Entretien avec Jérémie Zimmermann - la Parisienne Libérée
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0:00 - 0:02(La Parisienne Libérée)
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0:02 - 0:05(Jérémie Zimmermann - entretien de documentation pour le projet "Datalove")
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0:05 - 0:08(Le Net neutre)
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0:08 - 0:11[Jérémie Zimmermann] On utilise souvent ce terme de neutralité du Net
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0:11 - 0:13qui est en fait un mauvais terme,
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0:13 - 0:17parce que "neutralité", dans nos sociétés, ça n'a pas une connotation vraiment positive.
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0:17 - 0:18Ça a une connotation neutre.
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0:18 - 0:22Personne ne va aller mourir pour la neutralité, même pas en Suisse.
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0:23 - 0:27En réalité, la neutralité du Net, c'est l'universalité du Net.
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0:27 - 0:30C'est cette caractéristique absolument unique
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0:30 - 0:37qui est liée à des événements historiques, mais de l'histoire de la technologie.
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0:37 - 0:41C'est qu'il y a quelques années, on ne savait pas faire un internet autre que neutre,
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0:41 - 0:43autre qu'universel.
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0:43 - 0:46Et c'est comme ça qu'internet s'est développé,
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0:46 - 0:49c'est le modèle de croissance d'internet qui est basé là-dessus.
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0:49 - 0:54Ça veut dire que tout le monde connecté à internet a accès à tout internet
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0:54 - 0:56et peut participer à tout internet.
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0:57 - 1:01Tout le monde peut accéder à tous les contenus, tous les services, toutes les applications
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1:01 - 1:05et tout le monde peut publier des nouveaux contenus
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1:05 - 1:08et expérimenter, publier des nouveaux services et de nouvelles applications.
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1:08 - 1:10C'est ça, la neutralité du Net, c'est ça, le Net neutre.
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1:10 - 1:18En réalité, ça -- c'est presque plus explicite de parler d'universalité,
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1:18 - 1:25parce que ça donne bien l'image d'un petit gamin au Gabon, d'un autre en Afghanistan,
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1:25 - 1:28d'un autre aux US ou d'un autre en Europe,
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1:28 - 1:32qui vont avoir exactement le même potentiel d'accès et de participation.
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1:32 - 1:36Alors il y a évidemment d'autres barrières à l'accès et à la participation:
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1:36 - 1:39le fait qu'énormément de ressources soient en anglais et pas dans d'autres langues,
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1:39 - 1:44le fait qu'au Gabon ou en Afghanistan, les débits sont sans doute très inférieurs
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1:44 - 1:47à ce qu'on peut avoir aux Etats-Unis ou en Europe.
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1:47 - 1:52Mais, dans les faits, avoir un accès à plus bas débit, ça reste un accès internet.
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1:52 - 1:55Il faudra peut-être plus longtemps pour afficher la page Web,
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1:55 - 1:56mais on y arrivera.
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1:56 - 1:59On a été les pionniers du Web
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1:59 - 2:03quand on avait des modems à 9600 ou à 14'400 caractères par seconde,
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2:03 - 2:06là où aujourd'hui, ça se compte en millions.
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2:06 - 2:09Cette universalité, elle est clé, parce qu'elle est,
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2:09 - 2:13elle est de fait, elle n'a pas été choisie
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2:13 - 2:15mais c'est un état de fait,
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2:15 - 2:18et elle est le reflet de ce que pourrait être
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2:19 - 2:20une société hyperconnectée,
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2:20 - 2:25dans laquelle, sans barrières de langue,
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2:25 - 2:27sans barrières de religion,
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2:27 - 2:29sans barrières géographiques,
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2:30 - 2:32les uns pourraient participer avec les autres,
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2:32 - 2:34les uns et les autres pourraient s'entraider,
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2:34 - 2:36pourraient inventer ensemble,
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2:36 - 2:39pourraient -- à l'image des logiciels libres
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2:39 - 2:43qui sont fabriqués, inventés collectivement
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2:43 - 2:45par des gens aux quatre coins de la planète.
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2:46 - 2:51C'est cet idéal humaniste qu'est l'universalité d'internet.
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2:51 - 2:53Le problème, aujourd'hui,
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2:53 - 2:56c'est que des intérêts industriels, d'une part,
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2:56 - 2:57et politiques, d'autre part,
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2:57 - 3:00rêvent de porter atteinte à cette universalité.
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3:01 - 3:03L'exemple le plus flagrant, c'est le gouvernement chinois,
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3:04 - 3:09qui, afin de préserver l'intégrité du régime politique,
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3:10 - 3:14choisit que tout ce qui a trait à Tien An Men ou à Falung Gong
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3:15 - 3:17ne soit pas accessible de ses citoyens.
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3:17 - 3:22C'est un choix politique qui se transforme en des réglages techniques
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3:22 - 3:27et en application massive de solutions technologiques de censure
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3:28 - 3:32pour choisir que la Chine n'ait plus accès à tout internet
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3:32 - 3:36mais à la version d'internet approuvée par le gouvernement chinois,
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3:36 - 3:38ou à, en somme, Chineternet.
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3:38 - 3:44On voit cette tendance de censure internet à des fins politiques se développer.
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3:44 - 3:47Même ici, en France, pays des Droits de l'Homme,
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3:47 - 3:52on voit la censure du Net se développer au nom de la lutte, ô combien légitime,
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3:52 - 3:56contre la diffusion de contenus à caractère pédopornographique,
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3:57 - 3:59contre les jeux en ligne qui ne paient pas leur TVA,
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4:00 - 4:04bientôt, au nom de l'égalité hommes-femmes, etc. etc.
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4:06 - 4:12Donc ça, c'est la vision politique d'un morcèlement d'internet
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4:12 - 4:13qui porte évidemment atteinte
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4:13 - 4:17à ce concept de neutralité, ou d'universalité, du Net,
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4:17 - 4:19mais on voit aussi des intérêts économiques,
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4:19 - 4:22chez les opérateurs Télécom principalement,
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4:22 - 4:25se dire: "Mais pourquoi tout le monde aurait accès à tout?
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4:25 - 4:28Nous, on a bien des choses à leur vendre, à ces utilisateurs.
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4:28 - 4:31On leur vend par exemple des minutes de communication internationale
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4:31 - 4:33hors de prix, pourquoi est-ce qu'on les laisserait
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4:33 - 4:36utiliser des logiciels de Voix sur IP,
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4:36 - 4:37qui leur permet de communiquer pas cher?
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4:38 - 4:40On essaie de leur vendre des vidéos
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4:40 - 4:43quand on essaie de faire des deals avec Universal ou Machin,
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4:43 - 4:46pourquoi on les laisserait aller regarder YouTube?"
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4:46 - 4:47Etcaetera.
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4:47 - 4:50Et donc, on a vu se développer des politiques économiques
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4:51 - 4:57qui d'abord visaient à directement restreindre les flux de données chez les utilisateurs.
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4:57 - 5:01Alors il y a eu un certain nombres de levées de boucliers, de bronca (check)
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5:01 - 5:03donc ça fait des années qu'on est sur ce dossier-là
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5:03 - 5:07et les opérateurs semblent avoir mis de l'eau dans leur vin de côté-là.
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5:07 - 5:11Mais maintenant, il y a une tendance lourde pour eux à essayer d'aller faire des deals
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5:11 - 5:14directement avec les plate-formes de services en ligne,
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5:14 - 5:17type YouTube, Daily Motion et autres
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5:17 - 5:19pour prioriser certains flux.
