Peut-on faire dévier les trajectoires suicidaires ? | Monique Seguin | TEDxGatineau
-
0:31 - 0:35Je crois pouvoir dire que nous
connaissons probablement tous quelqu'un -
0:35 - 0:39qui au cours de sa vie a pensé au suicide,
-
0:39 - 0:41a peut-être fait une tentative de suicide
-
0:41 - 0:42ou est décédé par suicide.
-
0:42 - 0:45Ou alors, vous connaissez
peut-être des gens -
0:45 - 0:48qui ont soutenu un proche suicidaire.
-
0:48 - 0:51Ou alors, vous connaissez des gens
qui sont peut-être endeuillés -
0:51 - 0:54à la suite du suicide.
-
0:54 - 0:56L'Organisation Mondiale de la Santé
-
0:56 - 1:02nous apprend qu'au cours d'une année,
-
1:02 - 1:05il y a plus de décès au monde par suicide,
-
1:05 - 1:09que de décès associés
aux actes terroristes, -
1:09 - 1:10aux homicides,
-
1:10 - 1:12et à toutes les guerres réunies.
-
1:12 - 1:14Incroyable, n'est-ce pas ?
-
1:14 - 1:18Et toutes ces statistiques
cachent des drames humains, -
1:18 - 1:22et l'actualité nous ramène
régulièrement à ces drames humains. -
1:22 - 1:27Que ce soit le suicide
d'adolescents, d'adolescentes, -
1:27 - 1:29après [avoir été] victime
d'intimidation, -
1:29 - 1:32que ce soit le suicide de personnes âgées
-
1:32 - 1:35mourant seules dans la solitude,
-
1:35 - 1:37ou que ce soit le suicide de militaires
-
1:37 - 1:42épuisés par des réactions
de stress post-traumatique. -
1:42 - 1:46D'ailleurs l'armée américaine
dans les dernières années, -
1:46 - 1:51évoquait qu'il y a eu plus
de militaires qui se sont suicidés -
1:51 - 1:54que de militaires morts au combat.
-
1:54 - 1:57C'est dur à entendre ces réalités-là.
-
1:57 - 2:00Au Québec, l'Institut
National de Santé Publique -
2:00 - 2:03dévoilait récemment les données pour 2011.
-
2:03 - 2:08En 2011, au Québec, 28 000
Québécois et Québécoises -
2:08 - 2:10ont fait une tentative de suicide,
-
2:10 - 2:14alors que 1 105 Québécois et Québécoises
-
2:14 - 2:16se sont enlevé la vie.
-
2:16 - 2:181 105 drames humains.
-
2:18 - 2:21Trois par jour.
-
2:21 - 2:24La plupart des personnes
qui décèdent par suicide -
2:24 - 2:25sont des hommes,
-
2:25 - 2:2780 % sont des hommes,
-
2:27 - 2:30la plupart sont des personnes adultes,
-
2:30 - 2:34laissant derrière eux
d'autres drames humains : -
2:34 - 2:38des conjoints, des conjointes,
des enfants, des parents, -
2:38 - 2:40des frères, des sœurs,
des amis, des collègues, -
2:40 - 2:43qui essayent de comprendre pourquoi.
-
2:43 - 2:46J'imagine comme vous, actuellement,
vous êtes en train de vous dire : -
2:46 - 2:47« Oui, mais pourquoi ? »
-
2:47 - 2:51Effectivement, la réponse à cette question
-
2:51 - 2:52est extrêmement complexe.
-
2:52 - 2:54Parce qu'il n'y a pas une raison,
-
2:54 - 2:56il n'y a pas une cause,
-
2:56 - 2:59il n'y a pas une façon,
-
2:59 - 3:01le suicide est multidéterminé,
-
3:01 - 3:04mais par contre, il y a
probablement une chose de commun -
3:04 - 3:07qui existe auprès
des personnes suicidaires, -
3:07 - 3:10c'est que ces individus
ne recherchent pas la mort, -
3:10 - 3:11absolument pas,
-
3:11 - 3:15ils recherchent une façon
d'arrêter la souffrance. -
3:15 - 3:19Elles arrivent à un point de leur vie,
-
3:19 - 3:21où la souffrance devient intolérable.
