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On va tous mourir, mais pas trop, mais un peu quand-même… | Pauline MAISONNASSE | TEDxSaclay

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    Bonsoir,
  • 0:10 - 0:13
    Il paraît que pour bien commencer
    une conférence TED,
  • 0:13 - 0:16
    il faut commencer
    par une phrase du genre
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    « Imaginez... » un truc inspirant.
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    Alors,
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    Imaginez
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    un virus
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    potentiellement mortel
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    qui se propagerait super facilement,
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    dans l'air, les objets...
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    Un virus qui muterait tellement vite
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    qu'on ne trouverait pas
    de traitement efficace
  • 0:34 - 0:36
    ou de vaccin universel,
  • 0:36 - 0:39
    mais surtout un virus tellement sournois
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    que personne ne s'en méfierait.
  • 0:42 - 0:43
    Ça existe.
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    Ça s'appelle la grippe.
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    (Rires)
  • 0:50 - 0:52
    Un virus comme ça, vous me direz,
    ce n'est pas très grave.
  • 0:52 - 0:54
    Sachez qu'un virus comme ça
    peut ravager
  • 0:54 - 0:57
    la moitié de l'humanité
    à la prochaine pandémie.
  • 0:57 - 0:58
    Mais je vois bien
    ce que vous pensez.
  • 0:58 - 1:01
    « Mais non la grippe,
    ça donne la fièvre et puis ça repart. »
  • 1:02 - 1:03
    Méfiez-vous !
  • 1:03 - 1:04
    Pas du tout.
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    La grippe saisonnière par exemple,
  • 1:06 - 1:08
    celle que vous attrapez en automne,
  • 1:08 - 1:13
    ça tue entre 250 000 et 500 000 personnes
    chaque année en Île-de-France,
  • 1:14 - 1:15
    dans le monde, pardon !
  • 1:15 - 1:17
    (Rires)
  • 1:17 - 1:18
    Quand même.
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    C'était pas loin...
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    Ça touche surtout les personnes fragiles,
    les bébés, les personnes âgées
  • 1:28 - 1:30
    ou les personnes immunodéprimées
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    dont le système immunitaire
    ne fonctionne pas très bien.
  • 1:32 - 1:34
    Là, vous allez me dire :
  • 1:34 - 1:36
    « Je ne suis pas fragile, je m'en fiche. »
  • 1:36 - 1:39
    Ne faites pas trop les malins
    parce qu'il y a d'autres virus :
  • 1:39 - 1:40
    les grippes pandémiques,
  • 1:40 - 1:44
    qui celles-là vont plutôt être mortelles
    pour des jeunes en forme
  • 1:44 - 1:46
    dont le système immunitaire va très bien.
  • 1:46 - 1:49
    J'en vois qui se dise
    que la roue tourne...
  • 1:49 - 1:51
    Alors la grippe pandémique,
  • 1:51 - 1:56
    il y a un exemple : en 2009,
    le virus H1N1 qui avait tué à l'époque
  • 1:56 - 1:59
    « que » 18 000 personnes dans le monde.
  • 1:59 - 2:02
    On a eu de la chance,
    ça aurait pu être bien pire.
  • 2:02 - 2:05
    Par exemple, la grippe espagnole
    en 1918 avait tué
  • 2:05 - 2:08
    entre 40 et 100 millions de personnes.
  • 2:08 - 2:10
    C'est une autre échelle.
  • 2:10 - 2:11
    Là aussi, vous allez me dire :
  • 2:11 - 2:15
    « En 1918 ils avaient peut-être
    d'autres préoccupations que la grippe. »
  • 2:16 - 2:17
    Certes.
  • 2:17 - 2:20
    Cela dit, nous aussi avons
    d'autres préoccupations que la grippe.
  • 2:20 - 2:21
    (Rires)
  • 2:21 - 2:23
    Je dis ça, je dis rien.
  • 2:23 - 2:25
    Aujourd'hui, on a aussi des traitements
  • 2:25 - 2:28
    qu'on donne aux personnes infectées
    mais ils ne sont pas très efficaces,
  • 2:28 - 2:30
    du moins pas assez efficaces
  • 2:30 - 2:33
    pour qu'on puisse dire
    qu'on sait guérir la grippe.
  • 2:33 - 2:36
    On a aussi des vaccins, ceux qu'on vous
    propose tous les ans en automne
  • 2:36 - 2:38
    mais là aussi, il y a un mais.
