Je n'avais été dans un parloir avant de venir en prison. Laissez-moi vous décrire ce qu'est une visite en prison, ce qu'est un parloir. Ça m'a fait penser, en 1989, ma toute première fois, à un fast-food, comme si j'étais enfermé dans un fast-food. Rempli à craquer de distributeurs automatiques, pas de nourriture, juste des distributeurs, des enfants en train de jouer, des jeux, des surveillants, tout un tas de règlements, qui en faisait un environnement très contraint. Cela me désespère de savoir que j'ai créé cette situation où c'est le seul endroit où mes enfants puissent me voir. Ils ont des problèmes, des soucis qu'ils ont besoin de régler. Et je suis responsable de la grande difficulté qu'ils ont à gérer le quotidien avec le soutien d'un seul parent. Je voudrais partager une lettre que ma fille Savannah m'a écrite en 2012. Scott Budnick et Delia Cohen ont essayé de faire venir ma fille. Je l'aurais vue pour la première fois en 19 ans. Nous n'avons pas réussi à le faire, on a manqué de temps. Je voulais qu'elle lise elle-même sa lettre, je vais le faire pour elle. « Papa, beaucoup de choses n'ont pas été dites, des mots ne seront jamais prononcés. Le système t'a emmené loin de moi quand j'étais une enfant, m'a volé l'amour dont j'avais besoin, m'a volé mon sourire ; a arraché un morceau de mon cœur. Je récite la même prière tous les soirs, uniquement pour toi. Je suppose que toutes les petites filles font pareil ; c'est comme faire un vœu. Ça n'est pas arrivé instantanément, ni même du jour au lendemain. Je pense à toi. Tu es parti depuis 19 ans, mais j'ai pensé à toi tous les jours. Tu m'as finalement retrouvée. Tu as trouvé la paix de l'esprit. Tu as affronté tous tes démons, et ils t'ont finalement libéré. Le dos appuyé aux barreaux qui t'enferment, et ton âme, libre des chaînes qui te retenaient, Te voilà face à moi. Papa, je tiens à te dire que je suis fière de toi, de ne nous avoir jamais abandonnés, même dans les moments les plus sombres. Présenté comme un monstre, je pouvais toujours sentir ton amour. Je te sentais toujours avec moi. Je sais qu'on rattrapera le temps perdu, nous parcourrons le monde main dans la main. Je t'aime, Papa. Je serai toujours ta petite fille, et tu seras toujours mon héros. Tu représentes tout pour moi, tu m'as appris à aimer de nouveau. Je t'aime pour tout le bien que tu as déjà fait, je n'arrêterai pas de t'aimer à cause de ta seule mauvaise action. Papa, je crois en toi. Avec mon amour à jamais, Ta fille, Savannah. (Applaudissements) Je n'ai pas vu mes filles, Savannah et Emily, depuis 19 ans. Elles vivent dans un autre état. Mon fils Brandon également, je ne l'ai pas revu depuis 8 ans. Un tribunal a autorisé ses visites, mais mon ex-femme a arrêté de l'emmener, et je ne veux pas la poursuivre. J'ai décidé de faire ce qui était bien, je l'ai laissé en paix. Dans les prisons californiennes, il y a actuellement des bâtiments utilisés pour ce qu'on appelle le programme de visites familiales. Grâce à ce programme, les bâtiments sont aménagés pour permettre une visite de 48 heures des familles. A ce jour, des prisonniers à perpétuité, comme moi, n'ont le droit de participer à ce programme quasiment nulle part. Il y a quelques exceptions, je n'en fais pas partie. Mes enfants sont ceux qui en payent le prix. Mon appel aujourd'hui est très simple : il n'y a qu'un seul règlement à changer ; ça serait de laisser des prisonniers condamnés à perpétuité participer à ce programme de visites familiales, dans les prisons californiennes, pour le bien de nos enfants. Merci. (Applaudissements) (Cris) (Applaudissements)