La dépression, ce n'est pas drôle| Nishaant Pandita | TEDxSouthPasadenaHigh

Cette conférence a été donnée lors d'un événement TEDx, produit indépendamment des conférences TED.

Sommes-nous accro au bonheur ? Nishaant décrit comment la dépression a changé sa vie et comment elle affecte les gens au niveau mental et social.

Nishaant est en dernière année au lycée de South Pasadena. Il a été président du Club Culture Altlantique et était membre de l'équipe 2014-2015 de Cross Coutry. Il a été diagnostiqué dépressif et il aime partager ses idées sur sa condition.

La dépression, ce n'est pas drôle,

mais je vais en parler avec légèreté.

Le suicide, ce n'est pas drôle,

mais je vais faire des blagues dessus.

Le désespoir, ce n'est pas drôle,

Je n'ai pas encore trouvé
quoi dire dessus.

Je vais essayer, cependant.

Mon nom est Nishaant Pandita,
et je souffre de dépression.

Ça ne se voit pas
quand je marche dans la rue.

Vous me verriez dans la rue,
vous penseriez,

c'est juste un pauvre type
à la démarche sautillante,

et une stupide chanson populaire
dans la tête.

Mais je ne fais pas ça
parce que je suis heureux.

Je ne vais pas taper des mains
en rythme parce que je me sens libre.

Je ne suis pas heureux, et je le sais.

Et ce n'est pas-- Je ne fais pas ça,

je ne parle pas à mes amis,
je ne m'amuse pas bêtement,

je ne fais pas des bruits,
des effets de sons,

je ne le fais pas
parce que je suis heureux,

Je le fais parce que
je suis accro au bonheur.

Ouf ! Grosse déclaration, pause épique,
quelle importance j'ai.

Donc, je suis accro au bonheur.

Je veux dire,
j'ai besoin de rester heureux.

Je poursuis le bonheur,
je sacrifie ma santé mentale,

mon temps, juste pour rester heureux,

parce que je suis terrifié
à l'idée de ce qu'il m'arriverait

si j'étais déprimé, si j'étais triste.

Être dans cette position
m'a fait comprendre

beaucoup de chose sur moi-même,
sur la dépression.

J'ai appris que la dépression,

ce n'est pas s’asseoir dans une pièce
sombre, habillé en noir,

se scarifier en écoutant
de la musique grunge.

Ce n'est pas ça.

C'est bien plus sombre et sinistre.

C'est bizarre, et mauvais,
ça transforme les émotions.

Et pas seulement la tristesse.

La colère, être en colère,
génère de l'adrénaline.

Et cette adrénaline te donne
le sentiment d'être puissant,

ce qui stimule le centre du plaisir,

qui est habituellement
étouffé par la dépression.

D'autres deviennent
vraiment irritables,

les dépressifs deviennent irritables,

et s'expriment par la colère,
sont en colère tout le temps.

Et j'ai ressenti ça aussi.

Je me suis battu,
j'ai hurlé contre ma sœur.

J'ai couru dehors
et hurlé contre le monde.

Et c'est terrifiant.

Mais il y a plus étrange.

La dépression peut
vous rendre heureux, dans un sens.

C'est la dépression,
on appelle ça la manie.

C'est quand vous êtes si triste,
si profondément perturbé,

que vous ne pouvez
faire autrement que sourire.

Si on ne m'avais pas aidé,

j'aurais été ici, une personne,
avec un sourire tordu sur le visage.

Et c'est bizarre, effrayant.

On ne pense pas à ça
quand on pense à la dépression.

On pense à la tristresse.

Mais la tristesse n'est pas si mal.

La tristesse est une émotion
inconfortable, c'est vrai,

mais ça fait se sentir faible.

Au lieu du podium
sur lequel on pense être,

on se sent au pied du podium.

On voit d'en bas,

on regarde en l'air et
on voit les accomplissements des autres,

mais aussi leurs peines,

et on ressent de l'empathie
grâce à la tristesse.

Impossible d'être heureux
si on n'a jamais été triste.

Cette tristesse qui va avec la dépression

peut inspirer et rendre créatif.

J.R.R. Tolkien, auteur de la série du
Seigneur des Anneaux,

souffrait de dépression et de stress
post-traumatique après la guerre 14-18.

Pour échapper à son sentiment
de solitude, de haine, et de tristesse,

il a créé un monde beau,
dans son esprit.

Un voyage, une aventure, des personnages
auxquels on peut s'identifier,

qui ont des problèmes,
qui ne sont pas parfaits.

Il a créé ce monde,
et c'était si beau, si créatif,

et si vaste,

qu'il a pu guérir.

Il est devenu plus que ce
que sa dépression était.

Et moi, personnellement,
ma dépression

m'a fait réaliser que je suis
un meilleur écrivain.

Elle m'aide à créer des personnages
et des histoires intéressantes.

Qui sont-- dont on se sent proche.

Et c'est drôle.

Parce que j'ai trouvé ma voie.

Ce que j'allais faire de ma vie,
quelle filière, ce que je voulais faire

grâce à la dépression,

mais je ne peux pas recommander
cette méthode pour trouver votre voie,

ce n'est pas la plus saine.

Mais il y a-- C'est une maladie.

C'est négatif.

50% des suicides dans le monde

sont causés par la dépression.

On monte à 75% si on inclue l'alcoolisme,

qui est un effet secondaire
courant de la dépression.

Ces gens ne sont pas faibles.

