Emma Watson at the HeForShe Campaign 2014 - Official UN Video

A présent, je vous présente une jeune
femme qui a choisi de prêter sa voix

à ce mouvement de solidarité si important.

C'est une grande actrice britannique,

elle milite elle-même pour l'égalité
des sexes.

Elle s'est impliquée dans la promotion de
l'éducation des filles

et ce pendant de nombreuses années.

Dans le cadre de ses missions humanitaires,

elle a visité Bangladesh, Zambia.

Revenue récemment de sa première mission
en Uruguay avec l'ONU Femmes

Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir
avec moi sur scène

notre co-hôte ainsi que l'ambassadrice
mondiale de l'UN Women Goodwill,

Emma Watson.

Vos excellences,

Monsieur le Secrétaire Général
de l'ONU,

Monsieur le Président de
l'Assemblée Générale,

Madame la directrice générale
d'ONU Femmes

et chers invités de marque,

Aujourd'hui, nous lançons une
campagne nommée HeForShe.

Je m'adrese à vous car nous avons
besoin de votre aide.

Nous voulons mettre fin à l'inégalité
des sexes

et pour cela, nous avons besoin
de l'implication de chacun d'entre vous.

C'est la première campagne de ce genre
à l'ONU.

Nous voulons essayer de galvaniser autant
d'hommes et de garçons que possible

pour qu'ils prônent le changement.

Et nous ne voulons pas juste en parler,

nous voulons essayer de faire en sorte
que cela soit tangible.

J'ai été nommée comme Ambassadrice pour
l'ONU Femmes il y a six mois.

Et plus j'ai abordé le sujet du féminisme,

plus j'ai réalisé que le combat pour
les droits des femmes

a trop souvent été synonyme de haine
envers les hommes.

S'il y a bien une chose dont je suis
certaine,

c'est qu'il faut y mettre un terme.

Pour information,

le féminisme se définit comme la croyance
qu'hommes et femmes devraient être

égaux en droits ainsi qu'avoir accès
aux mêmes opportunités.

C'est la théorie de l'égalité politique,
économique et sociale des sexes.

Il y a longtemps que j'ai commencé à
me questionner

sur les préjugés fondés sur le sexe.

Lorsque j'avais huit ans,

je ne comprenais pas pourquoi
on me décrivait comme "autoritaire"

car je voulais mettre en scène les pièces
de théâtre que l'on présentait aux parents,

alors qu'on ne disait rien aux
garçons qui faisaient de même.

Quand à l'âge de quatorze ans,

j'ai commencée à être sexualisé par
certains éléments des médias.

Quand à quinze ans,

mes amies ont commencé à abandonner
leurs équipes sportives préférées

car elles ne voulaient pas paraître trop
"musclées".

Quand à 18 ans, mes copains n'étaient
pas capables d'exprimer leurs émotions.

C'est là que j'ai décidé que
j'étais féministe.

Et cela ne me semblait pas
compliqué.

Mais mes récentes recherches

m'ont montré que c'est un terme
devenu impopulaire.

Des femmes font le choix de ne
pas s'identifier comme féministes.

Apparemment,

je fais partie de celles dont les propos
sont jugés trop forts,

trop agressifs,

ségrégateurs,

"anti-hommes"

et même peu attrayants.

Pourquoi ce mot est-il devenu si gênant ?

Je viens de Grande-Bretagne,

et je pense qu'il est normal que je sois
payée autant que mes homologues masculins.

Je pense que je devrais avoir le droit
de prendre des décisions

relatives à mon propre corps.

Je pense...

Je pense qu'il est normal que les femmes
participent à la politique

ainsi qu'aux prises de décisions qui
affecteront ma vie.

Je pense qu'il est normal que l'on
m'accorde autant de respect qu'à un homme.

Mais malheureusement,

je peux vous affirmer qu'il n'y a pas un
seul pays au monde

où les femmes pourraient s'attendre
à bénéficier de ces droits.

Pas un seul pays au monde

ne peut actuellement affirmer être
parvenu à atteindre l'égalité des sexes.

A mon sens, ces droits représentent
des droits humains.

Mais je fais partie de celles qui ont
de la chance.

J'ai une vie privilégiée

car mes parents ne m'ont pas donné
moins d'amour parce que je suis une fille.

Mon école ne m'a pas imposée de
limites car j'étais une fille.

Mes mentors n'ont pas supposés que j'irais
moins loin

car je suis susceptible un jour d'avoir
des enfants.

Ce sont ces influences ainsi que les
ambassadeurs de l'égalité des sexe

qui ont fait de moi celle que je
suis devenue aujourd'hui.

Ils ne le savent peut-être pas

mais ils font involontairement
partie des féministes

qui changent le monde aujourd'hui.

Nous avons besoin d'un plus
grand nombre d'entre eux,

et si vous détestez encore ce terme,
ce n'est pas lui qui est important.

Ce sont les idées et l'ambition
derrière ce dernier.

Car toutes les femmes ne bénéficient
pas des mêmes droits que moi.

