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Des « Places » pour être « Ansamb » sur un internet intime | Vigile Hoareau | TEDxRéunion

  • 0:17 - 0:21
    Le web 3.0. Les objets connectés.
  • 0:21 - 0:24
    On nous parle d'une grande
    révolution en marche.
  • 0:24 - 0:26
    Les objets du quotidien,
  • 0:26 - 0:29
    les tables, les chaises,
    notre télé, le réfrigérateur,
  • 0:29 - 0:32
    vont être reliés à l'Internet.
  • 0:37 - 0:39
    On va pouvoir raconter l'histoire,
  • 0:39 - 0:45
    d'un réfrigérateur qui saura
    que vous devez racheter de la bière,
  • 0:45 - 0:48
    parce que votre agenda lui aura dit
  • 0:48 - 0:51
    que votre ami d'enfance
    allait passer samedi prochain.
  • 0:51 - 0:55
    On pourra raconter
    l'histoire de votre agenda
  • 0:55 - 0:57
    qui aura dit à votre télévision,
  • 0:57 - 1:00
    de vous envoyer de la publicité
    pendant toute la semaine
  • 1:00 - 1:03
    pour vous faire acheter
    des chips au paprika.
  • 1:03 - 1:04
    (Rires)
  • 1:04 - 1:06
    Vous pourrez surement
    les commander en ligne,
  • 1:06 - 1:08
    vous pourrez même les télécharger
  • 1:08 - 1:12
    si les grandes équipes qui travaillent
    aujourd'hui sur ces projets avancent bien.
  • 1:12 - 1:14
    Dans les grands laboratoires américains,
  • 1:14 - 1:17
    les équipes travaillent aujourd'hui
    à construire ces technologies
  • 1:17 - 1:20
    pour rendre ce monde réel.
  • 1:21 - 1:24
    Les ordinateurs sont reliés entre eux,
  • 1:24 - 1:26
    les bases de données
    sont reliées entre elles,
  • 1:26 - 1:30
    des algorithmes puissants
    analysent les données,
  • 1:30 - 1:35
    et font les recoupements qui permettent
    aux fournisseurs de vendre des produits.
  • 1:35 - 1:39
    Le bon produit, à la bonne
    personne, au bon moment.
  • 1:41 - 1:43
    Je suis Vigile Hoareau,
  • 1:43 - 1:47
    docteur en psychologie cognitive,
    spécialisé en intelligence artificielle.
  • 1:47 - 1:49
    J'ai travaillé dans le cadre de ma thèse
  • 1:49 - 1:53
    sur ces algorithmes qui vous fournissent
    automatiquement du contenu,
  • 1:53 - 2:00
    afin de vous faire consommer
    plus de vidéos en ligne
  • 2:00 - 2:02
    ou vous faire lire plus d'articles.
  • 2:03 - 2:06
    La société dans laquelle
    on vit aujourd'hui,
  • 2:06 - 2:12
    cherche à nous fournir, le bon produit,
    à la bonne personne, au bon moment.
  • 2:12 - 2:16
    Mais cela représente une contrepartie
    au niveau technologique.
  • 2:16 - 2:19
    Il faut réussir à construire
    les technologies,
  • 2:19 - 2:23
    qui permettent de capter
    le maximum d'informations,
  • 2:23 - 2:25
    sur chaque individu, à chaque instant.
  • 2:26 - 2:30
    Le maximum d'informations,
    à chaque individu, à chaque instant.
  • 2:30 - 2:34
    Et c'est là que le système
    peut devenir invasif.
  • 2:34 - 2:38
    En 2002, aux États-Unis,
    la chaîne de magasins Target,
  • 2:38 - 2:42
    envoie une publicité
    à une adolescente de 16 ans,
  • 2:42 - 2:46
    pour lui proposer des promotions
    sur des articles pour femmes enceintes.
  • 2:46 - 2:49
    Le père de la jeune fille
    ouvre la boite aux lettres
  • 2:49 - 2:50
    et tombe sur cette publicité.
  • 2:50 - 2:54
    Furieux, il va contacter
    le responsable du magasin Target.
  • 2:54 - 2:58
    Souhait-on inciter sa fille de 16 ans
    à tomber enceinte ?
  • 2:59 - 3:01
    Le responsable du magasin s'excuse,
  • 3:01 - 3:04
    et un peu inquiet, rappelle
    le père 15 jours plus tard.
