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Sarah Haider: l'islam ou la nécessité d'une critique progressiste (Conférence de l'AHA en 2015)

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    74e Conférence annuelle de
    l'Association humaniste américaine
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    Sarah Haider :
    l'islam ou la nécessité d'une critique progressiste
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    Bonjour à tous et bienvenus.
    Le prochaine intervention s'intitule
  • 0:07 - 0:10
    « l'islam ou la nécessité
    d'une critique libérale »
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    J'aimerais accueillir Sarah Haider,
    cofondatrice de l'association
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    les Ex-musulmans d'Amérique du nord.
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    Veuillez souhaiter avec moi
    la bienvenue à Sarah.
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    (applaudissements)
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    Bonjour à tous.
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    Je m'appelle Sarah.
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    Pendant les deux années écoulées
  • 0:36 - 0:38
    j'ai travaillé à la création
    d'une association
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    pour les ex-musulmans non-théistes,
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    ceux qui autrefois se sont identifiés à
    l'islam et qui aujourd'hui
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    se qualifient d'athées, d'agnostiques
    ou de déistes.
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    L'association se nomme :
    « Les Ex-musulmans d'Amérique du nord ».
  • 0:51 - 0:55
    C'est une association relativement jeune
    mais qui se développe rapidement
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    et nous trouvons des communautés
    d'Ex-musulmans
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    dans plus de cinquante villes.
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    Comme vous vous en doutez,
  • 1:01 - 1:04
    il est particulièrement difficile
    pour les Ex-musulmans,
  • 1:04 - 1:06
    de rencontrer d'autres
    anciens musulmans.
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    Essayer de construire
    une relation d'amitié
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    avec des gens qui sont souvent très
    tourmentés et qui se sentent coupables
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    est extrêmement difficile.
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    Tout d'abord, comment
    rencontrer des personnes
  • 1:15 - 1:19
    qui souvent font leur possible
    pour ne pas être découvertes ?
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    L'association s'efforce d'apporter de
    l'aide à ceux qui en ont le plus besoin,
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    pour qu'il parviennent à se libérer
    des entraves de la religion
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    et redeviennent eux-mêmes,
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    pour qu'ils partagent avec d'autres
    leurs expériences douloureuses
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    et par dessus tout, pour qu'ils
    surmontent la situation.
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    Mes compagnons et moi-même
    sommes dans une situation inédite.
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    Nous sommes en relation étroite
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    avec un nombre d'anciens
    musulmans détachés de Dieu
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    d'une importance probablement
    sans égale dans le monde.
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    J'ai entendu des milliers d'histoires
    racontées par des centaines de personnes,
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    et qui parlaient de
    leur expérience de l'islam.
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    Peu nombreux sont ceux
    qui ont pu abandonner la foi
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    sans conséquences graves.
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    Leurs relations avec leur famille,
    leurs amis ou leurs communautés
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    sont restées intactes.
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    Mais pour la plupart,
    ce ne fut pas le cas.
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    Au cours de nos déplacements,
    nous avons vu des tensions extrêmes.
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    Pour certains, le prix à payer
    était social :
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    la perte de leur famille
    ou de leurs relations.
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    D'autres ont risqué d'y laisser
    leur santé, physique et mentale,
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    soit parce qu'ils ont été enfermés
    dans des établissements psychiatriques,
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    soit parce qu'ils ont subi
    des violences physiques
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    de la part des membres
    de leur famille.
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    Les anciens musulmans, sans doute
    plus qu'aucune autre catégorie,
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    sont intimement familiers des problèmes
    ancrés dans la communauté musulmane
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    qui sont inhérents aux
    textes sacrés de l'islam.
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    Comme nous sommes pour la plupart,
    à la fois des gens de couleur
  • 2:32 - 2:35
    et des immigrés de la première
    ou de la deuxième génération,
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    nous sommes doublement touchés :
  • 2:37 - 2:39
    d'abord par la haine et la violence
    venue des musulmans,
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    mais aussi plus généralement par
    le fanatisme et la xénophobie
  • 2:42 - 2:44
    de la population américaine.
  • 2:45 - 2:48
    Malgré tout ça, mon expérience
    des deux années écoulées
  • 2:48 - 2:51
    m'a rendue méfiante lorsqu'il s'agit
    de m'adresser à un public,
  • 2:51 - 2:53
    même à un public comme celui-ci.
  • 2:53 - 2:57
    Je ne me suis jamais attendu à être
    bien reçue par une assemblée musulmane,
  • 2:57 - 3:00
    mais je n'aurais jamais imaginé
    subir une hostilité similaire
  • 3:00 - 3:02
    de la part de mes alliés de gauche.
  • 3:03 - 3:05
    Par exemple, j'avais rédigé un article
  • 3:05 - 3:08
    qui mettait à l'épreuve des faits
    les affirmations de Reza Aslan,
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    un universitaire musulman reconnu.
  • 3:10 - 3:12
    Il renvoie la question
    des mutilations génitales féminines
  • 3:12 - 3:16
    à un problème africain uniquement :
    cela ne concerne pas les musulmans.
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    Beaucoup de gens m'ont répondu,
    scandalisés par mes écrits.
  • 3:20 - 3:22
    La plupart voulaient connaître
    mes intentions
  • 3:22 - 3:25
    sans chercher à
    discuter mes affirmations.
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    À ma grande surprise, la majorité des
    critiques ne venaient pas de musulmans,
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    mais de gens se disant socio-démocrates
    et parfois même athées.
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    Certains me prêtaient de sombres
    « intentions » et d'autres affirmaient
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    qu'on ne pouvait pas espérer
    un critique objective
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    de la part d'une ancienne
    musulmane.
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    Rappelez-vous que c'était
    une vérification des faits.
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    Il me semble qu'il aurait été facile
    des vérifier mes affirmations.
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    Une vérification de la vérification,
    pour ainsi dire.
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    Au lieu de ça, les musulmans
    et les gens de gauche
  • 3:55 - 4:00
    ont préféré jeter le discrédit
    sur ma personne et sur mes intentions.
  • 4:01 - 4:03
    Ceux qui dénoncent l'autoritarisme
    du christianisme,
  • 4:03 - 4:07
    trouverons toujours des
    sociaux-démocrates, religieux ou non,
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    à leurs côtés dans le combat
    pour exclure la morale religieuse
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    de la politique et de l'organisation
    de la vie publique
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    Même les religieux progressistes
    regardent parfois avec dégoût
  • 4:17 - 4:20
    la présence en politique
    de la droite religieuse,
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    et certains s'associent à des laïcs
    pour les éloigner de la politique.
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    Par exemple, le dirigeant
    des Américains unis
  • 4:26 - 4:28
    pour la séparation de l'Église
    et de l'État
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    est un pasteur.
  • 4:30 - 4:33
    Les athées et les laïcs
    peuvent être sûrs
  • 4:33 - 4:36
    de trouver à leurs côtés leurs alliés
    de la gauche progressiste
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    lorsqu'il faut combattre
    les chrétiens d'extrême droite.
  • 4:40 - 4:43
    C'est logique : les sociaux-démocrates
    partagent peu
  • 4:43 - 4:44
    les valeurs de
    la droite religieuse.
  • 4:44 - 4:47
    Mais si on rapporte cet examen à l'Islam,
  • 4:47 - 4:52
    certaines personnes de gauche
    vont inexplicablement s'aligner
  • 4:52 - 4:54
    plutôt sur les position de la
    droite religieuse islamique.
  • 4:55 - 4:58
    Les communautés laïque et athée
    forment une exception cohérente.
  • 4:58 - 4:59
    à cette règle
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    Lorsque des icônes
    du mouvement des incroyants
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    tels que Harris et Dawkins
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    parlent des horreurs de la chrétienté
  • 5:08 - 5:11
    et écrivent des livres qui la condamnent,
    on les félicite,
  • 5:11 - 5:14
    leurs travaux sont célébrés et
    on les invite à des conférences.
  • 5:15 - 5:17
    Mais s'ils portent
    le même regard critique
  • 5:17 - 5:19
    sur la religion de ma famille,
  • 5:19 - 5:21
    on leur dit d'arrêter
    ce discours agressif,
  • 5:21 - 5:24
    de s'abstenir de toute critique
    envers la même forme d'opression
  • 5:24 - 5:26
    qu'ils avaient critiquée
    par le passé.
  • 5:27 - 5:30
    On ostracise instinctivement
    tous ceux qui font
  • 5:30 - 5:31
    des remarques négatives sur l'islam.
