A.P : Bonjour.
Audience : Bonjour.
A.P : J'adore ça, à l'Olympia
personne n'a dit : « bonjour » !
(Rires)
En octobre 2012, mon monde a changé.
Ça faisait un an que j'étais
une étudiante étrangère à Paris,
complètement anonyme.
Quand je suis arrivée en France,
je ne connaissais pas
la langue, la culture,
les gens, ni le contexte.
Et [durant] cette année,
j'ai observé le pays,
sa riche histoire,
sa protection sociale,
[sa] technologie de pointe comme le TGV,
mais j'ai aussi vu le chômage partout,
et comme les jeunes
en France sont déprimés.
Donc, quand TEDxParis
m'a invitée [pour] parler,
j'ai su immédiatement
ce que je voulais dire,
ce que je voulais partager.
Moi je voulais montrer
ce que les jeunes en France
pouvaient accomplir.
Mais en fait, ce qui s'est passé,
[c'est que],
je me suis montrée à moi-même
ce que je pouvais accomplir.
Dans mon talk,
j'ai parlé [des] différences
entre ma génération en Inde,
parce que je suis Indienne,
et les jeunes en France.
J'ai dit qu'avec la crise économique,
c'est important pour les jeunes français
de traverser les frontières
et de prendre
des risques professionnels,
comma la diaspora indienne
l'a fait dans les années 80 et 90.
Et aujourd'hui ma génération en Inde voit
les bénéfices de cette ouverture d'esprit.
Ce qui m'a étonnée,
c'est que des gens m'ont crue.
J'ai reçu des centaines de messages
du monde entier.
De New York, de Londres, de São Paulo,
de Saint-Germain-des-Prés,
de Tunis, de Saint-Denis.
Les gens m'ont confié
des détails personnels sur leur vie.
Sur leurs peurs.
Ils m'ont dit que mon talk
leur avait donné envie d'agir.
Par exemple, une étudiante m'a remerciée
pour l'idée de postuler
pour un poste en Chine
après ses études.
Un ingénieur m'a écrit un an après
pour [me] dire qu'il a demandé
sa mutation au Canada
après avoir [assisté] à la conférence.
Ou même, il y a une fille
qui m'a dit qu'elle a quitté son copain
parce qu'elle n'a pas compris mon message.
(Rires)
J'étais bouleversée par
tous ces commentaires.
Mais dans l'ensemble, ce qu’ils
voulaient, c'était du changement,
mais ils ne savaient pas
comment franchir le pas.
Ils ont des idées pour un business,
des aspirations personnelles,
l'envie de s'expatrier,
et ils me demandaient des solutions.
Oui je suis Indienne mais
je ne suis pas un gourou.
C'était stressant,
je ne connaissais pas les réponses.
Mais ça m'a fait réfléchir.
Je pense qu'il y a trois peurs
qui nous empêchent d'agir :
Peur d'être rejeté.
Peur d'avoir l'air bête.
Peur d'échouer.
Je suis Indienne, née aux États-Unis,
mais j'ai grandi dans neuf pays.
[À] chaque nouvelle école,
chaque nouveau travail,
je suis repartie de zéro.
Je ne vous dis pas le nombre
de fois où j'ai été rejetée,
où j'ai eu l'air bête,
où j'ai échoué.
Avec le temps, j'ai développé
mes propres trucs,
mes propres secrets de réussite
pour éviter ces situations
et les transformer
en leçons pour le futur.
Et je voudrais partager
ce qui marche pour moi
avec tous ceux qui veulent un changement
mais ne savent pas comment commencer.
Un : Partez à la recherche de vos mentors.
On a tous des gens que l'on admire.
Moi, j'ai trouvé quelqu'un comme ça
dans la liste des profs à Sciences Po.
Un spécialiste de la politique d’énergie.
Donc j'ai pris son cours.
Le premier jour, il nous a demandé
pourquoi on a choisi son cours ?
Et moi j'ai répondu honnêtement :
« Parce que je voudrais être juste
comme vous quand je serai grande. »
Bon, il a rigolé.
Mais pendant le semestre,
il a vu que c'était la vérité,
parce que j'ai beaucoup travaillé.
À la fin du semestre,
il m'a recommandée pour un stage
à l'Agence Internationale de l'Énergie,
que j'ai fait l'année dernière.
On choisit un mentor parce qu'on voit
quelque chose en lui
qu'on aspire [à] accomplir.
Et un mentor nous choisit,
parce qu'il voit quelque chose
en nous qui lui ressemble.
Vous avez tous un mentor
qui peut ouvrir des portes pour vous.
Il peut être un ami,
votre chef, un expert,
plus jeune, plus vieux.
Trouvez-le.
Deux : Choisissez des amis positifs.
À Paris j'ai rencontré
un réalisateur de publicité très doué.
Il m'a raconté [que] quand
il a voulu ouvrir sa boite,
tous ses amis l'ont découragé.
« Il y a des crises, tu n'es pas
assez fort [pour] résister. »
Un an après, il a participé [à]
une conférence d'entrepreneurs,
et il a vu qu'en fait qu'il [était]
aussi fort que ces gens-là.
C'était ses amis qui
le rendaient moins fort.
Aujourd'hui il a son entreprise
et beaucoup de clients.
