La peur dirige une si grande partie de notre monde aujourd'hui : les discours politiques, les médias, parfois même les ressources parentales et éducatives. Ils créent tous ce climat de peur général. Nous ne sommes même pas à l'abri sur les réseaux sociaux. Vous souvenez-vous quand Facebook était un endroit amusant où vous pouviez contacter vos amis et qu'il n'était pas question de mise en scène politique ? Ça a existé, n'est-ce pas ? En tant que femme, entrepreneur, mère : croyez-moi, je comprends. La peur est une réaction naturelle face à l'incertitude. Et s'il existe un mot décrivant notre monde actuel, ne serait-ce pas « incertain » ? Mais la peur en soi est inutile sauf si elle encourage l'action. Et passer de la peur à l'action requiert une étape intermédiaire cruciale. Et cette étape est le courage. Je suis mère d'une petite fille de 4 ans, elle s'appelle Lilly, et elle ne se doute à aucun moment de ce qui ce passe dans le monde. Et en raison de son âge et de sa maturité, vous savez, elle a quatre ans, elle a très peu de peurs dans la vie. Elle a surtout peur des bruits forts et que son frère lui tire les cheveux ainsi que de ces ombres étranges que ses cadres photo forment sur le mur la nuit. Mais à part ça, elle n'a pas peur de grand chose. Elle n'a pas consciente des réelles peurs auxquelles nous faisons face. Enfin pas encore. Et voir ma fille dans cet état d'innocence et de pureté a été une leçon pour moi dans ce qu'implique être courageux. Et j'ai appris d'elle. Et son courage est clairement illustré par son alter ego, Super Lilly, qui est apparu quand elle avait deux ans. Quand Super Lilly revêt sa cape, elle est transformée. Elle passe d'une petite fille à une jeune fille courageuse. Et je dois dire, lorsque je vis ou lis à propos d'un autre drame quelque part dans le monde, elle peut tout effacer juste en courant vers moi avec sa cape de super héroïne en disant : « Maman, je suis courageuse. » N'est-ce pas ce sentiment de courage que nous voulons pour nos enfants ? Nous voulons élever des enfants courageux car le courage dans notre société signifie une volonté d'agir, malgré la peur, malgré l'incertitude. Dans une culture, dans un monde où les politiciens, les médias, les ressources parentales répandent la peur, nous devons inculquer le courage à nos enfants. Pourquoi ? Car la seule façon de sortir d'un monde régi par la peur est d'encourager la future génération à être courageuse. Ce sujet m'est vraiment personnel. Parce qu'à partir du moment où j'ai posé le regard sur ma fille dans la chambre d'hôpital lorsqu'elle est née, je savais que mon but dans la vie était de lui inculquer le courage. Pensez aux enfants au sein de votre propre vie. Pensez à ce qu'ils pourraient devenir et faire dans ce monde s'ils grandissaient courageux. Et pensez à qui ils pourraient devenir, et à ce qu'ils ne feront pas forcément s'ils ne sont pas courageux. Pour moi, voir ma fille grandir en étant courageuse, pas seulement pour elle mais pour les autres, ça a juste réveillé cette passion de bien comprendre et d'agir avec courage pour pouvoir le lui inculquer. Et je dois être honnête car j'étais très confiante à ce sujet. Je me disais, d'une mère à sa fille : je peux le faire. Je savais l'élever dans le courage. Je suis une femme courageuse. Je savais très bien que ma fille, elle grandirait courageuse et téméraire, je pense que j'avais autant de confiance que l'on peut avoir après avoir accouché et mis au monde un humain et rester éveillée pendant 48 heures. Mais ensuite, comme cela arrive parfois, la vie m'a bouleversée. Car j'ai eu un autre enfant. Un garçon. Et je ne savais franchement pas quoi faire. Comment élever un garçon ? Sans parler d'un courageux garçon. Et que signifie « un courageux garçon » ? Voilà ce que je savais. Je savais que la version guerrière du courage, la version liée à la violence et qui connectait seulement le courage à la masculinité, n'était pas ce que je voulais lui apprendre. Je voulais lui apprendre une nouvelle forme de courage. Le courage basé sur ce que je voyais dans les yeux de ma fille lorsqu'elle portait cette cape de super-héroïne. L'amour. Le courage basé sur l'amour. Et dans notre monde moderne divisé, n'avons-nous pas besoin de ce courage plus qu'auparavant ? Avoir un fils m'a troublée, mais pas pour longtemps car je me suis mise à étudier et comprendre le courage différemment. À créer un modèle du courage que je puisse enseigner à mes enfants. Je ne sais pas vous, mais lorsque la vie paraît accablante et que je ne sais pas quoi faire, je lis des recherches scientifiques. Quelque chose lorsque j'épluche 40 pages de données et d'analyses me réconforte. Donc je vous épargnerai le récapitulatif de tout ce que j'ai appris, et à la place, je vais le résumer pour vous. Mais d'abord, un peu de contexte. Des spécialistes de la bravoure utilisent les termes bravoure et courage de façon interchangeable, bien que cela soit très débattu. Nous le ferons aujourd'hui pour simplifier et pour éviter les répétitions. Je veux résumer ce que j'ai appris, puis vous donner des étapes simples que vous pouvez utiliser pour inculquer le courage à vos enfants. J'ai d'abord appris que le genre impacte le courage qu'aura l'enfant. Les différences de genre concernant la peur débute dès neuf ans. Neuf ans. Et nos enfants deviennent déjà plus courageux ou plus craintifs selon leur genre. Et vous pouvez deviner quel genre devient plus craintif. Sûrement le plus intéressant que j'aie appris était la raison. En tant que parents, éducateurs, nous