  • 5:31 - 5:33
    On les étiquette de telle manière
  • 5:33 - 5:35
    qu'il est presque sûr que
    la plupart des gens de gauche
  • 5:35 - 5:37
    ne sauront jamais
    ce qu'ils avaient à dire.
  • 5:38 - 5:42
    Pour dénigrer mes affirmations,
    les gens ont d'abord procédé comme ceci :
  • 5:42 - 5:46
    – puisque avec ma peau brune, on peut
    facilement me soupçonner de fanatisme –
  • 5:46 - 5:48
    je dois être pour la guerre,
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    ou plus largement, je dois partager
    certaines idées de l'extrême droite.
  • 5:52 - 5:53
    Ceci n'est pas vrai.
  • 5:54 - 5:58
    Parfois on me traite d'« Oncle Tom »
    ou d'« Arabe de service ».
  • 5:59 - 6:01
    Une autre expression pour mépriser
    les ex-musulmans et
  • 6:01 - 6:03
    les autres critiques de l'islam
    à la peau brune
  • 6:03 - 6:05
    est : « informateur indigène. »
  • 6:05 - 6:08
    – je voyais cette expression
    pour la première fois.
  • 6:08 - 6:10
    Je ne détaillerai pas ici les raisons
    pour lesquelles
  • 6:10 - 6:13
    je trouve particulièrement répugnante
    cette forme de dénomination
  • 6:13 - 6:16
    qui laisse à penser que nous avons subi
    un lavage de cerveau
  • 6:16 - 6:18
    ou que nous trahissons les nôtres.
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    S'il est compréhensible que
    Myriam François,
  • 6:23 - 6:28
    une blanche convertie à l'islam, nous
    appelle des « informateurs indigènes, »
  • 6:28 - 6:33
    je ne m'explique pas comment une
    expression aussi ouvertement raciste
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    a pu être utilisée par
    le journaliste Max Blumenthal
  • 6:35 - 6:38
    dans un article à charge contre
    Ayaan Hirsi Ali,
  • 6:38 - 6:40
    pour discréditer sa présence
    dans ce débat.
  • 6:41 - 6:43
    Je me demande si Blumenthal
    se sentirait autorisé
  • 6:43 - 6:46
    à utiliser cette expression raciste
    contre des opposants au clergé
  • 6:46 - 6:49
    afro-américains ou contre
    n'importe quelle autre minorité.
  • 6:50 - 6:53
    Bill Maher est décrit,
    à la fois par la gauche et par la droite,
  • 6:53 - 6:54
    comme un fanatique.
  • 6:55 - 6:58
    Bill Maher a évoqué dans son émission
    le fort taux de soutien
  • 6:58 - 7:01
    à la peine de mort pour les athées
    dans la communauté musulmane.
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    En réponse, Dean Obeidallah,
  • 7:04 - 7:07
    qui est un humoriste, un auteur et
    un musulman progressiste,
  • 7:08 - 7:11
    a défendu les pays musulmans
    en montrant les erreurs
  • 7:11 - 7:14
    contenues dans les statistiques
    qu'utilisait Maher.
  • 7:14 - 7:16
    Voici ce qu'il a dit
    sur CNN,
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    je cite : « un sondage PEW de 2013
    a montré que
  • 7:21 - 7:25
    64 % seulement des Égyptiens
    approuvent cela, »
  • 7:25 - 7:28
    – cela faisait référence à la peine
    de mort pour les athées –
  • 7:28 - 7:31
    « cela reste dangereusement élevé,
    mais ça n'est pas 90 %,
  • 7:31 - 7:35
    et 13 nations musulmanes seulement
    punissent l'apostasie,
  • 7:35 - 7:37
    alors que 34 nations ne le font pas. »
  • 7:39 - 7:42
    Pensez-vous raisonnablement qu'on
    dirait de genre de choses
  • 7:42 - 7:44
    si une autre minorité était concernée
  • 7:44 - 7:48
    – en essayant clairement d'en
    minimiser l'horreur ?
  • 7:49 - 7:50
    Qu'en serait-il si :
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    « 64 % seulement des Américains,
  • 7:52 - 7:55
    approuvent la peine de mort pour
    les convertis à l'islam ? »
  • 7:55 - 7:57
    – les musulmans ont de l'humour –
  • 7:57 - 7:59
    « 64 % seulement des citoyens français
  • 7:59 - 8:02
    approuvent la peine de morts
    pour les immigrés algériens »
  • 8:02 - 8:04
    ou bien : « 64 % seulement des Américains
  • 8:04 - 8:06
    approuvent la peine de mort
    pour les homosexuels. »
  • 8:07 - 8:09
    À quel point la situation
    est-elle mauvaise ?
  • 8:09 - 8:11
    À quel point les droits humains
    sont-ils bafoués ?
  • 8:11 - 8:14
    Et que vaut la vie d'un être humain
  • 8:14 - 8:19
    lorsque 64 % est présenté comme
    un chiffre déféndable ?
  • 8:21 - 8:23
    Si par exemple un bon tiers des pays
    occidentaux avait
  • 8:23 - 8:27
    légalisé le meurtre des musulmans,
    à quel point serions nous horrifiés ?
  • 8:27 - 8:28
    Quelle serait la réaction de la gauche ?
  • 8:29 - 8:33
    En tant qu'ex-musulmane, je trouve
    terrifiant qu'on ait diffusé ça,
  • 8:33 - 8:35
    sur le site d'un média
    d'actualités majeur,
  • 8:35 - 8:38
    et sans qu'une seule voix
    ne s'élève pour protester.
  • 8:39 - 8:41
    Pourquoi ma vie vaut-elle moins ?
  • 8:41 - 8:44
    Le simple fait que j'ai été élevée
    dans la tradition islamique
  • 8:44 - 8:49
    donne-t-il aux religieux islamiques des
    droits sur ma personne et sur mon corps ?
  • 8:49 - 8:52
    Est-ce une autorisation de me tuer,
    ou de tuer mes compagnons athées ?
  • 8:53 - 8:57
    L'argument de cette satire,
    est que Maher serait
  • 8:57 - 9:02
    vraiment trop timoré face aux persécutions
    des musulmans contre les athées.
  • 9:04 - 9:07
    Mon but n'est pas de dénigrer
    l'auteur, Dean Obeidallah,
  • 9:07 - 9:10
    mais de montrer l'importance
    du problème qui se pose :
  • 9:10 - 9:11
    en essayant de défendre
  • 9:11 - 9:14
    ce qu'il a perçu comme
    une injustice faite aux musulmans,
  • 9:14 - 9:17
    il n'a même pas remarqué
    l'immoralité de ses écrits.
  • 9:18 - 9:21
    Et par conséquent aujourd'hui,
    une audience de gauche m'effraie
  • 9:21 - 9:25
    presque autant qu'une
    audience islamiste.
  • 9:25 - 9:29
    Je me suis longuement demandé
    si je devais venir parler aujourd'hui,
  • 9:29 - 9:32
    dans quelle mesure je devrais
    surveiller mes mots
  • 9:32 - 9:34
    et quelles conséquences cela
    aurait sur mon travail.
  • 9:35 - 9:37
    Mon but n'est pas d'offenser quiconque,
  • 9:37 - 9:40
    mais je suis fermement convaincue
    qu'il faut affronter certaines questions,
  • 9:40 - 9:43
    des vérités qui crèvent les yeux
    et que personnes ne veut voir
  • 9:43 - 9:46
    à l'exception de quelques
    fanatiques d'extrême droite.
  • 9:46 - 9:48
    Je pense que nous avons
    tous ici entendu parler
  • 9:48 - 9:51
    de ce qu'il s'est passé le 7 janvier
    dans les locaux de Charlie Hebdo.
  • 9:52 - 9:55
    Des hommes masqués et armés ont tué
    douze personnes en criant Allahou Akbar !
  • 9:55 - 9:58
    Il s'est avéré qu'ils étaient deux frères
    de nationalité française
  • 9:58 - 10:00
    et d'origine algérienne.
  • 10:00 - 10:02
    Cela a déclenché
    une vague de protestations
  • 10:02 - 10:03
    et une immense démonstration
  • 10:03 - 10:05
    de solidarité avec les dessinateurs,
  • 10:05 - 10:08
    ce qui était évidemment
    la réaction appropriée.
  • 10:08 - 10:11
    Jusqu'à ce que les religieux
    prennent la parole pour dénoncer
  • 10:11 - 10:15
    une « provocation » et affirmer
    qu'on avait « heurté leurs sentiments. »
  • 10:15 - 10:16
    On pouvait s'y attendre.
