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Autisme : le parcours d'une famille | Julian Maha | TEDxSarasota

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    Nous avons tous des rêves.
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    Nous avons tous de l'ambition.
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    Nous aspirons tous à la perfection -
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    le travail parfait, la famille parfaite,
    la vie parfaite -
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    ce qui devrait nous apporter joie,
    bonheur et satisfaction.
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    Donc nous choisissons souvent un chemin
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    qui selon nous, nous emmènera
    à cette perfection au plus vite.
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    C'est vrai, parfois la vie
    nous réserve des coups durs,
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    mais nous nous retrouvons souvent
    à recoller les pots cassés
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    et nous nous retrouvons sur le même chemin
    avec toujours la même destination en tête.
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    Et si la vie ne fonctionnait pas
    comme ça ?
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    Et si, en restant sur ce chemin,
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    vous passiez à côté des opportunités
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    qu'auraient pu vous offrir
    les autres chemins ?
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    Ou pire encore, et si rester sur ce chemin
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    ne vous apportait
    que grande misère et déception ?
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    Mes amis,
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    je suis ici aujourd'hui pour vous dire
  • 1:12 - 1:16
    que, parfois, oui parfois,
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    pour trouver votre vrai chemin de vie,
    vous devez vous perdre.
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    Comment je sais ça ?
    Eh bien, il s'agit de notre histoire.
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    En 2011, nous nous sommes perdus,
    pas perdus au sens propre
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    où demander notre chemin ou
    regarder une carte aurait pu nous aider,
  • 1:35 - 1:39
    mais perdus comme si on avait été déposés
    dans un étrange pays
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    où on ne connaissait personne,
    dont on ne connaissait pas la langue,
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    ni les panneaux.
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    C'était notre entrée
    dans le monde de l'autisme.
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    Avant cela, ma femme et moi avions
    ce qu'on pourrait appeler la vie parfaite.
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    Nous étions tous les deux médecins,
    nous avions une jolie maison.
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    Nous pouvions voyager quand nous voulions,
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    et nous venions d'accueillir
    notre premier enfant.
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    Il s'appelait Abram.
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    Abram était un magnifique bébé.
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    Il dormait bien, il était heureux,
    et il était très précoce,
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    il a d'ailleurs commencé à parler
    à environ dix ou onze mois.
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    Nous pensions être sur notre chemin,
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    sur le bon chemin nous menant
    à notre destination parfaite.
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    Mais tout ça changea
    quand il eut deux ans.
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    Presque en un clin d'œil,
    il s'arrêta de parler, de dormir,
  • 2:35 - 2:37
    il se réveillait en pleurant
    de manière inconsolable
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    de deux à six heures du matin.
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    En tant que parents,
    nous étions très inquiets.
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    Nous avons fait appel aux médecins
    de notre communauté,
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    l'autisme a été mentionné,
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    mais on nous a souvent dit
    qu'il n'avait pas tous les traits,
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    ou qu'il était trop affectueux
    pour être autiste.
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    Enfin, nous avons eu un rendez-vous
    chez un des meilleurs médecins du pays,
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    spécialisé en retard du langage.
  • 3:01 - 3:05
    Il avait récemment créé un terme
    appelé le syndrome Einstein
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    pour décrire les enfants
    qui n'étaient pas autistes,
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    mais qui avaient un retard de langage
    et étaient très intelligents.
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    En nous rendant au rendez-vous,
    nous étions remplis d'espoir.
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    Enfin quelqu'un allait nous remettre
    sur notre chemin de vie.
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    C'est à ce moment-là
    que nous nous sommes perdus.
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    Nous étions assis dans une pièce,
    de la taille d'un placard à balais.
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    Le docteur est entré, il a examiné Abram.
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    Et en cinq minutes, il nous a dit :
    « Il est autiste.
  • 3:38 - 3:43
    Il ne parlera jamais.
    Il ne dira jamais 'Je t'aime.'
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    Il ne vous appellera jamais
    'maman' ou 'papa'.
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    Et dans deux ou trois ans, vous devrez
    sûrement le placer dans un institut
  • 3:51 - 3:54
    parce que son état va empirer. »
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    Souvenez-vous qu'Abram
    n'avait que quatre ans à ce moment-là.
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    C'est comme si quelqu'un avait largué
    une bombe au beau milieu de nos vies,
  • 4:02 - 4:06
    et on se tenait là
    à s'accrocher aux morceaux.
  • 4:06 - 4:12
    Mais pourquoi cette peur du diagnostic ?
    Pourquoi cette peur de l'autisme ?
  • 4:12 - 4:14
    Même si nous étions médecins,
  • 4:14 - 4:18
    notre connaissance de l'autisme
    se limitait à un seul paragraphe
  • 4:18 - 4:20
    de nos livres de médecine.
