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Tous conditionnés pour échouer ? | Isabelle Pailleau & Audrey Azoun | TEDxDunkerque

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    Isabelle : Ça va, tes enfants,
    en ce moment ?
  • 0:26 - 0:29
    Audrey : Non, m'en parle pas,
    c'est la cata, j'en peux plus.
  • 0:29 - 0:33
    Je pense que Léo nous prend
    pour des cons, mais vraiment.
  • 0:33 - 0:35
    Il est feignant,
    c'est pas un poil qu'il a dans la main,
  • 0:35 - 0:38
    c'est un baobab, si tu veux mon avis.
  • 0:38 - 0:42
    Je lui ai dit pourtant :
    « Fais des fiches, révise, relis. »
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    Je faisais ça, ça marchait bien,
  • 0:44 - 0:45
    alors je ne comprends pas.
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    Alors que s'il faisait des efforts,
    je suis sûre qu’il y arriverait.
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    I : C’est comme on dit toujours :
    quand on veut on peut, finalement !
  • 0:53 - 0:54
    A : Bah oui !
  • 0:54 - 0:57
    De toute façon, attends,
    c’est leur truc à la génération X-Y-Z,
  • 0:57 - 0:59
    je sais pas comment ils les appellent.
  • 0:59 - 1:02
    Ils disent qu’ils sont pas
    comme nous on était.
  • 1:02 - 1:06
    Mais purée quand même,
    faut qu’il comprenne un truc.
  • 1:06 - 1:08
    C’est pas en bouffant des chips
    sur son canapé
  • 1:08 - 1:11
    en regardant Secret Story
    qu’il va l’avoir, son bac !
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    Quand tu vois comment on galère :
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    faudrait être aveugle et sourd
    pour pas savoir qu’il y a du chômage.
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    Y a 3,5 millions de chômeurs,
    ça fait peur.
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    I : Mais de toute façon,
    vous allez être obligés
  • 1:21 - 1:24
    de lui apprendre
    à « souffrir » quand même,
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    Parce que le patron,
    il va pas lui faire de cadeaux, hein ?
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    T’as vu comment il a galéré, Benoit,
    pour son poste de directeur ?
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    C’est des requins,
    il faut avoir les dents hyper longues
  • 1:34 - 1:35
    pour nager dans ce milieu-là.
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    A : Bah oui, on le sait, c’est comme ça.
    Et toi les enfants, comment ça va ?
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    I : Nan pas mieux la, c’est la cata.
  • 1:41 - 1:44
    Flora vient d’entrer en seconde.
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    Je crois qu’elle a pas compris
    que c’était hyper important.
  • 1:47 - 1:51
    Alors tu vois, elle se fait une
    petite moyenne en maths, un petit truc.
  • 1:51 - 1:54
    14,25. Ça casse pas des briquettes.
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    Pour aller en S, ça va être l'horreur
    donc je sais plus quoi faire.
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    A : Elle veut aller en S ?
  • 2:01 - 2:03
    I : Ça j’en sais rien.
    Mais c’est la voie royale.
  • 2:03 - 2:05
    Elle peut pas choisir
    une autre filière.
  • 2:05 - 2:09
    Son père en ferait une maladie,
    c’est tous des matheux dans la famille.
  • 2:09 - 2:11
    Puis S ça ouvre toutes les portes.
  • 2:11 - 2:13
    A : Ça c’est sûr,
    ça ouvre toutes les portes.
  • 2:13 - 2:17
    Faut qu’elle comprenne que si elle
    bosse pas, elle va finir en L ou en BEP.
  • 2:17 - 2:20
    A : Ne m’en parle pas.
    Ne m'en parle pas.
  • 2:20 - 2:22
    Et puis y a quand même un truc :
  • 2:22 - 2:25
    avec tout le fric qu’on dépense
    en soutien scolaire,
  • 2:25 - 2:28
    il manquerait plus
    qu’il n’y ait pas de résultat non plus.
  • 2:28 - 2:31
    A : Franchement, c’est Darwin
    qui avait raison,
  • 2:31 - 2:34
    c’est les plus forts
    qui s’en sortent dans la vie.
  • 2:34 - 2:36
    Pin Pon Pin Pon
  • 2:36 - 2:37
    I : Hop !
  • 2:38 - 2:42
    I : Alors on préfère sortir du sketch
    parce que vous l’avez compris :
  • 2:42 - 2:45
    c’est pour toutes ces raisons-là
    qu’on a décidé de mettre en œuvre
  • 2:45 - 2:47
    la Pédagogie Positive.
