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Une histoire de maladie mentale, de l'interieur

  • 0:01 - 0:03
    Je suis une femme atteinte
    de schizophrénie chronique.
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    J'ai passé des centaines de jours
  • 0:05 - 0:06
    dans les hôpitaux psychiatriques.
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    J'aurais pu finir par passer
  • 0:08 - 0:10
    la plus grande partie de ma vie
    au fin fond d'un hôpital ;
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    mais ça n'est pas comme ça
    que ça s'est passé pour moi.
  • 0:12 - 0:15
    En fait, j'ai réussi à éviter les hôpitaux
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    pendant près de trente ans,
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    c'est peut-être
    ce dont je suis la plus fière.
  • 0:19 - 0:21
    Ça ne veut ne pas dire que j'ai évité
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    toutes les luttes psychiatriques.
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    J'ai eu mon diplôme
    de la Faculté de droit de Yale
  • 0:25 - 0:26
    et obtenu mon premier
    emploi dans le droit,
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    et puis mon analyste
    de New Haven, le Docteur White,
  • 0:29 - 0:31
    m'a annoncé qu'il allait
    fermer son cabinet
  • 0:31 - 0:32
    trois mois plus tard,
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    plusieurs années avant
    le moment où j'avais prévu
  • 0:33 - 0:35
    de quitter New Haven.
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    White m'a vraiment beaucoup aidée,
  • 0:37 - 0:38
    et l'idée de son départ
  • 0:38 - 0:40
    m'a anéantie.
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    Mon meilleur ami, Steve,
  • 0:41 - 0:43
    sentant que quelque chose
    n'allait vraiment pas,
  • 0:43 - 0:45
    a pris l'avion pour New Haven
    pour être avec moi.
  • 0:45 - 0:47
    Je vais maintenant vous citer
    des passages de mes écrits :
  • 0:47 - 0:50
    « J'ai ouvert la porte de mon studio.
  • 0:50 - 0:52
    Steve m'a dit plus tard que,
  • 0:52 - 0:54
    bien qu'il m'ait vu
    de nombreuses fois psychotique,
  • 0:54 - 0:56
    rien n'aurait pu le préparer
    à ce qu'il a vu ce jour-là.
  • 0:56 - 0:59
    Pendant une semaine ou plus,
    je n'avais presque rien mangé.
  • 0:59 - 1:02
    J'étais décharnée. Je marchais
  • 1:02 - 1:03
    comme si mes jambes étaient en bois.
  • 1:03 - 1:06
    Mon visage ressemblait à un masque,
    et je le ressentais comme ça.
  • 1:06 - 1:09
    J'avais fermé tous les rideaux
    dans l'appartement, donc
  • 1:09 - 1:10
    au milieu de la journée
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    l'appartement était
    dans l'obscurité presque totale.
  • 1:12 - 1:15
    L'air était fétide,
    la pièce était un capharnaüm .
  • 1:15 - 1:18
    Steve, qui était à la fois
    avocat et psychologue, a traité
  • 1:18 - 1:21
    beaucoup de patients souffrant
    de maladie mentale grave et à ce jour
  • 1:21 - 1:24
    il va dire que mon cas était
    le plus grave qu'il avait jamais vu.
  • 1:24 - 1:27
    J'ai dit,, « Bonjour, », et puis
    je suis retournée sur le canapé,
  • 1:27 - 1:29
    où je suis restée assise en silence
    pendant un bon moment,
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    « Merci d'être venu, Steve.
  • 1:31 - 1:35
    Un monde, un mot,
    une voix qui s'effondrent.
  • 1:35 - 1:37
    Dis aux horloges de s'arrêter.
  • 1:37 - 1:39
    Le temps est. Il est temps. »
  • 1:39 - 1:42
    « White s'en va. »,
    a déclaré Steve sombrement.
  • 1:42 - 1:45
    « On me pousse dans une tombe.
    La situation est grave, » je me lamente.
  • 1:45 - 1:47
    « La gravité me tire vers le bas.
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    J'ai peur. Dis-leur de partir.»
  • 1:49 - 1:53
    Quand j'étais jeune, j'ai été
    dans un hôpital psychiatrique
  • 1:53 - 1:55
    à trois reprises pendant
    de longues périodes.
