Tous conditionnés pour échouer ? | Isabelle Pailleau & Audrey Azoun | TEDxDunkerque
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0:24 - 0:26Isabelle : Ça va, tes enfants,
en ce moment ? -
0:26 - 0:29Audrey : Non, m'en parle pas,
c'est la cata, j'en peux plus. -
0:29 - 0:33Je pense que Léo nous prend
pour des cons, mais vraiment. -
0:33 - 0:35Il est feignant,
c'est pas un poil qu'il a dans la main, -
0:35 - 0:38c'est un baobab, si tu veux mon avis.
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0:38 - 0:42Je lui ai dit pourtant :
« Fais des fiches, révise, relis. » -
0:42 - 0:44Je faisais ça, ça marchait bien,
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0:44 - 0:45alors je ne comprends pas.
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0:45 - 0:49Alors que s'il faisait des efforts,
je suis sûre qu’il y arriverait. -
0:49 - 0:53I : C’est comme on dit toujours :
quand on veut on peut, finalement ! -
0:53 - 0:54A : Bah oui !
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0:54 - 0:57De toute façon, attends,
c’est leur truc à la génération X-Y-Z, -
0:57 - 0:59je sais pas comment ils les appellent.
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0:59 - 1:02Ils disent qu’ils sont pas
comme nous on était. -
1:02 - 1:06Mais purée quand même,
faut qu’il comprenne un truc. -
1:06 - 1:08C’est pas en bouffant des chips
sur son canapé -
1:08 - 1:11en regardant Secret Story
qu’il va l’avoir, son bac ! -
1:11 - 1:13Quand tu vois comment on galère :
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1:13 - 1:16faudrait être aveugle et sourd
pour pas savoir qu’il y a du chômage. -
1:16 - 1:19Y a 3,5 millions de chômeurs,
ça fait peur. -
1:19 - 1:21I : Mais de toute façon,
vous allez être obligés -
1:21 - 1:24de lui apprendre
à « souffrir » quand même, -
1:24 - 1:28Parce que le patron,
il va pas lui faire de cadeaux, hein ? -
1:28 - 1:31T’as vu comment il a galéré, Benoit,
pour son poste de directeur ? -
1:31 - 1:34C’est des requins,
il faut avoir les dents hyper longues -
1:34 - 1:35pour nager dans ce milieu-là.
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1:35 - 1:38A : Bah oui, on le sait, c’est comme ça.
Et toi les enfants, comment ça va ? -
1:38 - 1:41I : Nan pas mieux la, c’est la cata.
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1:41 - 1:44Flora vient d’entrer en seconde.
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1:44 - 1:47Je crois qu’elle a pas compris
que c’était hyper important. -
1:47 - 1:51Alors tu vois, elle se fait une
petite moyenne en maths, un petit truc. -
1:51 - 1:5414,25. Ça casse pas des briquettes.
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1:54 - 1:59Pour aller en S, ça va être l'horreur
donc je sais plus quoi faire. -
1:59 - 2:01A : Elle veut aller en S ?
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2:01 - 2:03I : Ça j’en sais rien.
Mais c’est la voie royale. -
2:03 - 2:05Elle peut pas choisir
une autre filière. -
2:05 - 2:09Son père en ferait une maladie,
c’est tous des matheux dans la famille. -
2:09 - 2:11Puis S ça ouvre toutes les portes.
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2:11 - 2:13A : Ça c’est sûr,
ça ouvre toutes les portes. -
2:13 - 2:17Faut qu’elle comprenne que si elle
bosse pas, elle va finir en L ou en BEP. -
2:17 - 2:20A : Ne m’en parle pas.
Ne m'en parle pas. -
2:20 - 2:22Et puis y a quand même un truc :
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2:22 - 2:25avec tout le fric qu’on dépense
en soutien scolaire, -
2:25 - 2:28il manquerait plus
qu’il n’y ait pas de résultat non plus. -
2:28 - 2:31A : Franchement, c’est Darwin
qui avait raison, -
2:31 - 2:34c’est les plus forts
qui s’en sortent dans la vie. -
2:34 - 2:36Pin Pon Pin Pon
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2:36 - 2:37I : Hop !
