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Peut-on faire dévier les trajectoires suicidaires ? | Monique Seguin | TEDxGatineau

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    Je crois pouvoir dire que nous
    connaissons probablement tous quelqu'un
  • 0:35 - 0:39
    qui au cours de sa vie a pensé au suicide,
  • 0:39 - 0:41
    a peut-être fait une tentative de suicide
  • 0:41 - 0:42
    ou est décédé par suicide.
  • 0:42 - 0:45
    Ou alors, vous connaissez
    peut-être des gens
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    qui ont soutenu un proche suicidaire.
  • 0:48 - 0:51
    Ou alors, vous connaissez des gens
    qui sont peut-être endeuillés
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    à la suite du suicide.
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    L'Organisation Mondiale de la Santé
  • 0:56 - 1:02
    nous apprend qu'au cours d'une année,
  • 1:02 - 1:05
    il y a plus de décès au monde par suicide,
  • 1:05 - 1:09
    que de décès associés
    aux actes terroristes,
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    aux homicides,
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    et à toutes les guerres réunies.
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    Incroyable, n'est-ce pas ?
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    Et toutes ces statistiques
    cachent des drames humains,
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    et l'actualité nous ramène
    régulièrement à ces drames humains.
  • 1:22 - 1:27
    Que ce soit le suicide
    d'adolescents, d'adolescentes,
  • 1:27 - 1:29
    après [avoir été] victime
    d'intimidation,
  • 1:29 - 1:32
    que ce soit le suicide de personnes âgées
  • 1:32 - 1:35
    mourant seules dans la solitude,
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    ou que ce soit le suicide de militaires
  • 1:37 - 1:42
    épuisés par des réactions
    de stress post-traumatique.
  • 1:42 - 1:46
    D'ailleurs l'armée américaine
    dans les dernières années,
  • 1:46 - 1:51
    évoquait qu'il y a eu plus
    de militaires qui se sont suicidés
  • 1:51 - 1:54
    que de militaires morts au combat.
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    C'est dur à entendre ces réalités-là.
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    Au Québec, l'Institut
    National de Santé Publique
  • 2:00 - 2:03
    dévoilait récemment les données pour 2011.
  • 2:03 - 2:08
    En 2011, au Québec, 28 000
    Québécois et Québécoises
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    ont fait une tentative de suicide,
  • 2:10 - 2:14
    alors que 1 105 Québécois et Québécoises
  • 2:14 - 2:16
    se sont enlevé la vie.
  • 2:16 - 2:18
    1 105 drames humains.
  • 2:18 - 2:21
    Trois par jour.
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    La plupart des personnes
    qui décèdent par suicide
  • 2:24 - 2:25
    sont des hommes,
  • 2:25 - 2:27
    80 % sont des hommes,
  • 2:27 - 2:30
    la plupart sont des personnes adultes,
  • 2:30 - 2:34
    laissant derrière eux
    d'autres drames humains :
  • 2:34 - 2:38
    des conjoints, des conjointes,
    des enfants, des parents,
  • 2:38 - 2:40
    des frères, des sœurs,
    des amis, des collègues,
  • 2:40 - 2:43
    qui essayent de comprendre pourquoi.
  • 2:43 - 2:46
    J'imagine comme vous, actuellement,
    vous êtes en train de vous dire :
  • 2:46 - 2:47
    « Oui, mais pourquoi ? »
  • 2:47 - 2:51
    Effectivement, la réponse à cette question
  • 2:51 - 2:52
    est extrêmement complexe.
  • 2:52 - 2:54
    Parce qu'il n'y a pas une raison,
  • 2:54 - 2:56
    il n'y a pas une cause,
  • 2:56 - 2:59
    il n'y a pas une façon,
  • 2:59 - 3:01
    le suicide est multidéterminé,
  • 3:01 - 3:04
    mais par contre, il y a
    probablement une chose de commun
  • 3:04 - 3:07
    qui existe auprès
    des personnes suicidaires,
  • 3:07 - 3:10
    c'est que ces individus
    ne recherchent pas la mort,
  • 3:10 - 3:11
    absolument pas,
  • 3:11 - 3:15
    ils recherchent une façon
    d'arrêter la souffrance.
  • 3:15 - 3:19
    Elles arrivent à un point de leur vie,
  • 3:19 - 3:21
    où la souffrance devient intolérable.
