Salut.
Permettez-moi de vous inviter
à rejoindre votre endroit heureux.
Oui, votre endroit heureux.
Je sais que vous en avez un,
même si c'est un faux.
(Rires)
Ok, vous êtes à l'aise ?
Bien.
Maintenant, répondez mentalement
à quelques questions.
Dans votre endroit heureux,
y a-t-il des rubans LED ?
Des tables en plastique ?
Du lino au sol ?
Des portables ?
Non ?
Je suis surpris.
Nous savons tous que nos endroits heureux
sont des lieux de nature, à l'extérieur,
sur une plage ou au coin du feu.
On y lit, on y mange ou on y tricote.
On est entouré par de la lumière naturelle
et des éléments naturels.
Mais de l'encre et du papier
évoquent plus de bonheur
que notre réalité quotidienne, en fait.
Il est légitime de dire que les choses
naturelles nous rendent heureux, donc.
Et le bonheur est une source puissante
de motivation, on y aspire tous.
C'est sans doute pour ça qu'on refait
continuellement de design de tout.
Mus par l'espoir que nos solutions
auront l'air plus naturel.
Prenons cette idée comme point de départ :
un bon design doit sembler naturel.
Ce que n'est pas votre portable.
Vous devez penser y être accro,
mais ce n'est pas le cas.
Nous ne sommes pas dépendants
de nos dispositifs,
nous sommes dépendants des informations
qui nous submergent à travers eux.
Combien de temps resterez-vous heureux
dans votre endroit heureux
sans aucune information
sur le monde extérieur ?
Votre portable transporte
cette information.
Avant lui, nous avions nos ordinateurs.
Et avant cela, nous avons
le télex et les journaux.
Des innovations qui ont rétréci le monde.
On est un peu accros.
Ce que vous en pensez ne tient qu'à vous.
Je m'intéresse à comment
nous accédons à cette information,
comment nous la vivons.
Nous passons d'une ère
de l'information statique,
contenue dans les livres,
les bibliothèques et les arrêts de bus,
via une ère de l'information numérique,
à une ère de l'information fluide,
où vos enfants trouveront
naturel d'accéder à tout,
n'importe où et n'importe quand.
De la physique quantique
à la viticulture médiévale,
de la théorie des genres
à la météo de demain.
Exactement comme quand
on allume une lampe.
Imaginez un peu !
Nous sommes en 1880,
la naissance de l'ampoule.
À cette époque, on pense que
l'électricité est dangereuse.
Mystique.
Incomprise.
L'information est l'électricité
de nos enfants.
Sauf qu'ils ne lui accorderont pas
autant de valeur,
de la même manière
que nous n'accordons aucune attention
à pouvoir allumer une ampoule.
Il y a de nombreuses implications.
Mais tenons-nous en au fait que
l'homme adore l'information.
L'homme adore aussi
les dispositifs simples.
Votre téléphone n'est pas un outil
si simple que ça.
Une fourchette est un outil simple.
(Rires)
J'espère qu'on ne va pas nous remettre
une cuillère-fourchette au déjeuner,
car nous préférons les couteaux,
fourchettes et cuillères,
si possible pas en plastique.
De manière similaire,
je n'aime pas trop mon portable.
Je n'aime pas m'informer
de cette manière-là.
Il doit y avoir de meilleures solutions
qu'un monde catalysé par les écrans.
L'Internet des Objets ne signifie pas
uniquement
que votre téléphone communique
avec votre frigo.
Ça signifie que les objets du quotidien
se comportent comme des applis.
Ils ne font pas que tweeter
que votre fromage est sec.
(Rires)
Ce n'est pas que je n'aime pas
les écrans, mais...
je ne pense pas que nous ressentions
beaucoup de plaisir
le temps que nous sommes penchés sur eux.
Heureusement, les grandes entreprises
semblent être d'accord.
Elles investissent toutes énormément
dans le tactile,
la reconnaissance vocale,
le geste et les sens.
Des choses qui peuvent transformer
un simple objet comme une tasse,
les envelopper avec
la magie de l'Internet,
et potentiellement capable
de faire du cloud
une chose que nous pourrons
toucher et déplacer.
Avant les smartphones,
ceci était notre avenir,
on appelait ça l'informatique ubiquitaire,
les médias corporels.
Les choses qu'on peut toucher.
Après tout, nous n'avons pas tous 25 ans.
