) Michel Danthe, je vous remercie
beaucoup de venir apporter de l'émotion -
Not Synceden ce qui concerne le déroulement
des faits qui se sont déroulés -
Not Syncedà l'intérieur de vos rédactions.
-
Not SyncedOn va, je crois que tout le monde
a compris que ça a été des jours -
Not Syncedet des semaines difficiles, et
Médialogues ne peut que témoigner -
Not Syncedsa solidarité en tout cas à l'égard des
journalistes qui ont perdu leur travail. -
Not SyncedJe vous laisse poursuiver.
-
Not Synced(MD) On ne va pas finir sur une note,
j'allais dire, presque sentimentale. -
Not SyncedJe pense qu'aujourd'hui,
ce qu'il faut souhaiter, -
Not Syncedc'est que les équipes du Temps
puissent reprendre leur destin en main -
Not Syncedet que tous les talents qui y restent,
qui survivent, -
Not Syncedparce qu'il faut aussi penser à ceux qui
restent et qui survivent, -
Not Syncedpuissent aujourd'hui
donner le meilleur d'eux-mêmes -
Not Syncedpour que ce journal survive.
-
Not Synced(TF) Qu’est-ce qui vous ferait plaisir,
à l'avenir? -
Not Synced(MD) Que je puisse lire Le Temps
jusqu'à ma mort. -
Not Synced(TF) Michel Danthe, vous avez
une certaine autorité dans le métier, -
Not Synceden raison même de votre expérience.
-
Not SyncedOn constate, mois après mois que
certaines rédactions, -
Not Syncednombreuses en Suisse romande, partent
en déliquescence. -
Not SyncedOn a préparé ensemble une partie
de cet entretien -
Not Syncedet je vous avais proposé de dire:
-
Not Synced"Voilà, au regard de ce délitement des
rédactions romandes -
Not Syncedet de ce qu'on considère comme essentiel
pour la marche démocratique, -
Not Syncedla bonne marche de la démocratie,
que faire, quelles solutions?" -
Not SyncedLa semaine dernière, Géraldine Savary,
conseillère aux États vaudoise, socialiste, -
Not Synceddisait: "Il faut changer la constitution."
-
Not SyncedFathi Derder, PLR, conseiller national,
disait: "Il faut utiliser, -
Not Syncedpour le développement des nouveaux médias,
il faut utiliser un budget favorable -
Not Syncedet qui soutient l'innovation."
-
Not SyncedVous avez la parole, vous avez
quelque chose à proposer. -
Not SyncedQu'est-ce que vous proposez?
-
Not Synced(MD) Moi, je pense qu'il faut
qu'on redéfinisse, si vous voulez, -
Not Syncedà la fois le rôle des médias
et leur financement, -
Not Synceden faisant table rase du passé
et en discutant, -
Not Syncedde manière non dogmatique et pragmatique.
-
Not SyncedTout le monde est persuadé aujourd'hui,
-
Not Syncedy compris les gens qui nous gouvernent
à Berlin et à Zurich -
Not Syncedque le journalisme et son financement
tel qu'on l'a connu, son financement, -
Not Syncedson business model, si vous me permettez
l'expression anglo-saxonne, ont vécu. -
Not SyncedIl faut trouver des nouvelles formes
de financement, -
Not Syncedil faut trouver des nouvelles formes
d'engagement financier -
Not Syncedpour pouvoir permettre
à ce Quatrième Pouvoir d'exister. -
Not SyncedEt donc, aujourd'hui, je pense
qu'il faut vraiment, -
Not Syncedde manière extrêmement non dogmatique,
se mettre à table et discuter. -
Not SyncedIl y a des gens qui sont très effrayés
lorsqu'on dit: -
Not Synced"L’État pourrait subventionner les médias."
