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Der Himmel über Berlin, Wings of Desire

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    Lorsque l'enfant était enfant,
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    Il marchait les bras ballants,
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    voulait que le ruisseau soit
    rivière et la rivière fleuve,
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    que cette flaque soit la mer.
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    Lorsque l'enfant était enfant,
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    il ne savait pas
    qu'il était enfant,
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    tout pour lui avait une âme,
    et toutes les âmes étaient une.
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    Lorsque l'enfant était enfant,
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    il n'avait d'opinion sur rien,
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    il n'avait pas d'habitudes,
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    il s'asseyait en tailleur,
    démarrait en courant,
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    avait une mèche rebelle
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    et ne faisait pas de mines
    quand on le photographiait.
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    LES AILES DU DESIR
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    Regarde !
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    La joie de lever la tête
    vers la lumiêre, au grand air,
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    la joie du soleil
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    inondant les couleurs
    des yeux des gens...
  • 3:42 - 3:43
    Enfin folle, enfin
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    plus seule !
    Enfin folle, enfin sauvée !
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    Enfin folle,
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    enfin tranquille !
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    Il y a une petite maison avec
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    deux étages et une terrasse...
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    On va s'y baigner
    tous les jours...
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    Et I'homme qui habite Ià
    s'appelle...
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    Incroyable, comme
    j'en sais peu sur ce rôle.
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    Peut-être qu'on trouvera
    pendant le tournage.
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    Un bon costume, et la bataille
    est à moitié gagnée.
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    Berlin... Emil Jannings...
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    Kennedy... Von Stauffenberg...
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    Quel joli dessin !
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    C'était à Berlin ?
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    Qu'est-ce que ça change ?
    C'est arrivé.
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    Si grand-mêre était Ià,
    elle dirait : ''Spazier''...
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    Tokyo, Kyoto, Paris, Londres,
  • 5:05 - 5:06
    Trieste,
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    Berlin...
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    Il n'y a rien de bien
    à la téIé.
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    Vous butez sur vos couleurs
    et n'êtes jamais ponctuels.
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    La même odeur.
    Mais plus poussiéreux.
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    Elle collectionnait tout.
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    Les tickets de métro.
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    Elle ne jetait jamais rien.
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    Mêre. Ma mêre.
  • 7:05 - 7:06
    Elle ne I'a jamais été.
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    Mon pêre... était mon pêre.
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    Elle est morte.
  • 7:12 - 7:15
    Pas de larmes, pas de douleur.
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    Plus tard, peut-être.
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    Elle ne t'aime pas,
    elle ne t'a jamais aimé.
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    Et toi aussi,
    tu fais seulement semblant.
  • 7:51 - 7:54
    Sois content qu'ils t'aient oublié.
  • 7:54 - 7:55
    Tu es enfin libre.
  • 8:03 - 8:05
    Mon Dieu,
    que va devenir ce garçon.
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    Il ne pense qu'à la musique.
  • 8:14 - 8:15
    Qu'est-ce qu'il veut encore ?
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    Je lui ai déjà acheté
    une guitare.
  • 8:19 - 8:22
    Maintenant une batterie ?
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    Je commence à en avoir marre.
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    Sera-t-il jamais raisonnable ?
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    ça commence à bien faire.
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    Je ne peux plus rien pour lui.
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    Il n'a rien appris
    que le rock'n'roll.
  • 8:51 - 8:55
    Peut-être bien
    qu'il se trouvera un jour.
  • 9:07 - 9:09
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 9:10 - 9:13
    ce fut le temps
    des questions suivantes :
  • 9:14 - 9:17
    Pourquoi suis-je moi,
    et pourquoi pas toi?
  • 9:19 - 9:20
    Pourquoi suis-je ici,
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    et pourquoi pas là ?
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    Quand commence le temps,
    et où finit l'espace ?
  • 9:29 - 9:31
    La vie sous le soleil
  • 9:31 - 9:33
    n'est-elle pas qu'un rêve ?
  • 9:36 - 9:39
    Ce que je vois, entends, sens,
    n'est-ce pas simplement
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    l'apparence d'un monde
    devant le monde ?
  • 9:43 - 9:45
    Le mal existe-t-il vraiment,
  • 9:45 - 9:48
    et des gens qui sont
    vraiment les mauvais ?
  • 9:50 - 9:54
    Comment se fait-il que moi,
    qui suis moi,
  • 9:54 - 9:58
    avant de devenlr,
    je n'étais pas,
  • 9:58 - 10:00
    et qu'un jour moi,
  • 10:00 - 10:02
    qui suis moi,
  • 10:02 - 10:05
    je ne serai plus
    ce moi que je suis ?
  • 10:11 - 10:13
    L'enfant a besoin d'oxygêne.
  • 10:13 - 10:14
    A fond, dans le ventre.
  • 10:15 - 10:17
    Je ne peux pas I'aider.
    Souffrir à sa place.
  • 10:17 - 10:21
    ça fait mal ! ça va passer.
  • 10:21 - 10:22
    ça y est presque.
  • 10:24 - 10:27
    Petite crevette, je suis
    si heureuse de te voir.
  • 10:27 - 10:29
    De quoi auras-tu I'air ?
  • 10:31 - 10:33
    Ordure !
  • 10:35 - 10:37
    Avec les femmes,
    tu vas foutre ta vie en I'air.
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    Blackie, je me suis perdue.
    On allait au cimetiêre...
  • 11:14 - 11:15
    Alors ?
  • 11:22 - 11:26
    Lever du soleil 7 h 22,
    coucher 16 h 28,
  • 11:26 - 11:28
    lever de la lune 19 h 04,
    coucher...
  • 11:28 - 11:31
    Niveau de la Havel
    et de la Spree...
  • 11:31 - 11:34
    Il y a 20 ans aujourd'hui,
    un avion soviétique
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    s'écrasait à Spandau,
    dans le lac.
  • 11:38 - 11:39
    Il y a 50 ans, c'était...
  • 11:39 - 11:40
    Les jeux Olympiques.
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    Il y a 200 ans, N.F. Blanchard
    survolait la ville en ballon.
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    Comme les transfuges
    I'autre jour.
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    Et aujourd'hui :
  • 11:52 - 11:56
    Lilienthaler Chaussee,
    un homme a ralenti le pas,
  • 11:56 - 11:59
    regardé par-dessus son épaule,
    dans le vide.
  • 12:01 - 12:04
    A la poste 44, un homme
    qui veut en finir aujourd'hui
  • 12:04 - 12:07
    a collé des timbres spéciaux
    sur ses lettres d'adieux,
  • 12:08 - 12:09
    sur chacune un autre,
  • 12:09 - 12:14
    puis, Mariannenplatz, a parlé anglais
    avec un soldat américain,
  • 12:14 - 12:17
    pour la premiêre fois
    depuis I'école, couramment.
  • 12:19 - 12:21
    A Ploetzensee, un détenu,
  • 12:21 - 12:23
    avant de se jeter
    la tête contre le mur,
  • 12:24 - 12:25
    a dit : ''Maintenant !''
  • 12:26 - 12:30
    Au métro Zoo, le chef de quai,
    au lieu du nom de la station,
  • 12:30 - 12:32
    s'est écrié ''Terre de feu''...
  • 12:32 - 12:33
    Beau !
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    Dans les collines un vieillard
    lisait I'Odyssée à un enfant,
  • 12:38 - 12:41
    et son petit auditeur
    a cessé de cligner des yeux.
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    Et toi ? Que racontes-tu ?
  • 12:47 - 12:48
    Une passante qui,
  • 12:49 - 12:52
    sous la pluie, a fermé
    son parapluie d'un coup sec
  • 12:52 - 12:54
    et s'est laissée tremper.
  • 12:56 - 12:57
    Un écolier
  • 12:58 - 13:00
    qui décrivait à son maître
  • 13:00 - 13:04
    comment une fougêre sort
    de terre, et le maître étonné.
  • 13:06 - 13:09
    Une aveugle qui a cherché
    des mains sa montre
  • 13:09 - 13:11
    en percevant ma présence...
  • 13:14 - 13:17
    Merveille de vivre en esprit
    et d'attester pour I'éternité
  • 13:17 - 13:20
    le spirituel, rien que
    le spirituel chez les gens.
  • 13:23 - 13:26
    Mais parfois je suis las
    de mon existence d'esprit.
  • 13:27 - 13:29
    J'aimerais ne plus
    éternellement survoler,
  • 13:29 - 13:31
    j'aimerais
    sentir en moi un poids
  • 13:32 - 13:34
    qui abolisse I'illimité
    et m'attache à la terre.
  • 13:35 - 13:39
    Pouvoir, à chaque pas,
    à chaque coup de vent,
  • 13:39 - 13:41
    dire ''maintenant'',
  • 13:41 - 13:43
    maintenant, maintenant
  • 13:43 - 13:46
    et non plus ''depuis toujours''
    et ''à jamais''.
  • 13:47 - 13:50
    S'asseoir
    à la table des joueurs
  • 13:50 - 13:53
    et être salué,
    serait-ce d'un signe de tête.
  • 13:55 - 13:59
    Même quand nous participions,
    nous faisions semblant.