  • 1:55 - 1:58
    Mes médecins m'ont diagnostiquée
    schizophrénique chronique,
  • 1:58 - 2:01
    et ont fait un pronostic de « cas grave ».
  • 2:01 - 2:04
    C'est-à-dire que, au mieux,
    je devais vivre dans une institution,
  • 2:04 - 2:06
    et travailler à des tâches
    de second ordre.
  • 2:06 - 2:08
    Heureusement, je n'ai pas réellement
  • 2:08 - 2:10
    appliqué ce pronostic grave.
  • 2:10 - 2:13
    Au lieu de ça, je suis professeur
    de Droit, de Psychologie
  • 2:13 - 2:15
    et de Psychiatrie
    à l'USC Gould School of Law,
  • 2:15 - 2:17
    j'ai beaucoup d'amis proches
  • 2:17 - 2:20
    et j'ai un mari que j'adore, Will,
    qui est ici avec nous aujourd'hui.
  • 2:20 - 2:25
    (Applaudissements)
    Merci.
  • 2:27 - 2:30
    Il est sans aucun doute
    la star de mon spectacle.
  • 2:30 - 2:33
    J'aimerais partager avec vous
    comment c'est arrivé, et aussi
  • 2:33 - 2:35
    décrire mon vécu de psychotique.
  • 2:35 - 2:38
    Je m'empresse d'ajouter
    que c'est mon vécu,
  • 2:38 - 2:41
    parce que tout le monde
    devient psychotique à sa façon.
  • 2:41 - 2:44
    Commençons par la définition
    de la schizophrénie.
  • 2:44 - 2:46
    La schizophrénie
    est une maladie du cerveau.
  • 2:46 - 2:48
    Sa caractéristique est
    la psychose, ou le fait d'être
  • 2:48 - 2:50
    déconnecté de la réalité.
  • 2:50 - 2:52
    Délires et hallucinations
  • 2:52 - 2:53
    caractérisent cette maladie.
  • 2:53 - 2:56
    Les illusions sont des idées fixes et
    fausses qui ne sont pas réactives
  • 2:56 - 3:00
    au réel, et les hallucinations sont
    de fausses expériences sensorielles.
  • 3:00 - 3:02
    Par exemple, lorsque
    je suis psychotique, j'ai souvent
  • 3:02 - 3:04
    l'illusion que j'ai tué
    des centaines de milliers
  • 3:04 - 3:06
    de gens par mes pensées.
  • 3:06 - 3:08
    J'ai parfois l'idée que
    des explosions nucléaires
  • 3:08 - 3:10
    sont sur le point d'être
    déclenchées dans mon cerveau.
  • 3:10 - 3:12
    Parfois, j'ai des hallucinations,
  • 3:12 - 3:14
    comme là fois où je me suis
    retournée et j'ai vu un homme
  • 3:14 - 3:16
    qui brandissait un couteau.
  • 3:16 - 3:19
    Imaginez avoir un cauchemar
    pendant que vous êtes éveillé.
  • 3:19 - 3:22
    Souvent, les discours et la pensée
    deviennent désorganisés
  • 3:22 - 3:23
    au point d'être incohérents.
  • 3:23 - 3:26
    Les associations libres consistent
    à assembler des mots
  • 3:26 - 3:29
    qui peuvent sembler très similaires
    mais qui n'ont pas de sens,
  • 3:29 - 3:33
    et si les mots se mélangent suffisamment,
    on appelle ça « une salade de mots. »
  • 3:33 - 3:35
    Contrairement à ce que
    beaucoup de gens pensent,
  • 3:35 - 3:38
    la schizophrénie n'est pas la même chose
    que le trouble de la personnalité multiple
  • 3:38 - 3:39
    ou la double personnalité.
  • 3:39 - 3:43
    L'esprit schizophrène
    n'est pas divisé, mais éclaté.
  • 3:43 - 3:45
    Tout le monde a vu quelqu'un
    qui vit dans la rue,
  • 3:45 - 3:47
    assez sale, probablement mal nourri,
  • 3:47 - 3:50
    debout devant un bâtiment
  • 3:50 - 3:52
    murmurant à lui-même ou criant.
  • 3:52 - 3:54
    Cette personne est susceptible
    d'avoir une forme de schizophrénie.