  • 10:16 - 10:19
    Les islamistes tiennent ce discours
    depuis des années
  • 10:19 - 10:22
    et en fait, aucune religion
    n'accepte d'être ridiculisée
  • 10:23 - 10:26
    – en supposant que le choix lui
    appartienne cela va de soi.
  • 10:26 - 10:30
    Ce qui m'a vraiment déprimée,
    c'est la réaction de mes alliés de gauche.
  • 10:31 - 10:34
    De toutes parts j'ai entendu dire
    que d'une certaine manière,
  • 10:34 - 10:38
    Charlie Hebdo était un journal raciste et
    même si, « attention n'en doutons pas »,
  • 10:38 - 10:40
    le meurtre est une abomination
    est doit toujours être puni,
  • 10:40 - 10:43
    on peut néanmoins « comprendre »
    que quelque part
  • 10:43 - 10:45
    les tireurs aient pu prendre
    les dessins pour une provocation.
  • 10:46 - 10:49
    Je ne sais pas pour vous, mais moi
    je ne voudrais pas rencontrer
  • 10:49 - 10:53
    un homme qui « comprend » qu'on puisse
    se sentir obligé de tuer un autre homme
  • 10:53 - 10:54
    parce qu'on a pas aimé son dessin.
  • 10:55 - 11:01
    (applaudissements)
  • 11:02 - 11:05
    Il faut bien comprendre que
    la raillerie et la critique
  • 11:05 - 11:09
    sont la même chose
    pour la majorité des croyants.
  • 11:09 - 11:12
    Il n'existe pas de dose acceptable
    de critiques justes et bienveillantes,
  • 11:12 - 11:14
    qui soit admise par
    les religieux convaincus
  • 11:14 - 11:17
    lorsque ceux-ci ont
    le pouvoir de les faire taire.
  • 11:17 - 11:19
    C'est ce que montre la censure
    liée au dogme de l'hérésie
  • 11:19 - 11:22
    dans l'histoire des
    États théocratiques.
  • 11:22 - 11:25
    Il se joue un surprenant
    double jeu.
  • 11:25 - 11:28
    Alors que des membres du clergé
    et des militants musulmans,
  • 11:28 - 11:32
    connus pour être des antisémites
    et des homophobes
  • 11:32 - 11:34
    sont bienvenus dans les universités,
  • 11:34 - 11:36
    parcourent le pays et sont invités
    à donner des conférences
  • 11:36 - 11:39
    par des associations
    d'étudiants musulmans,
  • 11:39 - 11:41
    des féministes telles que Asra Nomani,
  • 11:41 - 11:43
    qui se bat pour l'égalité des sexes
  • 11:43 - 11:46
    et pour l'ordination des femmes,
  • 11:46 - 11:48
    sont traitées de fanatiques
  • 11:48 - 11:50
    par les mêmes associations
    d'étudiants musulmans,
  • 11:50 - 11:52
    et la direction des universités
    comme celles de Duke
  • 11:52 - 11:55
    cèdent à ces tentatives scandaleuses
    de la bâillonner.
  • 11:56 - 11:59
    On retrouve les mêmes schémas
    partout dans le monde occidental.
  • 11:59 - 12:02
    Maryam Namazie, qui est une
    Ex-musulmane militante,
  • 12:02 - 12:05
    a vu son intervention
    à Trinity annulée,
  • 12:05 - 12:07
    pareil pour Ayaan Hirsi Ali à Brandeis.
  • 12:07 - 12:10
    L'Union des étudiants britanniques
    est aujourd'hui largement alliée à
  • 12:10 - 12:13
    des associations islamistes
    telles que CAGE.
  • 12:14 - 12:17
    Je cite un article de Nick Cohen
    paru dans le Guardian :
  • 12:18 - 12:19
    « Les dirigeants des universités
  • 12:19 - 12:22
    ne valent pas mieux que leurs
    étudiants chasseurs d'hérétiques.
  • 12:22 - 12:25
    Ils prétendent s'opposer
    à l'islamisme radical.
  • 12:25 - 12:28
    La Société des juristes laïcs les a
    pris au mot.
  • 12:29 - 12:33
    Elle a essayé de présenter à l'université
    West London une enquête
  • 12:33 - 12:36
    sur les collectifs islamistes
    qui envahissent les campus
  • 12:36 - 12:38
    malgré les témoignages
    sur l'éloge qu'ils font
  • 12:38 - 12:41
    de la haine des Juifs, de l'homophobie
    et de la mysoginie.
  • 12:42 - 12:44
    La direction de l'université
    a exclu les laïcs. »
  • 12:46 - 12:49
    Soyons clairs. Je ne pense pas
    que quiconque,
  • 12:49 - 12:51
    y compris les fanatiques venant de
    communautés musulmanes
  • 12:51 - 12:53
    ou de n'importe où ailleurs
  • 12:53 - 12:54
    doive être réduit au silence.
  • 12:54 - 12:57
    Ce que je demande, c'est la liberté
    d'expression pour tout le monde,
  • 12:57 - 13:00
    aussi bien pour ceux qui
    sont à nos côtés
  • 13:00 - 13:03
    que pour ceux qui réclament la mort
    de nos camarades non croyants.
  • 13:04 - 13:07
    Notre société fonctionne parce que
    nous savons que « heurter les sentiments »
  • 13:07 - 13:10
    n'a pas vraiment de sens pour
    notre système judiciaire.
  • 13:10 - 13:13
    Alors bien sûr, on dit qu'il s'agit
    d'un cas particulier,
  • 13:13 - 13:17
    parce que ce ne sont pas simplement
    les sentiments personnels qu'on a blessés,
  • 13:17 - 13:20
    ce sont des sentiments religieux,
    et pas ceux d'une religion quelconque.
  • 13:20 - 13:23
    C'est la religion des opprimés,
    des gens à la peau brune.
  • 13:24 - 13:26
    La gauche a décidé depuis longtemps
  • 13:26 - 13:29
    que heurter les sentiments
    des chrétiens n'était pas anodin
  • 13:29 - 13:32
    et qu'il était essentiel de revenir
    de cette idée selon laquelle
  • 13:32 - 13:34
    la chrétienté ressortirait
    toujours indemne de la critique
  • 13:34 - 13:36
    et même de la raillerie effrontée.
  • 13:36 - 13:40
    Certes parmi nos plus grands penseurs,
    certains se sont régalés de cet exercice.
  • 13:41 - 13:46
    Je voudrais citer Thomas Paine
    dans son livre le Siècle de la raison :
  • 13:47 - 13:50
    « Si nous lisons les histoires obscènes,
    la débauche voluptueuse,
  • 13:50 - 13:55
    les exécutions cruelles, la torture,
    et la vindicte implacable
  • 13:55 - 13:57
    qui remplissent plus de la moitié
    des pages de la Bible,
  • 13:57 - 13:59
    il serait plus cohérent
    d'appeler ça
  • 13:59 - 14:01
    l'œuvre du Démon
    que l'œuvre de Dieu
  • 14:01 - 14:03
    C'est une histoire de méchanceté,
  • 14:03 - 14:06
    qui a été utilisée pour
    pervertir et maltraiter l'humanité ;
  • 14:06 - 14:11
    et pour ma part, je la déteste, comme
    je déteste tout ce qui est cruel. »
  • 14:13 - 14:18
    Si Paine avait été assassiné pour
    son mépris affiché de la chrétienté,
  • 14:18 - 14:20
    je me demande à quoi ressemblerait
    l'Occident aujourd'hui.
  • 14:21 - 14:24
    Quel message aurait fait passer
    un acte aussi effroyable ?
  • 14:24 - 14:26
    Combien de gens auraient été
    réduits au silence
  • 14:26 - 14:28
    par la promesse d'une effusion de sang
  • 14:28 - 14:31
    pour ceux qui auraient eu l'audace
    de reproduire ce crime ?
  • 14:32 - 14:37
    Cela aurait-il fait taire ceux qui ont
    revendiqué la liberté d'expression ?
  • 14:38 - 14:40
    Quel serait le visage de notre nation ?
  • 14:41 - 14:43
    Vous conviendrez avec moi du fait que
  • 14:43 - 14:45
    non seulement il n'a pas été assassiné,
  • 14:45 - 14:48
    mais ses contemporains
    qui se moquaient de la religion
  • 14:48 - 14:49
    ne l'ont pas été non plus,
  • 14:49 - 14:52
    et même en revenant
    trois siècles en arrière,
  • 14:52 - 14:56
    je ne crois pas qu'il envisageait
    l'idée qu'écrire puisse lui être fatal.