  • 3:21 - 3:25
    Une souffrance qu'elles portent
    depuis des semaines, des mois,
  • 3:25 - 3:26
    des années, des fois toute une vie,
  • 3:26 - 3:30
    mais elles arrivent
    à un point, ces personnes,
  • 3:30 - 3:32
    où la souffrance est intolérable,
  • 3:32 - 3:37
    et elles cherchent toutes
    une façon d'arrêter cette souffrance.
  • 3:37 - 3:42
    Elles en arrivent à croire qu'elles
    ne pourront plus jamais changer
  • 3:42 - 3:43
    leur existence.
  • 3:43 - 3:45
    Et en fait, une existence
  • 3:45 - 3:48
    qui est très différente
    d'un individu à l'autre.
  • 3:48 - 3:54
    Et comment effectivement ces individus
    qui arrivent tous à un même point,
  • 3:54 - 3:56
    à un même moment,
  • 3:56 - 3:59
    ont-ils des trajectoires variées ?
  • 3:59 - 4:05
    Et effectivement, on peut voir
    des trajectoires d'individus
  • 4:05 - 4:10
    pour qui la vie
    commence mal dès le départ.
  • 4:10 - 4:15
    Et des gens qui, très tôt, sont pris
    dans beaucoup d'adversité,
  • 4:15 - 4:17
    de séparations,
  • 4:17 - 4:19
    de pertes, de placements,
  • 4:19 - 4:20
    de violence, de négligence,
  • 4:20 - 4:22
    et ainsi de suite,
  • 4:22 - 4:24
    et on a l'impression que ces personnes
  • 4:24 - 4:27
    sont placées sur des
    espèces de trajectoires
  • 4:27 - 4:29
    qui vont de mal en pis.
  • 4:29 - 4:33
    Et ces individus
    développent éventuellement
  • 4:33 - 4:35
    des troubles de santé mentale,
  • 4:35 - 4:39
    qui sont essentiellement l'expression
    de la souffrance qu'ils vivent,
  • 4:39 - 4:41
    et se suicident souvent,
  • 4:41 - 4:45
    et les gens qui sont caractérisés
    un peu par cette trajectoire,
  • 4:45 - 4:47
    sont ceux qui se suicident le plus tôt,
  • 4:47 - 4:50
    donc souvent comme jeunes adultes,
  • 4:50 - 4:53
    épuisés par la souffrance, par les échecs
  • 4:53 - 4:55
    et par l'adversité.
  • 4:55 - 4:58
    Une autre forme de trajectoire,
  • 4:58 - 5:03
    est celle d'individus pour lesquels
    la vie commence relativement bien,
  • 5:03 - 5:05
    dans des familles bienveillantes
    et protectrices,
  • 5:05 - 5:09
    mais pour qui l'adversité arrive
    beaucoup plus tard dans la vie,
  • 5:09 - 5:15
    souvent sous la forme d'événements
    qui se multiplient en peu de temps,
  • 5:15 - 5:17
    qui arrivent un après l'autre,
  • 5:17 - 5:21
    et qui entraînent l'individu
    dans une spirale
  • 5:21 - 5:24
    où l'individu se sent découragé
  • 5:24 - 5:29
    et n'arrive plus à croire que sa vie
    pourra un jour se modifier,
  • 5:29 - 5:32
    et les individus souvent
    dans cette trajectoire
  • 5:32 - 5:35
    se suicident dans un moment de rupture,
  • 5:35 - 5:37
    peut-être avec l'une des
    dernières personnes
  • 5:37 - 5:40
    avec qui elles sont encore en lien.
  • 5:40 - 5:42
    Une autre trajectoire
    est celle d'individus
  • 5:42 - 5:45
    qui vont porter plutôt en eux
  • 5:45 - 5:48
    une certaine vulnérabilité,
  • 5:48 - 5:49
    un certain mal-être,
  • 5:49 - 5:56
    une difficulté à vivre la vie
    et à bien se sentir dans la vie.
  • 5:56 - 6:00
    Et par moment les individus
    qui vivent ce mal-être,
  • 6:00 - 6:02
    vont le vivre de façon secrète,
  • 6:02 - 6:06
    vont le vivre sans jamais
    en parler à personne.
  • 6:06 - 6:10
    Même pire, des fois ils vont
    faire le boute-en-train
  • 6:10 - 6:12
    pour faire semblant que tout va bien
  • 6:12 - 6:15
    et pour essayer de se faire croire
  • 6:15 - 6:17
    que les choses vont bien.
