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Comment on parle en ligne des agressions sexuelles

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    C'était en avril, l'année dernière.
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    J'étais en soirée avec des amis
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    pour fêter un anniversaire.
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    On ne s'était pas vus
    depuis deux semaines ;
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    une soirée parfaite,
    on était tous réunis.
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    À la fin de la soirée,
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    j'ai pris le dernier métro
    pour rentrer à l'autre bout de Londres.
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    Le trajet fut tranquille.
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    Je suis sortie à ma station
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    et j'ai entamé le trajet
    de 10 minutes vers chez moi.
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    Au moment où je tournais
    au coin de ma rue,
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    ma maison juste là,
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    des pas derrière moi
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    semblaient s'être approchés
    de nulle part
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    et accéléraient.
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    Avant que je puisse comprendre
    ce qu'il se passait,
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    une main était pressée sur ma bouche
    pour m'empêcher de respirer,
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    et le jeune homme derrière moi
    m'a traînée au sol,
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    a cogné plusieurs fois
    ma tête sur le trottoir
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    jusqu'à ce que mon visage saigne,
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    me frappant dans le dos et la nuque
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    en même temps qu'il m'agressait,
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    arrachant mes habits
    et me disant de « la fermer »,
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    quand j'essayais d'appeler à l'aide.
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    À chaque fois que ma tête
    heurtait le béton,
  • 0:59 - 1:03
    une question résonnait dans mon esprit
    et me hante toujours :
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    « Est-ce comme ça
    que tout va se terminer ? »
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    Sans m'en être rendu compte,
    j'étais suivie
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    depuis que j'avais quitté la station.
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    Et quelques heures après,
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    je me tenais torse et jambes nus
    devant les policiers,
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    alors qu'on photographiait
    les blessures sur mon corps nu
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    comme preuves médico-légales.
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    À présent, peu de mots peuvent décrire
    les sentiments dévorants
  • 1:25 - 1:28
    de vulnérabilité, de honte, de peine
    et d'injustice qui me rongeaient
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    à ce moment
    et pour les semaines à venir.
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    Mais voulant trouver un moyen
    de résumer ces sentiments
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    en une chose d'organisée
    que je puisse affronter,
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    j'ai fait ce qui me semblait
    le plus naturel :
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    j'ai écrit.
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    Ça a commencé comme
    un exercice cathartique.
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    J'ai écrit une lettre à mon agresseur,
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    je l'ai humanisé en le tutoyant,
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    pour l'identifier en tant que
    membre de la même communauté
  • 1:52 - 1:54
    dont il a si violemment
    abusé cette nuit-là.
  • 1:55 - 1:57
    Soulignant l'effet raz de marée
    de ses actions,
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    j'ai écrit :
  • 1:59 - 2:01
    « As-tu déjà pensé
    aux personnes dans ta vie ?
  • 2:02 - 2:04
    Je ne connais pas ces personnes.
  • 2:04 - 2:06
    Je ne sais rien sur toi.
  • 2:06 - 2:08
    Mais je sais ceci :
  • 2:08 - 2:10
    tu n'as pas attaqué
    que moi cette nuit-là.
  • 2:10 - 2:12
    Je suis une fille, une amie,
  • 2:12 - 2:14
    une sœur, une élève,
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    une cousine, une nièce,
  • 2:15 - 2:16
    je suis une voisine ;
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    je suis une employée
    qui sert tout le monde
  • 2:18 - 2:20
    dans le café sous la gare.
  • 2:20 - 2:23
    Et toutes les personnes qui créent
    ces liens avec moi
  • 2:23 - 2:25
    constituent ma communauté.
  • 2:25 - 2:27
    Et tu as agressé
    chacune d'entre elles.
