Je suis comédienne. J'avais deux rêves dans la vie quand j'étais petite. Le premier, c'était de devenir comédienne. Et le second de combattre les inégalités. Parce que je trouvais injuste que, pour moi, devenir comédienne soit une possibilité, un rêve envisageable, alors que certaines personnes, moins favorisées que moi, ne puissent même pas y penser. Parce que comme dit Oscar Wilde : « Il y a dans une nation, une partie de la population qui pense plus à l'argent que les riches, et ce sont les pauvres. Les pauvres ne peuvent penser à autre chose. C'est en cela que consiste la malédiction de la pauvreté. » Le premier rêve, je l'ai réalisé. Mais le second, pas encore. Je me suis dit que j'allais trouver une technique pour éradiquer les inégalités : épouser un milliardaire. J'ai calculé que si les 7 milliards d'êtres humains épousaient chacun un des 1826 milliardaires sous le régime de la communauté, en seulement une génération, nous pourrions éradiquer les inégalités. Bon, je ne suis peut-être pas très bonne en probabilités. Je suis meilleure en statistiques. J'ai calculé qu'aujourd'hui, j'avais une chance sur 6 d'épouser quelqu'un qui souffre de la faim. Et pas un anorexique : un malnutri. Une chance sur 4 d'épouser quelqu'un qui vit avec moins de 1,25 $ par jour. Un très, très pauvre, d'Asie ou d'Afrique. Une chance sur 2 d'épouser quelqu'un qui vit avec moins de 2 dollars par jour. Autant dire que, même en Europe, tu ne fais rien. Et une chance sur... (Elle compte) 8 millions d'épouser un milliardaire. Est-ce que quelqu'un dans la salle gagne plus de 10 millions d'euros par an ? Encore une salle de pauvres... (Rires) Oh, ce n'est pas grave ; on est pauvre mais on est heureux ! Ouais. Alors, un milliardaire, j'explique, parce que, pour les pauvres, les sommes peuvent paraître un peu floues. Un milliardaire, c'est quelqu'un qui a 999 millions plus 1. Il y en a seulement 1826 dans le monde. C'est rien. Ce serait des animaux, ce serait une espèce protégée. (Rires) C'est pour ça qu'on n'a pas le droit de les tuer pour leur fourrure, (Rires) ni d'en faire des sushis. En tête, l'homme le plus riche du monde, c'est Bill Gates. En deuxième position, il y a Carlos Slim Helú. Il a 15 % du Mexique. Il a le téléphone, les hôtels, la télévision. Du coup, il ne faut pas faire un Monopoly avec lui. Chez moi, chez moi,... (Rires) Et juste derrière, Warren Buffett. C'est le PDG de Berkshire Hathaway, un fonds d'investissements. Il achète des actions pour les vendre. Lui, il n'a rien fabriqué, rien inventé, et il a 50 milliards. J'adore Warren. (Rires) Il ne change jamais de voiture, il a toujours la même maison, il a épousé la serveuse du café d'en face, il a voyagé une seule fois dans sa vie. Il est allé en Chine et il a trouvé ça nul. Et son truc, c'est de manger un T-bone steak le vendredi. Il est numéro 3 sur 7 milliards, et, quand il sera mort, il va donner toute sa fortune à Bill Gates. (Rires) Pour son association caritative. Ils repeignent des écoles. (Rires) Non mais vachement bien. Au pinceau. (Rires) Il va tout redonner aux pauvres. Ça, je ne comprends pas. Toute sa vie, il a vécu du travail des pauvres. Il a essayé de ne pas les payer beaucoup. Il a plutôt réussi. Et à la fin, il leur dit quoi ? « Surprise, c'était une blague... » ? (Rires) Il ne fallait pas exploiter les gens si tu ne voulais pas gagner d'argent. C'est comme les gens qui pêchent pour le plaisir, et après remettent le poisson dans l'eau. Fair-play, le beau geste. Moi, je ne trouve pas que ce soit un beau geste d'humilier un poisson et de lui trouer la bouche. Warren, il appauvrit les gens juste pour le sport. (Rires) Alors vous allez me dire : « Éradiquer les inégalités, c'est bien. Mais comment faire pour épouser un milliardaire ? » C'est très simple. Il faut étudier la liste de Forbes. C'est une