Et si nous vivions sans argent ? | Benjamin Lesage | TEDxBordeaux
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0:08 - 0:10Et si nous vivions sans argent
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0:10 - 0:13et pouvions, d'un coup de baguette
magique, supprimer la monnaie, -
0:13 - 0:17vivre dans un monde où on partagerait
les ressources que la Terre nous donne ? -
0:17 - 0:20Est-ce que ça vous plairait ?
Public : Oui. -
0:20 - 0:22Ça vous tente ?
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0:22 - 0:25J'ai commencé à me poser
la question aux Pays-Bas. -
0:25 - 0:28J'étudiais le marketing
à l'Université de La Haye. -
0:28 - 0:32Du marketing à l'idée de vivre sans argent
il y a un sacré pas à faire... ou pas. -
0:32 - 0:35D'une certaine manière,
j'avais entraperçu ce monde -
0:35 - 0:39que Frédéric Beigbeder dépeint
dans son livre « 99 francs », -
0:39 - 0:41le monde de la pub
et du marketing qui consiste -
0:41 - 0:44à déculpabiliser le consommateur,
pour lui vendre des produits -
0:44 - 0:47bons ni pour lui,
ni pour son environnement. -
0:47 - 0:49C'est là que j'ai commencé
sérieusement à douter. -
0:50 - 0:51J'étais quelqu'un de plutôt normal.
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0:51 - 0:54J'aimais bien les soirées
bien arrosées, les parties de foot. -
0:54 - 0:58Les nouvelles de ce qui se passait dans
le monde ne m'affectaient pas vraiment. -
0:58 - 1:01Puis, j'ai commencé à visionner
une série de documentaires -
1:01 - 1:03qui m'ont permis d'ouvrir les yeux,
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1:03 - 1:06de comprendre que mon quotidien,
mes achats, ce que je faisais, -
1:06 - 1:09avait un impact direct sur le monde,
que ça créait des injustices. -
1:09 - 1:12Là, je me suis dit :
« Ben, il faut que tu changes. » -
1:12 - 1:14J'avais deux amis, Raphaël et Nicolas.
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1:14 - 1:17Ensemble, on a commencé
à procéder à une série de changements. -
1:17 - 1:19Nous sommes devenus végétariens.
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1:19 - 1:23Nous avons commencé à boycotter certains
produits ni éthiques ni écologiques. -
1:23 - 1:25Nous avons fait attention
à la consommation d'eau -
1:25 - 1:28et surtout, nous nous sommes
mis à faire de l’auto-stop. -
1:28 - 1:31Un soir, on s'est retrouvé
dans une station essence, -
1:31 - 1:34en pleine nuit, bloqués : il n'y avait
plus beaucoup de trafic. -
1:34 - 1:38L'endroit n'était pas particulièrement
bucolique, mais on se sentait très bien. -
1:38 - 1:41On a même eu une idée.
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1:41 - 1:45On s'est dit : « Ce serait super
de partir comme ça, à l'aventure, -
1:45 - 1:47de voyager libres, sans argent. »
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1:47 - 1:51Donc nous voilà, six mois plus tard,
un Allemand, un Français, un Italien, -
1:51 - 1:53sur le bord d'une route aux Pays-Bas.
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1:53 - 1:56Ça commence comme une blague,
mais c'est une histoire sérieuse. -
1:56 - 1:57L'idée avait d'ailleurs évolué.
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1:57 - 1:59On avait acheté des sacs à dos solaires
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1:59 - 2:03pour entreprendre un voyage jusqu'au
Mexique en auto-stop et bateau-stop. -
2:04 - 2:06On voulait en faire un documentaire aussi.
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2:06 - 2:08On avait deux objectifs principaux :
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2:08 - 2:11une empreinte écologique
la plus basse possible, -
2:11 - 2:14et sans argent, pour ne consommer
que ce qui est déjà là. -
2:15 - 2:18Les premières 24 heures
ont été intenses. -
2:18 - 2:20On a fait moins de 50 km.
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2:20 - 2:23On s'est retrouvé dans une cage d'escalier
à grelotter jusqu'au lendemain. -
2:23 - 2:27Il faisait - 10 °C dehors. Partir
en janvier n'était pas une bonne idée. -
2:27 - 2:31Mais surtout on était affamés.