  • 14:57 - 14:59
    Et pourtant, au vingt-et-unième siècle,
  • 14:59 - 15:03
    c'est la réalité de ceux qui se prononcent
    contre l'islam dans les pays musulmans
  • 15:03 - 15:05
    et de plus en plus dans
    les pays occidentaux.
  • 15:06 - 15:09
    Il n'est pas rare dans les différents
    médias, d'entendre des commentateurs
  • 15:09 - 15:13
    affirmer que les victimes de Charlie Hebdo
    avaient quelque part,
  • 15:13 - 15:16
    au travers de leurs dessins agressifs,
    incité les autres à leur ôter la vie.
  • 15:17 - 15:20
    On a le sentiment qu'à un certain niveau,
  • 15:20 - 15:25
    les dessinateurs doivent être tenus pour
    responsables de leur propre meurtre,
  • 15:25 - 15:28
    même si des dizaines de
    dessinateurs des pays orientaux
  • 15:28 - 15:31
    ont publié des dessins pour soutenir
    leurs homologues à l'Ouest,
  • 15:31 - 15:33
    et risqué leur vie pour
    la liberté d'expression.
  • 15:35 - 15:36
    Il y a deux mois, PEN,
  • 15:36 - 15:40
    une association qui se bat pour la liberté
    d'expression depuis près d'un siècle,
  • 15:40 - 15:44
    a annoncé sa décision de
    rendre hommage à Charlie Hebdo,
  • 15:44 - 15:47
    en lui décernant le prix Courage
    et liberté d'expression.
  • 15:47 - 15:50
    Cependant parmi les membres de PEN,
  • 15:50 - 15:52
    certains ont refusé de soutenir
    Charlie Hebdo,
  • 15:52 - 15:56
    initialement six auteurs américains,
    puis finalement 204 écrivains.
  • 15:58 - 16:00
    Je rappelle à tout le monde
    qu'on a déjà vu ça.
  • 16:01 - 16:04
    Lorsque Salman Rushdie fut victime
    d'une fatwa appelant à sa mort,
  • 16:04 - 16:09
    PEN Amérique, sous l'administration
    de Susan Sontag, l'a soutenu,
  • 16:09 - 16:13
    malgré un pourcentage important de
    l'élite intellectuelle qui l'a rejeté
  • 16:13 - 16:17
    – des personnalités telles que
    l’archevêque de Canterbury
  • 16:17 - 16:19
    ou plusieurs membres du
    parlement britannique,
  • 16:19 - 16:24
    dont un a condamné Rushdie
    en ces termes, je le cite :
  • 16:24 - 16:26
    « un malfaisant exceptionnel [...]
  • 16:26 - 16:30
    dont la vie est une suite
    de trahisons méprisables,
  • 16:30 - 16:34
    de son éducation, de sa religion, de
    son pays adoptif et de sa nationalité. »
  • 16:35 - 16:38
    De même que certains dessinateurs
    orientaux ont soutenu Charlie Hebdo,
  • 16:38 - 16:42
    des écrivains iraniens du monde musulman
    se sont opposés et ont défendu Rushdie,
  • 16:42 - 16:44
    et parmi eux, certains ont été
    agressés ultérieurement.
  • 16:45 - 16:48
    À la lumière de l'attaque récente
    de Garland au Texas,
  • 16:48 - 16:51
    j'aimerais partager les termes
    prophétiques de Norman Mailer,
  • 16:51 - 16:53
    qui remontent à plus de
    deux décennies :
  • 16:53 - 16:57
    « Après cette semaine tumultueuse, nous
    pouvons envisager un avenir inquiétant,
  • 16:57 - 16:59
    lorsque les groupes fondamentalistes
    en Amérique,
  • 16:59 - 17:02
    inspirés par cet événement international,
  • 17:02 - 17:05
    sauront employer les mêmes méthodes
  • 17:05 - 17:08
    contre des librairies et
    des écrivains américains.
  • 17:08 - 17:10
    S'ils y parviennent, ce sera grâce au fait
  • 17:10 - 17:12
    que nous n'avons jamais opposé
    une résistance claire
  • 17:12 - 17:15
    à la terreur contre Salman Rushdie. »
  • 17:16 - 17:19
    Là ou en 1989 et 2005,
  • 17:19 - 17:23
    les auteurs et les dessinateurs
    pouvaient envisager une vague riposte,
  • 17:23 - 17:26
    aujourd'hui cela s'est métastasé
    en une menace omniprésente :
  • 17:26 - 17:30
    mécaniquement, la violence
    s'intensifie et se répète.
  • 17:31 - 17:32
    Au cours de la décennie actuelle,
  • 17:32 - 17:36
    les réactions de lâcheté se sont
    aussi répétées inlassablement,
  • 17:36 - 17:37
    encourageant à chaque fois
  • 17:37 - 17:40
    ceux qui veulent étouffer
    la liberté d'expression.
  • 17:41 - 17:44
    La fatwa contre Rushdie fut la première
    bataille et nous avons capitulé.
  • 17:44 - 17:48
    Aujourd'hui nous continuons à payer le
    prix de cette stratégie de l'apaisement.
  • 17:50 - 17:54
    Pourquoi est-il si compliqué pour
    beaucoup à gauche, de critiquer l'islam ?
  • 17:54 - 17:56
    Pourquoi sont-ils si fuyants ?
  • 17:56 - 17:59
    Je pense que la première raison est que
  • 17:59 - 18:02
    beaucoup sont incapables
    de séparer la critique d'un concept,
  • 18:02 - 18:04
    de la haine envers une population.
  • 18:04 - 18:07
    Ils appellent immédiatement la première
    proposition : du racisme.
  • 18:07 - 18:10
    « Ce concept ne survivra pas, » comme
    s'il n'y avait pas de raison valable
  • 18:10 - 18:14
    de remettre en question une idéologie
    enracinée dans les normes patriarcales
  • 18:14 - 18:17
    du dix-septième siècle
    – sauf peut-être la haine
  • 18:17 - 18:20
    contre les personnes réelles
    emprisonnées par cette idéologie.
  • 18:21 - 18:25
    Certains emploient le terme
    islamophobie pour signifier
  • 18:25 - 18:28
    à la fois la critique des personnes
    et la critique de la religion
  • 18:29 - 18:31
    Beaucoup de musulmans l'emploient :
  • 18:31 - 18:34
    c'est très utile pour empêcher
    les autres de critiquer leur religion.
  • 18:34 - 18:36
    Mais beaucoup d'occidentaux
    utilisent aussi ce mot,
  • 18:36 - 18:40
    parce qu'ils ne mesurent pas vraiment
    à quel point il peut être nuisible
  • 18:40 - 18:42
    Islamophobie est un mot
    qui n'a pas de sens.
  • 18:42 - 18:46
    Il sert à mélanger et à confondre deux
    formes d'intolérance très différentes,
  • 18:47 - 18:49
    qui ont chacune une origine
    très différente
  • 18:49 - 18:52
    et pour lesquelles il faut deux
    réponses très différentes.
  • 18:53 - 18:55
    Parfois on affirme que
    la critique des religions
  • 18:55 - 18:57
    est la critique de l'identité
    des croyants
  • 18:57 - 18:59
    et par là même du fanatisme.
  • 18:59 - 19:02
    Il se trouve que l'identité d'un croyant
    repose sur une idéologie,
  • 19:02 - 19:05
    alors si vous critiquez son idéologie,
  • 19:05 - 19:08
    vous générez forcément de
    la haine contre cette personne.
  • 19:08 - 19:10
    Mais je me demande
    ce qui se produirait
  • 19:10 - 19:13
    si on appliquait universellement
    ce type de raisonnement.
  • 19:13 - 19:17
    Qu'en serait-il si les adeptes du New Age
    décidaient que la critique de l'éveil spirituel
  • 19:17 - 19:20
    est une forme de haine à l'encontre
    de ceux qui s'y identifient ?
  • 19:20 - 19:24
    Qu'en serait-il si les hindous décidaient
    que la critique du système des castes
  • 19:24 - 19:27
    est une forme de racisme aggravé
    contre la population hindoue ?
  • 19:27 - 19:30
    Comment pourrait-on progresser ?
