Bonsoir, je m'appelle Gab,
j'habite à Paris,
je suis jardinier, je pratique
une certaine forme de jardinage.
Vous pouvez vous dire, peut-être
que j'ai un jardin sur les toits de Paris,
peut-être que j'ai la chance
d'avoir un petit jardin partagé,
mais en fait j'ai trouvé,
dans les 6 m² d'espaces verts de Paris
comment en créer de nouveaux.
En fait, je participe
à la guerilla gardening.
L'idée, c'est de créer de nouveaux jardins
où il n'en existe pas aujourd'hui.
C'est perçu comme une action illégale,
on cultive, on jardine,
sur des terrains
qui ne nous appartiennent pas.
Je vais vous dire
l'histoire du mouvement
pour vous montrer qu'il s'inscrit
dans quelque chose de global,
d'international et que c'est pas juste
une petite action de notre côté.
Gerrard Stanley a défendu au 17e siècle
les terres des agriculteurs, et l'idée,
c'était pour lui de se battre
contre la privatisation des terres,
contre les grosses fermes agricoles
qui commençaient déjà
à se faire connaître
et qui limitaient vraiment beaucoup
l'indépendance des paysans,
ne serait-ce que pour se nourrir,
et les invitait à cultiver de manière
illicite autour de chez eux.
Ce mouvement a continué aujourd'hui
avec le mouvement des Sans-terre
avec de nombreux peuples qui se battent
pour avoir quelques m²
pour défendre leur territoire mais aussi
leur société, leur façon de vivre.
Le terme guerilla gardening date
plus des années 70.
Green Guerilla, ça a été inventé
par Liz Christie à New York.
Ils ont décidé de s'attaquer
à tous les délaissés urbains,
des friches, et de créer
les premiers community gardens,
ce qu'on a aujourd'hui, l'équivalent
en France, c'est les jardins partagés.
Aujourd'hui, le guerillero,
on le représente souvent comme ça :
une image de Banksy, du street art,
qui montre en fait un jeune homme,
un militant, un activiste,
qui, au lieu de lancer des pavés,
lancerait plutôt des fleurs.
C'est un peu ça, notre principe ;
l'idée, c'est de se servir du végétal
de toutes les façons possibles
pour faire passer un message
à la fois sur l'écologie, la politique,
l'environnement,
des messages sociaux aussi.
mais après, il y a plein de formes
de guerilla gardening.
Certains sont contre les actes mercantiles
et font plutôt des actes gratuits,
certains sont contre ce genre de délaissés
et préféreront voir
naître un jardin à la place.
C'est ce que font les guerilla gardeners :
vous aviez avant au pied d'une clôture
et après l'action d'un jardinier.
Ensuite, la guerilla gardening,
c'est aussi beaucoup
la guerilla potagère.
Le principe, c'est vraiment
de planter des légumes en ville,
à la fois pour se nourrir mais aussi
pour questionner sur la place
de l'alimentaire dans nos villes.
Savoir, par exemple, qu'à Paris,
en une semaine, l'importation
de nourriture dans les supermarchés,
si les camions ne pouvaient pas
rentrer dans Paris,
on n'aurait plus de nourriture.
C'est aussi une question sur le partage,
des terres, toujours,
de ce qu'on fait pousser,
des efforts dans le jardinage,
d'autres plantent des légumes, ici
des poireaux par exemple, près de Nantes,
ils se sont battus plus contre un projet
de deux fois deux voies
qui devait apparaitre près
de leur commune et se sont dit,
on va faire une action
de guerilla gardening pour dire
qu'on préfère garder nos champs,
des poireaux...
Ils se sont servi du végétal
pour contester le projet en cours.
Ça, c'est une action plus artistique,
un tag réalisé avec de la mousse,
et des pétales de fleurs à Perpignan.
D'autres artistes, par exemple
Helmut Smith, a fait cette action
pour contester la place de la publicité
dans notre espace public,
de la privatisation
de notre espace visuel,
de la non autorisation de tout un chacun
à faire ce qu'il veut
dans l'espace public.
Il a planté un arbre juste
devant la publicité.
C'est quelques années après
devant le panneau de publicité.
Ça a plutôt bien poussé.
D'autres le font aussi pour le jardinage
parce que ça peut être de l'effort,
ils se disent : « Je vais plus
dans une salle de sport courir pour rien,
sous les néons, etc.,
je préfère sortir en plein air,
faire quelque chose qui sert
à tout le monde, je vais venir
vous donner un coup de main
pour jardiner.
D'autres le font plus simplement
pour apprendre à leurs enfants
ce qu'est une plante, une graine,
savoir qu'il faut du temps pour ça pousse,
savoir ce que le geste de bécher,
des choses qu'on apprend plus du tout
et pourtant ce sont des gestes
importants à connaitre
et c'est aussi ça : réapprendre
ces gestes du jardinage.
Ça, c'est notre atelier à Paris,
un peu en désordre mais en fait
c'est un endroit où on expérimente
beaucoup de choses
pour justement végétaliser la ville.
Ici vous pouvez voir des bancs
avec des palettes de récupération
des plantes qui ont poussé
à partir de quelques graines récupérées,
c'est un peu notre point de ralliement.
Des essais dans des toilettes
pour faire pousser des tomates,
ça c'est quelques bouts de bois collés,
mis autour d'un poteau,
une initiative comme ça
pour faire pousser quelques plantes.
Ici au bord d'une route pour transformer
des barrières routières en jardinières.
Ici, une personne a planté une fleur
dans la route pour questionner en fait
sur la place de la voiture en ville,
qui occupe 80% de notre espace public :
ça veut dire qu'on a 20% pour se déplacer
à pied, 20% pour le végétal
et c'est un petit pied de nez
par rapport à ça,
mais aussi pour dire qu'on peut
végétaliser partout dans la ville,
on a toujours, partout,
des moyens de végétaliser,
de trouver un petit interstice,
et cette bombe de graine, « seed bomb »,
c'est un mélange d'argile,
de terreau, et de petites graines.
C'est un de nos outils pour atteindre
les endroits moins accessibles,
le mettre dans des interstices,
ce genre d'endroits-là.
Je vous invite maintenant
à l'International Tulip
guerilla gardening,
un mouvement international où,
partout dans le monde,
les gens vont planter des tulipes,
mais à Paris on a l'habitude de planter
surtout des légumes,
ça aura lieu autour du 9 octobre
et je vous invite à y participer.
Si vous ne pouvez pas y aller,
je vous invite à trouver près de chez vous
un terrain comme celui-là,
il y en a un peu partout,
cherchez quelques plantes,
ensuite vous n'avez plus
qu'à définir une date,
voir avec vos voisins s'ils sont motivés,
voir avec vos amis,
et puis passer à l'action.
Dans quelques mois, vous verrez
peut-être pousser vos tulipes,
vos premiers essais de guerilla gardening
autour d'un rond-point.
Quoi qu'il en soit,
la guerrilla gardening,
c'est plein de façons différentes de faire
passer un message avec les plantes,
que ce soit écologique, politique, social,
sur l'environnement,
je crois qu'il n'y a pas
d'autre mouvement ou d'action
qui permette de faire choses
juste avec quelques plantes.
Et pour ça, je vous invite à choisir
vos armes et à passer à l'action.
Merci.
(Applaudissements)