Le cancer mort de rire | Eyal Eltawil | TEDxTelAvivUniversity

Eyal Eltawil est un acteur israélien, scénariste, comédien et auteur. Mais son dernier voyage a été en enfer. À 31 ans, Eyal s'est réveillé avec des douleurs au ventre insupportables. Le diagnostic : un cancer en phase terminale. Les métastases avaient déjà envahi tout son corps. Après un traitement intensif, on lui a expliqué que ses chances de survie étaient infimes. C'est à cet instant qu'il a pris deux décisions qui ont changé sa vie : filmer sa bataille contre le cancer et rire à chaque étape de son périple.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http: //ted.com/tedx

Certains pensent sans doute :

« Mon dieu. Il a eu un cancer !

Quelle tristesse ! »

Bien au contraire.

Le cancer m'a tout donné.

En fait, sans lui,
je ne prendrais pas la parole à TEDx.

Je suis un acteur et un comédien
depuis toujours.

En dépit de tous mes efforts,
et je me suis réellement donné,

je n'ai jamais pris la parole
devant un si grand public.

C'est incroyable !

(Applaudissements)

Merci. C'est fabuleux !

Ce qui a pris 20 ans de travail
intensif à Jerry Seinfeld,

je l'ai réalisé en un seul mois
après avoir perdu ma santé.

(Rires)

J'aimerais vous parler

de la crise la plus importante
que j'ai eue dans la vie :

le cancer, que j'ai vaincu
grâce à l'humour.

Je suis convaincu qu'il y a
une différence énorme

entre une personne malade
et une personne avec une maladie,

tout comme je crois qu'il n'y a pas
de séparation entre le corps et l'âme.

Je suis conscient que le « cancer » évoque
des choses douloureuses chez certains.

Si vous me le permettez,
à partir de maintenant, je vais l'appeler

« Simon ».

Si vous vous appelez Simon,
ne le prenez pas personnellement.

(Gloussements)

Je suis guéri depuis bientôt quatre ans.

Je vous avoue que j'ai beaucoup
de chance d'être ici. Vraiment beaucoup.

Avec tous les traitements
qu'on m'a infligés :

une transplantation de moelle épinière,
des tomographies, des radios, ...

mon corps est radioactif.

Tenez, un exemple.

Excusez-moi mademoiselle.
Pourrais-je voir votre portable ?

Merci.

J'ai remarqué que les batteries
étaient presque vides. Ne flippez pas.

Il est chargé maintenant.

(Rires)

Merci. Merci.

(Applaudissements)

On me demande tout le temps :

« Après tout ce que tu as traversé,
comment peux-tu en rire ? »

Ma réponse :

« Y a-t-il un autre choix ?
Est-ce préférable d'être déprimé ? »

Après avoir confié mon corps
et mon âme aux médecins,

je n'étais plus maître
que d'une seule chose :

mon choix sur la manière
d'affronter la situation.

Simon était installé.

N'était-il pas plus avantageux
de chercher un intérêt ?

J'avais de vraiment très bonnes
raisons de déprimer.

On m'a diagnostiqué un stade IV.

J'avais un « Simon » pédiatrique,

qui, statistiquement, touche les enfants
avant l'âge de 18 ans.

J'ai réussi à le choper à 31 ans.

Ma maladie a débuté sa vie
comme une immense excroissance

de 20 centimètres dans mon ventre.

Un machin gros comme ça.

Je n'avais pas besoin de chirurgien,
mais bien d'une sage-femme.

(Rires)

J'étais terrifié et confus.

Alors, j'ai décidé deux choses :

d'abord, de prendre une caméra
et de filmer tout.

Ensuite, de rire le plus possible.

En fait, ma résolution de prendre
le contrôle de la situation

m'a aidé à gérer mon traumatisme.

Après quatre mois de maladie,
je me sentais en super forme.

On peut le voir, après les traitements,
alors que les tumeurs se résorbent.

Je me sentais vivant à nouveau.
Vraiment vivant.

Et pour confirmer
que ce n'était pas une illusion,

je suis allé voir mon oncologue.

(Vidéo) (Hébreu)

Oncologue : Comme prévu,
j'ai examiné le test avec mon radiologiste

et nous avons comparé nos résultats
avec les vôtres,

sur deux disques,

après l'intervention chirurgicale
et avant le traitement.