  • 3:54 - 3:57
    Mais la schizophrénie se présente
    à travers un large éventail
  • 3:57 - 4:00
    de statuts socioéconomiques, et il y a gens
  • 4:00 - 4:02
    qui ont cette maladie,
    qui sont des salariés à plein temps
  • 4:02 - 4:04
    avec de grandes responsabilités.
  • 4:04 - 4:06
    Il y a plusieurs années, j'ai décidé
  • 4:06 - 4:09
    d'écrire mes expériences
    et mon parcours personnel,
  • 4:09 - 4:11
    et je veux vous faire partager
    plus de cette histoire aujourd'hui
  • 4:11 - 4:13
    pour transmettre une vision de l'intérieur.
  • 4:13 - 4:16
    L'épisode suivant s'est passé
    lors de la septième semaine
  • 4:16 - 4:19
    de mon premier semestre
    de ma première année à la Yale Law School.
  • 4:19 - 4:21
    Je cite mes écrits :
  • 4:21 - 4:23
    « Mes deux camarades de classe,
    Rebel et Val et moi
  • 4:23 - 4:25
    nous étions donnés rendez-vous
  • 4:25 - 4:27
    à la bibliothèque de
    la fac de droit le vendredi soir
  • 4:27 - 4:30
    pour travailler ensemble
    sur notre mémoire.
  • 4:30 - 4:31
    Mais nous n'avions pas beaucoup
    avancé quand je me suis mise à parler
  • 4:31 - 4:33
    de manière insensée.
  • 4:33 - 4:36
    « Les mémoires sont des visitations, »
    leur ai-je dit.
  • 4:36 - 4:39
    Ils prouvent certains points.
    Le point est sur votre tête.
  • 4:39 - 4:41
    Pat disait ça d'habitude.
    Avez-vous déjà tué quelqu'un ? »
  • 4:41 - 4:43
    Rebel et Val m'ont regardé
  • 4:43 - 4:45
    comme si eux ou moi
    avions reçu de l'eau froide
  • 4:45 - 4:46
    en pleine figure.
  • 4:46 - 4:48
    « Qu'est-ce que tu racontes, Elyn ? »
  • 4:48 - 4:51
    « Oh, vous savez, l'ordinaire.
    Qui est quoi, quoi est qui,
  • 4:51 - 4:53
    le ciel et l'enfer.
    Allons sur le toit.
  • 4:53 - 4:55
    C'est une surface plane.
    C'est sans danger. »
  • 4:55 - 4:56
    Rebel et Val ont suivi
  • 4:56 - 4:58
    et ils ont demandé ce qui me prenait.
  • 4:58 - 5:00
    J'ai annoncé : « C'est le vrai moi »,
  • 5:00 - 5:01
    en agitant mes bras au-dessus de ma tête.
  • 5:01 - 5:03
    Et puis, tard le vendredi soir,
  • 5:03 - 5:05
    sur le toit de la Yale Law School,
  • 5:05 - 5:07
    j'ai commencé à chanter et plutôt fort.
  • 5:07 - 5:10
    « Venez dans la brousse au soleil de Floride
  • 5:10 - 5:12
    Voulez-vous danser ? »
  • 5:12 - 5:14
    Quelqu'un a demandé :
    « Tu te drogues ? Tu es défoncée ? »
  • 5:14 - 5:17
    « Défoncée ? Moi ?
    Pas du tout, pas de drogues !
  • 5:17 - 5:19
    Venez dans la brousse
    au soleil de Floride,
  • 5:19 - 5:22
    où il y a des citrons,
    où ils fabriquent des démons. »
  • 5:22 - 5:25
    L'un d'eux a dit :
    « Tu me fais peur, » et Rebel et Val
  • 5:25 - 5:27
    sont retournés à la bibliothèque.
  • 5:27 - 5:29
    J'ai haussé les épaules et les ai suivis.
  • 5:29 - 5:32
    De retour à l'intérieur,
    j'ai demandé à mes camarades de classe
  • 5:32 - 5:35
    s'ils avaient la même expérience que moi
  • 5:35 - 5:36
    de mots qui sautaient
    partout dans nos cas d'études.
  • 5:36 - 5:40
    J'ai dit : « Je pense que quelqu'un
    a infiltré mes copies des cas ».