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5:19 - 5:23Et évidemment, quand on en priorise certains,
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5:23 - 5:23on dépriorise tous les autres.
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5:25 - 5:30Donc, c'est quelque chose qui appelle à notre vigilance, en tant que citoyens,
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5:30 - 5:32parce qu'on est peut-être en train déjà de perdre
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5:33 - 5:37ce qui est l'essence de cette universalité, de cet humanisme
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5:37 - 5:40qui se niche au cœur du réseau internet,
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5:40 - 5:42pour des raisons bassement politiques,
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5:42 - 5:43pour des raisons bassement économiques.
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5:43 - 5:47Et c'est pour cela qu'il faut imposer la neutralité du Net dans la loi,
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5:48 - 5:51c'est pour cela qu'il faut sanctionner les comportements des opérateurs
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5:51 - 5:53qui violent la neutralité du Net
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5:53 - 5:58et c'est pour cela qu'on se bat, entre autres, avec la Quadrature du Net.
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5:58 - 6:04Parce que, lorsqu'un acteur, qu'il soit institutionnel ou économique,
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6:04 - 6:09va faire le choix de restreindre tel bout de notre accès internet,
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6:09 - 6:11que ce soit en fonction de qui on est,
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6:11 - 6:12d'avec qui on communique,
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6:12 - 6:15ou de la nature même des données que l'on échange,
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6:15 - 6:19cela va, d'une part, porter atteinte à notre liberté de communication,
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6:20 - 6:24parce que notre expression est directement liée à internet aujourd'hui,
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6:24 - 6:27mais aussi, ça va potentiellement créer des distorsions de concurrence
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6:28 - 6:29ou des barrières à l'innovation.
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6:30 - 6:33Donc, c'est un vrai enjeu de politique publique,
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6:33 - 6:35c'est un enjeu de politique industrielle.
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6:35 - 6:40Pour un meilleur développement d'internet et de tout ce qui s'y rattache,
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6:40 - 6:44tout ce que l'on en tire comme bénéfices sociaux, économiques, culturels,
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6:44 - 6:47il faut un Net neutre, il faut un Net universel.
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6:48 - 6:52Cette neutralité du Net, dont nous affirmons qu'elle est essentielle
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6:52 - 6:57pour protéger la liberté d'expression, la libre concurrence et l'innovation sur internet,
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6:58 - 7:00doit être codifiée dans la loi.
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7:00 - 7:04C'est un débat en cours depuis de longues années aux Etats-Unis,
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7:04 - 7:08que l'on a initié au niveau européen et qui est en train de faire son chemin.
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7:08 - 7:10Il y a déjà un certain nombre de pays au monde
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7:10 - 7:14qui ont fait le choix d'imposer cette neutralité du Net.
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7:14 - 7:18C'est le cas des Pays-Bas, c'est le cas de la Slovénie,
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7:18 - 7:21du Chili et du Pérou.
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7:21 - 7:24(La maîtrise des technologies)
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7:24 - 7:27C'était un point commun entre tous les dossiers
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7:27 - 7:30sur lesquels on agit et on évolue,
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7:31 - 7:37qui est qu'il y a une incompréhension massive des réalités technologiques,
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7:37 - 7:40déjà par les pouvoirs publics, donc par les lobbyistes,
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7:40 - 7:43souvent par les journalistes qui racontent tout ça.
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7:44 - 7:50Mais nous, on fait un petit peu le pont entre ces réalités technologiques
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7:50 - 7:55et les aspects politiques publics, purement politiques ou sociaux.
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7:55 - 7:58Et je suis convaincu d'une chose,
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7:58 - 8:03c'est que c'est cette maîtrise de la connaissance de la technologie
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8:04 - 8:11qui est le point de bascule entre le contrôle et la surveillance d'une part,
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8:11 - 8:14et la liberté de l'autre.
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8:14 - 8:17On voit ça avec les logiciels libres, par exemple.
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8:18 - 8:23Lorsque quelqu'un a toute sa vie utilisé Microsoft Windows ou Apple Mac OS,
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8:23 - 8:29la seule perspective de voir un autre système va les faire flipper.
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8:29 - 8:30Mais pas parce qu'ils ne connaissent pas,
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8:30 - 8:33plus parce qu'ils sont habitués
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8:33 - 8:36et que sortir de ses habitudes est quelque chose de très difficile.
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8:37 - 8:41Mais à chaque fois, on va voir que prendre en main ce nouvel outil implique
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8:41 - 8:44ben, de faire œuvre d'un peu d'humilité, déjà,
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8:44 - 8:47pour pouvoir s'ouvrir, pour pouvoir commencer à apprendre.
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8:47 - 8:50Mais c'est l'apprentissage, dans le cas du logiciel libre,
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8:50 - 8:53c'est quelque chose d'infiniment gratifiant,
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8:53 - 8:57déjà parce que ce que moi j'ai appris en 95, avec le --
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8:57 - 9:00en commençant à utiliser GNU Linux, je le connais encore aujourd'hui,
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9:00 - 9:02je l'utilise encore aujourd'hui.
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9:02 - 9:05C'est des technologies qui sont durables,
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9:05 - 9:06qui sont faites pour durer,
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9:06 - 9:10contrairement à l'obsolescence programmée d'une nouvelle version d'un gadget
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9:10 - 9:11qu'on va vous revendre tous les six mois,
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9:11 - 9:14parce qu'il faut bien faire tourner la machine.
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9:15 - 9:19Donc, il y a cet aspect de la connaissance gratifiante
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9:19 - 9:22qui fait qu'une fois que vous comprenez comment fonctionne la machine,
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9:22 - 9:26vous allez vous sentir plus en confiance,
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9:26 - 9:28peut-être même plus en sécurité,
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9:28 - 9:32parce que vous allez pouvoir adopter des réflexes et des mécanismes.
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9:32 - 9:36Mais dans tout ce que l'on voit
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9:36 - 9:41et dans toutes les technologies pour lesquelles on prêche, si j'ose dire,
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9:41 - 9:44donc, que ce soit le logiciel libre ou les services décentralisés,
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9:44 - 9:46par opposition aux Google et aux Facebook
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9:46 - 9:51qui sont des montagnes gigantesques, des Mordor de données personnelles,
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9:51 - 9:54ou le chiffrement point à point
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9:54 - 9:59dans lequel les utilisateurs gèrent leurs clés pour communiquer entre eux
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9:59 - 10:03et s'assurer que la communication ne soit pas, en théorie, surveillable,
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10:04 - 10:07ce qui implique donc de gérer ces clés, de créer de nouvelles clés,
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10:07 - 10:10de jeter ses clés à la poubelle quand elles sont trop vieilles, etc.
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10:10 - 10:15Toutes ces technologies impliquent une prise en main par l'utilisateur.
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10:15 - 10:18Certains vont voir ça comme: "Ah, c'est beaucoup trop compliqué,
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10:18 - 10:21parce que moi, de toute façon, j'y comprends rien parce que je suis pas ingénieur."
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10:21 - 10:24Mais en réalité, tout ce que ça veut dire, c'est: il faut apprendre.
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10:25 - 10:28Il faut apprendre pour comprendre, pour se l'approprier.
