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Innovation ou la rencontre des usagers | Stéphane Hugon | TEDxLille

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    (Applaudissements)
  • 0:23 - 0:24
    Bonsoir à tous.
  • 0:24 - 0:28
    Ma petite contribution sur la question
    de la renaissance ce soir
  • 0:28 - 0:30
    va porter précisément
    sur quelques idées simples
  • 0:30 - 0:35
    que j'aimerais partager avec vous
    autour de la question de l'innovation.
  • 0:36 - 0:39
    Alors, quand on parle d'innovation,
    on pense à quoi ?
  • 0:39 - 0:42
    On pense à quelques esprits éclairés,
  • 0:43 - 0:44
    quelques...
  • 0:44 - 0:47
    quelques artistes dans
    des chambres de bonne,
  • 0:47 - 0:49
    quelques entrepreneurs dans des garages,
  • 0:49 - 0:51
    des gens animés comme ça
    d'une très belle idée
  • 0:51 - 0:55
    et qui vont travailler de telle manière
    à faire avancer cette idée,
  • 0:55 - 0:58
    de telle manière à la pousser
    à la rencontre du public,
  • 0:58 - 1:01
    à la rencontre du marché,
  • 1:01 - 1:05
    de telle manière à ce
    que cette idée initiale devienne
  • 1:05 - 1:10
    un standard - un standard de fait comme
    on dit dans les marchés technologiques -
  • 1:10 - 1:15
    et dans la perspective sociologique,
    l'innovation pour moi, c'est quand
  • 1:15 - 1:19
    une belle idée développée
    par quelques-uns fait culture,
  • 1:19 - 1:27
    c'est-à-dire agrège des relations,
    devient un patrimoine, une culture.
  • 1:29 - 1:33
    Alors ça, c'est parler de l'innovation
    quand ça se passe bien,
  • 1:34 - 1:37
    mais il y a aussi toutes les
    innovations qui disparaissent.
  • 1:37 - 1:41
    Vous savez comme moi que
    toutes les poubelles de l'Histoire,
  • 1:41 - 1:45
    - l'expression n'est pas très belle,
    mais pourtant elle est très lucide -
  • 1:45 - 1:50
    ces poubelles de l'Histoire sont pleines
    d'objets, d'innovations,
  • 1:50 - 1:54
    de modèles économiques, de services,
    de modèles relationnels
  • 1:54 - 1:59
    qui n'ont pas trouvé très justement
    la relation avec leur public.
  • 2:00 - 2:04
    Et typiquement il y a de très belles
    idées parfois techniquement très avancées,
  • 2:04 - 2:08
    économiquement, qui auraient dû
    être quelque chose de vertueux
  • 2:08 - 2:14
    et qui, malheureusement, disparaissent,
    d'une certaine manière, du marché.
  • 2:14 - 2:18
    Vous savez, on dit parfois, et
    peut-être même parfois injustement,
  • 2:18 - 2:21
    que dans le concours Lépine, il y a plein
    d'objets, comme ça, extraordinaires
  • 2:21 - 2:24
    mais qui, malheureusement,
    tombent dans l'oubli.
  • 2:25 - 2:29
    Qui se souvient, par exemple,
    des pizzas chez Mc Donald's ?
  • 2:30 - 2:33
    Il y avait des pizzas chez Mc Donald's,
    et malheureusement, ou heureusement,
  • 2:33 - 2:37
    peu importe, mais en tout cas,
    il se trouve que, objectivement,
  • 2:37 - 2:40
    cette offre n'est pas
    restée sur le marché.
  • 2:41 - 2:47
    Qui se souvient encore des
    sous-vêtements jetables de chez Bic ?
  • 2:47 - 2:50
    Bic avait eu l'idée de faire des
    sous-vêtements jetables.
  • 2:50 - 2:51
    C'était une très belle idée,
  • 2:51 - 2:55
    mais qui, d'une certaine manière,
    a été retirée du marché.
  • 2:55 - 2:59
    Et puis, un petit peu plus proche de nous,
    peut-être que vous connaissez Walt.
  • 2:59 - 3:03
    Walt, c'était l'ancêtre de l'iPhone
    qu'Apple avait proposé.
  • 3:03 - 3:06
    C'était en 1990.
  • 3:06 - 3:09
    C'était un objet qui permettait même
    de passer des fax dans la rue,
  • 3:09 - 3:14
    avec un écran tactile,
  • 3:14 - 3:20
    qui permettait justement de
    rechercher dans un carnet d'adresses.
  • 3:20 - 3:23
    Voilà, ça, c'est des objets
    qui ont disparu,
  • 3:23 - 3:29
    et, d'une certaine manière, qui nous
    montrent à quel point, finalement,
  • 3:30 - 3:34
    dans l'innovation, il faut avoir une très
    bonne idée mais que ça ne suffit pas.
