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Raj Panjabi à TED2017

  • 0:01 - 0:04
    Je veux partager avec vous
    une chose que mon père m'a apprise :
  • 0:05 - 0:08
    aucune situation n'est permanente.
  • 0:09 - 0:12
    C'est une leçon qu'il a partagée
    avec moi à plusieurs reprises
  • 0:12 - 0:16
    et j'ai appris à mes dépens
    que c'était vrai.
  • 0:17 - 0:20
    Me voilà avec ma classe de CM1.
  • 0:20 - 0:23
    C'est ma photo de classe
    prise dans mon école
  • 0:23 - 0:25
    à Monrovia, au Liberia.
  • 0:26 - 0:30
    Mes parents ont émigré d'Inde
    en Afrique de l'Ouest dans les années 70
  • 0:30 - 0:32
    et j'ai eu de le privilège
    de grandir là-bas.
  • 0:34 - 0:35
    J'avais neuf ans,
  • 0:35 - 0:37
    j'adorais jouer au foot
  • 0:37 - 0:39
    et j'étais passionné
    par les maths et la science.
  • 0:39 - 0:43
    Je vivais le genre de vie
    dont tout enfant rêverait.
  • 0:45 - 0:48
    Mais aucune situation n'est permanente.
  • 0:48 - 0:51
    Lors du réveillon de Noël en 1989,
  • 0:51 - 0:54
    la guerre civile a éclaté au Liberia.
  • 0:55 - 0:57
    La guerre a démarré dans la campagne
  • 0:57 - 1:01
    et, en quelques mois, des armées rebelles
    avaient marché jusqu'à notre ville.
  • 1:01 - 1:02
    Mon école a été fermée
  • 1:02 - 1:06
    et quand les armées rebelles se sont
    emparées du seul aéroport international,
  • 1:06 - 1:08
    les gens ont commencé à paniquer et fuir.
  • 1:10 - 1:13
    Un matin, ma mère a frappé à ma porte
    et a dit : « Raj, fais tes valises --
  • 1:13 - 1:14
    nous devons partir. »
  • 1:15 - 1:17
    On nous a emmenés dans le centre ville
  • 1:17 - 1:21
    et, sur le tarmac,
    on nous a divisés en deux files.
  • 1:23 - 1:25
    Je me suis tenu avec ma famille
    dans une file,
  • 1:25 - 1:28
    on nous a tassés
    dans la trappe de cargaison
  • 1:28 - 1:29
    d'un avion de sauvetage.
  • 1:29 - 1:32
    J'étais assis là sur un banc,
    le cœur battant à 100 à l'heure.
  • 1:32 - 1:35
    En regardant par la trappe ouverte,
  • 1:35 - 1:38
    j'ai vu des centaines de Libériens
    dans une autre file,
  • 1:38 - 1:40
    les enfants sanglés dans leur dos.
  • 1:41 - 1:43
    Quand ils ont essayé de rentrer avec nous,
  • 1:43 - 1:46
    j'ai regardé des soldats les retenir.
  • 1:47 - 1:48
    Ils n'avaient pas le droit de fuir.
  • 1:49 - 1:51
    Nous étions les chanceux.
  • 1:51 - 1:53
    Nous avons perdu ce que nous avions
  • 1:53 - 1:56
    mais nous sommes réinstallés en Amérique
  • 1:56 - 1:59
    et, étant des immigrants, avons bénéficié
    de la communauté de soutien
  • 1:59 - 2:00
    qui s'est réunie autour de nous.
  • 2:02 - 2:05
    Ils ont accueilli ma famille
    dans leur maison, m'ont guidé.
  • 2:06 - 2:08
    Ils ont aidé mon père à ouvrir un magasin.
  • 2:08 - 2:11
    J'allais voir mon père
    le week-end quand j'étais ado
  • 2:11 - 2:13
    pour l'aider à vendre
    des baskets et jeans.
  • 2:13 - 2:15
    Dès que les affaires allaient mal,
  • 2:15 - 2:18
    il me rappelait ce mantra :
  • 2:18 - 2:20
    aucune situation n'est permanente.
  • 2:21 - 2:25
    Ce mantra, la persévérance de mes parents
    et cette communauté de soutien
  • 2:25 - 2:28
    ont rendu possible
    que j'aille à l'université
  • 2:28 - 2:29
    puis en école de médecine.
  • 2:30 - 2:33
    Mes espoirs avaient été détruits
    durant une guerre
  • 2:34 - 2:35
    mais grâce à eux,
  • 2:35 - 2:38
    j'ai eu la chance de réaliser mon rêve
    de devenir médecin.