  • 2:47 - 2:51
    Pour tordre le cou à tous ces mythes,
    ces croyances populaires
  • 2:51 - 2:58
    totalement fausses qui bousillent
    des générations d’enfants.
  • 2:58 - 3:01
    Des enfants dont la confiance en eux
    fond comme la calotte glacière,
  • 3:01 - 3:04
    et dont l’estime d’eux-mêmes
    est dans les chaussettes.
  • 3:04 - 3:06
    A : Et des enfants
    qui deviennent des adultes.
  • 3:06 - 3:10
    Des adultes qui sont inquiets,
    qui n’ont pas plus confiance en eux.
  • 3:10 - 3:14
    et qui, par exemple au travail, ont du mal
    à donner de nouvelles propositions,
  • 3:14 - 3:17
    alors l'augmentation,
    on vous en parle même pas.
  • 3:17 - 3:21
    Qui se mettent une pression
    pour être toujours plus à la hauteur
  • 3:21 - 3:27
    et arriver aux objectifs et qui finalement
    perdent le sens de leur travail
  • 3:27 - 3:30
    et de leur activité
    faute d’avoir la main dessus.
  • 3:30 - 3:32
    Et ça, c’est moche.
  • 3:32 - 3:39
    I : C’est très moche et ce constat
    n’est pas très folichon finalement, donc :
  • 3:39 - 3:41
    Performance.
  • 3:41 - 3:43
    A : Obligation de résultat.
  • 3:43 - 3:44
    I : Surcharge d'activité.
  • 3:44 - 3:46
    A : Compétition.
  • 3:46 - 3:50
    I : La pression, qu'elle soit scolaire,
    sociale, professionnelle ou personnelle,
  • 3:50 - 3:54
    de toute façon, elle a toujours
    les mêmes conséquences :
  • 3:54 - 3:58
    une baisse de l’estime de soi,
    une baisse de la confiance en soi,
  • 3:58 - 4:04
    une chute drastique de la créativité,
    du courage et de la motivation.
  • 4:04 - 4:07
    Et ça, c’est le best-of de ce qu’on entend
    dans nos cabinets
  • 4:07 - 4:09
    de la bouche de nos patients.
  • 4:09 - 4:10
    A : Parce que pendant des années
  • 4:10 - 4:13
    et ça fait des années qu’on les suit
    tous ces petits patients.
  • 4:13 - 4:15
    Des petits, des moyens et des grands.
  • 4:15 - 4:17
    Et qu'on a entendu
    se crier toute cette douleur
  • 4:17 - 4:20
    et toute cette souffrance
    dans notre cabinet.
  • 4:20 - 4:23
    On a vu des parents
    qui étaient complètement démunis,
  • 4:23 - 4:26
    faute de pouvoir trouver
    des solutions pour leurs enfants.
  • 4:26 - 4:29
    On a vu des enfants,
    tellement malheureux de pas y arriver,
  • 4:29 - 4:31
    et culpabilisant en plus.
  • 4:31 - 4:34
    Et on a même vu
    des grands gaillards, pourtant cadre sup’
  • 4:34 - 4:36
    s’effondrer littéralement
    en plein burn out.
  • 4:37 - 4:41
    I : Avec ce constat-là
    qui n’est pas sexy on va dire,
  • 4:42 - 4:44
    on a une vraie question à se poser.
  • 4:44 - 4:46
    Une question essentielle qui est :
  • 4:46 - 4:50
    « Sommes-nous tous
    programmés pour échouer ? »
  • 4:50 - 4:54
    A : Alors on a une deuxième question ;
    parce qu'on aime bien poser des questions,
  • 4:54 - 4:55
    on adore ça, même.
  • 4:55 - 4:59
    La deuxième question qu’on va poser
    et vous allez essayer d'y répondre,
  • 4:59 - 5:03
    c’est celle-là : à votre avis,
    que vaut-il mieux ?
  • 5:03 - 5:07
    Réussir sa vie ou réussir dans la vie ?
  • 5:07 - 5:10
    I : Vous avez 2 heures,
    on ramasse les copies.
  • 5:10 - 5:13
    A : Réussir sa vie ?
    Qui lève la main pour réussir sa vie ?
  • 5:13 - 5:15
    Réussir dans la vie ? D'accord.
  • 5:15 - 5:18
    Alors vous, on peut dire que
    vous êtes un public un peu particulier.