  • 19:31 - 19:35
    Un autre argument oppose que
    critiquer ou ridiculiser l'islam
  • 19:35 - 19:38
    alimente le fanatisme
    d'extrême droite,
  • 19:38 - 19:40
    et donc est dangereux
  • 19:41 - 19:44
    – veuillez remarquer que
    l'argument n'est presque jamais
  • 19:44 - 19:47
    que l'islam en tant que religion
    ne mérite ni la critique ni le ridicule,
  • 19:47 - 19:53
    mais que d'en parler est dangereux
    à cause des dégâts qui pourraient suivre.
  • 19:53 - 19:57
    Aucun des écrivains opposés à la remise
    du prix à Charlie Hebdo n'a dit que,
  • 19:57 - 20:01
    je cite :« l'histoire des meurtres
    à Charlie Hebdo »
  • 20:01 - 20:04
    – l'histoire des meurtres
    à Charlie Hebdo –
  • 20:04 - 20:08
    des Européens blancs tués dans leurs
    bureaux par des extrémistes musulmans
  • 20:08 - 20:11
    est une de celles qui alimentent
    soigneusement les préjugés culturels
  • 20:11 - 20:14
    qui ont permis à nos gouvernements
    de commettre des erreurs dévastatrices
  • 20:14 - 20:16
    au Moyen-Orient.
  • 20:16 - 20:19
    « L'histoire des meurtres
    à Charlie Hebdo ! »
  • 20:19 - 20:23
    J'ai relu cette déclaration et
    j'ai réalisé que pour certains écrivains
  • 20:23 - 20:25
    le problème ne résidait pas
    l'agressivité des dessins
  • 20:25 - 20:29
    mais il résidait dans
    la réaction des musulmans,
  • 20:29 - 20:32
    qui a nourri les clichés
    habituels sur les musulmans
  • 20:32 - 20:36
    – une réaction vraiment inappropriée
    pour une communauté qui essaie
  • 20:36 - 20:38
    de donner l'image d'un islam pacifique,
  • 20:38 - 20:41
    malgré l'accumulation des preuves
    qui montrent le contraire.
  • 20:41 - 20:45
    Ici l'engagement n'est pas
    du côté de la vérité,
  • 20:45 - 20:49
    l'objectif est au contraire de cacher
    quelques vérités gênantes,
  • 20:49 - 20:53
    des vérités que l'on juge dangereuses,
    si elles devaient être reconnues.
  • 20:54 - 20:58
    Je comprends cette peur d'encourager
    les vrais fanatiques.
  • 20:59 - 21:02
    Quiconque regarde Fox voit bien
    comment ils utilisent la peur
  • 21:02 - 21:04
    pour encourager la xénophobie.
  • 21:05 - 21:09
    Mais la libération d'un milliard et demi
    de musulmans à travers le monde,
  • 21:09 - 21:11
    des musulmans sous le joug
  • 21:11 - 21:14
    d'une autorité théologique omniprésente
  • 21:14 - 21:16
    devrait être la première
    de nos préoccupations.
  • 21:16 - 21:20
    Nous l'avons répété des centaines de fois,
  • 21:20 - 21:24
    les premières victimes de l'islamisme,
    ce sont les musulmans,
  • 21:24 - 21:27
    que ce soit en termes de terrorisme,
    de violence, de misogynie
  • 21:27 - 21:31
    de liberté d'expression et de religion
    ou de déclin économique.
  • 21:31 - 21:35
    Bizarrement pour certains, ces questions
    sont secondaires,
  • 21:35 - 21:38
    elles ne présentent pas de danger.
  • 21:39 - 21:40
    D'autres sont convaincus que
  • 21:40 - 21:44
    les occidentaux n'ont pas le droit
  • 21:44 - 21:46
    de parler des problèmes
    des « cultures arabes »
  • 21:46 - 21:49
    à cause de l'héritage du colonialisme
    et des autres formes de violence
  • 21:49 - 21:51
    que l'Occident a déversées
    sur l'Orient.
  • 21:52 - 21:56
    Cet argument résonne étrangement
    parce qu'il ignore l'histoire du monde,
  • 21:56 - 22:00
    une histoire durant laquelle de nombreuses
    nations, musulmanes et non musulmanes,
  • 22:00 - 22:03
    ont subi constamment les flux et reflux
    des conquêtes
  • 22:03 - 22:05
    durant toute l'histoire connue.
  • 22:06 - 22:08
    Avant le colonialisme,
    plusieurs pays islamistes
  • 22:08 - 22:10
    avaient une législation effrayante.
  • 22:10 - 22:13
    Deux des épicentres
    de la pensée islamique,
  • 22:13 - 22:16
    l'Iran pour l'islam chiite
    et l'Arabie saoudite pour l'islam sunnite,
  • 22:17 - 22:19
    ont résisté au colonialisme
  • 22:21 - 22:22
    – excusez-moi –
  • 22:22 - 22:25
    En fait l'Arabie saoudite
    lors de sa création en 1744,
  • 22:25 - 22:27
    était un État extrémiste,
  • 22:27 - 22:30
    la première occurrence, qui
    fut détruite par les Ottomans
  • 22:30 - 22:32
    à cause de son fanatisme religieux.
  • 22:33 - 22:35
    En fait, les premiers saoudiens
    attaquèrent et profanèrent
  • 22:35 - 22:37
    certains des sites musulmans
    les plus sacrés
  • 22:37 - 22:40
    et furent stoppés non pas par
    l'intervention de l'occident,
  • 22:40 - 22:42
    mais par d'autres musulmans
  • 22:42 - 22:44
    qui voyaient en eux
    de dangereux fanatiques.
  • 22:44 - 22:46
    L'impérialisme américain
    n'existait pas,
  • 22:46 - 22:49
    il ne se tramait pas de guerre
    contre les autres musulmans
  • 22:49 - 22:51
    et cependant,
    le fondamentalisme wahhabite existait
  • 22:51 - 22:53
    et attaquait les autres musulmans,
  • 22:53 - 22:56
    comme aujourd'hui Daesh
    attaque les autres musulmans.
  • 22:57 - 22:59
    On ne peut rien changer
  • 22:59 - 23:03
    si on exclut constamment
    le fondamentalisme des conversations
  • 23:03 - 23:06
    pour se limiter à la violence et à
    l'impérialisme occidentaux.
  • 23:07 - 23:09
    Ne vous méprenez pas,
    c'est un sujet important,
  • 23:09 - 23:11
    il est important de parler
    de l'impérialisme
  • 23:11 - 23:13
    et des dégâts qu'il a causés.
  • 23:13 - 23:16
    Mais la violence au nom de l'islam
    a terrorisé le Moyen-Orient
  • 23:16 - 23:18
    et ce depuis son origine.
  • 23:18 - 23:21
    Il est donc important de ne pas
    détourner la conversation.
  • 23:21 - 23:24
    La paralysie morale engendrée par
    la peur de la droite,
  • 23:24 - 23:27
    par la peur d'un fanatisme croissant
  • 23:27 - 23:30
    ou par la honte des crimes du passé
    commis par d'autres blancs,
  • 23:31 - 23:34
    ne devrait pas étouffer toute
    autre considération.
  • 23:35 - 23:37
    Quand je lis des articles
    qui expliquent pourquoi
  • 23:37 - 23:39
    il ne faudrait pas
    se moquer des musulmans,
  • 23:39 - 23:43
    je ressens une condescendance,
    l'impression que certains croient
  • 23:43 - 23:46
    que la caractéristique principale des
    gens à la peau brune est leur religion,
  • 23:46 - 23:49
    que c'est ce qui les définit,
    et à cause de ça,
  • 23:49 - 23:52
    ils supposent qu'on ne changera rien,
    ou qu'on ne peut rien changer,
  • 23:52 - 23:55
    que la religion est ancrée en nous
  • 23:55 - 23:59
    et qu'elle ne réagira pas aux pressions,
    ou aux demandes de changements
  • 23:59 - 24:01
    comme le christianisme a réagi
    aux pressions des laïcs.
  • 24:01 - 24:04
    Alors qu'ils pensent se battre
    pour la tolérance,
  • 24:05 - 24:08
    ils se battent en réalité pour la
    droite religieuse en l'Orient,
  • 24:08 - 24:12
    pas n'importe quelle droite religieuse,
    pas la droite religieuse quon trouve ici,
  • 24:12 - 24:14
    c'est une droite religieuse
    telle que l'occident
  • 24:14 - 24:16
    n'en a pas vue depuis des siècles.
  • 24:16 - 24:20
    Pour moi, quelqu'un qui enfreint le plus
    fondateur des principes libertaires,
  • 24:20 - 24:22
    la liberté d'expression,
  • 24:22 - 24:26
    afin de protéger la sensibilité de
    cette droite religieuse islamiste
  • 24:26 - 24:28
    n'a de progressiste que le nom.