  • 2:39 - 2:41
    Ma situation avait changé.
  • 2:43 - 2:45
    Cela faisait 15 ans
    que j'avais fui cet aérodrome
  • 2:45 - 2:48
    mais le souvenir de ces deux files
    ne m'avait jamais quitté.
  • 2:48 - 2:51
    J'étais un étudiant en médecine,
    j'avais environ 25 ans
  • 2:51 - 2:52
    et je voulais y retourner
  • 2:52 - 2:55
    pour voir si je pouvais servir
    les gens laissés pour compte.
  • 2:56 - 2:57
    Quand j'y suis retourné,
  • 2:57 - 2:59
    j'ai trouvé une destruction totale.
  • 2:59 - 3:01
    La guerre nous avait laissés
    avec 51 médecins
  • 3:01 - 3:03
    pour servir un pays
    de 4 millions d'habitants.
  • 3:03 - 3:07
    C'est comme si la ville de San Francisco
    n'avait que 10 médecins.
  • 3:07 - 3:10
    Si vous tombiez malade dans la ville
    où il restait un médecin,
  • 3:11 - 3:12
    vous aviez une chance.
  • 3:12 - 3:16
    Si vous tombiez malade dans une communauté
    éloignée, dans la forêt tropicale,
  • 3:16 - 3:18
    où vous étiez à des jours
    de toute clinique --
  • 3:18 - 3:22
    je voyais mes patients mourir de maladies
    dont personne ne devrait mourir,
  • 3:22 - 3:24
    juste parce qu'ils arrivaient trop tard.
  • 3:24 - 3:28
    Imaginez qu'un enfant de deux ans
    se réveille avec de la fièvre un matin
  • 3:28 - 3:30
    et vous réalisez qu'il pourrait
    avoir la malaria
  • 3:30 - 3:33
    et la seule façon qu'il ait
    les médicaments nécessaires
  • 3:33 - 3:35
    serait de l'amener à la rivière,
  • 3:35 - 3:37
    de prendre un canoë jusqu'à l'autre côté
  • 3:37 - 3:40
    puis de marcher pendant deux jours
    à travers la forêt
  • 3:40 - 3:42
    pour atteindre la clinique la plus proche.
  • 3:42 - 3:45
    Un milliard de gens vivent
    dans les communautés les plus reculées
  • 3:45 - 3:49
    et, malgré les progrès faits
    en médecine et technologie modernes,
  • 3:49 - 3:52
    nos innovations ne suffisent pas.
  • 3:52 - 3:54
    Ces communautés sont laissées pour compte
  • 3:54 - 3:57
    car on les pense trop difficiles
    à atteindre et à servir.
  • 3:58 - 4:00
    Les maladies sont universelles ;
  • 4:00 - 4:02
    l'accès aux soins ne l'est pas.
  • 4:02 - 4:05
    Réaliser cela a allumé
    une flamme dans mon âme.
  • 4:05 - 4:09
    Personne ne devrait mourir car ils vivent
    trop loin d'un médecin ou d'une clinique.
  • 4:09 - 4:12
    Aucune situation
    ne devrait être permanente.
  • 4:13 - 4:16
    Dans ce cas, l'aide
    ne venait pas de l'extérieur
  • 4:16 - 4:18
    mais de l'intérieur.
  • 4:18 - 4:20
    Elle venait des communautés elles-mêmes.
  • 4:20 - 4:22
    Voici Musu.
  • 4:22 - 4:23
    Dans la campagne libérienne,
  • 4:23 - 4:27
    où la plupart des filles n'ont pas
    l'opportunité de finir l'école primaire,
  • 4:27 - 4:29
    Musu a persisté.
  • 4:30 - 4:32
    A l'âge de 18 ans, elle a terminé le lycée
  • 4:32 - 4:34
    et elle est revenue dans sa communauté.
  • 4:35 - 4:37
    Elle a vu qu'aucun des enfants
    n'obtenait de traitement
  • 4:37 - 4:40
    pour les maladies qu'il fallait soigner --
  • 4:40 - 4:42
    des maladies mortelles :
    la malaria, la pneumonie.
  • 4:42 - 4:44
    Elle s'est inscrite en tant que bénévole.
  • 4:46 - 4:49
    Il y a des millions de volontaires
    dans les zones rurales dans le monde
  • 4:50 - 4:51
    et nous avons pensé --
  • 4:51 - 4:55
    les membres des communautés pourraient
    nous aider à résoudre un problème.