  • 2:27 - 2:30
    Tu as violé la vérité
    que je défendrai toujours,
  • 2:30 - 2:32
    et que ces personnes représentent :
  • 2:32 - 2:36
    il y a bien plus de bonnes personnes
    dans ce monde que de mauvaises. »
  • 2:37 - 2:40
    Mais, ne voulant pas laisser
    cet incident me faire perdre foi
  • 2:40 - 2:42
    dans la solidarité de ma communauté
    ou dans l'Humanité,
  • 2:43 - 2:45
    je me suis souvenue
    des attaques du 7 juillet 2005
  • 2:45 - 2:47
    dans les transports londoniens,
  • 2:47 - 2:50
    et comment le maire à ce moment,
    et mes propres parents,
  • 2:50 - 2:53
    avaient insisté pour qu'on reprenne
    le métro le lendemain,
  • 2:53 - 2:55
    pour qu'on ne soit ni définis ou changés
  • 2:55 - 2:57
    par ceux qui nous avaient mis en danger.
  • 2:57 - 2:59
    J'ai dit à mon agresseur :
  • 3:00 - 3:01
    « Tu m'as agressée,
  • 3:01 - 3:03
    mais je retourne dans mon métro.
  • 3:04 - 3:07
    Ma communauté se sentira
    en sécurité en rentrant à la nuit tombée.
  • 3:08 - 3:09
    On prendra les derniers métros,
  • 3:09 - 3:11
    et on ira seuls dans nos rues,
  • 3:11 - 3:13
    parce ce qu'on n'acceptera
    ni ne se soumettra à l'idée
  • 3:13 - 3:16
    qu'on se met en danger.
  • 3:16 - 3:19
    On restera unis, telle une armée,
  • 3:19 - 3:22
    quand un membre
    de notre communauté est menacé.
  • 3:22 - 3:24
    Et c'est une lutte
    que tu ne gagneras pas. »
  • 3:26 - 3:27
    Quand j'ai écrit cette lettre --
  • 3:27 - 3:29
    (Applaudissements)
  • 3:29 - 3:30
    Merci.
  • 3:30 - 3:32
    (Applaudissements)
  • 3:33 - 3:34
    Quand j'ai écrit cette lettre,
  • 3:34 - 3:36
    je révisais pour mes examens à Oxford,
  • 3:36 - 3:38
    et je travaillais
    pour le journal étudiant.
  • 3:38 - 3:42
    Même si j'avais la chance
    d'être entourée de ma famille et mes amis,
  • 3:42 - 3:43
    je me sentais isolée.
  • 3:43 - 3:45
    Je ne connaissais personne
    qui avait vécu ça ;
  • 3:45 - 3:47
    du moins je ne pensais pas.
  • 3:47 - 3:51
    J'avais lu des rapports, des statistiques
    les agressions sexuelles étaient communes,
  • 3:51 - 3:53
    mais je ne pouvais nommer
    une seule personne
  • 3:53 - 3:56
    que j'aurais entendu parler
    de ce type d'expérience auparavant.
  • 3:56 - 3:58
    Alors, assez spontanément,
  • 3:58 - 4:01
    j'ai décider de publier
    ma lettre dans le journal étudiant,
  • 4:01 - 4:03
    espérant contacter
    d'autres personnes à Oxford
  • 4:03 - 4:06
    qui auraient eu la même expérience
    et se sentaient comme moi.
  • 4:06 - 4:08
    À la fin de la lettre,
  • 4:08 - 4:10
    j'ai demandé à d'autres de raconter
    leurs expériences
  • 4:10 - 4:12
    avec le hashtag « #NonCoupable »,
  • 4:12 - 4:15
    pour souligner que les rescapés
    d'agression pouvaient s'exprimer
  • 4:15 - 4:18
    sans se sentir honteux ou coupables,
    après leur agression --
  • 4:18 - 4:20
    et montrer qu'on peut tous
    combattre le harcèlement.
  • 4:20 - 4:23
    Ce que je n'avais pas prévu,
    c'est que presque du jour au lendemain,
  • 4:23 - 4:26
    la lettre publiée deviendrait virale.