  • 2:38 - 2:41
    Ces vaccins protègent contre 3 virus
    dont on prédit
  • 2:41 - 2:45
    que ce sont les plus susceptibles
    de vous infecter cet automne.
  • 2:45 - 2:46
    Mais si on se plante,
  • 2:46 - 2:48
    et qu'un nouveau virus arrive,
  • 2:48 - 2:50
    vous avez beau être vacciné,
    vous êtes malade quand même.
  • 2:51 - 2:54
    Si ce nouveau virus qui arrive
    est une grippe pandémique,
  • 2:54 - 2:55
    donc la très dangereuse,
  • 2:55 - 2:58
    on peut mettre au point un vaccin
    spécifiquement
  • 2:58 - 2:59
    pour cette grippe pandémique,
  • 2:59 - 3:01
    comme on l'a fait en 2009.
  • 3:03 - 3:07
    Qui parmi vous s'est fait vacciner
    en 2009 contre le virus H1N1 ?
  • 3:08 - 3:09
    Au moins une dizaine.
  • 3:10 - 3:13
    A la prochaine pandémie,
    90 % de l'amphi est infecté
  • 3:13 - 3:15
    et on n'a pas de traitement pour eux.
  • 3:15 - 3:16
    Voilà !
  • 3:16 - 3:18
    Vous pensez : « Que font les chercheurs ?
  • 3:18 - 3:20
    Pourquoi ils ne trouvent pas
    un traitement
  • 3:20 - 3:21
    ou un vaccin universel ? »
  • 3:21 - 3:26
    On essaye, mais pour l'instant,
    on est comme qui dirait
  • 3:26 - 3:27
    face à nos limites !
  • 3:28 - 3:29
    Je suis dans le thème !
  • 3:29 - 3:31
    Et on va tous mourir par contre !
  • 3:31 - 3:33
    (Rires)
  • 3:33 - 3:37
    (Applaudissements)
  • 3:39 - 3:41
    Là, j'ai mis une bonne ambiance.
  • 3:41 - 3:42
    Normalement, c'est là
  • 3:42 - 3:45
    où vous avez besoin
    que j'enchaîne sur un truc positif.
  • 3:46 - 3:48
    Rassurez-vous, parce que pendant ma thèse
  • 3:48 - 3:50
    avec les chercheurs
    avec qui je travaillais,
  • 3:50 - 3:52
    on a mis au point
    un nouveau traitement innovant
  • 3:52 - 3:55
    qui marche contre
    tous les virus de la grippe
  • 3:55 - 3:57
    et dont on espère qu'il sera
    bientôt mis sur le marché.
  • 4:00 - 4:01
    C'est pas vrai !
  • 4:01 - 4:02
    (Rires)
  • 4:03 - 4:04
    Pas du tout !
  • 4:04 - 4:06
    Enfin si, on va tous mourir,
    ça c'est vrai.
  • 4:06 - 4:08
    Mais le traitement, on n'a pas trouvé.
  • 4:08 - 4:10
    C'est ce que j'ai dit aux organisateurs
    de la conférence
  • 4:10 - 4:12
    pour pouvoir vous parler ce soir.
  • 4:13 - 4:14
    (Rires)
  • 4:14 - 4:15
    J'avais envie...
  • 4:17 - 4:20
    Voilà... du coup il me reste 7 min...
  • 4:21 - 4:25
    Vous avez payé vos places,
    je ne vais pas partir comme ça.
  • 4:25 - 4:26
    Je vais vous raconter ma vie.
  • 4:26 - 4:29
    Tenez, par exemple,
    vous devez vous demander :
  • 4:29 - 4:31
    « Cette jeune chercheuse
    passionnée par ces virus,
  • 4:31 - 4:34
    elle a dû toujours
    vouloir devenir chercheuse. »
  • 4:34 - 4:35
    Eh bien pas du tout !
  • 4:35 - 4:39
    Figurez-vous que moi, depuis toute petite,
    je rêvais de devenir vétérinaire.
  • 4:40 - 4:41
    J'avais fait une prépa
  • 4:42 - 4:43
    et j'ai raté le concours.
  • 4:44 - 4:47
    Après j'ai fait
    une école d'ingénieur agronome,
  • 4:47 - 4:49
    car dans agronome,
    il y avait animaux d'élevage.
  • 4:49 - 4:50
    Ça serait pas mal !