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10:28 - 10:30Et je suis convaincu d'une chose,
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10:30 - 10:33c'est que ça n'est qu'en s'appropriant la technologie
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10:33 - 10:37que l'on va pouvoir la maîtriser, et donc être libre.
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10:37 - 10:40Parce que l'inverse, ça veut dire se faire maîtriser par la technologie,
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10:40 - 10:42et donc se faire contrôler.
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10:42 - 10:43Et ça, c'est le modèle d'Apple,
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10:43 - 10:47dans lequel tous les appareils sont liés avec les logiciels,
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10:47 - 10:49avec les produits, avec les machins,
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10:49 - 10:49où vous ne pouvez pas sortir:
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10:49 - 10:50une fois que vous avez mis le pied dedans,
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10:50 - 10:52vous ne pouvez pas en sortir -
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10:52 - 10:54et où on verra, avec les prochaines révélations,
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10:54 - 10:57à quel point ils savent tout de vous,
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10:57 - 11:00vos numéros de carte de crédit, vos déplacements,
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11:00 - 11:02votre historique de navigation, etc. etc.
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11:03 - 11:04Et ce sera peut-être un nouveau scandale.
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11:04 - 11:11Et donc, cette notion d'apprendre la technologie pour se l'approprier,
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11:11 - 11:16je pense, est au cœur de toutes ces problématiques
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11:16 - 11:19à la fois politiques, sociales et culturelles,
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11:19 - 11:23dans lesquelles on a l'impression qu'on est sur un point de bascule,
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11:23 - 11:26on est à un embranchement entre deux scénarios:
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11:26 - 11:30d'un côté, une société techno-totalitaire
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11:30 - 11:33dans laquelle les machines seraient toutes utilisées ensemble contre nous
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11:33 - 11:35pour mieux nous contrôler;
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11:35 - 11:38et dans l'autre, l'utopie des logiciels libres,
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11:39 - 11:43dans laquelle on a tous notre avenir en main,
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11:43 - 11:49on a tous les moyens de devenir un entrepreneur, un startupeux (check)
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11:49 - 11:51ou un politicien, ou un chanteur ou quoi que ce soit,
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11:51 - 11:56parce que l'on a la maîtrise des outils, la maîtrise des technologies,
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11:56 - 12:01donc, en somme, la maîtrise de nos destins dans l'environnement numérique.
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12:01 - 12:04(Défendre nos libertés)
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12:05 - 12:08Je pense clairement à cette histoire de la grenouille dans la casserole,
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12:09 - 12:12où, quand tu vas jeter une grenouille dans une casserole d'eau chaude,
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12:12 - 12:15elle rebondit avec ses pattes arrières et se barre tranquillette,
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12:15 - 12:18ou quand tu mets la grenouille dans une casserole d'eau froide,
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12:18 - 12:20que tu montes petit à petit la température,
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12:20 - 12:22elle va pas s'en apercevoir, et elle va cuire.
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12:22 - 12:25C'est cette image bien connue qu'on utilise souvent
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12:25 - 12:30pour décrire le glissement de nos démocraties vers quelque chose d'autre, de post-démocratique,
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12:30 - 12:35et c'est cela que l'on documente tous les jours avec la Quadrature du Net,
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12:36 - 12:40quand on fait juste un petit peu attention au contexte politique ambiant,
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12:40 - 12:43surtout dans un monde post 11 septembre 2001,
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12:44 - 12:47et donc, cette idée que l'on peut à la fois mesurer
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12:47 - 12:50combien se détricotent les libertés,
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12:50 - 12:54et en même temps, retricoter derrière,
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12:54 - 12:58utiliser le pouvoir que l'on a à l'échelle individuelle,
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12:59 - 13:03utiliser évidemment internet tant qu'on l'a encore entre les mains,
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13:03 - 13:09pour démultiplier cette capacité de veille, d'analyse,
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13:09 - 13:12de réaction, d'organisation, de coordination
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13:12 - 13:19et, de là, reprendre en main ces libertés,
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13:19 - 13:24reconceptualiser ce qu'impliquent ces libertés fondamentales,
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13:24 - 13:28que ce ne soit pas le vieux texte poussiéreux de Déclaration des Droits de l'Homme
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13:28 - 13:31qu'on a oublié de lire depuis la classe de quatrième,
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13:31 - 13:34mais se reposer la question de pourquoi
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13:34 - 13:38tout homme peut lire, écrire, parler, imprimer librement,
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13:39 - 13:41pourquoi il faut une protection de la vie privée,
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13:41 - 13:43qu'est-ce que le droit à un procès équitable,
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13:43 - 13:44qu'est-ce que ça implique,
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13:44 - 13:46pourquoi la justice?
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13:47 - 13:49Pourquoi on a fait ces investissements,
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13:49 - 13:52pourquoi on a conquis ça par le passé,
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13:52 - 13:54et tout simplement, s'en servir.
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13:55 - 13:56Nous, ce que l'on dit, c'est que, voilà,
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13:56 - 13:58la liberté ne s'use que si on ne s'en sert pas
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13:59 - 14:01et qu'il faut utiliser sa liberté d'expression,
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14:01 - 14:04il faut utiliser sa vie privée,
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14:04 - 14:06dans laquelle on va se développer,
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14:06 - 14:07dans laquelle on va expérimenter,
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14:07 - 14:11dans laquelle on va inventer de nouveaux processus créatifs,
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14:11 - 14:13de nouvelles idées, de nouveaux concepts,
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14:14 - 14:15de nouveaux modes d'action politique.
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14:15 - 14:19Il faut utiliser tout ça ensemble, pour faire la démonstration
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14:20 - 14:25que c'est en utilisant ces libertés que l'on arrive à améliorer la société,
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14:25 - 14:27que l'on arrive à s'améliorer soi-même
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14:27 - 14:30et, en quelque sorte, redécouvrir la liberté,
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14:30 - 14:32redécouvrir le sens des libertés,
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14:32 - 14:36pour mieux agir, pour mieux participer, au sens large --
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14:36 - 14:40à fois la participation démocratique dans les activités politiques,
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14:40 - 14:44mais la participation au sens large, à la vie sociale, à la vie de quartier,
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14:44 - 14:46à la vie communautaire, à la vie associative etc.
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14:47 - 14:51Moi, j'ai l'impression que l'antithèse du courage,
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14:52 - 14:53non, l'antagoniste,
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14:53 - 14:56j'ai l'impression que l'antagoniste du courage, c'est la peur,
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14:56 - 15:00que la peur est instrumentalisée, que la peur est manipulée
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15:00 - 15:03et que, avec la peur, on maintient les individus sous contrôle.
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15:03 - 15:08Donc, déconstruire cette peur et les raisons de cette peur,
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15:08 - 15:10déconstruire peut-être le jeu médiatique,
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15:10 - 15:13la rhétorique politique,
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15:13 - 15:14pour expliquer aux individus
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15:14 - 15:18que cette peur est trop souvent fabriquée, instrumentalisée,
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15:18 - 15:25est peut-être une des parties de la solution pour donner aux gens le courage d'agir.
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15:25 - 15:28Ensuite, inventer des formes de militantisme
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15:29 - 15:30qui ne soient pas les trucs à la papa,
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15:30 - 15:33CGT poing levé, avec des banderoles,
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15:34 - 15:37parce que, voilà, ça marche quand il y a 100'000 personnes dans la rue,
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15:38 - 15:44mais dix personnes motivées, ou cent personnes motivées peuvent déplacer des montagnes,
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15:44 - 15:47alors qu'en termes de manifs dans la rue, ça ne rime à rien.