  • 5:40 - 5:42
    « Nous devons traiter l'articulation.
  • 5:42 - 5:43
    Je ne crois pas dans les articulations,
  • 5:43 - 5:45
    mais c'est ce qui assure
    la cohésion du corps. »
  • 5:45 - 5:47
    -- C'est un exemple
    des associations libres. --
  • 5:47 - 5:49
    « J'ai fini par rentrer
    dans ma chambre universitaire.
  • 5:49 - 5:52
    et une fois là,
    je ne pouvais pas me calmer.
  • 5:52 - 5:54
    Ma tête était trop plein de bruit,
  • 5:54 - 5:57
    trop plein d'orangers et de rapports
    de droit que je ne pouvais pas écrire
  • 5:57 - 6:00
    de meurtres de masses dont
    je savais que je serai responsable.
  • 6:00 - 6:03
    Assise sur mon lit, je me balançais,
  • 6:03 - 6:05
    gémissant de peur dans l'isolement ».
  • 6:05 - 6:08
    Cet épisode a conduit à
    ma première hospitalisation en Amérique.
  • 6:08 - 6:11
    J'avais eu deux plus tôt en Angleterre.
  • 6:11 - 6:12
    Je poursuis avec les écrits :
  • 6:12 - 6:15
    « Le lendemain matin, je suis allée
    au Bureau de mon professeur demander
  • 6:15 - 6:16
    un délai supplémentaire
    pour rendre le rapport,
  • 6:16 - 6:18
    et j'ai commencé à raconter
    des choses inintelligibles
  • 6:18 - 6:20
    comme la nuit précédente,
  • 6:20 - 6:21
    et finalement, il m'a
    accompagnée aux urgences.
  • 6:21 - 6:25
    Une fois là, quelqu'un
    que j'appellerai « Le docteur »
  • 6:25 - 6:27
    et toute son équipe
    d'hommes de main ont déboulé,
  • 6:27 - 6:29
    m'ont soulevée haut dans les airs,
  • 6:29 - 6:30
    et m'ont planté sur un lit métallique
  • 6:30 - 6:33
    avec une telle force
    que j'ai vu des étoiles.
  • 6:33 - 6:35
    Puis ils ont attaché mes jambes
    et des bras sur le lit en métal
  • 6:35 - 6:37
    avec des lanières de cuir épais.
  • 6:37 - 6:40
    Un son est sorti de ma bouche
    que je n'avais jamais entendu avant :
  • 6:40 - 6:42
    moitié gémissent, moitié scream,
  • 6:42 - 6:46
    à peine humain et de pure terreur.
  • 6:46 - 6:47
    Le son est venu encore une fois,
  • 6:47 - 6:49
    forcé du plus profond de mon ventre
  • 6:49 - 6:51
    et raclant ma gorge. »
  • 6:51 - 6:55
    Cet incident a entraîné
    mon hospitalisation involontaire.
  • 6:55 - 6:57
    Une des raisons que les médecins
  • 6:57 - 6:58
    ont donné pour m'hospitaliser
  • 6:58 - 7:00
    contre ma volonté était que j'étais,
  • 7:00 - 7:01
    « gravement handicapée. »
  • 7:01 - 7:04
    Pour appuyer ce point de vue,
    ils ont écrit dans mon tableau
  • 7:04 - 7:06
    que j'étais incapable de
    faire mes devoirs de Yale Law School.
  • 7:06 - 7:09
    Je me demandais ce que ça disait
    du reste de New Haven.
  • 7:09 - 7:12
    (Rires)
  • 7:12 - 7:13
    Au cours de l'année suivant,
  • 7:13 - 7:16
    j'allais passer cinq mois
    dans un hôpital psychiatrique.
  • 7:16 - 7:18
    Par moments, j'ai passé
    jusqu'à 20 heures
  • 7:18 - 7:20
    sous contention mécanique,
  • 7:20 - 7:23
    bras attachés, bras et jambes attachés
  • 7:23 - 7:25
    bras et les jambes attachés
    avec un filet attaché
  • 7:25 - 7:27
    serré sur ma poitrine.
  • 7:27 - 7:29
    Je n'ai jamais frappé personne.
  • 7:29 - 7:30
    Je n'ai jamais fait de mal à personne.