  • 3:04 - 3:08
    À ce moment-là, c'est le père qui s'excuse
    auprès du responsable du magasin.
  • 3:08 - 3:12
    Il a appris entre temps que sa fille
    était effectivement enceinte.
  • 3:13 - 3:14
    Que s'est-il passé ?
  • 3:15 - 3:20
    Target avait lancé un programme
    de profilage des utilisateurs,
  • 3:20 - 3:23
    spécialement dédié à la détection
    des femmes enceintes
  • 3:23 - 3:26
    dès le troisième ou le quatrième mois,
  • 3:26 - 3:31
    à partir de l'analyse des achats
    que faisaient les clientes.
  • 3:31 - 3:35
    Non pas d'achats spécifiquement liés
    au fait d'être enceinte,
  • 3:35 - 3:38
    comme des pilules
    ou des tests de grossesse,
  • 3:38 - 3:41
    mais plutôt la détection d'un changement
    de taille dans les vêtements,
  • 3:41 - 3:45
    [et] l'achat de certaines crèmes,
    à un moment donné, dans un ordre donné.
  • 3:47 - 3:49
    La société dans laquelle nous vivions,
  • 3:49 - 3:54
    est une société de la captation
    des données des utilisateurs.
  • 3:54 - 3:57
    Le bon produit, à la bonne
    personne, au bon moment,
  • 3:57 - 4:00
    et les technologies qui captent
    le maximum d'informations,
  • 4:00 - 4:02
    sur chaque individu, à chaque instant.
  • 4:03 - 4:04
    Dit comme cela,
  • 4:04 - 4:08
    on quitte l'univers du centre commercial
    avec musique d'ambiance,
  • 4:08 - 4:12
    pour se rapprocher du monde carcéral
    et de la surveillance.
  • 4:14 - 4:15
    Le monde de la surveillance.
  • 4:16 - 4:21
    Au 18ème siècle, Jeremy Bentham
    décrit un modèle de prison,
  • 4:21 - 4:26
    qui permet aux gardiens de surveiller
    chaque prisonnier, à chaque instant,
  • 4:26 - 4:30
    sans qu'un prisonnier puisse savoir
    si il est surveillé à un moment donné.
  • 4:31 - 4:33
    Ce style de prison
    s'appelle un panoptique.
  • 4:33 - 4:36
    Vous en voyez ici un exemple cubain.
  • 4:37 - 4:42
    Depuis les révélations d'Edward Snowden
    sur la captation des communications
  • 4:42 - 4:45
    de l'ensemble des utilisateurs
    au niveau mondial
  • 4:45 - 4:49
    par la NSA via les services du web,
  • 4:49 - 4:51
    de nombreuses voix se sont élevées
  • 4:51 - 4:54
    pour signaler le danger
    que ça pouvait représenter
  • 4:54 - 4:56
    pour la liberté d'expression,
    la liberté d'opinion,
  • 4:56 - 4:58
    et la démocratie elle-même.
  • 4:58 - 5:03
    Le monde digital dans lequel nous vivons,
    s’inspire du panoptique,
  • 5:03 - 5:08
    et le panoptique n'est pas qu'une menace
    pour notre libre arbitre politique.
  • 5:08 - 5:10
    Je suis psychologue,
  • 5:10 - 5:15
    et il me semble que l'aspect psychologique
    du problème est sous-estimé.
  • 5:15 - 5:18
    Avant les révélations d'Edward Snowden,
  • 5:18 - 5:22
    Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook,
  • 5:22 - 5:25
    faisait [une] déclaration publique
    [dans laquelle] il prétendait
  • 5:25 - 5:29
    que la notion de vie privée
    était devenue une notion obsolète.
  • 5:30 - 5:32
    En faisant une telle déclaration,
  • 5:32 - 5:36
    Mark Zuckerberg ne fait pas seulement
    la promotion du panoptique
  • 5:36 - 5:38
    comme idéal de société,
  • 5:38 - 5:40
    merci Mark,
  • 5:40 - 5:44
    il énonce surtout
    une contrevérité psychologique.
  • 5:44 - 5:49
    La vie privée à avoir en psychologie
    avec le concept d'intimité,
  • 5:49 - 5:50
    qui lui-même,
  • 5:50 - 5:55
    est une composante essentielle
    de la construction d'un individu.
  • 5:55 - 5:59
    Se construire, c'est construire
    une relation de soi et du monde,
  • 5:59 - 6:05
    et construire une représentation
    de la relation entre soi et le monde.