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15:47 - 15:51Donc inventer, réinventer des modes d'action qui permettent à des petits groupes,
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15:51 - 15:52voire à des individus seuls,
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15:52 - 15:55de participer à quelque chose de plus grand,
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15:55 - 15:58ça, c'est tout ce que l'on a à faire avec internet,
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15:58 - 16:00c'est ce que l'on essaie de pratiquer tous le jours.
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16:00 - 16:03Ensuite, mener par l'exemple.
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16:03 - 16:07Pas dire "Ah, vous devriez faire ceci ou cela, vous pourriez faire ceci ou cela."
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16:07 - 16:07Juste le faire.
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16:08 - 16:11Et dire: "Si vous voulez faire quelque chose de potentiellement utile,
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16:11 - 16:14hé bien rejoignez-nous et aidez-nous à le faire."
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16:14 - 16:18Et là aussi, c'est quelque chose que permet internet, c'est le concept de "do-ocracy"
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16:18 - 16:21tel qu'on le voit dans le logiciel libre
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16:21 - 16:23où c'est, si tu as une très bonne idée,
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16:23 - 16:29mais que tu n'est pas à même soit de commenter précisément ce qui se passe,
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16:29 - 16:33soit de fournir du code pour corriger le comportement du logiciel,
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16:33 - 16:35ben tu ne seras pas aussi écouté que si tu dis:
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16:35 - 16:37"Ben regardez, il y a un bug, voilà comment le réparer".
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16:39 - 16:45Ensuite, sur l'impression d'un flux constant d'attaques sur nos libertés,
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16:46 - 16:48c'est quelque chose qui pourrait être assez décourageant,
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16:49 - 16:51et c'est pour cela, et d'une, que l'on s'affaire
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16:51 - 16:55à essayer de faire le lien entre tous ces dossiers-là,
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16:55 - 16:57pour voir qu'une fois que l'on a gagné sur l'ACTA,
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16:57 - 16:59ça ne veut pas dire que tout reste à reconstruire:
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16:59 - 17:03au contraire, la suite de l'ACTA, c'est le TAFTA, l'accord transatlantique.
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17:03 - 17:06Et à partir du moment où l'on arrive à coudre, comme ça,
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17:06 - 17:08les uns avec les autres, les dossiers,
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17:08 - 17:13on arrive à construire cette "big picture", cette perspective sur les choses,
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17:13 - 17:15dans laquelle on s'aperçoit que voilà, on n'est pas,
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17:15 - 17:18on n'a pas tout à recommencer, mais au contraire, c'est un chemin.
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17:18 - 17:20Je crois que c'est Nelson Mandela qui disait:
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17:20 - 17:25"Voilà, j'ai escaladé une montagne immense, mais après avoir fini de l'escalader,
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17:25 - 17:29c'est seulement pour s'apercevoir qu'il reste d'autres montagnes à escalader."
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17:29 - 17:31Et ce sera toujours comme cela.
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17:31 - 17:34On a commencé la Quadrature du Net du constat
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17:34 - 17:39que ce flot d'attaques contre nos libertés était incessant.
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17:39 - 17:41Pourtant, on peut y faire quelque chose.
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17:41 - 17:44Ce que l'on a démontré avec ACTA, c'est une gifle politique
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17:44 - 17:47qui résonne encore dans les couloirs de la Commission Européenne.
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17:47 - 17:49Lorsqu'ils parlent de toucher à internet aujourd'hui,
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17:49 - 17:52ce qui circule en interne, dans la Commission,
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17:52 - 17:55c'est: "On ne veut pas d'un autre ACTA,"
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17:55 - 17:57tellement on leur a fait peur.
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17:57 - 17:59Et donc, c'est plutôt ça, plutôt que de se dire:
-
17:59 - 18:03"Ah la la, on a gagné une fois, mais il va falloir recommencer," c'est se dire:
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18:03 - 18:08"Voilà, on sait comment gagner, on a déjà gagné. Donc celle-là, on va la gagner encore mieux."
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18:09 - 18:14Sur ACTA, il n'y avait pas que les hackers et les geeks de l'internet,
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18:14 - 18:16il y avait les gens de l'Accès aux Médicaments,
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18:17 - 18:20il y avait les gens de la réutilisation des graines,
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18:20 - 18:22il y avait des bibliothécaires,
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18:22 - 18:26il y avait des business, un peu, qui étaient là aussi.
-
18:26 - 18:32Et donc, élargir sans cesse le cercle des gens qui sont concernés par ces dossiers-là.
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18:32 - 18:34Et pour le coup, avec l'Accord Transatlantique,
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18:34 - 18:35ils sont en train de nous faire un cadeau,
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18:35 - 18:41parce que ce truc-là est tellement vaste et concerne tellement d'aspects de nos sociétés,
-
18:41 - 18:51de la sécurité alimentaire, la finance, l'environnement, internet, Accès aux médicaments, etc. etc.,
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18:51 - 18:59que l'on voit déjà se profiler les signaux avant-coureurs d'un raz-de-marée contre cet accord,
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18:59 - 19:02alors que l'on en est au troisième round de négociations.
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19:03 - 19:06Aujourd'hui, n'importe qui prend un appareil qu'il a déjà dans sa poche,
-
19:06 - 19:08et qui vaut trente euros si-non,
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19:08 - 19:12et se filme, et met cette vidéo sur internet.
-
19:12 - 19:15Ça, il y a 5 ans ou il y a 10 ans, c'était pas vraiment pensable.
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19:16 - 19:20Aujourd'hui, on peut faire des chats avec des gens aux quatre coins du monde
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19:20 - 19:22avec la voix, avec la vidéo, etc.,
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19:22 - 19:25on peut envisager des modes de participation
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19:26 - 19:29et des modes de coordination, des modes d'organisation qui étaient impensables.
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19:29 - 19:35Donc quelque part, j'ai l'impression que plus les pouvoirs publics ont peur d'internet,
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19:35 - 19:38ou commencent à percevoir de plus en plus internet comme un contre-pouvoir,
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19:38 - 19:44au plus, ils vont peut-être accélérer le pas de ces attaques contre nos libertés.
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19:44 - 19:47Et donc, c'est une espèce de tension, évidemment permanente,
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19:47 - 19:54mais qui est bien le reflet de l'impact d'internet sur nos sociétés
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19:54 - 20:01et du potentiel qu'il offre pour la participation, et donc pour améliorer nos sociétés
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20:01 - 20:02et pour changer le monde.
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20:03 - 20:09Donc il est très important que l'on soit les gardiens de cette tension,
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20:09 - 20:11que l'on ne lâche jamais rien,
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20:11 - 20:15que l'on documente tous ces épisodes
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20:15 - 20:20pour que, quand on perd un centimètre, on puisse tous savoir qu'on l'a perdu,
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20:20 - 20:23mais aussi, quand on gagne un centimètre, on puisse tous savoir qu'on l'a gagné,
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20:23 - 20:28que l'on puisse vraiment tracer cette ligne le plus précisément possible.
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20:28 - 20:29Et quelque chose qui est très important aussi,
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20:29 - 20:33et ce à quoi on s'attache énormément avec la Quadrature du Net,
-
20:33 - 20:36c'est le volet propositionnel.
