Deux poèmes sur ce que pensent les chiens (probablement)

À quoi pensent nos chiens lorsqu'ils nous regardent? Le poète Billy Collins s'imagine la vie intérieure de deux compagnons très différents. C'est un court discours, charmant, parfait pour une petite pause de rêverie...

Je ne sais pas si vous avez remarqué

mais une vague de livres

ont été publiés récemment

des contemplations et réflexions

sur la perception et la vie
émotionnelle des chiens.

Est-ce qu'ils réfléchissent? Qu'est-ce
qu'ils ressentent? Si oui, comment?

Ainsi cet après midi, dans un temps limité

Je voudrais tenter de trouver
la réponse à ces questions

en vous présentant deux chiens,

deux chiens ayant décidé de s'exprimer

littéralement.

Le premier chien se lance,

il contemple un aspect

de sa relation avec son maître

et le titre est 'Le Chien à Propos de son Maître'.

«Aussi jeune que je parais,

Je vieillis plus vite que lui.

7 fois plus rapidement,
c'est ce qu'ils disent.

Qu'importe le chiffre,
un jour je le dépasserai

et je prendrai le devant,

comme lors de nos ballades en forêt,

et si cela lui traverse l'esprit

ce serait l'ombre la plus douce

que j'aurais jamais jeté
sur la neige ou l'herbe.

(Applaudissements)

Merci.

Et notre prochain chien

nous parle de revenant,

c'est à dire un esprit qui revient

vous voir.

'Je suis le chien que tu as endormi,

C'est ainsi que tu préfères
appeler l'aiguille de l'oubli,

Je reviens pour te dire
une chose fort simple

Je ne t'ai jamais aimé.»

(rires)

«Lorsque je te léchais la figure,

je voulais mordre ton nez.

Lorsque je te voyais
te sécher avec la serviette,

Je voulais tant bondir
et t'émasculer, clac!

Je n'aimais pas la façon
dont tu te déplaçais,

ton manque de grâce animale,

la façon dont tu t'asseyais
sur une chaise pour manger,

une serviette sur tes genoux,
un couteau à la main.

J'aurais fui

mais j'étais trop faible,

tu m'appris des tours

j’apprenais à m'asseoir, m'agenouiller

et, le plus grand des châtiments,

serrer la main sans main.

J'avoue que la laisse m'excitait,

mais seulement car ainsi
je pouvais sentir des choses

que tu n'avais jamais touché.

Tu ne me croirais pas,

mais je t'assures que je ne mens pas:

Je détestais la voiture,
détestais les jouets en plastique

méprisais tes amis, et pire, ta famille.

Le tintement de mon collier
me rendait fou.

Tu me grattais toujours
aux mauvais endroits.»

(Rires)

«Tout ce que je voulais de toi
c'était de la nourriture et de l'eau

dans mon bol.

Pendant que tu dormais,
je te regardais respirer

alors que la lune montait dans le ciel.

Je faisais des efforts surhumains

pour ne pas lever ma tête et hurler.

À présent, je suis libéré du collier,

libéré de l'imperméable jaune,

du pull à monogramme,

l'absurdité de ta pelouse,

et voilà tout ce dont tu as besoin
de savoir à propos de cet endroit

à part ce que tu avais déjà deviné

et qui heureusement,
ne s'est pas produit plus tôt,

tout le monde sait lire et écrire ici,

les chiens en vers,

les chats et tout les autres

en prose.»

Merci.

(Applaudissements)