liste qui paraît tous les ans avec le nom des milliardaires par ordre décroissant et avec leur photo. Moi, j'en ai fait des posters. George Clooney, il est plus beau, mais il n'est pas dans la liste. (Rires) Il y a Hugh Grant. Non, pas celui-là. L'autre. Celui-là, c'est un pauvre. Son homonyme. (Rires) C'est le PDG de Monsanto. Pour devenir milliardaire, il suffit juste d'avoir une bonne idée. Lui, il a eu l'idée de breveter les graines, les semences, les pommes. Il fallait juste y penser. Dans la liste de Forbes, il n'y a pas d'acteur, de footballeur, pas de chanteur. Il y a un clown. Guy, un Québécois, le créateur du Cirque du Soleil. Lui, il est 1006ème. Eh bien, ce n'est pas mal pour un cracheur de feu. Et puis lui, c'est un vrai milliardaire. Ses dernières vacances, pour son anniversaire, il les a passées à Soyouz. Ce n'est pas en Russie. C'est plus haut. En orbite. Vous ne savez pas, mais c'est trop ringard de passer encore ses vacances sur la Terre. Je ne peux pas vraiment vous apprendre à reconnaître un milliardaire dans une soirée. Il n'y a pas vraiment de signe. Par contre, je peux vous apprendre à reconnaître un pauvre. S'il porte sur lui des marques que vous reconnaissez. Le petit cheval de Ralph Lauren, une Rolex, une Porsche, c'est un pauvre. Un milliardaire n'a pas de signe extérieur de richesse. En tout cas pas sur lui. Abramovitch, le milliardaire russe, son signe extérieur de richesse, c'est Chelsea. (Rires) Le club de football anglais. Bon, je vous ai fait des fiches. Je vous en ai mis un beau pour ne pas vous décourager. Larry Ellison. C'est le PDG d'Oracle et Java sur les ordinateurs. Un truc gratuit, on ne sait pas comment il fait. (Rires) Quoi « ahhh » ? Il est bien. Attendez de voir les autres, vous allez le regretter. (Rires) George Soros. Il a inventé les Hedge Funds. Bon, après, il a ruiné l'Angleterre, le franc, et en ce moment, il adore l'euro. Attention, plus belle progression de l'année. Grâce à qui ? Grâce à nous : Zara...! Amancio Ortega, 4ème fortune mondiale. Quelqu'un parle espagnol ? Il vient juste de perdre sa femme. (Rires) C'est horrible. Attention pour les hommes... Tada ! (Rires) Ça, c'est Jacqueline Mars. De Mars. De « un Mars et ça repart ». C'est à elle. Elle est super sympa. Vous voyez qui c'est ? Non ? Heureusement que je suis là pour vous indiquer les beaux partis. Sans moi, vous étiez tous bons pour des mariages d'amour. (Rires) Lakshmi Mittal. Il fabrique de l'acier. Sa plus belle affaire, c'est le Kazakhstan. Il a acheté un bout de pays, toute une région. Les mines de fer, de charbon, les usines, la centrale électrique, le chemin de fer. Du coup, on lui a fait cadeau des gens. (Rires) C'est normal, c'est un geste commercial. Tous les ans, il fait 10 fois le tour de la Terre avec son jet. T'imagines les miles ? (Rires) Il doit avoir droit au voyage gratuit, là. Sur Pluton. Pour discuter avec des milliardaires, il faut être capable de parler avec eux, de connaître un peu ce qu'ils font dans la vie. Dans la liste de Forbes, il y a les milliardaires dont on comprend le métier. Ingvar Kamprad, le PDG d'Ikea. On comprend. Il fabrique des meubles. Bon, après, il les découpe très fins, et les met dans des toute petites boîtes. Parce qu'enfant, il était très pauvre. Il était marchand d'allumettes. Eh bien, ça lui est resté. Puis après, il y a les PDG, franchement, on ne comprend rien. « -- Il fait quoi votre mari ? -- Des algorithmes... -- Quoi ? -- Il a inventé Google. C'est un algorithme. On entre un mot dans le moteur de recherche, et grâce à PageRank, une ligne de code de 2 milliards de termes avec 500 millions de variables, l'information va dans les fils de l'ordinateur dans un centre de traitement de données dans la région. Il y a des rampes de serveurs. C'est climatisé. Il ne faut pas qu'il fasse trop chaud. Et