-
20:36 - 20:39C'est dire "OK, on est en opposition" quand il y a des mauvaises choses qui arrivent
-
20:39 - 20:40au niveau des parlements,
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20:40 - 20:45mais on va aussi dessiner notre agenda, notre agenda positif,
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20:45 - 20:47par exemple, pour réformer le droit d'auteur,
-
20:47 - 20:50ou alors pour défendre la neutralité du Net et garantir la neutralité du Net
-
20:51 - 20:56ou encore, pour repenser le cadre de la liberté d'expression en d'autres termes que,
-
20:56 - 21:00d'un côté l'expression anonyme qui est celle des terroristes
-
21:00 - 21:03et qui permet tous les propos de haine
-
21:03 - 21:08et de l'autre, Google et Facebook qui demandent son vrai nom et où donc, on se sent en sécurité.
-
21:08 - 21:12Donc, replacer les bases du débat,
-
21:13 - 21:17replacer le débat public sur nos bases à nous, sur nos termes;
-
21:17 - 21:21faire venir les pouvoirs politiques et les pouvoirs industriels sur notre terrain
-
21:22 - 21:24autant que nous allons combattre sur le leur,
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21:24 - 21:28quand ils nous proposent des HADOPI, des LOPSI, des ACTA, des TAFTA
-
21:28 - 21:29et des machins comme ça.
-
21:29 - 21:32Donc ça, c'est la partie un petit peu enthousiasmante,
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21:32 - 21:34c'est celle qui est extrêmement difficile,
-
21:34 - 21:39parce qu'il est beaucoup plus difficile de fédérer autour d'un programme en 14 points
-
21:39 - 21:42sur la réforme du droit d'auteur et les politiques culturelles associées,
-
21:42 - 21:45que sur un message en dix caractères, comme "Non à ACTA!"
-
21:47 - 21:51Mais c'est, je pense, ce qu'il y a peut-être de plus structurant sur le long terme,
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21:51 - 21:58de plus utile pour, et d'une, partager une vision de ce que serait
-
21:58 - 22:01une défense efficace de nos libertés sur internet
-
22:01 - 22:06et se donner des objectifs et, petit à petit, faire plier les pouvoirs politiques
-
22:06 - 22:10pour imposer cette défense sans compromis des libertés sur internet.
-
22:10 - 22:14En réalité, il y a une définition stricte des libertés:
-
22:14 - 22:18c'est la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen,
-
22:18 - 22:21c'est la Charte des droits fondamentaux au niveau européen,
-
22:21 - 22:24la charte de l'ONU, etc.
-
22:24 - 22:27Et en pratique, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
-
22:27 - 22:30En pratique, nos libertés sont une espèce de cocktail
-
22:31 - 22:35dans lequel les composants sont un petit peu de pouvoir politique,
-
22:35 - 22:39un petit peu de pouvoir judiciaire et de jurisprudence,
-
22:39 - 22:40un petit peu de pouvoir administratif
-
22:40 - 22:45et surtout, beaucoup de pouvoir citoyen, beaucoup de nos usages,
-
22:46 - 22:52car on le voit tous les jours, et c'était flagrant dans les Etats-Unis après le 11 septembre 2001,
-
22:52 - 22:55combien les individus, dans toutes les sphères et à tous les niveaux,
-
22:55 - 22:57ont cette capacité à s'auto-censurer.
-
22:58 - 23:01Quand le Patriot Act est parti en octobre 2001,
-
23:01 - 23:03a été voté comme ça, comme une lettre à la poste,
-
23:03 - 23:08cette espèce de pavé qui était évidemment déjà rédigé lors des attentats du 11 septembre,
-
23:08 - 23:10personne aux Etats-Unis n'a osé broncher,
-
23:11 - 23:12parce que la rhétorique ambiante, c'était:
-
23:12 - 23:16soit vous êtes avec les terroristes, soit vous êtes avec les patriotes.
-
23:16 - 23:18Et cette loi, elle s'appelle le Patriot Act.
-
23:18 - 23:22Une chose est sûre, c'est qu'Internet, c'est un formidable laboratoire,
-
23:22 - 23:24c'est un terrain de jeu, internet,
-
23:24 - 23:28dans lequel un coup avec un masque de Guy Fawkes,
-
23:28 - 23:30un coup derrière pseudonyme,
-
23:30 - 23:31un coup avec son vrai nom,
-
23:31 - 23:35un coup sur un blog, un coup sur un tweet, un coup sur un canal IRC etc.,
-
23:35 - 23:40on va pouvoir expérimenter avec de nouvelles formes d'expression,
-
23:40 - 23:41de nouvelles formes de langages,
-
23:41 - 23:44avec de nouvelles formes de participation.
-
23:44 - 23:48Et c'est ce côté-là qui est tellement précieux, je pense,
-
23:48 - 23:51parce qu'il est dynamique comme notre société devrait l'être
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23:51 - 23:54et comme elle devrait l'être à plus forte mesure
-
23:54 - 23:58si elle devait s'adapter à des changements assez radicaux,
-
23:59 - 24:03comme des attaques en règle sur notre vie privée, sur notre liberté d'expression,
-
24:03 - 24:06voire sur notre droit à un procès équitable, liberté de mouvement, etc.
-
24:06 - 24:09(Rien à cacher)
-
24:09 - 24:11Si tu n’as rien à cacher,
-
24:11 - 24:15alors on pourrait mettre une caméra dans ta chambre à coucher et dans ta salle de bains,
-
24:15 - 24:17et en publier les images sur internet.
-
24:17 - 24:18- Ah non!
-
24:18 - 24:20Ou alors si tu n’as rien à cacher,
-
24:20 - 24:23on peut prendre ton login et ton mot de passe sur facebook ou sous google,
-
24:23 - 24:26les publier et que chacun puisse aller fouiller dedans.
-
24:27 - 24:29Non. On se rend bien compte, là, qu'il y a un problème.
-
24:31 - 24:34On se rend bien compte que ça -- qu'il y a un conflit avec cette notion de: "Mais j'ai rien à cacher".
-
24:35 - 24:37Ah, mais mine rien, il y a quand même des choses que j'ai envie de garder pour moi.
-
24:37 - 24:40Et ces choses que l'on a envie de garder pour soi, c'est son intimité.
-
24:40 - 24:43Alors, c'est évident quand on dit: "Voilà, déshabille-toi!."
-
24:43 - 24:47Ben non, parce que mon corps nu, je choisis de le partager avec qui je veux.
-
24:47 - 24:52Mais cette notion d'intimité, ce n'est pas seulement physique, c'est aussi intellectuel.
-
24:52 - 24:56L'intimité, c'est un espace dans lequel personne ne te juge,
-
24:56 - 25:01dans lequel tu choisis de te dévoiler parce que tu as confiance,
-
25:01 - 25:03parce que tu es avec les gens que tu choisis.
-
25:03 - 25:08Et c'est dans cette intimité que tu vas pouvoir dire un truc,
-
25:08 - 25:09et puis après, dire: "Ah non, je déconne,"
-
25:10 - 25:11comme tu ne pourrais pas le faire dans l'espace public:
-
25:11 - 25:15là on dira "Ah! C'est noté, ça ne sortira plus de l'internet."
-
25:16 - 25:20C’est là que tu peux expérimenter avec des théories, des hypothèses,
-
25:20 - 25:25tu peux dire et si… oh et puis non, et puis l'abandonner.