  • 4:50 - 4:54
    J'ai envisagé un peu tous les trucs
    qu'on me proposait, sauf la recherche !
  • 4:54 - 4:57
    Parce qu'à l'époque la recherche,
    ça ne m'inspirait pas trop.
  • 4:58 - 5:00
    En deuxième année d'école,
    on nous disait :
  • 5:00 - 5:03
    « Faut que tu partes à l'étranger
    pendant 6 mois,
  • 5:03 - 5:06
    faire ce que tu veux,
    mais à l'étranger. »
  • 5:06 - 5:09
    Mon deuxième rêve dans la vie,
    après devenir vétérinaire
  • 5:09 - 5:11
    - ça c'était foutu -
  • 5:11 - 5:13
    c'était d'aller vivre au Québec.
  • 5:13 - 5:16
    Donc j'ai cherché un stage au Québec
  • 5:16 - 5:17
    et j'ai trouvé un stage
  • 5:17 - 5:19
    de recherche.
  • 5:19 - 5:20
    Raté.
  • 5:20 - 5:21
    La recherche, le Québec.
  • 5:21 - 5:22
    La recherche, le Québec.
  • 5:22 - 5:23
    Bah le Québec !
  • 5:23 - 5:25
    Je suis donc partie au Québec
  • 5:25 - 5:28
    et j'ai découvert qu'en fait
    la recherche, c'est trop cool.
  • 5:28 - 5:31
    Je ne sais pas si on vous l'a dit
    mais c'est vraiment sympa, la recherche.
  • 5:31 - 5:34
    Je suis rentrée en France et j'ai décidé
    de faire de la recherche.
  • 5:34 - 5:36
    J'ai cherché un stage
    puis une thèse à l'INRA,
  • 5:36 - 5:39
    l'Institut National
    de Recherche Agronomique
  • 5:39 - 5:44
    qui travaille sur des espèces agronomiques
    et sur leurs maladies, comme la grippe.
  • 5:45 - 5:49
    J'ai pu faire une thèse en immunologie.
  • 5:49 - 5:50
    J'étais contente.
  • 5:51 - 5:52
    à un détail près :
  • 5:52 - 5:55
    c'est que quand on fait
    une école d'ingénieur agronome,
  • 5:55 - 5:57
    on n'apprend pas l'immunologie.
  • 5:57 - 5:59
    Je ne comprenais rien.
  • 5:59 - 6:00
    (Rires)
  • 6:00 - 6:02
    Je suis arrivée dans un labo
  • 6:02 - 6:04
    avec plein de chercheurs
    experts de leur domaine
  • 6:04 - 6:06
    qui me parlaient de plein de trucs
  • 6:06 - 6:07
    et je ne comprenais rien.
  • 6:07 - 6:10
    Comme quand votre petite nièce
    commence à vous expliquer
  • 6:10 - 6:13
    que pour faire évoluer un Pokemon Psy,
    il faut utiliser une pierre Lune
  • 6:14 - 6:16
    et vous la regardez
    en faisant : « Ah ! »
  • 6:17 - 6:20
    Vous ne comprenez rien.
    J'ai fait ça pendant six mois.
  • 6:20 - 6:24
    Bon évidemment, au bout d'un moment,
    j'ai fini par comprendre et surtout
  • 6:24 - 6:27
    par parler la langue des immunologistes
  • 6:27 - 6:28
    et là, phénomène bizarre,
  • 6:28 - 6:30
    c'est quand moi je parlais
    à d'autres personnes
  • 6:30 - 6:32
    que ces personnes
    ne comprenaient plus rien.
  • 6:32 - 6:35
    Je devais leur dire des trucs
    qui étaient probablement intéressants
  • 6:35 - 6:37
    et eux ils devaient comprendre :
  • 6:37 - 6:39
    « Tu vois, pour faire évoluer
    ton pokemon psy
  • 6:39 - 6:41
    il faudrait prendre une pierre Lune. »
  • 6:42 - 6:43
    Ça, c'était jusqu'à au jour
  • 6:43 - 6:46
    où j'ai participé
    à un concours de vulgarisation,
  • 6:46 - 6:49
    où je devais expliquer
    ma thèse en 180 secondes.
  • 6:49 - 6:51
    Ça fait trois minutes, ne calculez pas.
  • 6:51 - 6:56
    Je devais faire en sorte qu'elle soit
    compréhensible par tout le monde.
