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Le nouveau rêve américain

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    Je suis journaliste, c'est pourquoi
    je m'intéresse aux histoires inédites,
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    aux vies qui se jouent discrètement
    à l'ombre des gros titres.
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    Je me suis occupée aussi de prendre racine
    quelque part, choisir un partenaire,
  • 0:14 - 0:15
    avoir des enfants.
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    Donc, au cours des dernières années,
    j'ai essayé de comprendre
  • 0:19 - 0:23
    en quoi consistait avoir une belle vie
    au XXIe siècle,
  • 0:23 - 0:28
    parce que les implications morales
    et philosophiques me fascinent
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    et parce que j'ai moi-même
    désespérément besoin de réponses.
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    Nous vivons une époque difficile.
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    Pour la première fois
    de l'histoire américaine,
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    la majorité des parents ne pensent pas
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    que leurs enfants
    seront mieux lotis qu'eux.
  • 0:43 - 0:47
    C'est vrai pour les riches et les pauvres,
    les hommes et les femmes.
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    Certains d'entre vous seront peut-être
    navrés d'entendre cela.
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    Après tout, les États-Unis ont donné
    beaucoup d'importance
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    à cette idée de transcendance économique,
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    où chaque génération
    surpasse la précédente,
  • 0:59 - 1:03
    en gagnant davantage, en achetant
    davantage, en étant davantage.
  • 1:03 - 1:05
    On a exporté ce rêve partout
    dans le monde,
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    si bien que les enfants au Brésil,
    en Chine ou même au Kenya
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    ont hérité nos attentes insatiables
    pour toujours davantage.
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    Mais quand j'ai lu ce sondage historique
    pour la première fois,
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    je n'ai pas ressenti de tristesse.
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    J'ai ressenti cela comme une provocation.
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    « Mieux lotis » -- selon quels critères ?
  • 1:25 - 1:27
    Est-ce que « mieux loti »,
    c'est un emploi stable
  • 1:27 - 1:30
    sur lequel compter
    pour le reste de sa vie ?
  • 1:30 - 1:32
    Ceux-là sont en voie de disparition.
  • 1:32 - 1:38
    On change d'emploi, en moyenne,
    tous les 4,7 ans et on estime qu'en 2020,
  • 1:38 - 1:41
    presque la moitié des Américains
    seront des travailleurs indépendants.
  • 1:41 - 1:45
    OK, alors est-ce que « mieux loti »
    est un nombre ?
  • 1:45 - 1:47
    Est-ce qu'il s'agit de gagner
    autant que possible ?
  • 1:48 - 1:51
    Avec cette mesure unique, nous échouons.
  • 1:51 - 1:56
    La médiane du revenu par habitant
    est restée fixe depuis les années 2000,
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    ajusté à l'inflation.
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    Est-ce qu'il s'agit alors d'avoir
    une grande maison
  • 2:01 - 2:03
    entourée d'une clôture blanche ?
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    Nous faisons cela de moins en moins.
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    Presque cinq millions de gens ont perdu
    leur maison durant la crise économique
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    et davantage d'entre nous
    ont repris leurs esprits
  • 2:11 - 2:15
    quant à ce qu'ils sont prêts à faire
    ou trompés à faire, dans des cas abusifs,
  • 2:15 - 2:17
    pour garder cet acte de propriété.
  • 2:17 - 2:22
    Le taux de propriété est aujourd'hui
    à son plus bas depuis 1995.
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    Donc nous ne trouvons pas d'emploi stable,
    nous ne gagnons pas autant d'argent
  • 2:27 - 2:30
    et nous ne vivons pas
    dans de grandes et jolies maisons.
  • 2:30 - 2:35
    Sonnons le glas pour tout ce qui a fait
    la grandeur de l'Amérique.
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    Mais, est-ce la meilleure façon
    de mesurer la grandeur d'un pays ?
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    Une vie bien menée ?
  • 2:44 - 2:48
    Ce qui fait la grandeur de l'Amérique,
    c'est son esprit de réinvention.
  • 2:48 - 2:52
    À la suite de la crise économique,
    de plus en plus d'Américains redéfinissent
  • 2:52 - 2:54
    ce que « mieux loti » veut vraiment dire.
  • 2:54 - 2:58
    Il se trouve qu'il s'agit davantage
    d'une idée de communauté et de créativité
  • 2:58 - 3:00
    que de dollars et de centimes.