  • 6:17 - 6:19
    Et ces individus vont espérer
  • 6:19 - 6:24
    qu'un jour, leur difficulté va partir.
  • 6:24 - 6:27
    Et lorsque ces individus se suicident,
  • 6:27 - 6:34
    épuisés, dans lesquels toute leur énergie
    a été effritée graduellement,
  • 6:34 - 6:36
    lorsqu'[ils] se suicident,
  • 6:36 - 6:39
    [ils] laissent autour d'eux
    un entourage médusé,
  • 6:39 - 6:43
    qui ne comprend pas comment
    ça se fait que ces personnes-là
  • 6:43 - 6:46
    se sont suicidées.
  • 6:46 - 6:50
    Et effectivement, j'imagine que,
    lorsque je relate les trajectoires
  • 6:50 - 6:51
    comme je viens de le faire,
  • 6:51 - 6:54
    vous êtes peut-être vous-mêmes
    en train de vous dire :
  • 6:54 - 6:56
    « Mais mon dieu ! Ce sont
    des trajectoires inévitables ?
  • 6:56 - 6:57
    Il n'y a rien qu'on puisse faire ? »
  • 6:57 - 7:02
    Pas du tout, mais vraiment pas du tout.
  • 7:02 - 7:03
    Bien au contraire.
  • 7:03 - 7:07
    On peut modifier
    les trajectoires suicidaires.
  • 7:07 - 7:11
    D'ailleurs au Québec, depuis
    le début des années 2000,
  • 7:11 - 7:16
    le taux de décès par suicide
    a diminué de 25 à 30 %.
  • 7:16 - 7:18
    Comment ça s'est produit ?
  • 7:18 - 7:21
    Eh bien, effectivement le ministère
    a mis sur pied au début des années 2000,
  • 7:21 - 7:24
    une stratégie nationale
    de prévention de suicide.
  • 7:24 - 7:27
    Alors qu'est-ce que c'est
    une stratégie nationale ?
  • 7:27 - 7:30
    C'est composée d'un ensemble d'actions,
  • 7:30 - 7:32
    et il y a eu beaucoup d'actions
    qui ont été faites,
  • 7:32 - 7:38
    comme par exemple, la sensibilisation
    aux difficultés de santé mentale.
  • 7:38 - 7:41
    Donc des campagnes populationnelles
  • 7:41 - 7:43
    qui sensibilisent les gens
  • 7:43 - 7:46
    aux signes et aux symptômes de dépression.
  • 7:46 - 7:50
    Parce qu'il y a une différence
    entre le blues du dimanche soir,
  • 7:50 - 7:52
    un découragement passager,
  • 7:52 - 7:56
    et un état qui perdure, qui reste,
  • 7:56 - 7:59
    et qui ne se modifiera peut-être plus seul
  • 7:59 - 8:02
    et pour lequel on a
    besoin d'aller consulter.
  • 8:02 - 8:06
    Et souvent les gens ne font pas
    la distinction entre l'un et l'autre
  • 8:06 - 8:09
    et continuent à croire
    que ces difficultés
  • 8:09 - 8:12
    vont finir par s'en aller toutes seules.
  • 8:12 - 8:15
    Donc à partir du moment où on a identifié
  • 8:15 - 8:16
    qu'on avait ces difficultés,
  • 8:16 - 8:19
    ou qu'un proche à ce genre de difficultés,
  • 8:19 - 8:22
    il faut aussi aller consulter.
  • 8:22 - 8:25
    Deuxième difficulté populationnelle.
  • 8:25 - 8:29
    Vous connaissez peut-être des gens
    qui ne veulent pas aller consulter,
  • 8:29 - 8:31
    et vous ne serez probablement pas surpris
  • 8:31 - 8:35
    si je vous dis que beaucoup
    de jeunes hommes
  • 8:35 - 8:37
    ne souhaitent pas aller consulter,
  • 8:37 - 8:42
    ils n'iront jamais consulter
    pour des difficultés psychologiques.
  • 8:42 - 8:44
    Et en fait, c'est souvent la barrière.
  • 8:44 - 8:49
    Parce que la barrière, ce n'est pas
    toujours l'accès à la consultation,
  • 8:49 - 8:53
    mais l'acceptabilité de la consultation.