  • 4:26 - 4:28
    Très vite, on recevait
    des centaines d'histoires
  • 4:28 - 4:30
    d'hommes et de femmes
    du monde entier,
  • 4:30 - 4:33
    qu'on a commencé à publier
    sur un site que j'avais créé.
  • 4:33 - 4:35
    Et le hashtag est devenu une campagne.
  • 4:36 - 4:39
    Une mère quarantenaire australienne
    décrivait comment, pendant une soirée,
  • 4:39 - 4:41
    elle fut suivie aux toilettes
  • 4:41 - 4:43
    par un homme qui l'a saisie
    plusieurs fois au pubis.
  • 4:43 - 4:44
    Un Hollandais
  • 4:44 - 4:48
    décrivait avoir été drogué
    puis violé lors d'un séjour à Londres
  • 4:48 - 4:51
    et que personne ne le croyait
    quand il l'avait rapporté.
  • 4:51 - 4:54
    J'ai reçu sur Facebook des messages
    d'Inde et d’Amérique du sud
  • 4:54 - 4:57
    demandant : « Comment introduire
    la compagne ici ? »
  • 4:57 - 5:00
    Une de nos premières contributions
    fut celle de Nikki,
  • 5:00 - 5:03
    qui a grandi, en étant
    agressée sexuellement par son père.
  • 5:03 - 5:04
    Des amis se sont confiés à moi
  • 5:04 - 5:07
    concernant leurs expériences,
    arrivées la semaine dernière
  • 5:07 - 5:10
    ou arrivées l'année dernière,
    sans que je le sache.
  • 5:11 - 5:14
    Et plus on recevait ces messages,
  • 5:14 - 5:16
    plus on recevait aussi
    des messages d'espoir --
  • 5:16 - 5:19
    des personnes
    responsabilisées par ces voix
  • 5:19 - 5:21
    luttant contre le harcèlement
    et le blâme de la victime.
  • 5:21 - 5:23
    Une femme appelée Olivia,
  • 5:23 - 5:24
    après avoir décrit son agression,
  • 5:24 - 5:27
    par quelqu'un de proche
    et qu'elle appréciait depuis longtemps,
  • 5:27 - 5:30
    a dit : « J'ai lu beaucoup
    d'histoires postées ici,
  • 5:30 - 5:32
    et j'ai espoir que si tant
    de femmes peuvent avancer,
  • 5:32 - 5:33
    alors moi aussi.
  • 5:34 - 5:35
    Beaucoup m'ont inspirée,
  • 5:35 - 5:37
    et j'espère un jour
    être aussi forte qu'elles.
  • 5:37 - 5:38
    J'en suis sûre. »
  • 5:39 - 5:42
    Partout les gens ont commencé
    à tweeter avec ce hashtag,
  • 5:42 - 5:45
    la lettre a été republiée
    et reprise par la presse nationale,
  • 5:45 - 5:48
    et traduite dans d'autres langues,
    dans le monde entier.
  • 5:49 - 5:51
    Mais quelque chose m'a frappée
    quant à l'intérêt
  • 5:51 - 5:53
    que cette lettre suscitait.
  • 5:53 - 5:55
    Pour qu'une information fasse la une,
  • 5:55 - 5:58
    étant donné le mot
    « nouvelle » en lui-même,
  • 5:58 - 6:01
    on suppose que c'est quelque chose
    de nouveau ou surprenant.
  • 6:01 - 6:03
    Mais le harcèlement sexuel
    n'est pas nouveau.
  • 6:04 - 6:07
    Le harcèlement, ainsi que
    d'autres types d'injustices,
  • 6:07 - 6:09
    est sans cesse signalé dans les médias.