-
25:25 - 25:29Tu peux comme ça inventer de nouvelles idées, de nouveaux concepts.
-
25:29 - 25:32Tu peux littéralement tester ton identité:
-
25:32 - 25:34c'est là que tu formes ton identité,
-
25:34 - 25:37c'est là que les individus se développent,
-
25:37 - 25:40c’est là que se niche ce qu’on pourrait appeler la créativité.
-
25:41 - 25:45c'est là qu'émerge de nos consciences
-
25:46 - 25:51ce qui nous définit dans nos individualités, dans nos identités.
-
25:51 - 25:55Et c’est ça qui est menacé lorsque l’on se sent surveillé.
-
25:55 - 25:57Lorsque l’on est surveillé.
-
25:57 - 26:03On le voit avec, historiquement, les exemples de l'Allemagne de l'Est sous la STASI
-
26:03 - 26:07qui avait, je crois, un informateur pour deux cents habitants,
-
26:07 - 26:09quelque chose de complètement dingue et disproportionné,
-
26:09 - 26:12et où du coup, les individus, entre eux, ne parlaient plus,
-
26:12 - 26:16les individus, entre eux, n'exprimaient plus leurs opinions politiques.
-
26:16 - 26:23Et il était impossible qu'un changement politique se fasse dans ce contexte-là.
-
26:23 - 26:28Mais sans remonter aussi loin, on voit bien que les comportements changent
-
26:28 - 26:32quand on se sent espionnés, quand on se sent surveillés,
-
26:32 - 26:37ou, par opposition, quand on ne peut plus bénéficier de cet anonymat
-
26:37 - 26:40qui fait partie, directement, de la protection de notre vie privée
-
26:40 - 26:42– comme il fait partie de la liberté d’expression.
-
26:42 - 26:45Si l'on ne pouvait pas, par exemple, prendre de pseudonyme
-
26:45 - 26:46pour aller parler sur un forum,
-
26:46 - 26:51qui irait dire: "Ben voilà, je suis séropositif, j'en suis là,"
-
26:52 - 26:53et échanger avec d'autres?
-
26:53 - 26:58Qui irait sur un forum parler de sa crainte d'un avortement
-
26:59 - 27:01ou d'une maladie quelque elle soit?
-
27:02 - 27:05Qui irait révéler qu'il est gay
-
27:06 - 27:11alors qu'il est dans un contexte politique, religieux, social,
-
27:11 - 27:13où ça n'est pas admis?
-
27:13 - 27:16Et qui irait chercher des conseils, parce qu'il se sentirait mal dans la peau,
-
27:16 - 27:18menacé, etc.?
-
27:19 - 27:22Qui irait, tout simplement, voilà, appeler son médecin
-
27:22 - 27:24pour lui poser une question ou demander un avortement?
-
27:26 - 27:30Qui irait parler de son patron ou de ses responsables politiques
-
27:30 - 27:33pour dire ouvertement qu'il pense qu'ils sont malhonnêtes,
-
27:33 - 27:34qu'ils commettent des crimes,
-
27:34 - 27:36que leurs politiques vont conduire à des injustices?
-
27:37 - 27:40Donc, c'est cet ensemble de facteurs
-
27:40 - 27:44qui fait que l'on a tous besoin d'une protection forte de la vie privée.
-
27:44 - 27:49C'est tout ça ensemble qui fait que la protection de la vie privée est une liberté fondamentale.
-
27:50 - 27:54De plus, se dire: «oh ! j’ai rien à me reprocher donc je n’ai rien à cacher»
-
27:54 - 28:00est un petit peu absurde dans un monde où la surveillance est généralisée
-
28:00 - 28:03et où on a vu que c’est à trois niveaux de relations
-
28:03 - 28:05que les individus sont surveillés par la NSA.
-
28:05 - 28:09Donc si vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un
-
28:09 - 28:12qui est le frère, peut-être perdu de vue,
-
28:12 - 28:15d’un type barbu qui est soupçonné de commettre des actes de terrorisme,
-
28:15 - 28:17si vous n'avez rien à voir avec cette personne,
-
28:17 - 28:21alors c’est potentiellement tous vos emails, toute votre navigation,
-
28:21 - 28:23tous vos coups de fil, tous vos sms,
-
28:23 - 28:25qui sont espionnés par la NSA.
-
28:25 - 28:27Si ça se trouve, croiser un individu
-
28:28 - 28:31et faire un bout de chemin dans la même rame de métro que lui,
-
28:31 - 28:36par les traces de géolocalisation, vous mettent à un niveau de proximité
-
28:36 - 28:38et vous allez vous retrouver espionné.
-
28:39 - 28:42Mais au-delà de ça, on a vu que l'espionnage généralisé de la NSA
-
28:42 - 28:46servait, pas seulement à des fins de lutte contre le terrorisme -- la belle affaire --
-
28:46 - 28:49mais aussi à des fins d'espionnage économique
-
28:49 - 28:51et à des fins d'espionnage politique.
-
28:51 - 28:55C'est les téléphones d'Angela Merkel, l'ordinateur personnel de Dilma Rousseff
-
28:55 - 28:56qui ont été espionnés.
-
28:56 - 29:00C'est le plus gros opérateur énergétique brésilien, Petrobras,
-
29:00 - 29:02dont les employés ont été espionnés,
-
29:02 - 29:07c'est Alcatel Lucent, en France, et Wanadoo, filiale d'Orange.
-
29:07 - 29:10Donc, on voit que cet espionnage généralisé,
-
29:10 - 29:15en créant un déséquilibre d'information, un différentiel d'information,
-
29:15 - 29:17crée aussi un différentiel de pouvoir,
-
29:18 - 29:21et que ce différentiel de pouvoir peut être utilisé, potentiellement,
-
29:21 - 29:24pour déstabiliser des entreprises,
-
29:24 - 29:25pour déstabiliser des gouvernements.
-
29:27 - 29:31Et imaginez que les entreprises françaises se fassent déstabiliser
-
29:31 - 29:32dans le cadre de la guerre économique:
-
29:32 - 29:34c'est tout le monde qui en pâtira.
-
29:34 - 29:36Même si vous n'avez rien à cacher,
-
29:36 - 29:38vous aurez à subir la même inflation que tout le monde.
-
29:38 - 29:40On a tous quelque chose à cacher,
-
29:41 - 29:44quelque chose à cacher de son petit copain,
-
29:44 - 29:46de sa femme, de son patron
-
29:46 - 29:48de son collègue, de ses amis.
-
29:48 - 29:52On a tous au moins un quelque chose à cacher de quelqu'un.
-
29:52 - 29:58Et utiliser ce secret contre nous est un instrument hyperpuissant.
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29:58 - 30:01C'est un instrument de contrôle des individus.
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30:01 - 30:04Et on se souvient qu'un bonhomme comme le général Petraeus,
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30:04 - 30:06un général quatre étoiles de l'armée américaine
-
30:06 - 30:08qui était -- excusez du peu -- le patron de la CIA,
-
30:09 - 30:12s'est fait déstabiliser et ruiner sa carrière
-
30:12 - 30:14pour l'histoire d'UNE relation extra-conjugale.
-
30:16 - 30:18Et donc, c'est ça, la protection de la vie privée,
-
30:18 - 30:20c'est ça, la protection des données personnelles:
-
30:20 - 30:21c'est un pari sur l'avenir.