  • 14:00 - 14:02
    Combattant I'un d'eux,
  • 14:02 - 14:05
    faire semblant de se laisser
    démettre la hanche,
  • 14:05 - 14:07
    faire semblant
    d'attraper un poisson,
  • 14:08 - 14:11
    faire semblant de s'asseoir
    aux tables, de boire
  • 14:11 - 14:13
    et de manger, semblant encore,
  • 14:14 - 14:16
    se faire rôtir des agneaux,
    servir du vin
  • 14:17 - 14:20
    dans les tentes du désert,
    toujours faire semblant !
  • 14:21 - 14:25
    Je ne demande pas à engendrer
    un enfant, planter un arbre,
  • 14:26 - 14:28
    mais ce serait
    déjà quelque chose,
  • 14:28 - 14:30
    au retour d'une longue journée,
  • 14:31 - 14:33
    de nourrir le chat
    comme Philip Marlowe,
  • 14:35 - 14:36
    d'avoir la fiêvre,
  • 14:37 - 14:39
    les doigts noircis
    par le journal,
  • 14:41 - 14:45
    de ne plus être exalté par
    I'esprit, mais par un repas,
  • 14:46 - 14:48
    par la courbe d'une nuque,
  • 14:48 - 14:50
    par une oreille.
  • 14:53 - 14:56
    Mentir ! Comme on respire !
  • 14:57 - 15:01
    Sentir en marchant
    sa charpente qui avance.
  • 15:01 - 15:05
    Deviner enfin, au lieu
    de toujours tout savoir,
  • 15:05 - 15:09
    pouvoir dire ''ah !'',
    ''oh !'' et ''aïe !''
  • 15:10 - 15:12
    au lieu de ''oui et amen !''
  • 15:14 - 15:17
    Et pouvoir aussi
    s'exalter pour le mal :
  • 15:17 - 15:18
    en croisant les passants,
  • 15:19 - 15:21
    attirer à soi
    tous les démons de la terre,
  • 15:21 - 15:23
    et les chasser dans le monde !
  • 15:25 - 15:26
    Etre un sauvage !
  • 15:29 - 15:31
    Ou enfin sentir ce que c'est
  • 15:31 - 15:34
    d'enlever ses chaussures
    sous la table
  • 15:34 - 15:36
    et d'étirer les orteils,
  • 15:36 - 15:38
    pieds nus, comme ça.
  • 15:43 - 15:44
    Rester seul !
  • 15:45 - 15:47
    Laisser survenir !
  • 15:47 - 15:49
    Garder son sérieux !
  • 15:49 - 15:53
    Nous ne pouvons être sauvages
    qu'en gardant notre sérieux.
  • 15:54 - 15:56
    Ne rien faire que regarder,
  • 15:56 - 15:59
    rassembler, attester,
    conserver !
  • 16:01 - 16:02
    Rester esprit !
  • 16:03 - 16:05
    Garder la distance !
    Rester en parole !
  • 16:06 - 16:07
    Regarde, un cabriolet.
  • 16:08 - 16:09
    On n'achête pas ça,
  • 16:09 - 16:12
    on le fauche !
    Sinon on se le fait faucher.
  • 16:12 - 16:13
    Imagine un peu :
  • 16:14 - 16:15
    on ouvre le toit,
    on sort du smog !
  • 16:16 - 16:17
    Une bagnole de mac !
  • 16:33 - 16:37
    Walter Benjamin acheta en 1921
    une aquarelle de Paul Klee...
  • 21:07 - 21:10
    Raconte, muse, le conteur,
  • 21:10 - 21:13
    I'enfantin, I'antique,
  • 21:13 - 21:15
    dérivé au bord du monde,
  • 21:15 - 21:17
    et fais qu'en lui
  • 21:17 - 21:20
    se reconnaisse chaque homme.
  • 21:30 - 21:32
    Avec le temps,
  • 21:33 - 21:36
    ceux qui m'écoutaient
    sont devenus mes lecteurs,
  • 21:36 - 21:39
    ils ne sont plus
    assis en cercle,
  • 21:39 - 21:41
    mais à part soi, et
  • 21:41 - 21:43
    I'un ne sait rien de I'autre.
  • 21:51 - 21:55
    Je suis un vieillard,
    à la voix cassée, mais
  • 21:55 - 22:00
    le récit s'éIêve
    encore des profondeurs
  • 22:00 - 22:05
    et la bouche entrouverte
    le répête,
  • 22:05 - 22:08
    avec force et évidence,
  • 22:08 - 22:14
    une liturgie où personne
    n'a besoin d'être initié
  • 22:14 - 22:17
    au sens des mots
    et des phrases.
  • 22:28 - 22:29
    Peut-être
    qu'elle n'a pas d'argent
  • 22:30 - 22:32
    pour voir un autre docteur.
  • 22:33 - 22:36
    Voilà quatre ans
    que je ne I'ai pas vue,
  • 22:36 - 22:37
    deux qu'elle est malade.
  • 22:38 - 22:40
    Quand allez-vous prier
    avec vos propres mots,
  • 22:40 - 22:42
    et pas pour la vie éternelle ?
  • 22:44 - 22:48
    Ces petites qui font
    de I'oeil aux hommes...
  • 22:52 - 22:54
    Pourquoi est-ce que je vis ?
  • 22:54 - 22:58
    Qui est le premier à avoir
    traversé le Wannsee à la nage ?
  • 23:01 - 23:02
    Avec ma petite pension...
  • 23:16 - 23:18
    Tu es perdu,
    mais ça peut encore durer.
  • 23:18 - 23:21
    Rejeté par tes parents,
    quitté par ta femme,
  • 23:22 - 23:23
    ton ami dans une autre ville,
  • 23:24 - 23:26
    tes enfants ne se rappellent
    que tes tics,
  • 23:26 - 23:29
    tu pourrais te gifler
    en te voyant dans la glace...
  • 23:31 - 23:32
    Qu'est-ce que c'est ?
  • 23:32 - 23:33
    Que se passe-t-il ?
  • 23:36 - 23:37
    Je suis encore Ià.
  • 23:37 - 23:40
    Si je le veux,
    si seulement je le veux...
  • 23:42 - 23:43
    Je dois vouloir,
  • 23:43 - 23:45
    et je vais m'en sortir.
  • 23:45 - 23:47
    C'est moi
    qui me suis laissé aller,
  • 23:47 - 23:49
    je peux aussi m'en tirer.
  • 23:49 - 23:51
    Il ne manquerait plus que ça.
  • 24:04 - 24:05
    Regarde, deux marks !
  • 24:05 - 24:06
    C'est une capsule de biêre !
  • 24:07 - 24:09
    Tu parles ! Allez, tire !
  • 24:13 - 24:15
    Rien que 10 pfennigs.
  • 24:17 - 24:18
    Vous pariez ?
    était génial hier soir !
  • 24:19 - 24:21
    Vous pariez ?
    passait pas hier soir !
  • 24:23 - 24:24
    Il y a quelques jours,
  • 24:24 - 24:25
    il y a un mois.
  • 24:29 - 24:31
    Je suis tout seul,
  • 24:32 - 24:34
    je fais la gueule,
  • 24:34 - 24:36
    jouer à trois,
    ça serait la joie.
  • 24:49 - 24:52
    Et ils ont vécu
    heureux jusqu'à...
  • 25:13 - 25:16
    Marion, pas comme ça !
  • 25:20 - 25:22
    Avec élan, pas avec force !
  • 25:25 - 25:27
    Ne pendouille pas, vole !
  • 25:27 - 25:29
    Tu es un ange !
  • 25:29 - 25:31
    Putain de bordel de merde !
  • 25:32 - 25:34
    De bordel de merde !
  • 25:35 - 25:38
    Je ne peux pas voler
    avec ces trucs.
  • 25:38 - 25:40
    Bien sûr que si.
  • 25:40 - 25:43
    Avec des ailes,
    c'est plus facile que sans.
  • 25:44 - 25:46
    Pas avec des plumes de poulet !
  • 26:07 - 26:09
    ça suffit !
  • 26:11 - 26:12
    Concentre-toi, Marion !
  • 26:12 - 26:16
    Il faut dire qu'elle travaille,
    la volaille.
  • 26:17 - 26:18
    Fais un effort !
  • 26:19 - 26:20
    Un effort !
  • 26:21 - 26:23
    Bien sûr, je fais un effort.
  • 26:23 - 26:25
    Qu'est-ce que je fous ici !
  • 26:27 - 26:29
    Je vous serais
    déjà tombée sur la tête
  • 26:29 - 26:32
    si je ne faisais pas
    un effort !
  • 26:39 - 26:40
    Venez voir.
  • 26:42 - 26:42
    Arrêtez tout.
  • 26:44 - 26:46
    On ne peut plus payer,
  • 26:47 - 26:49
    on est fauchés.
  • 26:52 - 26:53
    Demain on démonte,
  • 26:54 - 26:56
    roulottes à la remise,
  • 26:57 - 26:58
    la clé sous le paillasson,
  • 26:59 - 27:02
    pour cette année,
    le cirque est mort.
  • 27:03 - 27:04
    Désolé.
  • 27:27 - 27:30
    Je n'imaginais pas comme ça,
  • 27:31 - 27:33
    mes adieux au cirque.