  • 6:09 - 6:10
    Mais grâce à la campagne,
  • 6:10 - 6:13
    elles n'étaient plus
    de simples actualités,
  • 6:13 - 6:16
    c'étaient des expériences personnelles
    touchant de vraies personnes,
  • 6:16 - 6:19
    qui créaient,
    avec la solidarité des autres,
  • 6:19 - 6:21
    ce dont ils avaient besoin
    et qui manquait :
  • 6:21 - 6:22
    une plateforme pour parler,
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    savoir qu'ils n'étaient pas seuls
  • 6:24 - 6:26
    ni responsables
    de ce qui leur était arrivé
  • 6:26 - 6:29
    et discuter ouvertement pour aider
    à réduire la honte autour du problème.
  • 6:29 - 6:33
    La voix de ceux directement touchés
    était en premier plan --
  • 6:33 - 6:36
    pas celles des reporters
    ou des internautes.
  • 6:37 - 6:39
    Et c'est pour ça que c'était d'actualité.
  • 6:40 - 6:42
    On vit dans un monde
    incroyablement connecté
  • 6:42 - 6:44
    avec la prolifération des réseaux sociaux,
  • 6:44 - 6:48
    qui sont bien sûr un moyen génial
    pour provoquer le progrès social.
  • 6:48 - 6:50
    Ça nous a aussi rendus plus réactifs,
  • 6:51 - 6:54
    des petites contrariétés comme
    « Oh, mon train a du retard »,
  • 6:54 - 6:58
    aux grandes injustices de la guerre,
    des génocides, des attaques terroristes.
  • 6:59 - 7:02
    Notre réponse par défaut
    est de bondir pour réagir à une injustice
  • 7:02 - 7:04
    par tweet, sur Facebook, par hashtag --
  • 7:04 - 7:07
    tout faire pour montrer
    qu'on a aussi réagi.
  • 7:08 - 7:10
    Le problème avec
    ces réactions de masse,
  • 7:10 - 7:12
    c'est que parfois
    on ne réagit pas vraiment,
  • 7:13 - 7:15
    pas en agissant réellement
    en tout cas.
  • 7:15 - 7:17
    On se sentira peut-être mieux,
  • 7:17 - 7:20
    comme si on avait contribué
    au deuil ou à l'indignation d'un groupe,
  • 7:20 - 7:22
    mais en soi, ça ne change rien.
  • 7:22 - 7:23
    Et pire encore,
  • 7:23 - 7:25
    parfois cela couvre les voix
  • 7:25 - 7:27
    de ceux directement
    touchés par l'injustice,
  • 7:27 - 7:29
    ceux qui doivent être entendus.
  • 7:30 - 7:34
    Encore plus inquiétant, cette tendance
    qu'ont certaines réactions à l'injustice
  • 7:34 - 7:35
    à bâtir plus de murs ;
  • 7:35 - 7:39
    accuser facilement,
    espérant fournir des solutions simples
  • 7:39 - 7:40
    à des sujets complexes.
  • 7:40 - 7:43
    Un tabloïd britannique,
    en publiant ma lettre,
  • 7:43 - 7:44
    avait comme gros titre :
  • 7:44 - 7:48
    « La campagne en ligne d'étudiants
    d'Oxford pour humilier un agresseur ».
  • 7:50 - 7:52
    Le but de la campagne
    n'était pas l'humiliation.
  • 7:52 - 7:56
    C'était de laisser la parole aux gens
    et faire que les autres écoutent.
  • 7:56 - 7:59
    Les trolls sur Twitter
    ont créé plus d'injustice,
  • 8:00 - 8:02
    commentant la race ou la classe sociale
    de mon agresseur
  • 8:03 - 8:05
    pour avancer leurs propres préjugés.
  • 8:05 - 8:09
    Certains m'ont même accusée de mentir
  • 8:09 - 8:11
    pour avancer, je cite :
  • 8:11 - 8:14
    « mes idées féministes misandres ».
  • 8:15 - 8:16
    (Rires)
  • 8:16 - 8:17
    N'est-ce pas ?