  • 3:01 - 3:03
    Permettez-moi d'être très claire :
  • 3:03 - 3:07
    les 14,8% d'Américains
    vivant dans la pauvreté
  • 3:07 - 3:10
    ont besoin d'argent, c'est évident.
  • 3:10 - 3:13
    Et nous tous avons besoin
    de règlements qui nous protègent
  • 3:13 - 3:17
    contre l'exploitation par des employeurs
    et des institutions financières.
  • 3:17 - 3:22
    Cela ne veut pas dire que le fossé
    entre riches et pauvres
  • 3:22 - 3:26
    n'est pas profondément immoral.
  • 3:26 - 3:30
    Mais, trop souvent,
    la conversation s'arrête ici.
  • 3:31 - 3:35
    Nous parlons de pauvreté comme s'il
    s'agissait d'une expérience monolithique ;
  • 3:35 - 3:37
    des pauvres comme s'ils étaient
    seulement des victimes.
  • 3:38 - 3:44
    Ce que j'ai appris dans mes recherches
    et reportages est que l'art de bien vivre
  • 3:44 - 3:49
    est souvent le mieux pratiqué par ceux
    qui sont les plus vulnérables.
  • 3:50 - 3:55
    Si la nécessité est la mère
    de l'invention, j'ai été amenée à croire
  • 3:55 - 3:58
    que la récession peut être
    le père de la conscience.
  • 3:59 - 4:01
    Cela nous confronte
    à des questions profondes,
  • 4:01 - 4:05
    des questions que nous ne posons pas
    par fainéantise ou distraction,
  • 4:05 - 4:07
    lorsque nous vivons
    dans un confort relatif.
  • 4:07 - 4:09
    Comment devrions-nous travailler ?
  • 4:09 - 4:10
    Comment devrions-nous vivre ?
  • 4:11 - 4:15
    Chacun de nous, consciemment ou non,
    cherche des réponses à ces questions,
  • 4:15 - 4:18
    écoutant les murmures
    de nos ancêtres à nos oreilles.
  • 4:19 - 4:23
    Mon arrière-grand-père
    était un alcoolique de Détroit,
  • 4:23 - 4:26
    qui parfois arrivait à garder
    un emploi à l'usine.
  • 4:27 - 4:31
    Il a eu, aussi incroyable
    que cela paraisse, vingt-et-un enfants,
  • 4:31 - 4:34
    avec une seule femme,
    mon arrière-grand-mère,
  • 4:34 - 4:38
    qui est décédée à quarante-sept ans
    d'un cancer de l'ovaire.
  • 4:38 - 4:40
    Je suis à présent enceinte
    de mon deuxième enfant
  • 4:40 - 4:45
    et je ne peux même pas imaginer
    ce qu'elle a dû vivre.
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    Si vous êtes en train de compter,
    il y a eu six paires de jumeaux.
  • 4:49 - 4:53
    Mon grand-père, leur fils, est devenu
    représentant de commerce
  • 4:53 - 4:55
    avec des hauts et des bas dans sa vie.
  • 4:55 - 4:58
    Mon père a grandi en ouvrant la porte
    aux agents de recouvrement
  • 4:58 - 5:01
    et en prétendant que ses parents
    n'étaient pas à la maison.
  • 5:01 - 5:05
    Il a enlevé lui-même son appareil
    avec des pinces, dans le garage,
  • 5:05 - 5:09
    quand son père a dit ne pas avoir d'argent
    pour retourner chez l’orthodontiste.
  • 5:10 - 5:15
    Pas étonnant que mon père soit devenu
    un avocat spécialisé dans les faillites.
  • 5:15 - 5:17
    C'est comme dans un roman, n'est-ce pas ?
  • 5:17 - 5:22
    Il voulait à tout prix nous fournir
    une base solide à mon frère et à moi.
  • 5:23 - 5:27
    Je pose donc ces questions au bout
    de quelques générations d'épreuves.
  • 5:27 - 5:30
    Mes parents se sont assurés
    que je grandirais dans un milieu stable
  • 5:30 - 5:34
    qui permet de s'interroger,
    de prendre des risques et d'avancer.