  • 6:56 - 6:58
    Ça a marché : tout le monde a compris
  • 6:58 - 7:00
    et tout le monde s'est intéressé
    à ce que je faisais.
  • 7:00 - 7:01
    Ça m'a plu.
  • 7:01 - 7:04
    Depuis, je fais de la vulgarisation
    à côté de mon travail.
  • 7:04 - 7:07
    On m'a proposé de faire
    une conférence TEDx par exemple.
  • 7:07 - 7:08
    Ça s'est bien passé.
  • 7:09 - 7:10
    Et puis ensuite on fait
  • 7:10 - 7:12
    de la vulgarisation
    avec des amis sur YouTube,
  • 7:12 - 7:14
    où on explique le système immunitaire
  • 7:14 - 7:16
    de façon un peu pointue mais pas trop,
  • 7:16 - 7:18
    mais un peu quand même.
  • 7:18 - 7:19
    Et voilà !
  • 7:19 - 7:20
    Pourquoi je vous raconte ça ?
  • 7:20 - 7:23
    Pas pour faire de la pub
    pour ma chaîne YouTube,
  • 7:23 - 7:25
    mais parce que je vais quand même
  • 7:25 - 7:27
    vous raconter
    ce que j'ai fait pendant ma thèse.
  • 7:27 - 7:29
    Il me reste 4 min 30.
  • 7:29 - 7:30
    Je vais vous expliquer.
  • 7:31 - 7:32
    Pendant ma thèse,
  • 7:32 - 7:35
    on a travaillé sur une espèce
    que vous connaissez sûrement tous,
  • 7:35 - 7:38
    Sus Scrofa, non ?
  • 7:38 - 7:41
    Pour les non initiés,
    on appelle ça le cochon.
  • 7:42 - 7:44
    Le cochon qui comme chacun sait,
  • 7:44 - 7:46
    est un excellent modèle biomédical,
  • 7:46 - 7:48
    tant au niveau physiologique
    que génétique,
  • 7:48 - 7:51
    ou autrement dit :
    tout est bon dans le cochon !
  • 7:52 - 7:55
    Le cochon, notamment,
    attrape la grippe, comme nous.
  • 7:55 - 7:57
    Il a les mêmes symptômes que nous :
  • 7:57 - 7:59
    de la fièvre, une perte d'appétit, etc.
  • 8:01 - 8:05
    En plus, il peut attraper les mêmes virus
    que nous, voire nous les transmettre.
  • 8:06 - 8:08
    Donc comprendre comment
    fonctionne la grippe chez le cochon,
  • 8:08 - 8:10
    ça nous permet
    de mieux comprendre
  • 8:10 - 8:12
    comment fonctionne la grippe chez l'homme.
  • 8:12 - 8:14
    Et pour comprendre
    comment fonctionne la grippe,
  • 8:14 - 8:18
    il faut aussi comprendre
    comment fonctionne le système immunitaire
  • 8:18 - 8:19
    qui se bat contre la grippe.
  • 8:19 - 8:21
    C'était le sujet de ma thèse :
  • 8:21 - 8:25
    comprendre comment le système immunitaire
    du cochon se bat contre la grippe.
  • 8:25 - 8:27
    Au début de ma thèse,
    on savait déjà des choses
  • 8:27 - 8:29
    surtout chez la souris.
  • 8:29 - 8:31
    Par exemple,
    on savait que dans le poumon,
  • 8:31 - 8:35
    on a des murs de cellules
    qui ressemblent à ça : les épithélium,
  • 8:35 - 8:38
    qui protègent l'intérieur
    du corps de l'air l'extérieur.
  • 8:39 - 8:41
    Quand la grippe entre dans le poumon,
  • 8:41 - 8:43
    elle infecte les cellules
    de ce mur et elle les tue.
  • 8:43 - 8:47
    Ça fait des trous, ça fragilise le poumon
    et si le système immunitaire est en forme,
  • 8:47 - 8:49
    ce n'est pas un problème,
  • 8:49 - 8:51
    il va réparer ces trous
    et se battre contre la grippe.
  • 8:51 - 8:53
    Mais si le système immunitaire
    est affaibli
  • 8:53 - 8:55
    comme je le disais
    pour la grippe saisonnière,
  • 8:55 - 8:57
    là ça pose problème.