  • 5:18 - 5:22
    Si déjà vous venez à des conférences TED
    c'est que vous vous questionnez,
  • 5:22 - 5:23
    interrogez, vous êtes plutôt ouverts.
  • 5:23 - 5:26
    Mais on peut vous dire,
    par expérience, qu'en général,
  • 5:26 - 5:30
    la réponse qu’on entend le plus souvent
    quand on pose cette question-là, c’est :
  • 5:30 - 5:34
    « Bah c’est évident, c’est réussir
    dans la vie, c'est très important,
  • 5:34 - 5:37
    de bien travailler à l'école et ensuite
    d'avoir un bon métier
  • 5:37 - 5:40
    parce que c'est ça
    qui va nous sortir de la M… »
  • 5:40 - 5:44
    Et on pose toujours
    une autre question encore qui est :
  • 5:44 - 5:50
    « A quel prix, à quel prix
    on va réussir professionnellement ? »
  • 5:50 - 5:54
    Parce que nous ce qu'on voit,
    c’est que ça coûte très très cher.
  • 5:54 - 5:59
    C'est très cher payé au niveau financier,
    au niveau physique
  • 5:59 - 6:01
    et au niveau psychologique.
  • 6:02 - 6:04
    I : Prenons un exemple pour illustrer ça.
  • 6:04 - 6:06
    On va prendre
    un exemple de réussite scolaire.
  • 6:06 - 6:10
    Donc on prend un jeune ou une jeune,
    l'un ou l'autre.
  • 6:10 - 6:12
    Brillante, brillant.
  • 6:12 - 6:15
    bac avec mention « très bien »,
  • 6:15 - 6:17
    qui intègre une prépa d'élite.
  • 6:18 - 6:22
    Et qui réussit brillamment le concours
    des super écoles :
  • 6:22 - 6:25
    Polytechnique, Centrale, etc.
  • 6:25 - 6:30
    A priori on est tous d'accord
    pour dire qu'il a brillamment réussi.
  • 6:32 - 6:36
    Or, il a brillamment réussi
    son parcours scolaire.
  • 6:37 - 6:39
    Qu'est-ce qu'on sait
    de son niveau de bonheur ?
  • 6:39 - 6:43
    Est-ce qu'on a une idée de son degré
    de confiance en lui ?
  • 6:43 - 6:47
    Est-ce qu'on sait même s'il a vraiment
    choisi, lui tout seul, cette voie-là ?
  • 6:47 - 6:52
    Ça nous donne en fait aucun indicateur
    de son degré de bien-être
  • 6:52 - 6:54
    physique ou psychologique.
  • 6:54 - 6:57
    A : Oui parce qu'en fait,
    si on y regarde bien,
  • 6:57 - 7:00
    notre système vise à former
    des élites intellectuelles,
  • 7:00 - 7:05
    mais pas à former des adultes
    épanouis, créatifs, inventifs.
  • 7:05 - 7:09
    Des adultes qui quelles que soient
    les situations vont réussir à s'adapter.
  • 7:09 - 7:10
    Des VTT en somme.
  • 7:10 - 7:12
    I : Justement en parlant de VTT.
  • 7:12 - 7:17
    Quand on pose la question aux enfants
    pour savoir, on a toujours :
  • 7:17 - 7:20
    « Ça va l'école ? Elle est gentille,
    ta maîtresse ? »
  • 7:20 - 7:21
    Ce type de questions.
  • 7:21 - 7:23
    Et puis, arrive la question fatidique :
  • 7:23 - 7:25
    « Qu'est-ce que
    tu veux faire plus tard ? »
  • 7:25 - 7:28
    On va jamais poser la question
    à un enfant de ce qu'il veut être ?
  • 7:28 - 7:31
    Est-ce qu'il veut être heureux,
    est-ce qu'il veut être épanoui ?
  • 7:31 - 7:34
    Est-ce qu'il veut être, je sais pas,
    curieux, créatif, etc.
  • 7:34 - 7:39
    Et de la même façon, quand on rencontre
    des adultes, ils vont vous dire :
  • 7:39 - 7:43
    « Bonjour, je suis... » et hop !
    Derrière y aura un métier.
  • 7:43 - 7:48
    En fait, comme si on pouvait pas exister
    autrement qu'à travers notre métier.
  • 7:48 - 7:51
    Et le diplôme qui va bien,
    et le CV qui va bien.
  • 7:51 - 7:54
    Et donc, qu'est-ce qu'on fait
    de ceux qui n'ont pas de travail ?
  • 7:54 - 7:55
    Ou qui n'en ont pas encore ?