  • 3:37 - 3:38
    C'est nécessaire mais pas suffisant.
  • 3:38 - 3:45
    Et si on se pose, si on essaie d'observer
    un peu l'écosystème de l'innovation,
  • 3:45 - 3:50
    on s'aperçoit que, bien sûr, il faut
    d'abord une bonne idée,
  • 3:51 - 3:54
    qui est celle du créateur,
    avec son patrimoine, son métier,
  • 3:54 - 3:58
    son imaginaire, on pourrait dire dans la
    tradition sociologique.
  • 3:58 - 4:01
    Il faut ça, il faut au moins une bonne
    idée parce que si on ne passe pas à l'acte,
  • 4:01 - 4:04
    il ne se passe rien - et ça a été
    dit plusieurs fois ce soir -
  • 4:05 - 4:08
    mais il y a aussi quelque chose sur lequel
  • 4:08 - 4:10
    notre tradition occidentale
    et toute notre économie
  • 4:10 - 4:13
    [ont] été un petit peu moins [attentives],
  • 4:13 - 4:16
    c'est la question du consommateur,
    de l'utilisateur, vous savez,
  • 4:16 - 4:19
    celui qui est derrière la chaîne, derrière
    l'écran, qui est au bout de la ligne,
  • 4:20 - 4:23
    parce que, sans lui, il ne se passe
    rien malheureusement.
  • 4:24 - 4:29
    Et pour qu'il y ait innovation,
    il faut qu'il y ait rencontre.
  • 4:30 - 4:33
    Finalement l'innovation,
    c'est un peu de la sociologie.
  • 4:33 - 4:36
    Eh bien, c'est une manière de rencontrer
    les personnes
  • 4:36 - 4:40
    par le biais des objets, des services
    ou des modèles économiques,
  • 4:40 - 4:46
    et d'une certaine manière, l'innovation,
    c'est un reste, c'est un résidu,
  • 4:46 - 4:49
    c'est une toute petite partie
    d'une grande idée,
  • 4:49 - 4:54
    la petite partie seulement qui aurait été
    comprise par l'utilisateur,
  • 4:54 - 4:56
    par le consommateur, par celui
  • 4:56 - 4:59
    qui est de l'autre côté de la chaîne,
    comme je l'évoquais tout à l'heure.
  • 4:59 - 5:03
    Y compris si celui qui utilise le
    service ou le produit,
  • 5:03 - 5:07
    s'approprie le produit
    de manière un peu baroque,
  • 5:07 - 5:11
    de manière parfois un peu inattendue,
    ce qu'on appelle l'innovation ascendante.
  • 5:11 - 5:16
    C'est-à-dire que c'est celui qui utilise
    le service ou produit
  • 5:16 - 5:19
    qui injecte sur lui son propre imaginaire.
  • 5:19 - 5:23
    Vous savez comme moi que les adolescents
    d'aujourd'hui quand on leur offre un objet,
  • 5:23 - 5:27
    digital par exemple, ils commencent
    par jeter le mode d'emploi
  • 5:28 - 5:31
    parce que ça veut dire alors qu'ils vont
    ouvrir la chose ou qu'ils vont l'allumer,
  • 5:31 - 5:36
    ils vont projeter immédiatement dessus
    ce qu'ils pensent être l'offre.
  • 5:37 - 5:39
    Donc, il y a hybridation.
  • 5:41 - 5:45
    Alors c'est intéressant, parce que notre
    tradition occidentale,
  • 5:46 - 5:49
    nous sommes un peuple de faiseurs,
    de fabricants,
  • 5:49 - 5:51
    fabriqueurs, je dirais,
    si le terme existait,
  • 5:51 - 5:54
    c'est-à-dire qu'on a une fascination
    pour la puissance technologique,
  • 5:54 - 5:56
    pour les beaux outils,
    pour la belle ouvrage
  • 5:58 - 6:02
    et on oublie parfois très justement
    que l'innovation est une rencontre.
  • 6:02 - 6:05
    Je prends des petits exemples historiques
    volontairement un petit peu décalés
  • 6:05 - 6:08
    de notre période contemporaine.
  • 6:10 - 6:13
    Pensons aux cathédrales, par exemple.
  • 6:13 - 6:16
    On en a parlé plusieurs fois des
    cathédrales ce soir, vous avez remarqué ?
  • 6:16 - 6:19
    Alors que ça, on ne le savait pas,
    c'était pas préparé.
  • 6:19 - 6:22
    En tout cas, les cathédrales sont
    un événement important,
  • 6:22 - 6:25
    très justement dans cette rencontre
    entre des créateurs, des innovateurs,
  • 6:25 - 6:27
    des bâtisseurs en l'occurrence,
  • 6:27 - 6:31
    et des personnes qui viennent
    peupler les cathédrales.