  • 8:53 - 8:56
    Et si on arrive à modifier
    cette dimension-là,
  • 8:56 - 9:00
    ce regard-là sur la consultation,
  • 9:00 - 9:02
    on va peut-être aider
    un peu plus de personnes.
  • 9:02 - 9:04
    Une autre action
  • 9:04 - 9:08
    a été celle de former
    les intervenants de première ligne,
  • 9:08 - 9:11
    médecins, infirmières, psychologues,
    travailleurs sociaux, etc.,
  • 9:11 - 9:15
    à identifier rapidement et plus tôt
    les troubles de santé mentale,
  • 9:15 - 9:17
    les troubles de dépendance.
  • 9:17 - 9:19
    On sait qu'associés au suicide,
  • 9:19 - 9:23
    deux troubles sont extrêmement
    fréquents et importants,
  • 9:23 - 9:27
    des troubles dépressifs
    et des troubles de dépendance,
  • 9:27 - 9:32
    alors qu'on sait très bien
    comment traiter ces difficultés.
  • 9:32 - 9:38
    Une autre action a été de mieux sécuriser
  • 9:38 - 9:40
    les scénarios suicidaires.
  • 9:40 - 9:42
    Entre autre sécuriser des ponts
  • 9:42 - 9:45
    pour éviter qu'il y ait
    des sauts de hauteur,
  • 9:45 - 9:48
    et aussi sécuriser par exemple,
  • 9:48 - 9:52
    par l'entreposage obligatoire
    des armes à feu,
  • 9:52 - 9:57
    parce qu'on le sait,
    une arme à feu dans une maison,
  • 9:57 - 10:01
    particulièrement dans un domicile
    où il y a des gens vulnérables,
  • 10:01 - 10:02
    ça augmente les risques.
  • 10:02 - 10:09
    Est-ce qu'on a tout fait au niveau
    des moyens et des scénarios suicidaires,
  • 10:09 - 10:10
    du contrôle des scénarios ?
  • 10:10 - 10:11
    Certainement pas.
  • 10:11 - 10:13
    On peut encore faire des choses,
  • 10:13 - 10:15
    on peut encourager
    les compagnies pharmaceutiques
  • 10:15 - 10:18
    lorsqu'elles mettent
    en vente des produits,
  • 10:18 - 10:20
    particulièrement les produits
    en vente libre,
  • 10:20 - 10:22
    de les mettre en vente
    dans des plus petits formats,
  • 10:22 - 10:25
    ce qu'a fait l'Angleterre
    au début des années 2000.
  • 10:25 - 10:30
    On peut aussi encourager
    les manufacturiers d'automobiles
  • 10:30 - 10:34
    à mettre un appareil dans le moteur
    qui va faire arrêter le moteur
  • 10:34 - 10:39
    lorsqu’il y a un taux de monoxyde
    de carbone dans l'habitacle.
  • 10:41 - 10:45
    On a aussi en termes d'actions
    dans la stratégie nationale,
  • 10:45 - 10:49
    sensibiliser les médias
    au message social.
  • 10:49 - 10:53
    On le sait, beaucoup d’expériences
    et d'études l'ont démontré,
  • 10:53 - 10:57
    lors du décès d'une personne connue,
  • 10:57 - 11:00
    ou lors d'un décès spectaculaire,
    un décès par suicide,
  • 11:00 - 11:05
    et que le message
    social n'est pas attentif,
  • 11:05 - 11:11
    on observe une augmentation,
    dans les semaines suivantes
  • 11:11 - 11:13
    et dans les mois suivants,
  • 11:13 - 11:15
    de tentatives de suicide.
  • 11:15 - 11:18
    Donc par imitation, les gens
    vont faire la même chose
  • 11:18 - 11:19
    que cette personne célèbre.
  • 11:19 - 11:23
    Alors c'est important que
    les médias soient sensibilisés
  • 11:23 - 11:26
    au message social
    et à l'importance du message social
  • 11:26 - 11:28
    lorsqu'on parle de suicide.
  • 11:28 - 11:32
    Et on a aussi essayé de mieux suivre
  • 11:32 - 11:34
    les personnes ayant fait
    des tentatives de suicide,
  • 11:34 - 11:37
    parce que les gens qui ont fait
    des tentatives de suicide
  • 11:37 - 11:40
    sont plus à risque
    d'en faire une deuxième.
  • 11:40 - 11:43
    Est-ce qu'on a tout fait ?
