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Bahia Shehab : un millier de fois « non »

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    Il y a 2 ans, j'ai été invitée en tant qu'artiste
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    à participer à une exposition pour rendre hommage
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    à 100 ans d'art islamique en Europe.
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    Le conservateur n'a posé qu'une condition :
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    je devais utiliser les caractères arabes
    dans mon œuvre.
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    Alors, en tant qu'artiste, femme, Arabe,
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    ou être humain vivant dans le monde en 2010,
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    je n'avais qu'une chose à dire :
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    je voulais dire non.
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    Et en arabe, pour dire « non », on dit « non,
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    et un millier de fois non. »
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    J'ai donc décidé de chercher un millier
    de « non » différents,
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    dans tout ce qui n'a jamais été produit
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    sous patronage islamique ou arabe depuis 1 400 ans,
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    de l'Espagne aux frontières de la Chine.
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    J'ai rassemblé mes trouvailles dans un livre,
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    les ai placées en ordre chronologique,
    mentionnant le nom,
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    le mécène, le moyen d'expression et la date.
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    Le livre était posé sur une petite étagère
    à côté de l'installation,
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    qui occupait trois mètres sur sept, à Munich,
    en Allemagne,
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    en septembre 2010.
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    Puis, en janvier 2011, la révolution a commencé,
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    et la vie s'est arrêtée pendant 18 jours;
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    et le 12 février,
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    nous avons naïvement fait la fête dans les rues du Caire,
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    croyant que la révolution avait réussi.
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    Neuf mois plus tard je me trouvais
    en train de taguer des messages
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    sur la place Tahrir. La raison de cet acte
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    était cette image que j'avais vue
    dans mes flux d'information.
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    Je considérais que je ne pouvais pas vivre
    dans une ville
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    où les gens se faisaient tuer
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    et jeter dans la rue comme des déchets.
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    Alors j'ai pris un « non » d'une tombe
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    du Musée islamique du Caire, et j'y ai ajouté un message :
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    « Non à la gouvernance militaire ».
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    Et j'ai commencé à taguer cela dans les rues du Caire.
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    Mais cela a mené à une série de « non », sortant du livre
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    comme des munitions et, en y ajoutant des messages,
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    j'ai commencé à les taguer sur les murs.
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    Alors je vais partager certains de ces « non »
    avec vous.
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    Non à un nouveau pharaon,
    car quiconque suivra
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    devrait comprendre qu'on ne sera plus jamais
    dirigé par un dictateur.
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    Non à la violence : Ramy Essam est venu à Tahrir
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    le deuxième jour de la révolution,
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    et il s'est assis là avec sa guitare, pour chanter.
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    Un mois après la chute de Moubarak, voici sa récompense.
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    Non à l'aveuglement de héros. Ahmed Harara
    a perdu son œil droit
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    le 28 janvier,
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    et il a perdu son œil gauche le 19 novembre,
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    par deux tireurs d'élite distincts.
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    Non au meurtre, dans ce cas précis,
    non au meurtre des religieux,
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    parce que le Cheikh Ahmed Adina Refaat a été tué
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    le 16 décembre, pendant une manifestation,
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    laissant trois orphelins et une veuve.
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    Non à brûler des livres. L'Institut d'Égypte
    a été incendié
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    le 17 décembre, une perte culturelle immense.
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    Non au déshabillage des gens,
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    et le soutien-gorge bleu est là
    pour nous rappeler notre honte
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    en tant que nation quand on a permis
    qu'une femme voilée soit déshabillée
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    et battue dans la rue, et l'empreinte en dessous signifie
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    « Longue vie à une révolution pacifique »,
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    car nous ne riposterons jamais par la violence.
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    Non aux barricades. Le 5 février,
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    des barrages routiers en béton ont été installés
    au Caire
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    pour protéger le ministère de la Défense
    contre les manifestants.
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    En parlant de murs, je veux partager avec vous l'histoire
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    d'un mur particulier du Caire.
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    Des artistes ont décidé de peindre
    un char d'assaut grandeur nature
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    sur un mur. C'est à l'échelle 1:1.
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    En face de ce char, il y a un homme sur un vélo
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    avec un panier de pain sur sa tête.
    Pour n'importe quel passant,
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    il n'y a aucun problème avec cette image.
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    Après les actes de violence, un autre artiste est venu,
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    il a peint du sang, des protestataires
    se faisant rouler dessus par le char,
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    des manifestants, et un message disant :
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    « À partir de demain, je porte le nouveau visage,
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    le visage de chaque martyr. J'existe. »
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    Les autorités viennent, peignent le mur en blanc,
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    laissent le char et ajoutent un message :
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    « L'armée et le peuple, main dans la main.
    L’Égypte pour les Égyptiens. »
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    Un autre artiste passe, peint le chef de l'armée
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    en monstre dévorant une jeune fille dans une rivière de sang
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    en face du char d'assaut.
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    Les autorités viennent, peignent le mur en blanc,
    laissent le char,
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    laissent le costume, et lancent un seau
    de peinture noire
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    pour cacher juste la tête du monstre.
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    Alors je passe avec mes pochoirs,
    et je les tague sur le costume,
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    sur le char, et sur le mur tout entier,
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    et voici comment cela se présente aujourd'hui,
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    jusqu'à preuve du contraire. (Rires)
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    Je veux vous laisser avec un « non » final.
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    J'ai trouvé Neruda griffoné sur un bout de papier
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    dans un hôpital à ciel ouvert de Tahrir,
    et j'ai décidé de prendre un « non »
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    du mausolée des Mamelouks au Caire.
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    Il est écrit :
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    [en arabe]
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    « Vous pouvez écraser les fleurs, mais vous
    ne pouvez pas retarder le printemps. »
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    Merci. (Applaudissements)
  • 5:21 - 5:30
    (Applaudissements)
  • 5:30 - 5:36
    Merci. Choukran. (Applaudissements)
Title:
Bahia Shehab : un millier de fois « non »
Speaker:
Bahia Shehab
Description:

L'historienne de l'art, Bahia Shehab, est depuis longtemps fascinée par le caractère arabe signifiant « non ». Lorsque la révolution a éclaté en Égypte en 2011, elle se mit à taguer l'idéogramme dans les rues, disant non aux dictateurs, non à la gouvernance militaire et non à la violence.

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English
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