Le lendemain, on attend quatre heures. -
2:31 - 2:33Personne ne nous prend en stop,
et on commence à douter. -
2:33 - 2:37On voulait faire les malins mais peut-être
qu'on n'était pas capables de le faire. -
2:37 - 2:40Heureusement une voiture s'arrête,
le destin nous a répondu. -
2:40 - 2:43Nous continuons, nous traversons
la Belgique, la France. -
2:43 - 2:44D'une aire d'autoroute à une autre,
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2:44 - 2:47nous grappillons les restes
sur les plateaux-repas, -
2:47 - 2:50et nous arrivons,
cinq jours plus tard, à Barcelone. -
2:50 - 2:52C'est une première étape importante.
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2:52 - 2:55Nous rencontrons un groupe de déjantés
qui viennent d'un peu partout -
2:55 - 2:58et vivent sans argent ou presque,
dans des squats, -
2:58 - 3:00des appartements
ou des maisons abandonnés, -
3:00 - 3:02et nous initient à l'art de la récup.
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3:02 - 3:05Nous apprenons à fouiller
et à demander à la fin des marchés, -
3:05 - 3:08dans les restaurants,
les boulangeries, pour nous nourrir. -
3:08 - 3:09Nous découvrons l'ampleur du gaspillage
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3:09 - 3:13et que se nourrir sans argent n'est
malheureusement pas un problème. -
3:13 - 3:15Nous continuons, ensuite,
jusqu'au sud de l’Espagne. -
3:15 - 3:17Nous trouvons la combine
avec les camionneurs -
3:17 - 3:20qui ont droit chacun
de prendre un copilote avec eux. -
3:20 - 3:23Nous pouvons donc embarquer
à bord du ferry vers l’Afrique. -
3:23 - 3:27Nous posons le premier pas au Maroc,
c'est un vrai choc culturel. -
3:27 - 3:30Nous ressemblons vraiment
à des vagabonds à ce stade. -
3:30 - 3:32Nous sentons mauvais,
on ne peut pas s'y tromper. -
3:32 - 3:36Nous apprenons vite à expliquer
ce que nous faisons aux Marocains -
3:36 - 3:39avec deux mots assez simples
« walouf flouze ». -
3:39 - 3:41Là, les portes s'ouvrent,
les gens nous comprennent -
3:41 - 3:44et nous découvrons
une générosité sans pareil. -
3:44 - 3:48Moussa, par exemple, nous trouve
sur le bord d'une route en pleine nuit. -
3:48 - 3:52Il s'arrête sans peur et insiste même
pour nous emmener chez lui. -
3:52 - 3:55Il veut que nous restions trois jours,
car c'est écrit dans le Coran, -
3:55 - 3:58quand on rencontre un voyageur,
il faut lui donner le gîte et le couvert. -
3:58 - 4:01Le plus fort, c'est qu'au matin
du quatrième jour, -
4:01 - 4:04il débarque dans l'appartement :
« Ça y est, j'suis papa ! ». -
4:04 - 4:08Il nous emmène à l'hôpital, insiste pour
que nous prenions le bébé dans nos bras, -
4:08 - 4:11et nous nous parlions en allemand,
en italien et en français, -
4:11 - 4:13et il nous dit que nous sommes
comme les trois mages -
4:13 - 4:17venus annoncer la venue
de son fils qu'il a nommé Iahia, l'élu. -
4:18 - 4:23Cette générosité se répète pendant les six
semaines que nous passons au Maroc, -
4:23 - 4:26durant lesquelles nous cherchons
une embarcation pour les îles Canaries. -
4:26 - 4:30Finalement, un Belge à Agadir,
avec un petit voilier de 10 m, -
4:30 - 4:33accepte de nous prendre.
Bien entendu, nous sautons de joie. -
4:33 - 4:36Pour nous, c'est le premier
obstacle franchi. -
4:36 - 4:39Mais la joie est de courte durée. Trente
minutes plus tard, nous sortons du port. -
4:39 - 4:44Ça tangue sérieusement et on se retrouve
en cale à vomir jusqu'au lendemain. -
4:44 - 4:48Ce n'est pas très réjouissant
mais ce n'est pas grave, nous arrivons. -
4:48 - 4:50Aux Canaries, nous passons environ
un mois et demi. -
4:50 - 4:54Tous les matins, nous allons au port
rencontrer les marins, les capitaines, -
4:54 - 4:58essayer de se faire accepter,
et trouver un bateau pour les Amériques. -
4:58 - 5:01Nous vivons dans un squat, nous
perfectionnons notre art de la récup, -
5:01 - 5:03et nous attendons.