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2:38 - 2:42I : Alors on préfère sortir du sketch
parce que vous l’avez compris : -
2:42 - 2:45c’est pour toutes ces raisons-là
qu’on a décidé de mettre en œuvre -
2:45 - 2:47la Pédagogie Positive.
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2:47 - 2:51Pour tordre le cou à tous ces mythes,
ces croyances populaires -
2:51 - 2:58totalement fausses qui bousillent
des générations d’enfants. -
2:58 - 3:01Des enfants dont la confiance en eux
fond comme la calotte glacière, -
3:01 - 3:04et dont l’estime d’eux-mêmes
est dans les chaussettes. -
3:04 - 3:06A : Et des enfants
qui deviennent des adultes. -
3:06 - 3:10Des adultes qui sont inquiets,
qui n’ont pas plus confiance en eux. -
3:10 - 3:14et qui, par exemple au travail, ont du mal
à donner de nouvelles propositions, -
3:14 - 3:17alors l'augmentation,
on vous en parle même pas. -
3:17 - 3:21Qui se mettent une pression
pour être toujours plus à la hauteur -
3:21 - 3:27et arriver aux objectifs et qui finalement
perdent le sens de leur travail -
3:27 - 3:30et de leur activité
faute d’avoir la main dessus. -
3:30 - 3:32Et ça, c’est moche.
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3:32 - 3:39I : C’est très moche et ce constat
n’est pas très folichon finalement, donc : -
3:39 - 3:41Performance.
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3:41 - 3:43A : Obligation de résultat.
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3:43 - 3:44I : Surcharge d'activité.
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3:44 - 3:46A : Compétition.
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3:46 - 3:50I : La pression, qu'elle soit scolaire,
sociale, professionnelle ou personnelle, -
3:50 - 3:54de toute façon, elle a toujours
les mêmes conséquences : -
3:54 - 3:58une baisse de l’estime de soi,
une baisse de la confiance en soi, -
3:58 - 4:04une chute drastique de la créativité,
du courage et de la motivation. -
4:04 - 4:07Et ça, c’est le best-of de ce qu’on entend
dans nos cabinets -
4:07 - 4:09de la bouche de nos patients.
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4:09 - 4:10A : Parce que pendant des années
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4:10 - 4:13et ça fait des années qu’on les suit
tous ces petits patients. -
4:13 - 4:15Des petits, des moyens et des grands.
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4:15 - 4:17Et qu'on a entendu
se crier toute cette douleur -
4:17 - 4:20et toute cette souffrance
dans notre cabinet. -
4:20 - 4:23On a vu des parents
qui étaient complètement démunis, -
4:23 - 4:26faute de pouvoir trouver
des solutions pour leurs enfants. -
4:26 - 4:29On a vu des enfants,
tellement malheureux de pas y arriver, -
4:29 - 4:31et culpabilisant en plus.
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4:31 - 4:34Et on a même vu
des grands gaillards, pourtant cadre sup’ -
4:34 - 4:36s’effondrer littéralement
en plein burn out. -
4:37 - 4:41I : Avec ce constat-là
qui n’est pas sexy on va dire, -
4:42 - 4:44on a une vraie question à se poser.
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4:44 - 4:46Une question essentielle qui est :
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4:46 - 4:50« Sommes-nous tous
programmés pour échouer ? » -
4:50 - 4:54A : Alors on a une deuxième question ;
parce qu'on aime bien poser des questions, -
4:54 - 4:55on adore ça, même.
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4:55 - 4:59La deuxième question qu’on va poser
et vous allez essayer d'y répondre, -
4:59 - 5:03c’est celle-là : à votre avis,
que vaut-il mieux ? -
5:03 - 5:07Réussir sa vie ou réussir dans la vie ?
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5:07 - 5:10I : Vous avez 2 heures,
on ramasse les copies. -
5:10 - 5:13A : Réussir sa vie ?
