Témoignage d'une activiste sur son arrestation et la torture perpétrée par l'armée égyptienne. شهادة ناشطة عن اعتقالها وتعذيبها على يد الجيش المصري

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شهادة ناشطة مصرية عن اعتقالها وتعذيبها على يد ميليشيات طنطاوي في أحداِث مجلس الوزراء
An Egyptian activist recounts arrest, torture and sexual assault by the Tantawi's Militia
Témoignage d'une activiste sur son arrestation, sa torture et son agression sexuelle par les milices de Tantawi.

C'était samedi, quand ils ont expulsé le sit-in,

autour de 13h30 ou 14h, je ne sais plus exactement

j'étais assise dans le jardin du Mogamma du côté de Qasr el Ainy,

L'attaque a débuté et nous avons commencé à courir.

Nous avons couru jusqu'au pont Qasr el Nil, qu'ils ont refermé sur nous,

un groupe a fuit sur le pont Qasr el Nil, j'étais dans le groupe qui courait sur le pont du 6 octobre,

je pensais que c'était plus sûr, qu'au moins on pourrait trouver un taxi ou autre, afin de s'échapper.

Ils sont arrivés sur le pont depuis une autre entrée,

ils nous poursuivaient et nous étions aussi encerclés par des voitures,

j'étais en arrière, je peux à peine courir d'ailleurs, à cause de l'asthme.

Donc je ne pouvais pas suivre. Un soldat m'a fait trébucher et je suis tombée, tandis que les autres couraient.

Ils étaient trois. Un m'a tordu le bras derrière le dos,

Un autre me tirait par les cheveux et le dernier me frappait au genou et au tibia.

Tout ça bien entendu au milieu des injures, contre mon père et ma mère,

et d'autres très obscènes.

Ensuite l'un d'eux m'a attrapée par les cheveux,

et m'a conduite à son commandant, en disant "nous l'avons attrapée".

Puis, ils étaient une vingtaine de soldats sur le pont,

En passant à côté d'eux, aucun ne m'a malmenée,

verbalement ou physiquement,

puis le soldat m'a posé des questions comme "T'es une fille ou pas?" et ce genre de choses.

En arrivant devant l'officier il a dit au soldat "personne ne la touche, laisse-la là, j'ai dit que personne ne la touche".

"que personne ne la touche" était comme un signal pour les coups,

les coups s'intensifiaient. Alors nous n'étions plus sur le pont.

Il m'a forcée à courir tout du long jusqu'à la place Abdel Moneim Riyad, en sachant que je ne pouvais pas.

Nous avons rejoint le général Magdy.

Je le connaissais parce je lui avais parlé la veille, parce que mes amis étaient arrêtés,

Sanaa Seif, Nour Ayman, Farida al Huessi et Maggie Osama,

j'avais discuté avec lui pour essayer de les faire libérer.

Comme il m'avait vue la veille, il leur a demandé "Pourquoi l'avez vous amenée?"

Le soldat lui a répondu "Chef, elle est la fille de machin et machine" - en gros en jurant contre ma mère.

Il m'a dit reste là et ne cours pas. J'ai dit d'accord. Il m'a demandé si j'avais mes papiers, j'ai dit non.

Pour être franche, j'ai refusé de lui donner parce je ne savais pas ce qu'il en ferait.

Si j'avais été accusée de quelque chose je ne lui aurais pas montré, mais là je savais pas où j'étais ni pourquoi,

J'étais là à Abdel Moneim Riyad, avec pas moins de dix soldats, peut-être plus.

Après le départ de l'officier,

le harcèlement a commencé, c'était terrible - tout ce que j'espérais c'était qu'il ne s'introduiraient pas dans mon pantalon.

Mais de toute façon ce fut le cas.

Avec les matraques ils me frappaient sur les jambes et les mains,

toujours en me tirant par les cheveux, en les arrachant,

Jusqu'à ce que le général Magdy arrive et me dise "Si je les lâche sur toi ils vont de démolir, compris?

J'ai dit "Oui je comprends", il a répondu "je vais te mettre dans un taxi et je ne veux plus jamais te revoir",

Il m'a attrapée par les cheveux et a frappé ma tête contre la voiture, mais pas très fort,

Je suis sortie du taxi - le conducteur avait observé ce qui se passait,

puis il avait continué à m'insulter,

des insultes du genre " tu es une traînée, si tes parents faisaient attention ils ne te laisseraient pas passer la nuit dans la rue" etc.

Je suis sortie à distance de chez moi - je ne savais pas si le conducteur travaillait pour eux ou pas.

C'est pourquoi je suis sortie avant d'arriver chez moi, j'ai marché un peu avant d'y arriver.

J'ai vu un docteur, il a simplement dit que j'avais des contusions partout sur mes jambes, mes genoux

mes mains aussi, et que c'était douloureux de s'agenouiller.

As-tu été effrayée par ce qui t'es arrivée? Penses-tu que cela va t'empêcher de revenir dans la rue?

Non, je veux dire... le jour même j'étais sur la place.

Je me suis reposée un peu le jour suivant parce que je n'en pouvais plus,

mais je suis de retour aujourd'hui encore!

Ok, et crois-tu qu'ils visent délibérément les filles?

Oui, indéniablement. Il y avait même un gars qui courait avec moi, que je ne connaissais pas,

ils l'ont frappé sur les mains en lui disant "laisse-là!".

Moi-même j'ai vu cela arriver plus d'une fois, avec d'autres amis, qu'ils laissent les garçons et courent après les filles.

As-tu quelque chose à dire au conseil militaire (SCAF)?

Oui, ils essaient d'exploiter la sensibilité de la société, comme nous sommes une société orientale, ils utilisent les femmes comme des armes.

C'est un geste minable, bas - franchement.

Je veux dire, recourir à la violence contre une femme... je ne sais même pas comment appeler ça.

Vraiment, un acte extrêmement dégoûtant.

Donc voilà notre réponse, je pense qu'on est à peu près 10 000 femmes, ici, en réponse en cela.

Assez. C'en est plus qu'assez, vraiment. Ca suffit.