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iO Tillett Wright: Cinquante nuances de gay

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    Les êtres humains se trient dans des cases
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    à la seconde même où ils se rencontrent --
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    Est-ce que telle personne est dangereuse ? Attirante ?
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    Est-elle un partenaire potentiel ? Un contact potentiel ?
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    On fait ce petit interrogatoire quand nous rencontrons des gens
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    pour les résumer un peu, mentalement.
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    Comment tu t'appelles ? D'où viens-tu ?
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    Quel âge as-tu ? Que fais-tu dans la vie ?
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    Après, ça devient plus personnel.
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    As-tu déjà eu des maladies ?
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    As-tu déjà divorcé ?
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    As-tu mauvaise haleine, là maintenant, en répondant à mon interrogatoire ?
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    Qu'est-ce qui te plaît ? Qui te plaît ?
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    Avec quel sexe aimes-tu coucher ?
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    Je comprends.
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    Nous sommes neurologiquement programmés
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    pour chercher des gens qui nous ressemblent.
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    On commence à former des cliques dès que nous sommes assez grands
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    pour savoir ce que ça fait d'être accepté.
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    On crée des liens avec ce qu'on peut --
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    préférences musicales, race, sexe, le quartier dans lequel nous avons grandi.
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    Nous recherchons des environnements qui renforcent nos choix personnels.
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    Parfois, pourtant, la simple question « que fais-tu dans la vie ? »
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    peut donner l'impression que quelqu'un ouvre une toute petite case
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    dans laquelle on nous demande de nous enfoncer.
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    Parce que les catégories, comme j'ai pu le découvrir, sont trop restrictives.
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    Les cases sont trop étroites.
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    Et ça peut devenir vraiment dangereux.
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    Alors voici un démenti, par contre, à mon sujet
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    avant que nous n'allions trop loin là-dedans.
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    J'ai grandi dans un environnement très protégé.
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    J'ai été élevée au cœur de Manhattan au début des années '80,
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    à deux pâtés de maison de l'épicentre de la punk.
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    J'ai été protégée des douleurs du fanatisme
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    et des restrictions sociales d'une éducation religieuse.
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    Là où j'ai grandi, si vous n'étiez pas une drag queen, un extrémiste,
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    ou un artiste-performer de n'importe quelle espèce,
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    le bizarroïde, c'était vous.
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    (Rires)
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    C'était une éducation peu orthodoxe,
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    mais en tant qu'enfant dans les rues de New York,
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    on apprend à se fier à son instinct,
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    et à suivre ses propres idées.
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    Alors, quand j'avais 6 ans, j'ai décidé que je voulais être un garçon.
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    Je suis allée à l'école, un beau jour, et les gamins ne voulaient pas que je joue au basket avec eux.
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    Ils disaient que les filles n'avaient pas le droit de jouer.
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    Alors je suis rentrée chez moi, je me suis rasée la tête,
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    et je suis revenue le jour suivant en disant « je suis un garçon ».
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    Et puis, qui sait, non ?
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    A six ans, peut-être bien qu'on peut faire ça.
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    Je ne voulais pas qu'on sache que j'étais une fille, et personne ne l'a su.
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    J'ai maintenu la façade pendant huit ans.
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    Ça c'est moi quand j'avais onze ans.
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    Je jouais un gamin du nom de Walter
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    dans un film intitulé « Julian Po ».
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    C'était un petit dur qui persécutait Christian Slater.
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    Vous voyez, j'étais aussi un enfant acteur,
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    ce qui doublait les couches de jeu dans mon identité,
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    parce que personne ne savait que j'étais en fait une fille qui jouait un garçon.
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    En fait, personne autour de moi ne savait que j'étais une fille --
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    ni mes profs à l'école, ni mes amis,
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    ni les réalisateurs avec qui je travaillais.
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    Les enfants venaient souvent vers moi
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    et m’attrapaient la gorge pour voir si j'avais une pomme d'Adam
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    ou m'attrapaient l'entre-jambe pour voir avec quoi je marchais.
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    Quand j'allais aux toilettes, je tournais mes chaussures dans les cabinets
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    pour faire croire que je faisais pipi debout.
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    Aux pyjama-parties, j'avais des crises d'angoisse
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    en essayant de faire comprendre aux filles qu'elles ne voulaient pas m'embrasser
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    sans me trahir.
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    Cependant, ça vaut la peine de dire que
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    je ne haïssais pas mon corps ou ma génitalité.
