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Bonjour,
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Un choix judicieux de transitions est suffisant
pour avoir une présentation relativement
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dynamique. Cela permet de casser le rythme
des slides en mélangeant la continuité des
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transitions idempotentes avec des discontinuités
pour réveiller l’auditoire.
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Mais ce que les transitions ne savent pas
faire, c’est le déplacement des éléments,
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faire bouger un curseur, par exemple, et les
combinaisons d’apparitions ou de disparitions
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différentes simultanées. Là, vous avez
besoin d’animations.
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La difficulté, c’est qu’il ne faut pas
animer n’importe comment.
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Quand je vois quelque chose comme cela, d’un
côté fond fantaisie mais qui peut-être
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acceptable pour un titre, police et couleurs
qui vont bien, je suis un peu dans l’expectative.
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Ajoutez cela et je fuis en hurlant: le Comic
Sans que tout le monde déteste, et une animation
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fantaisie qui n’apporte rien. Ce que vous
avez là, cela s’appelle un oxymoron visuel.
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Un oxymoron, c’est l’association de deux
mots qui ne vont normalement pas ensemble,
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comme “cette obscure clarté qui tombe des
étoiles”. Un oxymoron visuel, c’est un
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visuel qui dit le contraire du texte. Le texte
dit “pro”, la réalisation dit “amateur”;
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et elle le dit plus fort.
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Si vous voulez donner un aspect quasi-cinématographique
à vos présentations, vous mélangerez probablement
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transitions et animations. C’est surtout
vrai si vos slides sont destinées à être
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transformées en vidéos, d’une part parce
que l’intérêt disparaît vite à fixer
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une slide statique trop longtemps, et d’autre
part parce ce que ce que vous pourriez transmettre
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par des gesticulations devant l’audience
devra être rendu autrement.
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Première chose, pourquoi animer? J’y vois
trois raisons:
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1) faire apparaître la visualisation, qu’elle
soit textuelle ou graphique, au fur et à
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mesure que l’on parle. C’est exactement
ce que je suis en train de faire là.
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2) représenter un mouvement qui fait partie
de l’histoire. Cela peut être simple ou
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complexe.
3) la mise en scène des séquences, et le
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jeu sur le rythme en améliorant la continuité
et la fluidité.
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La premier point est, je pense, facile à
comprendre. On peut facilement le réaliser,
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j’en ai déjà parlé dans la troisième
vidéo de cette série et je l’ai montré
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dans la vidéo précédente, simplement avec
des transitions. On peut aussi, et c’est
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une pure question de choix, le réaliser avec
des animations. Vous sélectionnez un élément
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et choisissez le fondu, c’est comme l’ajouter
sur une slide avec un fondu en transition.
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Un certain nombre d’animations sont équivalentes
à des transitions, avec deux bémols:
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• Tout d’abord vous pouvez déclencher
plusieurs animations différentes en même
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temps, alors que ce ne sera qu’un type de
transition à la fois,
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• Et ensuite quand vous balayez par exemple,
l’animation répondra un poil plus vite
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à votre clic sur la télécommande puisqu’une
transition en balayage balaie l’intégralité
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de la slide. Ce sera d’autant plus sensible
que le nouvel élément est éloigné de l’endroit
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d’où commence le balayage.
J’ai tendance à utiliser des animations
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tant que je n’en ai pas plus de quatre ou
cinq par slide, puis à combiner animations
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et transitions. Il n’y a pas de règle.
Je reviendrai sur les détails des animations
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combinées plus tard.
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Le mouvement qui fait partie de l’histoire
est quelque chose d’un peu plus subtil.
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Si vous êtes quelqu’un de visuel, le critère
qui peut être déterminant, c’est la réponse
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à la question “si je n’avais pas Powerpoint
et si j’expliquais à quelqu’un avec une
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feuille ou devant un tableau blanc, est-ce
que je commencerais à griffonner des flèches”.
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Si vous mourez d’envie de griffonner des
flèches, cela veut dire animation. Une autre
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manière de voir les choses, c’est de rédiger
ce que vous voulez dire, et faire attention
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aux verbes employés. Là où vous employez
des verbes d’état, tels que “être”
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ou “devenir”, ou des verbes qui n’évoquent
aucun mouvement, cela veut dire transition.
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Les verbes qui évoquent le mouvement veulent
dire animation.
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Cela sera beaucoup plus vrai dans une vidéo
que pour une présentation devant un auditoire
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physique, devant lequel vous pouvez gesticuler.
Mais n’oubliez pas le critère de taille
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de la salle, parce que vu du fond un point
qui s’agite n’aide pas beaucoup à comprendre,
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et le critère de trac, éventuellement combiné
au décalage horaire, qui peut vous faire
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perdre beaucoup de vos capacités gesticulatoires,
même si vous êtes italien.
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Prenons un exemple très simple lié à la
programmation et parlons de l’assignation,
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le fait de stocker une valeur en mémoire.
Dans beaucoup de langages de programmation,
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vous écrirez quelque chose comme cela, d’abord
une ligne qui dit que vous réservez de la
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mémoire pour stocker une valeur entière,
integer en anglais et dont l’abrégé est
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“int”, et que vous donnez à cette place
en mémoire le nom “ma_variable”. Dire
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ce que vous voulez stocker informe indirectement
l’ordinateur de combien de mémoire il doit
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réserver, et comment interpréter les 0 et
les 1 qui seront stockés à cet endroit,
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parce que la mémoire de l’ordinateur ne
connait rien d’autre que des 0 et des 1.
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La seconde instruction n’est pas une égalité,
elle signifie simplement que l’on veut stocker
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la valeur 42 à cet endroit.