  • 8:17 - 8:20
    Comme si je disais,
    « Hey ! Je ne peux pas venir,
  • 8:20 - 8:22
    je suis trop occupée à essayer
    de détester tous les hommes
  • 8:22 - 8:23
    avant mes 30 ans. »
  • 8:24 - 8:25
    (Rires)
  • 8:25 - 8:27
    Maintenant, je suis presque sûre
  • 8:27 - 8:30
    qu'ils ne diraient pas
    la même chose en personne.
  • 8:30 - 8:32
    Mais, comme ils sont derrière un écran,
  • 8:33 - 8:34
    tranquillement chez eux
  • 8:34 - 8:35
    quand sur les réseaux sociaux,
  • 8:35 - 8:38
    les gens oublient
    qu'ils agissent publiquement --
  • 8:38 - 8:41
    et que les autres les liront
    et seront touchés.
  • 8:41 - 8:44
    Pour en revenir à mon analogie
    de reprendre le train,
  • 8:45 - 8:47
    une autre chose m'inquiète :
    ce bruit qui émane
  • 8:47 - 8:49
    de nos réponses contre l'injustice
  • 8:49 - 8:53
    est qu'il peut vite
    nous poser en victimes,
  • 8:53 - 8:55
    et provoquer un sentiment de défaite,
  • 8:55 - 8:59
    une sorte de barrière mentale qui bloque
    le positif ou une chance de changement
  • 8:59 - 9:00
    après une situation négative.
  • 9:01 - 9:03
    Quelques mois
    avant le début de la campagne
  • 9:03 - 9:05
    et avant mon agression,
  • 9:05 - 9:07
    je suis allée à un TEDx à Oxford,
  • 9:07 - 9:09
    et j'ai vu Zelda La Grange,
  • 9:09 - 9:10
    l'ancienne secrétaire
    de Nelson Mandela.
  • 9:11 - 9:13
    Une des histoires
    qu'elle a racontées m'a frappée.
  • 9:14 - 9:16
    Elle racontait quand
    Mandela avait été poursuivi
  • 9:16 - 9:18
    par le Fédération sud-africaine
    de rugby à XV
  • 9:18 - 9:20
    après avoir ouvert
    une enquête sur le sport.
  • 9:20 - 9:21
    Dans la salle d'audience,
  • 9:21 - 9:24
    il a approché les avocats
    de la Fédération,
  • 9:24 - 9:25
    leur a serré la main
  • 9:25 - 9:27
    et a discuté avec eux,
    dans leur propre langue.
  • 9:28 - 9:29
    Zelda voulait protester,
  • 9:29 - 9:33
    disant qu'ils ne méritaient pas
    son respect après l'injustice causée.
  • 9:34 - 9:36
    Il s'est tourné vers elle et a dit :
  • 9:36 - 9:40
    « Ne laisse jamais l'ennemi
    choisir le terrain d'une bataille. »
  • 9:42 - 9:43
    Quand j'ai entendu ces mots,
  • 9:43 - 9:46
    je ne savais pas pourquoi
    ils étaient importants,
  • 9:46 - 9:49
    mais je le sentais,
    et je les ai écrits dans un carnet.
  • 9:49 - 9:52
    Depuis, j'ai beaucoup
    pensé à cette phrase.
  • 9:52 - 9:54
    La vengeance, ou l'expression de la haine
  • 9:55 - 9:57
    envers ceux qui nous ont blessés,
  • 9:57 - 9:59
    est peut-être la réponse
    de l'instinct face au mal.
  • 10:00 - 10:02
    Il faut briser ces cycles
  • 10:02 - 10:05
    si on espère transformer les injustices
  • 10:05 - 10:06
    en changement social positif.