  • 27:36 - 27:40
    Le dernier soir, pas un chat,
    vous jouez comme des pieds
  • 27:41 - 27:44
    et je volête sous la tente
    comme une poule au pot.
  • 27:46 - 27:50
    Et puis je redeviens serveuse.
  • 28:27 - 28:28
    Un ange passe !
  • 31:48 - 31:51
    Ne plus penser à rien.
  • 34:19 - 34:20
    Les couleurs.
  • 34:20 - 34:23
    Néons dans le ciel du soir.
  • 34:25 - 34:27
    Métro aérien rouge et jaune.
  • 36:04 - 36:08
    Tu n'as jamais vu crever quelqu'un ?
  • 36:10 - 36:12
    Je pue I'essence.
  • 36:14 - 36:16
    J'ai tout vu clairement :
  • 36:16 - 36:19
    la flaque d'huile,
    la Mercedes...
  • 36:19 - 36:22
    Karin,
    j'aurais dû te dire.
  • 36:24 - 36:26
    ça ne peut pas être si simple,
  • 36:26 - 36:28
    j'ai encore tant à faire.
  • 36:29 - 36:31
    Comme je sortais de la vallée
  • 36:31 - 36:34
    et des brumes dans le soleil...
  • 36:37 - 36:39
    L'incendie de la prairie,
  • 36:40 - 36:42
    les pommes de terre dans la cendre,
  • 36:43 - 36:46
    la remise à bateaux
    loin dans le lac...
  • 36:47 - 36:49
    La Croix du Sud.
  • 36:50 - 36:52
    L'Orient lointain.
  • 36:53 - 36:55
    Le Grand Nord.
  • 36:56 - 36:59
    L'Ouest sauvage.
  • 37:00 - 37:03
    Le Grand Lac de I'Ours.
  • 37:04 - 37:07
    Les îles Tristan da Cunha.
  • 37:09 - 37:12
    Le delta du Mississippi.
  • 37:14 - 37:15
    Stromboli.
  • 37:17 - 37:20
    Les vieilles maisons
    de Charlottenburg.
  • 37:22 - 37:24
    Albert Camus.
  • 37:27 - 37:28
    La lumiêre du matin.
  • 37:30 - 37:33
    Le regard de I'enfant.
  • 37:35 - 37:38
    Le bain dans la cascade.
  • 37:40 - 37:43
    Les taches des premiêres
    gouttes de pluie.
  • 37:45 - 37:46
    Le soleil.
  • 37:47 - 37:49
    Le pain et le vin.
  • 37:51 - 37:52
    Le saut à cloche-pied.
  • 37:53 - 37:55
    La fête de Pâques.
  • 37:56 - 37:58
    Les veines des feuilles.
  • 38:00 - 38:01
    L'herbe ondoyante.
  • 38:03 - 38:05
    Les couleurs des pierres.
  • 38:06 - 38:09
    Les galets
    sur le lit du ruisseau.
  • 38:11 - 38:14
    La nappe blanche au grand air.
  • 38:15 - 38:17
    Le rêve de la maison
    dans la maison.
  • 38:19 - 38:22
    Le prochain qui dort
    dans la piêce voisine.
  • 38:23 - 38:25
    La paix du dimanche.
  • 38:27 - 38:28
    L'horizon.
  • 38:29 - 38:32
    La lumiêre de la chambre
    dans le jardin.
  • 38:34 - 38:36
    Le vol de nuit.
  • 38:37 - 38:40
    Le vélo sans les mains.
  • 38:42 - 38:44
    La belle inconnue.
  • 38:46 - 38:47
    Mon pêre.
  • 38:49 - 38:50
    Ma mêre.
  • 38:53 - 38:54
    Ma femme.
  • 38:57 - 38:58
    Mon enfant.
  • 39:15 - 39:18
    Le monde paraît se noyer
    dans le crépuscule,
  • 39:18 - 39:20
    mais je raconte,
  • 39:20 - 39:24
    comme au début,
    dans ma monodie
  • 39:24 - 39:26
    qui me soutient,
  • 39:26 - 39:31
    par le récit épargné
    des troubles du présent et
  • 39:32 - 39:34
    protégé pour I'avenir.
  • 39:48 - 39:52
    C'en est fini
    du grand souffle de jadis,
  • 39:52 - 39:55
    du va-et-vient
    à travers les siêcles.
  • 39:55 - 39:59
    Je ne peux plus penser
    qu'au jour le jour.
  • 40:00 - 40:03
    Mes héros ne sont plus
  • 40:03 - 40:06
    les guerriers et les rois,
    mais
  • 40:07 - 40:12
    les choses de la paix,
    toutes égales entre elles,
  • 40:13 - 40:16
    les oignons qui sêchent
  • 40:17 - 40:20
    valant le tronc d'arbre...
  • 40:20 - 40:24
    Mais nul n'a encore réussi
  • 40:25 - 40:29
    à chanter
    une épopée de la paix.
  • 40:29 - 40:31
    Pourquoi la paix
  • 40:32 - 40:36
    ne peut-elle pas
    exalter à la longue,
  • 40:37 - 40:41
    ne se laisse-t-elle pas
    raconter
  • 40:46 - 40:48
    Renoncer ?
  • 40:49 - 40:51
    Si je renonce,
  • 40:52 - 40:54
    I'humanité perdra son conteur.
  • 40:55 - 40:59
    Et si jamais
    I'humanité perd son conteur,
  • 40:59 - 41:02
    elle perd du même coup
    son enfance.
  • 41:13 - 41:17
    Je ne retrouve pas
    Potsdamer Platz.
  • 41:20 - 41:21
    Ici ?
  • 41:23 - 41:26
    ça ne peut pas être ça.
  • 41:27 - 41:29
    Potsdamer Platz,
  • 41:30 - 41:32
    il y avait Ià le café Josti,
  • 41:33 - 41:35
    j'y venais I'aprês-midi
  • 41:36 - 41:39
    faire la conversation,
    prendre un café
  • 41:40 - 41:44
    et regarder le public,
    aprês avoir fumé mon cigare
  • 41:45 - 41:50
    chez Loese et Wolf,
    marchands de tabac réputés.
  • 41:50 - 41:52
    Ici, juste en face.
  • 41:54 - 41:59
    ça ne peut pas être
    Potsdamer Platz.
  • 42:01 - 42:04
    Et personne
  • 42:04 - 42:06
    à qui demander.
  • 42:09 - 42:12
    C'était... une place animée.
  • 42:13 - 42:17
    Des tramways,
    des omnibus à chevaux, et...
  • 42:17 - 42:22
    deux autos : la mienne
    et celle du chocolatier.
  • 42:25 - 42:30
    La magasin Wertheim aussi
    était ici.
  • 42:31 - 42:32
    Et puis...
  • 42:33 - 42:37
    soudain...
    des drapeaux sont apparus...
  • 42:41 - 42:45
    Toute la place
    en était couverte...
  • 42:46 - 42:48
    Et les gens
  • 42:48 - 42:51
    n'étaient
    plus du tout aimables,
  • 42:51 - 42:54
    la police non plus.
  • 42:56 - 42:59
    Je n'abandonnerai pas
  • 43:00 - 43:04
    tant que je n'aurai pas
    retrouvé Potsdamer Platz !
  • 43:10 - 43:14
    Où sont mes héros ?
    Où êtes-vous, mes enfants ?
  • 43:15 - 43:19
    Où sont les miens, les obtus,
  • 43:20 - 43:22
    ceux des origines ?
  • 43:32 - 43:36
    Appelle-moi, muse,
    le pauvre chantre immortel
  • 43:37 - 43:40
    qui, abandonné des mortels
    qui I'écoutaient,
  • 43:40 - 43:43
    perdit la voix :
  • 43:44 - 43:47
    lui qui, de I'ange du récit
    qu'il était,
  • 43:47 - 43:52
    devint I'aêde
    ignoré ou raillé
  • 43:52 - 43:56
    au-dehors, sur le seuil
    du no man's land.
  • 44:21 - 44:25
    20 marks, 40 marks, 80 marks.
  • 44:25 - 44:29
    En une semaine je pourrais
    en avoir 500. Vers le sud !
  • 44:30 - 44:34
    Quelle idée débile de me
    mettre ici. Trop de trafic.
  • 44:34 - 44:37
    Connard, ça fait
    trois fois qu'il passe.
  • 44:38 - 44:40
    Me tirer d'ici.
  • 44:40 - 44:44
    Si quelqu'un me reconnaît,
    je me fais jeter du lycée.
  • 44:45 - 44:47
    Là, j'aurais besoin de Klaus,
  • 44:48 - 44:51
    il se serait occupé de moi.
  • 44:51 - 44:53
    Il était trop bon.
    C'est pour ça
  • 44:53 - 44:54
    qu'il est crevé.
  • 45:03 - 45:07
    Reste-t-il des frontiêres ?
    Plus que jamais !
  • 45:08 - 45:12
    Chaque rue
    a sa propre barriêre.
  • 45:13 - 45:17
    Entre les lignes,
    il y a un terrain vague,
  • 45:17 - 45:20
    camouflé par une haie
    ou un fossé.