-
3:21 - 3:25Une souffrance qu'elles portent
depuis des semaines, des mois, -
3:25 - 3:26des années, des fois toute une vie,
-
3:26 - 3:30mais elles arrivent
à un point, ces personnes, -
3:30 - 3:32où la souffrance est intolérable,
-
3:32 - 3:37et elles cherchent toutes
une façon d'arrêter cette souffrance. -
3:37 - 3:42Elles en arrivent à croire qu'elles
ne pourront plus jamais changer -
3:42 - 3:43leur existence.
-
3:43 - 3:45Et en fait, une existence
-
3:45 - 3:48qui est très différente
d'un individu à l'autre. -
3:48 - 3:54Et comment effectivement ces individus
qui arrivent tous à un même point, -
3:54 - 3:56à un même moment,
-
3:56 - 3:59ont-ils des trajectoires variées ?
-
3:59 - 4:05Et effectivement, on peut voir
des trajectoires d'individus -
4:05 - 4:10pour qui la vie
commence mal dès le départ. -
4:10 - 4:15Et des gens qui, très tôt, sont pris
dans beaucoup d'adversité, -
4:15 - 4:17de séparations,
-
4:17 - 4:19de pertes, de placements,
-
4:19 - 4:20de violence, de négligence,
-
4:20 - 4:22et ainsi de suite,
-
4:22 - 4:24et on a l'impression que ces personnes
-
4:24 - 4:27sont placées sur des
espèces de trajectoires -
4:27 - 4:29qui vont de mal en pis.
-
4:29 - 4:33Et ces individus
développent éventuellement -
4:33 - 4:35des troubles de santé mentale,
-
4:35 - 4:39qui sont essentiellement l'expression
de la souffrance qu'ils vivent, -
4:39 - 4:41et se suicident souvent,
-
4:41 - 4:45et les gens qui sont caractérisés
un peu par cette trajectoire, -
4:45 - 4:47sont ceux qui se suicident le plus tôt,
-
4:47 - 4:50donc souvent comme jeunes adultes,
-
4:50 - 4:53épuisés par la souffrance, par les échecs
-
4:53 - 4:55et par l'adversité.
-
4:55 - 4:58Une autre forme de trajectoire,
-
4:58 - 5:03est celle d'individus pour lesquels
la vie commence relativement bien, -
5:03 - 5:05dans des familles bienveillantes
et protectrices, -
5:05 - 5:09mais pour qui l'adversité arrive
beaucoup plus tard dans la vie, -
5:09 - 5:15souvent sous la forme d'événements
qui se multiplient en peu de temps, -
5:15 - 5:17qui arrivent un après l'autre,
-
5:17 - 5:21et qui entraînent l'individu
dans une spirale -
5:21 - 5:24où l'individu se sent découragé
-
5:24 - 5:29et n'arrive plus à croire que sa vie
pourra un jour se modifier, -
5:29 - 5:32et les individus souvent
dans cette trajectoire -
5:32 - 5:35se suicident dans un moment de rupture,
-
5:35 - 5:37peut-être avec l'une des
dernières personnes -
5:37 - 5:40avec qui elles sont encore en lien.
-
5:40 - 5:42Une autre trajectoire
est celle d'individus -
5:42 - 5:45qui vont porter plutôt en eux
-
5:45 - 5:48une certaine vulnérabilité,
-
5:48 - 5:49un certain mal-être,
-
5:49 - 5:56une difficulté à vivre la vie
et à bien se sentir dans la vie. -
5:56 - 6:00Et par moment les individus
qui vivent ce mal-être, -
6:00 - 6:02vont le vivre de façon secrète,
-
6:02 - 6:06vont le vivre sans jamais
en parler à personne. -
6:06 - 6:10Même pire, des fois ils vont
faire le boute-en-train -
6:10 - 6:12pour faire semblant que tout va bien
-
6:12 - 6:15et pour essayer de se faire croire
-
6:15 - 6:17que les choses vont bien.