En fait, il y a une amélioration
vraiment impressionnante.

Eyal Eltawil : C'est super.
Oncologue : C'est très bon.

Ce qui n'est pas bon,
quand on compare les données,

on constate qu'il y a plus que les trois
masses dont nous avons parlé au début.

On voit une masse dans les hanches,

de 1,5 ou 2 centimètres de long.

Sur la paroi de l'estomac,
il y a une affection,

et dans deux autres endroits
dans la masse graisseuse stomacale,

il y a de la graisse dans l'estomac,

et là, on détecte deux affections.

Il y a donc environ quatre affections

qui n'apparaissaient pas
sur la tomographie.

Mais elles apparaissent
sur la tomographie actuelle.

EE : Qu'est-ce que ça signifie ?

Oncologue : Ça veut dire, heu, ...

EE : Ce n'est pas bon signe ...
et c'est un euphémisme.

Oncologue : Le cancer
est devenu métastatique.

On ne parle plus des pourcentages
que j'ai évoqués auparavant.

(Fin de la vidéo)

EE : Ce fut le pire moment de ma vie.

Essayez d'imaginer ça :

d'abord, elle me dit
qu'il y a une grande amélioration.

La vie était si belle à ce moment.

J'étais persuadé que j'allais guérir.

Une seconde plus tard,

elle m'annonce qu'il y a des métastases,

que Simon s'est répandu.

J'ai compris qu'il y avait
de forts risques que je meure.

Je me suis alors demandé :

pourquoi, pourquoi moi ?

Qu'ai-j'ai fait pour mériter ça ?

J'étais effondré.

Je suis rentré à la maison et je ne suis
plus sorti de mon lit pendant une semaine.

A ce moment-là,

si je n'avais pas pris mon courage
à deux mains pour rire,

je ne serais sûrement pas
avec vous aujourd'hui.

Au plus profond de mon désespoir,

j'ai fait tout ce que j'ai pu
pour prendre les choses avec humour.

Car l'humour nourrit l'âme

et donne espoir.

Ça permet aussi de rire plus souvent

et c'est super important.

Quand on rit, le cerveau sécrète
des endorphines

qui changent la chimie du corps.

Donc, même si on se raconte des mensonges,

physiquement,
on est en train de se soigner.

L'humour et le rire forment
une équipe gagnante.

L'humour est la manière
dont on voit la vie

et le rire est une catharsis.

Le plus difficile à tourner en dérision

était la réaction des gens
à qui je présentais Simon,

et qui n'avaient plus
qu'une seule chose à l'esprit :

la mort !

Mon ami, par exemple, m'a dit ceci :

« Après avoir appris ça,

j'ai pris toutes les photos
que nous avions prises ensemble

et je me suis rappelé
combien tu étais un type amusant,

plein d'énergie, passionné par la vie. »

Et moi, je pensais :
« Hé, je suis encore ici !

Je suis vivant ! »

(Rires)

Si Simon ne vous tue pas,
vos amis le feront à sa place.

(Rires)

Même les médecins me stressaient.

Avant mon opération,
le chirurgien est venu et m'a dit :

« L'opération sera très, très longue.

- Pourquoi me dites-vous ça ?
Je serai sous anesthésie !

Merci Docteur pour cette information.

Je prendrai un bouquin ! »

(Rires)

« Ça va durer sept heures,
et c'est une opération très complexe,

vraiment difficile.

- Ah ! Compliquée ?

OK. Si vous avez besoin de moi,
réveillez-moi !

(Rires)

Je serai ravi de pouvoir vous aider ! »

Merci beaucoup. Merci.

(Applaudissements)

J'aurais tout fait pour survivre.
Vraiment tout.

J'étais désespéré et je demandais
des conseils aux gens.

Vous savez, il faut vraiment prendre
les conseils avec des pincettes.

(Gloussements) Certes, il y a des gens
qui ont des bonnes intentions

mais...

je vais vous raconter une histoire.

Au début de ma maladie, une jeune femme
en bonne santé m'a dit ceci :

« Assaisonne tout
ce que tu manges avec du curcuma. »

Je doute un peu : « Du curcuma ? »

Elle confirme : « Oui, du curcuma,

c'est une épice, et c'est aussi
un remède contre Simon. »

A partir de ce jour-là,

j'ai mis du curcuma
dans tout ce que je mettais en bouche.