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5:03 - 5:06Finalement, nous tombons
sur deux Italiens, Marco et Francesco, -
5:06 - 5:08qui avaient mis
une annonce à la capitainerie. -
5:08 - 5:12Ils cherchaient deux filles, de préférence
blondes, pour faire la traversée. -
5:12 - 5:15Vous l'avez compris,
ils n'ont pas trouvé -
5:15 - 5:17et ils ont accepté
de nous prendre à leur place. -
5:17 - 5:21Le deal était simple : on nettoie,
on cuisine, on prend nos quarts, -
5:21 - 5:23on leur enseigne
le français et l'espagnol, -
5:23 - 5:25et nous voilà partis pour l'aventure.
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5:25 - 5:28Pour nous, c'est génial, c'est le vrai
obstacle du voyage qui saute. -
5:29 - 5:31A bord, c'est une expérience magnifique,
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5:31 - 5:35et surtout, une opportunité pour prendre
du recul par rapport à ce voyage, -
5:35 - 5:39car beaucoup nous le répètent,
vous-même y pensez aussi peut-être, -
5:39 - 5:41et le capitaine nous
le dit chaque matin : -
5:41 - 5:44« Vous ne voyagez pas sans argent,
vous voyagez avec l'argent des autres. » -
5:44 - 5:46Il n'a pas tort d'une certaine manière.
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5:46 - 5:51L'essence, l'électricité, les invendus
récupérés sont produits avec de l'argent. -
5:51 - 5:53Mais notre voyage
va au-delà de cet aspect matériel. -
5:53 - 5:57L'idée est d'apprendre
à ne plus rien contrôler, -
5:57 - 6:00de vivre de ce que la vie nous donne,
de ce que les gens nous apportent, -
6:00 - 6:02de lâcher prise.
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6:02 - 6:06C'est aussi la découverte d'un autre
monde, d'une autre réalité. -
6:06 - 6:13Nous créons un lien plus humain
avec les gens que nous rencontrons, -
6:13 - 6:16c'est ça qui nous anime, et nous
commençons à rêver d'un monde meilleur. -
6:16 - 6:19La traversée dure trois semaines
jusqu'au Brésil. -
6:19 - 6:21Là, c'est un nouveau choc.
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6:21 - 6:24On se retrouve avec des centaines
de frères infortunés -
6:24 - 6:27qui eux aussi vivent sans argent,
sauf qu'ils ne l'ont pas choisi. -
6:27 - 6:30Pour manger, c'est difficile ;
nous grappillons quelques restes, -
6:30 - 6:33mais nous ne pouvons pas
nous remplir l'estomac. -
6:33 - 6:36Pour Nicolas, c'est difficile.
Il en a marre de ce trip masochiste. -
6:36 - 6:39Il n'est pas vraiment convaincu
avec cette idée d'argent. -
6:39 - 6:42Pour lui, c'est un outil qui peut
être utilisé à bon escient. -
6:42 - 6:44Il ne comprend pas
notre quête comme nous. -
6:44 - 6:48Mais Raphaël et moi sommes très têtus ;
nous avons découvert la pauvreté -
6:48 - 6:50et nous avons envie
de l'expérimenter jusqu'au bout. -
6:50 - 6:52Nous décidons donc de continuer.
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6:52 - 6:55Nous nous séparons, et Raphaël
et moi reprenons la route. -
6:55 - 6:58Nous nous retrouvons bloqués pendant
trois jours dans une station essence. -
6:58 - 7:01Au matin du quatrième jour,
je me réveille en panique. -
7:01 - 7:05Toutes mes affaires ont disparu,
mon sac à dos, la caméra, tout. -
7:05 - 7:06Sur le coup, c'est terrible.
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7:06 - 7:10J'imagine que c'est arrivé
à certains d'entre vous en voyage, -
7:10 - 7:12ça fait un peu partie du trip.
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7:12 - 7:13Mais moi, je ne sais pas quoi faire.