  • 5:34 - 5:37
    C'est ironique, et probablement frustrant,
  • 5:37 - 5:41
    que ce soit leur inébranlable
    dévouement à la sécurité
  • 5:41 - 5:43
    qui m'ait permis
    de la remettre en question
  • 5:43 - 5:46
    ou au moins telle que nous l'avions
    historiquement définie
  • 5:46 - 5:49
    au XXIe siècle.
  • 5:49 - 5:53
    Penchons-nous sur la première question :
    comment devrions-nous travailler ?
  • 5:54 - 5:57
    Nous devrions travailler comme nos mères.
  • 5:57 - 6:01
    En effet, nous avons passé des décennies
    à essayer d'intégrer les femmes
  • 6:01 - 6:04
    dans un monde du travail
    prévu pour les hommes.
  • 6:04 - 6:06
    Beaucoup ont tout fait
    pour y être intégrées
  • 6:06 - 6:09
    mais d'autres ont taillé
    un chemin moins conventionnel,
  • 6:09 - 6:13
    créant un éventail de moyens et de sens
    ayant suffisamment de flexibilité
  • 6:13 - 6:17
    pour faire ce qu'elles ont à faire
    pour ceux qu'elles aiment.
  • 6:17 - 6:20
    Ma mère appelait ça « faire aller ».
  • 6:20 - 6:23
    Aujourd'hui j'entends les coachs appeler
    ça « un portefeuille d'activités ».
  • 6:24 - 6:29
    Peu importe le nom, de plus en plus
    d'hommes ont envie de ces vies entières,
  • 6:29 - 6:31
    si non stressées.
  • 6:31 - 6:36
    Ils s'éveillent au désir et au devoir
    d'être présents en tant que pères et fils.
  • 6:37 - 6:42
    L'artiste Ann Hamilton a dit :
    « Travailler est une façon de connaître ».
  • 6:42 - 6:44
    Travailler est un façon de connaître.
  • 6:44 - 6:48
    Autrement dit ce sur quoi nous travaillons
    est ce que nous comprenons du monde.
  • 6:49 - 6:53
    Si c'est vrai, et je pense que ça l'est,
    alors les femmes qui se sont occupées
  • 6:53 - 6:57
    de façon disproportionnée des enfants
    et des malades et des personnes âgées,
  • 6:57 - 7:03
    ont bénéficié de la même façon
    de la connaissance la plus profonde :
  • 7:03 - 7:06
    la connaissance de la condition humaine.
  • 7:06 - 7:10
    En donnant la priorité au soin,
    les hommes sont, en un sens,
  • 7:10 - 7:14
    en train de revendiquer leur droit
    à l'intégralité de l'existence humaine.
  • 7:15 - 7:19
    Ça veut dire que le travail de bureau
    ne marche plus pour personne.
  • 7:19 - 7:22
    Le pointage devient obsolète,
    tout comme gravir les échelons.
  • 7:22 - 7:25
    Des industries entières
    naissent et meurent chaque jour.
  • 7:25 - 7:27
    Aujourd'hui tout devient non linéaire.
  • 7:27 - 7:29
    On doit arrêter de demander aux enfants :
  • 7:29 - 7:31
    « Tu voudras être quoi plus tard ? »
  • 7:31 - 7:32
    Et leur demander :
  • 7:32 - 7:35
    « Tu voudras être comment
    quand tu seras grand ? »
  • 7:35 - 7:37
    Leur travail changera constamment.
  • 7:37 - 7:39
    Le dénominateur commun, c'est eux.
  • 7:40 - 7:44
    Plus ils comprendront leurs dons, créant
    des équipes de collaborateurs parfaits,
  • 7:44 - 7:46
    mieux ils seront lotis.
  • 7:47 - 7:49
    Le défi est de réinventer
    le filet de sécurité sociale
  • 7:49 - 7:52
    pour correspondre à cette économie
    de plus en plus fragmentée.
  • 7:52 - 7:55
    On a besoin
    d'assurances maladie portables.
  • 7:55 - 7:58
    On a besoin de politiques qui reflètent
    notre droit d'être vulnérable
  • 7:58 - 8:01
    ou de prendre soin des autres
    sans être appauvri.
  • 8:01 - 8:04
    On doit sérieusement envisager
    un revenu de base universel.
  • 8:04 - 8:06
    On doit réinventer
    l'organisation du travail.