Qui lève la main pour réussir sa vie ? -
5:13 - 5:15Réussir dans la vie ? D'accord.
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5:15 - 5:18Alors vous, on peut dire que
vous êtes un public un peu particulier. -
5:18 - 5:22Si déjà vous venez à des conférences TED
c'est que vous vous questionnez, -
5:22 - 5:23interrogez, vous êtes plutôt ouverts.
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5:23 - 5:26Mais on peut vous dire,
par expérience, qu'en général, -
5:26 - 5:30la réponse qu’on entend le plus souvent
quand on pose cette question-là, c’est : -
5:30 - 5:34« Bah c’est évident, c’est réussir
dans la vie, c'est très important, -
5:34 - 5:37de bien travailler à l'école et ensuite
d'avoir un bon métier -
5:37 - 5:40parce que c'est ça
qui va nous sortir de la M… » -
5:40 - 5:44Et on pose toujours
une autre question encore qui est : -
5:44 - 5:50« A quel prix, à quel prix
on va réussir professionnellement ? » -
5:50 - 5:54Parce que nous ce qu'on voit,
c’est que ça coûte très très cher. -
5:54 - 5:59C'est très cher payé au niveau financier,
au niveau physique -
5:59 - 6:01et au niveau psychologique.
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6:02 - 6:04I : Prenons un exemple pour illustrer ça.
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6:04 - 6:06On va prendre
un exemple de réussite scolaire. -
6:06 - 6:10Donc on prend un jeune ou une jeune,
l'un ou l'autre. -
6:10 - 6:12Brillante, brillant.
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6:12 - 6:15bac avec mention « très bien »,
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6:15 - 6:17qui intègre une prépa d'élite.
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6:18 - 6:22Et qui réussit brillamment le concours
des super écoles : -
6:22 - 6:25Polytechnique, Centrale, etc.
-
6:25 - 6:30A priori on est tous d'accord
pour dire qu'il a brillamment réussi. -
6:32 - 6:36Or, il a brillamment réussi
son parcours scolaire. -
6:37 - 6:39Qu'est-ce qu'on sait
de son niveau de bonheur ? -
6:39 - 6:43Est-ce qu'on a une idée de son degré
de confiance en lui ? -
6:43 - 6:47Est-ce qu'on sait même s'il a vraiment
choisi, lui tout seul, cette voie-là ? -
6:47 - 6:52Ça nous donne en fait aucun indicateur
de son degré de bien-être -
6:52 - 6:54physique ou psychologique.
-
6:54 - 6:57A : Oui parce qu'en fait,
si on y regarde bien, -
6:57 - 7:00notre système vise à former
des élites intellectuelles, -
7:00 - 7:05mais pas à former des adultes
épanouis, créatifs, inventifs. -
7:05 - 7:09Des adultes qui quelles que soient
les situations vont réussir à s'adapter. -
7:09 - 7:10Des VTT en somme.
-
7:10 - 7:12I : Justement en parlant de VTT.
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7:12 - 7:17Quand on pose la question aux enfants
pour savoir, on a toujours : -
7:17 - 7:20« Ça va l'école ? Elle est gentille,
ta maîtresse ? » -
7:20 - 7:21Ce type de questions.
-
7:21 - 7:23Et puis, arrive la question fatidique :
-
7:23 - 7:25« Qu'est-ce que
tu veux faire plus tard ? » -
7:25 - 7:28On va jamais poser la question
à un enfant de ce qu'il veut être ? -
7:28 - 7:31Est-ce qu'il veut être heureux,
est-ce qu'il veut être épanoui ? -
7:31 - 7:34Est-ce qu'il veut être, je sais pas,
curieux, créatif, etc. -
7:34 - 7:39Et de la même façon, quand on rencontre
des adultes, ils vont vous dire : -
7:39 - 7:43« Bonjour, je suis... » et hop !
Derrière y aura un métier. -
7:43 - 7:48En fait, comme si on pouvait pas exister
autrement qu'à travers notre métier. -
7:48 - 7:51Et le diplôme qui va bien,
et le CV qui va bien. -
7:51 - 7:54Et donc, qu'est-ce qu'on fait
de ceux qui n'ont pas de travail ? -
7:54 - 7:55Ou qui n'en ont pas encore ?