  • 6:05 - 6:07
    L'intimité se positionne
    dans cette relation.
  • 6:08 - 6:11
    L'intimité est à géométrie variable.
  • 6:11 - 6:12
    Ce qui est intime pour moi,
  • 6:12 - 6:15
    n'est peut-être pas intime
    pour quelqu'un d'autre.
  • 6:15 - 6:19
    Ce que je considère
    comme pouvant être partagé
  • 6:19 - 6:22
    dans un contexte familial ou amical,
  • 6:22 - 6:23
    peut me paraître trop intime
  • 6:23 - 6:26
    pour être partagé
    dans un contexte professionnel.
  • 6:27 - 6:32
    Quand bien même la notion d'intimité
    est relative en fonction de l'individu,
  • 6:32 - 6:35
    des époques, des lieux,
  • 6:35 - 6:39
    elle existe en tant que réalité
    psychologique.
  • 6:39 - 6:42
    Elle ne peut pas être comparée
    à un effet de mode,
  • 6:42 - 6:44
    qui pourrait devenir obsolète.
  • 6:46 - 6:49
    Ceux qui construisent
    la société du panoptique
  • 6:49 - 6:51
    et de la négation de l'intimité,
  • 6:51 - 6:52
    veulent nous faire croire
  • 6:52 - 6:59
    que les individus qui se meuvent
    dans cet espace sont satisfaits.
  • 6:59 - 7:01
    Il leur faut pour cela imaginer,
  • 7:01 - 7:03
    des individus qui ne sont pas
    comme vous et moi,
  • 7:03 - 7:05
    et qui n'ont pas d'intimité.
  • 7:06 - 7:11
    Mais il est possible de construire
    un monde différent,
  • 7:11 - 7:13
    basé sur des technologies différentes,
  • 7:13 - 7:18
    qui respecte l'humain
    dans toutes ses dimensions.
  • 7:18 - 7:19
    Dans sa dimension publique,
  • 7:19 - 7:22
    lorsqu'il souhaite échanger
    avec le plus grand nombre,
  • 7:22 - 7:23
    comme je le fais aujourd'hui,
  • 7:23 - 7:25
    et dans une dimension plus intime,
  • 7:25 - 7:29
    lorsqu'il souhaite partager
    avec certaines personnes,
  • 7:29 - 7:30
    sur certains sujets.
  • 7:31 - 7:33
    Le web deviendrait plus humain,
  • 7:33 - 7:36
    s'il était capable
    de respecter notre intimité.
  • 7:36 - 7:39
    Le web tel qui l'est aujourd'hui,
  • 7:39 - 7:43
    fonctionne comme si chaque utilisateur
  • 7:43 - 7:47
    n'échangeait
    que des informations publiques.
  • 7:47 - 7:52
    Nous avons créé avec Didier Hoareau
    et Fanilo Harivelo,
  • 7:52 - 7:56
    un logiciel qui respecte
    les principes d'intimité,
  • 7:56 - 8:00
    et qui contribue à intégrer
    cette notion au web.
  • 8:00 - 8:02
    Le logiciel s'appelle Places.
  • 8:02 - 8:07
    Places permet de partager des fichiers,
  • 8:07 - 8:09
    de partager des messages,
  • 8:09 - 8:12
    de partager des appels vidéo,
  • 8:12 - 8:17
    et l'utilisateur peut être certain
    que ses appels, ses contenus,
  • 8:17 - 8:21
    ne sont échangés qu'avec la personne
    avec qui il échange.
  • 8:21 - 8:24
    À aucun moment en utilisant Places,
  • 8:24 - 8:27
    en tant que fournisseur du système
    ou créateur du système,
  • 8:27 - 8:30
    nous n'avons accès aux informations
    qui sont échangées.
  • 8:31 - 8:34
    Places ne traite pas
    le problème de la confidentialité
  • 8:34 - 8:36
    par les conditions d'utilisation,
  • 8:36 - 8:40
    en disant : « Nous avons
    collecté toutes vos données,
  • 8:40 - 8:42
    mais vous pouvez nous faire confiance. »
  • 8:42 - 8:44
    Comme nous l'avons vu,
  • 8:44 - 8:47
    le bon produit, à la bonne
    personne, au bon moment,
  • 8:48 - 8:51
    repose sur des technologies
    qui captent le maximum de données,
  • 8:51 - 8:54
    sur chaque individu, à chaque instant.