  • 45:21 - 45:25
    On y tombe
    sur des chevaux de frise,
  • 45:25 - 45:26
    on est frappé
  • 45:26 - 45:28
    par des rayons laser.
  • 45:28 - 45:31
    Les truites dans I'eau
    sont des torpilles.
  • 45:33 - 45:37
    Chaque maître de maison,
    chaque propriétaire,
  • 45:37 - 45:39
    cloue son nom sur la porte
  • 45:40 - 45:43
    et étudie le journal
    comme un maître du monde.
  • 45:43 - 45:46
    Le peuple allemand a éclaté
    en autant de mini-Etats
  • 45:47 - 45:48
    qu'il y a d'individus.
  • 45:48 - 45:50
    Et les Etats isolés
  • 45:50 - 45:52
    sont mobiles :
  • 45:52 - 45:54
    chacun emmêne le sien avec soi
  • 45:54 - 45:58
    et, si on veut y pénétrer,
    exige un droit de passage :
  • 45:59 - 46:04
    une mouche enfermée dans
    de I'ambre, ou une flasque.
  • 46:05 - 46:07
    Et ce n'est que la frontiêre,
  • 46:07 - 46:10
    mais on ne peut
    aller plus avant
  • 46:10 - 46:13
    dans chaque mini-Etat
    avec ses quelques mots de passe.
  • 46:33 - 46:36
    L'âme allemande d'aujourd'hui
    ne peut être conquise
  • 46:36 - 46:38
    et dirigée que par celui
  • 46:38 - 46:41
    qui approchera chacun d'eux
  • 46:41 - 46:42
    avec ses mots de passe.
  • 46:43 - 46:46
    Par bonheur, nul n'en est
    actuellement capable.
  • 46:46 - 46:47
    Ainsi, chacun
  • 46:47 - 46:48
    part pour I'étranger
  • 46:49 - 46:53
    et fait flotter aux quatre vents
    sa cime d'Etat.
  • 46:53 - 46:56
    Ses enfants aussi
    agitent déjà leur crécelle
  • 46:56 - 46:58
    et tirent leur merde
    en cercles autour d'eux.
  • 46:58 - 47:01
    C'est ça, le livre
    dont vous me parliez ?
  • 47:02 - 47:03
    Das Double ?
  • 47:05 - 47:06
    Hitler avait un double, ou...
  • 47:07 - 47:08
    Il y avait deux Hitler ?
  • 47:09 - 47:10
    Non. Hitler
  • 47:10 - 47:13
    est revenu
    du front de I'Est et...
  • 47:13 - 47:16
    il est mort avant
    d'atterrir dans les Alpes.
  • 47:18 - 47:21
    Et Goebbels a fait jouer
    Hitler par un acteur.
  • 47:21 - 47:23
    Pour empêcher qu'on sache...
  • 47:24 - 47:26
    Une question. Cette histoire,
  • 47:27 - 47:30
    je ne la trouve pas
    três plausible.
  • 47:32 - 47:35
    Une heure
    avant le prochain plan.
  • 47:36 - 47:38
    Elle est plus réaliste
    que notre film !
  • 47:39 - 47:41
    Je vais vous expliquer.
  • 47:41 - 47:43
    Les gens aiment
    les histoires policiêres,
  • 47:43 - 47:47
    alors tous les prétextes
    sont bons pour en faire.
  • 47:48 - 47:51
    C'est débile, d'accord,
    mais ça aussi, c'est débile !
  • 47:51 - 47:55
    Erika, fiche-moi la paix !
  • 47:56 - 47:57
    Désolé.
  • 47:58 - 47:59
    Je veux te dire un mot, chérie.
  • 48:03 - 48:04
    On a assez de photos.
  • 48:05 - 48:08
    S'il te plaît,
    plus de photos.
  • 48:09 - 48:10
    Helen, je vous cherchais,
  • 48:10 - 48:12
    je ne peux pas
    porter ce chapeau !
  • 48:13 - 48:15
    Il vous va três bien !
  • 48:16 - 48:17
    Essayez-le !
  • 48:21 - 48:22
    Mettez-le.
  • 48:22 - 48:26
    On a d'autres chapeaux Ià-bas,
    essayez-les.
  • 48:37 - 48:40
    On va trouver un chapeau
    pour aller avec cette tête.
  • 48:47 - 48:49
    Quel genre vous voulez ?
  • 48:50 - 48:53
    Je veux avoir I'air
    allemand, anonyme,
  • 48:54 - 48:58
    je veux me fondre
    dans la foule.
  • 48:58 - 49:01
    Là, on dirait Humphrey Bogart.
  • 49:01 - 49:02
    Essayez celui-Ià.
  • 49:07 - 49:08
    Celui-Ià ?
  • 49:09 - 49:11
    C'est pour I'opéra.
  • 49:11 - 49:13
    Vous avez I'air d'un rabbin !
  • 49:16 - 49:18
    Celui-Ià,
    ça, sur la 42ême Rue...
  • 49:19 - 49:21
    c'est un bookmaker.
  • 49:28 - 49:30
    Trouvez-moi un bon chapeau !
  • 49:30 - 49:31
    Je suis déguisé,
  • 49:32 - 49:34
    je veux passer inaperçu.
  • 49:37 - 49:40
    C'est ridicule, ces chapeaux,
  • 49:41 - 49:44
    des chapeaux de gangsters.
  • 49:45 - 49:47
    ça, c'en est pas un.
  • 49:48 - 49:50
    Là, je me marie.
  • 49:51 - 49:53
    ça, c'est pour...
  • 49:54 - 49:56
    aller aux courses, à Londres.
  • 49:56 - 49:58
    Celui-Ià est bien.
  • 50:03 - 50:04
    Peut-être.
  • 50:05 - 50:06
    ça se pourrait.
  • 50:06 - 50:07
    Possible.
  • 50:09 - 50:13
    C'est bon. Vous avez I'air
    d'un grand-pêre.
  • 50:20 - 50:21
    Charlie Chan,
  • 50:22 - 50:26
    honorable fils,
    pas três intelligent...
  • 50:44 - 50:47
    Columbo n'avait pas
    de chapeau. Un sacré costume.
  • 50:47 - 50:49
    C'était mon manteau à moi.
  • 50:50 - 50:53
    Peter, où est ton imper ?
    Nettoyé, brûIé.
  • 50:54 - 50:56
    Qu'est-ce qu'il y a, Peter ?
  • 50:57 - 50:59
    Pourquoi tes pensées
    s'égarent-elles ?
  • 51:02 - 51:05
    Je vais manger
    une sole meuniêre ce soir.
  • 51:05 - 51:07
    Les Allemands font
    la sauce meuniêre ?
  • 51:08 - 51:11
    Peut-être des spaghetti
    avec sauce tomate au pesto.
  • 51:12 - 51:14
    Les Allemands font le pesto ?
  • 51:16 - 51:18
    ça ne changera jamais.
  • 51:19 - 51:23
    lls étaient éIégants,
    les frêres.
  • 51:23 - 51:25
    lls s'y connaissaient.
  • 51:32 - 51:34
    La seule chose qui me manquera
  • 51:35 - 51:38
    du dehors,
    du royaume de la lumiêre,
  • 51:39 - 51:40
    ce seront les moineaux.
  • 51:40 - 51:43
    L'argent fait le bonheur.
    Comment vivre ?
  • 51:43 - 51:46
    L'Homme au casque d'or
    est un bluff !
  • 51:46 - 51:50
    Vous n'êtes pas d'ici.
    Vous êtes tous des réfugiés.
  • 51:54 - 51:57
    Je suis Ià depuis ce matin,
  • 51:57 - 51:59
    j'ai froid et je m'ennuie.
  • 51:59 - 52:04
    Le vent dans le visage,
    le premier air chargé de neige,
  • 52:04 - 52:06
    I'eau dans la rigole,
  • 52:06 - 52:10
    le balcon
    avec la belle étrangêre...
  • 52:11 - 52:14
    Ce sont peut-être des vrais.
    lls en ont I'air.
  • 52:15 - 52:17
    lls prenaient la bouffe
  • 52:17 - 52:18
    des chiens, dans les camps.
  • 52:18 - 52:20
    ça vous changerait les idées.
  • 52:21 - 52:23
    Vous réjouissez pas trop vite.
  • 52:24 - 52:25
    Le Français...
  • 52:26 - 52:28
    je I'ai rencontré dans la rue.
  • 52:28 - 52:30
    ''Berlin, ça donnera plus rien,''
  • 52:30 - 52:32
    il m'avait dit ça.
  • 52:34 - 52:36
    La maison était
    à moitié tombée.
  • 52:36 - 52:38
    Il restait encore
    quelque chose.
  • 52:39 - 52:40
    Pour combien de temps ?
  • 52:41 - 52:43
    Je vois encore cette femme
  • 52:43 - 52:46
    qui se tenait Ià-haut
    dans les ruines,
  • 52:48 - 52:51
    et qui secouait les couettes.
  • 52:51 - 52:55
    Quand était-ce donc ?
    Mai... juin 45.
  • 52:57 - 52:59
    Je peux vous dessiner ?
  • 53:07 - 53:09
    Un instant, três rapide.
  • 53:09 - 53:10
    Ne bougez pas !