-
6:17 - 6:19Et ces individus vont espérer
-
6:19 - 6:24qu'un jour, leur difficulté va partir.
-
6:24 - 6:27Et lorsque ces individus se suicident,
-
6:27 - 6:34épuisés, dans lesquels toute leur énergie
a été effritée graduellement, -
6:34 - 6:36lorsqu'[ils] se suicident,
-
6:36 - 6:39[ils] laissent autour d'eux
un entourage médusé, -
6:39 - 6:43qui ne comprend pas comment
ça se fait que ces personnes-là -
6:43 - 6:46se sont suicidées.
-
6:46 - 6:50Et effectivement, j'imagine que,
lorsque je relate les trajectoires -
6:50 - 6:51comme je viens de le faire,
-
6:51 - 6:54vous êtes peut-être vous-mêmes
en train de vous dire : -
6:54 - 6:56« Mais mon dieu ! Ce sont
des trajectoires inévitables ? -
6:56 - 6:57Il n'y a rien qu'on puisse faire ? »
-
6:57 - 7:02Pas du tout, mais vraiment pas du tout.
-
7:02 - 7:03Bien au contraire.
-
7:03 - 7:07On peut modifier
les trajectoires suicidaires. -
7:07 - 7:11D'ailleurs au Québec, depuis
le début des années 2000, -
7:11 - 7:16le taux de décès par suicide
a diminué de 25 à 30 %. -
7:16 - 7:18Comment ça s'est produit ?
-
7:18 - 7:21Eh bien, effectivement le ministère
a mis sur pied au début des années 2000, -
7:21 - 7:24une stratégie nationale
de prévention de suicide. -
7:24 - 7:27Alors qu'est-ce que c'est
une stratégie nationale ? -
7:27 - 7:30C'est composée d'un ensemble d'actions,
-
7:30 - 7:32et il y a eu beaucoup d'actions
qui ont été faites, -
7:32 - 7:38comme par exemple, la sensibilisation
aux difficultés de santé mentale. -
7:38 - 7:41Donc des campagnes populationnelles
-
7:41 - 7:43qui sensibilisent les gens
-
7:43 - 7:46aux signes et aux symptômes de dépression.
-
7:46 - 7:50Parce qu'il y a une différence
entre le blues du dimanche soir, -
7:50 - 7:52un découragement passager,
-
7:52 - 7:56et un état qui perdure, qui reste,
-
7:56 - 7:59et qui ne se modifiera peut-être plus seul
-
7:59 - 8:02et pour lequel on a
besoin d'aller consulter. -
8:02 - 8:06Et souvent les gens ne font pas
la distinction entre l'un et l'autre -
8:06 - 8:09et continuent à croire
que ces difficultés -
8:09 - 8:12vont finir par s'en aller toutes seules.
-
8:12 - 8:15Donc à partir du moment où on a identifié
-
8:15 - 8:16qu'on avait ces difficultés,
-
8:16 - 8:19ou qu'un proche à ce genre de difficultés,
-
8:19 - 8:22il faut aussi aller consulter.
-
8:22 - 8:25Deuxième difficulté populationnelle.
-
8:25 - 8:29Vous connaissez peut-être des gens
qui ne veulent pas aller consulter, -
8:29 - 8:31et vous ne serez probablement pas surpris
-
8:31 - 8:35si je vous dis que beaucoup
de jeunes hommes -
8:35 - 8:37ne souhaitent pas aller consulter,
-
8:37 - 8:42ils n'iront jamais consulter
pour des difficultés psychologiques. -
8:42 - 8:44Et en fait, c'est souvent la barrière.