Un mois plus tard, je vais voir
un docteur en naturopathie,

qui me dit :

« Vous pouvez manger tout
ce que vous voulez, mais pas de curcuma !

Ça active le type de Simon
dont vous êtes affligé. »

Je pense alors :
« C'est maintenant qu'on me dit ça ?

J'ai une usine à curcuma
dans mon ventre. »

(Rires)

En dépit de tout ce que j'ai traversé,

Simon m'a ouvert la porte
à de nombreux avantages.

Ça paraît étrange, n'est-ce pas ?
Je vais vous en citer.

D'abord, la marijuana médicale.
Wahou ! Wahou! (Gloussements)

(Applaudissements)

Jamais je n'aurais cru
avoir autant d'amis.

(Rires)

Même ma grand-mère
m'appelait au milieu de la nuit.

Ensuite, je suis devenu
beaucoup plus léger.

(Gloussements) Vraiment plus léger.

Car on m'a enlevé tant d'organes
de mon corps. (Gloussements)

La rate, la moitié de mon pancréas,
les parois de l'abdomen.

Pour être bref, ils m'ont laissé
mon estomac et mon rectum.

(Rires)

Il n'y a donc aucune chance
que je revois Simon un jour.

Il n'a plus d'endroit où s'attacher.

Enfin, et c'est le plus important :

la famille et les amis.

(Vidéo)

(Musique)

(Hébreu) Un visiteur :
Je sais que tu vas gagner.

Dans dix ans, on va en rire ensemble.

Ami : Je prendrai un peu de chimio aussi,

afin qu'on arrête de parler de ça.
(Rires)

(Chanson) L'année prochaine,

on s'assoira ensemble sur la terrasse

et on comptera les oiseaux migrateurs.

(Cris d'oiseaux) (Fin de la vidéo)

(Applaudissements)

EE : Merci.

C'est incroyable, vous savez.

Quand Simon est là,
tout le monde est près de vous.

La famille, les amis,
ils sont à votre service, tout le temps.

Ils paient tout.

Fondamentalement,
ils deviennent vos esclaves.

Parfois, il m'arrivait
de vouloir abandonner,

mais avec tous ces gens
investis dans ma guérison,

mourir n'était pas politiquement correct.

(Rires)

Il y a un revers cependant

à cet avantage précis.

Une fois mon certificat
de guérison en main,

tous les dorlotements
et l'attention ont cessé.

Tout le monde a repris le cours de sa vie.

Leur attention s'est détournée
de la chose la plus importante : moi.

Allô, quoi !
Il y a les effets secondaires !

(Rires)

Oui ! Je suis en bonne santé et vivant.

Mais ce n'est pas la vraie victoire.

La vraie victoire est d'avoir vécu
chaque jour avec humour.

Même si j'étais mort, j'aurais gagné

car je serais mort en riant.

Merci. Merci beaucoup.

(Applaudissements)

Permettez-moi de vous emmener au moment
où j'ai appris ma guérison.

(Vidéo) (Hébreu)

Oncologue : Impossible de détecter
une pathologie suspicieuse.

EE : Donc, je suis guéri ?
Oncologue : Oui.

Changements postopératoires en rétraction,

pancréatectomie partielle.

EE : Jusque là, tout va bien.

Oncologue : Oui. Tout va bien.

Tout va bien. Voulez-vous une copie ?

EE : On a vaincu le système.
Je suis guéri !

Vous vous rendez compte ?

On a renversé la donne et gagné !

Je ne sais pas quoi dire.

Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?

[ Rire est la seule chose à faire ]

(Applaudissements)

(Fin de la vidéo)

EE : Merci. Merci beaucoup.

Voici donc ce que je fais.

Je suis resté en vie pour vous dire
et pour transmettre au monde entier

que l'humour m'a aidé à combattre Simon.

Je crois fermement que Simon n'est pas
différent de nos défis quotidiens.

Ce ne sont que des mini-Simon.

C'est à nous de décider comment réagir.

Pas besoin d'être comédien
ou acteur pour ça.

Il n'y a qu'une chose à faire :

changer notre attitude.

Merci.

(Applaudissements) (Encouragements)