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Comment redonner vie à un quartier : avec imagination, esthétisme et art

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    Je suis potier,
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    ce qui peut sembler
    une vocation plutôt humble.
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    Je m'y connais en pots.
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    J'ai passé environ 15 ans à en fabriquer.
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    Ce qui me stimule vraiment
    dans ma pratique artistique
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    et dans le fait d'être potier,
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    c'est qu'on apprend très vite à faire
    des choses géniales à partir de rien ;
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    j'ai passé beaucoup de temps à
    mon tour de potier à essayer des trucs
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    avec de l'argile, et les limites
    de mes compétences
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    se trouvaient dans mes mains
    et dans mon imagination.
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    Si je voulais fabriquer
    un super bol
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    et que je ne savais pas encore
    faire un pied,
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    il fallait que j'apprenne
    à fabriquer un pied ;
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    ce procédé d'apprentissage m'a
    été d'une grande aide au cours de ma vie.
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    J'ai l'impression qu'en tant que potier,
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    on apprend aussi à donner
    forme au monde.
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    Il y a eu des périodes au cours de mon
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    travail artistique où j'ai voulu
    refléter
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    d'autres périodes importantes
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    de l'histoire des USA
    ou du monde,
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    où des choses dures
    sont arrivées
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    mais comment en parler
    sans diviser les gens
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    sur le sujet ?
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    Puis-je utiliser l'art, comme ces
    vieux tuyaux d'incendie,
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    pour parler de la complexité
    des droits civiques dans les années 60 ?
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    Est-il possible de parler
    de mon père et moi faisant des travaux ?
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    Mon père était couvreur, un gars du
    bâtiment ; il avait une petite entreprise
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    et à 80 ans, il était prêt pour la
    retraite et j'ai hérité de sa bétonnière.
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    Une bétonnière, ça ne sonne pas
    vraiment comme un héritage.
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    C'en était pas un. Ça puait et ça prenait
    beaucoup de place dans mon atelier,
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    mais j'ai demandé à mon père s'il voulait
    faire un peu d'art avec moi,
  • 2:00 - 2:04
    si on pouvait ré-inventer ce genre
    de matériau basique
  • 2:04 - 2:06
    en quelque chose de vraiment spécial.
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    Et en améliorant le matériau,
    et la technique de mon père,
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    pouvait-on envisager le goudron
    comme une sorte d'argile,
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    en le travaillant autrement,
    pour imaginer ce qu'on pourrait en faire ?
  • 2:19 - 2:26
    Après l'argile, pas mail d'autres
    matériaux m'ont attiré
  • 2:26 - 2:29
    et mon atelier s'est agrandi
    parce que je me suis dit :
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    la question n'est pas vraiment le matériau
    mais notre capacité à façonner des choses.
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    Je me suis de plus en plus
    intéressé à des concepts
  • 2:36 - 2:41
    et à de plus en plus de choses qui se
    produisaient en-dehors de mon atelier.
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    Juste pour vous situer un peu le contexte,
    je vis à Chicago.
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    Je vis dans le South Side maintenant.
    Je suis un West Sider.
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    Si vous n'êtes pas de Chicago,
    ça ne vous dira pas grand chose,
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    mais si je ne le disais pas,
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    il y aurait beaucoup de gens dans la ville
    qui seraient très contrariés.
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    Je vis dans le quartier
    de Grand Crossing.
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    Ce quartier a connu des jours meilleurs.
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    C'est loin d'être un lotissement sécurisé.
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    Beaucoup de choses sont laissées à
    l'abandon dans mon quartier,
  • 3:12 - 3:16
    et pendant que je fabriquais
    des pots et des œuvres d'art
  • 3:16 - 3:18
    et menais une belle carrière artistique,
  • 3:18 - 3:20
    tous ces trucs étaient en train
    de se produire
  • 3:20 - 3:22
    juste à l'extérieur de mon atelier.