  • 7:55 - 7:57
    Ou qu'est-ce qu'on fait
    des mères au foyer ?
  • 7:57 - 8:00
    Est-ce que c'est reconnu
    comme travail ? On sait pas.
  • 8:01 - 8:07
    A : Alors du coup, si on se place du coté
    de « Réussir sa vie »,
  • 8:07 - 8:10
    on voit bien que,
    dans cette notion de réussir sa vie,
  • 8:10 - 8:15
    c'est beaucoup plus grand, et que
    ça dépasse largement la simple question
  • 8:15 - 8:18
    de la réussite scolaire
    ou de la réussite professionnelle.
  • 8:18 - 8:21
    On donne toujours cette image-là
    du tabouret à 4 pieds
  • 8:21 - 8:23
    pour expliquer ce qu'est réussir sa vie :
  • 8:23 - 8:27
    réussir sa vie, c'est réussir
    à maintenir un équilibre.
  • 8:27 - 8:31
    Et un équilibre sur une globalité.
    La globalité des 4 pieds.
  • 8:31 - 8:36
    Ou en fait, un des pieds
    serait le pôle « réussir dans la vie »
  • 8:36 - 8:38
    donc professionnellement, scolairement.
  • 8:38 - 8:40
    Un autre pied serait le pôle « famille »,
  • 8:40 - 8:44
    un autre encore serait « la relation »,
    les relations sociales.
  • 8:44 - 8:47
    Et encore un autre qui serait
    « l'évolution personnelle ».
  • 8:47 - 8:50
    On voit bien que sur un tabouret,
    quand il manque un pied,
  • 8:51 - 8:53
    ça tient encore à peu près,
  • 8:53 - 8:55
    ça fait un trépied,
    c'est un peu fragile.
  • 8:55 - 8:57
    Mais si en plus,
    on surinvestit un des pieds,
  • 8:57 - 9:01
    qu'on fait porter une charge
    très très lourde sur un seul des pieds,
  • 9:01 - 9:03
    comme on le fait tous,
    ou beaucoup d'entre nous,
  • 9:03 - 9:06
    sur cette réussite professionnelle.
  • 9:06 - 9:10
    Eh bien à un moment donné,
    l'équilibre est rompu.
  • 9:10 - 9:14
    I : Si on prend un autre exemple,
    c'est un peu comme si,
  • 9:14 - 9:17
    on décidait de faire
    Paris-Dunkerque en marchant,
  • 9:18 - 9:21
    mais avec des chaussures
    bien trop petites pour nos pieds,
  • 9:22 - 9:28
    et qui nous bousillent bien les orteils.
    Je vous laisse le temps de sentir.
  • 9:28 - 9:31
    A : Je peux vous dire parce que
    je les ai mises ce soir.
  • 9:31 - 9:33
    Faudrait pas que ça dure trop longtemps.
  • 9:33 - 9:36
    I : On est arrivé ce matin
    à pied de Paris.
  • 9:36 - 9:43
    Eh bien, cette souffrance-là,
    nous on n'arrive pas à s'y résigner.
  • 9:43 - 9:45
    On peut pas accepter.
  • 9:45 - 9:47
    Du tout, du tout,
  • 9:47 - 9:51
    c'est tellement viscéral, que l'école et
    le travail soient des lieux de souffrance.
  • 9:52 - 9:55
    A : Parce que ça, ça nous est
    insupportable et
  • 9:55 - 9:59
    et c'est pour lutter contre ça qu'on se
    lève tous les matins depuis des années
  • 9:59 - 10:04
    pour se mettre résolument
    du côté de « Réussir sa vie »
  • 10:04 - 10:06
    dans une approche globale,
  • 10:06 - 10:09
    et respectueuse et harmonieuse,
    qu'est la Pédagogie Positive.
  • 10:09 - 10:12
    I : Alors du coup,
    la Pédagogie Positive, c'est quoi ?
  • 10:12 - 10:18
    C'est un parti-pris,
    c'est même un engagement.
  • 10:18 - 10:21
    C'est vraiment, on vous le dit,
    quelque chose d'assez viscéral.
  • 10:22 - 10:27
    C'est faire rentrer dans de la pédagogie,
    de la psychologie positive.
  • 10:27 - 10:33
    Et c'est : choisir la joie
    et le côté lumineux de la force.
  • 10:33 - 10:35
    I : Alors, on fait un petit point.
  • 10:35 - 10:39
    La psychologie positive,
    pour ceux qui ne connaîtraient pas.