  • 4:56 - 4:59
    Notre système de santé
    est structuré de telle façon
  • 4:59 - 5:03
    que le diagnostic des maladies
    et la prescription de médicaments
  • 5:03 - 5:06
    est limité à une équipe
    d'infirmiers et de médecins comme moi.
  • 5:06 - 5:09
    Mais infirmiers et médecins
    sont concentrés dans les villes
  • 5:09 - 5:12
    et les communautés rurales
    sont laissées pour compte.
  • 5:13 - 5:15
    Nous nous sommes demandé :
  • 5:15 - 5:17
    et si nous réorganisions
    le système de santé ?
  • 5:17 - 5:20
    Et si nous avions des membres
    de la communauté comme Musu
  • 5:20 - 5:23
    qui faisaient partie ou étaient au centre
    de notre équipe médicale ?
  • 5:23 - 5:27
    Et si Musu pouvait nous aider à apporter
    les soins des cliniques des villes
  • 5:27 - 5:30
    jusqu'au seuil de porte de ses voisins ?
  • 5:31 - 5:33
    Musu avait 48 ans
    quand je l'ai rencontrée.
  • 5:34 - 5:37
    Malgré son talent
    extraordinaire et son cran,
  • 5:37 - 5:40
    elle n'avait pas eu de travail
    avec un salaire depuis 30 ans.
  • 5:41 - 5:44
    Et si la technologie pouvait l'aider ?
  • 5:44 - 5:49
    Et si nous investissions en elle
    avec une vraie formation,
  • 5:49 - 5:51
    l'équipions de vrais médicaments
  • 5:53 - 5:55
    et qu'elle avait un vrai travail ?
  • 5:56 - 6:01
    En 2007, j'essayais
    de répondre à ces questions
  • 6:01 - 6:03
    et comme ma femme et moi
    nous mariions cette année-là,
  • 6:04 - 6:09
    nous avons demandé à notre famille
    de laisser tomber les cadeaux de mariage
  • 6:09 - 6:10
    et de nous donner de l'argent
  • 6:10 - 6:13
    pour que nous puissions démarrer
    une organisation à but non lucratif.
  • 6:14 - 6:17
    Je vous promets, je suis
    bien plus romantique que ça.
  • 6:17 - 6:18
    (Rires)
  • 6:18 - 6:21
    Nous avons recueilli 6 000 $,
  • 6:21 - 6:23
    fait équipe avec
    des Libériens et Américains
  • 6:23 - 6:25
    et lancé « La dernière
    ligne droite de la santé ».
  • 6:25 - 6:30
    Notre objectif est que tout le monde
    ait un agent de santé accessible, partout.
  • 6:30 - 6:32
    Nous avons un processus en trois étapes --
  • 6:32 - 6:34
    former, équiper et payer --
  • 6:34 - 6:37
    pour investir plus profondément
    dans les volontaires comme Musu
  • 6:37 - 6:39
    pour qu'ils deviennent
    des paraprofessionnels,
  • 6:39 - 6:41
    des agents de santé communautaires.
  • 6:41 - 6:46
    Nous avons formé Musu à éviter,
    diagnostiquer et traiter
  • 6:46 - 6:49
    les 10 maladies majeures
    affectant les familles dans son village.
  • 6:50 - 6:53
    Un infirmier superviseur allait la voir
    tous les mois pour l'encadrer.
  • 6:54 - 6:56
    Nous l'avons équipée
    de technologie médicale moderne,
  • 6:56 - 7:00
    comme ce test rapide
    pour la malaria qui coûte un dollar,
  • 7:00 - 7:04
    et lui avons donné un sac-à-dos
    plein de médicaments
  • 7:04 - 7:06
    pour traiter des infections
    comme la pneumonie,
  • 7:07 - 7:08
    et, c'est crucial,
  • 7:08 - 7:12
    un smartphone pour qu'elle surveille
    et signale les épidémies.
  • 7:13 - 7:16
    Pour finir, nous avons reconnu
    la dignité du travail de Musu.
  • 7:16 - 7:19
    Avec le gouvernement libérien,
    nous avons créé un contrat,
  • 7:19 - 7:20
    l'avons payée
  • 7:20 - 7:22
    et lui avons donné un vrai travail.
  • 7:22 - 7:24
    Elle est géniale.