  • 6:31 - 6:35
    Et il se trouve que dans l'histoire des
    cathédrales, à un moment donné,
  • 6:35 - 6:40
    historiquement, la hauteur sous plafond
    est devenue beaucoup plus importante.
  • 6:40 - 6:44
    La forme même de l'offre cathédrale,
    si je puis dire, s'est transformée.
  • 6:46 - 6:49
    Alors on pourrait dire - et ça, c'est
    plutôt le...
  • 6:49 - 6:51
    disons le point de vue du créateur.
    Eh bien oui !
  • 6:51 - 6:53
    Il se trouve que les bâtisseurs,
    d'un seul coup,
  • 6:53 - 6:57
    en tout cas à une certaine période, ont
    découvert des techniques du bâtiment,
  • 6:57 - 7:02
    croisées d'ogives, le pilastre, qui
    [permettent] de transformer physiquement
  • 7:02 - 7:04
    ce qu'est une cathédrale.
  • 7:04 - 7:07
    Et ça, on pourrait dire que c'est un peu
    le techno-push, si je puis dire.
  • 7:08 - 7:13
    Mais si on se fait un peu sociologue,
    on pourrait dire : « Oui, d'un autre côté,
  • 7:15 - 7:21
    les personnes qui habitent, qui viennent
    utiliser, pardon du terme, la cathédrale,
  • 7:23 - 7:27
    [ce sont] eux qui donnent
    le sens au bâtiment. »
  • 7:27 - 7:30
    Or, il se trouve qu'à un moment donné,
  • 7:30 - 7:33
    pour des transformations culturelles,
    des transformations spirituelles,
  • 7:33 - 7:38
    il y a le besoin de manifester sa foi
    par le fait de se rapprocher du ciel.
  • 7:38 - 7:42
    Et que peut-être que si les églises
    romanes avaient continué d'exister,
  • 7:42 - 7:46
    peut-être qu'elles auraient perdu
    l'adhésion de ce public.
  • 7:49 - 7:51
    On pourrait dire « user-pull ».
  • 7:51 - 7:53
    Prenons un deuxième exemple.
  • 7:53 - 7:56
    Vous savez, jusque dans les années 50, la
    radio, c'est un meuble, vous connaissez,
  • 7:56 - 8:02
    très lourd, un objet comme ça
    incroyablement posé dans un salon,
  • 8:02 - 8:04
    et qui fait que, finalement,
    pour écouter de la musique,
  • 8:04 - 8:08
    eh ben, les enfants et les parents
    écoutent la même chose.
  • 8:11 - 8:14
    Et puis à la fin des années 50
    et au début des années 60,
  • 8:14 - 8:18
    il y a un ingénieur génial, probablement,
    qui invente le transistor.
  • 8:18 - 8:20
    Et qu'est-ce c'est que le transistor ?
  • 8:20 - 8:23
    C'est la possibilité de transformer
    l'objet radio en un tout petit objet,
  • 8:23 - 8:26
    un petit objet comme ça, portable.
  • 8:26 - 8:31
    Et on pourrait se dire : « Bah bravo !
    ces ingénieurs, ils ont - techno push -
  • 8:31 - 8:34
    ils ont inventé quelque chose qui
    va structurer des nouveaux usages
  • 8:34 - 8:37
    qui vont ouvrir le marché de la radio
    telle qu'on la connaît dans les années 90.
  • 8:37 - 8:38
    etc.
  • 8:38 - 8:42
    Sauf que si on se refait
    à nouveau sociologue,
  • 8:42 - 8:44
    il se trouve que la fin des années 50
    et le début des années 60,
  • 8:44 - 8:48
    c'est pas n'importe quoi,
    c'est l'invention de la jeunesse.
  • 8:49 - 8:51
    L'invention de la jeunesse,
    ça veut dire que,
  • 8:51 - 8:54
    puisqu'à l'époque il y a
    le rock'n roll, les yéyés,
  • 8:54 - 8:58
    disons la Californie, Berkeley, etc. etc.
  • 8:58 - 9:03
    Si les industriels n'avaient pas trouvé
    un objet qui collait à cet imaginaire,
  • 9:03 - 9:06
    qui collait à ce public et
    qui collait à ses comportements,
  • 9:06 - 9:08
    peut-être que la radio aurait disparu.
  • 9:10 - 9:12
    Dernier exemple.
  • 9:12 - 9:17
    Vous reconnaissez la console
    de la Wii chez Nintendo.
