On est tous programmés pour aimer et être aimé. C'est en nous. C'est notre programmation génétique nécessaire à la reproduction de l'espèce. Mais l'amour est magique ! Pour que cette magie opère, il faut réunir certaines conditions. Mais trop souvent, on bloque cette circulation émotionnelle sans le savoir. Pourtant, on est tous capables, si on le veut, de trouver l'amour en trois mois. Alors je voudrais vous dire deux choses : premièrement, c'est le contraire de ce qu'on peut lire dans les magazines féminins ; deuxièmement, cela relève de la dynamique opposée de celle qui consiste à s'allonger dans un divan. Pourquoi est-ce contraire à ce qu'on dit dans les magazines féminins ? Parce que dans les magazines féminins, souvent on vous dit qu'il faut parler de ses atouts. Ce qui tue l'amour, c'est le contrôle. Le contrôle de son image, le contrôle de ce que l'on veut révéler de soi. Donc on vous dit qu'il faut parler de ses atouts, qu'il faut avoir confiance en soi, tout ça, ça vous paraît naturel. Je reçois souvent des femmes qui sont belles, qui ont un super job, qui sont intelligentes, qui ont confiance en elles, et pourtant elle ne trouve pas l'amour. Et puis s'il fallait attendre d'avoir confiance en soi pour trouver l'amour, il n'y aurait pas beaucoup de bébés sur Terre. Alors je vais prendre l'exemple de deux célibataires : imaginez Paul et Virginie. Ils se rencontrent pour la première fois autour d'un verre. Paul, c'est un homme sérieux, il va vouloir se montrer intelligent mais aussi sympathique Virginie, elle, est un peu plus bohème, alors elle va vouloir montrer ô combien sa vie est éclectique, ô combien ses activités sont originales, et puis elle va aussi vouloir parler de ses voyages. Alors avec cet échange là, c'est la catastrophe annoncée. Il se passe que, quand on veut se montrer sous son meilleur jour, quand on veut susciter l'admiration, eh bien on bloque, sans le savoir, la circulation des émotions. Et ça, c'est catastrophique. Alors, imaginez un curseur avec l'étendue de votre personnalité : À un extrême, vous mettez toutes vos sources de joie : ce qui vous anime, ce qui nous fait réveiller le matin, ce qui vous rend très joyeux, et dans l'autre extrême, vous mettez ce qui, dans votre parcours, constituent vos épreuves mais aussi vos doutes, vos questionnements. Plus on avance en âge, plus on a tendance à placer son curseur au centre. Ce que l'on fait, nos cinés, nos lectures, nos sorties, nos voyages. Plus on avance en âge, plus on a envie en fait de se rassurer. En fait, c'est le contraire qu'il faut faire. Parfois on n'a l'occasion de rencontrer quelqu'un qu'une seule fois, et alors autant être soi, mais en plus fort. Parce que c'est le seul moyen d'envoyer vraiment à fond notre personnalité, de relâcher le contrôle, et alors d'établir un pont d'échange pour que les émotions circulent. Alors deuxièmement : pourquoi tomber amoureux ou trouver l'amour relève de la dynamique absolument opposée à s'allonger sur un divan ? Parce que quand on est chez le psy, on est dans l'introspection, dans l'analyse Quand on veut tomber amoureux, on est dans l'accueil,dans l'ouverture. Quand on est chez un psy, on cherche à se comprendre, à se comprendre soi, à comprendre ses attentes et quand on tombe amoureux, on est dans la réceptivité totale, il faut se laisser surprendre par une personnalité, il faut se laisser emporter et il ne faut surtout pas écouter cette petite voix qui juge, qui va vous dire que cette personne-là ne correspond pas à vos exigences. Pour que Paul et Virginie aient une histoire foudroyante, il faut qu'ils se remettent dans l'état d'un adolescent. Vous savez, cet adolescent, avec ses émotions, ses humeurs, et cette activité un peu cyclothymique de ses humeurs. Imaginez qu'il sort d'une période de repli sur soi, et alors, il s'ouvre au monde, il est tout en réceptivité sur autrui, et il capte, non pas la première ou la deuxième qui passe, mais la troisième ; il est tout en connexion sur cette personne qui passe, alors il ne se contrôle pas du tout et il peut complètement recevoir. Vous allez me dire, bon, c'est sympa, mais concrètement, autour d'un verre, on fait comment ? Il faut, pour créer la réciprocité amoureuse, réveiller un être qui dort. Réveiller en soi, mais aussi pour l'autre un être qui dort, cela veut dire allez faire résonner des cordes qui ne vibrent pas souvent. Il s'agit d'aller poser des questions, des questions sur nos moteurs de vie, sur ce qui nous anime, sur ce qui nous rend joyeux, sur peut-être un parcours difficile, le regard qu'on a posé sur cette expérience-là. J'entends déjà certains me dire : « ah, non ! Mais au premier rendez-vous, il ne s'agit pas de poser des questions intimes. » Mais ce ne sont pas des