  • 8:54 - 8:55
    Le problème de la vie privée,
  • 8:55 - 8:58
    ne peut pas être résolu
    sur une simple déclaration.
  • 8:58 - 9:01
    Le problème est posé
    d'un point de vue technologique,
  • 9:01 - 9:05
    et la réponse doit être apportée
    d'un point de vue technologique.
  • 9:05 - 9:09
    Places utilise du code
    qui est Open Source.
  • 9:09 - 9:13
    Ça permettra aux développeurs
    qui souhaitent vérifier
  • 9:13 - 9:19
    que le logiciel réalise bien
    le travail de chiffrement
  • 9:19 - 9:22
    et de sécurisation des informations,
  • 9:22 - 9:26
    que le logiciel
    ne trahit pas les utilisateurs.
  • 9:27 - 9:31
    Pour la première fois
    dans l'histoire de l'Internet,
  • 9:32 - 9:39
    les trois milliards d'utilisateurs
    ont le choix de protéger leur vie privée.
  • 9:40 - 9:44
    Avant Places, ce choix était
    restreint aux informaticiens,
  • 9:44 - 9:46
    et aux personnes un petit peu averties.
  • 9:46 - 9:53
    Lorsqu'un utilisateur utilise Places,
  • 9:53 - 9:56
    il utilise le même niveau de chiffrement,
  • 9:56 - 9:57
    le même niveau de sécurité,
  • 9:57 - 10:02
    qu'Edward Snowden lorsqu'il a fait
    les révélations de la NSA.
  • 10:03 - 10:06
    Alors, un choix se pose à nous maintenant.
  • 10:06 - 10:08
    Places existe.
  • 10:10 - 10:13
    Le choix qui se pose à nous, c'est :
  • 10:13 - 10:16
    voulons-nous être ceux
    qui [quittent] le panoptique ?
  • 10:16 - 10:23
    Voulons-nous être ceux qui partent
    vers un avenir plus éclairé du web ?
  • 10:24 - 10:27
    Nous avons déjà depuis
    le mois de septembre,
  • 10:27 - 10:29
    2000 utilisateurs qui utilisent Places,
  • 10:29 - 10:32
    dont les données
    sont entièrement chiffrées,
  • 10:32 - 10:36
    et qui peuvent accéder
    à des espaces intimes.
  • 10:39 - 10:44
    Si vous souhaitez contribuer
    à nous éloigner du panoptique,
  • 10:44 - 10:49
    si vous souhaiter contribuer
    à éclairer l'avenir du web,
  • 10:49 - 10:51
    à nous rejoindre dans Places,
  • 10:51 - 10:56
    je vous demande de mettre
    un peu de lumière dans cette salle,
  • 10:56 - 10:58
    de prendre votre téléphone,
  • 10:58 - 11:00
    de quitter le panoptique,
  • 11:00 - 11:03
    et de nous rejoindre sur Places.
  • 11:03 - 11:06
    Encore, je vois des téléphones, bravo.
  • 11:06 - 11:09
    Chacun peut éclairer
    le monde dans lequel il vit.
  • 11:09 - 11:12
    Lorsque vous allez renter
    chez vous tout à l'heure,
  • 11:12 - 11:16
    vous allez recevoir un email,
    qui vous propose de télécharger Places.
  • 11:17 - 11:19
    Prenez vos téléphones,
  • 11:19 - 11:22
    éclairer le monde dans lequel vous vivez.
  • 11:22 - 11:23
    Vous pouvez utiliser Places
  • 11:23 - 11:28
    pour envoyer les photos de famille
    que vous n'avez jamais partagé sur le web.
  • 11:28 - 11:29
    Vous pouvez utiliser Places
  • 11:29 - 11:32
    pour appeler vos proches
    à l'autre bout du monde.
  • 11:32 - 11:36
    Il est possible d'éclairer
    l'avenir du web.
  • 11:36 - 11:38
    Je vous remercie.
  • 11:38 - 11:41
    (Applaudissements)
Title:
Des « Places » pour être « Ansamb » sur un internet intime | Vigile Hoareau | TEDxRéunion
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Peut-on encore avoir une vie privée à l'ère du digitale ? Vigile Hoareau, docteur en psychologie cognitive et informaticien, nous offre un plaidoyer pour la réappropriation de notre intimité et le moyen technologique pour le faire. Mais encore faut-il être prêt à quitter le panoptique...

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
11:47

French subtitles

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