  • 53:15 - 53:17
    Je me demande
    si elle est juive.
  • 53:18 - 53:20
    Quel gentil visage !
  • 53:20 - 53:22
    Est-ce que c'est bien fait,
    ce qu'il peint Ià ?
  • 53:27 - 53:28
    Quelle narine.
  • 53:29 - 53:31
    Dramatique.
  • 53:32 - 53:36
    Ces gens sont
    des figurants, des extras,
  • 53:38 - 53:40
    ils sont tellement patients.
  • 53:41 - 53:42
    lls restent assis Ià.
  • 53:44 - 53:47
    Peut-être
    qu'il va m'en faire cadeau.
  • 53:49 - 53:52
    Ces humains sont des extras,
  • 53:53 - 53:54
    des extra-humains.
  • 53:57 - 53:58
    Três bon,
  • 53:59 - 54:01
    três joli portrait !
  • 54:02 - 54:06
    L'étoile jaune
    signifie la mort.
  • 54:06 - 54:08
    Pourquoi ont-ils
    choisi le jaune ?
  • 54:09 - 54:10
    Tournesols.
  • 54:11 - 54:13
    Van Gogh s'est suicidé.
  • 54:14 - 54:16
    Ce dessin est dégueulasse.
  • 54:17 - 54:18
    Et alors ?
  • 54:19 - 54:20
    Personne ne le verra.
  • 54:21 - 54:23
    Un jour tu feras
    un bon dessin.
  • 54:24 - 54:26
    J'espêre, j'espêre.
  • 54:28 - 54:31
    Action pour les cascadeurs !
  • 54:59 - 55:02
    Encore une interview,
    la téIé de Berlin.
  • 55:02 - 55:05
    Tu as le temps. Je vais faire
    un gros plan de toi
  • 55:05 - 55:07
    aprês ce plan subjectif,
  • 55:08 - 55:09
    mais tu as tout le temps.
  • 55:10 - 55:12
    J'arrive, les gars.
    On la fait tout de suite.
  • 55:18 - 55:19
    Qu'est-ce qu'il y a, Peter ?
  • 55:24 - 55:25
    ''La vie... ''
  • 55:26 - 55:28
    ''si je ne I'avais pas, elle me manquerait.''
  • 55:28 - 55:31
    Dit le général à la putain.
  • 55:49 - 55:51
    Viens, je vais
    te montrer autre chose.
  • 57:27 - 57:29
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 57:29 - 57:34
    il se gavait d'épinards,
    de petits pois, de riz au lait
  • 57:34 - 57:36
    et de chou-fleur bouilli.
  • 57:36 - 57:39
    il mange tout cela à présent,
  • 57:39 - 57:41
    et pas seulement
    parce qu'il est forcé.
  • 57:41 - 57:43
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 57:43 - 57:46
    il s'est réveillé un jour
    dans un lit inconnu,
  • 57:46 - 57:49
    et à présent
    ça lui arrive toujours,
  • 57:49 - 57:52
    beaucoup de gens
    lui paraissaient beaux,
  • 57:52 - 57:54
    et à présent ça n'arrive
    plus que par chance,
  • 57:55 - 57:56
    il avait une image claire
  • 57:56 - 57:58
    du Paradis,
  • 57:59 - 58:01
    et à présent
    il le devine tout au plus,
  • 58:02 - 58:04
    ne pouvait imaginer un néant,
  • 58:05 - 58:07
    et aujourd'hui
    il tremble à son idée.
  • 58:08 - 58:09
    Lorsque l'enfant
  • 58:09 - 58:12
    était enfant,
    il jouait avec enthousiasme,
  • 58:12 - 58:13
    et à présent,
  • 58:14 - 58:15
    il est à son affaire
    comme jadis
  • 58:16 - 58:17
    seulement quand cette affaire
  • 58:18 - 58:19
    est son travail.
  • 61:18 - 61:21
    Te souviens-tu,
    notre premiêre venue ici ?
  • 61:22 - 61:24
    L'Histoire n'avait
    pas commencé.
  • 61:26 - 61:29
    Nous avons vu passer matin
    et soir, et nous avons attendu.
  • 61:30 - 61:31
    Il a fallu longtemps
  • 61:31 - 61:34
    pour que le fleuve trouve
    son lit, que I'eau stagnante
  • 61:34 - 61:36
    se mette à couler.
  • 61:36 - 61:38
    Vallée du fleuve primitif !
  • 61:39 - 61:42
    Un jour,
    je me souviens encore,
  • 61:43 - 61:44
    le glacier a vêIé
  • 61:44 - 61:47
    et les glaces ont fait route
    vers le nord.
  • 61:48 - 61:52
    Un arbre passa, encore vert,
    avec un nid vide.
  • 61:53 - 61:57
    Pendant des myriades d'années,
    seuls les poissons bondirent !
  • 61:57 - 62:00
    Puis vint le moment où
    I'essaim d'abeilles se noya.
  • 62:01 - 62:05
    Aprês, les deux cerfs se sont
    battus sur cette rive.
  • 62:05 - 62:07
    Puis la nuée de mouches,
  • 62:08 - 62:12
    et les ramures, descendant
    le fleuve comme des branches.
  • 62:12 - 62:14
    Seule I'herbe
    s'est toujours redressée,
  • 62:14 - 62:17
    poussant sur les cadavres
    des chats sauvages,
  • 62:17 - 62:19
    des sangliers, des buffles.
  • 62:19 - 62:21
    Te souviens-tu comme un matin
  • 62:21 - 62:25
    est sorti de la savane,
    I'herbe collant au front,
  • 62:25 - 62:29
    I'être à notre image,
    longtemps attendu, le bipêde,
  • 62:29 - 62:32
    dont le premier mot
    a été un cri :
  • 62:32 - 62:36
    était-ce ''ah'', ''oh'',
  • 62:36 - 62:38
    ou un simple gémissement ?
  • 62:39 - 62:42
    Nous avons enfin pu rire
    de cet homme,
  • 62:43 - 62:44
    pour la premiêre fois,
  • 62:44 - 62:48
    et de son cri, de I'appel
    de son successeur, nous avons
  • 62:49 - 62:50
    appris à parler.
  • 62:50 - 62:52
    Une longue histoire !
  • 62:53 - 62:55
    Le soleil, les éclairs,
    le tonnerre dans le ciel,
  • 62:55 - 62:59
    et en bas, sur terre,
    les feux, les bonds,
  • 62:59 - 63:02
    les rondes, les signes,
    I'écriture.
  • 63:05 - 63:05
    Puis I'un d'eux
  • 63:06 - 63:08
    jaillit du cercle
    et courut droit devant lui.
  • 63:09 - 63:11
    Tant qu'il courait
    tout droit,
  • 63:13 - 63:16
    obliquant parfois
    peut-être de jubilation,
  • 63:16 - 63:20
    il semblait libre, et
    nous avons pu rire avec lui.
  • 63:20 - 63:22
    Mais alors, soudain,
  • 63:23 - 63:26
    il courut en zigzag,
    et les pierres volêrent.
  • 63:29 - 63:31
    Avec sa fuite commençait
    une autre histoire,
  • 63:31 - 63:33
    I'histoire des guerres.
  • 63:33 - 63:35
    Elle dure à ce jour.
  • 63:35 - 63:38
    Mais la première aussi,
    celle de I'herbe, du soleil,
  • 63:38 - 63:42
    celle des bonds
    et des cris, dure encore.
  • 63:49 - 63:52
    Sais-tu encore comme fut
    élevée un jour la chaussée
  • 63:54 - 63:57
    qui vit le lendemain
    la retraite napoléonienne
  • 63:58 - 64:02
    et fut ensuite
    couverte de pavés
  • 64:04 - 64:06
    aujourd'hui envahis d'herbes
    et affaissés
  • 64:07 - 64:09
    comme une voie romaine,
  • 64:09 - 64:11
    avec les traces des tanks ?
  • 64:13 - 64:15
    Nous n'étions
    même pas spectateurs :
  • 64:15 - 64:17
    depuis toujours,
    nous étions trop peu.
  • 64:24 - 64:25
    Tu veux vraiment...
  • 64:27 - 64:30
    A moi-même,
    me conquérir une histoire !
  • 64:30 - 64:33
    Ce que mon intemporel
    regard d'en haut m'a appris,
  • 64:34 - 64:37
    le transmuer pour soutenir
    un coup d'oeil abrupt,
  • 64:37 - 64:39
    un cri bref,
  • 64:40 - 64:42
    une odeur âcre.
  • 64:43 - 64:46
    J'ai été assez longtemps
    au-dehors.
  • 64:46 - 64:48
    Assez longtemps absent.
  • 64:48 - 64:50
    Assez longtemps
    hors du monde.
  • 64:50 - 64:53
    En avant dans
    I'histoire du monde, même
  • 64:54 - 64:55
    pour tenir une pomme
    à la main !
  • 64:56 - 64:57
    Vois, les plumes,
  • 64:57 - 65:01
    Ià-bas sur I'eau,
    déjà disparues.
  • 65:01 - 65:04
    Vois, les traces de frein
    sur I'asphalte,
  • 65:04 - 65:06
    le mégot qui roule,
  • 65:09 - 65:11
    le fleuve primitif
    qui se tarit,
  • 65:12 - 65:15
    et seules les flaques
    du présent frémissent encore.