    Est-ce qu'on a tout fini ?
  • 11:43 - 11:44
    Certainement pas.
  • 11:44 - 11:47
    Mais je pense que si
    on veut aller plus loin,
  • 11:47 - 11:50
    et si on veut diminuer
    encore plus le taux de suicide,
  • 11:50 - 11:54
    ça va maintenant prendre
    le concours de tout le monde.
  • 11:54 - 11:57
    Pas que d'un ministère et pas
    que de quelques intervenants,
  • 11:57 - 11:58
    mais de vous tous,
  • 11:58 - 11:59
    de nous tous,
  • 11:59 - 12:03
    parce qu'il faut que le suicide
    devienne l'affaire de tout le monde.
  • 12:03 - 12:05
    Par exemple, dans la salle,
  • 12:05 - 12:10
    est-ce qu'il y a des gens ici
    qui sont directeurs d'entreprise ?
  • 12:10 - 12:12
    Alors si vous êtes directeur d'entreprise,
  • 12:12 - 12:14
    ce que vous pouvez faire annuellement,
  • 12:14 - 12:18
    c'est développer chez vous
    des campagnes de sensibilisation
  • 12:18 - 12:20
    à certaines difficultés de santé mentale.
  • 12:20 - 12:23
    Vous pouvez mettre sur
    pied dans vos entreprises,
  • 12:23 - 12:25
    des programmes de sentinelles.
  • 12:25 - 12:29
    Si vous avez des employés qui
    ont de bonnes habiletés sociales,
  • 12:29 - 12:32
    on offre une formation pour
    permettre à ces employés
  • 12:32 - 12:35
    d'aller vers des personnes
    dans l'entreprise
  • 12:35 - 12:38
    qui ne vont pas bien
    pour leur offrir de l'aide.
  • 12:38 - 12:41
    Si vous êtes des intervenants
    psychosociaux,
  • 12:41 - 12:43
    eh bien, au-delà
    du savoir-faire que vous avez déjà,
  • 12:43 - 12:47
    on peut aussi lorsqu'on
    rencontre quelqu'un qui souffre,
  • 12:47 - 12:53
    quelqu'un qui a une trajectoire de vie
    qui l’amène à penser au suicide,
  • 12:53 - 12:56
    pas que voir la difficulté actuelle
  • 12:56 - 12:59
    mais à être touché par
    cette trajectoire de difficultés
  • 12:59 - 13:01
    que la personne a eue,
  • 13:01 - 13:05
    et lui laisser entrevoir comment
    on est touché de sa résilience,
  • 13:05 - 13:09
    et comment on est capable
    de lui transmettre le sentiment
  • 13:09 - 13:13
    de confiance et qu'elle pourra changer.
  • 13:13 - 13:16
    Et à travers ce lien avec l'autre,
  • 13:16 - 13:20
    on rend la douleur de l'autre,
    la souffrance de l'autre,
  • 13:20 - 13:22
    humainement supportables.
  • 13:22 - 13:24
    Si vous, vous travaillez avec des enfants,
  • 13:24 - 13:25
    eh bien on le sait,
  • 13:25 - 13:28
    des fois on pense que l'enfance,
    c'est une période idyllique,
  • 13:28 - 13:32
    alors qu'on sait que les enfants
    peuvent vivre des drames,
  • 13:32 - 13:35
    peuvent vivre des tristesses,
    peuvent vivre des échecs.
  • 13:35 - 13:37
    Alors on peut très tôt dans la vie,
  • 13:37 - 13:40
    amener les enfants
    à se percevoir autrement,
  • 13:40 - 13:42
    et on peut amener
    les enfants à comprendre
  • 13:42 - 13:48
    que dans la vie, il n'y a pas juste
    des moments de bonheur,
  • 13:48 - 13:52
    il y aura aussi tout au long de la vie
    des moments de tristesse,
  • 13:52 - 13:58
    et comment [ils peuvent] faire pour
    surmonter les moments de tristesse.
  • 13:58 - 14:00
    Et dans nos vies personnelles,
  • 14:00 - 14:03
    on peut aussi avoir
    toutes sortes d'actions,
  • 14:03 - 14:06
    et, par moments, des actions qui
    peuvent nous sembler simples,
  • 14:06 - 14:10
    peuvent avoir un impact
    important dans la vie des autres.