-
7:55 - 7:57Ou qu'est-ce qu'on fait
des mères au foyer ? -
7:57 - 8:00Est-ce que c'est reconnu
comme travail ? On sait pas. -
8:01 - 8:07A : Alors du coup, si on se place du coté
de « Réussir sa vie », -
8:07 - 8:10on voit bien que,
dans cette notion de réussir sa vie, -
8:10 - 8:15c'est beaucoup plus grand, et que
ça dépasse largement la simple question -
8:15 - 8:18de la réussite scolaire
ou de la réussite professionnelle. -
8:18 - 8:21On donne toujours cette image-là
du tabouret à 4 pieds -
8:21 - 8:23pour expliquer ce qu'est réussir sa vie :
-
8:23 - 8:27réussir sa vie, c'est réussir
à maintenir un équilibre. -
8:27 - 8:31Et un équilibre sur une globalité.
La globalité des 4 pieds. -
8:31 - 8:36Ou en fait, un des pieds
serait le pôle « réussir dans la vie » -
8:36 - 8:38donc professionnellement, scolairement.
-
8:38 - 8:40Un autre pied serait le pôle « famille »,
-
8:40 - 8:44un autre encore serait « la relation »,
les relations sociales. -
8:44 - 8:47Et encore un autre qui serait
« l'évolution personnelle ». -
8:47 - 8:50On voit bien que sur un tabouret,
quand il manque un pied, -
8:51 - 8:53ça tient encore à peu près,
-
8:53 - 8:55ça fait un trépied,
c'est un peu fragile. -
8:55 - 8:57Mais si en plus,
on surinvestit un des pieds, -
8:57 - 9:01qu'on fait porter une charge
très très lourde sur un seul des pieds, -
9:01 - 9:03comme on le fait tous,
ou beaucoup d'entre nous, -
9:03 - 9:06sur cette réussite professionnelle.
-
9:06 - 9:10Eh bien à un moment donné,
l'équilibre est rompu. -
9:10 - 9:14I : Si on prend un autre exemple,
c'est un peu comme si, -
9:14 - 9:17on décidait de faire
Paris-Dunkerque en marchant, -
9:18 - 9:21mais avec des chaussures
bien trop petites pour nos pieds, -
9:22 - 9:28et qui nous bousillent bien les orteils.
Je vous laisse le temps de sentir. -
9:28 - 9:31A : Je peux vous dire parce que
je les ai mises ce soir. -
9:31 - 9:33Faudrait pas que ça dure trop longtemps.
-
9:33 - 9:36I : On est arrivé ce matin
à pied de Paris. -
9:36 - 9:43Eh bien, cette souffrance-là,
nous on n'arrive pas à s'y résigner. -
9:43 - 9:45On peut pas accepter.
-
9:45 - 9:47Du tout, du tout,
-
9:47 - 9:51c'est tellement viscéral, que l'école et
le travail soient des lieux de souffrance. -
9:52 - 9:55A : Parce que ça, ça nous est
insupportable et -
9:55 - 9:59et c'est pour lutter contre ça qu'on se
lève tous les matins depuis des années -
9:59 - 10:04pour se mettre résolument
du côté de « Réussir sa vie » -
10:04 - 10:06dans une approche globale,
-
10:06 - 10:09et respectueuse et harmonieuse,
qu'est la Pédagogie Positive. -
10:09 - 10:12I : Alors du coup,
la Pédagogie Positive, c'est quoi ? -
10:12 - 10:18C'est un parti-pris,
c'est même un engagement. -
10:18 - 10:21C'est vraiment, on vous le dit,
quelque chose d'assez viscéral. -
10:22 - 10:27C'est faire rentrer dans de la pédagogie,
de la psychologie positive. -
10:27 - 10:33Et c'est : choisir la joie
et le côté lumineux de la force. -
10:33 - 10:35I : Alors, on fait un petit point.
