ChildLine/ChildFinance : Jeroo Billimoria à TEDxHamburg

Seriez-vous prêt à financer un projet où les enfants gèrent un service d'assistance téléphonique pour les enfants ? Combien d'ONGs pensez-vous ont soutenu Jeroo Billimoria dans son projet d'enseigner aux enfants à épargner de l'argent et renforcer leur autonomie ? La réussite de ses projets montre que ce type de projets peut se développer si on investit dans l'enthousiasme, la créativité et surtout, dans les enfants.

Bonsoir.

Comme il l'a dit,
mon nom est Jeroo Billimoria,

et ce que j'aime faire,
c'est créer des organisations.

Je pense que chacun d'entre nous peut
faire quelque chose pour changer le monde.

Ici, vous pouvez
voir deux choses,

Child Helpline International
et Aflatoun.

J'ai créé six organisations.

Je vais vous parler
un peu de mon parcours,

et vous poser quelques questions,
si vous êtes d'accord.

J'ai commencé très tôt, en fait,
quand j'avais seize ans.

À l'époque, je me disputais avec ma mère
et j'ai créé ma première organisation.

C'est quelque chose qu'on a tous
fait adolescents, non ?

C'était surtout pour apprendre
les maths aux élèves,

pour qu'ils n'échouent pas à l'école.
C'est là que tout a commencé.

Ensuite, je suis partie à l'étranger,
j'ai étudié, et tout ça.

Alors que je travaillais
avec les enfants des rues, en Inde,

ils m'ont demandé un local avec une ligne
téléphonique disponible 24 heures sur 24,

et pas seulement à l'horaire habituel
de nos assistants sociaux.

Ils disaient:

« Vous gagnez de l'argent
grâce à nous,

mais vous n'êtes jamais là
quand on a besoin de vous ! »

C'est essentiellement ce qu'ils ont dit
et c'est comme ça qu'on a commencé.

Lors de mon premier contact,

j'ai abordé entre autres le responsable
des télécommunications, qui m'a dit:

« Une ligne pour les enfants des rues ?

Mais qui va la gérer,
du personnel qualifié ? »

J'ai répondu :
« Non, les enfants vont la gérer. »

Ils m'ont pris pour une folle
et ils ont refusé,

et on n'a pas obtenu de numéro gratuit
de la part du gouvernement.

On a essayé à nouveau mais en étant
un peu plus malin.

Je donnais des cours
à l'Institut des Arts,

et il n'y avait pas d'étudiants
ni de chercheurs disponibles,

alors on a réuni un groupe
d'enfants des rues

pour faire une première étude,

sur la raison qui poussait ces enfants
des rues à vouloir une ligne d'assistance.

Ensuite, on a pris l'étude de recherche

et on l'a présentée au directeur
général adjoint des télécommunications.

Et on a obtenu un numéro gratuit.

Aujourd'hui encore, ils racontent
qu'ils ont fait l'histoire !

ChildLine India est un projet
du gouvernement indien

qui fait partie du système
de protection de l'enfance.

On a déjà reçu deux millions
d'appels d'enfants,

dispersés dans quatre-vingt
districts du pays.

Tous ces appels téléphoniques,
provenant de ChildLine India,

ont appuyé
une politique gouvernementale

dans laquelle le gouvernement
a été obligé de reconnaitre

une série d'exigences
pour des services de protection.

Son budget au départ d'un crore,
approximativement 250 000$,

est passé à cent crores, il a été intégré
au système de protection de l'enfance

et lié à cette politique.

C'est ce qui s'est passé,

et ça a été possible grâce à
quelques gamins qui ont eu le courage

et la détermination
de faire quelque chose.

De ChildLine India,
à qui mon coeur appartient,

on passe à
Child Helpline International,

que vous voyez là.

Beaucoup de pays
ont commencé à nous questionner

sur les lignes d'assistance
d'enfants pour les enfants.

L'Allemagne a
une ligne d'assistance bien établie

qui est opérationnelle
depuis presque 25 ans,

qui vient de... vous le savez tous.

Mais il n'existe pas de lignes d'entraide
dans les pays en voie de développement,

tout le monde dit que

les télécommunications
ne fonctionnent pas pour ces pays là,

même si ChildLine India
a prouvé le contraire.

Donc, on a décidé d'assumer
ce défi à un niveau mondial.

Actuellement, Child Helpline
International existe dans 150 pays.

On a des lignes d'assistance
dans plus de 110 pays.

On reçoit annuellement entre
14 et 18 millions d'appels et de contacts.

En un an, on a aidé
plus d'un million d'enfants

qui ont été victimes
de différentes formes d'abus.

Au fond,
si on regarde cette histoire,

il me semble que le plus important,
c'est que n'importe lequel d'entre vous,

quiconque d'entre vous,
puisse avoir une idée…

Ensuite, il suffit de suivre
votre coeur, votre rêve…

C'est facile !

Allez-y, faites-le !

Vous pourrez travailler
avec plein de monde.

Regardez ça...