  • 14:10 - 14:12
    Par exemple, mon collègue, Yao Assogba,
  • 14:12 - 14:15
    qui était professeur
    à l'université du Québec en Ottawa,
  • 14:15 - 14:19
    a perdu, il y a quelques années,
    son fils à la suite d'un suicide.
  • 14:19 - 14:23
    Lui et sa femme Andrée
    ont vécu une épreuve terrible,
  • 14:23 - 14:25
    et ils ont décidé de mettre
    sur pied une fondation,
  • 14:25 - 14:28
    la Fondation Lani, du nom de leur fils.
  • 14:28 - 14:32
    Cette fondation vient en aide
    à des jeunes vulnérables,
  • 14:32 - 14:33
    des jeunes en difficulté,
  • 14:33 - 14:38
    en offrant des bourses pour que
    certains jeunes puissent réaliser
  • 14:38 - 14:39
    des rêves.
  • 14:39 - 14:41
    Alors par leur action,
  • 14:41 - 14:43
    Yao, Andrée,
  • 14:43 - 14:47
    et les amis de Yao et Andrée
    qui recueillent des fonds pour eux,
  • 14:47 - 14:53
    créent des contextes pour modifier
    des trajectoires suicidaires.
  • 14:54 - 14:57
    Une collègue, Mélanie,
  • 14:57 - 14:59
    une collègue suisse
    qui est venue au Québec
  • 14:59 - 15:01
    travailler avec nous quelques temps,
  • 15:01 - 15:04
    qui a fait une formation
    de prévention de suicide
  • 15:04 - 15:06
    alors qu'elle était au Québec,
  • 15:06 - 15:09
    lorsqu'elle est retournée chez elle,
    un soir, elle rentrait du travail,
  • 15:09 - 15:11
    et elle était sur un viaduc,
  • 15:11 - 15:14
    et en traversant le viaduc
    pour se rendre chez elle,
  • 15:14 - 15:16
    elle voit sur le viaduc une dame
  • 15:16 - 15:20
    qui avait des comportements
    un peu particuliers.
  • 15:20 - 15:21
    Alors elle s'est attardée,
  • 15:21 - 15:24
    elle s'est avancée
    doucement vers la dame,
  • 15:24 - 15:26
    et elle s'est mise à lui parler.
  • 15:26 - 15:30
    Et la dame s'est avancée
    encore plus dangereusement
  • 15:30 - 15:31
    vers le garde-fou.
  • 15:31 - 15:34
    Et Mélanie s'est approchée vers elle,
  • 15:34 - 15:36
    et elle a vu que la dame pleurait.
  • 15:36 - 15:39
    Et lorsqu'elle a vu que la dame pleurait,
  • 15:39 - 15:42
    Mélanie s'est aussi mise à pleurer,
  • 15:42 - 15:44
    touchée par la souffrance
    de cette dame-là.
  • 15:44 - 15:48
    Et la dame voyant
    qu'un étranger pleurait à coté d'elle,
  • 15:48 - 15:51
    ne sachant peut-être pas
    si elle pleurait pour elle, avec elle,
  • 15:51 - 15:53
    a pris Mélanie dans ses bras.
  • 15:53 - 15:55
    Mélanie a appelé un taxi,
  • 15:55 - 15:57
    elle est allée reconduire
    cette dame-là aux urgences,
  • 15:57 - 16:01
    et arrivée aux urgences,
    elle a appelé la famille.
  • 16:01 - 16:03
    Peut-être que ce soir-là,
  • 16:03 - 16:05
    Mélanie, par ses actions,
  • 16:05 - 16:10
    a peut-être contribué
    à offrir un point tournant
  • 16:10 - 16:12
    à cette dame-là.
  • 16:12 - 16:14
    Caroline, avant d'étudier en psychologie,
  • 16:14 - 16:18
    a appris que sa maman qui
    avait des problèmes de santé,
  • 16:18 - 16:20
    des problèmes chroniques,
  • 16:20 - 16:23
    pensait au suicide, parce
    qu'elle l'avait dit à quelqu'un.
  • 16:23 - 16:26
    Rassemblant tout son
    courage, Caroline un soir
  • 16:26 - 16:29
    aborde la question
    du suicide avec sa mère,
  • 16:29 - 16:31
    qui lui confirme
    qu'elle pensait au suicide,
  • 16:31 - 16:32
    qu'elle voulait se suicider,
  • 16:32 - 16:36
    et elle ne voulait pas
    que sa fille l'en empêche,
  • 16:36 - 16:38
    et elle ne voulait pas que
    sa fille l’emmène à l'hôpital.