  • 7:30 - 7:32
    J'ai jamais fait des menaces directes.
  • 7:32 - 7:35
    Si on ne vous a jamais attaché,
    vous pouvez avoir
  • 7:35 - 7:37
    une image bénigne de l'expérience.
  • 7:37 - 7:39
    Ça n'a rien de bénin.
  • 7:39 - 7:41
    Chaque semaine aux États-Unis,
  • 7:41 - 7:44
    on estime qu'une à trois personnes
    meurent dans les contentions.
  • 7:44 - 7:47
    Ils s'étranglent, ils aspirent leur vomi,
  • 7:47 - 7:49
    ils suffoquent,
    ils ont une crise cardiaque.
  • 7:49 - 7:51
    On ne sait pas si l'utilisation
    de contention mécanique
  • 7:51 - 7:54
    sauve des vies ou en coûte, en fait.
  • 7:54 - 7:57
    Alors que je me préparais
    à écrire mon rapport
  • 7:57 - 7:59
    pour le Yale Law Journal
    sur les contentions mécaniques,
  • 7:59 - 8:01
    j'ai consulté un professeur
    de droit éminent,
  • 8:01 - 8:02
    qui était également psychiatre,
  • 8:02 - 8:04
    et il dit que bien sûr, il était d'accord,
  • 8:04 - 8:06
    que les contentions
    doivent être dégradantes,
  • 8:06 - 8:08
    pénibles et effrayantes.
  • 8:08 - 8:10
    Il m'a regardé
    d'un air entendu et a dit :
  • 8:10 - 8:12
    « Elyn, vous ne comprenez vraiment :
  • 8:12 - 8:14
    Ces gens sont psychotiques.
  • 8:14 - 8:15
    Ils sont différents de vous et moi.
  • 8:15 - 8:18
    Ils ne vivraient pas les contentions
    comme nous le ferions. »
  • 8:18 - 8:21
    Je n'avais pas le courage
    de lui dire à ce moment que,
  • 8:21 - 8:23
    non, nous ne sommes pas
    si différents de lui.
  • 8:23 - 8:25
    Nous n'aimons pas plus que lui
    être attaché à un lit
  • 8:25 - 8:28
    et laissé à souffrir pendant des heures.
  • 8:28 - 8:30
    En fait, jusqu'à très récemment,
  • 8:30 - 8:32
    et je suis sure qu'il y a des gens
    qui ont toujours ce point de vue,
  • 8:32 - 8:34
    on pensait que les contentions
    aidaient les patients psychiatriques
  • 8:34 - 8:36
    à se sentir en sécurité.
  • 8:36 - 8:37
    Je n'ai jamais rencontré
    un patient psychiatrique
  • 8:37 - 8:39
    qui adhère à ce point de vue.
  • 8:39 - 8:41
    Aujourd'hui, je tiens à dire
    que je suis très pro-psychiatrie
  • 8:41 - 8:43
    mais très anti-force.
  • 8:43 - 8:45
    Je ne pense pas que la force
    soit un traitement efficace,
  • 8:45 - 8:47
    et que se servir de la force
    est une chose terrible
  • 8:47 - 8:49
    à faire à une autre personne
  • 8:49 - 8:50
    qui souffre d'une terrible maladie.
  • 8:51 - 8:53
    Finalement, je suis arrivé à Los Angeles
  • 8:53 - 8:55
    pour enseigner à la fac de droit
    de l'Université de Californie du Sud.
  • 8:55 - 8:58
    Pendant des années,
    j'avais résisté aux médicaments,
  • 8:58 - 9:00
    et fait de nombreux efforts
    pour m'en passer.
  • 9:00 - 9:02
    J'ai senti que si je pouvais
    me gérer sans médicaments,
  • 9:02 - 9:04
    Je pouvais prouver que, après tout,
  • 9:04 - 9:06
    je ne souffrais pas vraiment
    de troubles mentaux,
  • 9:06 - 9:08
    c'est une terrible erreur.
  • 9:08 - 9:10
    Ma devise était, moins de médicament,
    moins de déficience.