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    Je n'avais pas l'impression d'être dans le mauvais corps.
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    J'avais l'impression de jouer ce rôle élaboré.
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    Je ne qualifierais pas ça de transgenre.
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    Si ma famille avait été du genre à croire en la thérapie,
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    on m'aurait probablement diagnostiqué
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    diagnostiqué une dysmorphie de genre, ou quelque chose comme ça
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    et mise sous traitement hormonal pour se débarrasser de la puberté.
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    Mais dans mon cas,
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    je me suis juste réveillée, un jour, à 14 ans,
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    et j'ai décidé de redevenir une fille.
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    La puberté avait frappé, et je n'avais aucune idée de ce qu'impliquait être une fille,
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    et j'étais prête à partir à la recherche de qui j'étais vraiment.
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    Quand un enfant se comporte comme je l'ai fait,
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    il ne doit pas vraiment faire un coming-out, n'est-ce pas ?
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    Personne n'est vraiment choqué.
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    (Rires)
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    Mais mes parents ne m'ont jamais demandé de me définir.
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    Quand j'avais 15 ans, et que j'ai appelé mon père
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    pour lui dire que j'étais tombée amoureuse,
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    parler des conséquences du fait que
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    mon premier amour soit une fille
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    était le cadet de nos soucis.
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    Trois ans plus tard, quand je suis tombée amoureuse d'un homme,
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    mes parents n'ont pas cillé non plus.
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    Vous voyez, c'est l'une des bénédictions de mon enfance si peu orthodoxe,
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    celle de ne pas avoir à m'auto-définir,
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    à aucun moment.
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    On m'a autorisée à être moi-même, changeante et grandissante, à chaque instant.
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    Alors, il y a 4, presque 5 ans,
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    la Proposition 8, le grand débat du mariage pour tous
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    a fait pas mal de bruit dans le pays.
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    A l'époque, l'idée du mariage n'occupait
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    pas vraiment mes pensées.
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    Mais ce qui m'a frappée, c'est le fait que les Etats-Unis,
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    un pays avec un passé si marqué par les questions de droit civique
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    puissent répéter leurs erreurs si grossièrement.
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    Et je me rappelle avoir regardé le débat à la télé,
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    et avoir trouvé intéressant que la
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    séparation de l'Eglise et de l'Etat
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    trace de nouvelles frontières géographiques au travers du pays,
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    entre les endroits où les gens y croyaient
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    et ceux où ils n'y croyaient pas.
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    Et puis, ce débat traçait aussi des barrières géographiques autour de moi.
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    Si c'était une guerre entre deux clans opposés,
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    Moi, par défaut, j'étais dans le clan gay.
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    Parce que je n'étais certainement pas 100% hétéro.
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    A l'époque, je sortais à peine de cette
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    crise identitaire zig-zaguante, vieille de huit ans
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    qui m'a vue passer d'un garçon
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    à une fille mal à l'aise qui ressemblait à un garçon déguisé en fille,
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    à l'extrême opposé : cette frêle, sur-compensatrice,
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    coureuse d'hommes ultra-féminine,
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    jusqu'à, finalement, une exploration hésitante de ce que j'étais,
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    un garçon manqué qui aimait à la fois
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    les filles ou les garçons, en fonction de la personne.
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    J'ai passé une année à photographier cette nouvelle génération de filles
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    qui étaient un peu à cheval sur les lignes --
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    Les filles qui faisaient du skate, mais en sous-vêtements à frous-frous,
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    celles qui avaient des coupes à la garçonne mais portaient du vernis,
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    celles qui avaient du fard à paupières pour aller avec leurs genoux râpés,
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    des filles qui aiment les filles et des garçons qui aiment autant les filles que les garçons
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    et qui détestaient tous être mis dans des cases.
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    J'ai aimé ces gens, j'ai admiré leur liberté
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    mais j'ai pu voir comment le monde en dehors de notre bulle utopique
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    s'acharnait dans des débats enragés
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    où les experts ont commencé à assimiler notre amour à la bestialité, sur la télévision nationale.
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    Et cette puissante lucidité m'a frappée :
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    j'étais dans une minorité, et ce dans mon propre pays,
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    basée sur une seule facette de ma personnalité.
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    J'étais légalement et indiscutablement une citoyenne de deuxième classe.
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    Je n'étais pas militante.
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    Je ne brandis aucun drapeau dans ma vie.
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    Mais cette question me dévorait :
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    Comment pouvait-on voter pour dépouiller de ses droits
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    cette vaste variété de gens que je connaissais
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    en se basant sur un seul élément de leur personnalité ?