-
30:22 - 30:25C'est pas aujourd'hui où vous avez cette relation extra-conjugale
-
30:25 - 30:28que ça pourrait -- quelque chose à cacher, quelque chose --
-
30:28 - 30:32mais ce qui dans un an, dans cinq ans, dans dix ans,
-
30:32 - 30:33pourrait être fait contre vous,
-
30:34 - 30:36si, d'ici là, peut-être, vous êtes entré en politique,
-
30:36 - 30:38vous êtes devenu journaliste,
-
30:38 - 30:40vous êtes devenu militant
-
30:40 - 30:45ou, tout simplement, vous êtes dans votre entreprise à un poste convoité
-
30:45 - 30:47avec, potentiellement, des adversaires.
-
30:47 - 30:55Donc, ce déséquilibre dans la connaissance de l'information personnelle,
-
30:55 - 30:59ce déséquilibre dans la connaissance de l'intimité des individus,
-
30:59 - 31:02est un outil de contrôle hyperpuissant
-
31:02 - 31:05et personne ne peut dire que dans cinq ans, dans dix ans,
-
31:05 - 31:07il n'aura rien à cacher
-
31:07 - 31:12et qu'il n'aura pas des adversaires qui tenteront de le déstabiliser.
-
31:12 - 31:15Aussi, certains se disent, peut-être pas qu'ils n'ont rien à cacher,
-
31:15 - 31:18mais que, au bout du compte, ils font une pas si mauvaise affaire que ça
-
31:18 - 31:22en donnant toute leur vie à Google, Facebook, Apple,
-
31:22 - 31:25vu qu'en retour, ils ont ces produits formidables,
-
31:25 - 31:28qui brillent, tellement faciles, etc.
-
31:28 - 31:31Hé bien, là, je pense qu'on peut affirmer qu'ils se trompent,
-
31:32 - 31:36parce que la valeur de ces agrégats de données personnelles
-
31:36 - 31:40est très largement supérieure à la valeur qu'ils tirent de ces produits.
-
31:40 - 31:43On en veut pour preuve la capitalisation boursière
-
31:43 - 31:46d'entreprises comme Google, Facebook ou Apple.
-
31:46 - 31:49Si on prend la capitalisation boursière de Google
-
31:49 - 31:51divisée par le nombre de ses utilisateurs,
-
31:51 - 31:55un utilisateur de Google lui rapporte quelque chose comme $500 par an.
-
31:55 - 31:56Donc, si on vous disait:
-
31:56 - 32:01"Vous donnez $500 par an à Google et Google vous donne ses services gratuits,"
-
32:01 - 32:03vous diriez "Ben non! C'est beaucoup trop cher!"
-
32:03 - 32:09et on préférerait payer €3 par mois ou €5 par an, €10 par an Google
-
32:09 - 32:11et faire ce choix-là.
-
32:11 - 32:14Donc si on était sur un régime transactionnel,
-
32:14 - 32:16on se ferait forcément avoir,
-
32:16 - 32:20parce que la valeur de ces profils toujours plus précis
-
32:20 - 32:22que ces entreprises dressent de nous
-
32:22 - 32:25est insoupçonnable pour d'autres industries,
-
32:25 - 32:27comme par exemple le secteur bancaire,
-
32:27 - 32:32qui rêverait de savoir où vous êtes, quand vous êtes,
-
32:32 - 32:35avec qui vous êtes, dans quel pays vous voyagez,
-
32:35 - 32:37quand est-ce que vous buvez de l'alcool ou non,
-
32:37 - 32:40pour savoir comment vous mettre un crédit.
-
32:40 - 32:42Et pareil avec votre compagnie d'assurance.
-
32:43 - 32:46Et vous imaginez à quel point, si toutes ces données,
-
32:46 - 32:50collectées sous forme de profils de plus en plus précis,
-
32:50 - 32:52tombaient aux mains de ces industries
-
32:52 - 32:56ou de pouvoirs politiques qui voudraient s'en servir pour mieux nous contrôler,
-
32:56 - 32:59seraient utiles, seraient puissantes.
-
32:59 - 33:02Peut-être qu'on ferait fausse route
-
33:03 - 33:07en pensant que l'on pourrait transactionnaliser ses données personnelles,
-
33:07 - 33:11que l'on puisse vendre, à la découpe, nos libertés fondamentales,
-
33:11 - 33:13qu'on puisse vendre un petit peu de notre vie privée,
-
33:13 - 33:14sans y perdre.
-
33:14 - 33:16Eben Moglen explique ça très bien
-
33:17 - 33:19et lui, ce qu'il raconte, c'est que, au lieu d'un régime transactionnel,
-
33:19 - 33:23on serait plutôt dans une question écologique.
-
33:23 - 33:26Et dans une question écologique, on ne va pas faire du contrat,
-
33:26 - 33:30rejet, déchet par (pas? check)rejet déchet pour dire:
-
33:30 - 33:38"L'habitant près de la rivière Machin accepte que l'industrie Bidule rejette un truc dégueulasse,"
-
33:38 - 33:41parce que c'est une norme sociale, l'écologie.
-
33:41 - 33:45Donc on a des régulations qui vont être de portée globale
-
33:45 - 33:50et qui vont mettre des seuils d'acceptabilité aux comportements
-
33:50 - 33:50et pénaliser les comportements qui sont en dehors de ce seuil d'acceptabilité.
-
33:55 - 33:59Hé bien, si ça se trouve, la protection de la vie privée, c'est la même chose.
-
34:00 - 34:03Si ça se trouve, chaque individu n'est pas en mesure de faire ce choix de
-
34:03 - 34:09"Oh, ben oui, je choisis de perdre les informations relatives à mes mouvements,
-
34:10 - 34:13je choisis qu'une entreprise puisse savoir où je suis, tout le temps
-
34:13 - 34:17et, au lieu de ça, je vais avoir un truc qui va me dire quand est-ce qu'il y a une pizzeria à deux pas."
-
34:18 - 34:22En fait, si ça se trouve, on fait fausse route en allant sur ce régime là
-
34:22 - 34:24et on devrait exiger des pouvoirs publics
-
34:24 - 34:29qu'ils imposent des régulations strictes de la protection des données personnelles
-
34:29 - 34:30et de la vie privée,
-
34:30 - 34:33de la même façon qu'on devrait exiger un encadrement strict
-
34:33 - 34:35des activités de renseignement.
-
34:35 - 34:39Dans cette notion de la vie privée comme un environnement,
-
34:39 - 34:40comme quelque chose d'écologique,
-
34:41 - 34:42il y a le fait que
-
34:44 - 34:46si toi, tu penses que tu n'as rien à cacher,
-
34:47 - 34:48et que, du coup, tu t'en fous,
-
34:48 - 34:50et que tu as envie de tout donner à Google et à Facebook,
-
34:50 - 34:52hé bien tu ne te rends pas compte qu'en faisant ça,
-
34:52 - 34:56tu vas aussi donner une partie des communications de tes correspondants,
-
34:56 - 34:58de ta famille, de tes amis,
-
34:59 - 35:00à Google et Facebook.
-
35:00 - 35:03C'est que stocker ton mail chez Google,
-
35:03 - 35:04tu fais peut-être ce choix pour toi,
-
35:05 - 35:07mais chaque mail a deux correspondants.