-
8:44 - 8:49Parce que la barrière, ce n'est pas
toujours l'accès à la consultation, -
8:49 - 8:53mais l'acceptabilité de la consultation.
-
8:53 - 8:56Et si on arrive à modifier
cette dimension-là, -
8:56 - 9:00ce regard-là sur la consultation,
-
9:00 - 9:02on va peut-être aider
un peu plus de personnes. -
9:02 - 9:04Une autre action
-
9:04 - 9:08a été celle de former
les intervenants de première ligne, -
9:08 - 9:11médecins, infirmières, psychologues,
travailleurs sociaux, etc., -
9:11 - 9:15à identifier rapidement et plus tôt
les troubles de santé mentale, -
9:15 - 9:17les troubles de dépendance.
-
9:17 - 9:19On sait qu'associés au suicide,
-
9:19 - 9:23deux troubles sont extrêmement
fréquents et importants, -
9:23 - 9:27des troubles dépressifs
et des troubles de dépendance, -
9:27 - 9:32alors qu'on sait très bien
comment traiter ces difficultés. -
9:32 - 9:38Une autre action a été de mieux sécuriser
-
9:38 - 9:40les scénarios suicidaires.
-
9:40 - 9:42Entre autre sécuriser des ponts
-
9:42 - 9:45pour éviter qu'il y ait
des sauts de hauteur, -
9:45 - 9:48et aussi sécuriser par exemple,
-
9:48 - 9:52par l'entreposage obligatoire
des armes à feu, -
9:52 - 9:57parce qu'on le sait,
une arme à feu dans une maison, -
9:57 - 10:01particulièrement dans un domicile
où il y a des gens vulnérables, -
10:01 - 10:02ça augmente les risques.
-
10:02 - 10:09Est-ce qu'on a tout fait au niveau
des moyens et des scénarios suicidaires, -
10:09 - 10:10du contrôle des scénarios ?
-
10:10 - 10:11Certainement pas.
-
10:11 - 10:13On peut encore faire des choses,
-
10:13 - 10:15on peut encourager
les compagnies pharmaceutiques -
10:15 - 10:18lorsqu'elles mettent
en vente des produits, -
10:18 - 10:20particulièrement les produits
en vente libre, -
10:20 - 10:22de les mettre en vente
dans des plus petits formats, -
10:22 - 10:25ce qu'a fait l'Angleterre
au début des années 2000. -
10:25 - 10:30On peut aussi encourager
les manufacturiers d'automobiles -
10:30 - 10:34à mettre un appareil dans le moteur
qui va faire arrêter le moteur -
10:34 - 10:39lorsqu’il y a un taux de monoxyde
de carbone dans l'habitacle. -
10:41 - 10:45On a aussi en termes d'actions
dans la stratégie nationale, -
10:45 - 10:49sensibiliser les médias
au message social. -
10:49 - 10:53On le sait, beaucoup d’expériences
et d'études l'ont démontré, -
10:53 - 10:57lors du décès d'une personne connue,
-
10:57 - 11:00ou lors d'un décès spectaculaire,
un décès par suicide, -
11:00 - 11:05et que le message
social n'est pas attentif, -
11:05 - 11:11on observe une augmentation,
dans les semaines suivantes -
11:11 - 11:13et dans les mois suivants,
-
11:13 - 11:15de tentatives de suicide.
-
11:15 - 11:18Donc par imitation, les gens
vont faire la même chose -
11:18 - 11:19que cette personne célèbre.
-
11:19 - 11:23Alors c'est important que
les médias soient sensibilisés -
11:23 - 11:26au message social
et à l'importance du message social -
11:26 - 11:28lorsqu'on parle de suicide.
-
11:28 - 11:32Et on a aussi essayé de mieux suivre
-
11:32 - 11:34les personnes ayant fait
des tentatives de suicide, -
11:34 - 11:37parce que les gens qui ont fait
des tentatives de suicide -
11:37 - 11:40sont plus à risque
d'en faire une deuxième. -
11:40 - 11:43Est-ce qu'on a tout fait ?