  • 10:39 - 10:41
    La psychologie positive,
  • 10:41 - 10:44
    c'est pas exactement la même chose
    que la pensée positive.
  • 10:44 - 10:47
    La pensée positive,
    bien connue dans ce sketch :
  • 10:47 - 10:51
    « Je vais bien, tous va bien,
    tout est gai, tout me plaît. »
  • 10:51 - 10:54
    Là, la psychologie positive,
    c'est pas du tout ça.
  • 10:54 - 10:58
    C'est se dire
    qu'on a tous les ressources en nous,
  • 10:58 - 11:02
    quelles que soient les situations,
    même les plus désagréables,
  • 11:02 - 11:06
    et les plus difficiles,
    pour dépasser les difficultés
  • 11:06 - 11:10
    et pour aller vers une harmonie globale
    et vers son bonheur.
  • 11:10 - 11:12
    Et c'est aussi une autre idée
  • 11:12 - 11:15
    qui nous tient vraiment beaucoup à cœur
    à toutes les deux.
  • 11:15 - 11:18
    Je pense que c'est vraiment notre crédo :
    il n'y a pas de fatalité,
  • 11:19 - 11:22
    ni dans le malheur, ni dans la souffrance,
    ni dans l'échec.
  • 11:22 - 11:25
    D'ailleurs l'échec n'existe pas.
    Il n'y a que des tentatives,
  • 11:25 - 11:28
    et que des rencontres qui ne sont
    pas faites, mais un jour ça arrivera.
  • 11:28 - 11:32
    I : En fait, la Pédagogie Positive
    c'est se dire que :
  • 11:34 - 11:39
    la peur d'échouer, la pression,
    les petites phrases assassines,
  • 11:39 - 11:43
    les petits mots qui tuent,
    qu'on peut entendre parfois,
  • 11:43 - 11:45
    ça fait pas mieux travailler.
  • 11:45 - 11:49
    Ça fait même pas bien du tout travailler.
  • 11:49 - 11:53
    Et ça ne nous fait pas bien,
    ça ne nous fait pas produire mieux.
  • 11:54 - 11:58
    Comprendre qu'on peut faire
    grandir sa confiance en soi,
  • 11:58 - 12:01
    qu'on peut tordre le cou
    à cette peur d'échouer.
  • 12:02 - 12:05
    Ce qu'on entend souvent comme critique
    quand on dit « pédagogie positive »,
  • 12:05 - 12:10
    c'est : « Ha bah oui, d'accord, merci.
    Laxisme, on fait rien. C'est tranquille. »
  • 12:10 - 12:12
    Et non, on fait des efforts.
  • 12:12 - 12:15
    Mais c'est des efforts qui ne vont pas
    être synonymes de souffrance.
  • 12:15 - 12:18
    C'est des efforts
    qui vont donner du résultat
  • 12:18 - 12:21
    et qui ne vont pas bousiller
    notre confiance en nous,
  • 12:21 - 12:22
    et l'estime qu'on a de nous-mêmes.
  • 12:22 - 12:25
    A : Alors, avec tout ça,
  • 12:25 - 12:28
    on a eu envie d'aller expérimenter,
    quand même, à un moment donné.
  • 12:28 - 12:30
    Donc on est allé toutes les deux,
  • 12:30 - 12:33
    expérimenter en tant que psy
    et en tant qu'enseignantes
  • 12:33 - 12:34
    dans des établissements scolaires
  • 12:34 - 12:38
    qui accueillaient des élèves
    en grande difficulté,
  • 12:38 - 12:41
    qui présentaient des
    troubles d'apprentissages ou,
  • 12:41 - 12:44
    et/ou d'ailleurs,
    des troubles du comportement.
  • 12:44 - 12:46
    Et en fait, ça a été pendant des années,
  • 12:46 - 12:50
    un merveilleux laboratoire
    d'expérimentation et de mise en œuvre.
  • 12:50 - 12:53
    Alors par exemple,
    pouvoir introduire au quotidien
  • 12:53 - 12:56
    de la relaxation sur un groupe classe
    et de voir ce que ça donne ;
  • 12:56 - 13:01
    organiser des chasses au trésor
    pour apprendre une leçon d'histoire,
  • 13:01 - 13:04
    Marie-Antoinette en l'occurrence,
    c'était rigolo,
  • 13:04 - 13:10
    et surtout, faire intervenir l'évaluation
    une fois que nous étions persuadées
  • 13:10 - 13:14
    que tous les élèves étaient
    en situation de la réussir.