  • 7:24 - 7:27
    Musu a appris plus
    de 30 compétences médicales,
  • 7:27 - 7:30
    du dépistage de la malnutrition
    chez les enfants
  • 7:30 - 7:33
    à l'évaluation de la cause de la toux
    d'un enfant avec un smartphone
  • 7:33 - 7:36
    en passant par le soutien
    des personnes atteintes de VIH
  • 7:36 - 7:40
    et le suivi des patients
    ayant perdu leurs membres.
  • 7:42 - 7:44
    Travailler dans notre équipe,
  • 7:44 - 7:46
    en tant que paraprofessionnels,
  • 7:46 - 7:48
    les agents de santé communautaires
    peuvent garantir
  • 7:48 - 7:50
    que ce que fait un médecin de famille
  • 7:50 - 7:54
    arrive jusqu'aux endroits où la plupart
    des médecins de famille n'iront pas.
  • 7:54 - 7:57
    Une des choses que j'adore faire,
    c'est prendre soin des patients
  • 7:57 - 7:58
    avec les agents de santé.
  • 7:58 - 8:01
    L'année dernière, j'ai été voir A.B.
  • 8:01 - 8:04
    et, comme Musu, A.B. avait eu
    la chance d'aller à l'école.
  • 8:04 - 8:08
    Il était au collège, en 4ème,
  • 8:08 - 8:09
    quand ses parents sont morts.
  • 8:09 - 8:11
    Il est devenu orphelin
    et a dû abandonner l'école.
  • 8:13 - 8:17
    L'année dernière, nous avons engagé
    et formé A.B. comme agent de santé.
  • 8:18 - 8:21
    Alors qu'il allait de maison en maison
    voir ses patients,
  • 8:21 - 8:23
    il a rencontré ce jeune garçon, Prince,
  • 8:23 - 8:27
    dont la mère avait des difficultés
    pour le nourrir au sein
  • 8:27 - 8:30
    et, à l'âge de six mois, Prince
    avait commencé à perdre du poids.
  • 8:30 - 8:33
    A.B. venait d'apprendre à utiliser
    ce ruban de mesure coloré
  • 8:34 - 8:37
    qui entoure le haut du bras d'un enfant
    pour diagnostiquer la malnutrition.
  • 8:37 - 8:40
    A.B. a remarqué que Prince
    était dans la zone rouge,
  • 8:40 - 8:41
    il devait être hospitalisé.
  • 8:41 - 8:44
    Alors A.B. a emmené Prince
    et sa mère à la rivière,
  • 8:44 - 8:45
    est monté dans un canoë
  • 8:45 - 8:48
    et a pagayé pendant quatre heures
    pour aller à l'hôpital.
  • 8:48 - 8:50
    Après que Prince est sorti de l'hôpital,
  • 8:51 - 8:55
    A.B. a appris à la mère à donner
    des compléments alimentaires au bébé.
  • 8:56 - 8:58
    Quelques mois après,
  • 8:58 - 9:01
    A.B. m'a emmené voir Prince
    et c'est un petit gars joufflu.
  • 9:01 - 9:02
    (Rires)
  • 9:02 - 9:05
    Il progresse,
    arrive à se mettre debout
  • 9:06 - 9:07
    et commence même à dire quelques mots.
  • 9:07 - 9:10
    Je suis inspiré par ces agents
    de santé communautaires.
  • 9:10 - 9:12
    Je leur demande souvent
    pourquoi ils font cela
  • 9:12 - 9:14
    et quand j'ai demandé à A.B.,
  • 9:15 - 9:19
    il a dit : « Doc, depuis que j'ai quitté
    l'école, c'est la première fois
  • 9:19 - 9:22
    que j'ai l'opportunité
    de tenir un crayon pour écrire.
  • 9:22 - 9:24
    Mon cerveau se rafraîchit. »
  • 9:26 - 9:30
    Les histoires d'A.B. et de Musu
    m'ont appris quelque chose de fondamental
  • 9:30 - 9:31
    sur le fait d'être humain.
  • 9:32 - 9:34
    Notre volonté d'aider les autres
  • 9:35 - 9:39
    peut nous aider à transformer
    notre propre situation.
  • 9:40 - 9:44
    J'ai été si ému par la force
    de notre volonté à aider les autres
  • 9:44 - 9:45
    il y a quelques années,
  • 9:46 - 9:48
    face à une catastrophe mondiale.
  • 9:49 - 9:50
    En décembre 2013,
  • 9:50 - 9:54
    il s'est produit quelque chose
    dans la forêt tropicale en Guinée.