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    Comment pouvaient-ils dire que nous, en tant que groupe,
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    ne méritions pas les mêmes droits que quelqu'un d'autre ?
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    Etions-nous vraiment un groupe ? Quel groupe ?
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    Est-ce que ces gens-là ont déjà consciemment rencontré une victime de leur discrimination ?
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    Est-ce qu'ils savaient contre qui ils votaient, et quelles étaient les conséquences ?
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    Après, ça m'est venu,
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    peut-être que si ces gens-là pouvaient regarder dans les yeux
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    des gens qu'ils reléguaient à une citoyenneté de seconde classe
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    ce serait plus difficile de le faire.
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    Ça pourrait les freiner.
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    Puisque je ne pouvais pas rassembler 20 millions de personnes autour d'une table,
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    j'ai trouvé un moyen de les présenter les uns les autres photographiquement
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    sans artifice, sans éclairage,
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    ou sans aucune manipulation de toute sorte de ma part.
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    Parce qu'avec une photo, on peut examiner les moustaches d'un lion
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    sans avoir peur qu'il nous déchire le visage.
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    Pour moi, la photographie ce n'est pas qu'exposer une pellicule,
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    c'est exposer les spectateurs à quelque chose de nouveau,
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    à un endroit où ils ne sont jamais allés, mais surtout,
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    à des gens qui les effraient peut-être.
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    Le magazine Life a présenté des générations de gens
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    trop distants, des cultures lointaines qui n'ont jamais su qu'elles existaient à travers des photos.
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    Alors j'ai décidé de faire une série de portraits très simples,
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    des mugshots, si vous voulez.
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    Et j'ai pratiquement décidé de photographier n'importe qui dans ce pays
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    qui n'étais pas à 100% hétéro, ce qui, au cas-où vous ne le sauriez pas,
  • 8:02 - 8:05
    est un nombre incalculable de gens.
  • 8:05 - 8:07
    (Rires)
  • 8:07 - 8:10
    Alors c'était une entreprise assez vaste
  • 8:10 - 8:12
    qui demandait un peu d'aide.
  • 8:12 - 8:14
    Alors je suis sortie en courant dans le froid glacial,
  • 8:14 - 8:18
    et j'ai photographié chaque personne que je connaissais et qui était dans le coin
  • 8:18 - 8:22
    en février, il y a environ deux ans.
  • 8:22 - 8:26
    Donc j'ai pris ces photos, et je suis allée demander de l'aide à la Human Rights Campaign (HRC)
  • 8:26 - 8:28
    Et ils ont financé 2 semaines de shooting à New York.
  • 8:28 - 8:31
    Et on a fait ça.
  • 8:31 - 8:43
    (Musique)
  • 8:43 - 8:48
    Video : Moi c'est iO Tillett Wright, je suis une artiste née et élevée à New York City.
  • 8:48 - 9:01
    (Musique)
  • 9:01 - 9:05
    Self Evident Truths est un panorama photographique de l'Amérique LGBT d'aujourd'hui.
  • 9:05 - 9:07
    Mon objectif est de faire un portrait simple
  • 9:07 - 9:10
    de n'importe qui ne s'identifiant pas comme 100% hétéro,
  • 9:10 - 9:15
    ou se situe quelque part dans le spectre LGBT, où que ce soit.
  • 9:15 - 9:18
    Mon but est de montrer l'humanité qui est en chacun d'entre nous
  • 9:18 - 9:20
    à travers la simplicité d'un visage.
  • 9:20 - 9:23
    (Musique)
  • 9:23 - 9:26
    « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes: tous les hommes sont créés égaux. »
  • 9:26 - 9:28
    C'est écrit dans la Déclaration d'Indépendance.
  • 9:28 - 9:30
    Nous n'arrivons pas en tant que nation
  • 9:30 - 9:32
    à défendre les mœurs où nous avons été fondés.
  • 9:32 - 9:34
    Il n'y a pas d'égalité aux Etats-Unis.
  • 9:34 - 9:36
    ["Qu'est-ce que l'égalité veut dire pour vous ? "]
  • 9:36 - 9:38
    ["Mariage"] ["Liberté"] ["Droits Civils"]
  • 9:38 - 9:40
    ["Traiter chaque personne comme vous vous traitez vous-même"]
  • 9:40 - 9:44
    C'est quand on n'a plus à y penser, c'est aussi simple que ça.