  • 13:14 - 13:19
    Et ça, ça change tout, finalement.
    Et en plus, ça a marché. Et on l'a vu,
  • 13:19 - 13:24
    on a vu, en quelques mois, des élèves
    qui reprenaient confiance en eux,
  • 13:24 - 13:26
    et les résultats sont arrivés ensuite.
  • 13:26 - 13:30
    Parce que c'est toujours dans ce sens-là :
    on conquiert d'abord la confiance en soi
  • 13:30 - 13:33
    et l'estime de soi
    sans se mettre la pression,
  • 13:33 - 13:36
    et ensuite, les résultats
    arrivent naturellement.
  • 13:36 - 13:40
    Et donc, ça nous a confortées
    toutes les deux dans l'idée que,
  • 13:40 - 13:42
    ce qui fonctionne pour des enfants,
    ou des adultes même,
  • 13:42 - 13:45
    des apprenants, on va dire,
    des travailleurs,
  • 13:45 - 13:48
    qui sont en difficulté, a fortiori,
  • 13:48 - 13:51
    ça fonctionne quand
    il n'y a pas de difficulté,
  • 13:51 - 13:52
    quand tout va bien.
  • 13:52 - 13:55
    I : Et du coup, on a mis en place
    une boite à outils
  • 13:55 - 13:57
    un peu funky, comme on aime.
  • 13:57 - 14:01
    Avec des outils qu'on aime,
    des approches qu'on aime,
  • 14:01 - 14:03
    et surtout des approches
    auxquelles on a été formées.
  • 14:03 - 14:07
    Donc ça peut être la gestion mentale,
    la thérapie systémique,
  • 14:07 - 14:11
    des outils de pensée visuelle,
    le mind-mapping, le sketchnoting, etc.
  • 14:11 - 14:12
    l'hypnose.
  • 14:12 - 14:17
    Alors pour faire une approche
    qui soit vraiment intégrative,
  • 14:17 - 14:20
    parce que, nous, on a du mal à appartenir
    à une seule chapelle.
  • 14:20 - 14:23
    On trouve qu'il y a du bien partout
    donc on le met ensemble
  • 14:23 - 14:25
    et c'est beaucoup mieux.
  • 14:25 - 14:28
    Donc une approche intégrative
    qui soit simple et vivante.
  • 14:28 - 14:32
    Et puis on a rajouté
    l'humour de façon très égoïste
  • 14:32 - 14:35
    parce que nous, on déteste
    se faire ch... s'ennuyer au travail.
  • 14:36 - 14:37
    (Rires)
  • 14:38 - 14:42
    A : Et on y a rajouté aussi
    ce qu'on appelle l'effet Pygmalion,
  • 14:42 - 14:46
    on l'entend aussi sous le nom
    de « prophétie auto-réalisatrice ».
  • 14:46 - 14:48
    Donc l'effet Pygmalion, il a été
    mis en lumière
  • 14:48 - 14:53
    par un célèbre psy américain,
    Robert Rozental, Bob pour les intimes.
  • 14:53 - 14:54
    I : Bobby.
  • 14:54 - 15:01
    A : Et c'est l'idée que le regard qu'on
    porte sur une situation va conditionner,
  • 15:01 - 15:08
    consciemment ou inconsciemment,
    le résultat attendu et le résultat obtenu.
  • 15:08 - 15:12
    Donc, par exemple, on va vous donner
    un exemple d'effet Pygmalion négatif,
  • 15:12 - 15:15
    ça marche dans les deux sens.
    Il y a le négatif et le positif.
  • 15:15 - 15:18
    Exemple d'effet Pygmalion négatif :
  • 15:18 - 15:21
    si je crois que cet élève-là est
    complètement débile
  • 15:21 - 15:23
    et qu'il est déjà en échec
  • 15:23 - 15:26
    parce qu'il ne sait pas lire
    au bout de trois semaines de CP,
  • 15:26 - 15:30
    il y a de fortes chances que
    je donne raison à ma croyance,
  • 15:30 - 15:33
    de la même manière que
    si je pense que mon collègue à 2 de QI.
  • 15:34 - 15:35
    I : Tu penses que j'ai 2 de QI ?
  • 15:35 - 15:36
    A : Mais non, pas du tout.
  • 15:39 - 15:42
    I : Alors, l'effet Pygmalion,
    ça s'applique aussi à soi.
