(Musique très rythmée) [Médecins sans Frontières] (Musique aquatique - new age) (Présidente internationale de MSF, en anglais avec ST français) Six mois après du début de la pire épidémie d'Ebola de l'histoire, le monde est en train de perdre la bataille pour la contenir, les dirigeants mondiaux n'arrivant pas à affronter cette menace transnationale. (Commentatrice) Début septembre, devant les Etats Membres des Nations Unies, la présidente internationale de MSF faisait le constat de l'échec de la stratégie actuelle de lutte contre Ebola. Aucun acteur, y compris MSF, ne parvient à faire face à l'explosion du nombre de cas, à l'infection de dizaines de travailleurs médicaux, à l'effondrement du système de santé des pays touchés. (Présidente MSF, doublée par la présentatrice) La plupart des Etats Membres présents ici aujourd'hui ont beaucoup investi dans la réponse aux menaces biologiques. Vous avez une responsabilité politique et humanitaire d'utiliser immédiatement ces capacités dans les pays touchés par Ebola. (Commentatrice) Sur le terrain, les équipes MSF sont débordées. Depuis le début de l'épidémie, elles ont pris en charge plus de 1000 cas confirmés d'Ebola dans cinq centres de traitement. Chaque nouvelle structure, comme ici à Monrovia, la capitale du Libéria, voit ses lits se remplir à toute vitesse. (Lindis Hurum, doublée) Dans toutes les zones, tous les districts de la ville, des gens tombent malades et meurent chaque jour. Ils demandent de l'aide, ils ne savent pas quoi faire, parce que s'ils appellent le service d'aide, personne ne viendra les prendre en charge. Le système est complètement débordé et les malades sont trop nombreux. La réponse est beaucoup trop faible. (Commentatrice) Les médecins sans frontières constatent que les mesures coercitives qui sont mises en place, telles que les quarantaines forcées, ne font qu'augmenter la panique et le risque de débordements. La suspension des vols internationaux est tout aussi contre-productive. Elle complique l'intervention des humanitaires e fragilise des pays en crise. Pour juguler l'épidémie, l'urgence n'est pas de punir ou d'isoler les pays touchés mais d'augmenter le nombre de centres de traitement, de déployer plus de personnel qualifié et de laboratoires mobiles pour enfin reprendre le contrôle sur une épidémie inédite. (2:25) Nous sommes évidemment très contents de la libération de Chantal ça faisait plus d'un an, depuis le 11 juillet 2013 exactement, qu'on était sans nouvelle. Evidemment c'est un énorme soulagement pour tous les collègues MSF et pour l'équipe de la cellule de crise qui était mobilisée avec des gros moyens depuis plus d'un an. Chantal va relativement bien, "bien" comme on peut aller "bien" après 14 mois de captivité. Elle est fatiguée, elle a maigrie, les derniers jours de sa captivité ont été éprouvants. Elle a réussi à s'échapper en profitant de manoeuvres militaires Trois des membres de l'équipe qui étaient à Kamongo en juillet 2013, sont toujours disparus Nous pensons à nos trois collègues, on maintient le dispositif de cellule de crise, pour des recherches actives, des contacts, et on espère très prochainement que nos 3 collègues pourront suivre les pas de Chantal et retrouver la liberté. Impossible de fuir pendant les bombardements. Impossible de rentrer chez soi maintenant que les armes se sont tues. Pour beaucoup d'habitants de la bande de Gaza le retour au calme est relatif. Toujours entassés dans des écoles ou à plusieurs familles par appartement, ils doivent parfois vivre sans eau courante, ni électricité Après cette guerre, je crois qu'il n'y a plus d'espoir. Quel espoir peut-on avoir après ces destructions? Tous les bâtiments ont été détruits. On dit que Gaza aura besoin de 20 ans pour se reconstruire, pour remettre toutes ses infrastructures debout. Tout est détruit ici. L'offensive israelienne "Bordure protectrice" a fait plus de 2000 morts, mais aussi des milliers de blessés. Le retour au calme ne concerne pas les structures hospitalières. Les blessés les plus graves vont avoir besoin de dizaines d'opérations, les autres sont suivis pour des changements de pansements et de la