  • 9:44 - 9:46
    Le combat pour l'égalité n'est pas seulement sur le mariage gay.
  • 9:46 - 9:51
    Aujourd'hui, dans 29 états, plus de la moitié du pays,
  • 9:51 - 9:55
    on peut être viré simplement à cause de sa sexualité.
  • 9:55 - 9:58
    ["Qui est responsable de l'égalité ?"]
  • 9:58 - 10:01
    J'ai entendu des centaines de personnes donner la même réponse:
  • 10:01 - 10:05
    « Nous sommes tous responsables de l'égalité. »
  • 10:05 - 10:07
    Jusqu'ici, nous avons capturé 300 visages à New York.
  • 10:07 - 10:09
    Et nous n'aurions rien pu faire sans le soutien
  • 10:09 - 10:12
    généreux de la Human Rights Campaign.
  • 10:12 - 10:14
    Je veux faire voyager ce projet à l'autre bout du pays.
  • 10:14 - 10:18
    Je veux visiter 25 villes américaines, et je veux photographier 4 000, 5 000 personnes.
  • 10:18 - 10:22
    Ceci est ma contribution au combat de ma génération pour les droits civils.
  • 10:22 - 10:24
    Je vous lance le défi à tous, regardez ces gens dans les yeux,
  • 10:24 - 10:27
    et dites-leur qu'ils méritent moins que n'importe quel autre être humain.
  • 10:27 - 10:29
    (Musique)
  • 10:29 - 10:31
    ["Des vérités évidentes en elles-mêmes"]
  • 10:31 - 10:33
    ["4 000 visages dans toute l'Amérique"]
  • 10:33 - 10:37
    (Musique)
  • 10:37 - 10:46
    (Applaudissements)
  • 10:46 - 10:50
    iO Tillett Wright: Rien n'aurait pu nous préparer à ce qui est arrivé après ça.
  • 10:50 - 10:53
    Près de 85 000 personnes ont regardé cette vidéo,
  • 10:53 - 10:56
    et ont commencé à nous envoyer des e-mails de tout le pays,
  • 10:56 - 11:00
    nous demandant de venir dans leurs villes et les aider à montrer leurs visages.
  • 11:00 - 11:05
    Et il y a beaucoup plus de gens qui veulent se montrer que je ne l'aurais cru.
  • 11:05 - 11:08
    J'ai donc monté mon objectif immédiat à 10 000 visages.
  • 11:08 - 11:12
    Cette vidéo a été faite en printemps 2011,
  • 11:12 - 11:16
    et aujourd'hui j'ai voyagé dans presque 20 villes
  • 11:16 - 11:19
    et photographié presque 2000 personnes.
  • 11:19 - 11:22
    Je sais que je suis ici pour parler,
  • 11:22 - 11:25
    mais j'aimerais avoir une minute de calme
  • 11:25 - 11:26
    juste pour que vous regardiez ces visages
  • 11:26 - 11:30
    parce qu'il n'y a rien que je puisse y ajouter.
  • 11:30 - 11:32
    Parce que si une image parle plus que mille mots,
  • 11:32 - 11:36
    eh bien l'image d'un visage nécessite un nouveau système de vocabulaire tout entier.
  • 11:57 - 12:01
    Alors après avoir voyagé et parlé à des gens
  • 12:01 - 12:05
    dans des endroits comme l'Oklahoma, ou le fin fond du Texas,
  • 12:05 - 12:08
    on a trouvé des preuves que la prémisse initiale était on ne peut plus vraie.
  • 12:08 - 12:10
    La visibilité est vraiment la clef.
  • 12:10 - 12:13
    La familiarité est la drogue d'introduction à l'empathie.
  • 12:13 - 12:17
    Dès qu'une question sensible apparaît dans notre jardin ou dans notre propre famille,
  • 12:17 - 12:20
    nous sommes bien plus propices à explorer une sympathie envers elle
  • 12:20 - 12:21
    ou du moins explorer une nouvelle perspective.
  • 12:21 - 12:24
    Bien sûr, dans mes voyages, j'ai rencontré des gens
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    qui ont légalement divorcé de leurs enfants parce qu'ils n'étaient pas hétéros,
  • 12:28 - 12:30
    mais j'ai aussi rencontré des Baptistes Sudistes
  • 12:30 - 12:33
    qui ont changé d'église parce que leur enfant était lesbienne.
  • 12:33 - 12:38
    Les étincelles d'empathie sont devenues les vertèbres de Self Evident Truths.