-
Not SyncedPeut-être que l’État
ne subventionnera pas des médias, -
Not Syncedmais l’État pourrait par exemple
"subventionner" entre guillemets -
Not Syncedla formation des journalistes,
si vous voulez. -
Not SyncedActuellement, c'est une formation qui est
bipartite, avec l'employeur l'employé, -
Not Syncedles gens ont toutes les peines du monde
à trouver un stage etc. -
Not SyncedPeut-être que ça serait une forme,
si vous voulez, -
Not Syncedde formation qui pourrait être fournie
par l’État. -
Not SyncedOn pourrait également imaginer
qu'on puisse créer des fondations -
Not Syncedqui réuniraient un certain nombre de gens
intéressés à avoir une presse de qualité -
Not Synceden Suisse romande ou en Suisse,
de manière à lui permettre de vivre. -
Not SyncedJe pense que vraiment, aujourd'hui,
de manière pragmatique, non dogmatique, -
Not Syncednon clivée idéologiquement, avec toujours
les mêmes slogans -- -
Not Synced(TF) Mais vous demandez quoi, finalement?
Concrètement, c'est quoi? -
Not SyncedUn engagement beaucoup plus fort
de la part des politiques, -
Not Syncedparce que pour le moment, beaucoup
de déclarations d'intention, -
Not Syncednotamment Pascal Broulis
et Monsieur Maillard -
Not Syncedtémoignent leur empathie,
-
Not Syncedmais en ce qui concerne les solutions,
il n'y en a pas beaucoup. -
Not SyncedDonc finalement,
qu'est-ce que vous demandez, -
Not Syncedqu'est-ce que vous demandez
d'une manière très concrète? -
Not SyncedUne mobilisation généralisée
des politiciens? -
Not Synced(MD) Mais par exemple, qu'on investisse
et qu'on utilise de manière pragmatique -
Not Syncedbeaucoup plus d'argent pour assurer
la métamorphose numérique -
Not Syncedde toute cette profession.
-
Not SyncedAssurer l'enseignement ou si vous voulez,
la formation de tous ces journalistes -
Not Syncedqui, aujourd'hui,
ne se rendent pas encore compte -
Not Syncedque leur métier va changer
de fond en comble. -
Not SyncedÇa serait déjà une immense chose,
une sensibilisation à ce niveau-là, -
Not Syncedet puis ensuite, proposer
des moyens de financement -
Not Syncedavec peut-être une fiscalisation
un tout petit peu plus favorable, -
Not Syncedde manière à ce que des fondations,
de manière à ce que des investisseurs, -
Not Synceden ayant évidemment établi
le Chinese Wall, c'est-à-dire le mur -
Not Syncedqui leur interdira de prendre
de l'influence, si vous voulez, -
Not Syncedpolitique ou idéologique sur les journaux
qu'ils financeraient via ces fondations, -
Not Syncedque ces choses-là puissent émerger,
exister, et voilà: c'est ça que je demande. -
Not SyncedC'est qu'on redéfinisse maintenant
de fond en comble -
Not Syncedle business model et le financement
de cette presse Quatrième Pouvoir. -
Not SyncedAujourd'hui, on peut plus penser
comme hier. -
Not Synced(TF) L'enjeu, c'est lequel?
C'est corporatiste? -
Not Synced(MD) Mais ce n'est pas du tout
un enjeu corporatiste! -
Not SyncedC'est un enjeu démocratique et citoyen.