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7:13 - 7:16Le sac à dos, ça veut dire l'ordinateur
-
7:16 - 7:18et plein de choses
pour faire le documentaire. -
7:18 - 7:21C'est la brosse à dents et ces petites
choses importantes du quotidien. -
7:21 - 7:23C'est le passeport et la carte bancaire
-
7:23 - 7:26que je gardais dissimulée
dans le sac, au cas où. -
7:27 - 7:29Difficile, mais assez vite je réalise
-
7:29 - 7:32que c'est peut-être le destin
qui me donne un coup de pouce. -
7:32 - 7:35Cela faisait des mois que je vantais
l'idée d'un voyage sans argent, -
7:35 - 7:38que je débattais avec tous
de l'importance de ce que nous faisions. -
7:38 - 7:41Il fallait que je le fasse
sans la sécurité de la carte bancaire. -
7:41 - 7:45Désormais, j'étais ce que je prétendais
être, un voyageur sans argent. -
7:45 - 7:50Nous avons repris la route et Niévès
nous a rejoints, la copine de Raphaël. -
7:50 - 7:53Avec ses belles jambes, son sourire,
tout est devenu plus simple. -
7:53 - 7:55Bizarrement, nous n'attendions
plus sur les routes. -
7:55 - 7:59Il était facile de trouver un logement,
et nous avions l'estomac plein. -
7:59 - 8:03Cela nous a permis de voir autre chose,
d'autres aspects du voyage, -
8:03 - 8:07particulièrement les injustices
qui jalonnaient notre route. -
8:07 - 8:09Par exemple, des champs d'ananas
sur-pollués de pesticides -
8:09 - 8:11pour répondre à la demande européenne,
-
8:11 - 8:15des hangars immenses où des milliers
de poules sont entassés pour pondre, -
8:15 - 8:18ces maquilas ou ces sweat-shops,
ces entreprises détaxées -
8:18 - 8:21pour produire des jeans à bas coût
pour les grandes marques, -
8:21 - 8:23et les cancers des travailleurs
qui sont ignorés... -
8:23 - 8:26Autant de rencontres qui nous
confirment dans nos choix. -
8:26 - 8:28Cette idée de vivre sans argent,
-
8:28 - 8:31de remettre en cause ce système
financier n'est pas vaine. -
8:31 - 8:35Nous décidons de devenir vegan pour plus
de cohérence, consommer le moins possible, -
8:35 - 8:37et nous repartons de plus belle.
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8:37 - 8:41Nous arrivons au Mexique
onze mois après le départ : -
8:41 - 8:4425 000 km parcourus,
des centaines de rencontres, -
8:44 - 8:49et un rêve plus persistant :
et si nous pouvions vivre sans argent ? -
8:49 - 8:52Car certes, ce voyage n'a pas été
totalement sans argent. -
8:52 - 8:54Nous avons même utilisé 70 €
pour refaire mon passeport, -
8:54 - 8:57et payer quelques taxes aux frontières.
-
8:57 - 8:59Nous avons surtout découvert
une autre réalité, -
8:59 - 9:01un monde fait de partage, d’entraide,
-
9:01 - 9:05où les humains se donnent, s'échangent
les ressources disponibles. -
9:06 - 9:08C'est ce qui nous amène
à retourner en Europe. -
9:08 - 9:12Pour moi, le retour en France
est synonyme de retour à la réalité. -
9:12 - 9:15Il prend la forme d'une douleur
lancinante au niveau des molaires. -
9:15 - 9:20J'ai 22 caries, sûrement grâce au thé
que les Marocains offrent à tout va. -
9:20 - 9:22(Rires)
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9:23 - 9:26Vous allez me dire, se balader
sans argent, c'est une chose, -
9:26 - 9:28mais pour se soigner, comment fait-on ?
-
9:28 - 9:31J'avoue avoir du mal à y croire
quand ma sœur me présente sa dentiste -
9:31 - 9:33qui avait suivi mon aventure
et qui me dit : -
9:33 - 9:35« Ok, on peut faire un deal
non monétaire. » -
9:35 - 9:38Elle me soigne mes dents
car il y avait urgence -
9:38 - 9:40et trouve une compensation avec sa mère.
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9:40 - 9:43Je me retrouve donc à tenir compagnie
à une vieille dame de 84 ans, -
9:43 - 9:46à m'occuper de son jardin,
faire des petites réparations -
9:46 - 9:48et surtout à l'écouter.
-
9:48 - 9:52Ça dure un mois et demi ; c'est une
expérience très riche et une confirmation. -
9:52 - 9:55J'imagine ce monde où il y aurait
des personnes avec des besoins, -
9:55 - 9:59et d'autres personnes avec des
ressources, et que tout s'équilibre. -
9:59 - 10:01J'avais besoin d'un soin,
une dentiste m'a aidé. -
10:01 - 10:04Une dame avait besoin de présence,
j'ai pu la lui donner. -
10:04 - 10:06Alors, je me dis que c'est possible.