-
35:08 - 35:11Et donc, c'est toutes les conversations de quelqu'un
-
35:11 - 35:13qui lui, peut-être, fait attention à sa vie privée,
-
35:13 - 35:16que tu vas choisir de stocker aussi sur Google.
-
35:16 - 35:19Et d'où Jake Appelbaum, qui a cette métaphore, en disant:
-
35:19 - 35:21la protection de la vie privée, c'est comme le safe sex.
-
35:21 - 35:24Tu mets un préservatif pas seulement pour te protéger toi,
-
35:24 - 35:28mais aussi pour protéger la personne avec qui tu as un rapport.
-
35:28 - 35:32Et c'est un petit peu la même chose sur internet.
-
35:32 - 35:34On devrait penser pas seulement à sa vie privée
-
35:34 - 35:37et à sa vie où on n'a, potentiellement, rien à cacher,
-
35:37 - 35:38mais aussi à celles des autres.
-
35:38 - 35:43Et que créer des comptes Facebook à ses gamins
-
35:43 - 35:47pour mettre leurs photos tout nus en prenant leur bain etc.,
-
35:47 - 35:49c'est peut-être mignon comme tout pour la famille et tout,
-
35:49 - 35:52mais quand eux se verront comme ça, des années après,
-
35:52 - 35:53peut-être qu'ils s'en mordront les doigts.
-
35:54 - 35:57[Paranoïaque, moi?]
-
35:58 - 35:59Paranoïaque, moi?
-
36:00 - 36:01Qui t'a dit ça? C'est eux, encore!
-
36:02 - 36:03Ils sont partout.
-
36:04 - 36:07Non, il y a quelques années, on nous traitait de paranoïaques,
-
36:07 - 36:09de complotistes, de doux dingues,
-
36:09 - 36:14quand on évoquait la capacité technologique à surveiller toutes les communications,
-
36:14 - 36:19quand on évoquait la capacité à agréger toutes les données personnelles ensemble
-
36:19 - 36:23pour en faire des profils, pour prédire le comportement des individus.
-
36:23 - 36:29Bon, les révélations de Snowden montrent que nos idées les plus extrêmes
-
36:29 - 36:32sont en réalité encore loin de la réalité,
-
36:33 - 36:36que c'est le gouvernement américain qui est complètement paranoïaque,
-
36:36 - 36:42que c'est leurs pratiques qui sont le pire scénario que l'on pouvait imaginer.
-
36:43 - 36:45Et ça, Julia Assange explique ça très bien en 2006,
-
36:45 - 36:47au moment de fonder Wikileaks,
-
36:47 - 36:52où il dit: "Lorsqu'un Etat abuse du secret,
-
36:53 - 36:57utilise le secret pour camoufler des mensonges ou des crimes d'Etat,
-
36:58 - 37:04alors la gestion de ce secret augmente,
-
37:05 - 37:08le coût de la gestion de ce secret augmente et devient une paranoïa d'Etat."
-
37:09 - 37:13Et à faire fuiter des documents, à exposer la vérité,
-
37:13 - 37:17on va encore augmenter le coût de la gestion de ce secret,
-
37:17 - 37:19on va encore augmenter la paranoïa d'Etat
-
37:19 - 37:28jusqu'à, éventuellement, ajouter tellement d'inertie que l'on va la faire s'arrêter.
-
37:28 - 37:32Et c'est ce que l'on voit déjà depuis l'affaire Manning.
-
37:33 - 37:41On s'est aperçu qu'un private, un seconde classe, a pu accéder à tous ces documents
-
37:41 - 37:42qui n'étaient pas top secret,
-
37:42 - 37:47mais qui étaient quand même à un niveau de secret relatif.
-
37:48 - 37:53L'armée américaine s'est mise en branle pour essayer de tout cloisonner,
-
37:53 - 37:54de tout compartimenter
-
37:54 - 37:56et d'éviter d'avoir un prochain Manning.
-
37:56 - 37:58Or, on savait qu'à l'époque de Manning,
-
37:58 - 38:03il y avait au moins trois ou quatre millions d'individus aux Etats-Unis
-
38:03 - 38:05qui avaient un niveau d'accès comparable.
-
38:05 - 38:08Donc c'est un Américain sur cinquante, c'est énorme.
-
38:08 - 38:10On le voit avec Snowden.
-
38:10 - 38:12Snowden était habilité top secret
-
38:12 - 38:16et en fait, il était tellement brillant que ses collègues lui ont donné plus d'accès
-
38:16 - 38:17que ce qu'il aurait dû avoir.
-
38:18 - 38:22Mais des gens habilités top secret aux Etats-Unis, il y en a, je crois, 950'000.
-
38:23 - 38:26C'est un Américain sur 300.
-
38:26 - 38:32Là aussi, on voit que le coût de la gestion de ce secret est absolument phénoménal.
-
38:33 - 38:37Et sur ces 950'000, il y aura forcément encore un Edward Snowden.
-
38:37 - 38:43Donc, on s'aperçoit que les personnes qui comprennent un peu la technologie
-
38:44 - 38:46et qui comprennent aussi la politique
-
38:46 - 38:50élaborent des scénarios qui sont, un temps, qualifiés de paranoïaques,
-
38:50 - 38:56mais lorsqu'on s'aperçoit que ces scénarios sont en réalité mesurés, voire doux,
-
38:56 - 38:58par rapport à la réalité,
-
38:58 - 39:03on réalise avec effroi que ce sont les gouvernements qui sont paranoïaques.
-
39:04 - 39:05Et là, on a un problème:
-
39:05 - 39:10on sait, historiquement, que la paranoïa est une des caractéristiques des régimes totalitaires,
-
39:11 - 39:13des pouvoirs qui ne veulent pas lâcher le pouvoir,
-
39:13 - 39:17des pouvoirs qui sont prêts à, massivement, violer les libertés fondamentales,
-
39:17 - 39:19pour conserver ce pouvoir.
-
39:19 - 39:21Et on ne peut pas s'empêcher de se dire
-
39:21 - 39:24que l'on retrouve certaines de ces caractéristiques
-
39:25 - 39:29dans le gouvernement américain et ses diverses administrations
-
39:29 - 39:33et dans les gouvernements européens qui leur emboitent le pas
-
39:33 - 39:37dans cette politique du choc et cette politique de la terreur
-
39:38 - 39:40que l'on vit depuis le début du XXIème siècle.
-
39:40 - 39:45Tout est justifié politiquement par cette guerre contre le terrorisme.
-
39:45 - 39:49la détention arbitraire de Guantanamo Bay,
-
39:50 - 39:54les meurtres robotisés des drones,
-
39:54 - 39:58la surveillance généralisée de tous les citoyens de la planète,
-
39:59 - 40:00etc.
- Title:
- Entretien avec Jérémie Zimmermann - la Parisienne Libérée
- Description:
-
Entretien de documentation pour le projet Datalove / chroniques parlées-chantées à découvrir sur Mediapart à partir du 6 février 2014 - http://blogs.mediapart.fr/blog/la-parisienne-liberee/300114/chansons-avec-jeremie-zimmermann
NB: le lien donné dans la description ci-dessus, reprise de la page YouTube, est erronné. L'URL juste est: http://blogs.mediapart.fr/blog/la-parisienne-liberee/010214/chansons-avec-jeremie-zimmermann
- Video Language:
- French
- Team:
- Captions Requested
- Duration:
- 57:56
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