Après avoir donné à Child Helpline
une dimension mondiale,

depuis sa création,

on a répondu
à plus de 55 millions d'appels,

ce qui fait plus
d'un demi-milliard d'appels.

On a aidé des millions
et millions d'enfants.

Mais je me dis à moi-même :
ne soyons pas complaisants,

quelle est la cause du problème,
pourquoi nos enfants s'enfuient-ils ?

Pourquoi y a t-il des abus à la maison,
qu'est-ce qui se passe ?

Même avec la crise économique,

tout le monde parle des millions
qui ont été perdus,

des milliards de rachats,

des plans de sauvetage,
et de tout ce gâchis…

Mais en vérité,
personne ne parle

des enfants qui au fond
sont les plus touchés.

À cause de la crise, plus d'enfants
ont souffert d'abus à la maison,

plus d'enfants ont été obligés
d'abandonner l'école,

plus d'enfants se retrouvent incapables
de payer les dépenses scolaires

et une mauvaise alimentation
a augmenté dans les familles.

C'est le fruit d'une macro-économie
qui se répercute sur les enfants.

Donc, le problème,
ce n'est pas seulement la crise,

j'ai aussi questionné
les enfants des rues :

Pourquoi quittent-ils leur maison ?

Ils quittent leur maison car
ils n'ont pas d'opportunité à la maison.

Se pose alors la question suivante :

Comment travailler
pour créer une société

dans laquelle tous les enfants
se sentent réellement capables ?

Donc, la question que je pose,

et je pense que certains
de mes enfants le savent,

qu'a-t-on besoin de savoir à propos
de l'argent ? Savoir comment le gérer.

Maintenant, je vais faire une
seconde pause et vous demander :

combien d'entre vous ont commencé
à mettre de l'argent de côté

quand ils étaient enfants ?

Levez la main.

La majorité d'entre vous.

Combien d'entre vous,
qui avez des enfants,

leur avez appris à mettre de l'argent
de côté, à vos cousins, ou…

Ceux qui ont des enfants leur apprennent
à mettre de l'argent de côté.

Qu'arrive-t-il à une famille qui n'a jamais
appris à mettre de l'argent de côté ?

Est-ce qu'ils s'en sortent ?

Que ce soit en Allemagne,
aux États-Unis ou en Inde rurale...

Que se passe-t-il ?

Il n'y a personne pour apprendre
aux enfants à mettre de l'argent de côté,

pour expliquer
ce qu'est un investissement,

pour apprendre à croire
et à avoir le choix.

Et c'est ce qu'Aflatoun fait.

Aflatoun apprend aux enfants
à croire en eux-mêmes.

Il y aurait beaucoup à dire
sur Aflatoun,

mais je préfère faire une pause
et demander de passer un film,

qui a été fait par Aflatoun
avec nos enfants.

Donc, je vais m'écarter
pour que vous puissiez voir le film

qui montre bien
l'esprit d'Aflatoun.

♫ Je suis Aflatoun ♫

♫ Je suis une boule de feu ♫

♫ Je viens de l'espace ♫

♫ De très loin ♫

♫ J'arrive ♫

♫ Je suis Aflatoun ♫

♫ J'aime bien jouer ♫

♫ Je vis dans un enfant
Je lui donne des forces ♫

♫ Je lui en donne ♫

♫ J'aime apprendre aux enfants
leurs droits ♫

♫ Je leur enseigne à épargner, à dépenser
et à entreprendre ♫

♫ Ils découvrent leurs pouvoirs ♫

♫ C'est à ça que je sers ♫

♫ Séparer fiction et réalité ♫

♫ Explorer, réfléchir ♫

♫ Chercher et agir ♫

♫ Changer le monde ♫

♫ C'est notre choix
en tant que garçon et fille d'Aflatoun ♫

♫ Je connais mes droits ♫

♫ Et jusqu'où ils peuvent m'emmener ♫

♫ Mais je connais bien aussi
mes devoirs ♫

♫ Je suis un enfant responsable ♫

♫ Je suis Aflatoun ♫

♫ Je sais qui je suis ♫

♫ La flamme qui brûle si brillante ♫

♫ Brûle en moi aussi ♫

♫ Elle brûle ♫

♫ Je suis Aflatoun ♫

♫ Je mets de l'argent
et des choses de côté ♫

♫ Les choses de valeur
sont en sécurité avec moi ♫

♫ Elles le sont ♫

♫ Aflatoun m'aide à organiser
mes affaires ♫

♫ Et quant à mes moyens ♫

♫ J'en ai assez ♫

♫ Je suis super heureux ♫

♫ C'est dans mon quartier ♫

♫ Séparer fiction et réalité ♫

♫ Explorer, réfléchir ♫

♫ Investir et agir ♫

♫ Changer le monde ♫

♫ C'est notre choix
En tant que garçon et fille d'Aflatoun ♫

♫ Je connais mes droits ♫

♫ Et jusqu'où ils peuvent m'emmener ♫

♫ Mais je connais bien aussi
mes devoirs ♫

♫ Je suis un enfant responsable ♫

♫ Séparer fiction et réalité ♫

♫ Explorer, réfléchir ♫

♫ Chercher et agir ♫

♫ Changer le monde ♫

♫ C'est notre choix
En tant que garçon et fille d'Aflatoun ♫

♫ Je connais mes droits ♫

♫ Et jusqu'où ils peuvent m'emmener ♫

♫ Mais je connais bien aussi
mes devoirs ♫

♫ Je suis un enfant responsable ♫

Si j'étais professeur de lycée
ou d'une université,

je demanderais :
qu'est-ce qu'il y a dans le film ?