Est-ce qu'on a tout fini ? -
11:43 - 11:44Certainement pas.
-
11:44 - 11:47Mais je pense que si
on veut aller plus loin, -
11:47 - 11:50et si on veut diminuer
encore plus le taux de suicide, -
11:50 - 11:54ça va maintenant prendre
le concours de tout le monde. -
11:54 - 11:57Pas que d'un ministère et pas
que de quelques intervenants, -
11:57 - 11:58mais de vous tous,
-
11:58 - 11:59de nous tous,
-
11:59 - 12:03parce qu'il faut que le suicide
devienne l'affaire de tout le monde. -
12:03 - 12:05Par exemple, dans la salle,
-
12:05 - 12:10est-ce qu'il y a des gens ici
qui sont directeurs d'entreprise ? -
12:10 - 12:12Alors si vous êtes directeur d'entreprise,
-
12:12 - 12:14ce que vous pouvez faire annuellement,
-
12:14 - 12:18c'est développer chez vous
des campagnes de sensibilisation -
12:18 - 12:20à certaines difficultés de santé mentale.
-
12:20 - 12:23Vous pouvez mettre sur
pied dans vos entreprises, -
12:23 - 12:25des programmes de sentinelles.
-
12:25 - 12:29Si vous avez des employés qui
ont de bonnes habiletés sociales, -
12:29 - 12:32on offre une formation pour
permettre à ces employés -
12:32 - 12:35d'aller vers des personnes
dans l'entreprise -
12:35 - 12:38qui ne vont pas bien
pour leur offrir de l'aide. -
12:38 - 12:41Si vous êtes des intervenants
psychosociaux, -
12:41 - 12:43eh bien, au-delà
du savoir-faire que vous avez déjà, -
12:43 - 12:47on peut aussi lorsqu'on
rencontre quelqu'un qui souffre, -
12:47 - 12:53quelqu'un qui a une trajectoire de vie
qui l’amène à penser au suicide, -
12:53 - 12:56pas que voir la difficulté actuelle
-
12:56 - 12:59mais à être touché par
cette trajectoire de difficultés -
12:59 - 13:01que la personne a eue,
-
13:01 - 13:05et lui laisser entrevoir comment
on est touché de sa résilience, -
13:05 - 13:09et comment on est capable
de lui transmettre le sentiment -
13:09 - 13:13de confiance et qu'elle pourra changer.
-
13:13 - 13:16Et à travers ce lien avec l'autre,
-
13:16 - 13:20on rend la douleur de l'autre,
la souffrance de l'autre, -
13:20 - 13:22humainement supportables.
-
13:22 - 13:24Si vous, vous travaillez avec des enfants,
-
13:24 - 13:25eh bien on le sait,
-
13:25 - 13:28des fois on pense que l'enfance,
c'est une période idyllique, -
13:28 - 13:32alors qu'on sait que les enfants
peuvent vivre des drames, -
13:32 - 13:35peuvent vivre des tristesses,
peuvent vivre des échecs. -
13:35 - 13:37Alors on peut très tôt dans la vie,
-
13:37 - 13:40amener les enfants
à se percevoir autrement, -
13:40 - 13:42et on peut amener
les enfants à comprendre -
13:42 - 13:48que dans la vie, il n'y a pas juste
des moments de bonheur, -
13:48 - 13:52il y aura aussi tout au long de la vie
des moments de tristesse, -
13:52 - 13:58et comment [ils peuvent] faire pour
surmonter les moments de tristesse. -
13:58 - 14:00Et dans nos vies personnelles,
-
14:00 - 14:03on peut aussi avoir
toutes sortes d'actions, -
14:03 - 14:06et, par moments, des actions qui
peuvent nous sembler simples, -
14:06 - 14:10peuvent avoir un impact
important dans la vie des autres. -
14:10 - 14:12Par exemple, mon collègue, Yao Assogba,
-
14:12 - 14:15qui était professeur
à l'université du Québec en Ottawa, -
14:15 - 14:19a perdu, il y a quelques années,
son fils à la suite d'un suicide. -
14:19 - 14:23Lui et sa femme Andrée
ont vécu une épreuve terrible, -
14:23 - 14:25et ils ont décidé de mettre
sur pied une fondation, -
14:25 - 14:28la Fondation Lani, du nom de leur fils.