  • 9:10 - 9:13
    Mon Analyste de L.A.,
    Dr Kaplan, me pressait de
  • 9:13 - 9:16
    continuer à prendre mes médicaments
    et reprendre ma vie,
  • 9:16 - 9:19
    mais j'ai décidé que je voulais faire
    un dernier essai pour arr^ter.
  • 9:19 - 9:21
    Je cite le texte :
  • 9:21 - 9:24
    « J'ai commencé à réduire mes médocs
    et rapidement,
  • 9:24 - 9:27
    J'ai commencé à ressentir les effets.
  • 9:27 - 9:31
    De retour d'un voyage à Oxford,
    j'ai déboulé dans le bureau de Kaplan,
  • 9:31 - 9:33
    je suis allée tout droit dans le coin,
    je me suis accroupie,
  • 9:33 - 9:35
    j'ai couvert mon visage et
    j'ai commencé à trembler..
  • 9:35 - 9:38
    Tout autour de moi, je sentais
    des êtres maléfiques armés de dagues.
  • 9:38 - 9:40
    Ils allaient me découper en tranches fines
  • 9:40 - 9:42
    ou de me faire avaler des charbons ardents.
  • 9:42 - 9:45
    Kaplan devait me décrire plus tard
    comme « me contorsionnant de douleur. »
  • 9:45 - 9:48
    Même dans cet état, qu'il décrit avec précision
  • 9:48 - 9:50
    comme psychotique aigü,
  • 9:50 - 9:52
    j'ai refusé de prendre
    plus de médicaments.
  • 9:52 - 9:55
    La mission n'est pas encore terminée.
  • 9:55 - 9:58
    Immédiatement après
    le rendez-vous avec Kaplan,
  • 9:58 - 10:00
    Je suis allée pour voir le Dr Marder,
    un expert de la schizophrénie
  • 10:00 - 10:02
    qui me suivait pour les effets
    secondaires des médicaments.
  • 10:02 - 10:05
    Il avait l'impression que
    j'ai eu une maladie psychotique modérée.
  • 10:05 - 10:08
    Une fois dans son bureau,
    je me suis assise sur son canapé,
  • 10:08 - 10:10
    je me suis pliée en deux
    et j'ai commencé à marmonner.
  • 10:10 - 10:13
    « Des têtes qui explosent
    et des gens qui essaient de tuer.
  • 10:13 - 10:15
    Pas de problème
    si je dévaste votre bureau ? »
  • 10:15 - 10:18
    « Vous devez partir vous pensez
    que vous allez faire ça »
  • 10:18 - 10:19
    a déclaré Marder.
  • 10:19 - 10:22
    « OK. Petite. Feu sur la glace.
    Dites-leur de ne pas me tuer.
  • 10:22 - 10:23
    Dites-leur de ne pas me tuer.
    Qu'est-ce que j'ai fais de mal ?
  • 10:23 - 10:26
    Des centaines de milliers
    de pensées, interdiction. »
  • 10:26 - 10:28
    « Elyn, sentez-vous que
    vous êtes dangereuse
  • 10:28 - 10:29
    pour vous-même ou pour autrui ?
  • 10:29 - 10:32
    Je pense que vous devez être à l'hôpital.
  • 10:32 - 10:33
    Je peux vous faire admettre
    tout de suite
  • 10:33 - 10:35
    et en toute discrétion. »
  • 10:35 - 10:36
    « Ha, ha, ha.
  • 10:36 - 10:39
    Vous offrez de me mettre
    dans les hôpitaux ?
  • 10:39 - 10:42
    Les hôpitaux sont mauvais,
    ils sont fous, ils sont tristes.
  • 10:42 - 10:45
    On ne doit pas y aller. Je suis Dieu,
    ou je l'étais avant. »
  • 10:45 - 10:47
    À ce moment-là dans le texte,
  • 10:47 - 10:48
    quand j'ai dit « je suis Dieu,
    ou je l'étais avant, »
  • 10:48 - 10:50
    mon mari a écrit
    une note dans la marge.
  • 10:50 - 10:51
    Il a dit: « As-tu démissionné ?
    Ou on t'a virée ? »
  • 10:51 - 10:55
    (Rires)
  • 10:55 - 10:57
    « Je donne la vie et je la reprend.