  • 3:22 - 3:26
    Nous savons tous que le marché
    de l'immobilier baisse,
  • 3:26 - 3:28
    que le délabrement pose problème,
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    et on en parle dans certaines
    villes plus que dans d'autres,
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    mais je pense que beaucoup de villes
    aux USA et ailleurs
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    ont des problèmes avec le délabrement,
  • 3:36 - 3:40
    avec des bâtiments abandonnés dont
    on ne sait plus quoi faire.
  • 3:40 - 3:43
    Et alors j'ai pensé :
    pourrais-je envisager
  • 3:43 - 3:48
    ces bâtiments comme des extensions,
    comme l'expansion de mon art ?
  • 3:48 - 3:51
    Et si je réfléchissais avec
    d'autres créateurs,
  • 3:51 - 3:55
    des architectes, des ingénieurs,
    des gens de l'immobilier, de la finance,
  • 3:55 - 3:58
    alors ensemble nous serions capables
    de réfléchir, disons,
  • 3:58 - 4:02
    de façon plus poussée sur
    la transformation des villes.
  • 4:03 - 4:05
    Et donc j'ai acheté un bâtiment.
  • 4:05 - 4:07
    À un prix très abordable.
  • 4:07 - 4:09
    On l'a embelli.
  • 4:09 - 4:14
    On l'a rendu aussi beau qu'on a pu
    pour tenter de créer
  • 4:14 - 4:16
    un peu d'animation dans le coin.
  • 4:16 - 4:18
    Une fois acheté pour
    environ 18 000 dollars,
  • 4:18 - 4:20
    je n'avais plus d'argent.
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    J'ai commencé à passer le balai
    devant l'immeuble.
  • 4:26 - 4:28
    C'était un spectacle, les gens passaient,
  • 4:28 - 4:30
    et je me mettais à balayer.
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    Parce que le balai était gratuit,
    et le passer aussi.
  • 4:33 - 4:35
    Ça a marché.
  • 4:35 - 4:37
    (Rires)
  • 4:37 - 4:42
    Mais le bâtiment devait servir ensuite
    pour des expositions, des dîners,
  • 4:42 - 4:46
    et on s'est aperçu que
    dans mon quartier, Dorchester -
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    "Dorchester Project" est maintenant
    le nom de ce quartier -
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    cette maison était devenue un
    lieu de rassemblement
  • 4:53 - 4:55
    pour plein d'activités différentes.
  • 4:55 - 4:59
    Le bâtiment a été transformé pour devenir
    la Maison des Archives.
  • 4:59 - 5:02
    Il s'y passait plein de
    choses géniales.
  • 5:02 - 5:06
    Beaucoup de gens importants
    de Chicago et d'ailleurs
  • 5:06 - 5:08
    se retrouvaient dans le quartier.
  • 5:08 - 5:11
    Et c'est alors que je me suis dit
  • 5:11 - 5:14
    qu'un lien existait
    entre mon travail avec l'argile
  • 5:14 - 5:16
    et cette nouveauté qui commençait
    à se développer,
  • 5:16 - 5:19
    je me suis dit que nous
    commencions lentement
  • 5:19 - 5:22
    à changer la façon dont les gens
    voyaient le quartier sud de la ville.
  • 5:23 - 5:26
    D'une maison, d'autres sont nées,
  • 5:26 - 5:28
    et nous essayions toujours de montrer
  • 5:28 - 5:32
    qu'il ne suffit pas de créer
    un magnifique navire ;
  • 5:32 - 5:36
    son contenu, ce qui s'y passe,
    est aussi important.
  • 5:36 - 5:39
    Alors nous ne pensions pas qu'au
    développement,
  • 5:39 - 5:41
    mais aussi au programme,
  • 5:41 - 5:44
    aux liens qui
    pouvaient se créer
  • 5:44 - 5:49
    entre une maison et une autre,
    d'un voisinage à l'autre.