  • 65:15 - 65:18
    A bas le monde
    derriêre le monde !
  • 65:46 - 65:48
    Un problème de dessin
    intéressant :
  • 65:49 - 65:53
    cet homme a des yeux
    de raton laveur.
  • 65:54 - 65:57
    Mais son chapeau est bien.
  • 65:59 - 66:02
    Quels cernes sous les yeux...
  • 66:06 - 66:07
    Ah, il s'inquiète.
  • 66:08 - 66:11
    Je me demande si le réalisateur
    aime ce que je fais.
  • 66:12 - 66:14
    lls disent toujours
    formidable !
  • 66:15 - 66:16
    Quoi qu'on fasse.
  • 66:22 - 66:25
    Acheter des cadeaux
    pour les enfants...
  • 66:25 - 66:27
    peut-être des cadres de photos.
  • 66:30 - 66:33
    Suis-je meilleur acteur
    qu'autrefois ?
  • 66:42 - 66:45
    Seules les voies romaines
    mênent encore au loin,
  • 66:46 - 66:50
    seules les traces les plus
    anciennes mênent plus loin.
  • 66:50 - 66:52
    Où est ici le col ?
  • 66:52 - 66:55
    Même le pays plat,
    même Berlin
  • 66:55 - 66:58
    a ses cols cachés,
  • 66:59 - 67:01
    et Ià seulement
    commence mon pays,
  • 67:02 - 67:05
    le pays du récit.
  • 67:06 - 67:08
    Pourquoi tous
    ne voient-ils pas
  • 67:09 - 67:12
    dès I'enfance les passages,
  • 67:12 - 67:15
    portes et interstices,
  • 67:15 - 67:18
    en bas sur terre
    et en haut au ciel ?
  • 67:19 - 67:21
    Si chacun les voyait,
  • 67:21 - 67:26
    il y aurait une histoire
    sans meurtre ni guerre.
  • 67:26 - 67:28
    Dix mille fois j'y ai pensé,
  • 67:29 - 67:31
    cette fois, je le fais.
    Drôle, que je sois si calme.
  • 67:31 - 67:34
    Mes chaussettes rouges...
  • 67:35 - 67:37
    Brumeux et froid.
  • 67:37 - 67:39
    Mis un pull pour ne pas avoir froid.
  • 67:40 - 67:43
    Le blouson est bien.
    Une occasion.
  • 67:43 - 67:46
    Mais la poche se déchire.
    C'est elle qui me I'a donné.
  • 67:46 - 67:48
    Du gravier sur le toit,
    pour quoi faire ?
  • 67:48 - 67:51
    Pour qu'il ne s'envole pas ?
  • 67:52 - 67:57
    L'avion tourne en rond
    sur Berlin...
  • 67:58 - 67:59
    va s'écraser.
  • 67:59 - 68:02
    J'ai toujours eu chaud aux mains.
  • 68:02 - 68:05
    Bon signe.
    ça crisse sous mes pieds.
  • 68:06 - 68:08
    Quelle heure ?
    Le soleil se couche déjà.
  • 68:08 - 68:12
    Logique, I'ouest.
    Je sais déjà où est I'ouest.
  • 68:12 - 68:16
    Alors, je prenais toujours
    le métro vers I'Est.
  • 68:16 - 68:18
    Achetais un carnet,
    gagnais un mark.
  • 68:18 - 68:22
    Le soleil dans le dos,
    à gauche I'étoile.
  • 68:22 - 68:24
    C'est bien :
    le soleil et une étoile.
  • 68:24 - 68:26
    Ses petits pieds !
  • 68:26 - 68:29
    Elle sautillait en dansant...
    si mignonne !
  • 68:30 - 68:33
    Nous étions tout seuls.
    A-t-elle déjà ma lettre ?
  • 68:33 - 68:35
    Je ne veux pas
    qu'elle I'ait déjà lue !
  • 68:35 - 68:37
    Berlin, ça ne me dit rien...
  • 68:37 - 68:40
    Havel, un fleuve ou un lac ?
    Jamais compris.
  • 68:40 - 68:45
    L'Est ? En fait,
    I'Est est partout.
  • 68:45 - 68:48
    Marrant, ils crient.
  • 68:48 - 68:50
    ça m'est bien égal !
  • 68:50 - 68:52
    Toutes ces pensées...
  • 68:53 - 68:55
    Ne plus penser du tout.
  • 68:55 - 68:57
    Je m'en vais, et pourquoi ?
  • 69:05 - 69:08
    Vous voulez I'histoire ?
  • 69:09 - 69:12
    L'histoire, c'est 45,
    Berlin, la guerre.
  • 69:13 - 69:15
    Je suis
    un détective américain,
  • 69:16 - 69:20
    un Germano-américain m'engage,
  • 69:20 - 69:21
    le fils de son frêre
  • 69:21 - 69:25
    est en Allemagne, je dois
    le retrouver en Allemagne.
  • 69:26 - 69:28
    Le frêre est mort, la famille
    perdue, les retrouver.
  • 85:24 - 85:26
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 85:27 - 85:30
    ce fut le temps
    des questions suivantes :
  • 85:32 - 85:34
    pourquoi suis-je moi,
  • 85:34 - 85:36
    et pourquoi pas toi?
  • 85:37 - 85:39
    Pourquoi suis-je ici,
  • 85:39 - 85:41
    et pourquoi pas là ?
  • 85:41 - 85:46
    Quand a commencé le temps,
    et où finlt l'espace ?
  • 85:46 - 85:49
    La vie sous le soleil
  • 85:49 - 85:51
    n'est-elle pas qu'un rêve ?
  • 86:49 - 86:50
    Marcher...
  • 86:51 - 86:52
    Marcher et voir.
  • 86:53 - 86:55
    Si tu étais Ià, grand-mêre !
  • 86:56 - 86:59
    ça doit être la gare
    dont on m'a parlé,
  • 86:59 - 87:01
    avec ce drôle de nom,
  • 87:01 - 87:04
    pas la gare
    où les trains s'arrêtaient,
  • 87:04 - 87:08
    mais la gare
    où la gare s'est arrêtée.
  • 87:10 - 87:11
    C'est pas Columbo ?
  • 87:11 - 87:13
    Je crois pas.
  • 87:13 - 87:16
    Pas avec ce manteau minable !
  • 87:17 - 87:18
    Il se promêne pas
    dans la boue !
  • 87:50 - 87:52
    Je ne te vois pas,
    mais je sais que tu es Ià.
  • 87:55 - 87:56
    Je le sens.
  • 87:59 - 88:02
    Tu traînes dans les parages
    depuis que je suis ici.
  • 88:04 - 88:05
    J'aimerais voir ton visage,
  • 88:06 - 88:10
    te regarder dans les yeux,
    te dire comme on est bien ici.
  • 88:11 - 88:15
    Rien que de toucher...
    C'est froid, c'est bon.
  • 88:18 - 88:21
    Fumer. Boire un café.
  • 88:21 - 88:25
    Et faire les deux à la fois,
    c'est fantastique.
  • 88:27 - 88:28
    Dessiner.
  • 88:29 - 88:33
    On prend un crayon
    et on fait une ligne épaisse,
  • 88:33 - 88:35
    puis une ligne Iégêre,
  • 88:36 - 88:39
    et les deux font
    une bonne ligne.
  • 88:40 - 88:42
    Ou quand on a froid aux mains,
  • 88:43 - 88:44
    on les frotte...
  • 88:46 - 88:49
    C'est bon, ça fait du bien.
  • 88:51 - 88:53
    Il y a tant de bonnes choses.
  • 88:56 - 88:58
    Mais tu n'es pas Ià.
    Moi, je suis Ià.
  • 89:00 - 89:02
    J'aimerais que tu sois Ià.
  • 89:03 - 89:06
    Que tu puisses me parler.
  • 89:07 - 89:09
    Parce que je suis un ami.
  • 90:00 - 90:01
    Alors ?
  • 90:01 - 90:03
    Je vais entrer dans le fleuve.
  • 90:04 - 90:06
    Vieille maxime humaine,
    souvent entendue,
  • 90:06 - 90:08
    que je comprends enfin.
  • 90:08 - 90:10
    Maintenant ou jamais,
    instant du gué,
  • 90:10 - 90:14
    mais il n'y a pas d'autre rive,
    il n'existe que le fleuve.
  • 90:15 - 90:18
    En avant dans le gué du temps,
    dans le gué de la mort.
  • 90:18 - 90:21
    Nous ne sommes
    pas encore nés : descendons !
  • 90:21 - 90:25
    Regarder, pas d'en haut,
    mais à hauteur d'oeil.
  • 90:25 - 90:27
    D'abord, je prendrai un bain,
  • 90:28 - 90:32
    puis je me ferai raser,
    par un barbier turc,
  • 90:33 - 90:36
    qui me massera aussi
    jusqu'au bout des doigts.
  • 90:37 - 90:39
    Puis acheter un journal
    et le lire,
  • 90:39 - 90:41
    des gros titres à I'horoscope.
  • 90:43 - 90:46
    Le premier jour,
    je me ferai servir.
