Jennifer Granholm: Proposition pour une énergie propre : course au sommet !

Donnant le coup d'envoi à TED2013, Jennifer Granholm pose une question très américaine, mais avec des implications mondiales : Comment créer plus d'emplois ? Son idée génie : Investir dans de nouvelles sources d'énergie. Son grand défi : peut-on le faire avec ou sans notre Congrès défaillant ?

Bon, j'ai été présentée comme

l'ancien gouverneur de l'état du Michigan,

mais en fait je suis une scientifique.

D'accord, plutôt une politologue, mais ça ne compte pas vraiment,

mon laboratoire était le laboratoire de la démocratie

qu'est le Michigan et, comme tout scientifique qui se respecte,

je menais des expériences sur les politiques

qui permettraient de faire le plus grand bien

au plus grand nombre.

Mais il y avait trois problèmes, trois énigmes

que je ne pouvais résoudre

et que je veux partager avec vous,

mais le plus important est

que je pense avoir trouvé une solution.

Le premier problème auquel

non seulement le Michigan, mais chaque État, doit faire face est,

la manière de créer de bons emplois en Amérique

dans le cadre d'une économie mondiale.

Permettez-moi de partager avec vous quelques données empiriques de mon laboratoire.

J'ai été élue en 2002 et, à la fin de ma première année de mandat en 2003,

un mes collaborateurs me téléphone et me dit :

« Gouverneur, nous avons un gros problème.

Greenville, une petite communauté de 8000 habitants

dans le Michigan,

est sur le point de perdre son principal employeur;

une usine de réfrigérateurs gérée par Electrolux. »

Je lui réponds : « Eh bien, combien de personnes travaillent chez Electrolux ? »

Et il dit : « 3000 des 8000 habitants de Greenville. »

Il s'avère donc que la ville ne compte qu'une seule entreprise.

Et Electrolux comptait partir au Mexique.

Je lui dis alors : « Ne t'en fais pas. Je suis le nouveau gouverneur.

On peut résoudre ça. On emmène tout le cabinet

à Greenville et on fait une offre

à Electrolux qu'ils ne peuvent pas refuser. »

J'emmène donc mon cabinet tout entier,

et on va rencontrer tous les collets-montés de Greenville :

le maire, le directeur municipal et le directeur du community college,

On vide nos poches

et on met toutes nos pièces, toutes les incitations possibles

et imaginables sur la table, pour convaincre Electrolux de rester,

et en rassemblant toutes nos pièces,

nous les avons glisser vers la direction d'Electrolux.

Dans ce tas, il y avait par exemple : zéro impôts pendant 20 ans,

notre soutien financier pour construire une nouvelle usine

pour l'entreprise. La promesse de l'UAW, représentant des travailleurs,

de faire des concessions et des sacrifices sans précédent,

rien que pour garder ces emplois à Greenville.

Les directeurs d'Electrolux prennent nos offres,

notre liste de mesures incitatives et quittent la salle

pendant 17 minutes.

Ils reviennent ensuite pour nous dire :

« Nulle collectivité n'a jamais été

aussi généreuse pour tenter de garder des emplois ici.

Mais vous ne pouvez rien faire

pour compenser les 1,57 $ de l'heure qu'on payera

à Juarez, au Mexique. Donc on part. »

Et c'est ce qu'ils ont fait. C'était alors comme si

une bombe avait explosé à Greenville.

En fait, ils ont fait imploser l'usine.

C'est un gars qui finit son dernier jour de travail.

Et le mois où le dernier réfrigérateur est sorti de la ligne d'assemblage,

les employés d'Electrolux à Greenville, dans le Michigan,

ont organisé ce qu'ils appelèrent la Cène.

C'était dans un grand pavillon à Greenville, un pavillon couvert,

et j'y suis allée parce que j'étais tellement frustrée en tant que gouverneur

de ne pas pouvoir empêcher la fuite de ces emplois,

et je voulais faire ce deuil avec eux,

et quand je suis entrée dans la salle, il y avait des milliers de personnes.