  • 9:54 - 9:56
    Un bambin, Émile, est tombé malade,
  • 9:56 - 9:59
    il vomissait, avait de la fièvre
    et la diarrhée.
  • 9:59 - 10:01
    Il vivait dans une région
    où les routes sont rares
  • 10:01 - 10:04
    et il a un fort manque d'agents de santé.
  • 10:05 - 10:06
    Émile est mort
  • 10:06 - 10:10
    et, quelques semaines après,
    sa sœur est morte et puis sa mère.
  • 10:10 - 10:13
    Cette maladie allait se propager
    d'une communauté à l'autre.
  • 10:13 - 10:15
    Ce n'est que trois mois plus tard
  • 10:15 - 10:18
    que le monde a reconnu cela
    comme étant Ebola.
  • 10:18 - 10:21
    Quand chaque minute comptait,
    nous avions perdu des mois
  • 10:21 - 10:25
    et le virus s'était déjà propagé
    tel un feu de forêt en Afrique de l'Ouest
  • 10:25 - 10:27
    puis dans d'autres parties du monde.
  • 10:27 - 10:28
    Les entreprises fermaient,
  • 10:28 - 10:30
    les compagnies aériennes
    annulaient des vols.
  • 10:30 - 10:31
    A l'apogée de la crise,
  • 10:31 - 10:36
    quand on nous a dit que 1,4 million
    de personnes pourraient être atteintes,
  • 10:36 - 10:39
    que la plupart allaient mourir,
  • 10:39 - 10:42
    quand nous avions perdu
    presque tout espoir,
  • 10:44 - 10:47
    je me suis souvenu m'être tenu
    avec des agents de santé
  • 10:47 - 10:49
    dans la forêt tropicale
    où une épidémie s'était déclenchée.
  • 10:49 - 10:53
    Nous aidions à les former et équiper
    pour qu'ils mettent le masque,
  • 10:53 - 10:54
    les gants et la blouse nécessaires
  • 10:54 - 10:56
    pour se protéger du virus
  • 10:56 - 10:59
    alors qu'ils servaient leurs patients.
  • 10:59 - 11:01
    Je me souviens de la peur dans leurs yeux.
  • 11:02 - 11:07
    Je me souviens ne pas avoir dormi,
    terrifié quant à mon choix
  • 11:09 - 11:10
    de les laisser sur le terrain.
  • 11:11 - 11:15
    Quand Ebola a menacé de mettre
    l'humanité à genoux,
  • 11:15 - 11:19
    les agents de santé libériens
    n'ont pas cédé face à la peur.
  • 11:20 - 11:22
    Ils ont fait comme toujours :
  • 11:22 - 11:25
    ils ont répondu à l'appel
    pour aider leurs voisins.
  • 11:26 - 11:29
    Les membres des communautés du Liberia
    ont appris les symptômes d'Ebola,
  • 11:29 - 11:33
    ont fait équipe avec des infirmiers
    et médecins pour faire du porte à porte
  • 11:33 - 11:35
    et soigner les malades.
  • 11:35 - 11:38
    Ils ont repéré des milliers de personnes
    qui avaient été exposées au virus
  • 11:38 - 11:40
    et ont aidé à briser
    la chaîne de transmission.
  • 11:40 - 11:44
    Dix mille agents de santé communautaires
    ont risqué leur propre vie
  • 11:44 - 11:47
    pour aider à traquer ce virus
    et à empêcher qu'il se propage.
  • 11:48 - 11:53
    (Applaudissements)
  • 11:55 - 11:58
    Aujourd'hui, Ebola est sous contrôle
    en Afrique de l'Ouest
  • 11:58 - 12:00
    et nous avons appris des choses.
  • 12:00 - 12:05
    Les angles morts dans les soins ruraux
    peuvent être des points chauds de maladie
  • 12:05 - 12:07
    et cela nous met tous en grand danger.
  • 12:08 - 12:10
    Le système de secours le plus efficace
  • 12:10 - 12:12
    est un système quotidien
  • 12:12 - 12:15
    et que ce système doit atteindre
    toutes les communautés,
  • 12:15 - 12:18
    y compris les communautés rurales
    comme celle d’Émile.
  • 12:19 - 12:20
    Et surtout,
  • 12:20 - 12:23
    nous avons appris du courage
    des agents de santé libériens
  • 12:23 - 12:27
    que nous, en tant que personnes,
    ne sommes pas définis par notre situation,
  • 12:27 - 12:29
    même si elle semble désespérée.
