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Louise Fresco parle de nourrir le monde entier

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    Je ne suis pas du tout une cuisinière.
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    Alors, n'ayez pas peur, il ne sera pas question d'une démonstration de cuisine.
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    Mais par contre je veux vous parler de quelque chose
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    qui nous est cher à tous, je pense.
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    C'est le pain - quelque chose qui est aussi simple
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    que le plus fondamental des aliments de base de l'homme.
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    Je crois que peu d'entre nous passent la journée
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    sans manger de pain sous une forme ou une autre.
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    Sauf si vous êtes un de ces adeptes Californiens des régimes pauvres en glucides,
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    le pain est la norme.
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    Le pain n'est pas seulement la norme dans le régime alimentaire occidental.
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    Comme je vais vous le montrer, c'est en fait
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    le pilier de la vie moderne.
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    Alors, je vais faire cuire du pain pour vous.
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    Et je vous parle en même temps.
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    Alors ma vie va être compliquée. Soyez indulgent.
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    Tout d'abord, un peu de participation du public.
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    J'ai deux pains ici.
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    L'un est un pain comme on en trouve (en)au supermarché,
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    un pain blanc, préemballé,
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    dont on me dit qu'on l'appelle un Wonderbread, un "pain miracle".
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    (Rires)
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    Je ne connaissais pas ce mot avant mon arrivée ici.
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    Et ceci est plus ou moins,
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    un pain complet, fait à la main
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    dans une petite boulangerie.
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    Allons-y. Je veux voir vos mains se lever.
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    Qui préfère le pain complet?
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    D'accord, permettez-moi de procéder différemment. Y a-t-il quelqu'un qui préfère le Wonderbread?
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    (Rires)
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    J'ai deux hommes qui lèvent timidement la main.
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    (Rires)
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    Bon, maintenant la vraie question,
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    Pourquoi c'est ainsi?
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    Je crois que c'est parce que
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    nous pensons que ce type de pain
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    est vraiment de l'authentique.
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    Il s'agit d'un mode de vie traditionnel.
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    Un mode de vie peut-être plus vrai, plus honnête.
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    Il s'agit d'une image de la Toscane, où nous avons l'impression
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    que l'agriculture est encore une question de beauté.
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    Et en fait, ça vaut pour la vie aussi.
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    C'est une question de bon goût, de bonnes traditions.
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    Pourquoi avons-nous cette image?
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    Pourquoi avons-nous le sentiment que ceci est plus vrai que cela?
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    Eh bien, je crois que ça vient en grande partie de notre histoire.
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    Dans les dix mille ans qui se sont écoulés depuis le début de l'agriculture,
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    la plupart de nos ancêtres ont été effectivement des agriculteurs
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    ou ils étaient étroitement liés à la production alimentaire.
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    Et nous avons cette image mythique
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    de ce qu'était la vie autrefois dans les zones rurales.
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    L'art nous a aidés à maintenir ce genre d'image.
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    C'était un passé mythique.
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    Bien sûr, la réalité est tout autre.
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    Ces agriculteurs pauvres
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    qui travaillaient la terre à la main ou avec leurs animaux,
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    avaient des rendements qui sont comparables
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    aux agriculteurs les plus pauvres d'aujourd'hui en Afrique occidentale.
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    En quelque sorte nous avons commencé,
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    au cours de ces derniers siècles, voire des dernières décennies,
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    à cultiver une image
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    d'un passé agricole, rural et mythique.
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    Cela fait seulement 200 ans
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    que nous avons eu l'avènement de la révolution industrielle.
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    Et pendant que je fais du pain pour vous ici,
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    il est très important de comprendre
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    l'effet que cette révolution a eu sur nous.
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    Elle nous a donné le pouvoir. Elle nous a apporté la mécanisation, les engrais.
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    Et elle a effectivement fait augmenter nos rendements.
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    Et même des choses horribles, comme la cueillette manuelle des haricots,
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    peuvent maintenant être faites automatiquement.
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    Tout cela est vraiment un grand progrès, comme nous allons le voir.
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    Bien sûr, nous avons aussi, surtout dans la dernière décennie,
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    réussi à envelopper le monde
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    dans une chaîne dense de supermarchés,
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    dans une chaîne du commerce mondial.