  • 24:29 - 24:32
    En fait, qui pourrait tenir deux
    catégories de personnes différentes
  • 24:32 - 24:35
    pour responsables de deux normes
    comportementales différentes,
  • 24:35 - 24:36
    sinon un fanatique ?
  • 24:37 - 24:39
    L'islam, comme toutes
    les religions patriarcales,
  • 24:39 - 24:42
    est un instrument qui sert
    à justifier les excès commis
  • 24:42 - 24:44
    contre les femmes et les autres minorités.
  • 24:44 - 24:47
    Est-ce que notre concept de
    tolérance va jusqu'à tolérer
  • 24:47 - 24:50
    la sujétion systématique des femmes
    et des autres minorités ?
  • 24:50 - 24:54
    Justifier des abus
    au nom de la tolérance
  • 24:54 - 24:57
    est une forme de fanatisme
    bienveillante, égoïste.
  • 24:59 - 25:01
    Peu importe que l'intention
    semble charitable,
  • 25:01 - 25:04
    nous ne devons pas hésiter
  • 25:04 - 25:08
    à mettre nos alliés face à leur hypocrisie
    et à leurs pratiques oppressives.
  • 25:10 - 25:14
    Parfois, j'ai le sentiment que les gens
    voient la laïcité et la libre-pensée

  • 25:14 - 25:18
    comme des concepts
    exclusivement occidentaux
  • 25:18 - 25:22
    et ils en déduisent que si on impose la
    laïcité et la libre-pensée aux musulmans,
  • 25:22 - 25:24
    alors on leur impose
    l'identité occidentale.
  • 25:24 - 25:28
    C'est ignorer l'histoire que de penser
    que les idéaux des Lumières ne peuvent
  • 25:28 - 25:31
    être partagés que par cette civilisation,
  • 25:31 - 25:34
    plutôt que de les voir comme partie
    des progrès de toute l'humanité.
  • 25:34 - 25:38
    Ces mêmes idéaux on trouvé des défenseurs
    tout au long de l'histoire,
  • 25:38 - 25:41
    toutes les cultures du monde
    ont eu des libres-penseurs
  • 25:41 - 25:43
    qui ont donné leur sang pour ces idéaux.
  • 25:44 - 25:47
    Un nombre incalculable de
    libres-penseurs a défié la foi,
  • 25:47 - 25:49
    a essayé, hélas sans succès,
  • 25:49 - 25:52
    de proposer une interprétation
    moins misogyne des écritures,
  • 25:52 - 25:54
    y compris dans des sociétés
    islamiques patriarcales.
  • 25:55 - 25:57
    Par exemple au dix-septième siècle,
  • 25:57 - 26:00
    Dara Shikoh, un prince héritier
    de l'Empire moghol,
  • 26:00 - 26:03
    s'était engagé en faveur des droits
    de toutes les religions,
  • 26:03 - 26:05
    hindoue, sikhe ou musulmane,
  • 26:05 - 26:09
    et il avait travaillé à combler le fossé
    entre les guides des différentes fois.
  • 26:10 - 26:12
    Comme vous vous en doutez,
    cela n'a pas duré.
  • 26:12 - 26:14
    Dara a été assassiné par son frère
  • 26:14 - 26:19
    qui a déclaré que la tolérance de
    Dara était un signe d'apostasie,
  • 26:19 - 26:24
    un frère qui est aujourd'hui un gardien de
    la foi révéré dans les cercles musulmans.
  • 26:25 - 26:26
    De la même façon,
  • 26:26 - 26:29
    il y a eu des femmes qui se sont battu
    pour leurs propres droits.
  • 26:29 - 26:32
    Fatima Baraghani est née en Iran
    il y a exactement deux-cents ans.
  • 26:32 - 26:35
    C'était une femme
    extrêmement intelligente
  • 26:35 - 26:37
    qui fut mariée très jeune selon la coutume
  • 26:37 - 26:40
    et qui ne fut plus autorisée à
    poursuivre son éducation.
  • 26:41 - 26:44
    Elle fut attirée par un mouvement
    radical émergeant dans le pays
  • 26:44 - 26:47
    qui militait pour l'égalité des genres.
  • 26:47 - 26:51
    Elle le rejoignit et s'y épanouit
    jusqu'à devenir l'icône du mouvement.
  • 26:53 - 26:56
    Pour symboliser la rupture avec la charia,
    lors d'un rassemblement
  • 26:56 - 26:59
    elle retira son voile traditionnel
    face à une assemblée d'hommes
  • 26:59 - 27:02
    et à la place brandit une épée.
  • 27:03 - 27:06
    Cette vision causa un tel
    choc parmi la foule
  • 27:06 - 27:09
    que beaucoup d'hommes adultes
    poussèrent des cris.
  • 27:10 - 27:13
    Un homme horrifié se coupa la gorge
    (rires)
  • 27:13 - 27:17
    et s'enfuit en perdant son sang.
  • 27:19 - 27:23
    Après cet incident elle n'a pas vécu assez
    longtemps pour apprécier la liberté.
  • 27:24 - 27:27
    Le drame de l'histoire orientale,
    ce n'est pas que nous n'ayons pas
  • 27:27 - 27:28
    engendré de réformistes,
  • 27:28 - 27:32
    c'est que la violence des oppresseurs
    nous élimine les uns après les autres.
  • 27:33 - 27:37
    Encore aujourd'hui :
    Abdisaid Abdi Ismail, un auteur somalien,
  • 27:37 - 27:42
    a écrit un livre dans lequel il explique
    avec audace que l'islam en réalité
  • 27:42 - 27:44
    ne demande pas la peine de mort
    pour le crime d'apostasie.
  • 27:44 - 27:46
    En récompense de son travail,
  • 27:46 - 27:50
    on a menacé sa vie et
    appelé à brûler ses livres.
  • 27:51 - 27:53
    On a décrété des fatwas
  • 27:53 - 27:56
    appelant à la mort de Maajid Nawaz,
    un réformateur britannique,
  • 27:56 - 27:59
    simplement parce qu'il avait
    déclaré dans un tweet
  • 27:59 - 28:02
    qu'il ne se sentait pas offensé
    par un dessin de Mahomet.
  • 28:02 - 28:05
    La droite religieuse assassine
    les réformistes depuis des siècles,
  • 28:05 - 28:08
    mais nous sommes toujours là,
    nous nous battons pour notre avenir,
  • 28:08 - 28:11
    De ce même combat, l'occident avait
    obtenu des victoires importantes.
  • 28:12 - 28:15
    Il est surprenant que les mêmes personnes
  • 28:15 - 28:17
    qui veulent mettre fin aux pouvoirs
    de la droite chrétienne,
  • 28:17 - 28:21
    en utilisant les avancées
    du monde occidental,
  • 28:21 - 28:24
    insistent pour que nous soyons
    définis par notre droite religieuse.
  • 28:25 - 28:28
    Pour prolonger la discussion,
    supposons que nous admettons tous
  • 28:28 - 28:30
    l'idée que l'islam en tant que
    religion doit être réformé,
  • 28:30 - 28:34
    ou du moins,que la communauté musulmane
    dans son ensemble doit évoluer,
  • 28:34 - 28:37
    et de manière ce que chacun choisisse
    comment il veut pratiquer sa foi.
  • 28:37 - 28:39
    J'en suis personnellement convaincue.
  • 28:39 - 28:41
    Toutes les données que
    nous avons le confirment.
  • 28:42 - 28:45
    Il y a une quantité importante de preuves
    de la misogynie latente,
  • 28:45 - 28:49
    des comportements intolérants envers
    les homosexuels et les apostats
  • 28:49 - 28:50
    à travers le monde musulman,
  • 28:50 - 28:53
    tout ça encouragé par la loi et
    largement accepté par les populations.
  • 28:54 - 28:58
    Pour porter l'attention générale loin
    de la religion, de son rôle dans tout ça,
  • 28:58 - 29:04
    certains préfèrent recourir à
    toutes sortes de justification
  • 29:04 - 29:06
    qui n'ont pas de sens,
  • 29:06 - 29:09
    parce que les pays musulmans
    n'ont presque rien de commun
  • 29:09 - 29:11
    si ce n'est la religion prédominante :
  • 29:11 - 29:13
    ni leurs statut socio-économique,
  • 29:13 - 29:16
    ni leur niveau d'éducation ou
    d'alphabétisation, ni leur PIB,
  • 29:16 - 29:18
    ni leur bagage culturel,
    ni leur histoire,
  • 29:18 - 29:22
    ni leur groupe ethnique, ni leur langue,
    ni leur système politique,
  • 29:22 - 29:24
    ni même leur expérience
    de la colonisation occidentale.
