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Pour une culture critique des données | Samuel GOËTA | TEDxUTCompiègne

  • 0:18 - 0:23
    (Applaudissements)
  • 0:25 - 0:29
    Chaque semaine, il m'arrive
    de tomber sur un article, un rapport,
  • 0:29 - 0:33
    ou un reportage qui dit
    que les données sont le nouveau pétrole,
  • 0:33 - 0:37
    que leur exploitation générera
    une nouvelle ère de la connaissance,
  • 0:37 - 0:39
    ou encore qu'elles prédiront l'avenir.
  • 0:40 - 0:44
    C'est particulièrement le cas depuis
    que le Big data est sur toutes les lèvres.
  • 0:44 - 0:47
    Vous savez, l'exploitation de données
    volumineuses, de méga données.
  • 0:48 - 0:51
    Par exemple, il y a Sergeï Brin,
    le fondateur de Google
  • 0:51 - 0:53
    qui mise sur l'exploitation
    de données médicales
  • 0:53 - 0:56
    pour guérir la maladie
    de Parkinson qui le guette.
  • 0:57 - 1:00
    On a aussi beaucoup dit pendant
    la Coupe du Monde de football
  • 1:00 - 1:04
    que l'équipe d'Allemagne
    avait infligé un 7-1 à l'équipe du Brésil
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    grâce à l'exploitation
    des données des matchs.
  • 1:07 - 1:08
    C'est simple,
  • 1:08 - 1:12
    il n'y a pas un domaine
    ou un type d'organisations
  • 1:12 - 1:13
    pour lesquelles le Big data
  • 1:13 - 1:16
    n'est pas annoncé comme
    la baguette magique qui va permettre
  • 1:16 - 1:19
    de résoudre des problèmes
    extrêmement complexes.
  • 1:20 - 1:23
    Et je dois avouer
    que j'ai un certain malaise,
  • 1:23 - 1:26
    face à ce discours
    que je trouve assez simpliste,
  • 1:26 - 1:29
    qui selon moi occulte
    les enjeux économiques,
  • 1:29 - 1:31
    environnementaux,
  • 1:31 - 1:31
    politiques,
  • 1:31 - 1:34
    ou ethiques, de la production
    massive de données.
  • 1:35 - 1:38
    N'allez pas croire que je suis sceptique
  • 1:38 - 1:40
    ou dubitatif à l'égard des données
  • 1:40 - 1:43
    ou que je sois opposé
    à toute forme de quantification.
  • 1:43 - 1:44
    Au contraire,
  • 1:44 - 1:46
    je vis au milieu des données.
  • 1:46 - 1:50
    Le jour, je fais une thèse
    en sociologie à Télécom ParisTech
  • 1:50 - 1:51
    où j'étudie l'Open data.
  • 1:51 - 1:54
    Vous savez, ce grand mouvement
    d'ouverture des données publiques.
  • 1:54 - 1:56
    Et j'étudie les conséquences
    de l'Open data
  • 1:56 - 1:59
    pour le fonctionnement
    des administrations.
  • 1:59 - 2:02
    La nuit, je suis administrateur
    d'une association,
  • 2:02 - 2:04
    l'Open Knowledge Foundation France,
  • 2:04 - 2:08
    qui milite pour que l'ouverture du savoir
    et des données bénéficient à tous.
  • 2:08 - 2:10
    Aujourd'hui, je voudrais vous convaincre
  • 2:10 - 2:13
    qu'à l'heure où les données
    s'imposent à nous,
  • 2:13 - 2:16
    il est nécessaire de prendre
    un petit peu de recul.
  • 2:16 - 2:18
    Le sacre des données auquel on assiste
  • 2:18 - 2:20
    à l'heure de l'Open data et du Big data
  • 2:20 - 2:22
    nécessite qu'on développe
    une culture critique des données.
  • 2:22 - 2:27
    On sera capable de comprendre
    comment elles sont produites, utilisées,
  • 2:27 - 2:29
    et comment on peut s'en émanciper.