Ces gens ne sont pas des lâches.

Ils ne pas sont émotionnellement entravés.

Ils sont juste mal.

Ils ont l'impression
qu'il n'y a pas d'autre issue

sauf celle dont on ne revient pas.

C'est un peu comme si vous étiez élevé
dans un quartier malfamé.

En venant d'un quartier malfamé,
vous avez de plus grandes chances

de commettre un crime,
sortir et rejoindre un gang.

Etre dans un état d'esprit malfamé,
en situation de stress et en colère,

ça change votre comportement,

ça change comment votre cerveau
répond aux stimulus.

Je ne dis pas que votre cerveau
va s'acheter un blouson en cuir

et traverser la route
en criant son agressivité,

je dis juste qu'être
dans ce genre de situation dangereuse,

dans un environnement stressant,

un environnement plein de colère,
de hurlements, de bruits,

ne fait pas seulement se sentir mal,
c'est aussi mauvais pour vous.

Etre un ado en dépression

signifie qu'adulte, j'aurai
un système immunitaire plus faible.

Et à cause des attaques de la dépression

sur mon centre de plaisir
et sur mes endorphines,

je risque davantage
de devenir accro ou toxicomane.

C'est au delà des simples émotions.

C'est une vraie maladie,

et parce que c'est une vraie maladie,
ça se soigne.

Pour trouver le remède,

il faut d'abord le chercher en soi.

Réaliser ce qu'on fait,
dans quel environnement on est,

que tout ce qu'on ressent est négatif,
c'est mauvais.

Que nous sommes déprimé,
qu'on ne profite pas de la vie.

Ce n'est pas-- Quand j'ai compris que
j'avais besoin d'un traitement,

j'ai dû renoncer à croire que
j'étais accro au bonheur.

Je voulais être heureux tout le temps.

Parce que c'est ce que tout le monde veut.

Il me fallait réaliser
que je ne poursuivais pas le bonheur.

Je fuyais mon chagrin.

Une fois que vous avez réalisé
que vous avez ce problème,

que vous êtes atteint,

et beaucoup de gens le sont,

trois millions de personnes en Amérique
souffrent de dépression.

Et c'est seulement ceux
qui ont été diagnostiqués.

C'est probablement plus étendu.

Tous les gens auxquels j'ai demandé
de l'aide pour mon discours,

ils disaient tous,
« Oh, mon oncle a fait une dépression. »

« Ma tante a fait une dépression. »

« Mes parents ont fait une dépression.»

Et c'est étrange pour moi,
parce que ça se soigne.

C'est possible d'en sortir.

On est censé trouver le remède
en nous-même,

et c'est vraiment difficile sans soutien.

On a besoin de parler à quelqu'un.

En tant que personne dépressive,
il faut être sûr

que les gens savent, il faut
parler avec vos amis, votre famille.

Et même si eux ne veulent pas écouter,
il y a internet.

Il y a des gens qui sont payés pour
vous écouter 24 heures par jour.

Pour s'assurer que vous avez
quelqu'un à qui parler.

Et avec ça, avec ce soutien,

vous pouvez avancer,

vous pouvez aller vers la guérison,

obtenir de l'aide.

Aller chez un psychiatre,
voir un psychologue,

les écouter,

et exposer vos sentiments,
trouver les causes.

Même si vous êtes profondément touchés,

si vous êtes
prisonnier de vous-même,

les antidépresseurs peuvent aider.

Ils ne sont pas que pour
les héros grisonnants.

Il y a ça, il y a les drogues,
et elles peuvent--

Elles ne sont pas
chimiquement addictives,

mais votre comportement
peut vous y rendre accro.

Il faut les utiliser avec modération.

Il faut le sentir, être sûr

qu'on peut rester sur le chemin
de la guérison.

Et pour ceux d'entre vous, car beaucoup
d'entre vous ne sont pas dépressifs

-- beaucoup d'entre vous connaissent
quelqu'un en dépression --

et vous vous demandez quoi faire,
parce que vous leur avez peut-être parlé,

et dit : « Oh, c'est bon, tu iras mieux,
ça va passer. Tu te sentiras mieux. »

Ça n'aide pas vraiment un dépressif.

Parce qu'il ne voit pas ça comme ça.

Il ne ressent pas ce genre de réconfort.

Ce qu'il faut faire, c'est l'encourager
à grandir en tant que personne,

il faut l'encourager

à transformer sa dépression
en quelque chose de beau.

L'encourager à se tourner vers l'art,
à écrire quelque chose.

Même s'il n'est pas bon en écriture,
même s'il n'est pas artiste.

Il faut qu'il sorte,
pas qu'il reste assis chez lui.

Et il faut être sur
qu'il ait quelqu'un à qui parler.

Que quelqu'un est là pour l'écouter.

Que ce soit un dessin
sur un bout de papier

ou le vendeur du Kaiser
au milieu de la nuit.

Parce que votre vie a plus de valeur
qu'un flacon plein de cachets.

Votre vie a plus de valeur
qu'une balle dans un flingue.

Et pour moi, elle a plus de valeur
que cette baignoire pleine d'eau

dans laquelle j'ai tenté de me noyer.

Parce que la dépression
n'est qu'une maladie.

Ce n'est pas de la faiblesse.

Ce n'est pas de la lâcheté.

Ce n'est pas une déformation génétique.

Et ça se soigne.

Et ce n'est pas drôle.

Merci.

(Applaudissements)