  • 8:07 - 8:11
    La promesse d'un monde du travail
    qui serait structuré pour correspondre
  • 8:11 - 8:14
    aux valeurs du XXIe siècle,
    et non à des idées archaïques
  • 8:14 - 8:20
    quant à gagner de quoi manger
    n'a que trop tardé, demandez à votre mère.
  • 8:20 - 8:24
    Et maintenant la deuxième question :
    comment devrait-on vivre ?
  • 8:24 - 8:28
    On devrait vivre
    comme nos ancêtres immigrants.
  • 8:29 - 8:33
    Quand ils sont venus en Amérique,
    ils partageaient souvent appartements,
  • 8:33 - 8:35
    tactiques de survie, garde des enfants.
  • 8:35 - 8:37
    Ils arrivaient toujours
    à nourrir une bouche en plus,
  • 8:37 - 8:40
    même avec peu
    de nourriture disponible.
  • 8:40 - 8:44
    Mais on leur avait dit que le succès
    signifiait laisser le village derrière soi
  • 8:44 - 8:46
    et poursuivre l’icône symbolique
    du rêve américain :
  • 8:46 - 8:48
    la clôture à piquets blancs.
  • 8:48 - 8:52
    Encore aujourd'hui, quand on voit
    une clôture blanche, on pense au succès,
  • 8:52 - 8:53
    à l'assurance.
  • 8:53 - 8:58
    Mais quand on enlève la sentimentalité,
    ce que ça fait, c'est que ça nous sépare.
  • 8:58 - 9:01
    Beaucoup d'Américains rejettent
    la clôture à piquets blancs
  • 9:01 - 9:04
    et le genre de vie
    hautement privatisée qu'elle implique,
  • 9:04 - 9:09
    pour reprendre une vie de village,
    pour la remplacer par l'interdépendance.
  • 9:09 - 9:14
    Cinquante millions d'entre nous vivent
    dans des foyers intergénérationnels.
  • 9:14 - 9:16
    Ce nombre a explosé avec la crise,
  • 9:16 - 9:19
    mais il s'avère que les gens
    aiment bien cette façon de vivre.
  • 9:19 - 9:23
    Les deux tiers de ceux qui vivent
    à plusieurs générations sous un même toit
  • 9:23 - 9:26
    disent que leurs relations
    se sont améliorées.
  • 9:26 - 9:29
    D'autres choisissent de partager
    leur foyer non avec la famille,
  • 9:29 - 9:32
    mais avec ceux qui comprennent
    les avantages économiques et médicaux
  • 9:32 - 9:34
    du quotidien communautaire.
  • 9:34 - 9:38
    CoAbode, un site en ligne pour les mères
    seules cherchant à partager une maison
  • 9:38 - 9:42
    avec d'autres mères célibataires,
    a 50 000 utilisateurs.
  • 9:42 - 9:45
    Et les personnes de plus de 65 ans
    sont particulièrement enclines
  • 9:45 - 9:48
    à chercher ce type
    d'habitation alternative.
  • 9:48 - 9:53
    Elles comprennent que la qualité de vie
    dépend d'un mélange de solitude
  • 9:53 - 9:55
    et de solidarité.
  • 9:56 - 9:59
    Ce qui est vrai pour chacun d'entre nous,
    si on y réfléchit, tous âges confondus.
  • 9:59 - 10:04
    Trop longtemps nous avons prétendu
    que le bonheur était d'être riche.
  • 10:04 - 10:07
    Mais les recherches prouvent le contraire.
  • 10:07 - 10:10
    Les personnes en meilleure santé,
    les plus heureuses et en sécurité --
  • 10:10 - 10:16
    face aux catastrophes climatiques,
    aux crimes, etc. --
  • 10:16 - 10:20
    sont les Américains dont les vies sont
    entremêlées à celles de leurs voisins.
  • 10:21 - 10:23
    Je l'ai moi-même expérimenté.
  • 10:23 - 10:26
    Depuis quelques années, je vis
    dans une habitation communautaire.
  • 10:26 - 10:33
    Il y a 0,6 hectare de plaqueminiers,
    ce mûrier qui prolifère comme un serpent
  • 10:33 - 10:37
    dans un jardin communautaire,
    au milieu de la zone urbaine d'Oakland.
  • 10:37 - 10:41
    Les neuf unités sont toutes différentes,
    par leurs tailles et formes,
  • 10:41 - 10:43
    mais elles sont
    aussi écologiques que possible.