  • 15:42 - 15:44
    C'est-à-dire que si j'ai en tête que :
  • 15:44 - 15:46
    « travail égale souffrance. »
  • 15:46 - 15:50
    puisque la racine du mot travail
    c'est « tripalium : objet de torture »,
  • 15:50 - 15:52
    donc travail égale souffrance,
  • 15:52 - 15:55
    il y a de fortes chances
    que j'active ce schéma-là
  • 15:55 - 15:59
    et que je sois persuadée
    que le travail, c'est long et difficile,
  • 15:59 - 16:02
    et je vais me conformer à ma croyance.
  • 16:03 - 16:08
    A : Alors en plus, cette chose-là,
    ça nous poursuit
  • 16:08 - 16:10
    jusque dans le travail,
    une fois qu'on est adulte.
  • 16:10 - 16:14
    Faut arrêter de croire que tout ça
    s'arrête une fois qu'on a quitté l'école.
  • 16:14 - 16:17
    Bon, la bonne nouvelle, c'est que,
    comme on l'a dit,
  • 16:17 - 16:20
    il y a l'effet Pygmalion positif,
    et ça marche dans l'autre sens,
  • 16:20 - 16:22
    et on rentre dans un vrai cercle vertueux.
  • 16:22 - 16:26
    Et surtout si on ajoute en plus
    quelque chose qu'on adore vraiment,
  • 16:26 - 16:27
    qu'on pratique au quotidien,
  • 16:27 - 16:32
    qui est ce qu'on appelle le
    Renforcement Positif des Comportements.
  • 16:32 - 16:35
    C'est quoi, le Renforcement
    Positif des Comportements ?
  • 16:35 - 16:37
    C'est vraiment aussi un parti pris.
  • 16:37 - 16:40
    C'est révéler les talents
    plutôt que focaliser
  • 16:40 - 16:43
    sur toujours les défauts
    et les faiblesses,
  • 16:43 - 16:47
    c'est focaliser sur
    ce qui fonctionne bien
  • 16:47 - 16:51
    plutôt que stigmatiser toujours
    ce qui ne fonctionne pas.
  • 16:51 - 16:54
    Et là, on rentre
    dans un vrai cercle vertueux
  • 16:54 - 16:57
    et tout va beaucoup mieux.
  • 16:57 - 17:01
    I : D'ailleurs si vous utilisez le
    Renforcement Positif avec votre conjoint,
  • 17:01 - 17:03
    il y a vraiment de fortes chances
  • 17:03 - 17:05
    que vous ayez un massage
    des pieds tous les soirs.
  • 17:05 - 17:07
    A : Enfin, nous on l'a testé, hein.
  • 17:07 - 17:09
    I : Testé et approuvé de notre côté.
  • 17:11 - 17:17
    Donc quand on a mis
    tout ça ensemble, effectivement,
  • 17:17 - 17:21
    on a mis notre boite à outils,
    notre expérience,
  • 17:21 - 17:23
    l'effet Pygmalion,
    l'humour,
  • 17:23 - 17:29
    on a vu apparaître un axe, une colonne
    vertébrale de la Pédagogie Positive
  • 17:29 - 17:32
    qu'on a appelé l'axe
    « Tête - Cœur - Corps ».
  • 17:32 - 17:35
    Alors, comment ça fonctionne,
    l'axe « Tête - Cœur - Corps » ?
  • 17:35 - 17:36
    I : Très bien, merci.
  • 17:36 - 17:37
    A : Ah ça me rassure.
  • 17:37 - 17:41
    I : Alors, l'axe « Tête - Cœur - Corps »,
    c'est vraiment cette idée
  • 17:41 - 17:45
    que nous ne sommes pas
    de simples cerveaux sur deux pattes.
  • 17:45 - 17:47
    C'est prendre en compte d'abord :
  • 17:47 - 17:50
    la Tête, donc comprendre mon propre
    fonctionnement cognitif
  • 17:50 - 17:51
    et celui de l'autre ;
  • 17:52 - 17:56
    c'est prendre en compte le Cœur
    et comprendre que les émotions
  • 17:56 - 18:01
    sont nos alliées et font partie
    intégrante de tout apprentissage
  • 18:01 - 18:02
    et de tout travail,
  • 18:02 - 18:07
    et enfin prendre en compte ce Corps,
    dont on ne prend pas assez soin.
  • 18:07 - 18:10
    Mais on doit vraiment en prendre
    encore plus soin
  • 18:10 - 18:12
    parce qu'il y a une
    réalité biologique qui est
  • 18:12 - 18:17
    qu'on a besoin de dormir suffisamment,
    de s'aérer, de manger, de bouger,
  • 18:17 - 18:19
    et même de faire pipi.