  • 16:38 - 16:43
    Et sa mère lui a dit :
    « Si tu m'emmènes à l'hôpital,
  • 16:43 - 16:46
    je ne te parle plus. »
  • 16:46 - 16:49
    Et Caroline lui a dit : « Mais
    je préfère que tu ne parles plus,
  • 16:49 - 16:52
    parce que tu pourras
    toujours changer d'idée,
  • 16:52 - 16:56
    mais si tu te suicides, tu ne pourras
    plus jamais changer d'idée. »
  • 16:56 - 16:58
    Jean-François, qui a
    participé à une étude,
  • 16:58 - 17:00
    je vais l’appeler Jean-François,
  • 17:00 - 17:02
    qui a participé à une étude que je menais,
  • 17:02 - 17:05
    nous racontait qu'à
    une période de sa vie,
  • 17:05 - 17:08
    il vivait une période difficile,
  • 17:08 - 17:10
    un divorce acrimonieux avec sa conjointe,
  • 17:10 - 17:12
    il ne voyait pas beaucoup ses enfants,
  • 17:12 - 17:14
    il avait l'impression que sa vie
    était devenue un échec.
  • 17:14 - 17:19
    Il était fâché, en colère,
    dépressif, suicidaire,
  • 17:19 - 17:22
    et un jour, un matin
    qu'il était au travail,
  • 17:22 - 17:24
    son contremaître s'approche de lui
  • 17:24 - 17:28
    et lui dit : « Écoute. Je sais
    que ça ne va pas bien là.
  • 17:28 - 17:29
    Je veux que tu arrêtes ce que tu fais.
  • 17:29 - 17:32
    Je veux que tu ailles aux urgences,
    que tu vois un médecin,
  • 17:32 - 17:34
    et tiens ! appelle à tel endroit. »
  • 17:34 - 17:38
    Et il lui a donné le dépliant
    d'un organisme communautaire,
  • 17:38 - 17:39
    qui vient en aide aux hommes
  • 17:39 - 17:41
    qui vivent des difficultés de séparation.
  • 17:41 - 17:44
    Alors Jean-François nous racontait
  • 17:44 - 17:48
    que non seulement
    les actions de son contremaître
  • 17:48 - 17:51
    et les actions des gens
    de l'organisme communautaire
  • 17:51 - 17:54
    l'ont aidé à avoir un point tournant,
  • 17:54 - 17:56
    mais lui ont sauvé la vie.
  • 17:56 - 18:01
    Donc si vous, vous n'avez pas
    ce genre d'occasion dans votre vie,
  • 18:01 - 18:03
    vous pouvez quand même écrire,
  • 18:03 - 18:05
    vous pouvez signer des pétitions,
  • 18:05 - 18:07
    vous pouvez écrire à vos députés,
  • 18:07 - 18:10
    vous pouvez écrire
    à vos ministres de la santé,
  • 18:10 - 18:12
    vous pouvez écrire au Premier
    Ministre du Québec et du Canada,
  • 18:12 - 18:16
    et dire que nous on tient à la vie,
  • 18:16 - 18:18
    parce que la vie est importante,
  • 18:18 - 18:20
    et on veut que nos gouvernements se dotent
  • 18:20 - 18:23
    de stratégie nationale
    de prévention de suicide.
  • 18:23 - 18:26
    Et si toutes nos actions concertées,
  • 18:26 - 18:29
    ne servaient qu'à aider une personne,
  • 18:29 - 18:33
    si toutes nos actions
    contribuaient à aider une personne,
  • 18:33 - 18:37
    à modifier la trajectoire
    suicidaire d'une personne,
  • 18:37 - 18:40
    alors toutes nos actions
    auront valu la peine.
  • 18:40 - 18:42
    Merci.
  • 18:42 - 18:46
    (Applaudissements)
Title:
Peut-on faire dévier les trajectoires suicidaires ? | Monique Seguin | TEDxGatineau
Description:

Docteure en psychologie, Monique Séguin nous interpelle dans cette conférence sur l'importance de sensibiliser la population au fait que le suicide est un problème social. Elle ajoute que prévenir ce fléau est une affaire qui nous concerne tous.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
18:50

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