Chauffer les gens, pas les bâtiments : Leigh Christie à TEDxYouth@BeaconStreet

Plus de 25% de notre consommation d'énergie dans les climats froids est utilisée pour chauffer les bâtiments. Leigh Christie travaille sur la résolution de ce problème en chauffant directement les gens d'une manière efficace et durable. Sa solution radicale est d'utiliser un « projecteur de chaleur » qui a été rendu possible récemment par ses recherches au Laboratoire SENSEable City du MIT ainsi que les systèmes à faible coût de suivi précis des mouvements.

Je m'appelle Lee Christie,
je suis du MIT.

Je suis ici aujourd'hui pour vous exposer
que chauffer les bâtiments, c'est stupide.

(Rires)

Vous vous demandez peut-être
pourquoi dire une chose pareille ?

C'est un peu étrange.

Mais j'espère qu'à la fin de
ma présentation,

vous serez d'accord avec moi.

L'idée est la suivante :

que peut-on faire pour s'attaquer
au problème de l'énergie ?

On rencontre un énorme problème,

car on utilise une quantité
énorme de chauffage.

En fait, on utilise 14 000 térawatts
heures d'énergie par an

pour chauffer des bâtiments.

C'est l'équivalent de
27 milliards d'ampoules

allumées en permanence toute l'année.

C'est en gros 10 à 14 %
de la consommation mondiale totale.

Ce sont des chiffres étourdissants.

Et au final, on a environ
3,5 milliards de tonnes de CO2.

Les gaz à effet de serre.

Ou si on voit ça autrement,

en dollars, c'est 272 milliards
de dollars d'énergie par an.

Des chiffres qu'on a
du mal à appréhender.

Et on peut faire autrement,
on n'est pas obligé d'en passer par là.

Voilà l'ampleur, selon moi,
de la perspective.

La perspective est immense, à gauche
le statu quo, 14,4 pétawatts heures,

soit 14 400 térawatts heures
d'énergie de chauffage.

Et à droite,
ce qu'on pourrait accomplir,

grâce à cette solution radicale
que je propose aujourd'hui.

Non seulement chauffer les bâtiments,
c'est du gaspillage,

c'est aussi plutôt frustrant.

Vous vous êtes déjà battus
avec un thermostat ?

Je me souviens l'avoir fait
quand j'étais enfant,

je le montais un peu,

et puis mon père le baissait,

je le montais à nouveau
et ensuite je prenais une claque.

(Rires)

Et c'est dingue, ça aussi.

Combien d'entre vous
ont déjà utilisé ça ?

Oui. Pas mal, donc.

Il y en a dans les hôtels,
dans les restaurants,

et ça gaspille beaucoup d'énergie,
c'est incroyable !

littéralement, l'essentiel de l'énergie
monte directement

et très peu irradie vers vous en fait.

Et ça ?

Un aéroport à 5 heures du matin,
et il est entièrement chauffé !

Et il n'y a personne dedans !

C'est incroyable !

Alors parlons un peu
de ce qui se passe ici.

Comment en est-on arrivé à une situation
où on chauffe des bâtiments vides ?

Ou à ce qu'on gaspille
du chauffage de cette manière ?

Tout a commencé avec le foyer,

l'homme recherchait la chaleur,
ensuite est venue la cheminée.

La cheminée a permis que
différentes pièces du bâtiment

soient chauffées.

Ensuite, on a eu
le chauffage central.

Le bâtiment entier était réglé
sur la même température.

On chauffe l'air, on chauffe les murs,
on chauffe le plafond, on chauffe le sol !

On chauffe tout,

et toute cette énergie
irradie en dehors du bâtiment.

Et si on maintient le bâtiment
à une température relativement élevée,

comme on le fait dans
la plupart de nos bâtiments,

cette quantité de radiation
de chaleur est bien plus grande,

et beaucoup plus de chaleur est perdue.

Alors pourquoi ne pas utiliser
des chauffages d'espace par exemple ?

On en a tous déjà utilisé.

Ils sont électriques, on pourrait les
faire marcher à l'énergie renouvelable.

Le problème ici,
c'est que le rayonnement s'étale

et que ça gaspille beaucoup d'énergie.

Non seulement ça,
mais dès qu'on se déplace de côté,

ça ne vous chauffe plus.

Ça n'a pas de sens.