questions intimes ! Au lieu de demander : « Quel est ton job, comment ça se passe ? » c'est « pourquoi as-tu choisi ce job ? ». Au lieu de demander : « Ah, tu joues au golf... et où vas-tu jouer ? combien de fois tu vas jouer ? », c'est, « Pourquoi tu joues au golf ? Au tennis ? Pourquoi tu as fait cette reconversion ? » C'est la seule manière d'aller exprimer ce que l'on a au fond de soi. Et puis finalement, vous vous rendez compte que c'est pas tous les jours qu'on a l'occasion d'aller chercher en soi les réponses à ces questions sur ses choix. C'est la seule manière pour libérer et mettre en place ce pont d'échange qui permet aux émotions de circuler. On tombe amoureux de quelqu'un non pas pour ce qu'il fait, ou comment il le fait, mais pourquoi il le fait. Vous savez, ces poupées russes, eh bien imaginez qu'en vous, vous avez plusieurs poupées russes : la plus grande, c'est celle qui contrôle. Eh bien, si on veut vraiment tomber amoureux et être dans un échange où il y a cette circulation des émotions, il faut aller chercher la poupée, non pas celle qui contrôle, qui juge, qui réfléchit, qui est intelligente, mais cette poupée très entière, la plus petite, au fond, qui est celle qui, comme l'arbre, veut grandir, recevoir la lumière se transformer, être touchée. Parce que vous savez de tous que l'état amoureux, que tomber amoureux, c'est être révélé à soi-même. J'entends déjà certaines personnes qui me disent : « non, moi je fonctionne pas comme ça. Je me laisse guider par mes attirances physiques, ou je me laisse guider par les attirances intellectuelles. » Très bien. Mais on peut aller dans le mur. On peut aller dans le mur si on ne vient pas enrichir ses attirances par toute cette matière très brute qui nous constitue. Beaucoup de gens viennent me voir, qui sont parfois divorcés, célibataires et qui me disent : « Ça fait des années que je ne suis pas tombé amoureux », ou : « j'ai trop d'exigences, je n'arrive pas à trouver la bonne personne, ou alors « je ne fais pas assez de rencontres » ou « il n'y a personne qui m'intéresse en ce moment ! » Eh bien là en fait, on est dans l'erreur d'interprétation. En fait ces personnes-là, quand elles croisent quelqu'un, elle ne capte que 10% de sa personnalité. Parce que si elles établissent vraiment un pont d'échange où les émotions circulent, alors elles vont recevoir 100% de la personne. Pour les couples, vous allez me dire, « d'accord, c'est très bien, mais retomber amoureux de sa moitié, c'est pareil ? Ça fonctionne de la même manière ? Et là je vous dis un grand oui. Pour le couple, c'est aller retoucher régulièrement ce qui nous émeut en l'autre. Quand on se sépare, quand on se trompe, quand on se distance c'est parce qu'on a perdu la connexion ensemble On évolue tous ! 15 ou 20 ans plus tard, on n'est plus les mêmes ! Ce n'est pas si grave ! Mais si justement grâce aux échanges, on se connecte régulièrement sur ce qui nous fait vibrer, sur ce qui nous rend sensible alors on touche la vulnérabilité de l'autre. Vous savez, la vulnérabilité, ça n'a rien à voir avec les faiblesses. La vulnérabilité, c'est ce qui est sensible, ce sont nos doutes, ce sont nos questionnements. Parce que vous savez, la force de quelqu'un, on la voit, on la voit tout le temps. En revanche, la vulnérabilité, on la montre trop rarement. On se sépare souvent pour les mêmes raisons pour lesquelles on s'est aimé. Vous vous souvenez de Paul : quinze ans et trois enfants plus tard, il va s'énerver, s'agacer du côté très bohème de Virginie. Et Virginie va s'irriter de la rigidité de son Paul et de son esprit très ordonné sur les choses et sur le monde. Et pourtant, ils ont été attirés précisément quinze années plus tôt par cette différence, par cette matière très différente qui avait en fait peut-être réveillé quelque chose en eux que leur éducation avait étouffé. Si le couple se connectent régulièrement, si le couple met en place ces échanges, alors il est quand même plus facile d'aller accepter l'idée de la différence de l'autre. Si on veut sortir du stade « je m'irrite des différences » alors c'est là où on comprend vraiment à quoi ça sert l'amour avec un grand A, à quoi ça sert le couple qui dure. Parce que c'est bien plus facile d'aller accepter l'altérité de l'autre dès lors qu'on se connecte régulièrement, dès lors qu'on se livre régulièrement. Ce que j'avais envie de vous dire d'important sur le couple, c'est ça, c'est que quand on se connecte, alors il est beaucoup plus facile d'aller comprendre que l'autre est une invitation à aller réveiller en nous cette part peut-être que notre éducation a enfouie, a étouffée. L'autre est une invitation à aller révéler des couleurs, d'autres couleurs de notre personnalité. Love ! (Applaudissements)