  • 12:30 - 12:33
    Nous sommes définis
    par notre réponse à la situation.
  • 12:34 - 12:36
    Ces 15 dernières années,
  • 12:37 - 12:39
    j'ai vu le pouvoir de cette idée
  • 12:39 - 12:43
    transformer des citoyens ordinaires
    en agents de santé communautaires --
  • 12:43 - 12:45
    en héros du quotidien.
  • 12:46 - 12:48
    J'ai vu cela à l’œuvre partout
  • 12:48 - 12:50
    des communautés forestières
    de l'Afrique de l'Ouest
  • 12:50 - 12:52
    aux villages de pêcheurs en Alaska.
  • 12:53 - 12:54
    C'est vrai,
  • 12:54 - 12:57
    ces agents de santé communautaires
    ne font pas de neurochirurgie,
  • 12:57 - 12:59
    mais ils rendent cela possible
  • 12:59 - 13:02
    d'avoir des soins de santé
    accessibles à tous partout.
  • 13:04 - 13:05
    Et maintenant ?
  • 13:06 - 13:10
    Nous savons qu'il y a encore
    des millions de gens qui meurent
  • 13:10 - 13:11
    de causes évitables
  • 13:11 - 13:13
    dans les communautés rurales du monde.
  • 13:13 - 13:17
    Nous savons que la grande majorité
    de ces morts se produisent
  • 13:17 - 13:19
    dans ces 75 pays en bleu.
  • 13:20 - 13:21
    Nous savons aussi
  • 13:21 - 13:24
    que si nous formions une armée
    d'agents de santé communautaires
  • 13:24 - 13:28
    et leur apprenions ne serait-ce
    que 30 compétences vitales,
  • 13:29 - 13:33
    nous pourrions sauver les vies de près
    de 30 millions de personnes d'ici à 2030.
  • 13:34 - 13:38
    Trente services sauveraient
    30 millions de vie d'ici à 2030.
  • 13:38 - 13:40
    Ce n'est pas qu'un plan --
  • 13:40 - 13:42
    nous prouvons que cela peut être fait.
  • 13:42 - 13:43
    Au Liberia,
  • 13:43 - 13:47
    le gouvernement libérien forme
    des milliers d'agents comme A.B. et Musu
  • 13:47 - 13:49
    après Ebola,
  • 13:49 - 13:52
    pour apporter des soins à tous les enfants
    et toutes les familles du pays.
  • 13:52 - 13:54
    Nous avons eu l'honneur
    de travailler avec eux
  • 13:54 - 13:57
    et faisons équipe
    avec beaucoup d'organisations
  • 13:57 - 13:59
    qui travaillent dans d'autres pays
  • 13:59 - 14:01
    pour aider à faire la même chose.
  • 14:02 - 14:05
    Si nous pouvions aider ces pays
    à étendre ce projet,
  • 14:06 - 14:07
    nous sauverions des millions de vies
  • 14:07 - 14:09
    et, en même temps,
  • 14:09 - 14:10
    créerions des millions d'emplois.
  • 14:12 - 14:15
    Néanmoins, nous ne pouvons pas
    le faire sans la technologie.
  • 14:15 - 14:18
    Les gens ont peur que la technologie
    ne vole nos emplois
  • 14:18 - 14:21
    mais quand il s'agit
    des agents de santé,
  • 14:21 - 14:24
    la technologie est vitale
    à la création d'emplois.
  • 14:24 - 14:26
    Sans technologie --
    sans ce smartphone,
  • 14:26 - 14:29
    sans un test rapide --
  • 14:30 - 14:34
    il nous aurait été impossible
    d'employer A.B. et Musu.
  • 14:35 - 14:38
    Il est temps que la technologie
    nous aide à former,
  • 14:38 - 14:42
    nous aide à former les gens plus vite
    et mieux que jamais auparavant.
  • 14:43 - 14:44
    En tant que médecin,
  • 14:44 - 14:47
    j'utilise la technologie
    pour rester à jour.
  • 14:47 - 14:50
    J'utilise des smartphones,
    applications et cours en ligne.
  • 14:50 - 14:52
    Quand A.B. veut apprendre,
  • 14:52 - 14:54
    il doit retourner dans ce canoë
  • 14:55 - 14:57
    et aller au centre de formation.
  • 14:57 - 14:59
    Quand Musu vient se former,
  • 15:00 - 15:03
    ses instructeurs doivent utiliser
    du papier et des marqueurs.