  • 18:19 - 18:22
    I : C'est vrai.
  • 18:22 - 18:23
    A : Non mais vous rigolez,
  • 18:23 - 18:25
    mais nous quand on intervient
    dans des entreprises,
  • 18:25 - 18:28
    et qu'on dit aux gens ce truc-là,
    y'en a qui nous disent :
  • 18:28 - 18:32
    « Ah oui, c'est vrai ce que vous dites
    parce que parfois y a des journées où
  • 18:32 - 18:36
    nous n'avons pas le temps de faire pipi,
    on n'a pas le temps de faire de pause. »
  • 18:36 - 18:38
    I : Alors justement en parlant
    de « pas le temps »,
  • 18:39 - 18:42
    on n'a malheureusement pas le temps de
    vous donner tous les exemples
  • 18:42 - 18:48
    d'enseignants qui ont choisi
    de mettre en œuvre,
  • 18:49 - 18:53
    de prendre la Pédagogie Positive et
    de la mettre en œuvre dans leur classe.
  • 18:53 - 18:56
    Donc ceux qui choisissent de
    faire boire leurs élèves,
  • 18:56 - 19:00
    boire de l'eau, parce qu'ils se rendent
    compte qu'ils sont plus concentrés,
  • 19:00 - 19:02
    de mettre la relaxation au programme,
  • 19:02 - 19:04
    d'utiliser du mind-mapping, etc.
  • 19:04 - 19:07
    Et puis pas le temps non plus de
    vous donner tous les exemples
  • 19:07 - 19:10
    de Pédagogie Positive en entreprise,
    où on intervient régulièrement
  • 19:10 - 19:14
    pour se rendre compte que
    c'est un vrai outil collaboratif.
  • 19:14 - 19:17
    Mais du coup, on n'a pas le temps de
    vous donner ces exemples mais,
  • 19:17 - 19:21
    on va se poser la question de
    « Pourquoi ça marche ? » cette méthode-là,
  • 19:21 - 19:24
    plutôt que de bon coups de fouet
    qui faisaient bien l'affaire
  • 19:24 - 19:26
    il y a encore quelque temps.
  • 19:26 - 19:32
    Pourquoi ça marche ? C'est parce qu'il y a
    ce qu'on appelle : l'Expérience Optimale.
  • 19:32 - 19:39
    Qu'est-ce que l'Expérience Optimale ?
    C'est quand on tient la Tête, le Cœur
  • 19:39 - 19:43
    et le Corps ensemble, et qu'on sait
    que les 3 vont être de bons alliés,
  • 19:43 - 19:50
    alors on devient beaucoup plus efficace,
    et beaucoup plus efficace sans s'épuiser.
  • 19:50 - 19:53
    A : Alors on a une dernière question
    à vous poser.
  • 19:53 - 19:58
    I : Pas tout à fait, parce qu'il y a
    quand même une question qu'on nous pose
  • 19:58 - 20:03
    qui est : combien ça coûte,
    la Pédagogie Positive ?
  • 20:03 - 20:05
    A votre avis ?
  • 20:05 - 20:06
    Eh bien, ça coûte que dalle.
  • 20:06 - 20:11
    Ça coûte zéro franc à mettre en œuvre
    parce qu'on a juste à changer son regard,
  • 20:11 - 20:15
    à mettre en place des choses
    qui sont vraiment simples,
  • 20:15 - 20:18
    du côté ludique et joyeux.
  • 20:18 - 20:21
    Donc, voilà, pose ta fameuse question.
  • 20:21 - 20:28
    A : Dernière question : à votre avis,
    sommes-nous tous programmés pour échouer ?
  • 20:28 - 20:34
    Tous : Non !
  • 20:34 - 20:36
    (Applaudissements)
  • 20:36 - 20:38
    A : Merci beaucoup.
    I : Merci à vous.
Title:
Tous conditionnés pour échouer ? | Isabelle Pailleau & Audrey Azoun | TEDxDunkerque
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Fortes de nombreuses années d’accompagnement et d’enseignement, Isabelle Pailleau et Audrey Azoun ont développé une approche globale du travail, des apprentissages, ainsi que des rapports humains dans les organisations et les familles. La pédagogie positive comme outil de développement personnel et organisationnel.

Elles sont co-auteures des livres « Apprendre Autrement avec la Pédagogie Positive » et « Je dis (enfin) STOP à la pression »

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
20:47

French subtitles

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