Quels sont les messages
qui nous sont communiqués ?

J'ai encore sept minutes,
donc je peux demander.

Quel est le message principal d'Aflatoun,
dans le film ?

Public : Je suis un enfant responsable.
JB : Oui, tu es un enfant responsable.

D'autres idées ?

Non ?

Public : Apprendre peut être amusant.
JB : Apprendre peut être amusant.

D'autres idées ?

Public : Épargner de l'argent.
JB : Épargner de l'argent.

C'est un des principaux objectifs
enseigné par Aflatoun.

Il apprend beaucoup de choses.

Il vous apprend à croire en vous,
il vous apprend à épargner de l'argent,

les ressources, l'eau, l'électricité, tout.

Il vous apprend aussi
à entreprendre,

pour que vous puissiez
réaliser vos rêves.

C'est ça qu'il enseigne.

Aflatoun est une boule de feu

qui réunit approximativement
800 000 enfants

de 40 pays du monde.

Quand on a commencé
avec Aflatoun, tout le monde a dit :

« On ne va pas financer ça. Apprendre
aux enfants à épargner, c'est mal. »

Je ne plaisante pas, c'est vrai !

Et moi je disais : « Mais vous
n'avez pas appris ça à vos enfants ? »

« Oui, mais apprendre aux enfants
à épargner, c'est mal. »

Aucune ONG n'était disposée à collaborer
et aucun donateur ne voulait nous financer.

Alors, dans une première phase,
mon mari et moi, avons dit :

« Bien, on va financer ça
avec tout notre argent. »

On n'était pas riche, mais on se disait
qu'il fallait avancer.

C'est ainsi qu'on l'a produit.

En 2008, on a lancé une campagne.

L'année passée, on avait
près de 560 000 enfants qui épargnaient.

Et j'ai une question à vous poser.

Combien pensez-vous que ces 560 000
enfants ont pu épargner, l'année passée,

sachant que la plupart viennent

de familles dont le revenu est
inférieur à 1$ par jour.

Combien ? Essayez de deviner…
Combien pensez-vous qu'ils ont épargné ?

Tous ensemble.

N'oubliez pas que ce sont des familles
avec un revenu inférieur à 1$ par jour.

Public : Un million.

Plus.

Vous avez raison, 2,6 millions !

C'est ce qu'ils ont épargné.

Vous vous rendez compte ?

Les enfants ont épargné 2,6 millions.

Et ils ont créé 5000 entreprises.

Des entreprises,
ça commence par l'élevage,

l'enfant achète une poule
avec ses économies.

Pourquoi ? Pour qu'il ou elle
ait de l'argent pour aller à l'école.

En épargnant de l'argent, il peut
avoir une poule, avoir des oeufs,

faire un bénéfice et manger.

Dans certaines écoles, les enfants
ont pris des sacs en toile de jute

et ont planté des pommes de terre
dans la cour de leur école.

D'autres ont utilisé des déchets
pour faire des sacs.

D'autres ont trouvé qu'il avait
d'espace pour planter du riz,

alors, ils ont fait des champs de riz
dans des petits lopins de terre

et c'est devenu une partie du projet.

Certains ont ouvert des cantines scolaires
et des tas d'autres choses.

Tout ce que je veux dire, c'est que
si on est capable d'éduquer des enfants,

ils ont le pouvoir et la capacité
de devenir des agents de changement.

Et c'est de ça que parle Aflatoun.

C'est ça qu'on fait,
c'est en ça qu'on croit,

et c'est ça qu'on essaie d'atteindre.

Neuf fois sur dix,
quand on commence quelque chose,

personne n'est disposé
à croire en nous,

et il y aurait beaucoup à dire
sur tous ceux qui disent non,

mais il y a des gens
disposés à investir en nous.

Et je pense que ces personnes
sont plus courageuses

que des gens comme moi,
qui commencent des choses.

Et là, je pense que Bart sera d'accord,

parce que commencer quelque chose,
c'est bien,

mais ce sont les investisseurs qui disent:
« On croit en vous et on va avancer. »

Tout ça signifie que chacun d'entre vous,
assis dans cette salle,

pourrait devenir un investisseur
et participer au changement,

pourrait faire partie du mouvement
dont on a besoin.

Pour que nos enfants
ne vivent pas une crise financière,

que nos enfants
puissent voir le futur,

et comme nous dit le film :

« Être des enfants responsables
et des citoyens. »

Le changement n'est pas en moi,
il est en vous.

J'espère que nous pourrons le faire.
Merci beaucoup.