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    Cela signifie que vous mangez désormais des produits,
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    qui peuvent venir de partout dans le monde.
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    Telle est la réalité de notre vie moderne.
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    Maintenant, vous préférerez peut-être ce pain-ci.
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    Excusez mes mains mais c'est comme ça.
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    Mais en réalité, le pain vraiment pertinent
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    du point de vue historique, est ce pain blanc miracle.
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    Et ne méprisez pas le pain blanc
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    parce que vraiment, je crois,
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    il symbolise le fait que le pain et les aliments
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    sont devenus abondants et abordables pour tous.
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    C'est un exploit dont nous
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    ne sont pas vraiment bien conscients.
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    Mais il a changé le monde.
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    Ce pain minuscule qui n'a pas de goût, à certains égards
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    et a beaucoup de problèmes
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    a changé le monde.
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    Alors qu'est-ce qui se passe?
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    Eh bien, la meilleure façon de le comprendre est de faire un tout petit peu de statistiques simplistes.
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    Avec l'avènement de la révolution industrielle
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    avec la modernisation de l'agriculture
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    dans les dernières décennies, depuis les années 1960,
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    la disponibilité alimentaire par tête, dans notre monde,
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    a augmenté de 25 pour cent.
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    Et pendant ce temps la population mondiale a doublé.
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    Cela signifie que nous avons maintenant plus de nourriture disponible
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    que jamais auparavant dans l'histoire de l'humanité.
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    C'est le résultat, directement,
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    du fait de réussir si bien
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    à accroître l'échelle et le volume de notre production.
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    Et cela est vrai, comme vous pouvez le voir, pour tous les pays,
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    y compris les pays dits en développement.
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    Qu'est-il arrivé à notre pain entre temps?
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    Comme la nourriture est devenue abondante ici,
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    cela signifiait aussi que nous étions en mesure de réduire
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    le nombre de personnes travaillant dans l'agriculture
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    à quelque chose comme, en moyenne,
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    cinq pour cent ou moins de la population dans les pays à revenus élevés.
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    Aux Etats-Unis seulement un pour cent de la population sont véritablement des agriculteurs.
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    Cela nous libère tous et nous permet de faire d'autres choses --
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    assister aux rencontres de TED et ne pas nous inquiéter de notre nourriture.
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    C'est, du point de vue historique, une situation vraiment unique.
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    Jamais auparavant la responsabilité de nourrir le monde
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    n'a été dans les mains de si peu de gens.
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    Et jamais auparavant autant de personnes
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    n'ont été inconscients de ce fait.
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    Donc, comme la nourriture est devenue plus abondante, le pain est devenu moins cher.
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    Comme il est devenu moins cher, les fabricants de pain ont décidé d'y ajouter toutes sortes de choses.
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    Nous avons ajouté plus de sucre.
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    Nous ajoutons des raisins secs, de l'huile et du lait,
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    et toutes sortes de choses pour faire du pain,
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    et passer d'un aliment simple à un genre d'aliment riche en calories.
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    Et aujourd'hui, on associe le pain à l'obésité,
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    ce qui est très étrange.
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    C'est l'aliment de base, le plus fondamental
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    que nous avons eu au cours des dix mille dernières années.
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    Le blé est la culture la plus importante - la première culture que nous avons domestiquée
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    et la culture la plus importante que nous faisons encore pousser aujourd'hui.
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    Mais c'est maintenant cette étrange mixture
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    riche en calories.
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    Et c'est vrai non seulement dans ce pays,
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    c'est vrai partout dans le monde.
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    Le pain a migré vers les pays tropicaux
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    où les classes moyennes mangent maintenant des viennoiseries et des hamburgers
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    et où les gens qui font la navette pour aller travailler
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    trouvent le pain bien plus pratique à utiliser
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    que le riz ou le manioc.
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    Donc, d'un aliment de base, le pain a évolué pour devenir
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    une source de calories
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    associée à l'obésité
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    et aussi une source de modernité,
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    de vie moderne.
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    Et plus le pain est blanc, dans de nombreux pays, mieux c'est.
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    Voilà donc l'histoire du pain telle que nous la connaissons aujourd'hui.