  • 10:57 - 10:59
    Pardonne moi, car
    je ne sais pas ce que je fais. »
  • 11:00 - 11:03
    Finalement, je me suis effondrée
    devant des amis,
  • 11:03 - 11:05
    et tout le monde m'a convaincue
    de prendre plus de médicaments.
  • 11:05 - 11:07
    Je pouvais ne plus nier la vérité,
  • 11:07 - 11:08
    et je ne pouvais pas la changer.
  • 11:08 - 11:11
    Le mur qui me séparait
    Elyn, professeur Saks,
  • 11:11 - 11:14
    de cette femme aliénée
    hospitalisée par le passé,
  • 11:14 - 11:16
    était brisé et en ruines. »
  • 11:16 - 11:19
    Tout sur cette maladie dit
    que je ne devrais pas être ici,
  • 11:19 - 11:22
    mais je suis. Et je le suis,
    je crois, pour trois raisons :
  • 11:22 - 11:24
    Tout d'abord, j'ai eu
    un traitement excellent.
  • 11:24 - 11:27
    Quatre à cinq jours par semaine,
    de psychothérapie et psychanalytique
  • 11:27 - 11:28
    pendant des décennies
  • 11:28 - 11:30
    et une constante et excellente
    psychopharmacologie.
  • 11:30 - 11:34
    Deuxièmement, j'ai de nombreux
    membres de ma famille et amis
  • 11:34 - 11:35
    qui me connaissent
    et connaissent ma maladie.
  • 11:35 - 11:38
    Ces relations ont donné
    à ma vie un sens
  • 11:38 - 11:40
    et une profondeur
    et elles aussi m'a aidé à naviguer
  • 11:40 - 11:42
    dans ma vie face aux symptômes.
  • 11:42 - 11:45
    Troisièmement, je travaille dans
    un milieu qui m'apporte
  • 11:45 - 11:47
    un soutien extrême,
    à l'USC Law School.
  • 11:47 - 11:50
    C'est un endroit qui s'adapte
    non seulement à mes besoins,
  • 11:50 - 11:51
    mais en réalité les adopte.
  • 11:51 - 11:54
    C'est aussi un lieu très stimulant
    intellectuellement,
  • 11:54 - 11:57
    et occuper mon esprit avec
    des problèmes complexes
  • 11:57 - 12:00
    a été ma défense la meilleure,
    la plus puissante et la plus fiable
  • 12:00 - 12:02
    contre ma maladie mentale.
  • 12:02 - 12:05
    Même avec tout ça, un excellent traitement,
    des amis et une famille merveilleux,
  • 12:05 - 12:07
    un environnement de travail
    qui me soutient,
  • 12:07 - 12:09
    je n'ai rendu ma maladie publique
  • 12:09 - 12:11
    que relativement tard dans ma vie,
  • 12:11 - 12:13
    et c'est parce que les préjugés
    contre la maladie mentale
  • 12:13 - 12:15
    sont tellement puissants que
    je ne me sentais pas en sécurité
  • 12:15 - 12:17
    si les gens étaient au courant.
  • 12:17 - 12:18
    Si vous entendez rien d'autre
    aujourd'hui,
  • 12:18 - 12:22
    veuillez entendre ceci :
    il n'y a pas « schizophrènes ».
  • 12:22 - 12:25
    Il y a des gens qui souffrent
    de schizophrénie et ces gens
  • 12:25 - 12:27
    sont peut-être votre conjoint,
    votre enfant,
  • 12:27 - 12:29
    votre voisin, votre ami,
  • 12:29 - 12:31
    votre collègue.
  • 12:31 - 12:34
    Pour finir, permettez-moi
    de partager quelques réflexions.
  • 12:34 - 12:37
    Nous devons investir davantage
    de ressources dans la recherche
  • 12:37 - 12:38
    et le traitement de la maladie mentale.
  • 12:38 - 12:40
    Mieux nous comprendrons ces maladies,
  • 12:40 - 12:42
    meilleurs seront les traitements
    que nous pourrons fournir,
  • 12:42 - 12:43
    et meilleurs seront les traitements
    que nous pourrons fournir,
  • 12:43 - 12:45
    plus nous pourrons offrir des soins
    à des personnes,
  • 12:45 - 12:47
    et ne pas recourir à la force.
  • 12:47 - 12:49
    Aussi, nous devons cesser de faire
    de la maladie mentale un crime.