  • 5:50 - 5:53
    Ce bâtiment est devenu ce qu'on
    appelle la Maison de l'Écoute,
  • 5:53 - 5:56
    et elle dispose d'une
    collection de livres donnés
  • 5:56 - 5:59
    par la Johnson Publishing Corporation ;
  • 5:59 - 6:03
    d'autres ont été donnés
    par une librairie qui a fermé.
  • 6:03 - 6:07
    Je voulais juste faire fonctionner
    ces maisons au mieux,
  • 6:07 - 6:11
    peu importe avec quoi et avec
    quiconque se joignant à moi.
  • 6:12 - 6:15
    À Chicago, il y a un nombre
    incroyable de bâtiments.
  • 6:15 - 6:19
    Dans le quartier, celui-ci
    était connu pour le deal de crack,
  • 6:19 - 6:21
    et quand il a été abandonné,
  • 6:21 - 6:25
    ça a été l'occasion d'imaginer
    enfin autre chose ici.
  • 6:25 - 6:29
    Alors nous avons reconverti cet
    endroit en Maison du Cinéma Noir.
  • 6:29 - 6:33
    Cette Maison permettait
    de projeter dans le quartier des films
  • 6:33 - 6:38
    qui étaient importants et pertinents
    pour les gens qui vivaient autour de moi.
  • 6:38 - 6:41
    Si on voulait projeter un vieux film de
    Melvin Van Peebles, on pouvait.
  • 6:41 - 6:44
    Si on voulait passer
    Car Wash, on pouvait.
  • 6:44 - 6:46
    Ce serait génial.
  • 6:46 - 6:49
    La maison est vite devenue trop petite,
  • 6:49 - 6:51
    et on a du déménager dans
    un endroit plus spacieux.
  • 6:51 - 6:55
    On l'a conçue avec un tout
    petit morceau d'argile,
  • 6:55 - 7:03
    et la Maison du Cinéma a bien grandi.
    Aujourd'hui, c'est mon atelier.
  • 7:03 - 7:07
    J'ai réalisé que pour les accros
    à l'aménagement du territoire,
  • 7:07 - 7:09
    certaines choses que je faisais
  • 7:09 - 7:12
    dans ces maisons abandonnées,
  • 7:12 - 7:16
    n'étaient pas ce pour quoi
    elles avaient été construites,
  • 7:16 - 7:18
    et qu'il y a des règles qui disent :
  • 7:18 - 7:21
    "Hé, une maison d'habitation
    doit rester comme telle."
  • 7:21 - 7:26
    Mais alors qu'est-ce qu'on fait dans les
    quartiers où personne ne veut habiter ?
  • 7:26 - 7:30
    Où les gens qui avaient les moyens
    d'y vivre sont déjà partis ?
  • 7:30 - 7:32
    Qu'est-ce qu'on fait de
    ces bâtiments abandonnés ?
  • 7:32 - 7:36
    Je voulais donc les faire revivre
    par le biais de la culture.
  • 7:36 - 7:39
    On s'est aperçu que c'était si
    excitant pour les gens ;
  • 7:39 - 7:43
    ils étaient si réceptifs à notre travail
    qu'il a fallu trouver plus grand.
  • 7:43 - 7:45
    Jusqu'à ce qu'on trouve,
  • 7:45 - 7:50
    on avait en partie les ressources
    nécessaires pour penser à tout ça.
  • 7:50 - 7:54
    Cette banque, rebaptisée la Banque des
    Arts, était plutôt en sale état.
  • 7:54 - 7:57
    Il y avait à peu près 1.80 m
    d'eau stagnante.
  • 7:57 - 8:00
    C'était un projet difficile à financer :
  • 8:00 - 8:02
    les banques n'étaient pas
    intéressées par le quartier,
  • 8:02 - 8:05
    les gens n'étaient pas
    intéressés par le quartier,
  • 8:05 - 8:07
    parce qu'il ne se passait
    jamais rien ici.