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Présenter les choses comme cela dans un cours
réel est jouable, mais pendant que vous racontez
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la déclaration de la variable, au moins la
moitié de l’auditoire n’écoute que d’une
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oreille et est en train de se demander ce
que la deuxième instruction signifie.
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Deuxième version, avec deux slides et une
transition en fondu, vous racontez votre histoire
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sur la variable, puis sur l’assignation.
Un peu mieux, mais quand même pas bien excitant.
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Troisième version, illustrée par cette espèce
de “boîte” en mémoire que représente
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la variable. Le fait de réserver de la mémoire
est quelque chose qui n’évoque pas vraiment
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de mouvement, une transition ou une simple
animation “fondu” fait l’affaire. En
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revanche, quand on passe à l’assignation,
je trouve que cela ne va plus. La valeur 42
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n’apparaît pas comme cela, on la met dans
la variable. C’est le résultat d’une
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action, d’un mouvement. Je vais donc, dans
la version finale, commencer par l’apparition
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en fondu pour la réservation de mémoire,
puis dans la slide suivante, avec transition
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en fondu, avoir une animation pour illustrer
l’action. Je ne sais pas ce que vous en
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pensez, mais pour moi c’est mieux. En plus,
vous remarquerez que la valeur est vraiment
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“dans” la boîte, pas “sur” la boîte.
Dès que l’on anime, il faut faire attention
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à la notion de profondeur et de plan, j’en
reparlerai prochainement.
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Le dernier point que j’ai mentionné, mise
en scène des séquences, est lui franchement
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plus délicat et demande souvent un travail
d’horloger. Je l’ai dit précédemment,
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une séquence correspond à une suite de slides
autour de la même idée, avec des éléments
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que l’on retrouve à la même place de slide
en slide pour donner la continuité. Mais
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retrouver un élément de slide en slide ne
veut pas forcément dire que l’on retrouve
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l’élément à la même position de la première
à la dernière slide de la séquence.
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Je vous ai parlé, toujours dans la troisième
vidéo, de ce que Garr Reynolds raconte à
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propos des lignes de force que sont les tiers.
On peut vouloir déplacer des éléments entre
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les lignes de force.
Je parle de mise en scène, cela évoque le
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théâtre, et illustrons la mise en scène
avec un sujet qui n’est pas technique, la
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présentation de quelques personnages de la
Commedia dell’arte.
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La mauvaise manière de faire, vous avez dû
la voir autant de fois que moi, c’est la
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slide Powerpoint classique et moche, avec
trop de texte, affiché tout d’un coup.
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Ennuyeux au possible, surtout si le présentateur
se borne à lire sa slide, et parfois à la
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paraphraser pour se donner l’impression
de valeur ajoutée.
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Un présentateur plus consciencieux comprend
très bien que le texte doit être beaucoup
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plus léger, et que c’est à lui de dire
les points moins importants qui ne sont plus
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sur la slide. La slide devient un appoint
du discours, pas l’intégralité de la présentation.
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Amélioration supplémentaire, une animation
point par point. On guide l’auditoire, qui
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n’en sera plus à Colombine quand le présentateur
en est encore au Capitan. Certains présentateurs
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voudront ajouter une illustration, ici brut
de recherche internet, et nous l’avons vu,
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si l’image se prête mal au plein écran
nous avons tout intérêt à la détourer
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(je l’ai fait avec Gimp, Powerpoint avait
des problèmes avec la fraise).
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Dans la vidéo précédente, je vous ai dit
qu’il était dans un cas pareil sans doute
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meilleur d’utiliser des transitions idempotentes,
ici un fondu, et illustrer chacun des personnages
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un par un.
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A ce point se pose une question pédagogique.
Qu’est-ce que je veux que mon auditoire
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mémorise, nom ou apparence du personnage?
J’aurais tendance à dire “apparence”,
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les noms sont probablement pour la plupart
déjà familiers, et si c’est le cas je
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vais conserver de slide en slide, plutôt
que les noms, une version réduite des images
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déjà montrées (évidemment nom et apparence
ne sont pas exclusifs mais cela commencerait
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à être un peu chargé).
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C’est le jour et la nuit par rapport à
la première version basique que je vous ai
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montrée. Malgré tout, on reste dans une
logique “diapositive”. On voit les changements
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de diapositive. Je maintiens la continuité
en conservant d’une part le titre “Commedia
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dell’arte” de slide en slide, et d’autre
part avec les images, mais il y a malgré
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tout un côté un peu tressautant.
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On peut énormément améliorer la continuité
et faire quasiment disparaître les slides
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avec des animations, et je vais vous en donner
un exemple. Commençons par Polichinelle,
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puis le Capitan, puis Arlequin, Pantalon,
et finalement Colombine. Vous avez le droit
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de préférer une des deux versions précédentes;
mais je vous montre ici ce qu’il est possible
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de faire, avec très peu d’effets. On ne
voit plus du tout les slides. Il y en avait
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neuf dans cette séquence.
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Pas assez technique pour vous? Eh bien quand
j’explique que dans une base de données
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quelqu’un qui commence une transaction va
tout d’abord sauvegarder l’état courant
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des valeurs qu’il veut changer, puis que
quelqu’un qui voudrait changer la même
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donnée va se retrouver bloqué parce que
la donnée est verrouillée, jusqu’à ce
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que le premier valide sa transaction et libère
les données, quand j’explique tout cela,
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j’utilise à peu près les mêmes méthodes
qu’avec Arlequin et Colombine. Nous verrons
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ces méthodes plus en détail la prochaine
fois.