Alors voilà la solution folle,
la solution radicale :

Chauffer les gens ! Chauffer les gens !
C'est si simple !

Chauffer les gens,
pas les bâtiments !

Et on fait comment ?

On le fait avec cet appareil-ci.

L'idée s'appelle réchauffement localisé.

C'est un faisceau d'énergie collimaté.

C'est comme un rayon de chaleur.

Un rayon de chaleur qui peut envoyer
l'énergie directement vers vous.

Comme une cheminée,
les gens pourraient regarder ça

et dire : « C'est un peu étrange !

on dirait un peu un canon à chaleur,
un rayon chauffant. »

Voyez ça plutôt
comme une cheminée,

mais dirigée vers vous.

Parlons un peu de ce qui a permis
ce genre de solution.

C'est le Kinect de Microsoft.

C'est mon exemple préféré
d'appareil à détection de mouvement

parce qu'il est très bon marché,

et qu'il y en a des millions
partout au monde.

En gros, voilà l'idée,

si on pouvait avoir ces unités là
qui ne sont pas qu'une solution pratique,

mais aussi sont intéressantes
architecturalement.

Ça change la façon de voir
les bâtiment, dans un sens.

Ça rend floue la limite
entre l'intérieur et l'extérieur.

Nous l'appelons le prototype
de réchauffement local.

C'était devant le Hall 7 au MIT,

c'était notre première démonstration.

Très réussie.

Et je vais vous montrer tout de suite.

L'idée ici est que quelle que soit
la direction où je me déplace,

cette chose peut me suivre.

Pensez-y,

si vous êtes
dans un couloir, ou ailleurs,

vous pouvez faire ça

dans quasiment n'importe quel bâtiment,
à l'intérieur ou à l'extérieur.

Qui pourrait apprécier ça ?

Les gestionnaires des bâtiments
et les propriétaires bien sûr,

parce que dans bien des cas,

ils ont pour mandat de réduire
l'empreinte carbone de leur bâtiment.

C'est une façon de procéder.

Les consommateurs et les propriétaires

peuvent économiser de l'argent
sur la facture d'électricité,

et se sentir moins coupables
de leur empreinte carbone.

Les architectes et les designers
ont plus d'options

pour changer la façon
dont ils font les choses.

Le défi, c'est de ...

ça n'est pas simple du tout.

Vous avez vu
l'étendue des possibilités,

mais ce sont les toutes premières étapes
impliquées dans la recherche.

Certains des problèmes sont,
par exemple,

comment traiter une pièce
où il y a beaucoup de monde ?

C'est difficile. Détecter les mouvements
de 10 personnes est assez difficile.

Mais imaginez la difficulté de le faire
pour des milliers de gens.

Des problèmes de confidentialité :

certaines personnes
ne veulent pas qu'on les suive.

Comment suivre les gens
sans envahir leur vie privée ?

Des émetteurs à faible coût.

Cet appareil ici par exemple :

nous avons ramené le coût
à environ 2 000 dollars.

Mais comment faire tomber
ce coût à une centaine de dollars ?

La fiabilité et la maintenance.

Ces choses peuvent être installées
dans des bâtiments et au dehors.

Comment les installer et les maintenir
de manière durable et bon marché ?

Et il y a aussi le réseau électrique :

si l'électricité est sale, tout ce que
vous faites avec est sale.

Alors comment avoir
plus d'énergie renouvelable

pour permettre
ce genre de choses ?

Voici ma vision pour 2030.

Ce sont des affirmations audacieuses.

Et évidemment, c'est un peu comme
regarder dans une boule de cristal.

Mais envisageons l'avenir possible

que ce genre de technologie
et cette façon de penser

peuvent permettre.

Nous pouvons réduire
les émissions mondiales de CO2

de 50 % -- pardon,
spécifiquement pour le chauffage --

toutes les émissions de CO2,

ce chiffre de 3,5 milliards
que j'ai mentionné plus tôt --

on peut peut-être les réduire de 50 %

ou économiser 120 milliards de dollars
de chauffage par an.

Avoir peut-être un monde
qu'on contrôle directement :

votre propre thermostat
dans le creux de la main

par le biais de votre Smartphone

pour contrôler la température
où que vous soyez dans un bâtiment.

Merci beaucoup.

(Applaudissements)