  • 2:29 - 2:32
    Je veux aussi partager
    les résultats d'une expérimentation
  • 2:32 - 2:35
    qu'on a fait au sein de l'OKF France,
  • 2:35 - 2:37
    qui s'appelle « l'École des données ».
  • 2:37 - 2:40
    Pour vous dire que
    c'est par l'utilisation des données,
  • 2:40 - 2:44
    qu'on arrivera à développer
    cette culture critique
  • 2:44 - 2:47
    et qu'on arrivera à développer
    de nouveaux contre-pouvoirs.
  • 2:47 - 2:49
    Alors, quels sont les problèmes
    avec les données ?
  • 2:51 - 2:54
    Le premier problème,
    c'est que les données ont toujours raison.
  • 2:54 - 2:57
    Alors, n'allez pas croire
    que c'est quelque chose qui est nouveau.
  • 2:57 - 3:01
    Historiquement, le mot donnée
    vient du latin « datum »
  • 3:01 - 3:04
    qui, en mathématiques et en théologie,
  • 3:04 - 3:06
    désignait, au XVe siècle,
  • 3:06 - 3:08
    ce qui était admis avant un argument,
  • 3:08 - 3:10
    ce qui n'était pas à remettre en cause.
  • 3:10 - 3:12
    Aujourd'hui, vous le savez,
    les données ça désigne
  • 3:12 - 3:14
    tout ce qui circule dans votre ordinateur.
  • 3:14 - 3:18
    C'est-à-dire, que les 0 et les 1
    qui passent d'une clé usb à un disque dur
  • 3:18 - 3:19
    sont des données.
  • 3:20 - 3:21
    Par contre,
  • 3:21 - 3:22
    le caractère de ce qui est admis,
  • 3:22 - 3:24
    de ce qui est donné,
  • 3:24 - 3:25
    de ce qu'on ne remet pas en cause,
  • 3:25 - 3:26
    est resté.
  • 3:28 - 3:30
    Le deuxième problème avec les données,
  • 3:30 - 3:32
    c'est qu'on ne sait pas
    vraiment d'où elles viennent.
  • 3:33 - 3:35
    En général, quand quelqu'un
    utilise des données,
  • 3:35 - 3:37
    vous avez extrêmement
    peu d'information sur la manière
  • 3:37 - 3:39
    dont elles ont été produites.
  • 3:39 - 3:41
    Au mieux, vous aurez accès
    à des métadonnées,
  • 3:41 - 3:43
    c'est-à-dire, des données sur les données,
  • 3:43 - 3:47
    qui vont vous expliquer le contenu
    du fichier et puis, occasionnellement,
  • 3:47 - 3:49
    vous dire comment elles ont été produites.
  • 3:50 - 3:52
    Pourtant, les données ont un lourd passé.
  • 3:53 - 3:55
    Elles ont été collectées.
  • 3:55 - 3:57
    Elles ont été traitées, mises en forme,
  • 3:57 - 4:00
    elles ont été agrégées,
    sont passées dans des algorithmes,
  • 4:00 - 4:03
    et ont été visualisées avant
    que vous puissiez y accéder.
  • 4:03 - 4:05
    C'est pour ça
    que le sociologue Bruno Latour
  • 4:05 - 4:08
    appelle à ne pas parler
    de données mais d'obtenues,
  • 4:08 - 4:10
    pour justement rendre
    compte de ce lourd passé
  • 4:10 - 4:13
    qui va guider un certain nombre d'usages.
  • 4:13 - 4:16
    Enfin, le troisième
    problème avec les données
  • 4:16 - 4:18
    c'est qu'on ne les voit pas vraiment.
  • 4:18 - 4:20
    Avez-vous déjà vu un data center,
  • 4:20 - 4:23
    ne serait-ce même que de l'extérieur,
    ou même depuis la route ?
  • 4:23 - 4:26
    Est-ce que vous avez une idée
    d'où sont stockées vos données ?
  • 4:26 - 4:29
    Mais je veux dire où, physiquement,
    elles sont stockés ?
  • 4:29 - 4:32
    Avez-vous une idée
    de ce qu'elles vont devenir dans 10 ans ?