  • 10:07 - 10:08
    Faire le contraire
  • 10:08 - 10:11
    permet à l'ennemi
    de choisir le terrain de bataille,
  • 10:11 - 10:13
    créé une opposition,
  • 10:13 - 10:15
    où ceux qui ont souffert
    deviennent victimes,
  • 10:15 - 10:17
    et contre eux, les coupables.
  • 10:18 - 10:20
    Et comme on reprend nos métros,
  • 10:20 - 10:23
    on ne peut pas laisser
    nos plateformes de communication
  • 10:23 - 10:25
    être les lieux où on accepte la défaite.
  • 10:27 - 10:30
    Mais je ne veux pas décourager
    une réponse sur les réseaux sociaux,
  • 10:31 - 10:33
    parce que je dois le développement
    de #NonCoupable
  • 10:33 - 10:35
    presqu'entièrement à eux.
  • 10:35 - 10:37
    Je veux encourager
    une approche plus réfléchie
  • 10:37 - 10:39
    de leur utilisation face à l'injustice.
  • 10:39 - 10:42
    D'abord, il faut
    se poser deux questions.
  • 10:42 - 10:45
    Premièrement :
    pourquoi ressent-on cette injustice ?
  • 10:45 - 10:47
    Dans mon cas, il y a plusieurs réponses.
  • 10:47 - 10:49
    Quelqu'un m'a blessée, moi et mes proches,
  • 10:49 - 10:51
    sans penser qu'il devrait
    rendre des comptes
  • 10:51 - 10:54
    ou reconnaître le dommage causé.
  • 10:54 - 10:57
    De plus, des milliers d'hommes
    et de femmes vivent chaque jour
  • 10:57 - 10:59
    le harcèlement, souvent en silence,
  • 10:59 - 11:02
    mais on en parle moins souvent
    que les autres problèmes.
  • 11:02 - 11:05
    C'est un problème pour lequel
    beaucoup blâment les victimes.
  • 11:05 - 11:08
    Ensuite, demandez-vous : comment,
    en connaissant ces raisons,
  • 11:08 - 11:10
    pourrais-je les inverser ?
  • 11:10 - 11:14
    Nous, on demandait des comptes
    à mon agresseur -- et à tant d'autres.
  • 11:14 - 11:16
    On leur montrait les répercussions
    de leur acte.
  • 11:16 - 11:19
    On mettait en avant
    le problème du harcèlement sexuel,
  • 11:19 - 11:22
    en discutant entre amis,
    en famille, dans les médias
  • 11:22 - 11:24
    fermés pendant trop longtemps,
  • 11:24 - 11:26
    et en insistant
    sur l'innocence des victimes
  • 11:26 - 11:27
    après ce qui leur était arrivé.
  • 11:28 - 11:31
    On est encore loin de pouvoir
    résoudre complètement ce problème.
  • 11:31 - 11:32
    Mais de cette façon,
  • 11:32 - 11:36
    les réseaux sociaux peuvent devenir
    des outils actifs pour la justice sociale,
  • 11:36 - 11:38
    des outils éducatifs,
    pour stimuler le dialogue,
  • 11:38 - 11:41
    rendre ceux en position
    d'autorité conscients du problème,
  • 11:41 - 11:43
    en écoutant ceux
    directement touchés.
  • 11:44 - 11:48
    Car parfois ces questions
    n'ont pas de réponses faciles.
  • 11:49 - 11:50
    En fait, c'est rarement le cas.
  • 11:51 - 11:53
    Mais ça ne signifie pas
    que l'on ne peut pas
  • 11:53 - 11:54
    donner une réponse réfléchie.
  • 11:54 - 11:56
    Dans les situations où on ne sait pas
  • 11:57 - 11:59
    comment inverser
    ce sentiment d'injustice,
  • 11:59 - 12:01
    on peut toujours penser,
    pas à ce que l'on peut faire,
  • 12:01 - 12:04
    mais à ce que l'on peut éviter.