-
10:35 - 10:39La psychologie positive,
pour ceux qui ne connaîtraient pas. -
10:39 - 10:41La psychologie positive,
-
10:41 - 10:44c'est pas exactement la même chose
que la pensée positive. -
10:44 - 10:47La pensée positive,
bien connue dans ce sketch : -
10:47 - 10:51« Je vais bien, tous va bien,
tout est gai, tout me plaît. » -
10:51 - 10:54Là, la psychologie positive,
c'est pas du tout ça. -
10:54 - 10:58C'est se dire
qu'on a tous les ressources en nous, -
10:58 - 11:02quelles que soient les situations,
même les plus désagréables, -
11:02 - 11:06et les plus difficiles,
pour dépasser les difficultés -
11:06 - 11:10et pour aller vers une harmonie globale
et vers son bonheur. -
11:10 - 11:12Et c'est aussi une autre idée
-
11:12 - 11:15qui nous tient vraiment beaucoup à cœur
à toutes les deux. -
11:15 - 11:18Je pense que c'est vraiment notre crédo :
il n'y a pas de fatalité, -
11:19 - 11:22ni dans le malheur, ni dans la souffrance,
ni dans l'échec. -
11:22 - 11:25D'ailleurs l'échec n'existe pas.
Il n'y a que des tentatives, -
11:25 - 11:28et que des rencontres qui ne sont
pas faites, mais un jour ça arrivera. -
11:28 - 11:32I : En fait, la Pédagogie Positive
c'est se dire que : -
11:34 - 11:39la peur d'échouer, la pression,
les petites phrases assassines, -
11:39 - 11:43les petits mots qui tuent,
qu'on peut entendre parfois, -
11:43 - 11:45ça fait pas mieux travailler.
-
11:45 - 11:49Ça fait même pas bien du tout travailler.
-
11:49 - 11:53Et ça ne nous fait pas bien,
ça ne nous fait pas produire mieux. -
11:54 - 11:58Comprendre qu'on peut faire
grandir sa confiance en soi, -
11:58 - 12:01qu'on peut tordre le cou
à cette peur d'échouer. -
12:02 - 12:05Ce qu'on entend souvent comme critique
quand on dit « pédagogie positive », -
12:05 - 12:10c'est : « Ha bah oui, d'accord, merci.
Laxisme, on fait rien. C'est tranquille. » -
12:10 - 12:12Et non, on fait des efforts.
-
12:12 - 12:15Mais c'est des efforts qui ne vont pas
être synonymes de souffrance. -
12:15 - 12:18C'est des efforts
qui vont donner du résultat -
12:18 - 12:21et qui ne vont pas bousiller
notre confiance en nous, -
12:21 - 12:22et l'estime qu'on a de nous-mêmes.
-
12:22 - 12:25A : Alors, avec tout ça,
-
12:25 - 12:28on a eu envie d'aller expérimenter,
quand même, à un moment donné. -
12:28 - 12:30Donc on est allé toutes les deux,
-
12:30 - 12:33expérimenter en tant que psy
et en tant qu'enseignantes -
12:33 - 12:34dans des établissements scolaires
-
12:34 - 12:38qui accueillaient des élèves
en grande difficulté, -
12:38 - 12:41qui présentaient des
troubles d'apprentissages ou, -
12:41 - 12:44et/ou d'ailleurs,
des troubles du comportement. -
12:44 - 12:46Et en fait, ça a été pendant des années,
-
12:46 - 12:50un merveilleux laboratoire
d'expérimentation et de mise en œuvre. -
12:50 - 12:53Alors par exemple,
pouvoir introduire au quotidien -
12:53 - 12:56de la relaxation sur un groupe classe
et de voir ce que ça donne ; -
12:56 - 13:01organiser des chasses au trésor
pour apprendre une leçon d'histoire, -
13:01 - 13:04Marie-Antoinette en l'occurrence,
c'était rigolo, -
13:04 - 13:10et surtout, faire intervenir l'évaluation
une fois que nous étions persuadées -
13:10 - 13:14que tous les élèves étaient
en situation de la réussir. -
13:14 - 13:19Et ça, ça change tout, finalement.