  • 12:38 - 12:41
    Mais ce que j'ai commencé à voir, et qui est vraiment intéressant, c'est ça :
  • 12:41 - 12:45
    Self Evident Truths n'efface pas les différences entre nous.
  • 12:45 - 12:49
    En fait, c'est plutôt le contraire, le projet les souligne.
  • 12:49 - 12:51
    Il nous présente, non seulement les complexités
  • 12:51 - 12:53
    au sein d'une progression de divers êtres humains,
  • 12:53 - 12:57
    mais aussi les complexités au sein de chaque individu.
  • 12:57 - 13:01
    Ce n'est pas qu'on ait trop de cases, c'est qu'on en a trop peu.
  • 13:08 - 13:14
    Au bout d'un moment, je me suis rendue compte que ma mission de photographier des "gays"
  • 13:14 - 13:17
    avait un défaut inhérent, parce qu'il y a des milliers de nuances de gay.
  • 13:17 - 13:20
    Ici, j'essayais d'apporter un coup de main,
  • 13:20 - 13:23
    et j'avais perpétué le schéma même auquel j'avais essayé d'échapper toute ma vie --
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    encore une case.
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    Au bout d'un moment, j'ai rajouté une question au formulaire d'autorisation
  • 13:29 - 13:31
    qui demandait aux gens de se placer quelque part
  • 13:31 - 13:34
    sur échelle de 1 à 100 pour-cent gay.
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    Et j'ai vu tas de crises existentielles se dérouler devant moi.
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    (Rires)
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    Les gens ne savaient pas quoi faire
  • 13:42 - 13:44
    parce qu'on ne leur avait jamais présenté cette possibilité.
  • 13:44 - 13:46
    Peut-on quantifier notre ouverture ?
  • 13:46 - 13:48
    Tout de même, une fois le choc surmonté,
  • 13:48 - 13:52
    une grande majorité a opté pour une place entre 70% et 95%
  • 13:52 - 13:55
    ou 3% et 20%
  • 13:55 - 13:58
    Bien sûr, il y a pas mal de gens qui ont opté pour les 100% d'un des deux extrêmes,
  • 13:58 - 14:00
    mais j'ai découvert qu'une proportion bien plus importante
  • 14:00 - 14:03
    s'identifiait de manière beaucoup plus nuancée.
  • 14:03 - 14:09
    Je me suis rendue compte que la plupart des gens tombe dans un spectre que j'ai surnommé "Gris".
  • 14:09 - 14:13
    Toutefois, que ce soit bien clair -- et ceci est très important --
  • 14:13 - 14:18
    je ne suis absolument pas en train de dire que la préférence n'existe pas.
  • 14:18 - 14:23
    Et je ne parle même pas du débat du choix contre l'impératif biologique,
  • 14:23 - 14:25
    parce que si l'un de vous s'identifie dans la croyance
  • 14:25 - 14:27
    que l'orientation sexuelle est un choix,
  • 14:27 - 14:29
    eh bien je l'invite à essayer de devenir gris.
  • 14:29 - 14:31
    Je vous prendrai en photo, rien que pour avoir essayé.
  • 14:31 - 14:33
    (Rires)
  • 14:33 - 14:37
    Non, ce que je veux dire, c'est que les êtres humains ne sont pas unidimensionnels.
  • 14:37 - 14:43
    La chose la plus importante à retenir du système de pourcentage est ceci :
  • 14:43 - 14:45
    Si on a les gays ici
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    et les hétéros ici,
  • 14:49 - 14:52
    et en reconnaissant que la plupart des gens s'identifie
  • 14:52 - 14:54
    plutôt à un binaire ou à l'autre,
  • 14:54 - 14:59
    il y a un vaste spectre de gens existant au milieu.
  • 14:59 - 15:02
    Et la réalité que ceci implique est une réalité compliquée.
  • 15:02 - 15:05
    Parce que, par exemple, si on fait passer une loi
  • 15:05 - 15:08
    qui autorise un chef à virer son employé pour cause de comportement homosexuel,
  • 15:08 - 15:11
    où est-ce qu'on trace la ligne, exactement ?
  • 15:11 - 15:17
    Peut-être par ici, vers ceux qui n'ont eu qu'un ou deux expériences hétérosexuelles jusqu'à présent ?
  • 15:17 - 15:18
    Ou alors par ici
  • 15:18 - 15:22
    vers ceux qui n'ont eu qu'une ou deux expériences homosexuelles jusqu'à présent ?