  • 4:32 - 4:34
    En tout cas, je n'ai pas la réponse
    à ces 3 questions.
  • 4:34 - 4:38
    Pourtant même si on arrive pas à les voir,
    on arrive à mesurer leurs effets.
  • 4:38 - 4:41
    Alors au niveau vraiment très individuel,
  • 4:41 - 4:44
    quand Facebook change
    ses conditions d'utilisation
  • 4:44 - 4:48
    ou le fonctionnement de son algorithme,
    ça a des conséquences sur votre vie privée
  • 4:48 - 4:51
    et la manière dont vous vous représentez
    en tant qu'individu.
  • 4:51 - 4:54
    Et au niveau le plus macroscopique,
    l'affaire Snowden a montré
  • 4:54 - 4:56
    que la production massive de données
  • 4:56 - 4:59
    pouvait avoir des conséquences
    sur la souveraineté des États
  • 4:59 - 5:00
    ou encore la diplomatie.
  • 5:02 - 5:04
    C'est pour ça qu'il faut
    arriver à développer
  • 5:04 - 5:05
    cette culture critique des données.
  • 5:05 - 5:07
    Alors pour m'inspirer,
  • 5:07 - 5:12
    je me suis inspiré d'un ouvrage,
    qui s'appelle « Stat-activisme ».
  • 5:12 - 5:14
    Le stat-activisme, c'est un néologisme
  • 5:14 - 5:17
    qui a été proposé par des chercheurs
    et des artistes,
  • 5:17 - 5:21
    et qui désigne l'ensemble des expériences
    qui permettent de s'émanciper
  • 5:21 - 5:23
    du pouvoir des données.
  • 5:23 - 5:25
    Le constat de base du stat-activisme,
  • 5:25 - 5:27
    c'est de dire que les données
    nous gouvernent,
  • 5:27 - 5:30
    et qu'elles s'imposent à nous comme
    des arguments d'autorité.
  • 5:30 - 5:34
    Le mot d'ordre du stat-activisme,
    il est presque révolutionnaire.
  • 5:34 - 5:36
    L'idée, c'est que d'autres
    données soient possibles.
  • 5:36 - 5:39
    Il ne s'agit pas de s'opposer
    à toutes les données,
  • 5:39 - 5:41
    il s'agit justement d'utiliser
    le pouvoir des données
  • 5:41 - 5:43
    pour proposer d'autres réalités,
  • 5:43 - 5:45
    pour arriver à mieux les critiquer,
  • 5:45 - 5:47
    ou proposer d'autres indicateurs.
  • 5:47 - 5:49
    Bref, à proposer d'autres données.
  • 5:49 - 5:53
    Il y a une figure dans le livre
    que je trouve particulièrement parlante,
  • 5:53 - 5:54
    c'est celle du judoka.
  • 5:55 - 5:59
    Le judoka prolonge la force
    de son adversaire pour mieux le retourner.
  • 5:59 - 6:02
    C'est ce que je voudrais
    vous inviter à faire aujourd'hui :
  • 6:02 - 6:07
    réfléchir à comment utiliser
    des données pour mieux les critiquer.
  • 6:08 - 6:12
    Et je pense justement
    qu'à l'heure de l'Open data,
  • 6:12 - 6:14
    la nécessité de développer
    une culture critique des données,
  • 6:14 - 6:17
    est de plus en plus cruciale.
  • 6:17 - 6:21
    Ne vous trompez pas, l'Open data
    c'est une opportunité extraordinaire.
  • 6:21 - 6:23
    Le volume de données explose
  • 6:23 - 6:26
    et les données ne sont plus
    le privilège des puissants.
  • 6:26 - 6:28
    Aujourd'hui, vous pouvez
    utiliser des données
  • 6:28 - 6:30
    sans demander d'autorisation à personne.
  • 6:30 - 6:34
    Et c'est une bonne nouvelle puisque
    des données publiques sont disponibles.