  • 90:47 - 90:49
    Pour les demandes,
    je renvoie au voisin.
  • 90:49 - 90:53
    Si on me bouscule,
    on s'excusera.
  • 90:53 - 90:56
    Je me ferai bousculer
    et je bousculerai.
  • 90:56 - 90:59
    Dans le café plein,
    le patron me trouvera une table.
  • 90:59 - 91:03
    Une voiture s'arrêtera
    et le maire m'emmènera.
  • 91:03 - 91:06
    Je serai familier à chacun,
    suspect à personne.
  • 91:06 - 91:09
    Je ne dirai pas un mot
    et comprendrai chaque langue.
  • 91:10 - 91:12
    Tel sera mon premier jour.
  • 91:13 - 91:15
    Mais rien de tout ça
    ne sera vrai.
  • 91:46 - 91:49
    Je la prendrai dans mes bras,
  • 91:50 - 91:52
    elle me prendra dans ses bras.
  • 92:38 - 92:40
    Je crois qu'il est saoul.
  • 93:05 - 93:06
    En route !
  • 93:37 - 93:38
    Un goût...
  • 93:42 - 93:44
    Je commence à comprendre.
  • 93:52 - 93:53
    C'est du rouge ?
  • 93:55 - 93:56
    Vous vous êtes blessé ?
  • 93:57 - 93:58
    ça va bien aujourd'hui ?
  • 94:01 - 94:03
    Et les tuyaux ?
  • 94:03 - 94:04
    lls sont jaunes.
  • 94:05 - 94:06
    Et lui, Ià ?
  • 94:06 - 94:08
    Gris-bleu.
  • 94:11 - 94:12
    Lui, orange. Ocre.
  • 94:13 - 94:14
    Ocre ou orange ?
  • 94:16 - 94:18
    Jaune, rouge... Et lui ?
  • 94:18 - 94:19
    Lui, vert.
  • 94:20 - 94:22
    Et ça, sur les yeux ?
  • 94:22 - 94:23
    C'est bleu.
  • 94:27 - 94:28
    Il fait très froid ?
  • 94:28 - 94:29
    ça va passer.
  • 94:30 - 94:32
    J'aimerais tant boire un café.
  • 94:32 - 94:34
    Vous n'avez pas d'argent ?
  • 94:40 - 94:43
    Je suis content que
    ça aille si bien aujourd'hui.
  • 94:54 - 94:55
    C'est beau !
  • 95:23 - 95:25
    Avec du lait et du sucre ?
  • 95:25 - 95:26
    Noir.
  • 96:09 - 96:12
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 96:13 - 96:17
    les pommes et le pain
    suffisaient à le nourrir,
  • 96:17 - 96:20
    et il en est toujours ainsi.
  • 96:22 - 96:25
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 96:26 - 96:27
    les baies tombaient
  • 96:27 - 96:30
    dans sa main comme seules
    tombent des baies,
  • 96:30 - 96:32
    et c'est toujours ainsi.
  • 96:35 - 96:39
    Les noix fraîches
    lui irritalent la langue,
  • 96:39 - 96:41
    et c'est toujours ainsi,
  • 96:41 - 96:44
    sur chaque montagne
    il avait le désir
  • 96:45 - 96:47
    d'une montagne
    encore plus haute,
  • 96:49 - 96:51
    et dans chaque ville le désir
  • 96:51 - 96:54
    d'une ville
    plus grande encore,
  • 96:55 - 96:58
    et il en est toujours ainsi.
  • 97:02 - 97:05
    Dans l'arbre, il tendait
    le bras vers les cerises,
  • 97:05 - 97:09
    exalté
    comme aujourd'hui encore,
  • 97:12 - 97:16
    était intimidé
    par les inconnus,
  • 97:16 - 97:18
    et il l'est toujours.
  • 97:21 - 97:24
    il attendait
    la première neige
  • 97:25 - 97:27
    et il l'attend toujours.
  • 97:34 - 97:37
    Lorsque l'enfant était enfant,
  • 97:38 - 97:42
    il a lancé un bâton contre
    un arbre, comme une lance,
  • 97:43 - 97:46
    et elle y vibre toujours.
  • 98:27 - 98:31
    Comment je fais
    pour aller à I'Akazienstrasse ?
  • 98:31 - 98:33
    Remonte la Potsdamer
    jusqu'à Kleistpark,
  • 98:33 - 98:36
    à droite dans Grunewald,
    passe Elssholz et Gleditsch,
  • 98:36 - 98:38
    ne tourne pas dans Goltz,
    ça va à Winterfeldtplatz,
  • 98:38 - 98:40
    mais à gauche, et tu y es.
  • 99:14 - 99:16
    Entrée réservée à I'équipe.
  • 99:16 - 99:19
    Les figurants,
    à I'autre entrée.
  • 99:29 - 99:30
    Figurant !
  • 99:30 - 99:32
    Tu parles. lls veulent tous
    des autographes !
  • 99:34 - 99:36
    Sale flic !
  • 100:01 - 100:03
    Je suis si heureux
    de te voir !
  • 100:04 - 100:05
    ça va ?
  • 100:05 - 100:06
    Très bien !
  • 100:06 - 100:09
    Je m'attendais
    à quelqu'un de plus grand.
  • 100:11 - 100:11
    Encore plus grand ?
  • 100:14 - 100:15
    Combien de temps ?
  • 100:17 - 100:20
    Des minutes. Des heures.
  • 100:21 - 100:21
    Des jours.
  • 100:22 - 100:24
    Des semaines. Des mois.
  • 100:24 - 100:25
    Le temps !
  • 100:26 - 100:29
    Je te passe quelques dollars,
    pour voir venir.
  • 100:30 - 100:31
    J'ai de I'argent.
  • 100:32 - 100:34
    J'ai vendu quelque chose.
  • 100:35 - 100:36
    L'armure.
  • 100:38 - 100:39
    Combien tu en as eu ?
  • 100:42 - 100:42
    200 marks.
  • 100:43 - 100:46
    Tu t'es fait rouler.
    Mais ça arrive.
  • 100:46 - 100:50
    Je vais te dire un truc.
    ça remonte à trente ans.
  • 100:51 - 100:53
    23ême rue, coin de Lexington.
  • 100:54 - 100:56
    Le prêteur m'en a donné
    500 dollars.
  • 101:01 - 101:02
    Tu étais...
  • 101:08 - 101:08
    Tu es...
  • 101:13 - 101:13
    Toi aussi !
  • 101:16 - 101:17
    Nous sommes beaucoup.
  • 101:20 - 101:23
    Je vous cherchais partout.
    On est prêts.
  • 101:23 - 101:24
    J'arrive.
  • 101:25 - 101:26
    Tu n'es pas le seul.
  • 101:37 - 101:38
    Qu'est-ce que tu vas faire ?
  • 101:39 - 101:40
    Il y a une fille...
  • 101:41 - 101:43
    Une fille, bien !
  • 101:48 - 101:48
    Attends !
  • 101:49 - 101:50
    Tu voulais m'en dire plus !
  • 101:52 - 101:53
    Je veux savoir !
  • 101:54 - 101:55
    Tout savoir !
  • 101:56 - 101:59
    Tu dois trouver tout seul.
    C'est ce qu'il y a de beau !
  • 106:21 - 106:23
    Qu'est-ce que tu fais Ià ?
  • 106:23 - 106:25
    Je suis assis.
  • 106:25 - 106:27
    Tu es triste ?
  • 106:27 - 106:29
    Tu es malade ?
  • 106:31 - 106:32
    Qu'est-ce que tu as ?
  • 106:33 - 106:34
    Un manque.
  • 106:37 - 106:40
    Un double noeud,
    il n'y a que ça qui tienne.
  • 106:45 - 106:47
    Manque de nourriture
    peut-être,
  • 106:48 - 106:50
    ou manque de boisson.
  • 106:52 - 106:56
    Elle n'est pas partie,
    Cassiel, je le sais,
  • 106:57 - 106:59
    je la retrouverai,
  • 106:59 - 107:03
    quelque chose arrivera,
    qui comptera, cette nuit.
  • 107:06 - 107:09
    Elle m'apprendra tout.
  • 107:10 - 107:15
    Il y a d'autres soleils
    que celui qui est au ciel !
  • 107:15 - 107:16
    Dans la nuit profonde,
  • 107:17 - 107:19
    le printemps
    commencera aujourd'hui.
  • 107:20 - 107:24
    Il me poussera d'autres ailes
    que les anciennes,
  • 107:24 - 107:28
    des ailes qui pourront
    enfin m'étonner.
  • 108:43 - 108:45
    Lieutenant...
  • 108:46 - 108:49
    Je parie que vous savez
    trouver les gens.
  • 108:49 - 108:52
    Je sais comment les chercher,
    je ne les trouve pas toujours.
  • 108:52 - 108:54
    Vous cherchez quelqu'un ?
  • 108:55 - 108:58
    Je ne sais pas.
    Je veux trouver quelqu'un.
  • 108:59 - 109:02
    Garçon, fille ?
    Homme ? Femme ?
  • 109:04 - 109:04
    Homme.
  • 109:07 - 109:09
    Vous connaissez son nom ?
  • 109:10 - 109:12
    Vous savez où il habite ?