physiothérapie. Les séquelles psychologiques, particulièrement celles des enfants, devront elles aussi être prises en charge. Voilà le camp de Lietchuor fin août. Un lac d'où émergent les cases des réfugiés. Un terrain plat, un sol argileux où l'eau stagne. Les conditions étaient réunies pour que ce camp, qui abrite 36 000 réfugiés, devienne invivable pendant la saison des pluies. Seul espace encore sec, une route qui traverse le camp. Ceux qui peuvent vivre dans le camp ont trouvé de l'espace le long de la route, et se sont installés là. D'autres qui ne peuvent pas rester, sont hébergés parmi les communautés locales. Face à cette situation, l'agence éthiopienne en charge des réfugiés et les Nations unies ont décidé de fermer ce camp. Mais pas une proposition de relogement n'est pour l'heure satisfaisante. Si le gouvernement à la possibilité de trouver une autre zone proche du camp Lietchuor, ou ailleurs, au moins pendant la saison des pluies pour pouvoir y reloger tous les réfugiés, ce serait un grand soulagement. A la fois pour ces populations, mais aussi pour le gouvernement et les ONGs qui fournissent de l'eau, des soins et d'autres services aux réfugiés. En attendant, les équipes MSF continuent leurs activités. A Lietchuor, elles sont parvenues à garder les patients au sec en surélevant les tentes de l'hôpital et du centre de santé. Mais les pluies, et les mauvaises conditions d'hygiène, font peser un gros risque sur la santé de la population. Infections respiratoires et paludisme sont les premières causes de consultations. Et une épidémie d'hépatite E a été déclarée. Les médecins qui travaillent dans les camps de réfugiés, le savent, les épidémies se déclenchent rapidement dans ce genre de contexte. Pour les éviter, il faut généraliser une pratique qui reste encore exceptionnelle: organiser des campagnes de vaccination en urgence. Les réfugiés, partout dans le monde, doivent avoir accès aux nouveaux vaccins, car tous sont vulnérables. Nous remarquons qu'en général, leur calendrier de vaccinations n'est pas à jour, A cause de leurs déplacements. Donc ils doivent vraiment avoir accès à tous les vaccins nécessaires. Les enfants, particulièrement fragiles, peuvent mourir d'une simple infection respiratoire. Pourtant il existe un vaccin, le PCV, qui les protège contre l'une des principales bactéries responsable de la pneumonie. En juillet dernier, en Ouganda, 10 000 enfants de moins de 2 ans ont reçu un vaccin PCV. Les bénéficiaires: les réfugiés, mais aussi les communautés locales affectées par ces arrivées massives. Soudan du Sud en 2013, Ouganda aujourd'hui, et bientôt Ethiopie, MSF a décidé de généraliser ses campagnes de vaccination lors de déplacements de population, pour protéger les plus vulnérables, des maladies évitables. Mais pour y arriver, il faut que les obstacles qui existent aujourd'hui, parmi lesquels le prix très élevé du vaccin PCV, soient levés. Turquie, Liban, Jordanie, Iraq, l'impact de la guerre se fait ressentir au delà du territoire de la Syrie. Les réfugiés portent en eux des blessures physiques ou psychiques. De l'autre côté des postes frontière, les équipes MSF prennent en charge ces personnes. Ramda est une ville jordanienne située à 5 km de la Syrie. Dans le service de chirurgie soutenu par MSF Roukiya une jeune Syrienne de 14 ans Une roquette est tombée près de là où elle se trouvait Ma mère et ma voisine sont mortes sur le coup, moi j'ai été blessée et j'ai senti que je n'avais plus de jambes. J'ai perdu connaissance. Au chevet de Roukiya, le docteur Alouache un Irakien qui a fuit son pays au début des années 90 pendant la guerre du Golfe. Quand j'étais réfugié, je me souviens que je ne pouvais pas offrir de l'aide médicale aux miens. MSF est venu me voir et m'a demandé d'ouvrir une clinique. J'étais transporté de joie. J'ai pensé que c'était pour moi l'occasion de rentre un peu ce que j'avais reçu. Pour rendre aux 3 millions de personnes réfugiées un visage et une voix, MSF a lancé le projet: "Au-delà de la guerre". Une journée avec les Médecins sans Frontières en Iraq, au Liban et en Jordanie, pour raconter leur travail et rencontrer leurs patients. [Musique]