  • 6:34 - 6:35
    Mais je pense qu'il y a un risque,
  • 6:35 - 6:38
    à penser que la simple
    diffusion des données
  • 6:38 - 6:40
    suffirait à émanciper la société,
  • 6:40 - 6:44
    que les individus arriveraient
    à s'émanciper du pouvoir des données
  • 6:44 - 6:46
    juste parce qu'ils ont accès aux données.
  • 6:46 - 6:49
    Il y a un sociologue canadien
    qui s'appelle Michael Gurstein,
  • 6:49 - 6:53
    qui a proposé une formule qui, selon moi,
    résume un des risques de l'Open data,
  • 6:53 - 6:57
    qui est celle qu'il appelle :
    « Empower the Empowered »,
  • 6:57 - 6:59
    c'est-à-dire, donner plus
    de pouvoir à ceux qui en ont déjà.
  • 6:59 - 7:03
    C'est pour ça qu'il est crucial
    de développer une culture critique,
  • 7:03 - 7:06
    être capable de comprendre
    comment elles sont produites,
  • 7:06 - 7:09
    utilisées, et comment vous pouvez
    les utiliser pour prendre du recul.
  • 7:10 - 7:11
    Alors ça, c'est la théorie.
  • 7:11 - 7:15
    Je voudrais vous faire part
    des premiers résultats d'une expérience
  • 7:15 - 7:18
    qu'on a faite au sein de mon association :
    l'Open Knowledge Foundation France
  • 7:18 - 7:22
    On fait partie d'un réseau mondial dédié
    à l'ouverture du savoir et des données.
  • 7:22 - 7:24
    On est présent dans plus de 50 pays.
  • 7:24 - 7:27
    Et l'idée de notre association
    et de ce mouvement mondial
  • 7:27 - 7:29
    c'est que chacun puisse bénéficier,
    puisse profiter,
  • 7:29 - 7:33
    d'œuvres, d'articles
    scientifiques, de contenus,
  • 7:33 - 7:37
    pour créer, divertir, éduquer
    ou monter une entreprise.
  • 7:38 - 7:41
    Open Knowledge a un très
    grand nombre de projets.
  • 7:41 - 7:44
    Je vais vous parler d'un en particulier,
    la « School of data ».
  • 7:44 - 7:47
    On a participé à la traduction,
    de manière collaborative, de ce projet,
  • 7:47 - 7:49
    c'est « l'École des données ».
  • 7:49 - 7:52
    L'École des données c'est, à la fois,
    des ressources en ligne
  • 7:52 - 7:54
    qui sont gratuites et accessibles à tous,
  • 7:54 - 7:55
    et c'est aussi des événements.
  • 7:56 - 7:58
    On propose d'abord des cours.
  • 7:59 - 8:02
    Dans ces cours, on vous demande
    même pas de savoir ce qu'est une donnée.
  • 8:02 - 8:05
    Ou de savoir utiliser un tableur,
    qui est vraiment l'outil de base.
  • 8:05 - 8:07
    Tout ça, on vous l'apprend dans nos cours.
  • 8:08 - 8:10
    Il n'y a aucune compétence exigée,
  • 8:10 - 8:15
    on vous guide étape par étape
    dans l'utilisation des données.
  • 8:15 - 8:18
    On a aussi un autre format,
    qui est particulièrement didactique,
  • 8:18 - 8:19
    qui est celui des recettes.
  • 8:19 - 8:22
    Les recettes, c'est comme en cuisine,
    vous avez des ingrédients
  • 8:22 - 8:23
    et des étapes.
  • 8:23 - 8:25
    Les ingrédients, ça va être des données,
  • 8:25 - 8:28
    des logiciels, libres si possible,
  • 8:28 - 8:31
    pour que vous puissiez
    utiliser des données.
  • 8:31 - 8:34
    L'idée c'est que, faire une carte
    des résultats électoraux
  • 8:34 - 8:37
    ou un graphique des résultats
    de l'équipe de France,
  • 8:37 - 8:40
    soit aussi simple que de faire
    une tarte tatin ou une sauce béchamel.
  • 8:40 - 8:42
    Vous trouvez les ressources en ligne
  • 8:42 - 8:45
    et on vous accompagne,
    étape par étape pour le faire.