Et en plus, ça a marché. Et on l'a vu, -
13:19 - 13:24on a vu, en quelques mois, des élèves
qui reprenaient confiance en eux, -
13:24 - 13:26et les résultats sont arrivés ensuite.
-
13:26 - 13:30Parce que c'est toujours dans ce sens-là :
on conquiert d'abord la confiance en soi -
13:30 - 13:33et l'estime de soi
sans se mettre la pression, -
13:33 - 13:36et ensuite, les résultats
arrivent naturellement. -
13:36 - 13:40Et donc, ça nous a confortées
toutes les deux dans l'idée que, -
13:40 - 13:42ce qui fonctionne pour des enfants,
ou des adultes même, -
13:42 - 13:45des apprenants, on va dire,
des travailleurs, -
13:45 - 13:48qui sont en difficulté, a fortiori,
-
13:48 - 13:51ça fonctionne quand
il n'y a pas de difficulté, -
13:51 - 13:52quand tout va bien.
-
13:52 - 13:55I : Et du coup, on a mis en place
une boite à outils -
13:55 - 13:57un peu funky, comme on aime.
-
13:57 - 14:01Avec des outils qu'on aime,
des approches qu'on aime, -
14:01 - 14:03et surtout des approches
auxquelles on a été formées. -
14:03 - 14:07Donc ça peut être la gestion mentale,
la thérapie systémique, -
14:07 - 14:11des outils de pensée visuelle,
le mind-mapping, le sketchnoting, etc. -
14:11 - 14:12l'hypnose.
-
14:12 - 14:17Alors pour faire une approche
qui soit vraiment intégrative, -
14:17 - 14:20parce que, nous, on a du mal à appartenir
à une seule chapelle. -
14:20 - 14:23On trouve qu'il y a du bien partout
donc on le met ensemble -
14:23 - 14:25et c'est beaucoup mieux.
-
14:25 - 14:28Donc une approche intégrative
qui soit simple et vivante. -
14:28 - 14:32Et puis on a rajouté
l'humour de façon très égoïste -
14:32 - 14:35parce que nous, on déteste
se faire ch... s'ennuyer au travail. -
14:36 - 14:37(Rires)
-
14:38 - 14:42A : Et on y a rajouté aussi
ce qu'on appelle l'effet Pygmalion, -
14:42 - 14:46on l'entend aussi sous le nom
de « prophétie auto-réalisatrice ». -
14:46 - 14:48Donc l'effet Pygmalion, il a été
mis en lumière -
14:48 - 14:53par un célèbre psy américain,
Robert Rozental, Bob pour les intimes. -
14:53 - 14:54I : Bobby.
-
14:54 - 15:01A : Et c'est l'idée que le regard qu'on
porte sur une situation va conditionner, -
15:01 - 15:08consciemment ou inconsciemment,
le résultat attendu et le résultat obtenu. -
15:08 - 15:12Donc, par exemple, on va vous donner
un exemple d'effet Pygmalion négatif, -
15:12 - 15:15ça marche dans les deux sens.
Il y a le négatif et le positif. -
15:15 - 15:18Exemple d'effet Pygmalion négatif :
-
15:18 - 15:21si je crois que cet élève-là est
complètement débile -
15:21 - 15:23et qu'il est déjà en échec
-
15:23 - 15:26parce qu'il ne sait pas lire
au bout de trois semaines de CP, -
15:26 - 15:30il y a de fortes chances que
je donne raison à ma croyance, -
15:30 - 15:33de la même manière que
si je pense que mon collègue à 2 de QI. -
15:34 - 15:35I : Tu penses que j'ai 2 de QI ?
-
15:35 - 15:36A : Mais non, pas du tout.