  • 15:04 - 15:09
    Pourquoi ne devraient-ils pas avoir
    le même accès à l'apprentissage que moi ?
  • 15:10 - 15:14
    Si nous voulons que les agents de santé
    maîtrisent ces compétences vitales
  • 15:14 - 15:15
    et plus encore,
  • 15:16 - 15:19
    nous devons changer
    ce vieux modèle éducatif.
  • 15:20 - 15:22
    La technologie peut changer les choses.
  • 15:22 - 15:26
    Je suis émerveillé par
    la révolution éducative numérique
  • 15:26 - 15:29
    que Khan Academy, edX
    et les autres ont menée.
  • 15:30 - 15:33
    Je pense qu'il est temps
  • 15:33 - 15:34
    qu'il y ait une collision
  • 15:34 - 15:36
    entre la révolution éducative numérique
  • 15:36 - 15:38
    et la révolution
    de la communauté de santé.
  • 15:39 - 15:43
    Cela m'amène à mon vœu
    pour mon TED Prize.
  • 15:44 - 15:46
    Je souhaiterais --
  • 15:46 - 15:48
    Je souhaiterais
    que vous nous aidiez à recruter
  • 15:48 - 15:52
    la plus grande armée d'agents de santé
    communautaires qui ait jamais existé
  • 15:52 - 15:55
    en créant l'Académie
    de Santé Communautaire,
  • 15:55 - 15:58
    une plateforme mondiale pour former,
    connecter et autonomiser.
  • 15:59 - 16:00
    (Applaudissements)
  • 16:00 - 16:01
    Merci.
  • 16:01 - 16:05
    (Applaudissements)
  • 16:05 - 16:06
    Merci.
  • 16:08 - 16:09
    Voici l'idée :
  • 16:09 - 16:11
    nous allons créer et organiser
  • 16:12 - 16:16
    les meilleures ressources
    en éducation numérique.
  • 16:17 - 16:21
    Nous les amènerons aux agents de santé
    communautaires à travers le monde,
  • 16:21 - 16:23
    y compris A.B. et Musu.
  • 16:23 - 16:26
    Ils auront des leçons vidéos
    pour vacciner des enfants
  • 16:26 - 16:29
    et des cours en ligne pour repérer
    la prochaine épidémie,
  • 16:29 - 16:31
    plus besoin de papier.
  • 16:31 - 16:35
    Nous aiderons ces pays
    à accréditer ces agents
  • 16:35 - 16:39
    afin qu'ils ne restent pas un groupe
    qui manque de reconnaissance, sous-évalué
  • 16:39 - 16:42
    mais que cela devienne
    une profession renommée, habilitée
  • 16:42 - 16:44
    comme les infirmiers et les médecins.
  • 16:45 - 16:49
    Nous créerons un réseau
    d'entreprises et d'entrepreneurs
  • 16:49 - 16:51
    ayant créé des innovations
    pouvant sauver des vies
  • 16:51 - 16:54
    et les mettrons en contact
    avec des agents comme Musu
  • 16:54 - 16:56
    pour qu'elle puisse
    mieux servir sa communauté.
  • 16:57 - 17:00
    Nous travaillerons sans relâche
    pour persuader les gouvernements
  • 17:00 - 17:03
    de faire des agents de santé
    communautaires
  • 17:03 - 17:06
    une pierre angulaire
    de leur plan de santé.
  • 17:06 - 17:10
    Nous prévoyons de tester et faire
    un prototype de l'académie au Liberia
  • 17:10 - 17:11
    et dans quelques autres pays partenaires
  • 17:11 - 17:13
    puis de la rendre mondiale,
  • 17:13 - 17:15
    qu'elle existe même en Amérique du Nord.
  • 17:16 - 17:18
    Avec le pouvoir de cette plateforme,
  • 17:18 - 17:20
    nous croyons que les pays
    peuvent être persuadés
  • 17:20 - 17:24
    que la révolution de santé
    est vraiment possible.
  • 17:24 - 17:29
    Mon rêve est que cette académie
    contribue à former
  • 17:29 - 17:31
    des centaines de milliers
    de membres communautaires
  • 17:31 - 17:34
    pour apporter des soins de santé
    à leurs voisins --
  • 17:34 - 17:35
    les centaines de millions
  • 17:35 - 17:38
    qui vivent dans les communautés
    les plus reculées,
  • 17:39 - 17:41
    des communautés forestières
    d'Afrique de l'Ouest
  • 17:41 - 17:43
    aux villages de pêcheurs de l'Alaska ;
  • 17:43 - 17:47
    des sommets des Appalaches
    aux montagnes afghanes.