  • 8:45 - 8:48
    On essaye aussi de développer
    un autre format qui est plus présentiel,
  • 8:48 - 8:50
    qui est celui des expéditions.
  • 8:50 - 8:53
    Alors les expéditions,
    c'est comme en montagne,
  • 8:53 - 8:55
    vous avez un guide, un « data sherpa »,
  • 8:55 - 8:57
    qui va vous accompagner,
  • 8:57 - 8:58
    le long d'une cordée,
  • 8:58 - 9:01
    et on est une dizaine,
    une vingtaine de participants
  • 9:01 - 9:05
    à participer pendant un week-end
    ou parfois quelques heures.
  • 9:06 - 9:08
    Notre première expédition de données,
  • 9:08 - 9:11
    on l'a faite sur la question
    de la pollution de l'air en Île-de-France.
  • 9:11 - 9:13
    Je ne sais pas si vous avez en tête
  • 9:13 - 9:15
    ces images de Paris
    avec des nuages noirs de pollution.
  • 9:15 - 9:18
    Ça nous a particulièrement
    marqués et on s'est dit :
  • 9:18 - 9:22
    « Tiens, on va aller creuser
    la question de ces données-là ».
  • 9:22 - 9:25
    La première étape, quand on a fait
    cette expédition de données,
  • 9:25 - 9:28
    c'était d'identifier
    les données disponibles.
  • 9:28 - 9:31
    On s'est rendu compte
    qu'il n'y avait aucune donnée disponible,
  • 9:31 - 9:35
    librement réutilisable, c'est-à-dire,
    que vous avez le droit de les réutiliser
  • 9:35 - 9:37
    sans demander de permission,
    sur cette question cruciale.
  • 9:37 - 9:41
    Du coup, on a dû aller extraire
    des données qui sont sur des sites,
  • 9:41 - 9:43
    dans des rapports
    ou même dans des graphiques.
  • 9:43 - 9:47
    Imaginez la galère que c'est d'ouvrir
    des données qui sont dans un graphique.
  • 9:48 - 9:50
    On s'est aussi rendu compte qu'Airparif,
  • 9:50 - 9:53
    l'organisme qui est en charge
    de la production des données
  • 9:53 - 9:56
    qui régulent la question de la pollution
    de l'air en Île-de-France,
  • 9:56 - 10:00
    ne vous permet pas d'utiliser
    librement ses données.
  • 10:00 - 10:02
    Il faut réclamer la permission ou payer.
  • 10:03 - 10:05
    On a quand même pu passer ces contraintes,
  • 10:05 - 10:08
    et on a conduit cette expédition,
  • 10:08 - 10:11
    guidée par notre sherpa, Pierre.
  • 10:11 - 10:14
    Dans cette expédition de données,
  • 10:14 - 10:18
    on s'est regroupé dans des petits groupes
    et chaque groupe était assigné à un angle.
  • 10:18 - 10:22
    Un des principes de ces expéditions :
    vous avez un angle, comme en journalisme,
  • 10:22 - 10:25
    on se pose une question
    qui pourrait être le titre d'un article.
  • 10:25 - 10:27
    Le premier groupe s'est demandé
  • 10:27 - 10:31
    si la pratique du vélo avait fait
    diminuer la pollution de l'air à Paris.
  • 10:31 - 10:33
    Le deuxième groupe,
  • 10:33 - 10:34
    alors c'était une période de grève,
  • 10:34 - 10:37
    s'est donc justement demandé,
    si les grèves des transports publics
  • 10:37 - 10:41
    faisaient augmenter la pollution
    de l'air en Île-de-France.
  • 10:41 - 10:44
    Et le troisième groupe s'est demandé
    si tous les territoires sont égaux
  • 10:44 - 10:48
    face à la pollution de l'air,
    si la géographie, l'environnement,
  • 10:48 - 10:51
    pouvaient impacter et si on pouvait
    le voir dans les données.
  • 10:54 - 10:55
    Le résultat de cette expédition,
  • 10:55 - 10:57
    je suis désolé,
    il va être un peu décevant.