En réalité, d'un point de vue statistique,
très peu en bénéficient.

En 1997, Hillary Clinton a prononcé un
célèbre discours à Pékin

sur les droits des femmes.

Malheureusement,

son appel au changement reste
aujourd'hui d'actualité.

Mais ce qui m'a le plus frappé,

c'était de constater que moins de 30% de
l'audience était composée d'hommes.

Comment pouvons-nous prétendre
à un changement

lorsque la moitié de la
population n'est pas invitée

ou ne se sent pas la bienvenue à
prendre part à ce débat ?

Messieurs,

j'aimerais profiter de cette occasion
pour vous inviter de façon formelle.

L'égalité des sexes vous concerne
tout autant.

Car jusqu'à présent,

j'ai vu la manière dont mon père
était considéré comme le parent

le moins important aux yeux de la société,

alors que j'avais tout autant besoin de
sa présence étant enfant.

J'ai vu des jeunes hommes souffrir de
troubles mentaux,

incapables de demander de l'aide par
peur d'être jugés comme pas assez virils,

pas assez "homme".

Au Royaume-Uni, le suicide est la
première cause de décès chez les hommes

âgés de 20 à 49 ans,

devant les accidents de voiture, le
cancer et les maladies cardio-vasculaires.

J'ai vu des hommes devenus fragiles et
peu sûrs d'eux,

à cause de la vision distordue de ce que
constitue le succès au masculin.

Les hommes ne bénéficient pas non plus
de l'égalité.

Nous ne parlons pas assez de ces
hommes emprisonnés

dans ces stéréotypes de genre,

mais je sais qu'il y en a.

Et c'est quand ils en seront libérés

que les choses changeront pour
les femmes

comme conséquence naturelle.

Si les hommes n'avaient plus ce besoin
d'être agressif pour se sentir accepté,

alors les femmes n'auraient pas à
se sentir obligées de se soumettre.

Si les hommes n'avaient pas à
contrôler,

alors les femmes n'auraient pas
à être contrôlées.

Hommes et femmes devraient avoir le
droit d'être sensible,

Hommes et femmes devraient avoir le
droit d'être forts.

Il est grand temps de considérer le genre
comme un spectre,

et non pas deux idéaux opposés l'un
à l'autre.

Si...

Si nous arrêtions de nous définir les uns
les autres par ce que nous ne sommes pas,

pour plutôt nous définir par ce que nous
sommes,

alors nous serons plus libres.

C'est ce que représente HeForShe.

HeForShe représente la liberté.

Je veux que les hommes prennent le relais

pour que leurs filles, leurs sœurs et
leurs mères

n'aient plus à subir de préjudices.

C'est aussi pour que leurs fils aient le
droit de se montrer vulnérables et humains.

Nous voulons revoir cette partie
d'eux-mêmes qu'ils ont dû abandonner

afin qu'ils puissent devenir une version
plus vraie et complète de leur personne.

Vous vous dites peut-être :

"qui est cette fille sortie
d'Harry Potter ?"

ou encore

"qu'est ce qu'elle fait ici à donner un
discours pour l'ONU ?"

et c'est une très bonne question, je
me la pose également.

Tout ce que je sais, c'est que c'est un
problème qui me tient à cœur

et je désire faire changer les choses.

Etant donné tout ce que j'ai vu

et face à cette opportunité,

il était de mon devoir de ne pas rester
muette.

Statesman Edmund Burke a dit
la chose suivante :

"la seule chose dont ont besoin les
forces du mal pour triompher,

c'est l'inaction des Hommes".

Dans mes moments de nervosité et de doutes
à l'idée de prononcer ce discours,

je me répétais fermement :

"si tu ne le fais pas, qui le fera ?"

"si tu ne le fais pas maintenant,
quand le feras-tu ?'

Si vous doutez lorsque des opportunités
se présentent à vous,

j'espère que ces mots vous seront
utiles.

Car voilà la réalité :

si nous restons passifs, il nous faudra
attendre 75 ans,

ce qui représenterait à peu près
mon centième anniversaire,

avant que les femmes n'aient
un salaire égal à celui des hommes.

A travail égal.

15.5 millions de petites filles seront
mariées dans les 16 prochaines années.

Et au rythme actuel,

ce n'est qu'à partir de 2086 que
l'on peut espérer voir

l'ensemble des filles issues
d'Afrique rurale

bénéficier d'une éducation
secondaire.

Si vous croyez en l'égalité,

alors peut-être vous faites partie
de ces féministes par inadvertance

dont j'ai parlé plus tôt,

Et je vous applaudis pour cela.

Nous avons du mal à trouver un
terme qui nous mette tous d'accord,

mais nous avons un mouvement qui
nous unit tous.

Ce mouvement s'appelle
HeForShe

Je vous invite à faire un pas en avant,

à faire entendre vos idées,

ainsi qu'à vous poser la question
suivante :

"si je ne le fais pas,
qui le fera ?"

"si je ne le fais pas maintenant,
je le ferai quand ?"

Je vous remercie.