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    Mais bien sûr, le prix de la production de masse
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    a été que nous sommes passés à la production à grande échelle.
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    Et cette grande échelle a entraîné la destruction de beaucoup de nos paysages,
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    la destruction de la biodiversité --
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    il reste un emu tout seul ici
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    dans les champs de soja du Cerrado brésilien.
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    Les coûts ont été énormes --
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    la pollution de l'eau, toutes ces choses que vous connaissez, et la destruction de notre habitat.
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    Ce que nous devons faire c'est revenir en arrière pour comprendre ce qu'est notre nourriture.
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    Et c'est là que j'ai une question à vous poser à tous.
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    Combien d'entre vous peuvent effectivement distinguer le blé des autres céréales?
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    Combien d'entre vous peuvent en fait faire un pain
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    de cette façon, sans démarrer avec une machine à pain
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    ou juste une sorte de saveur emballée?
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    Pouvez-vous faire du pain? Savez-vous combien un pain coûte vraiment?
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    Nous nous sommes très éloignés
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    de ce que notre pain est réellement,
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    ce qui, là encore,
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    est très étrange du point de vue de l'évolution.
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    En fait peu d'entre vous savent que
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    notre pain, bien sûr, n'était pas une invention européenne.
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    Il a été inventé par des agriculteurs en Irak
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    et en Syrie en particulier.
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    L'épi minuscule sur la gauche vers le centre
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    est en fait l'ancêtre du blé.
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    C'est de là que tout vient.
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    Et c'est là que ces agriculteurs, il y a mille ans,
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    nous ont vraiment mis sur la route de pain.
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    Maintenant, il n'est pas surprenant
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    que, par cette massification et cette production à grande échelle,
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    un contre-mouvement ait vu le jour --
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    clairement aussi ici, en Californie.
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    Le contre-mouvement dit: "Revenons à cela.
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    Revenons à l'agriculture traditionnelle.
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    Revenons à une petite échelle, aux marchés d'agriculteurs,
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    aux petites boulangeries et tout ça. Merveilleux.
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    Ne sommes-nous pas tous d'accord? Je le suis certainement.
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    J'aimerais revenir à la Toscane
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    à ce genre de cadre traditionnel,
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    gastronomie bonne nourriture.
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    Mais c'est une erreur.
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    Et l'erreur vient du fait que l'on idéalise
  • 9:13 - 9:16
    un passé que nous avons oublié.
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    Si nous faisons cela, si nous voulons en rester aux exploitations traditionnelles à petite échelle
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    nous allons, en fait, reléguer
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    ces agricultrices pauvres et leurs maris,
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    parmi lesquels j'ai vécu pendant de nombreuses années,
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    qui travaillent sans électricité ni eau, pour essayer d'améliorer leur production alimentaire.
  • 9:31 - 9:34
    Nous les reléguons à la pauvreté.
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    Ce qu'ils veulent, ce sont des instruments
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    pour accroître leur production --
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    quelque chose pour fertiliser le sol,
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    quelque chose pour protéger leurs cultures et les apporter à un marché.
  • 9:43 - 9:45
    Nous ne pouvons pas seulement penser que la petite échelle
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    est la solution au problème alimentaire mondial.
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    C'est une solution de luxe pour nous qui pouvons nous le permettre,
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    si vous souhaitez vous l'offrir.
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    En fait, nous ne voulons pas que cette femme pauvre
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    travaille la terre terre comme ça.
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    Si nous disons qu'on se limite à la production à petite échelle,
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    comme c'est la tendance ici,
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    pour revenir aux nourritures locales, cela signifie qu'un homme pauvre comme Hans Rosling
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    ne peut même plus manger d'oranges
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    parce qu'en Scandinavie, nous n'avons pas d'oranges.
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    Donc la production alimentaire locale est hors de question.
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    Mais nous ne voulons pas non plus
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    reléguer à la pauvreté dans les zones rurales.
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    Et nous ne voulons pas reléguer
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    les citadins pauvres à la famine.
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    Il nous faut donc trouver d'autres solutions.
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    Un de nos problèmes est que la production alimentaire mondiale
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    a besoin d'augmenter très rapidement --
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    de doubler d'ici 2030 environ.