C'était juste grandiose. Les gens mangeaient dans leurs boîtes à lunch

sur les tables rondes et il y avait un groupe triste qui jouait de la musique,

ou alors c'était un groupe jouant de la musique triste, ou probablement les deux. (Rires)

Et ce gars s'approche de moi,

avec ses tatouages, sa queue de cheval et sa casquette de base-ball

et il était accompagné de ses deux filles.

Il me dit : « Gouverneur, ce sont mes deux filles.

J'ai 48 ans,

et j'ai travaillé dans cette usine pendant 30 ans.

Je suis passé de l'école secondaire à l'usine.

Mon père a travaillé dans cette usine.

Mon grand-père a travaillé dans cette usine.

Tout ce que je sais faire, c'est des réfrigérateurs. »

Il regarde ses filles,

met sa main sur sa poitrine,

et me dit: « Alors, gouverneur, dites-moi

qui va m'embaucher ?

Qui va m'embaucher ? »

Et c'est la question que me posait non seulement cet homme,

mais toutes les personnes dans le pavillon,

et franchement, tous les employés des 50 000 usines

ayant été fermées au cours des dix premières années de ce siècle.

Enigme numéro 1 : comment créer des emplois

en Amérique dans une économie mondiale?

Numéro 2, très rapidement :

Comment résoudre le problème du changement climatique mondial

alors que n'avons même pas une politique énergétique nationale dans ce pays

et que le blocage semble être la norme au Congrès ?

En fait, un sondage a été fait récemment

qui a comparé la cote d'approbation du Congrès

à un certain nombre d'autres choses désagréables,

et en fait, le résultat était que la cote d'approbation du Congrès

est pire que pour les cafards,

les poux, le groupe Nickelback, les canaux radiculaires et Donald Trump. (Rires)

Mais attendez, la bonne nouvelle c'est qu'elle est au moins meilleure

que pour les laboratoires de méthamphétamine et la gonorrhée. (Rires)

Nous avons un problème, les gars.

Alors ça m'a fait réfléchir, qu'est-ce que c'était ?

Que se passe-t-il dans le laboratoire que je vois là,

dans les laboratoires de la démocratie ?

Quelles sont les prescriptions politiques

qui provoquent des changements

et qui ont été acceptées de manière bipartite ?

Donc, si je vous demande, par exemple,

quelle politique de l'Administration Obama

a provoqué des changements considérables dans tout le pays,

que diriez-vous ?

Vous pourriez me dire Obamacare, sauf que ce n'étaient pas des changements volontaires.

Comme nous le savons, seule la moitié des États a opté pour.

Nous pourrions dire la loi de redressement, mais celle-là n'a pas nécessité des changements de politiques.

Ce qui a provoqué des changements de politiques importants

était la course au sommet pour l'éducation.

Pourquoi ? Le gouvernement a mis un jackpot de 4,5 milliards de dollars

et a dit aux gouverneurs du pays, le concours est ouvert.

Quarante-huit gouverneurs ont participé,

poussant ainsii 48 législatures d'État à

hausser les normes pour les lycéens

afin qu'ils prennent tous un cursus de préparation à l'université.

48 États ont participé ainsi à créer les bases d'une politique d'éducation nationale.

je me suis donc dit, pourquoi ne pas faire pareil

et créer une course au sommet pour des emplois dans l'énergie propre ?

Car après tout, si vous regardez le contexte,

au niveau mondial, 1,6 mille milliards de dollars ont été investis par le secteur privé

au cours des huit dernières années,

et chaque dollar représente un emploi,

et où vont ces emplois ?

Eh bien, à des pays ayant des politiques en place, comme la Chine.

En fait, je suis allée en Chine pour connaitre leur secret,

ils ont organisé une grand-messe pour mon groupe,

je me trouvais à l'arrière de la salle

et debout à côté de moi il y avait un des responsables chinois

qui il me dit :

« Alors, gouverneur, quand pensez-vous que les États-Unis auront une politique énergétique nationale? »

J'ai répondu : « Oh mon Dieu, avec le Congrès, les blocages, aucune idée ! »

Vous savez ce qu'il m'a dit ?

« Prenez votre temps. »

Parce que notre passivité sert bien leurs intérêts.