  • 10:43 - 10:47
    De grands panneaux solaires sur notre toit
    font que les factures d'électricité
  • 10:47 - 10:49
    rarement dépassent cinq dollars par mois.
  • 10:50 - 10:54
    Les 25 habitants différent
    de par leurs âges, idées politiques
  • 10:54 - 10:55
    et professions.
  • 10:55 - 10:58
    Et on habite des maisons qui ont tout
    ce qu'une maison normale aurait.
  • 10:58 - 11:03
    En plus, on partage une énorme cuisine
    et salle à manger où on partage nos repas
  • 11:03 - 11:04
    deux fois par semaine.
  • 11:04 - 11:08
    Quand je dis que je vis comme ça,
    les gens ont souvent une réaction extrême.
  • 11:08 - 11:11
    Soit ils disent : « Tout le monde
    devrait vivre comme ça ! »
  • 11:11 - 11:15
    Ou ils disent : « C'est horrible,
    jamais je n'aurais envie de faire ça ! »
  • 11:15 - 11:20
    Je vais vous rassurer : il y a un respect
    sacré pour la vie privée de chacun.
  • 11:21 - 11:25
    Mais on respecte aussi ce qu'on appelle
    « l'hospitalité radicale».
  • 11:25 - 11:32
    Pas celle qui sert de pub pour les hôtels,
    mais celle qui veut que chaque personne
  • 11:32 - 11:36
    mérite de la bienveillance,
    un point c'est tout.
  • 11:37 - 11:41
    Qu'est-ce qui me surprend le plus
    dans une vie comme celle-ci ?
  • 11:41 - 11:45
    On partage toutes les tâches domestiques,
    réparations, cuisine, désherbage,
  • 11:45 - 11:47
    mais on partage aussi
    le travail émotionnel.
  • 11:47 - 11:51
    Plutôt que de dépendre uniquement
    sur l'unité familiale habituelle
  • 11:51 - 11:53
    pour le soutien émotionnel
    dont on a besoin,
  • 11:53 - 11:55
    il y a vingt autres personnes
  • 11:55 - 11:57
    pour parler d'une journée
    de travail difficile
  • 11:57 - 12:00
    ou pour trouver des solutions
    au harcèlement d'un professeur.
  • 12:00 - 12:05
    Les ados de notre communauté vont
    souvent demander conseil à des adultes
  • 12:05 - 12:07
    qui ne sont pas leurs parents.
  • 12:07 - 12:11
    C'est ce que bell hooks a appelé
    « révolution de la pratique parentale » :
  • 12:11 - 12:14
    cette humble reconnaissance du fait
    que les enfants se portent mieux
  • 12:14 - 12:18
    s'ils ont davantage d'adultes
    pour les émuler et sur qui compter.
  • 12:18 - 12:21
    Et les adultes se portent mieux aussi.
  • 12:22 - 12:25
    C'est beaucoup de pression d'essayer
    d'être la famille parfaite
  • 12:25 - 12:27
    derrière les clôtures blanches.
  • 12:28 - 12:31
    Le nouveau « mieux loti »,
    comme je l'ai appelé,
  • 12:31 - 12:33
    c'est investir moins
    dans une famille parfaite
  • 12:33 - 12:37
    et investir plus
    dans un village imparfait :
  • 12:37 - 12:39
    des proches vivant sous un même toit,
  • 12:39 - 12:41
    une communauté de cohabitation
    comme la mienne
  • 12:41 - 12:46
    ou juste quelques voisins qui souhaitent
    se connaître et vraiment s’entraider.
  • 12:46 - 12:48
    C'est du bon sens, non ?
  • 12:48 - 12:53
    L'argent nous a souvent rendus
    incapables de tendre la main.
  • 12:54 - 12:59
    La richesse qui compte vraiment
    se trouve dans les relations.
  • 13:00 - 13:03
    Le nouveau « mieux loti » n'est pas
    une perspective individuelle.
  • 13:03 - 13:06
    En fait, si vous êtes un raté
    ou si vous pensez l'être,
  • 13:06 - 13:10
    j'ai de bonnes nouvelles pour vous :
    vous pourriez réussir
  • 13:10 - 13:12
    selon des critères
    que vous n'avez pas encore honorés.
  • 13:12 - 13:16
    Vous pourriez être une source de revenu
    médiocre, mais un très bon père.