  • 8:07 - 8:11
    C'était de la crasse. C'était rien.
    C'était nulle part.
  • 8:11 - 8:16
    Alors on a commencé à imaginer ce
    qui pourrait se passer dans ce bâtiment.
  • 8:16 - 8:22
    (Applaudissements)
  • 8:22 - 8:25
    Maintenant que la rumeur sur
    mon quartier s'est propagée,
  • 8:25 - 8:27
    et qu'on commence
    à avoir de la visite,
  • 8:27 - 8:29
    la banque peut
    désormais être un centre
  • 8:29 - 8:32
    pour des expositions,
    des archives, des concerts,
  • 8:32 - 8:35
    et les gens sont désormais intéressés
  • 8:35 - 8:38
    à habiter près de ces bâtiments,
    car on y a apporté de la chaleur,
  • 8:38 - 8:41
    on y a fait un feu, en quelque sorte.
  • 8:41 - 8:45
    Parmi les archives qu'on aura ici, seront
    celles de la Johnson Publishing Corp.
  • 8:45 - 8:49
    On a aussi commencé à recueillir
    des souvenirs de l'histoire américaine,
  • 8:49 - 8:52
    de gens qui vivent ou ont
    vécu dans ce quartier.
  • 8:52 - 8:56
    Quelques-unes de ces images sont
    dégradantes pour les Noirs,
  • 8:56 - 8:59
    des histoires dans des contextes
    très difficiles,
  • 8:59 - 9:02
    et quoi de mieux comme
    endroit qu'un quartier
  • 9:02 - 9:06
    rempli de jeunes qui se questionnent
    constamment sur leur identité,
  • 9:06 - 9:08
    pour discuter des difficultés
  • 9:08 - 9:10
    d'ethnie et de classe sociale ?
  • 9:11 - 9:15
    À bien des égards, la banque
    est une plaque tournante ;
  • 9:15 - 9:20
    on essaie d'y créer un lieu central
    d'activité culturelle,
  • 9:20 - 9:23
    et si on pouvait créer
    plusieurs centres,
  • 9:23 - 9:26
    et ajouter un peu de verdure
    dans le coin,
  • 9:26 - 9:29
    là où on a acheté les bâtiments
    qu'on a retapés,
  • 9:29 - 9:32
    qui représentent maintenant
    60 ou 70 éléments,
  • 9:32 - 9:37
    et si on pouvait en faire
    un Versailles miniature,
  • 9:37 - 9:41
    et relier ces maisons
    d'une superbe ceinture verte...
  • 9:41 - 9:44
    (Applaudissements)
  • 9:44 - 9:47
    cet endroit où personne
    ne voulait aller
  • 9:47 - 9:50
    deviendrait alors une
    destination importante
  • 9:50 - 9:52
    pour des gens du pays
    et de partout dans le monde.
  • 9:53 - 9:57
    En fait, on sent
    bien que je suis un potier ;
  • 9:57 - 10:00
    on s'attaque à ce qui se trouve
    à notre tour,
  • 10:00 - 10:02
    on essaie, avec nos compétences,
  • 10:02 - 10:07
    de penser à ce bol qu'on veut faire.
  • 10:07 - 10:12
    Et on est passé d'un bol, à une maison,
    à un pâté de maisons, puis à un quartier ;
  • 10:12 - 10:15
    un quartier culturel,
    où on repense la ville.
  • 10:15 - 10:19
    Et à chaque stade, il y eu des choses
    que j'ignorais, et que j'ai du apprendre.
  • 10:19 - 10:22
    Jamais de ma vie je n'avais autant
    appris sur l'urbanisme.
  • 10:22 - 10:24
    Jamais je n'ai cru qu'il le faudrait.