  • 4:20 - 4:22
    Ce paragraphe décrivait la pathologie,
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    et mettait lourdement l'accent
    sur la négativité du pronostic.
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    Quand nos professeurs parlaient d'autisme,
  • 4:32 - 4:35
    ils faisaient souvent référence
    au film « Rain Man »,
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    un film sur une personne autiste
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    qui a passé la majeure partie de sa vie
    dans un institut psychiatrique.
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    Donc, comme vous le voyez, non seulement
    nos connaissances étaient limitées,
  • 4:46 - 4:50
    mais elles étaient surtout en lien
    avec le point de vue culturel
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    de cette époque sur l'autisme.
  • 4:54 - 4:56
    Et du point de vue culturel,
  • 4:56 - 4:59
    l'autisme a toujours été dépeint
    par les médias
  • 4:59 - 5:02
    comme un diagnostic
    qui effaçait tout avenir,
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    détruisait les familles,
    et isolait les individus.
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    Abram est entré dans un monde de thérapie,
  • 5:10 - 5:15
    et nous sommes devenus de plus en plus
    désabusés : rien ne semblait marcher.
  • 5:16 - 5:19
    Nous avons réalisé que ce dont
    nous avions besoin était l'acceptation.
  • 5:19 - 5:22
    Nous devions accepter Abram
    pour qui il était
  • 5:22 - 5:26
    au lieu de continuer à essayer
    de le faire rentrer dans une case.
  • 5:26 - 5:27
    Et nous devions comprendre
  • 5:27 - 5:30
    qu'il était le même garçon
    qui se tenait devant nous.
  • 5:31 - 5:32
    Oui, il était autiste,
  • 5:32 - 5:36
    mais il avait un grand potentiel,
    et il avait tant à offrir au monde.
  • 5:36 - 5:40
    Nous devions trouver un moyen de le
    comprendre mais surtout de lui apprendre,
  • 5:40 - 5:45
    et la communauté ne devait pas
    seulement l'accepter mais l'inclure.
  • 5:45 - 5:48
    Nous devions choisir un nouveau chemin
  • 5:48 - 5:54
    pour montrer au monde ce qu'est vraiment
    l'autisme, sous un nouvel éclairage.
  • 5:54 - 5:56
    Comment en sommes-nous arrivés là ?
  • 5:56 - 6:00
    Nous y sommes arrivés
    à l'occasion de trois incidents distincts.
  • 6:00 - 6:03
    Le premier est arrivé
    dans un salon de coiffure.
  • 6:03 - 6:05
    Abram déteste se faire couper les cheveux.
  • 6:05 - 6:08
    Il déteste ça car c'est
    physiquement douloureux pour lui,
  • 6:08 - 6:10
    car il ressent chaque lame
    entre ses cheveux
  • 6:10 - 6:13
    de la même manière
    que mille coupures sur sa peau.
  • 6:13 - 6:17
    Donc nous l'emmenions seulement
    quand il n'y avait personne,
  • 6:17 - 6:20
    pour que les autres clients
    ne soient pas dérangés.
  • 6:21 - 6:25
    Un matin, ma femme l'a emmené
    et le salon avait l'air vide.
  • 6:25 - 6:27
    Le coiffeur a mis Abram sur la chaise,
  • 6:27 - 6:30
    et tout se déroulait plutôt bien,
    tout compte fait.
  • 6:30 - 6:32
    Cinq minutes
    après avoir commencé la coupe,
  • 6:32 - 6:36
    une dame qui se faisait coiffer
    au fond se rua devant,
  • 6:36 - 6:40
    commença à attraper Abram
    par le visage en le secouant,
  • 6:40 - 6:43
    tout en accusant ma femme
    d'être une horrible mère
  • 6:43 - 6:46
    ne sachant pas
    comment punir un enfant en public.
  • 6:47 - 6:51
    Nous avons réalisé qu'avoir conscience
    de l'autisme ne suffit pas.
  • 6:51 - 6:55
    Ce dont nous avions besoin,
    c'était de l'acceptation de l'autisme.
  • 6:56 - 6:59
    Vous voyez, la conscience
    vous donne toujours une porte de sortie.
  • 6:59 - 7:02
    Pas l'acceptation.
    L'acceptation est proactive.
  • 7:02 - 7:07
    Elle vous force à regarder les solutions
    et non le problème.
  • 7:07 - 7:10
    L'acceptation est libératrice
    et puissante.
  • 7:10 - 7:15
    Par exemple, si je vous disais, là,
    que votre maison est en feu,
  • 7:15 - 7:16
    ce serait de la conscience.