-
10:06 - 10:10Un seul problème, un vrai hic,
c'est que ce n'est pas légal. -
10:11 - 10:13C'est du travail au noir.
-
10:13 - 10:15Ça ne rentre pas
dans le cadre juridique légal. -
10:15 - 10:19Vendre des armes, ça l'est en France ;
par contre, donner un coup de main, non. -
10:19 - 10:20Donc, nous avons un vrai problème.
-
10:20 - 10:24Pourtant, j'en suis convaincu,
l'économie du don est faisable -
10:24 - 10:27et une réelle alternative économique
pour ce système. -
10:27 - 10:30Certains économistes la défendent :
Bernard Maris, Jean-Michel Cornu, -
10:30 - 10:32et même Charles Eisenstein aux États-Unis.
-
10:33 - 10:35Ils stipulent que cette économie
est l'une des seules -
10:35 - 10:38qui puissent permettre une distribution
équitable des richesses -
10:38 - 10:40selon les besoins de chacun.
-
10:40 - 10:42Le gros avantage,
c'est que le don rend heureux -
10:42 - 10:45autant celui qui donne
que celui qui reçoit. -
10:45 - 10:47Le problème, c'est la comptabilisation.
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10:47 - 10:50Peut-on comptabiliser l'économie du don ?
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10:50 - 10:51Non, c'est impossible.
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10:51 - 10:54C'est d'ailleurs contraire à son principe
de base, l'inconditionnalité. -
10:54 - 10:57Que faire ? Comment le légaliser ?
-
10:58 - 11:01Une seule idée et une piste :
le mettre en pratique. -
11:01 - 11:05C'est là que notre projet
d'écovillage prend son sens. -
11:05 - 11:08Nous voulons ouvrir un espace,
une sorte de laboratoire vivant, -
11:08 - 11:10pour expérimenter l'économie du don,
-
11:10 - 11:13donner de notre temps,
de notre énergie, de nos surplus, -
11:13 - 11:17sans rien attendre en retour - se calquer,
en gros, sur le modèle naturel, -
11:17 - 11:20sur l'arbre qui donne ses fruits.
-
11:20 - 11:23Concrètement, nous donnerons
des paniers de fruits et légumes bio -
11:23 - 11:25à ceux qui ne peuvent pas se l'offrir.
-
11:25 - 11:28On donnera des cours de français,
d'espagnol, de musique, d'orthophonie, -
11:28 - 11:32d'architecture naturelle, organisera
des conférences, des TEDxTalks, -
11:32 - 11:34des ateliers pour faire
des panneaux solaires -
11:34 - 11:37ou toutes sortes
de machines sans électricité. -
11:37 - 11:39Nous participerons
dans la vie des communes, -
11:39 - 11:42les aiderons à s'orienter
vers une politique de zéro déchet, -
11:42 - 11:44passerons du temps
avec les personnes âgées, -
11:44 - 11:47créerons toutes sortes d'activités,
et surtout, nous ouvrirons l'espace -
11:47 - 11:50pour que d'autres viennent
expérimenter avec nous, -
11:50 - 11:53pour apprendre à recevoir car au final,
c'est ce qu'il y a de plus dur - -
11:53 - 11:57donner est facile mais recevoir est
difficile dû au sentiment d'infériorité - -
11:57 - 12:02apprendre à recevoir pour ensuite,
pouvoir donner en toute humilité. -
12:02 - 12:04Ce ne sera pas parfait.
-
12:04 - 12:07Nous donnerons en fonction
de nos ressources, -
12:07 - 12:10et quand nous aurons besoin
de quelque chose, nous le demanderons. -
12:10 - 12:13Ça fonctionne comme le karma.
Nous y croyons. -
12:14 - 12:16Ça peut paraître utopique,
-
12:16 - 12:19mais c'est pour ça que le projet
s'appelle « Eotopia », -
12:19 - 12:23car l'utopie est, comme l'horizon,
un objectif vers lequel il faut tendre. -
12:23 - 12:26Il y aura aussi des taxes
et des impôts à payer, -
12:26 - 12:28et d'autres charges sûrement.