  • 10:24 - 10:26
    Mais grâce à ça, j'ai découvert
    qu'il y a de la place
  • 10:26 - 10:28
    non seulement pour mon art,
  • 10:28 - 10:31
    mais aussi pour plein d'autres
    pratiques artistiques.
  • 10:32 - 10:33
    Donc on a commencé
    à nous demander
  • 10:33 - 10:36
    "Comment tu vas
    faire ça à grande échelle ?"
  • 10:36 - 10:38
    ou "Quel est ton plan
    de viabilité ?"
  • 10:38 - 10:43
    (Rires)
    (Applaudissements)
  • 10:43 - 10:47
    Mais j'ai découvert que je
    ne pouvais pas m'exporter,
  • 10:47 - 10:50
    que ce qui semble nécessaire dans
    des villes comme Akron, dans l'Ohio,
  • 10:50 - 10:53
    et Détroit, dans le Michigan, et
    Gary, dans l'Indiana,
  • 10:53 - 10:57
    c'est qu'il y a des gens là-bas
    qui croient déjà en ces endroits,
  • 10:57 - 11:00
    et qui n'ont qu'une envie :
    les embellir ;
  • 11:00 - 11:03
    mais souvent, ces gens,
    qui sont passionnés par un endroit,
  • 11:03 - 11:07
    n'ont pas les ressources nécessaires
    pour faire bouger les choses,
  • 11:07 - 11:10
    ou ne connaissent pas ceux
  • 11:10 - 11:12
    qui pourraient les aider.
  • 11:12 - 11:16
    On commence donc à donner
    des conseils un peu partout dans le pays
  • 11:16 - 11:18
    sur comment démarrer avec ce qu'on a,
  • 11:18 - 11:21
    comment démarrer avec ce qui
    est à notre portée,
  • 11:21 - 11:24
    comment faire quelque chose
    à partir de rien,
  • 11:24 - 11:28
    comment refaçonner le monde à notre
    tour de potier, ou dans notre quartier
  • 11:28 - 11:31
    ou à l'échelle de notre ville.
  • 11:31 - 11:32
    Merci infiniment.
  • 11:32 - 11:38
    (Applaudissements)
  • 11:40 - 11:43
    June Cohen : Merci. Je pense que
    nombre de ceux qui nous regardent
  • 11:43 - 11:46
    se poseront les questions que vous
    avez soulevées à la fin :
  • 11:46 - 11:49
    Comment peuvent-ils faire
    ça dans leur ville ?
  • 11:49 - 11:50
    Vous ne pouvez pas vous exporter.
  • 11:50 - 11:54
    Donnez-nous quelques exemples
    sur ce que peut faire quelqu'un
  • 11:54 - 11:57
    qui veut réaliser dans sa ville
    des projets comme le vôtre.
  • 11:57 - 12:00
    Theaster Gates : Une chose que j'ai
    découverte, très importante,
  • 12:00 - 12:04
    c'est qu'il ne faut pas seulement
    réfléchir à un projet individuel,
  • 12:04 - 12:07
    comme une vielle maison,
  • 12:07 - 12:10
    mais à la relation qu'on peut créer
    entre une vieille maison,
  • 12:10 - 12:13
    une école du coin, une petite épicerie ;
  • 12:13 - 12:16
    y a-t-il une quelconque synergie
    entre elles ?
  • 12:16 - 12:18
    Pouvez-vous les faire parler ?
  • 12:18 - 12:23
    J'ai découvert que dans certains cas
    où les quartiers ont été abandonnés,
  • 12:23 - 12:25
    il y reste souvent un souffle de vie.
  • 12:25 - 12:28
    Comment l'identifier, et identifier
    les gens passionnés,
  • 12:28 - 12:31
    et ensuite, comment faire pour
    que des gens qui se sont battus,
  • 12:31 - 12:36
    qui ont trimé pendant 20 ans,
    soient re-stimulés par leur lieu de vie ?