Et si nous décidions de créer

un défi pour les gouverneurs du pays,

avec pour prix de participation au concours

le même montant approuvé par le groupe bipartite au Congrès

pour la course au sommet pour l'éducation, 4,5 milliards,

ce qui parait beaucoup, mais en fait c'est moins de

un dixième de un pour cent des dépenses gouvernementales.

C'est une erreur d'arrondi du côté du gouvernement.

Mais le prix d'entrée dans ce concours serait,

vous pourriez par exemple dire, l'objectif du Président.

Il souhaite que d'ici 2030, le Congrès aura adopté

une norme de 80 % pour l'énergie propre

en d'autres termes, que d'ici 2030

80 % de votre énergie devra provenir de sources propres

Pourquoi ne pas demander à tous les États de faire ça plutôt ?

Et imaginez ce qui pourrait arriver,

parce que chaque région a quelque chose à offrir.

Prenons l'exemple d'États comme l'Iowa et l'Ohio,

deux États très importants sur le plan politique,

ces deux gouverneurs diraient,

nous allons être leaders dans la production

d'éoliennes et d'énergie éolienne.

Les États solaires, les États de la ceinture de soleil diraient

nous allons produire l'énergie solaire pour tout le pays,

et Jerry Brown pourrait dire : « Je vais créer

des unités industrielles en Californie

pour produire des panneaux solaires

et ne pas les acheter de la Chine

mais des États-Unis. »

En fait, chaque région du pays pourrait faire ça.

Vous avez des opportunités d'énergie solaire et éolienne dans tout le pays.

En fait, si vous regardez juste les États du nord

à l'ouest, ils pourraient faire de la géothermie,

ou bien le Texas, il pourrait

conduire la nation au leadership dans les solutions de réseaux intélligents.

Dans les États du Mid-Ouest ayant accès aux forêts

et aux déchets agricoles, ils pourraient dire,

nous allons être leaders en biocarburants.

Les États du nord-est pourraient devenir leaders

dans les solutions d'efficacité énergétique.

Les États le long de la côte est pourraient devenir

leaders de l'éolien offshore.

Le Michigan pourrait devenir leader dans la production

de pièces pour véhicules électriques comme les batteries au lithium.

Chaque région a quelque chose à offrir,

et si vous créez un concours,

cela respecte les États et le fédéralisme.

Il s'agit de s'engager. Vous pourriez même faire en sorte que le Texas et la Caroline du Sud,

qui n'ont pas participé à la course au sommet pour l'éducation,

finissent par participer. Pourquoi ?

Parce que les gouverneurs républicains et démocrates

adorent couper les rubans.

Nous voulons créer des emplois. C'est tout ce que je dis.

Et cela favorise l'innovation au niveau des États

dans ces laboratoires de la démocratie.

Maintenant, ceux d'entre vous qui ont suivi la politique dernièrement

pourraient dire, « Bon, bonne idée, mais vraiment ?

Le Congrès met quatre milliards et demi de dollars sur la table ?

Ils ne s'entendent jamais sur quoi que ce soit. »

Ainsi, vous pouvez attendre et passer par le Congrès,

même si vous êtes très impatient.

Ou bien, on peut contourner le Congrès.

Contourner le Congrès.

Et si on lançait un défi aux gouverneurs dans le secteur privé ?

Si plusieurs des entreprises haut de gamme

et des personnes riches ici à TED décidaient

de se regrouper, juste quelques uns, et de créer

un concours national pour les gouverneurs,

une course au sommet,

Quelle serait la réaction des gouverneurs ?

Et si tout commençait ici à TED ?

Et si vous étiez présents

lorsque nous avons compris comment

créer des emplois bien rémunérés en Amérique -- (Applaudissements) --

et comment avoir une politique énergétique nationale

et que nous avons fondé les bases d'une stratégie énergétique nationale ?

Car, chers TEDiens,

si vous êtes aussi impatients que moi,

vous savez que nos concurrents économiques et

d'autres pays sont là, dans le jeu

à nous dévorer crus.

Et nous pouvons soit faire partie du jeu ou pas.

Nous pouvons être à table ou sur la table.

Et je ne sais pas pour vous,

mais moi je préfère être à table.

Merci beaucoup. (Applaudissements)