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    Le principal moteur en est la viande en fait.
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    La consommation de viande en Asie du Sud et en Chine en particulier
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    est ce qui fait monter les prix des céréales.
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    Ce besoin en protéines animales va persister.
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    Nous pourrons discuter de solutions alternatives dans une autre allocution, un jour, peut-être.
  • 10:49 - 10:51
    Mais ceci est notre force motrice.
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    Alors, que pouvons-nous faire?
  • 10:53 - 10:57
    Pouvons-nous trouver une solution pour produire plus?
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    Oui. Mais nous avons besoin de mécanisation.
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    Et je fais un vrai plaidoyer ici.
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    Je suis convaincue qu'on ne peut pas demander à un petit agriculteur
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    de travailler la terre et de se pencher 150 mille fois pour cultiver un hectare de riz,
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    rien que pour planter une culture et sarcler.
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    On ne peut pas demander aux gens de travailler dans ces conditions.
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    Nous avons besoin d'une mécanisation discrète et astucieuse
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    qui évite les problèmes de la mécanisation à grande échelle que nous avons connus.
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    Alors, que pouvons-nous faire?
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    Nous devons nourrir trois milliards de personnes dans les villes.
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    Nous ne ferons pas cela par le biais de marchés des petits agriculteurs
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    parce que ces gens n'ont pas de marchés de petits agriculteurs à leur disposition.
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    Ils ont de faibles revenus. Et ils bénéficient
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    de nourriture bon marché et abordable, saine et variée.
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    C'est ce que nous devons chercher à obtenir dans les 20 à 30 prochaines années.
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    Mais oui, il y a des solutions.
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    Permettez-moi de faire juste une chose conceptuelle simple:
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    si j'imagine la science comme un intermédiaire
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    pour le contrôle du processus de production et de l'échelle.
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    Ce que vous voyez, c'est que nous avons commencé
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    dans le coin gauche avec l'agriculture traditionnelle,
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    qui était en quelque sorte à petite échelle et peu contrôlée.
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    Nous avons évolué vers une agriculture à grande échelle et très contrôlée.
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    Ce que je voudrais que nous fassions est de maintenir la science et même obtenir plus de science là-dedans
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    et d'aller vers une sorte d'échelle régionale --
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    non seulement en termes d'échelle des champs,
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    mais en termes de réseau alimentaire entier.
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    C'est là que nous devrions aller.
  • 12:23 - 12:26
    Et le nec plus ultra est peut-être, mais cela ne s'applique pas aux céréales,
  • 12:26 - 12:29
    que nous ayons des écosystèmes entièrement fermés --
  • 12:29 - 12:33
    les systèmes horticoles tout en haut à gauche dans le coin.
  • 12:33 - 12:37
    Nous avons donc besoin de penser différemment la science de l'agriculture.
  • 12:37 - 12:39
    Pour la plupart des gens
  • 12:39 - 12:41
    ( et il n'y a pas beaucoup d'agriculteurs ici parmi vous)
  • 12:41 - 12:44
    la science de l' Agriculture a cette mauvaise réputation,
  • 12:44 - 12:46
    qui est associée à la pollution, à une production à grande échelle,
  • 12:46 - 12:48
    à la destruction de l'environnement.
  • 12:48 - 12:50
    Ce n'est pas obligatoire.
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    Nous avons besoin de plus de science et pas de moins. Et nous avons besoin de bonne science.
  • 12:53 - 12:55
    Alors, quel genre de la science peut-on avoir?
  • 12:55 - 12:57
    Eh bien tout d'abord je pense
  • 12:57 - 13:00
    que nous pouvons faire beaucoup mieux avec les technologies existantes.
  • 13:00 - 13:02
    Employer des biotechnologies là où c'est utile,
  • 13:02 - 13:05
    en particulier dans la lutte contre les parasites et les maladies.
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    Il y a aussi des robots, par exemple,
  • 13:07 - 13:09
    qui peuvent reconnaître les mauvaises herbes
  • 13:09 - 13:12
    avec une résolution d'un demi-pouce. (moins de 2 cm)
  • 13:12 - 13:14
    Nous avons une irrgation beaucoup plus intelligente.
  • 13:14 - 13:18
    Nous n'avons pas besoin de gaspiller de l'eau si nous ne le voulons pas.