  • 12:36 - 12:38
    Alors quelqu'un doit faire le boulot.
  • 12:38 - 12:42
    Si j'étais un promoteur traditionnel,
    je ne parlerais que des bâtiments,
  • 12:42 - 12:46
    et je mettrais une pancarte
    "À Louer" à leur fenêtre.
  • 12:46 - 12:49
    Je crois qu'il faut voir
    beaucoup plus loin que ça,
  • 12:49 - 12:52
    il faut être soucieux
    de se demander :
  • 12:52 - 12:55
    quelles sont les affaires que
    je veux développer ici ?
  • 12:55 - 12:57
    Et puis : y a-t-il des gens ici
  • 12:57 - 12:59
    qui veulent les développer avec moi ?
  • 12:59 - 13:02
    Je pense qu'il n'y a pas que la
    dimension d'espace culturel,
  • 13:02 - 13:05
    il faut aussi recréer un cœur économique.
  • 13:05 - 13:09
    Alors penser à toutes ces choses
    ensemble paraît juste.
  • 13:09 - 13:12
    JC : C'est dur de persuader
    les gens de recréer l'étincelle
  • 13:12 - 13:14
    quand ils triment depuis 20 ans.
  • 13:14 - 13:17
    Avez-vous trouvé des
    méthodes efficaces ?
  • 13:17 - 13:20
    TG : Ouais, je crois qu'il y
    a désormais pas mal d'exemples
  • 13:20 - 13:22
    de gens qui font du super boulot,
  • 13:22 - 13:26
    mais les méthodes sont du genre :
    si les médias disent constamment
  • 13:26 - 13:29
    que seuls des trucs violents
    se produisent à tel endroit,
  • 13:29 - 13:32
    alors avec vos compétences
    et dans ce contexte,
  • 13:32 - 13:36
    qu'est-ce que vous pouvez faire
    dans votre quartier
  • 13:36 - 13:38
    pour, disons, combattre ça ?
  • 13:38 - 13:41
    Si, par exemple, vous aimez le théâtre,
  • 13:41 - 13:43
    vous pouvez monter des festivals
    de théâtre de rue.
  • 13:43 - 13:47
    Dans certains cas, on n'a pas les
    ressources, dans les quartiers,
  • 13:47 - 13:50
    de faire des trucs plutôt tape-à-l’œil,
  • 13:50 - 13:53
    mais si on peut trouver des moyens
    de s'assurer que les gens
  • 13:53 - 13:55
    qui vivent à un endroit donné,
  • 13:55 - 13:59
    et ceux qui pourraient soutenir
    ce qui se passe localement
  • 13:59 - 14:00
    se retrouvent,
  • 14:00 - 14:03
    alors on peut créer des choses géniales.
  • 14:03 - 14:04
    JC : C'est très intéressant.
  • 14:04 - 14:06
    Et comment s'assurer
    que les projets créés
  • 14:06 - 14:08
    sont pour les plus défavorisés
  • 14:08 - 14:12
    et pas uniquement pour les
    bobos végétariens
  • 14:12 - 14:14
    qui pourraient venir
    en profiter ?
  • 14:14 - 14:19
    TG : Tout juste. Je crois que c'est
    là que ça devient épineux.
  • 14:19 - 14:22
    JC : Dites-m'en plus.
    TG : En ce moment, Grand Crossing
  • 14:22 - 14:25
    est peuplé à 99% de Noirs,
  • 14:25 - 14:28
    et on sait que celui qui y possède
    une propriété n'est peut-être
  • 14:28 - 14:31
    pas celui qui traîne les rues
    de cette ville.
  • 14:31 - 14:34
    Alors il est raisonnable de dire
    que Grand Crossing est déjà
  • 14:34 - 14:37
    en train de devenir un endroit
    différent de ce qu'il est aujourd'hui.