-
Not SyncedSi vous n'avez plus,
aujourd'hui et demain, -
Not Syncedune presse qui peut faire contre-pouvoir
à tout ce que l'on voit. -
Not SyncedOn a beaucoup parlé aujourd'hui,
par exemple, -
Not Syncedbeaucoup de mes collègues m'ont dit:
"C'est quand même incroyable de penser -
Not Syncedqu'on décime aujourd'hui un journal
-
Not Syncedqui s'était engagé dans la voie des
quality papers etc., -
Not Syncedle jour où arrive au pouvoir
Donald Trump et ses fake news, -
Not Syncedarrivera peut-être au pouvoir
Marine Le Pen, arrive... etc. -
Not SyncedC'est quand même très paradoxal de penser
-
Not Syncedque ces choses-là
arrivent au même moment." -
Not SyncedDonc, il faut repenser à nouveaux frais
ce financement, -
Not Syncedafin de permettre à cette presse-là
de subsister dans l'avenir. -
Not SyncedElle ne peut pas, à mon avis, subsister
dans des grands groupes -
Not Syncedqui ont des objectifs de rentabilité
tout à fait fantaisistes par rapport -
Not Syncedà ce que peut aujourd'hui, in se per se,
rapporter l'information. -
Not SyncedAujourd'hui, vous faites votre blé
avec les petites annonces, -
Not Syncedvous faites votre blé avec
les petites annonces érotques, -
Not Syncedvous faites votre blé avec
les petites annonces d'autos, etc. -
Not SyncedLes éditeurs n'ont plus besoin d'accoler
à ces produits-là -
Not Synceddes contenus journalistiques.
-
Not SyncedIls l'ont parfaitement compris et
ils désinvestissent dans ce domaine. -
Not SyncedIl faut donc séparer maintenant,
si vous voulez, -
Not Syncedla fonction informative de ces
grands groupes de presse -
Not Syncedqui, de toute façon,
n'y voient plus clair. -
Not Synced(TF) Pourquoi ne pas avoir lancé
ce cri d'alarme plus tôt, Michel Danthe? -
Not SyncedAvec la conviction que vous témoignez
ce matin? -
Not Synced(MD) Thierry Fischer, il n'est jamais
trop tard pour voir en face de soi -
Not Syncedla triste réalité.
-
Not SyncedNous avons été sans doute aveuglés,
-
Not Syncednous avons sans doute
effectivement été aveuglés -
Not Syncedpar le confort dans lequel nous étions,
-
Not Syncednous avons sans doute été aveuglés par
les succès qu'on a pu avoir. -
Not SyncedVous savez, quand on a eu du succès
dans un certain nombre de domaines -
Not Syncedde par le passé -- moi, j'ai été
rédacteur en chef d'un journal -
Not Synceddont le principal souci -- c'était
Le Matin Dimanche à la belle époque -- -
Not Syncedc'était de créer
des contenus rédactionnels -
Not Syncedparce qu'on n'arrivait pas à absorber
toutes les publicités -
Not Syncedqui nous sautaient contre.
-
Not SyncedVous voyez, donc j'avais un éditeur
qui m'avait dit: -
Not Synced"Écoutez, Michel Danthe, démerdez-vous,
faites des cahiers en plus -
Not Syncedparce qu'on a tellement de publicité
qu'on ne sait plus où la mettre." -
Not SyncedQuand on a été nourri dans cet univers-là,
-
Not Syncedhé bien le retour à la réalité d'aujourd'hui
est difficile. -
Not SyncedJe bats ma coulpe,
je bats vraiment ma coulpe, -
Not Syncedmais voilà: aujourd'hui, on commence
à y voir très clair, et c'est là -- -
Not Synceddonc notre cri a deux fois plus
de profondeur. -
Not Synced(TF) Michel Danthe, président de
la Société des rédacteurs et du personnel -
Not Syncedde RIngier / Axel Springer,
lundi commence un dernier volet, -
Not Syncedon va conclure avec ça,
-
Not Syncedc'est la discussion autour
des plans sociaux, -
Not Syncedcar de nombreux journalistes
sont licenciés, -
Not Syncedil n'en restera plus que 16
dans la rédaction du Temps -- -
Not Synced(MD) Non, il n'en restera pas
plus que 16 dans la rédaction du Temps, -
Not Syncedil en restera un certain nombre, mais --
-
Not Synced(TF) 16 journaliste
(MD) Non, 25 journalistes, -
Not Syncedil ne va pas rester 16 journalistes,
il va en rester quand même un peu plus. -
Not Synced(TF) Oui, le Temps perd 16 journalistes.
(MD) Oui, le temps a 78 journalistes -
Not Syncedmais il en perd environ un tiers, 16.