  • 12:49 - 12:52
    C'est une tragédie
    et un scandale nationaux
  • 12:52 - 12:54
    que la prison du comté de Los Angeles
  • 12:54 - 12:56
    soit le plus grand établissement
    psychiatrique aux États-Unis.
  • 12:57 - 13:00
    Les prisons américaines sont remplies
    de gens qui souffrent
  • 13:00 - 13:03
    d'une grave maladie mentale,
    et beaucoup d'entre eux sont là
  • 13:03 - 13:05
    parce qu'ils ont jamais reçu
    de traitement adéquat.
  • 13:05 - 13:08
    J'aurais pu facilement finir là
    ou dans les rues moi-même.
  • 13:08 - 13:11
    Un message à l'industrie du
    divertissement et à la presse :
  • 13:11 - 13:13
    Dans l'ensemble, vous avez fait
    un travail merveilleux,
  • 13:13 - 13:15
    dans la lutte contre la stigmatisation
  • 13:15 - 13:17
    et les préjugés de toutes sortes.
  • 13:17 - 13:20
    S'il vous plaît continuez à nous faire voir
    des personnages dans vos films,
  • 13:20 - 13:22
    vos pièces, vos colonnes,
  • 13:22 - 13:24
    qui souffrent
    de maladies mentales graves.
  • 13:24 - 13:26
    Dépeignez-les avec bienveillance,
  • 13:26 - 13:28
    et représentez-les dans toute
    la richesse et la profondeur
  • 13:28 - 13:32
    de leur expérience en tant que
    personnes et non comme des diagnostics.
  • 13:32 - 13:34
    Récemment, un ami a posé une question :
  • 13:34 - 13:36
    S'il y avait une pilule je pouvais prendre
  • 13:36 - 13:38
    qui me guérirait instantanément
    est-ce que je la prendrais ?
  • 13:38 - 13:41
    Le poète Rainer Maria Rilke
  • 13:41 - 13:42
    s'est vu proposer une psychanalyse.
  • 13:42 - 13:44
    Il a refusé, disant,
    « ne prenez pas mes diables
  • 13:44 - 13:46
    parce que mes anges
    pourraient fuir aussi. »
  • 13:46 - 13:48
    Ma psychose, d'autre part,
  • 13:48 - 13:51
    est un cauchemar éveillé dans lequel
    mes démons sont tellement terrifiants
  • 13:51 - 13:53
    que tous mes anges ont déjà fui.
  • 13:53 - 13:57
    Alors, est-ce que je prendrais
    cette pilule ? Instantanément.
  • 13:57 - 13:59
    Cela dit, je ne veux pas
    qu'on pense que je regrette
  • 13:59 - 14:02
    la vie que j'aurais pu avoir
    si je n'avais pas été malade mentale,
  • 14:02 - 14:04
    je demande qu'on ait pitié
    de moi non plus.
  • 14:04 - 14:07
    Ce que je veux plutôt dire est
    que l'humanité que nous partageons tous
  • 14:07 - 14:09
    est plus important que
    la maladie mentale,
  • 14:09 - 14:11
    que nous ne le pouvons pas partager.
  • 14:11 - 14:12
    Ce que veulent ceux d'entre nous
    qui souffrent de maladie mentale
  • 14:12 - 14:14
    est ce que tout le monde veut :
  • 14:14 - 14:16
    selon les termes de Sigmund Freud,
    « Travailler et aimer. »
  • 14:16 - 14:17
    Merci.
  • 14:17 - 14:22
    (Applaudissements)
  • 14:22 - 14:25
    Merci. Merci. Vous êtes très aimable. (Applaudissements)
  • 14:25 - 14:31
    Merci. (Applaudissements)
Title:
Une histoire de maladie mentale, de l'interieur
Speaker:
Elyn Saks
Description:

"Puis-je dévaster votre bureau?" C'est une question qu'Elyn Saks a un jour posée à son médecin, et ce n'était pas une blague. Juriste, en 2007 Saks s'est mise en avant avec sa propre histoire de schizophrénie, contrôlée par des médicaments et la thérapie, mais toujours présente. Dans cet exposé puissant, elle nous demande de voir des gens qui souffrent de maladie mentale clairement, honnêtement et avec compassion.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:52

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