  • 12:04 - 12:07
    On peut ne pas bâtir plus de murs
    en contrant l'injustice avec des préjugés
  • 12:07 - 12:09
    ou plus de haine.
  • 12:09 - 12:12
    On peut ne pas couvrir la voix
    de ceux affectés par une injustice.
  • 12:13 - 12:17
    Et on peut ne pas y réagir,
    puis oublier le lendemain,
  • 12:17 - 12:19
    juste parce que le reste
    de Twitter l'a fait.
  • 12:20 - 12:24
    Parfois ne par réagir
    tout de suite est, ironiquement,
  • 12:24 - 12:26
    la meilleure chose
    que l'on puisse faire.
  • 12:28 - 12:32
    On peut être énervé,
    contrarié et stimulé par l'injustice,
  • 12:32 - 12:35
    mais mesurons nos réponses.
  • 12:35 - 12:38
    Tenons compte des gens,
    sans tomber dans une culture
  • 12:39 - 12:42
    qui s'épanouit grâce à l'humiliation
    et au tort que l'on se fait.
  • 12:42 - 12:44
    Rappelons-nous cette différence,
  • 12:44 - 12:46
    si souvent oubliée par les internautes,
  • 12:46 - 12:48
    entre critique et insulte.
  • 12:49 - 12:51
    N'oublions pas
    de penser avant de parler,
  • 12:51 - 12:53
    juste parce que nous sommes
    face à un écran.
  • 12:54 - 12:56
    Si on fait du bruit
    sur les réseaux sociaux,
  • 12:56 - 12:58
    ne le laissons pas noyer
    les besoins de ceux touchés,
  • 12:58 - 13:00
    au contraire, qu'il amplifie leurs voix,
  • 13:01 - 13:04
    pour qu'internet devienne un lieu
    où il n'est pas exceptionnel
  • 13:04 - 13:06
    de réagir à quelque chose
    qui nous est arrivé.
  • 13:07 - 13:09
    Ces approches réfléchies
    face à l'injustice
  • 13:09 - 13:11
    rappellent les raisons
    de la création d'internet :
  • 13:12 - 13:15
    communiquer, s'exprimer, se connecter --
  • 13:15 - 13:17
    tous ces termes qui supposent
    de rassembler les gens
  • 13:17 - 13:19
    et non pas de les éloigner.
  • 13:19 - 13:23
    Car si vous cherchez
    « justice » dans un dictionnaire,
  • 13:24 - 13:25
    avant « punition »,
  • 13:25 - 13:28
    avant « administration judiciaire »
    ou « autorité judiciaire »,
  • 13:30 - 13:30
    vous trouvez :
  • 13:31 - 13:33
    « Maintien de ce qui est juste. »
  • 13:34 - 13:37
    Et je pense qu'il y a peu de choses
    plus « justes » dans ce monde
  • 13:38 - 13:39
    que de rassembler les gens,
  • 13:39 - 13:41
    que les unions.
  • 13:41 - 13:44
    Et si on permet aux réseaux sociaux
    de transmettre cela,
  • 13:44 - 13:48
    ils pourront rendre une forme
    très forte de justice.
  • 13:48 - 13:50
    Merci beaucoup.
  • 13:50 - 13:56
    (Applaudissements)
Title:
Comment on parle en ligne des agressions sexuelles
Speaker:
Ione Wells
Description:

Nous avons besoin d'une approche plus réfléchie quant à l'utilisation des réseaux sociaux pour la justice sociale, dit l'écrivain et activiste Ione Wells. Après avoir été victime d'une agression à Londres, elle a publié une lettre à son agresseur dans un journal étudiant. Devenue virale, cette lettre a lancé la campagne #NotGuilty contre la violence sexuelle et la culpabilisation des victimes. Dans ce discours émouvant, elle décrit comment avoir partagé son expérience personnelle a donné espoir à d'autres et délivre un message fort contre la culture de l'humiliation en ligne.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
13:56

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