  • 13:16 - 13:19
    Peut-être vous ne pouvez pas acheter
    la maison de vos rêves,
  • 13:19 - 13:22
    mais vous organisez
    des soirées inoubliables.
  • 13:22 - 13:26
    Si vous êtes un cas typique de succès,
    les implications de ce que j'ai à dire
  • 13:26 - 13:28
    vous paraitront peut-être sombres.
  • 13:28 - 13:32
    Vous pourriez être un raté
    selon des critères qui vous sont chers
  • 13:32 - 13:34
    mais pour lesquels
    il n'y a pas de récompense.
  • 13:35 - 13:36
    Vous seul savez.
  • 13:37 - 13:42
    Je ne serais pas un hommage
    à mon arrière-grande-mère,
  • 13:42 - 13:46
    dont la vie a été courte et dure,
    si je gagnais assez d'argent
  • 13:46 - 13:49
    pour me permettre tous les conforts.
  • 13:49 - 13:52
    On ne peut pas acheter le chemin
    qui mène de la souffrance au sens.
  • 13:52 - 13:57
    Il n'y a pas de maison assez grande pour
    effacer la douleur qu'elle a dû souffrir.
  • 13:57 - 14:02
    Je suis un hommage à elle si je mène
    une vie avec autant de liens et de courage
  • 14:02 - 14:03
    que possible.
  • 14:04 - 14:10
    Au milieu de tant d'incertitude,
    nous pouvons nous sentir peu assurés.
  • 14:10 - 14:13
    Mais nous pouvons laisser
    cette incertitude nous fragiliser
  • 14:13 - 14:15
    ou nous assouplir.
  • 14:15 - 14:19
    On peut se refermer sur soi,
    perdre la foi dans la capacité
  • 14:19 - 14:22
    des institutions de changer --
    et même perdre la foi en soi-même.
  • 14:22 - 14:28
    Ou on peut s'ouvrir, cultiver la foi
    en notre capacité de tendre la main,
  • 14:28 - 14:30
    lier des contacts, créer.
  • 14:31 - 14:35
    Il s'avère que le plus grand danger
    n'est pas d'échouer
  • 14:35 - 14:38
    à réaliser le rêve américain.
  • 14:38 - 14:43
    Le plus grand danger est de réaliser
    un rêve auquel on ne croit pas vraiment.
  • 14:43 - 14:45
    Ne faites pas ça.
  • 14:45 - 14:48
    Faites ce qui est plus difficile,
    plus intéressant,
  • 14:48 - 14:51
    à savoir composer une vie
    où ce que vous faites chaque jour,
  • 14:51 - 14:55
    les personnes à qui vous donnez
    votre amour, ingéniosité et énergie,
  • 14:55 - 14:59
    correspondent au mieux
    à ce en quoi vous croyez.
  • 14:59 - 15:05
    C'est cela, et non pas gagner de l'argent,
    qui est un hommage à vos ancêtres.
  • 15:05 - 15:08
    C'est ça, la lutte magnifique.
  • 15:09 - 15:10
    Merci.
  • 15:10 - 15:12
    (Applaudissements)
Title:
Le nouveau rêve américain
Speaker:
Courtney Martin
Description:

Pour la première fois de l'histoire américaine, la majorité des parents ne pensent pas que leurs enfants seront mieux lotis qu'eux. Ce n'est pas une raison de s'alarmer, dit la journaliste Courtney Martin. C'est plutôt une opportunité pour définir une nouvelle approche du travail et de la famille qui met l'accent sur la communauté et la créativité. « Le plus grand danger n'est pas celui d'échouer dans la réalisation du rêve américain », dit-elle dans une conférence qui fera écho bien au-delà des États-Unis. « Le plus grand danger est de réaliser un rêve sans vraiment y croire. »

Cette conférence a eu lieu lors d'un évènement TEDx selon le format des conférences TED, mais organisée de manière indépendante par une communauté locale. Pour plus d'informations : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
15:32
eric vautier approved French subtitles for The new American Dream
eric vautier edited French subtitles for The new American Dream
Morgane Quilfen accepted French subtitles for The new American Dream
Morgane Quilfen edited French subtitles for The new American Dream
Madalina F. edited French subtitles for The new American Dream
Morgane Quilfen declined French subtitles for The new American Dream
Morgane Quilfen edited French subtitles for The new American Dream
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