grâce à un signal électrique, l'information revient dans votre ordi via les airs et les fibres optiques. Mais ce qui est rigolo, c'est que ça prend moins de une seconde aller-retour. C'est instantané. Mon mari, il est 20ème sur 7 milliards, il est super gentil. Mais franchement, quand il parle... (Rires) Eh bien, je ne comprends rien. » Attention aux arnaques. Dans la liste de Forbes, il y a peu d'Africains milliardaires. Très peu d'Africains milliardaires. Ils n'ont pas chopé le truc. Pourtant, ils essaient. En Éthiopie, par exemple, c'est eux qui ont inventé le café. C'est une belle invention, le café. C'est la matière première agricole la plus échangée au monde. Le problème, c'est qu'ils ne l'ont pas déposé. (Rires) Du coup, ils n'en voient pas la couleur. Alors que Nestlé, c'est des Suisses, ils ont déposé. (Rires) Pour épouser un milliardaire, il faut aimer l'opéra. Je ne sais pas pourquoi. Mais surtout, lire le supplément féminin du Financial Times. Ça s'appelle « How to spend it ? ». « Qu'est-ce que je vais bien pouvoir en faire ? » Ça existe vraiment. Mais surtout, il faut apprendre à parler jet et à dire : « Mon chéri ? Tu n'as pas vu les clés du Falcon ? Il faut que j'aille faire une course. Tant que j'y suis, tu ne voudrais pas que l'on change d'avion ? Je n'aime pas en avoir un de l'année dernière, j'ai l'impression de voler dans une vieille robe. Le dernier modèle de Bombardier, trop mignon, on dirait un porte-clés. 60 m² tout en cuir. Et tu savais que c'est le seul jet capable de faire le tour de la Terre avec une seule escale ? C'est génial pour aller chercher les enfants à l'école. » Quand je pense que 95 % de la population mondiale n'a jamais pris l'avion. Oh, ce n'est pas grave. Ça veut dire que c'est le 5% qui reste qui s'éclate et qui pollue. Mais du coup, chez les pauvres, ils ont fait un truc trop mignon. En Inde, à côté de Delhi, ils ont installé un Boeing désaffecté. Et pour 125 roupies, l'équivalent de 3 euros, le week-end, ils vont prendre l'avion en famille. Ils mettent leur joli sari du dimanche. On déchire leur billet. Il y a un steward, des hôtesses de l'air, un commandant de bord. On leur sert un rafraîchissement, des plateaux repas. On leur fait les consignes de sécurité : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bienvenue à bord de Air Nulle part ? Prière de bien vouloir attacher vos ceintures. Il faut soulever vos languettes métalliques, comme ça. En même temps, vous le savez. C'est vous qui les avez fabriquées. (Rires) En cas de dépressurisation de l'appareil, bon, peu probable, on a des masques. Je ne vais pas vous faire le coup des gilets de sauvetage. On fait ça pour les riches, ils n'aiment pas avoir aucun espoir. Mais franchement, on leur aurait mis une paire de skis, un masque et un tuba... C'était la même chose. » Tout pareil, sauf qu'ils ne volent pas. Eh bien au bout de 2 heures, quand ils descendent de l'avion, ils sont contents quand même. C'est comme à Gaza. Dans leur zoo, ils n'ont pas de zèbre. Alors ils peignent des ânes. Ils les entourent de scotch pour ne pas dépasser. Non, mais ils les peignent vachement bien. Au pinceau. Les milliardaires, ils ont inventé un truc incroyable. C'est l'aspirateur à sous. C'est une sorte de chemin que nous, on ne connaît pas, où un peu de sous de chaque personne du monde entier s'en va en sifflotant. Et eux, ils sont derrière et ils aspirent. « L'aspirateur qui ne perd pas d'aspiration. » C'est Dyson. Il est milliardaire. Voilà. Maintenant, vous savez comment épouser un milliardaire. Comment leur parler, apprendre à les comprendre, à les aimer. J'espère que c'est vous qui serez l'an prochain dans la liste de Forbes. En 2009, au début de la crise, ils étaient 793. Aujourd'hui, ils sont 1826. J'espère que demain, nous serons 7 milliards dans la liste. (Applaudissements)