  • 10:57 - 11:01
    On n'a pas montré de corrélation,
    un lien causal parfait
  • 11:01 - 11:04
    avec de beaux points,
    une belle courbe, une belle droite,
  • 11:04 - 11:07
    qui prouvent que nos hypothèses
    sont prouvées.
  • 11:07 - 11:10
    On n'est pas arrivé à faire ça,
    mais on a travaillé pendant 4 heures.
  • 11:10 - 11:12
    Ce qu'on est arrivé à montrer par contre,
  • 11:12 - 11:14
    c'est que c'est extrêmement difficile
  • 11:14 - 11:18
    d'utiliser les données sur une question
    aussi cruciale que la pollution de l'air,
  • 11:18 - 11:20
    de comprendre comment
    elles sont produites,
  • 11:20 - 11:23
    extrêmement difficile de les utiliser,
  • 11:23 - 11:26
    que les indicateurs les plus simples
    ne sont pas accessibles,
  • 11:26 - 11:29
    et que vous n'avez pas forcément
    le droit de les réutiliser.
  • 11:29 - 11:32
    C'est justement ce qu'on a essayé
    de faire dans cet événement :
  • 11:32 - 11:35
    de développer une culture critique
    de la manière dont les données
  • 11:35 - 11:38
    sont utilisées sur la question
    de la pollution de l'air.
  • 11:38 - 11:43
    On essaye de développer aussi ce format
    d'expéditions et d'événements présentiels
  • 11:43 - 11:45
    avec un autre public,
  • 11:45 - 11:46
    qui est moins attendu,
  • 11:46 - 11:48
    qui est celui des enfants.
  • 11:48 - 11:53
    On s'est posé la question lors
    d'un événement qu'on a fait avec Etalab,
  • 11:53 - 11:57
    l'institution gouvernementale
    en charge de data.gouv.fr,
  • 11:57 - 12:00
    le portail des données
    ouvertes de l’État français.
  • 12:00 - 12:04
    On leur a proposé d'imaginer des portails
    Open data radicalement différents.
  • 12:04 - 12:08
    C'étaient des projets fictifs,
    juste des maquettes.
  • 12:08 - 12:13
    Il y a un groupe qui est sorti avec
    une maquette qui s'appelle Tada.gouv.fr.
  • 12:13 - 12:17
    Tada.gouv.fr, c'est un portail fictif,
    un peu idéal, destiné aux enfants.
  • 12:18 - 12:22
    Les données sont présentées non pas par
    compétence gouvernementale, par ministère,
  • 12:22 - 12:25
    mais par discipline, c'est-à-dire
    que vous avez des données
  • 12:25 - 12:28
    sur l'histoire et la géographie,
    la physique et la chimie
  • 12:28 - 12:29
    ou les sciences de la vie et de la Terre.
  • 12:29 - 12:32
    À cette occasion, on s'est rendu compte
    que les données ouvertes
  • 12:32 - 12:35
    pouvaient être une formidable
    ressource pour l'école
  • 12:35 - 12:38
    parce que ça permettait de développer
    le travail inter-disciplinaire,
  • 12:38 - 12:41
    et cette culture critique
    des données à laquelle j'appelle.
  • 12:42 - 12:44
    On n'est pas resté juste dans le constat,
  • 12:44 - 12:46
    on a essayé de faire
    une première expérimentation
  • 12:46 - 12:49
    et je voudrais vous parler
    des premiers résultats.
  • 12:50 - 12:52
    On s'est associé avec Sillicon Banlieue,
  • 12:52 - 12:54
    qui est un lieu dédié
    au numérique à Argenteuil,
  • 12:54 - 12:56
    et on leur a proposé de faire un événement
  • 12:56 - 12:58
    avec des enfants de 8 à 14 ans,
  • 12:58 - 13:00
    qui sont venus à l'Open World Forum,
  • 13:00 - 13:03
    un événement dédié
    au logiciel libre à Paris.
  • 13:03 - 13:05
    Là c'est moi que vous voyez de dos.
  • 13:05 - 13:09
    On a travaillé avec ces enfants
    de 8 à 14 ans sur la question du cinéma,
  • 13:09 - 13:12
    parce que ça les intéresse,
    et c'est un sujet assez facile avec eux.