-
Not SyncedOn parle de journalistes-journalistes,
-
Not Syncedon n'a pas compté les graphistes,
on n'a pas compté les iconos,. -
Not SyncedOui, hé bien il va y avoir évidemment
la redéfinition du projet du Temps, -
Not SyncedThierry Fischer, qui va se faire lundi,
et puis il y a négociation du plan social. -
Not SyncedAlors effectivement, la négociation
du plan social, on a commencé à le faire -
Not Syncedmercredi, en ouvrant ce que l'on appelle,
en termes militaires, -
Not Syncedc'est un ancien officier qui parle,
un tir d'artillerie sur ... -
Not Syncedune préparation d'artillerie
sur nos éditeurs, -
Not Syncedafin qu'ils soient
un tout petit peu plus généreux -
Not Syncedque ce qu'ils ont compté être
aujourd'hui -
Not Syncedafin que ces 36 licenciés puissent, dans
un marché du travail en déliquescence -
Not Syncedet en décomposition, aller,
aux ages qu'ils ont, -
Not Syncedparce que ce n'est pas des petits jeunes
qu'on a licenciés, -
Not Syncedc'est en majorité des gens qui ont entre
la cinquantaine et 61, 62 et même 64 ans, -
Not Syncedque ces gens là puissent partir dignement
-
Not Syncedet avec un package qui soit un package
honorable, fair play -
Not Syncedet à la mesure du carnage
qui a été opéré. -
Not Synced(TF) Michel Danthe, on va conclure avec
cette question en guise de point final: -
Not SyncedJe suppose votre réponse, mais
je vous la pose quand même: -
Not SyncedFaut-il laisser aux seuls éditeurs le soin
d'avoir le droit de vie ou de mort -
Not Syncedsur des publications que l'on considère
indispensables pour la démocratie? -
Not Synced(MD) Bien sûr que non, moi je suis
pleinement de l'avis de Klaus Schwab, -
Not Syncedça va surprendre tout le monde, mais il a
développé la théorie des stakeholders, -
Not Syncedles parties prenantes.
-
Not SyncedL'éditeur n'est qu'une partie prenante,
les autres parties prenantes, ce sont -
Not Syncedles citoyens, les lecteurs,
les journalistes, -
Not Syncedles gens qui vivent de cette information,
-
Not Syncedet il n'y a pas que les journalistes
qui vivent de cette information, -
Not Syncedil y a également les lecteurs,
il y a également les politiciens. -
Not SyncedEt je pense que c'est à ces gens là,
à ces stakeholders là, aujourd'hui, -
Not Syncedde prendre leur destin en main.
-
Not Synced(TF) MIchel Danthe, journaliste
d'expérience, depuis près de 40 ans -
Not Synceddans le journalisme, dans de nombreuses
rédactions de Suisse romande, -
Not Syncedaujourd'hui licencié du groupe
Ringier / Axel Springer et surtout -
Not Syncedencore président de la Société
des rédacteurs et du personnel -
Not Syncedde Ringier / Axel Springer,
-
Not SyncedMédialogues vous souhaite pleine réussite
dans votre toute prochaine négociation, -
Not SyncedMédialogues vous remercie également
d'être venu en direct -
Not Syncedpour témoigner de votre passion,
de votre idéal. -
Not Synced(MD) Merci, Thierry Fischer.
-
Not Synced(Jingle) Médialogues.
- Title:
- Le point final du journaliste
- Description:
-
RTS Médialoigues, 28 février 2017, https://www.rts.ch/play/radio/medialogues/audio/le-point-final-du-journaliste?id=8367771 :
"Trente-six postes supprimés parmi les équipes du Temps et de feu L'Hebdo à Lausanne. Un journaliste qui figure au nombre des personnes licenciées après la disparition de lʹHebdo témoigne.
Avec :
Michel Danthe, journaliste, ex représentant de la société des rédacteurs et des personnels de la newsroom Ringier Axel Springer. " - Video Language:
- French
- Team:
- Captions Requested
- Duration:
- 23:04
Claude Almansi edited French subtitles for Le point final du journaliste | ||
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