  • 13:18 - 13:21
    Et nous devons réfléchir très sereinement
  • 13:21 - 13:23
    sur les avantages relatifs
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    de la petite et la grande échelle.
  • 13:26 - 13:28
    Nous devons penser que la terre est multi-fonctionnelle.
  • 13:28 - 13:30
    Elle a des fonctions différentes.
  • 13:30 - 13:33
    Nous devons l'utiliser de différentes façons --
  • 13:33 - 13:36
    pour l'habitat, pour la nature, pour l'agriculture.
  • 13:36 - 13:39
    Et nous avons aussi besoin de réexaminer le bétail.
  • 13:39 - 13:42
    De passer à des productions régionales et aller vers des systèmes alimentaires urbains.
  • 13:42 - 13:46
    Je veux voir des bassins à poissons dans les parkings et les sous-sols.
  • 13:46 - 13:48
    Je veux qu'il y ait de l'horticulture
  • 13:48 - 13:51
    et des serres au-dessus des zones résidentielles.
  • 13:51 - 13:54
    Et je veux utiliser l'énergie qui émane de ces serres
  • 13:54 - 13:56
    et de la fermentation de cultures
  • 13:56 - 13:58
    pour chauffer nos zones résidentielles.
  • 13:58 - 14:00
    Nous avons toutes sortes de moyens pour le faire.
  • 14:00 - 14:02
    Nous ne pouvons pas résoudre le problème alimentaire mondial
  • 14:02 - 14:04
    en utilisant l'agriculture biologique.
  • 14:04 - 14:07
    Mais nous pouvons faire bien plus.
  • 14:07 - 14:10
    Et la principale chose que je voudrais vraiment vous demander à tous
  • 14:10 - 14:13
    comme vous retournez dans vos pays, ou que vous restez ici,
  • 14:13 - 14:17
    demandez à votre gouvernement une politique alimentaire intégrée.
  • 14:17 - 14:20
    La nourriture est aussi importante que l'énergie,
  • 14:20 - 14:22
    que la sécurité, que l'environnement.
  • 14:22 - 14:24
    Tout est lié ensemble.
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    Nous pouvons faire cela. En fait, dans un pays densement peuplé
  • 14:27 - 14:30
    comme le delta de la rivière, où je vis aux Pays-Bas,
  • 14:30 - 14:32
    nous avons combiné ces fonctions.
  • 14:32 - 14:35
    Donc ce n'est pas de la science fiction. Nous pouvons combiner les choses
  • 14:35 - 14:37
    même dans un sens social de faire
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    des zones rurales plus accessibles aux personnes --
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    pour loger les malades chroniques par exemple.
  • 14:42 - 14:44
    Il y a toutes sortes de choses que nous pouvons faire.
  • 14:44 - 14:47
    Mais il y a quelque chose que vous devez faire. Il ne suffit pas que je le dise,
  • 14:47 - 14:50
    "Mettons une science plus audacieuse dans l'agriculture."
  • 14:50 - 14:52
    Vous devez revenir en arrière,
  • 14:52 - 14:54
    et pensez à votre propre chaîne alimentaire.
  • 14:54 - 14:56
    Discutez avec les agriculteurs. A quand remonte la dernière fois
  • 14:56 - 14:58
    où vous êtes allés dans une ferme et avez parlé à un fermier?
  • 14:58 - 15:00
    Parlez aux gens dans les restaurants.
  • 15:00 - 15:02
    Sachez où vous vous trouvez dans la chaîne alimentaire,
  • 15:02 - 15:04
    d'où vient votre nourriture.
  • 15:04 - 15:06
    Comprenez que vous faites partie
  • 15:06 - 15:08
    de cette énorme chaîne d'événements.
  • 15:08 - 15:11
    Cela vous libère pour faire autre chose.
  • 15:11 - 15:15
    Et surtout, pour moi, la nourriture est une question de respect.
  • 15:15 - 15:17
    Il s'agit de comprendre quand vous mangez
  • 15:17 - 15:21
    qu'il y a aussi beaucoup de gens qui sont encore dans cette situation,
  • 15:21 - 15:24
    qui luttent encore pour leur nourriture quotidienne.