-
12:28 - 12:30Nous ferons appel à des dons financiers
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12:30 - 12:32que nous utiliserons
en toute transparence. -
12:32 - 12:35Nous utiliserons de l'argent au début.
-
12:35 - 12:39Nous sommes convaincus qu'après,
-
12:39 - 12:41nous devrons trouver
le moyen de faire sans. -
12:41 - 12:45Il faudra que nous trouvions le moyen
de montrer ce prototype, -
12:45 - 12:47de s'orienter vers une société nouvelle,
-
12:47 - 12:51pour que la société se force
à définir un cadre légal, -
12:51 - 12:55parce que l'économie du don
est quelque chose qui existe. -
12:55 - 12:58Sept milliards d'êtres humains
l'utilisent au quotidien. -
12:58 - 13:00Vous-même, vous donnez.
-
13:00 - 13:03Lever la main ceux qui donnent
au quotidien du temps, de l'énergie. -
13:03 - 13:06Voilà ! Tout le monde !
On est tous dans le don. -
13:06 - 13:11Sauf que le don n'est pas
une économie légale, reconnue. -
13:11 - 13:17Alors, que pouvons-nous faire pour
que cette économie reprenne sa place ? -
13:17 - 13:20Avant, c'était le seul système
économique naturel existant. -
13:21 - 13:23Nous pouvons expérimenter,
-
13:23 - 13:26créer des espaces de gratuité,
des écovillages comme Eotopia, -
13:26 - 13:30tout simplement donner aujourd'hui,
-
13:31 - 13:34continuer à alimenter cette économie
pour que, petit à petit, elle enfle -
13:34 - 13:38et prenne de la place
par rapport à l'économie financière. -
13:38 - 13:40Si, comme moi, vous êtes persuadé
que l'économie actuelle -
13:40 - 13:44basée sur la monnaie et les finances,
crée des inégalités, -
13:45 - 13:47et que vous aimeriez la changer,
-
13:47 - 13:50en vous disant que c'est impossible,
que nous sommes impuissants, -
13:50 - 13:53eh bien, je n'ai pas de grandes
théories, désolé - j'aimerais - -
13:53 - 13:57mais juste une simple invitation : donner,
donner un peu plus chaque jour, -
13:57 - 14:01fortifier cette économie du don,
cette économie parallèle, -
14:01 - 14:04pour qu'elle étouffe peu à peu
cette autre économie. -
14:04 - 14:06Je suis sûr que nous
pourrions arriver, un jour, -
14:06 - 14:09à répondre à tous
nos besoins dans le don, -
14:09 - 14:11si nous nous y mettons tous ensemble.
-
14:11 - 14:13Voilà, donnons
parce que la Nature donne, -
14:13 - 14:16donnons parce que ça nous rend
heureux aujourd'hui et pour demain. -
14:16 - 14:18Merci.
-
14:18 - 14:20(Applaudissements)
- Title:
- Et si nous vivions sans argent ? | Benjamin Lesage | TEDxBordeaux
- Description:
-
C'est une question que beaucoup d'économistes, d'anthropologistes et de philosophes se sont posée. L'économie du don, ça existe et c'est possible. Elle est basée sur le concept de la gratuité, sur le don sans réciprocité, « sur la réalisation que la générosité est au coeur de la nature humaine, et la conviction que donner, c'est recevoir » comme le dit Charles Eisenstein. Benjamin croit que si nous nous y mettons tous, si nous donnons tous activement, c'est tout le visage de notre société qui peut changer.
Né à Besançon, en Franche-Comté, Benjamin Lesage part pour les Pays-Bas à 21 ans pour étudier et s’ouvrir au monde. Trois ans plus tard, en compagnie de deux amis, il initie un voyage écologique sans le sou, en auto-stop et en bateau-stop qui l’emmène des Pays-Bas jusqu’au Mexique. Pendant ce voyage, il découvre une toute autre économie basée sur l’entraide et le partage, et dénuée d’échanges monétaires. Fort de cette expérience, il continue son parcours initiatique au Mexique, aux Etats-Unis et ensuite en Europe en promouvant ce qu’on appelle « l’économie du don » partout où il va. De retour en France, il publie son livre « Sans un sou en poche » (Ed. ARTHAUD, 2015). Il s'est regroupé avec d’autres pour créer un projet d’éco-lieu basé sur l’économie du don, le stlye de vie végan et la permaculture : Eotopia.
Cette présentation a été donnée lors d'un évènement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment des conférences TED. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 14:34
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