  • 29:24 - 29:26
    Ce qu'ils ont en commun,
    c'est la théologie.
  • 29:27 - 29:30
    L'islam n'est évidemment pas
    à l'origine de tous les maux,
  • 29:30 - 29:32
    mais il en est un facteur important.
  • 29:32 - 29:35
    En Occident, nous avons d'un côté
    l'aile droite qui est persuadée
  • 29:35 - 29:37
    que l'islam est le diable en personne
  • 29:37 - 29:39
    et de l'autre côté l'aile gauche
    qui refuse d'envisager
  • 29:39 - 29:41
    qu'il puisse être une source
    de souffrances.
  • 29:41 - 29:44
    D'où la question : comment pouvons-nous
    mettre en place des réformes
  • 29:44 - 29:47
    sans mentionner aucun
    des problèmes liés à l'islam ?
  • 29:48 - 29:51
    Comment pouvons-nous évoluer
    si nous refusons d'affronter
  • 29:51 - 29:55
    l'une des principales justifications
    de l'usage de la souffrance ?
  • 29:55 - 29:59
    La plupart des cultures ont des
    formes d'oppression ciblées
  • 29:59 - 30:01
    et en ignorant sciemment cette oppression,
  • 30:01 - 30:04
    nous mettons un frein à
    toute forme de progrès.
  • 30:04 - 30:07
    Nous pouvons aussi démontrer
    qu'une avancée de la laïcité,
  • 30:07 - 30:09
    ou une plongée au
    sein d'une société laïque
  • 30:09 - 30:13
    modifient les comportements et
    même les croyances des musulmans.
  • 30:14 - 30:18
    Si vous comparez les musulmans
    vivant aux USA à ceux du Moyen-Orient
  • 30:18 - 30:23
    toutes les études vous diront que
    leurs opinions sont moins extrêmes
  • 30:23 - 30:26
    et plus proches des valeurs progressistes.
  • 30:26 - 30:28
    que celles de la population
    de leur pays d'origine.
  • 30:29 - 30:32
    Beaucoup de musulmans sont convaincus
    que leur religion est immuable,
  • 30:32 - 30:36
    que chaque mot est la vérité
    et se sentent insultés
  • 30:36 - 30:38
    par ceux qui demandent des changements.
  • 30:38 - 30:41
    Pourtant, à d'autres époques, il y a eu
    des changements importants
  • 30:41 - 30:43
    dans les pratiques des musulmans.
  • 30:44 - 30:47
    Jusqu'au vingtième siècle, beaucoup de
    pays musulmans ont pratiqué l'esclavage.
  • 30:48 - 30:52
    Certains ne l'ont aboli qu'un 1981
    et se justifiaient en disant que
  • 30:52 - 30:55
    la pratique était en accord
    avec les préceptes religieux.
  • 30:56 - 31:01
    La population esclave d'Arabie saoudite
    était estimée à 300 000 personnes
  • 31:01 - 31:04
    il y a moins de 50 ans.
  • 31:04 - 31:07
    Et la pression internationale
    à conduit à l'abolition.
  • 31:08 - 31:11
    Il y a un peu plus d'un siècle, sous
    la pression de l'Empire britannique
  • 31:11 - 31:13
    pour obtenir l'abolition de l'esclavage,
  • 31:13 - 31:16
    le sultan du Maroc à mentionné
    l'infaillibilité du Coran lorsqu'il a
  • 31:16 - 31:19
    démontré l'approbation
    divine de l'esclavage.
  • 31:20 - 31:23
    Plus tard, le chef du gouvernement
    Mohamed b. Idris à écrit
  • 31:23 - 31:25
    en réponse aux pressions
    répétées contre l'esclavage :
  • 31:25 - 31:29
    « Nous n'interférons pas avec les
    principes religieux que vous professez,
  • 31:29 - 31:32
    de la même manière vous ne devriez pas
    interférer avec notre religion. »
  • 31:32 - 31:39
    Face au refus ottoman de condamner le
    statut des esclaves gravé dans la charia,
  • 31:40 - 31:42
    un homme d'État britannique
    a déclaré, sarcastique,
  • 31:42 - 31:45
    qu'il valait mieux demander au
    Sultan de devenir chrétien.
  • 31:46 - 31:49
    Et pourtant aujourd'hui, la majorité
    sinon la totalité des musulmans
  • 31:49 - 31:51
    rejette l'idée de l'esclavage.
  • 31:52 - 31:56
    Ont-ils abandonné le Coran, qui semblait
    clairement pardonner l'esclavage
  • 31:56 - 31:57
    il n'y a pas si longtemps ?
  • 31:57 - 32:00
    Ou bien avons nous réussi à
    renverser le consensus
  • 32:00 - 32:02
    en nous battant pour nos
    principe moraux ?
  • 32:02 - 32:04
    Je me demande où nous en serions
  • 32:04 - 32:07
    si les fanatiques bienveillants
    occidentaux , aujourd'hui à gauche,
  • 32:07 - 32:10
    qui pensent qu'il est plus important
    de respecter une culture,
  • 32:10 - 32:14
    – qui vénèrent le respect d'une culture –
    avaient existé à l'époque.
  • 32:14 - 32:17
    Combien de millions de personnes
    vivraient enchaînées ?
  • 32:18 - 32:22
    Il y a aussi cet argument récurrent
    associé à l'oppression occidentale,
  • 32:22 - 32:25
    qui dit que le racisme se nourrit
    de l'oppression des minorités.
  • 32:25 - 32:28
    Les protecteurs de l'Islam l'ont
    bien noté et s'en servent
  • 32:28 - 32:32
    pour botter l'arrière-train du progrès.
  • 32:32 - 32:34
    Nous devons avoir conscience
  • 32:34 - 32:36
    que la dynamique de
    la victime contre l'oppresseur
  • 32:36 - 32:39
    n'est pas aussi figée que certains
    voudraient nous faire croire :
  • 32:39 - 32:43
    une même personne peut être victime dans
    un contexte et oppresseur dans un autre.
  • 32:43 - 32:47
    Un homme musulman peut très bien subir
    le racisme au travail, le vrai racisme,
  • 32:47 - 32:48
    subir des revers de carrière
  • 32:48 - 32:52
    et battre sa femme voilée
    en rentrant à la maison,
  • 32:52 - 32:55
    parce qu'il a grandi dans un environnement
    traditionnellement misogyne
  • 32:55 - 32:58
    qui trouve sa justification
    dans un verset du Coran.
  • 32:58 - 33:01
    Devrions nous nous abstenir
    de critiquer son comportement
  • 33:01 - 33:04
    parce que dans d'autres
    circonstances il est une victime ?
  • 33:04 - 33:07
    Un imam pourrait être antisémite,
    homophobe,
  • 33:07 - 33:10
    il pourrait endoctriner des
    générations d'esprits fragiles
  • 33:10 - 33:11
    avec ses idées dangereuses.
  • 33:11 - 33:15
    Le même imam pourrait aussi
    être une victime du fanatisme
  • 33:15 - 33:17
    en inaugurant une mosquée
  • 33:17 - 33:21
    et pourrait devenir la cible de
    comportements xénophobes.
  • 33:22 - 33:24
    Pour effacer ses souffrances,
    devrions nous prétendre
  • 33:24 - 33:28
    que ses mauvais comportements
    n'existent pas ou sont sans importance ?
  • 33:29 - 33:31
    Devons nous sacrifier l'un pour l'autre ?
  • 33:31 - 33:35
    Ne pourrions-nous pas plutôt nous élever
    contre toutes les formes d'oppression,
  • 33:35 - 33:37
    nous battre pour l'égalité des droits
    et en même temps
  • 33:37 - 33:40
    contre le fanatisme religieux ?
  • 33:41 - 33:43
    Hiba Krisht, une des mes
    compagnes ex-musulmanes
  • 33:43 - 33:45
    a joliment résumé cette opinion
  • 33:45 - 33:49
    lorsqu'elle parlait de la nature
    misogyne du hijab,
  • 33:51 - 33:56
    je cite : « Le féminisme défend les femmes
    musulmanes qui portent le hijab
  • 33:56 - 34:00
    quelles que soient leurs raisons, contre
    les humiliations ou les agressions.