Trouver des amis qui sont positifs
pour cette phase de votre vie,
parce que c'est plus
facile de franchir le pas
avec des amis qui
vous poussent vers le haut,
plutôt qu'avec des amis
qui vous tirent vers le bas.
Trois : Demandez, redemandez
et demandez encore des conseils.
Ça ne veut pas dire qu'il faut les suivre.
Mais pourquoi demander des conseils ?
Un : vous multipliez
le nombre de personnes
qui se sentent impliquées
dans vos décisions
et souhaitent vous voir réussir.
Et deux, vous comprendrez mieux
les différentes dimensions
et les conséquences
possibles de votre projet.
Ça a fonctionné pour moi
pour mon talk à TEDxParis.
J'ai demandé [aux] parents
de ma copine française,
mes amis en Espagne,
j'ai même demandé [au] prof de gym
de ma mère aux États-Unis.
Et tous ces commentaires
ont enrichi mon discours,
et je pense que c'est la raison
[pour laquelle] j'ai reçu
un accueil aussi incroyable.
Quatre : Le networking est associé
avec la culture américaine.
« Est-ce que ce mec
peut être un futur client ? »
Mais pour moi, ce n'est pas du tout ça.
C'est plus comme un fan club mutuel.
J'essaye de créer un lien particulier.
Je ne mémorise pas
leur titre professionnel.
Je mémorise les prénoms de leurs enfants,
et dans ce sens,
je veux le meilleur pour eux
et ils veulent le meilleur pour moi.
Un jour dans un avion,
mon amie portoricaine
discutait avec sa voisine.
Elle lui a raconté sa vie,
ses études en France,
et comment elle cherchait du travail.
Quand elles sont arrivées à Madrid,
sa voisine lui a donnée sa carte de visite
avec un grand poste impressionnant
pour une entreprise française,
en disant : « Venez pour un entretien
la semaine prochaine. »
Maintenant, mon amie travaille
dans leur bureau à New York.
On ne sait jamais qui va nous donner
notre prochaine opportunité.
Cinq : Recherchez la perfection
limite toujours les capacités d'agir.
Une amie de ma mère
est obsédée [par] la perfection.
Si elle organise un dîner,
il faut qu'elle prépare
un soufflé au foie gras
avec une sauce [au] basilic frais.
Et sinon, c'est nul.
La perfection, c'est impossible
parce que c'est une idée
et ce n'est pas une réalité,
et surtout, c'est chiant.
Quand quelque chose est super, dites-le.
OK, je sais, aux États-Unis,
c'est un peu extrême :
« La Réunion, c'est fabuleux.
Tout le monde est extraordinaire. »
Mais cette habitude française de :
« Ah oui, les plages en Réunion
ne sont pas mal,
la cuisine n'est pas dégueulasse,
les mecs ne sont pas moches »,
c'est un peu extrême aussi.
Quand vous donnez aux efforts
la valeur qu'ils méritent,
vous nourrissez un climat,
une culture encourageante,
et un jour quand vous [serez]
prêt [pour] franchir le pas,
vous [aurez] besoin
de cet encouragement.
Sept : Apprendre,
c'est une manière sans danger
de se confronter [aux] trois peurs :
être rejeté, avoir l'air bête et échouer,
et les surmonter,
ça nous permet d'identifier nos talents
et où on a besoin [de] plus de travail,
ou bien parfois,
qu'on n'est pas bon partout.
On peut apprendre toute sa vie.
Cette année à Bombay,
j'ai suivi un atelier de médias
avec trois stagiaires de 25 ans
et un PDG de 39 [ans].
Il m'a dit que chaque année,
il apprenait quelque chose de nouveau,
parce que ça lui donnait
[de] la confiance et [de] l'inspiration
[pour] essayer de nouveaux projets
dans son entreprise.
Et voilà mes sept secrets
pour franchir le pas.
Vous savez, quand TEDxParis
m'a invitée [pour] parler,
ma première réaction, c'était de refuser.
« Comment je peux le faire ?
Les Français vont
me rejeter et me critiquer.
Je vais avoir l'air bête dans mon sari.
Je vais échouer parce que
personne ne va comprendre
mon gros accent américain. »
Mais mes amis positifs,
ma famille encourageante,
mon réseau qui me donne des conseils,
mes cours de français,
mes mentors, d'ailleurs
l'un d'eux [est parmi] nous ce soir,
ils ne [m'ont pas permis] de dire non.
Et grâce à ça, mon monde a changé.
Les portes se sont ouvertes.
Et la meilleure preuve de ça,
c'est d'être invitée ici,
dans ce paradis, la Réunion,
pour vous rencontrer.
Donc penchez-vous sur
[vos] inspirations personnelles,
sur vos idées pour un business,
vos projets pour l'avenir.
Je ne peux pas vous dire
ce qui va se passer
si vous suivez mes sept secrets,
mais je suis sure que
les choses vont bouger.
Vous allez provoquer un changement.
Vous allez commencer [à] agir.
Et est-ce que ces changements
peuvent être mauvais ?
Moi, je ne pense pas.
Parce que toutes mes recommandations
sont positives pour nous
et pour les autres autour de nous.
En Inde, on croit beaucoup au karma.
Si on [fait] du bien,
on [récolte] du bien.
Merci beaucoup.
(Applaudissements)