  • 17:47 - 17:50
    Si vous êtes d'accord avec cette vision,
  • 17:50 - 17:53
    allez sur communityhealthacademy.org
  • 17:54 - 17:55
    et rejoignez la révolution.
  • 17:57 - 18:01
    Faites-nous savoir si votre organisation,
    une de vos connaissances peut nous aider
  • 18:01 - 18:04
    alors que nous essayons de créer
    cette académie durant l'année.
  • 18:06 - 18:08
    En regardant dans cette pièce,
  • 18:08 - 18:11
    je réalise que nos voyages
    ne sont pas créés seuls ;
  • 18:11 - 18:13
    ils sont façonnés par les autres.
  • 18:13 - 18:16
    Il y a tellement de gens ici
    qui ont fait partie de cette cause.
  • 18:16 - 18:20
    Je suis honoré de faire partie
    de cette communauté,
  • 18:20 - 18:22
    une communauté qui est prête
    à s'attaquer à une cause
  • 18:22 - 18:24
    aussi audacieuse que celle-là
  • 18:24 - 18:26
    alors, pour finir, je voulais offrir
  • 18:26 - 18:27
    une réflexion.
  • 18:28 - 18:31
    Je pense beaucoup
    à ce que mon père m'a appris.
  • 18:32 - 18:34
    Ces jours-ci, je suis devenu père.
  • 18:34 - 18:36
    J'ai deux fils
  • 18:36 - 18:40
    et ma femme et moi venons d'apprendre
    qu'elle est enceinte de notre 3ème enfant.
  • 18:40 - 18:41
    (Applaudissements)
  • 18:41 - 18:42
    Merci.
  • 18:42 - 18:44
    (Applaudissements)
  • 18:44 - 18:47
    J'ai récemment pris soin
    d'une femme au Liberia
  • 18:47 - 18:50
    qui, comme ma femme,
    en était à sa troisième grossesse.
  • 18:50 - 18:52
    Mais, contrairement à ma femme,
  • 18:53 - 18:56
    elle n'a eu aucun soin prénatal
    avec ses deux premiers bébés.
  • 18:58 - 19:02
    Elle vivait, dans la forêt, dans une
    communauté isolée qui avait passé 100 ans
  • 19:02 - 19:03
    sans aucun soin de santé
  • 19:05 - 19:06
    jusqu'à...
  • 19:06 - 19:10
    jusqu'à l'année dernière
    quand une infirmière a formé ses voisins
  • 19:10 - 19:11
    pour qu'ils soient agents de santé.
  • 19:11 - 19:13
    Me voilà
  • 19:13 - 19:17
    à voir cette patiente
    qui en était à son second trimestre
  • 19:17 - 19:20
    et j'ai sorti l'échographe
    pour vérifier si le bébé allait bien.
  • 19:20 - 19:24
    Elle nous a raconté des histoires
    sur ses deux premiers enfants,
  • 19:24 - 19:27
    j'ai mis la sonde à ultrasons
    sur son ventre
  • 19:27 - 19:29
    et elle s'est arrêtée en pleine phrase.
  • 19:31 - 19:33
    Elle m'a regardé et a dit :
  • 19:33 - 19:35
    « Doc, c'est quoi ce son ? »
  • 19:37 - 19:41
    C'était la première fois qu'elle entendait
    battre le cœur de son bébé.
  • 19:42 - 19:47
    Ses yeux se sont éclairés de la même façon
    que ceux de ma femme et les miens
  • 19:47 - 19:50
    quand nous entendons battre
    le cœur de notre bébé.
  • 19:52 - 19:54
    Durant toute l'histoire de l'humanité,
  • 19:54 - 19:58
    les maladies ont été universelles,
    mais pas l'accès aux soins.
  • 19:58 - 20:00
    Mais comme un homme sage
    m'a dit un jour :
  • 20:02 - 20:04
    aucune situation n'est permanente.
  • 20:05 - 20:07
    Il est temps.
  • 20:07 - 20:09
    Il est temps d'aller
    aussi loin que nécessaire
  • 20:09 - 20:11
    pour changer cette situation ensemble.
  • 20:12 - 20:13
    Merci.
  • 20:13 - 20:18
    (Applaudissements)
Title:
Raj Panjabi à TED2017
Speaker:
Raj Panjabi
Description:

Raj Panjabi à TED2017

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
20:18

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