  • 7:16 - 7:17
    (Rires)
  • 7:17 - 7:20
    Ce que vous choisissez de faire
    avec cette information,
  • 7:20 - 7:24
    ça, c'est de l'acceptation,
    et ça, c'est puissant.
  • 7:25 - 7:27
    Le second incident arriva
  • 7:27 - 7:30
    alors que j'étais au supermarché
    avec un bon ami.
  • 7:30 - 7:33
    Cet ami essayait de me consoler
    sur l'avenir d'Abram et disait :
  • 7:33 - 7:37
    « Abram peut devenir quelqu'un
    qui emballe les courses au supermarché. »
  • 7:37 - 7:40
    Il n'y a rien de mal
    à emballer les courses au supermarché,
  • 7:40 - 7:43
    mais cette déclaration
    m'a vraiment frappé.
  • 7:44 - 7:48
    Pourquoi le monde m'applaudirait-il
    et me taperait dans le dos
  • 7:48 - 7:51
    si mon fils atteint d'autisme
    emballait des courses,
  • 7:51 - 7:54
    alors que Judah, mon fils typique,
    s'il faisait ce métier,
  • 7:54 - 7:57
    le monde me ferait ressentir
    que je suis le pire père qui existe ?
  • 7:57 - 8:01
    Pourquoi la barre est-elle placée si basse
    pour les personnes autistes ?
  • 8:01 - 8:08
    Les personnes autistes ont du potentiel
    mais nous devons leur donner une chance.
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    Nous devons créer des milieux
    où ils peuvent s'épanouir,
  • 8:10 - 8:13
    où ils peuvent apprendre
    et s'auto-instruire.
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    Nous devons aider la communauté
    à comprendre,
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    et nous devons créer
    des opportunités professionnelles.
  • 8:20 - 8:26
    Le dernier incident a eu lieu
    en rencontrant une autre famille.
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    C'était une famille qui était si isolée
    depuis le diagnostic de leur fils
  • 8:30 - 8:36
    qu'elle n'avait été invitée
    par personne depuis cinq ans.
  • 8:37 - 8:41
    Elle avait été abandonnée
    par ses amis et sa famille.
  • 8:42 - 8:44
    C'est là que nous avons réalisé
  • 8:44 - 8:48
    que l'acceptation devait
    se transformer en inclusion.
  • 8:49 - 8:53
    L'autisme a toujours été
    un diagnostic qui isole,
  • 8:53 - 8:55
    mais ça ne devait pas l'être pour autant.
  • 8:55 - 9:00
    Nous devions trouver un moyen de ramener
    ces familles dans la communauté.
  • 9:01 - 9:04
    Et voilà comment est né
    le mouvement KultureCity,
  • 9:05 - 9:10
    un mouvement pour aider les familles,
    réunir les communautés,
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    et pour voir le potentiel
    dans chacun de ces enfants.
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    Un mouvement qui a créé une association
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    et a touché plus de 100 000 familles
    à travers notre formidable pays
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    en l'espace de deux ans et demi.
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    Un mouvement que nous n'aurions pas lancé
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    si nous ne nous étions pas perdus
    sur notre chemin de vie.
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    Alors mes amis, parfois, oui parfois,
  • 9:37 - 9:41
    se perdre peut être la meilleure chose
    qui puisse vous arriver.
  • 9:42 - 9:44
    Cela vous donne du temps.
  • 9:44 - 9:47
    Cela vous fait vous rendre compte
    de ce qui est vraiment important.
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    Et vous pourriez même lancer un mouvement
    qui pourrait changer le monde.
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    Et selon les mots du grand John Newton,
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    « Amazing grace ! Quelle douce voix
    qui a sauvé un misérable tel que moi !
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    J'étais égaré mais je me suis retrouvé.
    J'étais aveugle mais à présent je vois. »
  • 10:11 - 10:12
    Merci.
  • 10:12 - 10:13
    (Applaudissements)
Title:
Autisme : le parcours d'une famille | Julian Maha | TEDxSarasota
Description:

Le docteur Maha a commencé sa carrière en tant que directeur médical des services d'urgence. Bien qu'il ait été exposé à de multiples expériences extrêmes, le choc qu'il a reçu lorsque son fils a été diagnostiqué autiste et les évènements qui ont suivi ont changé sa vie.

Avoir des enfants change nos vies. Bien sûr, nous le savons, mais la famille de Julian n'aurait jamais pu prévoir l'impact que cet enfant aurait sur sa trajectoire de vie, ni comment cela permettrait d'inclure des familles du monde entier. Il n'est pas seul sur ce chemin, et les expériences partagées dans cette conférence peuvent être utiles à tous, que l'on soit parent ou non.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:22

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