  • 15:24 - 15:27
    Et le type de solutions simplistes que nous avons parfois,
  • 15:27 - 15:29
    de penser que de tout faire à la main
  • 15:29 - 15:31
    va être la solution,
  • 15:31 - 15:34
    n'est vraiment pas moralement justifié.
  • 15:34 - 15:36
    Nous devons aider à les sortir de la pauvreté.
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    Nous devons les rendre fiers d'être agriculteurs
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    car ils nous permettent de survivre.
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    Jamais auparavant, comme je l'ai dit,
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    la responsabilité de la nourriture
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    n'a été dans les mains de si peu de gens.
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    Et jamais auparavant nous n'avons eu le luxe
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    de la prendre pour acquise
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    car elle est maintenant si bon marché.
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    Et je pense qu'il n'y a personne d'autre qui a exprimé
  • 15:58 - 16:02
    mieux, pour moi, l'idée qu'en fin de compte la nourriture
  • 16:02 - 16:05
    est quelque chose de sacré dans notre propre tradition.
  • 16:05 - 16:07
    Il ne s'agit pas de nutriments et de calories.
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    Il s'agit de partage. Il s'agit de l'honnêteté. Il s'agit de l'identité.
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    Celui qui a dit cela de façon si belle était le Mahatma Gandhi,
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    il y a 75 ans, quand il a parlé du pain.
  • 16:17 - 16:20
    Il n'a pas parlé de riz. En Inde, il a dit,
  • 16:20 - 16:24
    "A ceux qui doivent se passer de deux repas par jour,
  • 16:24 - 16:27
    Dieu ne peut apparaître qu'en tant que pain."
  • 16:27 - 16:31
    Alors je finis mon pain ici --
  • 16:31 - 16:35
    et je l'ai fait cuire. Je vais essayer de ne pas me brûler les mains.
  • 16:35 - 16:37
    Permettez-moi de le partager
  • 16:37 - 16:39
    avec ceux d'entre vous ici, au premier rang.
  • 16:39 - 16:41
    Permettez-moi de partager une partie de la nourriture avec vous.
  • 16:41 - 16:43
    Prenez un peu de mon pain.
  • 16:43 - 16:46
    Et en le mangeant, et en l'essayant --
  • 16:46 - 16:48
    S'il vous plaît levez-vous et approchez.
  • 16:48 - 16:50
    Prenez-en.
  • 16:50 - 16:53
    Je vous demande de penser que chaque bouchée vous connecte
  • 16:53 - 16:55
    au passé et à l'avenir,
  • 16:55 - 16:57
    à ces agriculteurs anonymes,
  • 16:57 - 17:01
    qui ont été les premiers à cultiver les premières variétés de blé,
  • 17:01 - 17:03
    et aux agriculteurs d'aujourd'hui,
  • 17:03 - 17:06
    qui ont fait ceci. Et vous ne savez même pas qui ils sont.
  • 17:06 - 17:08
    Chaque repas que vous mangez
  • 17:08 - 17:12
    contient des ingrédients venus de partout dans le monde.
  • 17:12 - 17:15
    Tout nous rend si privilégiés,
  • 17:15 - 17:18
    le fait de pouvoir manger cette nourriture, de ne pas lutter tous les jours.
  • 17:18 - 17:20
    Cela est unique, je crois,
  • 17:20 - 17:22
    du point de vue de l'évolution.
  • 17:22 - 17:24
    Nous n'avons jamais connu cela avant.
  • 17:24 - 17:26
    Alors profitez de votre pain.
  • 17:26 - 17:28
    Mangez-le, et sentez-vous privilégiés.
  • 17:28 - 17:30
    Merci beaucoup.
  • 17:30 - 17:42
    (Applaudissements)
Title:
Louise Fresco parle de nourrir le monde entier
Speaker:
Louise Fresco
Description:

Louise Fresco nous montre pourquoi nous devrions célébrer le pain produit en masse comme celui qu'on trouve dans les supermarchés. Elle dit que la production de masse saine du point de vue environnemental nourrira le monde, mais laisse cependant un rôle à jouer pour les petites boulangeries et les méthodes traditionnelles.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:46
Elisabeth Buffard added a translation

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