créons cette division en parlant à nos filles du niveau de peur qu'elles ont ressentie et en encensant nos garçons pour avoir surmonté leurs peurs, leurs sentiments. Et nous élevons alors des filles craintives et des garçons courageux mais parfois freinés dans leurs émotions. Ensuite, j'ai appris que le courage n'était pas défini de façon universelle. Des études montrent que 70 % des enfants comprennent ce qu'est le courage, ce qui est super. Jusqu'à ce que vous creusiez et que vous trouviez que ces définitions varient énormément. Et c'est problématique car si nos enfants ne le comprennent pas, comment seront-ils courageux ? Dans une seule étude, il y avait une page entière de définitions datant d'Aristote et de Thomas d'Aquin. Les dictionnaires, les points de vue ne s'alignent pas, parfois même la recherche ne s'aligne pas toujours. Mais je vois ce décalage comme une opportunité, car en tant que parents nous pouvons inculquer une forme de courage qui fonctionne dans le monde actuel. Et j'ai aussi appris que le courage mûrit comme nos enfants. Enfants, notre compréhension du courage est liée à l'action, des petits actes de courage, comme aller dans une pièce sombre pour allumer la lumière. Et pour que nos enfants puissent aller jusqu'à cette action plus courageuse dont notre monde a besoin aujourd'hui, nous devons leur inculquer le courage petit à petit. Nous devons rejoindre nos enfants à leur niveau et adapter notre éducation à la maturité de leur courage. Tout ceci me mène à la chose la plus importante apprise de la recherche, de ma propre vie, et de ce que j'ai observé chez les autres. C'est plutôt simple. On doit être délibéré dans notre façon d'inculquer le courage à nos enfants. Et je sais qu'en tant que parents, on a déjà de quoi se soucier. On doit leur inculquer d'être responsable, travailler dur, se faire beau, les maths, et je vous demande d'ajouter autre chose au-dessus de cette longue liste que nous devons apprendre à nos enfants. Mais écoutez-moi. Car la beauté du courage élève notre éducation à une tout autre dimension. En leur inculquant le courage, nous les préparons à une vie plus accomplie. Et nous posons également les fondations d'un monde meilleur. Un monde qui n'est pas basé sur la peur, mais sur le courage et l'espoir. On ne peut pas contrôler tout ce que nos enfants font. Croyez-moi, j'ai essayé en vain. Mais on peut devenir des éducateurs attentifs. Nous pouvons leur apprendre tellement de choses pour être courageux. J'ai rassemblé cinq choses uniquement. Cinq étapes simples que vous pouvez utiliser pour commencer à inculquer le courage à vos enfants. D'abord, il faut commencer jeune. Des bébés d'à peine un jour peuvent commencer à le développer simplement en se sentant en sécurité dans le monde. Aimez vos enfants car leur estime de soi et la sécurité seront ce à quoi ils feront appel lorsqu'ils auront peur. Ensuite, encouragez les petits courages. Des petits actes de courage quotidiens sont très importants. C'est ce que l'organisation Girls Leadership nomme « microbravery ». Alors quand vos enfants ont peur d'une petite chose, comme aller dans une pièce sombre pour allumer la lumière, caresser un gentil chien, ou goûter un nouvel aliment, encouragez-les avec amour pour qu'ils surmontent leurs peurs. Et lorsqu'ils le font ou même lorsqu'ils ne le font pas, honorez l'effort, pas la réussite. La recherche soutient d'honorer l'effort pour presque toute notre éducation, pas juste pour le courage. Utilisez également la langue du courage. Encouragez vos enfants avec amour en utilisant des mots tels que « courage », « brave » et « téméraire ». Parlez-leur de leurs expériences et des situations effrayantes, y compris de leur ressenti, ce que l'on fait surtout pour les filles, et aussi de ce qu'ils ont appris, ce que l'on fait surtout pour les garçons, ce qui m'amène au point suivant. Faites attention à l'éducation du courage selon le genre. Les études montrent que les mères parlent moins à leurs garçons qu'à leurs filles de leur état émotionnel. Et qu'en général, nous ne favorisons pas l'autonomie chez les filles, ce qui est une composante essentielle du courage. Au contraire, engagez de façon égale vos filles et vos garçons dans des discussions sur leurs émotions. Et n'empêchez pas vos filles de prendre des risques. Mais plutôt... Merci. (Applaudissements) Mais encouragez-les plutôt à prendre des risques mesurés. Soyez conscient de vos paroles et actions afin d'augmenter l'équité concernant le courage. Et pour finir, c'est très important. Soyez également courageux. Quand avez-vous agi avec courage pour la dernière fois ? Réfléchissez-y vraiment quelques secondes. Nos enfants nous observent, alors suivez ce cours de danse, rendez-vous dans un nouveau pays, ou prenez un risque dans votre carrière, donnez une conférence TED. Nos enfants nous observent et apprennent de notre courage. Et les petits courages s'appliquent aussi à vous. Si vous ne vous sentez pas très courageux, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez développer votre courage comme vos enfants. En tant que parents, gardiens, éducateurs, humains, une grande opportunité s'offre à nous. On peut faire passer notre monde d'un monde basé sur la peur à un monde basé sur le courage et l'espoir. On peut le faire grâce aux petits humains que nous élevons. Nos propres petits super-héros. Oubliez les baby-boomers, les Générations X et Y. Notre pays, notre monde, ont besoin d'une génération courageuse. Et nous avons de la chance : nous l'élevons. Merci. (Applaudissements)