-
14:28 - 14:32Cette fondation vient en aide
à des jeunes vulnérables, -
14:32 - 14:33des jeunes en difficulté,
-
14:33 - 14:38en offrant des bourses pour que
certains jeunes puissent réaliser -
14:38 - 14:39des rêves.
-
14:39 - 14:41Alors par leur action,
-
14:41 - 14:43Yao, Andrée,
-
14:43 - 14:47et les amis de Yao et Andrée
qui recueillent des fonds pour eux, -
14:47 - 14:53créent des contextes pour modifier
des trajectoires suicidaires. -
14:54 - 14:57Une collègue, Mélanie,
-
14:57 - 14:59une collègue suisse
qui est venue au Québec -
14:59 - 15:01travailler avec nous quelques temps,
-
15:01 - 15:04qui a fait une formation
de prévention de suicide -
15:04 - 15:06alors qu'elle était au Québec,
-
15:06 - 15:09lorsqu'elle est retournée chez elle,
un soir, elle rentrait du travail, -
15:09 - 15:11et elle était sur un viaduc,
-
15:11 - 15:14et en traversant le viaduc
pour se rendre chez elle, -
15:14 - 15:16elle voit sur le viaduc une dame
-
15:16 - 15:20qui avait des comportements
un peu particuliers. -
15:20 - 15:21Alors elle s'est attardée,
-
15:21 - 15:24elle s'est avancée
doucement vers la dame, -
15:24 - 15:26et elle s'est mise à lui parler.
-
15:26 - 15:30Et la dame s'est avancée
encore plus dangereusement -
15:30 - 15:31vers le garde-fou.
-
15:31 - 15:34Et Mélanie s'est approchée vers elle,
-
15:34 - 15:36et elle a vu que la dame pleurait.
-
15:36 - 15:39Et lorsqu'elle a vu que la dame pleurait,
-
15:39 - 15:42Mélanie s'est aussi mise à pleurer,
-
15:42 - 15:44touchée par la souffrance
de cette dame-là. -
15:44 - 15:48Et la dame voyant
qu'un étranger pleurait à coté d'elle, -
15:48 - 15:51ne sachant peut-être pas
si elle pleurait pour elle, avec elle, -
15:51 - 15:53a pris Mélanie dans ses bras.
-
15:53 - 15:55Mélanie a appelé un taxi,
-
15:55 - 15:57elle est allée reconduire
cette dame-là aux urgences, -
15:57 - 16:01et arrivée aux urgences,
elle a appelé la famille. -
16:01 - 16:03Peut-être que ce soir-là,
-
16:03 - 16:05Mélanie, par ses actions,
-
16:05 - 16:10a peut-être contribué
à offrir un point tournant -
16:10 - 16:12à cette dame-là.