  • 9:17 - 9:21
    Je crois que c'est autour de Noël 2007
    qu'elle est apparue
  • 9:22 - 9:25
    et on pourrait dire : « Eh bravo ! »
    Une très belle start-up, je crois,
  • 9:25 - 9:27
    dans la région de Grenoble
    a mis au point un accéléromètre
  • 9:27 - 9:31
    qui permet de modifier complètement
    l'interface avec les jeux vidéo
  • 9:31 - 9:32
    - techno push -
  • 9:32 - 9:35
    et d'un autre côté, là encore,
    pardon de le faire,
  • 9:35 - 9:39
    on va se refaire un peu sociologue
    et peut-être qu'on pourrait dire que oui,
  • 9:39 - 9:42
    à ce moment-là, le marché du jeu vidéo
    est complètement saturé,
  • 9:42 - 9:47
    et les gens qui sont déjà dans le jeu
    achèteront peu de jeux en plus,
  • 9:48 - 9:51
    et que la seule manière pour
    le marché de se développer,
  • 9:51 - 9:54
    c'est d'aller à la rencontre des
    nouveaux publics,
  • 9:54 - 9:56
    - la rencontre -
  • 9:56 - 9:59
    et de comprendre les comportements
    de ces nouveaux publics,
  • 9:59 - 10:02
    de ces publics... Je pense aux seniors,
    je pense au public féminin,
  • 10:02 - 10:03
    je pense au public adulte
    d'une manière générale,
  • 10:03 - 10:07
    qui n'a pas du tout envie de rentrer
    dans l'ésotérisme de ce qui...
  • 10:07 - 10:10
    de ce que sont les jeux un petit peu
    compliqués à leurs yeux.
  • 10:11 - 10:13
    Et donc là, qu'a fait Nintendo ?
  • 10:13 - 10:17
    Ils ont compris qu'il fallait se mettre
    à la hauteur du public.
  • 10:19 - 10:23
    Ce qui veut dire que finalement,
    dans cette question de l'innovation,
  • 10:23 - 10:26
    qui, là encore, je le redis,
    est une histoire de rencontre,
  • 10:26 - 10:31
    on s'aperçoit que si notre tradition
    business, ingénieuriale,
  • 10:31 - 10:33
    technique, organisatrice,
  • 10:33 - 10:37
    s'est focalisée sur l'idée de produire
    un bel objet d'abord
  • 10:37 - 10:40
    et le marketer ensuite.
  • 10:40 - 10:42
    Peut-être qu'aujourd'hui, on arrive dans
    un moment très particulier
  • 10:42 - 10:46
    de notre économie, de notre histoire qui
    fait que nous aurions besoin peut-être,
  • 10:46 - 10:50
    quand on est un créateur,
    quand on est un innovateur,
  • 10:50 - 10:52
    de commencer par ne rien faire.
  • 10:52 - 10:55
    Je crois que c'est ça,
    le paradoxe de l'innovation.
  • 10:56 - 11:02
    Le paradoxe de l'innovation, il consiste
    d'abord à écouter, observer,
  • 11:02 - 11:07
    cartographier l'écosystème,
    y compris les valeurs, les pratiques,
  • 11:07 - 11:11
    les petits gestes du quotidien,
    de ces personnes à qui on a envie
  • 11:11 - 11:17
    d'offrir quelque chose,
    et d'une certaine manière,
  • 11:18 - 11:23
    c'est une stratégie du lâcher prise.
  • 11:23 - 11:25
    Lâcher prise en tant que créateur,
    en tant que faiseur,
  • 11:25 - 11:29
    pour retrouver l'humilité de savoir
    comment vivent les gens,
  • 11:30 - 11:33
    comment jouent les gens,
    comment travaillent les gens,
  • 11:33 - 11:38
    pour essayer de se rapprocher d'eux,
    de se rapprocher au mieux
  • 11:38 - 11:41
    de la pratique de l'existant.
  • 11:41 - 11:44
    Et ça les sociologues, encore eux,
    ils le connaissent bien,
  • 11:44 - 11:51
    puisqu'on a cet auteur Max Weber qui,
    à la fin du siècle dernier, disait
  • 11:51 - 11:55
    qu'il faut savoir être à la hauteur
    de son époque.
  • 11:56 - 12:00
    Peut-être que la hauteur de son époque, ça
    consiste à savoir écouter les personnes,
  • 12:00 - 12:05
    écouter la vie, écouter le travail,
    et d'une certaine manière,
  • 12:05 - 12:07
    peut-être que c'est une manière de penser
  • 12:07 - 12:11
    ce que pourrait être aujourd'hui
    la Renaissance.
  • 12:11 - 12:12
    Je vous remercie.
  • 12:12 - 12:23
    (Applaudissements)
Title:
Innovation ou la rencontre des usagers | Stéphane Hugon | TEDxLille
Description:

Stéphane Hugon est sociologue, chercheur au Centre d’Études sur l’Actuel et le Quotidien, où il anime le GRETECH, un groupe de recherche sur la technologie. Le lundi, il donne le séminaire « Vie quotidienne, imaginaire et post-modernité » à l’Université Paris Descartes – Sorbonne.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
12:28

French subtitles

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