  • 34:00 - 34:06
    Le féminisme ne nie pas catégoriquement
    que le hijab puisse : être coercitif,
  • 34:06 - 34:08
    humilier le corps, dégrader la sexualité,
  • 34:08 - 34:10
    être liberticide
    et psychologiquement handicapant. »
  • 34:11 - 34:13
    Nous ne devons pas fuir la réalité
  • 34:13 - 34:17
    parce que nous avons peur
    des conséquences.
  • 34:17 - 34:22
    Serait-il juste de ne pas enseigner
    le darwinisme à nos enfants
  • 34:22 - 34:25
    simplement parce qu'il a nourri
    le darwinisme social à une époque ?
  • 34:25 - 34:30
    Notre silence face à des vérités gênantes
    ne fait que souligner notre inertie,
  • 34:30 - 34:33
    alors que les conséquences
    sont de plus en plus menaçantes.
  • 34:34 - 34:36
    Nous somme paralysés par notre anxiété,
  • 34:36 - 34:39
    par la peur que la vérité fasse
    ressortir le pire de nous-mêmes
  • 34:39 - 34:41
    au lieu de nous libérer.
  • 34:42 - 34:44
    À l'extrême droite islamique,
  • 34:44 - 34:47
    il y a ceux qui disent
    qu'il n'y a pas lieu de réformer l'islam,
  • 34:47 - 34:50
    parce que l'islam est,
    et a toujours été parfait.
  • 34:50 - 34:53
    Il y a leurs homologues de
    l'extrême droite occidentale,
  • 34:53 - 34:57
    qui pensent également que l'islam
    est au-delà de toute réforme,
  • 34:57 - 34:58
    mais pour des raisons différentes,
  • 34:58 - 35:01
    parce que l'islam est
    irrémédiablement le mal absolu.
  • 35:01 - 35:03
    Entre ces deux extrêmes,
  • 35:03 - 35:06
    il y a le musulman moyen
    qui doit choisir
  • 35:06 - 35:09
    entre un diable qu'il connaît
    – la suprématie islamique –
  • 35:09 - 35:12
    et un diable qu'il ne connaît pas
    – le fanatisme occidental.
  • 35:12 - 35:15
    La gauche progressiste doit
    proposer une autre voie.
  • 35:15 - 35:18
    Elle ne doit tolérer aucune forme
    de domination religieuse.
  • 35:18 - 35:20
    Il est très important
    que ceux qui se battent
  • 35:20 - 35:22
    pour plus de compassion,
    pour les droits humains
  • 35:22 - 35:26
    et savent reconnaître les dégâts causés
    par le fanatisme et la discrimination
  • 35:26 - 35:30
    prennent la tête du combat contre toute
    oppression religieuse, d'où quelle vienne.
  • 35:31 - 35:33
    Non seulement une réforme est possible,
  • 35:33 - 35:36
    mais contre toute attente,
    cela a déjà commencé.
  • 35:36 - 35:40
    Elle a des défenseurs qui mettent leur vie
    en jeu pour de meilleurs lendemains.
  • 35:40 - 35:43
    Nous ne devons pas laisser
    la situation actuelle perdurer,
  • 35:43 - 35:46
    où des partisans de la réforme
    de l'islam sont isolés et vulnérables.
  • 35:48 - 35:51
    Rappelons-nous que la marche
    inéluctable du progrès n'existe pas,
  • 35:51 - 35:55
    que nous n'avons pas l'assurance que
    le monde de demain sera plus juste,
  • 35:55 - 35:59
    plus équitable, plus lucide,
    plus tolérant ou plus raisonnable.
  • 35:59 - 36:02
    Des droits libérateurs sans
    libérateurs pour les défendre
  • 36:02 - 36:04
    ne sont que des idées sans
    conséquences, sans pouvoir.
  • 36:05 - 36:08
    Ne laissons pas notre sympathie
    pour une catégorie d'opprimés
  • 36:08 - 36:10
    excuser leur oppression sur
    une autre catégorie.
  • 36:10 - 36:11
    Merci.
  • 36:11 - 36:35
    (applaudissements)
  • 36:39 - 36:43
    Bien. Il nous reste juste assez de temps
    pour une seule question
  • 36:43 - 36:45
    et nous ferons une pause de 10 minutes.
  • 36:45 - 36:48
    Personne n'aime les chronométreurs,
    ni les intervenants, ni le public.
  • 36:48 - 36:50
    Je suis là pour être détesté.
  • 36:51 - 36:56
    Tout d'abord merci pour votre courage
    et votre bravoure dans ce combat.
  • 36:56 - 36:58
    (Sarah Haider) Merci.
  • 36:58 - 37:02
    (applaudissements)
  • 37:03 - 37:05
    Vous avez souvent employé le mot réforme,
  • 37:05 - 37:12
    et d'autres disent que l'islam est
    peut-être dans les prémisses,
  • 37:12 - 37:14
    il me semble, d'une transformation,
  • 37:14 - 37:16
    similaire à celle qu'a vécu
    le catholicisme.
  • 37:17 - 37:21
    J'ai en fait deux questions, désolé,
    deux éléments de question.
  • 37:21 - 37:25
    Premièrement, pensez-vous que nous
    assistions au commencement de ceci ?
  • 37:25 - 37:30
    Et si oui, êtes-vous, ou
    pouvons-nous être sûrs que,
  • 37:30 - 37:33
    si cette transformation se produit
    et lorsqu'elle se produira pour l'islam,
  • 37:33 - 37:36
    elle sera moins sanglante
  • 37:36 - 37:40
    que la Réforme catholique
    ne le fut en son temps ?
  • 37:42 - 37:45
    J'ai entendu cette comparaison
    quelques fois
  • 37:45 - 37:48
    et il m'est arrivé aussi
    plusieurs fois de la faire.
  • 37:48 - 37:50
    Je ne pense pas que ce soit
    exactement la même chose
  • 37:50 - 37:54
    dans la mesure où ce changement
    se produira à un rythme différent.
  • 37:54 - 37:57
    Il faudra que ce soit plus rapide.
    Et ce sera plus rapide
  • 37:57 - 37:59
    du fait des médias sociaux
  • 37:59 - 38:04
    et parce que
    la littérature laïque et athée
  • 38:04 - 38:06
    est très répandue sur internet.
  • 38:06 - 38:09
    Parmi les anciens musulmans
    qui rejoint notre association,
  • 38:09 - 38:11
    les Ex-musulmans d'Amérique du nord,
  • 38:11 - 38:15
    beaucoup m'ont dit qu'ils ont commencé
    à réfléchir sur l'athéisme ou l'humanisme
  • 38:15 - 38:18
    après avoir les commentaires
    de Richard Dawkins
  • 38:18 - 38:19
    sur la révolution égyptienne de 2011.
  • 38:19 - 38:23
    Cela existe et je crois vraiment
    que ce sera plus rapide.
  • 38:24 - 38:27
    Et je ne crois pas que ce sera
    nécessairement sanglant
  • 38:27 - 38:32
    si l'occident est déterminé à se battre
    aux côtés des progressistes en Orient.
  • 38:33 - 38:35
    (applaudissements)
  • 38:36 - 38:38
    74e Conférence annuelle de
    l'Association humaniste américaine
  • 38:38 - 38:41
    Sarah Haider :
    l'islam ou la nécessité d'une critique progressiste
Title:
Sarah Haider: l'islam ou la nécessité d'une critique progressiste (Conférence de l'AHA en 2015)
Description:

Intervention lors de la 74e conférence annuelle de l'Association humaniste
américaine à Denver, Colorado, du 7 au 10 mai 2015. #ahacon15

Les réformistes dans les pays musulmans sont régulièrement bâillonnés à cause des persécutions et des violences qui ont augmenté ces dernières décennies, alors que l'Islam séduit de plus en plus.
Les progressistes ont l'occasion unique de proposer une critique nuancée et compréhensive des concepts dangereux de la religion – un privilège auquel nous sommes en train de renoncer. Par conséquent, les seules voix distinctes tiennent les discours haineux des islamistes et des apologistes inconditionnels d'extrême droite. Il est impératif que les progressistes fassent pression sur ces deux groupes afin d'apporter des changement positifs.

Sarah Haider est la cofondatrice des Ex-musulmans d'Amérique du nord, une association qui regroupe d'anciens musulmans issus de la sphère non-théiste et qui travaille à réduire les discriminations contre ceux qui ont quitté l'islam.

Les sous-titres en anglais sont extraits de la retranscription de Arun :
http://arunsmusings.blogspot.ch/2015/05/sarah-haider-transcript.html .

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English
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38:42

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