  • 8:57 - 8:59
    Mais surtout,
    avec une grippe pandémique
  • 8:59 - 9:01
    - rappelez-vous,
    la grippe plus dangereuse -
  • 9:01 - 9:03
    cette grippe va infecter
    beaucoup de ces cellules
  • 9:03 - 9:05
    et en tuer beaucoup.
  • 9:05 - 9:07
    Ces cellules vont appeler à l'aide,
  • 9:07 - 9:09
    c'est ce qu'on appelle l'inflammation.
  • 9:09 - 9:12
    Là, le poumon se transforme
    en champ de bataille.
  • 9:12 - 9:14
    Les défenses,
    c'est le système immunitaire.
  • 9:15 - 9:17
    Il y a par exemple des brancardiers :
  • 9:17 - 9:21
    les macrophages qui vont évacuer
    les cellules mortes et calmer les blessés,
  • 9:21 - 9:23
    donc qui calment l'inflammation.
  • 9:23 - 9:27
    Il y a aussi des sentinelles :
    les cellules dendritiques qui elles,
  • 9:27 - 9:30
    repèrent les virus et foncent
    prévenir l'armée des lymphocytes
  • 9:30 - 9:32
    pour qu'elles viennent se battre.
  • 9:32 - 9:36
    Et surtout, chez la souris on a trouvé
    des jeunes soldats : les monocytes
  • 9:36 - 9:38
    qui se baladent dans le sang
  • 9:38 - 9:41
    et quand ils entendent
    des appels à l'aide, ils débarquent
  • 9:41 - 9:42
    pour essayer d'aider
  • 9:42 - 9:45
    comme ces cellules dendritiques
    qui peuvent sauver l'organisme.
  • 9:45 - 9:46
    Oui mais voilà.
  • 9:46 - 9:50
    Ces jeunes soldats n'ont jamais
    connu la guerre.
  • 9:50 - 9:52
    Devant l'horreur du champ de bataille,
  • 9:52 - 9:55
    tous ces cadavres et tous ces ennemis,
    ils paniquent.
  • 9:55 - 9:57
    Ils appellent eux aussi à l'aide.
  • 9:58 - 9:59
    Ça devient un cercle vicieux,
  • 9:59 - 10:00
    de plus en plus de soldats,
  • 10:00 - 10:02
    qui appellent à l'aide,
  • 10:02 - 10:03
    puis de plus en plus de soldats.
  • 10:03 - 10:05
    C'est le système immunitaire lui-même
  • 10:05 - 10:07
    qui se met à faire
    des dégâts à l'organisme.
  • 10:07 - 10:09
    Ce n'est pas le virus qui est dangereux.
  • 10:09 - 10:11
    C'est la réponse immunitaire.
  • 10:11 - 10:14
    C'est ce qui se passe chez la souris.
  • 10:14 - 10:16
    Ça vous fait une belle jambe,
    mais c'est important.
  • 10:16 - 10:18
    Chez la souris, on s'est rendu compte
  • 10:18 - 10:21
    que si on réduisait le nombre
    de ces jeunes soldats,
  • 10:21 - 10:22
    la grippe n'était plus dangereuse.
  • 10:23 - 10:24
    C'est une idée de traitement.
  • 10:24 - 10:28
    Pour éviter que la grippe soit dangereuse,
    cibler des cellules du système immunitaire
  • 10:30 - 10:31
    C'est sympa, ça marche chez la souris.
  • 10:31 - 10:34
    Je vous rappelle que la souris,
    c'est grand comme ça,
  • 10:34 - 10:38
    surtout petit détail qui a son importance
    quand on travaille sur la grippe :
  • 10:38 - 10:40
    la souris n'attrape pas la grippe.
  • 10:40 - 10:42
    (Rires)
  • 10:42 - 10:43
    Voilà.
  • 10:43 - 10:45
    C'est bête mais il faut y penser.
  • 10:45 - 10:49
    Il faut l'infecter avec des virus
    spécialement adaptés et même là,
  • 10:49 - 10:51
    elle n'a pas les mêmes
    symptômes que nous.
  • 10:51 - 10:56
    Ce traitement, c'est bien joli mais est-ce
    que ça marcherait chez nous ?
  • 10:56 - 10:57
    La question à se poser :
  • 10:57 - 10:59
    « Est-ce que ça marcherait
    chez une espèce
  • 10:59 - 11:01
    qui elle attrape la grippe
    et réagit comme nous ? »
  • 11:01 - 11:02
    comme
  • 11:03 - 11:04
    le cochon !