  • 14:37 - 14:43
    Mais y a-t-il une façon d'envisager
    la propriété foncière
  • 14:43 - 14:46
    ou un développement à but non lucratif
  • 14:46 - 14:48
    qui protège l'espace,
  • 14:48 - 14:53
    parce que quand vous avez
    7500 terrains vagues dans une ville,
  • 14:53 - 14:55
    vous voulez que quelque
    chose s'y produise,
  • 14:55 - 14:59
    mais vous avez besoin de gens qui ne
    s'intéressent pas qu'au développement,
  • 14:59 - 15:02
    mais aussi à la stabilisation,
  • 15:02 - 15:06
    et j'ai l'impression que souvent,
    l'aspect développement est motivant,
  • 15:06 - 15:09
    mais que le travail sur l'éveil d'une
    conscience de quartier,
  • 15:09 - 15:11
    cet aspect-là n'existe plus.
  • 15:11 - 15:16
    Alors comment créer
    des chiens de garde
  • 15:16 - 15:19
    qui s'assureront que les
    ressources mises à la disposition
  • 15:19 - 15:20
    des gens qui emménagent
  • 15:20 - 15:23
    sont aussi distribuées aux gens
    qui vivent ici depuis longtemps ?
  • 15:23 - 15:26
    JC : C'est très sensé.
    Une dernière question :
  • 15:26 - 15:30
    Vous insistez sur l'esthétisme,
    sur son importance et sur les arts.
  • 15:30 - 15:33
    D'autres diraient que ces
    fonds seraient plus utiles si
  • 15:33 - 15:36
    on les dépensait dans des services
    de base pour les défavorisés.
  • 15:36 - 15:40
    Comment combattez-vous ce point de vue ?
    Avec quels arguments ?
  • 15:40 - 15:43
    TG : Je crois que la beauté est
    un service de base.
  • 15:43 - 15:49
    (Applaudissements)
  • 15:50 - 15:54
    Il m'est souvent apparu que
    lorsqu'il y a des ressources
  • 15:54 - 15:58
    qui ne sont pas mises à la disposition
    des villes qui en manquent,
  • 15:58 - 16:00
    ou de quartiers ou de communautés,
  • 16:00 - 16:04
    la culture est un déclencheur,
  • 16:04 - 16:07
    et moi je ne peux pas tout faire,
  • 16:07 - 16:10
    mais je pense que si vous pouvez
    commencer avec la culture,
  • 16:10 - 16:13
    faire aux gens se sentir
    ré-investis dans leur lieu de vie,
  • 16:13 - 16:18
    d'autres sortes de
    services de base se développent,
  • 16:18 - 16:22
    et alors les populations peuvent souhaiter
    quelque chose, quelque chose de poétique,
  • 16:22 - 16:27
    et les revendications politiques dont nous
    avons besoin pour réveiller nos villes,
  • 16:27 - 16:29
    deviennent elles aussi poétiques.
  • 16:29 - 16:31
    JC : Cela fait parfaitement
    sens.
  • 16:31 - 16:33
    Theaster, merci infiniment
    d'être venu ici aujourd'hui.
  • 16:33 - 16:34
    Merci. Theaster Gates.
  • 16:34 - 16:39
    (Applaudissements)
Title:
Comment redonner vie à un quartier : avec imagination, esthétisme et art
Speaker:
Theaster Gates
Description:

Theaster Gates, potier de profession et militant social par vocation, voulait améliorer l'état de son quartier du sud de Chicago. Et c'est ce qu'il a fait, en transformant des bâtiments abandonnés en centres communautaires afin de mettre en relation et d'inspirer ceux qui y vivent toujours (et d'attirer ceux qui n'y vivent pas). Dans cette conférence passionnée, Gates décrit les efforts qu'il a fournis pour construire un "Versailles miniature" à Chicago, et partage sa conviction que la culture peut être un catalyseur de transformation sociale dans n'importe quelle ville, où qu'elle soit.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:52

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