-
15:39 - 15:42I : Alors, l'effet Pygmalion,
ça s'applique aussi à soi. -
15:42 - 15:44C'est-à-dire que si j'ai en tête que :
-
15:44 - 15:46« travail égale souffrance. »
-
15:46 - 15:50puisque la racine du mot travail
c'est « tripalium : objet de torture », -
15:50 - 15:52donc travail égale souffrance,
-
15:52 - 15:55il y a de fortes chances
que j'active ce schéma-là -
15:55 - 15:59et que je sois persuadée
que le travail, c'est long et difficile, -
15:59 - 16:02et je vais me conformer à ma croyance.
-
16:03 - 16:08A : Alors en plus, cette chose-là,
ça nous poursuit -
16:08 - 16:10jusque dans le travail,
une fois qu'on est adulte. -
16:10 - 16:14Faut arrêter de croire que tout ça
s'arrête une fois qu'on a quitté l'école. -
16:14 - 16:17Bon, la bonne nouvelle, c'est que,
comme on l'a dit, -
16:17 - 16:20il y a l'effet Pygmalion positif,
et ça marche dans l'autre sens, -
16:20 - 16:22et on rentre dans un vrai cercle vertueux.
-
16:22 - 16:26Et surtout si on ajoute en plus
quelque chose qu'on adore vraiment, -
16:26 - 16:27qu'on pratique au quotidien,
-
16:27 - 16:32qui est ce qu'on appelle le
Renforcement Positif des Comportements. -
16:32 - 16:35C'est quoi, le Renforcement
Positif des Comportements ? -
16:35 - 16:37C'est vraiment aussi un parti pris.
-
16:37 - 16:40C'est révéler les talents
plutôt que focaliser -
16:40 - 16:43sur toujours les défauts
et les faiblesses, -
16:43 - 16:47c'est focaliser sur
ce qui fonctionne bien -
16:47 - 16:51plutôt que stigmatiser toujours
ce qui ne fonctionne pas. -
16:51 - 16:54Et là, on rentre
dans un vrai cercle vertueux -
16:54 - 16:57et tout va beaucoup mieux.
-
16:57 - 17:01I : D'ailleurs si vous utilisez le
Renforcement Positif avec votre conjoint, -
17:01 - 17:03il y a vraiment de fortes chances
-
17:03 - 17:05que vous ayez un massage
des pieds tous les soirs. -
17:05 - 17:07A : Enfin, nous on l'a testé, hein.
-
17:07 - 17:09I : Testé et approuvé de notre côté.
-
17:11 - 17:17Donc quand on a mis
tout ça ensemble, effectivement, -
17:17 - 17:21on a mis notre boite à outils,
notre expérience, -
17:21 - 17:23l'effet Pygmalion,
l'humour, -
17:23 - 17:29on a vu apparaître un axe, une colonne
vertébrale de la Pédagogie Positive -
17:29 - 17:32qu'on a appelé l'axe
« Tête - Cœur - Corps ». -
17:32 - 17:35Alors, comment ça fonctionne,
l'axe « Tête - Cœur - Corps » ? -
17:35 - 17:36I : Très bien, merci.
-
17:36 - 17:37A : Ah ça me rassure.
-
17:37 - 17:41I : Alors, l'axe « Tête - Cœur - Corps »,
c'est vraiment cette idée -
17:41 - 17:45que nous ne sommes pas
de simples cerveaux sur deux pattes. -
17:45 - 17:47C'est prendre en compte d'abord :
-
17:47 - 17:50la Tête, donc comprendre mon propre
fonctionnement cognitif -
17:50 - 17:51et celui de l'autre ;
-
17:52 - 17:56c'est prendre en compte le Cœur
et comprendre que les émotions -
17:56 - 18:01sont nos alliées et font partie
intégrante de tout apprentissage -
18:01 - 18:02et de tout travail,
-
18:02 - 18:07et enfin prendre en compte ce Corps,
dont on ne prend pas assez soin. -
18:07 - 18:10Mais on doit vraiment en prendre
encore plus soin -
18:10 - 18:12parce qu'il y a une
réalité biologique qui est -
18:12 - 18:17qu'on a besoin de dormir suffisamment,
de s'aérer, de manger, de bouger, -
18:17 - 18:19et même de faire pipi.