  • 11:04 - 11:06
    Donc j'ai fait ça pendant ma thèse.
  • 11:06 - 11:09
    J'ai essayé d'identifier toutes
    ces cellules dans le poumon du cochon.
  • 11:09 - 11:11
    J'ai notamment identifié
    ces jeunes soldats
  • 11:11 - 11:13
    qui existent aussi chez le cochon
  • 11:13 - 11:16
    et qui ont l'air, là aussi,
    de participer à l'inflammation.
  • 11:17 - 11:20
    Visiblement, on a trouvé
    une cible thérapeutique potentielle
  • 11:20 - 11:24
    pour se battre contre la grippe
    chez une espèce qui attrape la grippe.
  • 11:24 - 11:26
    Et c'est gagné !
  • 11:26 - 11:27
    Non !
  • 11:27 - 11:30
    Mais on a bien avancé !
  • 11:30 - 11:33
    Maintenant qu'on connaît ces cellules,
    on va pouvoir mieux comprendre la grippe
  • 11:33 - 11:36
    mais aussi
    d'autres maladies respiratoires.
  • 11:36 - 11:39
    Chez le cochon mais par extension
    aussi chez l'homme.
  • 11:39 - 11:42
    Surtout, ce principe
    dont je viens de vous parler,
  • 11:42 - 11:44
    de ne pas forcément cibler le méchant
  • 11:44 - 11:45
    mais plutôt essayer de comprendre
  • 11:45 - 11:48
    ce qui se passe dans le système
    immunitaire et de le régler,
  • 11:48 - 11:51
    ça s'appelle les immunothérapies.
  • 11:51 - 11:53
    C'est un peu les traitements du futur.
  • 11:53 - 11:56
    En ce moment, c'est développé
    contre plein de maladies,
  • 11:56 - 11:59
    comme les allergies, mais surtout
    contre plein de type de cancers.
  • 12:00 - 12:02
    Retenez ça, en partant ce soir :
  • 12:02 - 12:05
    à l'avenir, avec les traitements du futur,
  • 12:05 - 12:09
    on n'essayera plus forcément de tuer
    le méchant qui vous attaque,
  • 12:09 - 12:14
    on essaiera plutôt de comprendre
    ce qui cloche chez nous et de le corriger.
  • 12:14 - 12:17
    C'est une superbe métaphore politique,
    vous ne trouvez pas ?
  • 12:17 - 12:18
    (Rires)
  • 12:19 - 12:23
    Là, on sort un peu de mes compétences
    de chercheuse en immunologie
  • 12:23 - 12:24
    et de dresseuse de Pokemons.
  • 12:26 - 12:26
    J'ai fini.
  • 12:26 - 12:29
    (Applaudissements)
Title:
On va tous mourir, mais pas trop, mais un peu quand-même… | Pauline MAISONNASSE | TEDxSaclay
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Expliquer comment fonctionne la grippe et le système immunitaire sans se prendre en sérieux ? C’est possible, et c’est même rigolo. C’est ce qu’essaye de faire Pauline Maisonnasse dans cette présentation à TEDxSaclay, et plus régulièrement sur la chaîne Youtube « Un Peu Pointu » avec l’aide de ses amis des « Films à Réaction ».

Pauline Maisonnasse est ingénieure agronome et, depuis quelques mois, docteure en Immunologie. Elle rejoindra en Novembre l’IDMIT au CEA de Fontenay-aux-Roses pour travailler sur différentes maladies infectieuses. Sa curiosité pour la santé et le système immunitaire l’a amenée à l’INRA en 2012 pour faire une thèse sur la réponse immunitaire contre la grippe chez le porc… sans avoir eu de formation en immunologie auparavant. Elle a donc vite découvert à quel point le monde de la recherche pouvait être incompréhensible pour un non-initié ! C’est pourquoi elle s’est lancée dans la vulgarisation scientifique. Après avoir remporté les prix du jury et du public au concours de Ma Thèse en 180 Secondes organisé par l’université de Paris-Saclay, elle a obtenu le prix du jury de l’appel à idées lancé par TEDxSaclay en Juin. Depuis, elle raconte notre système immunitaire avec humour sur la chaîne Youtube « Un Peu Pointu » en collaboration avec les Films à Réaction.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
12:37

French subtitles

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