-
16:12 - 16:14Caroline, avant d'étudier en psychologie,
-
16:14 - 16:18a appris que sa maman qui
avait des problèmes de santé, -
16:18 - 16:20des problèmes chroniques,
-
16:20 - 16:23pensait au suicide, parce
qu'elle l'avait dit à quelqu'un. -
16:23 - 16:26Rassemblant tout son
courage, Caroline un soir -
16:26 - 16:29aborde la question
du suicide avec sa mère, -
16:29 - 16:31qui lui confirme
qu'elle pensait au suicide, -
16:31 - 16:32qu'elle voulait se suicider,
-
16:32 - 16:36et elle ne voulait pas
que sa fille l'en empêche, -
16:36 - 16:38et elle ne voulait pas que
sa fille l’emmène à l'hôpital. -
16:38 - 16:43Et sa mère lui a dit :
« Si tu m'emmènes à l'hôpital, -
16:43 - 16:46je ne te parle plus. »
-
16:46 - 16:49Et Caroline lui a dit : « Mais
je préfère que tu ne parles plus, -
16:49 - 16:52parce que tu pourras
toujours changer d'idée, -
16:52 - 16:56mais si tu te suicides, tu ne pourras
plus jamais changer d'idée. » -
16:56 - 16:58Jean-François, qui a
participé à une étude, -
16:58 - 17:00je vais l’appeler Jean-François,
-
17:00 - 17:02qui a participé à une étude que je menais,
-
17:02 - 17:05nous racontait qu'à
une période de sa vie, -
17:05 - 17:08il vivait une période difficile,
-
17:08 - 17:10un divorce acrimonieux avec sa conjointe,
-
17:10 - 17:12il ne voyait pas beaucoup ses enfants,
-
17:12 - 17:14il avait l'impression que sa vie
était devenue un échec. -
17:14 - 17:19Il était fâché, en colère,
dépressif, suicidaire, -
17:19 - 17:22et un jour, un matin
qu'il était au travail, -
17:22 - 17:24son contremaître s'approche de lui
-
17:24 - 17:28et lui dit : « Écoute. Je sais
que ça ne va pas bien là. -
17:28 - 17:29Je veux que tu arrêtes ce que tu fais.
-
17:29 - 17:32Je veux que tu ailles aux urgences,
que tu vois un médecin, -
17:32 - 17:34et tiens ! appelle à tel endroit. »
-
17:34 - 17:38Et il lui a donné le dépliant
d'un organisme communautaire, -
17:38 - 17:39qui vient en aide aux hommes
-
17:39 - 17:41qui vivent des difficultés de séparation.
-
17:41 - 17:44Alors Jean-François nous racontait
-
17:44 - 17:48que non seulement
les actions de son contremaître -
17:48 - 17:51et les actions des gens
de l'organisme communautaire -
17:51 - 17:54l'ont aidé à avoir un point tournant,
-
17:54 - 17:56mais lui ont sauvé la vie.
-
17:56 - 18:01Donc si vous, vous n'avez pas
ce genre d'occasion dans votre vie, -
18:01 - 18:03vous pouvez quand même écrire,
-
18:03 - 18:05vous pouvez signer des pétitions,
-
18:05 - 18:07vous pouvez écrire à vos députés,
-
18:07 - 18:10vous pouvez écrire
à vos ministres de la santé, -
18:10 - 18:12vous pouvez écrire au Premier
Ministre du Québec et du Canada, -
18:12 - 18:16et dire que nous on tient à la vie,
-
18:16 - 18:18parce que la vie est importante,
-
18:18 - 18:20et on veut que nos gouvernements se dotent
-
18:20 - 18:23de stratégie nationale
de prévention de suicide. -
18:23 - 18:26Et si toutes nos actions concertées,
-
18:26 - 18:29ne servaient qu'à aider une personne,
-
18:29 - 18:33si toutes nos actions
contribuaient à aider une personne, -
18:33 - 18:37à modifier la trajectoire
suicidaire d'une personne, -
18:37 - 18:40alors toutes nos actions
auront valu la peine. -
18:40 - 18:42Merci.
-
18:42 - 18:46(Applaudissements)
- Title:
- Peut-on faire dévier les trajectoires suicidaires ? | Monique Seguin | TEDxGatineau
- Description:
-
Docteure en psychologie, Monique Séguin nous interpelle dans cette conférence sur l'importance de sensibiliser la population au fait que le suicide est un problème social. Elle ajoute que prévenir ce fléau est une affaire qui nous concerne tous.
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 18:50