  • 109:15 - 109:16
    Je ne sais rien.
  • 109:18 - 109:20
    C'est un cas difficile.
  • 109:22 - 109:24
    Je dois y aller. Bonsoir.
  • 109:25 - 109:26
    Bonne chance !
  • 109:35 - 109:38
    Je ne te vois pas,
    mais je sais que tu es Ià.
  • 109:39 - 109:40
    Je le sens.
  • 109:42 - 109:43
    J'aimerais voir
  • 109:43 - 109:47
    ton visage, parce que j'ai
    tant de choses à te dire.
  • 109:48 - 109:49
    Je suis ton ami.
  • 112:32 - 112:34
    Encore une chanson
    et c'est fini.
  • 112:34 - 112:37
    Mais je ne parle pas
    de la fille.
  • 112:38 - 112:40
    Je vais vous parler
    d'une fille.
  • 116:37 - 116:39
    Un jour,
    ça doit être sérieux.
  • 116:45 - 116:46
    J'ai beaucoup été seule,
  • 116:47 - 116:49
    mais je n'ai jamais
    vécu seule.
  • 116:54 - 116:57
    Quand j'étais avec quelqu'un,
    j'étais souvent contente,
  • 116:58 - 117:01
    mais en même temps, je prenais tout
    pour un hasard.
  • 117:01 - 117:03
    Ces gens étaient mes parents,
  • 117:04 - 117:06
    mais d'autres
    auraient pu I'être.
  • 117:07 - 117:10
    Pourquoi celui aux yeux bruns
    était-il mon frère,
  • 117:11 - 117:15
    et non celui aux yeux verts
    du quai en face ?
  • 117:17 - 117:21
    La fille du chauffeur de taxi
    était mon amie,
  • 117:21 - 117:23
    mais j'aurais pu aussi bien
    passer le bras
  • 117:24 - 117:26
    au cou d'un cheval.
  • 117:28 - 117:32
    J'étais avec un homme,
    amoureuse,
  • 117:33 - 117:36
    et j'aurais aussi bien pu
    le planter Ià
  • 117:37 - 117:42
    et partir avec I'inconnu
    que nous croisions dans la rue.
  • 117:46 - 117:49
    Regarde-moi
    ou ne me regarde pas.
  • 117:50 - 117:52
    Donne-moi la main,
    ne me la donne pas.
  • 117:54 - 117:59
    Non, ne me donne pas la main
    et regarde loin de moi.
  • 118:05 - 118:08
    Je crois que c'est
    la nouvelle lune ce soir,
  • 118:10 - 118:12
    pas de nuit plus calme.
  • 118:16 - 118:19
    Il n'y aura pas de sang versé
    dans toute la ville.
  • 118:19 - 118:21
    Je n'ai jamais joué
    avec quelqu'un
  • 118:22 - 118:25
    et pourtant je n'ai jamais
    ouvert les yeux et pensé :
  • 118:25 - 118:27
    maintenant,
    c'est sérieux.
  • 118:31 - 118:33
    Enfin ça devient sérieux.
  • 118:37 - 118:40
    C'est ainsi que j'ai grandi.
  • 118:43 - 118:45
    Moi seule,
    étais-je si peu sérieuse ?
  • 118:47 - 118:50
    Le temps,
    est-il si peu sérieux ?
  • 118:52 - 118:57
    Je n'ai jamais été solitaire :
    ni seule, ni avec d'autres.
  • 118:58 - 119:01
    Mais j'aurais aimé
    être enfin solitaire.
  • 119:01 - 119:05
    La solitude, ça veut dire :
    je suis enfin entiêre.
  • 119:06 - 119:08
    Je peux le dire maintenant,
  • 119:08 - 119:11
    car ce soir
    je suis enfin solitaire.
  • 119:12 - 119:15
    Il faut en finir
    avec le hasard.
  • 119:21 - 119:23
    Nouvelle lune de la décision.
  • 119:24 - 119:26
    Je ne sais pas
    s'il y a un destin,
  • 119:27 - 119:29
    mais il y a la décision !
  • 119:29 - 119:31
    Décide-toi.
  • 119:32 - 119:35
    C'est nous qui sommes
    le temps, à présent.
  • 119:36 - 119:39
    La ville entiêre,
    non, le monde entier
  • 119:39 - 119:42
    prend part à notre décision.
  • 119:43 - 119:46
    Nous deux sommes
    plus que deux, désormais.
  • 119:47 - 119:49
    Nous incarnons quelque chose.
  • 119:49 - 119:52
    Nous voilà
    sur la place du peuple,
  • 119:52 - 119:55
    et toute la place
    est pleine de gens
  • 119:55 - 119:58
    qui rêvent
    de la même chose que nous.
  • 119:59 - 120:01
    Nous déterminons
    le jeu pour tous !
  • 120:03 - 120:05
    Je suis prête.
  • 120:06 - 120:09
    C'est à ton tour, maintenant.
  • 120:11 - 120:13
    Tu as le jeu en main.
  • 120:14 - 120:17
    Maintenant ou jamais.
  • 120:22 - 120:24
    Tu as besoin de moi.
  • 120:25 - 120:27
    Tu auras besoin de moi.
  • 120:30 - 120:34
    Il n'y a pas d'histoire
    plus grande que la nôtre,
  • 120:34 - 120:36
    celle de I'homme
    et de la femme.
  • 120:37 - 120:40
    Ce sera une histoire
    de géants,
  • 120:41 - 120:45
    invisibles, transmissibles,
  • 120:47 - 120:50
    une histoire
    de nouveaux ancêtres.
  • 120:53 - 120:55
    Vois, mes yeux,
  • 120:58 - 121:01
    ils sont I'image
    de la nécessité,
  • 121:02 - 121:05
    de I'avenir de tous
    sur la place.
  • 121:10 - 121:15
    La nuit derniêre
    j'ai rêvé d'un inconnu,
  • 121:18 - 121:20
    de mon homme.
  • 121:21 - 121:24
    Avec lui seul
    je pouvais être solitaire,
  • 121:24 - 121:26
    et m'ouvrir à lui,
  • 121:27 - 121:30
    m'ouvrir toute,
    toute pour lui,
  • 121:31 - 121:35
    le laisser entrer en moi,
    tout entier,
  • 121:36 - 121:39
    I'entourer du labyrinthe
  • 121:39 - 121:42
    de la joie commune.
  • 121:44 - 121:45
    Je le sais,
  • 121:47 - 121:49
    c'est toi.
  • 122:17 - 122:19
    Il est arrivé quelque chose,
  • 122:21 - 122:23
    qui continue d'arriver,
  • 122:24 - 122:26
    qui me lie.
  • 122:28 - 122:32
    C'était vrai dans la nuit
    et c'est vrai le jour,
  • 122:32 - 122:34
    plus encore à présent.
  • 122:35 - 122:36
    Qui était qui ?
  • 122:37 - 122:39
    J'étais en elle,
  • 122:39 - 122:41
    et elle était autour de moi.
  • 122:44 - 122:45
    Qui au monde peut affirmer
  • 122:45 - 122:49
    qu'il a jamais été ensemble
    avec un autre humain ?
  • 122:49 - 122:51
    Je suis ensemble !
  • 122:52 - 122:55
    Ce n'est pas un enfant mortel
    qui a été conçu,
  • 122:55 - 122:58
    mais une image commune,
    immortelle.
  • 122:59 - 123:03
    Cette nuit,
    j'ai appris à m'étonner.
  • 123:04 - 123:06
    Elle est venue
    me ramener chez moi,
  • 123:07 - 123:09
    et j'ai trouvé ce chez moi.
  • 123:13 - 123:15
    Il était une fois...
  • 123:18 - 123:22
    Il était une fois,
    et donc il sera.
  • 123:24 - 123:29
    L'image que nous avons conçue
    accompagnera ma mort.
  • 123:31 - 123:33
    J'aurai vécu
    dans cette image.
  • 123:36 - 123:39
    Ce n'est que I'étonnement
    devant nous deux,
  • 123:39 - 123:43
    I'étonnement devant
    I'homme et la femme,
  • 123:43 - 123:45
    qui a fait de moi un humain.
  • 123:51 - 123:51
    Je
  • 123:53 - 123:54
    sais
  • 123:55 - 123:56
    maintenant
  • 123:57 - 123:58
    ce
  • 123:59 - 124:00
    qu'aucun
  • 124:01 - 124:03
    ange
  • 124:03 - 124:05
    ne sait.
  • 124:12 - 124:14
    Nomme-moi les hommes,
    femmes et enfants,
  • 124:15 - 124:17
    qui me chercheront,
  • 124:17 - 124:21
    moi, leur conteur, chantre
  • 124:21 - 124:23
    et porte-parole,
  • 124:24 - 124:26
    car ils ont besoin de moi
    plus que de rien au monde.
  • 124:26 - 124:30
    1011
    02:04:36,171 --> 02:04:38,304
    A suivre...
  • 124:41 - 124:45
    Dédié à tous les anciens anges, mais
    surtout à Yasujiro, François et Andrej
Title:
Der Himmel über Berlin, Wings of Desire
Description:

Der Himmel über Berlin, Wings of Desire

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Video Language:
German

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