  • 13:12 - 13:14
    D'abord on a collecté des données,
  • 13:14 - 13:17
    rien de très compliqué,
    c'était juste un formulaire papier,
  • 13:17 - 13:20
    on leur a demandé combien
    de fois par mois ils allaient au cinéma,
  • 13:20 - 13:24
    quels films ils avaient vus sur une liste,
    puis on a comparé cela aux données
  • 13:24 - 13:27
    qui sont disponibles dans l'enquête
    des pratiques culturelles des Français,
  • 13:27 - 13:30
    sur lesquelles vous avez
    exactement le même type de données.
  • 13:30 - 13:34
    On a produit avec ces enfants
    une infographie à cette occasion.
  • 13:34 - 13:38
    Alors moi qui suis vraiment
    une brêle en maths, qui ai eu 7,5 au Bac,
  • 13:38 - 13:41
    je me suis retrouvé à expliquer
    ce qu'était et comment on faisait
  • 13:41 - 13:44
    une moyenne dans un tableur,
    ce qui était assez surprenant.
  • 13:44 - 13:45
    Je leur ai expliqué le fonctionnement.
  • 13:45 - 13:50
    On en est ressorti avec une infographie
    et on a pu à cette occasion,
  • 13:50 - 13:53
    je pense que c'est là qu'il est important
    de développer une culture critique,
  • 13:53 - 13:57
    Je leur ai expliqué ce qu'est une donnée,
    comment elles sont utilisées,
  • 13:57 - 13:58
    comment ils peuvent les utiliser,
  • 13:58 - 14:01
    comment elles nous gouvernent
    d'une certaine manière,
  • 14:01 - 14:04
    mais qu'on peut aussi reprendre
    du pouvoir sur ces données.
  • 14:04 - 14:07
    Je vous assure qu'avec un sujet
    aussi attractif que le cinéma,
  • 14:07 - 14:09
    on peut faire passer ce genre de message
  • 14:09 - 14:11
    et avoir une discussion
    sur ces questions-là.
  • 14:12 - 14:15
    J'espère que je vous ai convaincus
    qu'il est nécessaire aujourd'hui
  • 14:15 - 14:17
    de prendre un peu de recul
    face aux données
  • 14:17 - 14:21
    et de développer une culture critique,
    d'être capable de comprendre
  • 14:21 - 14:24
    comment elles sont produites
    et comment vous pouvez les utiliser,
  • 14:24 - 14:27
    pour justement éviter que ce soit
    les données qui s'imposent à vous.
  • 14:27 - 14:30
    Alors dès aujourd'hui,
    mettez les mains dans le cambouis,
  • 14:30 - 14:32
    trouvez un sherpa,
    toutes les ressources sont en ligne,
  • 14:32 - 14:34
    et partez en expédition de données.
  • 14:34 - 14:35
    Je vous remercie.
  • 14:35 - 14:37
    (Applaudissements)
Title:
Pour une culture critique des données | Samuel GOËTA | TEDxUTCompiègne
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Qu'est-ce qu'une donnée ? Comment l'obtient-on ? Comment doit-on l'aborder ? Qui la détient ? Que peut-on en faire ? Comment pouvons-nous prendre possession de nos données et des données à notre disposition ?

Actuellement doctorant en sociologie à Telecom ParisTech, Samuel Goëta étudie dans sa thèse l’impact des politiques d’open data sur les organisations et le travail de production des données. Cofondateur et administrateur de l’association Open Knowledge France, il milite pour l’ouverture des connaissances (contenus et données) profite à tous. En particulier, il a participé au lancement du projet École des Données (http://ecoledesdonnees.org) qui permet à chacun d’utiliser des données ouvertes sans compétence préalable. Passionné des enjeux politiques des technologies, il enseigne sur ces questions dans le master Governing the Large Metropolis (GLM) à Sciences Po Paris et Médias Informatisés et Stratégies de Communication (MISC) au Celsa Paris Sorbonne.

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
14:38

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