  • 15:22 - 15:27
    Où exactement devient-on un citoyen de seconde classe ?
  • 15:27 - 15:32
    Un autre point intéressant que mes projets et voyages m'ont appris,
  • 15:32 - 15:36
    c'est à quel point l'orientation sexuelle est un liant médiocre.
  • 15:36 - 15:38
    Après avoir autant voyagé, et avoir rencontré autant de gens,
  • 15:38 - 15:42
    laissez-moi vous dire qu'il y a autant d'imbéciles que de gens adorables,
  • 15:42 - 15:45
    de Démocrates que de Républicains, de machos que de folles
  • 15:45 - 15:48
    et de toute autre polarisation possible et imaginable
  • 15:48 - 15:50
    au sein de la communauté LGBT
  • 15:50 - 15:53
    qu'au sein de l'espèce humaine.
  • 15:53 - 15:58
    Mis à part le fait qu'on joue, judiciairement parlant, une main attachée dans le dos
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    et une fois qu'on dépasse le schéma commun du combat et des préjugés,
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    le simple fait d'être autre qu'hétéro
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    ne veut pas forcément dire que nous avons d'autres choses en commun.
  • 16:08 - 16:17
    Alors dans cette prolifération perpétuelle de visages que devient Self Evident Truths,
  • 16:17 - 16:20
    au fur et à mesure qu'elle apparaîtra, espérons-le, sur de plus en plus de plateformes,
  • 16:20 - 16:25
    abris-bus, panneaux d'affichage, pages Facebook, screensavers,
  • 16:25 - 16:28
    peut-être qu'en observant cette progression de l'humanité,
  • 16:28 - 16:31
    quelque chose d'intéressant et d'utile va surgir.
  • 16:31 - 16:35
    Avec un peu de chance, ces catégories, ces binaires,
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    ces cases exagérément simplifiées
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    commenceront à devenir inutiles, et commenceront à s'effacer.
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    Parce que, vraiment, elles ne décrivent rien de ce que nous voyons
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    ni rien de ceux que nous connaissons, ni rien de ce que nous sommes.
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    Ce que nous voyons sont des êtres humains dans toute leur multiplicité.
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    Et les voir comme ça rend la négation de leur humanité plus difficile.
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    J'espère tout au moins que ça rend plus difficile la négation de leur droits.
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    Alors est-ce que c'est à moi, directement,
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    que vous choisiriez de priver du droit de loger,
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    d'adopter des enfants, de me marier,
  • 17:12 - 17:16
    la liberté de faire les boutiques ici, vivre ici, acheter ici ?
  • 17:16 - 17:18
    Suis-je celle que vous choisissez de dénigrer
  • 17:18 - 17:22
    en tant qu'enfant, ou frère ou sœur, ou père, ou mère ;
  • 17:22 - 17:25
    votre voisin, votre cousin, votre oncle, le président,
  • 17:25 - 17:28
    votre femme gendarme ou pompier ?
  • 17:28 - 17:31
    C'est trop tard.
  • 17:31 - 17:34
    Parce que je suis déjà tout ça.
  • 17:34 - 17:39
    Nous sommes déjà tout ça, et nous l'avons toujours été.
  • 17:39 - 17:42
    Alors s'il vous plaît, ne nous abordez pas comme des étrangers,
  • 17:42 - 17:45
    accueillez-nous comme des êtres humains, des semblables, un point c'est tout.
  • 17:45 - 17:46
    Merci.
  • 17:46 - 17:57
    (Applaudissements)
Title:
iO Tillett Wright: Cinquante nuances de gay
Speaker:
iO Tillett Wright
Description:

L'artiste iO Tillett Wright a photographié 2000 personne qui se placent quelque part dans le spectre LGBT, et a demandé à beaucoup d'entre eux : Pouvez-vous quantifier, en pourcentage, votre degré d'hétéro ou d'homosexualité ? Il se trouve qu'une majorité se considère comme appartenante à la zone "grise", ni 100% gay, ni 100% hétéro. Ce qui pose un vrai problème en termes de discrimination: Où tracer la ligne? (Filmé à TEDxWomen.)

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:18
Anna Cristiana Minoli approved French subtitles for Fifty shades of gay
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for Fifty shades of gay
Anna Cristiana Minoli edited French subtitles for Fifty shades of gay
Marta Pizzini accepted French subtitles for Fifty shades of gay
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Alix Giboulot edited French subtitles for Fifty shades of gay
Alix Giboulot edited French subtitles for Fifty shades of gay
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