-
18:19 - 18:22I : C'est vrai.
-
18:22 - 18:23A : Non mais vous rigolez,
-
18:23 - 18:25mais nous quand on intervient
dans des entreprises, -
18:25 - 18:28et qu'on dit aux gens ce truc-là,
y'en a qui nous disent : -
18:28 - 18:32« Ah oui, c'est vrai ce que vous dites
parce que parfois y a des journées où -
18:32 - 18:36nous n'avons pas le temps de faire pipi,
on n'a pas le temps de faire de pause. » -
18:36 - 18:38I : Alors justement en parlant
de « pas le temps », -
18:39 - 18:42on n'a malheureusement pas le temps de
vous donner tous les exemples -
18:42 - 18:48d'enseignants qui ont choisi
de mettre en œuvre, -
18:49 - 18:53de prendre la Pédagogie Positive et
de la mettre en œuvre dans leur classe. -
18:53 - 18:56Donc ceux qui choisissent de
faire boire leurs élèves, -
18:56 - 19:00boire de l'eau, parce qu'ils se rendent
compte qu'ils sont plus concentrés, -
19:00 - 19:02de mettre la relaxation au programme,
-
19:02 - 19:04d'utiliser du mind-mapping, etc.
-
19:04 - 19:07Et puis pas le temps non plus de
vous donner tous les exemples -
19:07 - 19:10de Pédagogie Positive en entreprise,
où on intervient régulièrement -
19:10 - 19:14pour se rendre compte que
c'est un vrai outil collaboratif. -
19:14 - 19:17Mais du coup, on n'a pas le temps de
vous donner ces exemples mais, -
19:17 - 19:21on va se poser la question de
« Pourquoi ça marche ? » cette méthode-là, -
19:21 - 19:24plutôt que de bon coups de fouet
qui faisaient bien l'affaire -
19:24 - 19:26il y a encore quelque temps.
-
19:26 - 19:32Pourquoi ça marche ? C'est parce qu'il y a
ce qu'on appelle : l'Expérience Optimale. -
19:32 - 19:39Qu'est-ce que l'Expérience Optimale ?
C'est quand on tient la Tête, le Cœur -
19:39 - 19:43et le Corps ensemble, et qu'on sait
que les 3 vont être de bons alliés, -
19:43 - 19:50alors on devient beaucoup plus efficace,
et beaucoup plus efficace sans s'épuiser. -
19:50 - 19:53A : Alors on a une dernière question
à vous poser. -
19:53 - 19:58I : Pas tout à fait, parce qu'il y a
quand même une question qu'on nous pose -
19:58 - 20:03qui est : combien ça coûte,
la Pédagogie Positive ? -
20:03 - 20:05A votre avis ?
-
20:05 - 20:06Eh bien, ça coûte que dalle.
-
20:06 - 20:11Ça coûte zéro franc à mettre en œuvre
parce qu'on a juste à changer son regard, -
20:11 - 20:15à mettre en place des choses
qui sont vraiment simples, -
20:15 - 20:18du côté ludique et joyeux.
-
20:18 - 20:21Donc, voilà, pose ta fameuse question.
-
20:21 - 20:28A : Dernière question : à votre avis,
sommes-nous tous programmés pour échouer ? -
20:28 - 20:34Tous : Non !
-
20:34 - 20:36(Applaudissements)
-
20:36 - 20:38A : Merci beaucoup.
I : Merci à vous.
- Title:
- Tous conditionnés pour échouer ? | Isabelle Pailleau & Audrey Azoun | TEDxDunkerque
- Description:
-
Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.
Fortes de nombreuses années d’accompagnement et d’enseignement, Isabelle Pailleau et Audrey Azoun ont développé une approche globale du travail, des apprentissages, ainsi que des rapports humains dans les organisations et les familles. La pédagogie positive comme outil de développement personnel et organisationnel.
Elles sont co-auteures des livres « Apprendre Autrement avec la Pédagogie Positive » et « Je dis (enfin) STOP à la pression »
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 20:47