Nous avons besoin de solutions
numériques concrètes
quand la taille des caractères
devient de plus en plus petite
et que les claviers
sont petits et sensibles.
Les parents qui crisent
devant le temps d'écran
ont besoin de jouets numériques
pour apprendre à lire à leurs enfants
ainsi que des magasins d'applis sûrs.
Je pense que cela existe déjà.
La réalité est plus riche que les écrans.
Vous êtes ici, dans la salle de l'opéra.
Nous savons intuitivement
que l'expérience physique est meilleure
que de regarder le streaming en direct.
(Rires)
Mais, pourquoi ?
En ligne, on voit tout ce que je fais,
on entend tout ce que je dis,
et je n'ai pas d'odeur.
(Rires)
La science de tout cela me fascine.
Je pense que cela a à voir avec
la perception de la profondeur.
L'écran éteint la partie de mon cerveau
qui me dit que je devrais lancer
très fort une pochette
pour atteindre le monsieur
au quatrième rang.
Je ne sais pas.
Ce n'est pas très TEDx, d'être sur scène
à vous raconter tout ce que j'ignore.
Mais ces choses me fascinent
et suscitent ma créativité.
Par exemple, j'adore les livres.
Ce sont comme des machines
à remonter dans le temps,
des atomes et des molécules dans l'espace,
depuis leur création
jusqu'au moment où je les lis.
Mais franchement,
le contenu est identique
sur mon téléphone.
Pourquoi le livre est-il plus agréable
que l'écran alors ?
Scientifiquement parlant.
Nous avons besoin des écrans, bien sûr.
Pour des films, nos écrans sont géants.
Mais on peut faire davantage
avec ces boîtes magiques.
Votre téléphone n'est pas
le vigile à l'entrée d'Internet.
(Rires)
On peut construire des choses,
des vraies choses,
en utilisant la physique et les pixels,
qui intègrent l'Internet dans le monde
qui nous entoure.
Je vais vous montrer quelques exemples.
Il y a peu,
j'ai eu l'occasion de travailler
avec une agence de graphisme, Berg,
et explorer ce à quoi qu'un Internet
sans écran pourrait ressembler.
Ils nous ont montré plein de façons
que la lumière a pour jouer avec nos sens
et les objets physiques
afin de donner vie à Internet,
de lui donner corps.
Il y a cet écran Youtube
délicieusement mécanique, par exemple.
Cela m'a vraiment inspiré.
Ensuite, j'ai travaillé
avec une agence japonaise, AQ,
sur un projet de recherche
dans la santé mentale.
Nous voulions créer un objet
qui capte les données subjectives
entourant les changements d'humeur
si essentiels au diagnostic.
Cet objet capte votre toucher.
Vous pourriez par exemple le serrer
très fort quand vous êtes fâché
ou le caresser quand vous êtes calme.
C'est comme un manche emoji numérique.
On peut alors revisiter ces moments-là
par la suite,
et contextualiser cela en ligne.
Mais surtout,
nous voulions créer
un objet beau et intime
qui allait vivre dans notre poche
et que nous allions aimer.
Ces jumelles sont un cadeau offert
à l'occasion du 40e anniversaire
de l'Opéra de Sydney.
Nos amis de l'agence Tellart, à Boston,
nous ont apporté des jumelles de rue,
du genre de celles qu'on trouve
au sommet de l'Empire State Building.
Ils les ont équipées
d'une vision 360 degrés
des sites cultes qui font partie
du patrimoine universel -
(Rires)
au moyen de Street View.
On a placé les jumelles
en bas des escaliers.
Elles sont ainsi devenues
une simple réappropriation physique,
un portail de ces sites cultes,
si vous voulez.
On peut visiter Versailles
ou l'Antarctique.
C'est une réalité virtuelle de 1955.
(Rires)
Le cube a démarré en tant que projet
de programmation et de vidéo
horriblement geek.
Mais il a abouti à ce qui arrive quand
on dépose un téléphone dans une boîte.
Nombreux sont nos projets qui démarrent
avec des cartons et du scotch.
On a créé une version virtuelle de ceci
mais ce fut un peu compliqué.
On a aussi créé un écran tactile
pour téléphone.
C'est toutefois son pouvoir
de transformation qui nous a épatés.
On place le téléphone dans la boîte
et on utilise les capteurs du téléphone
pour contrôler le cube affiché à l'écran.
On appelle ça cacher la technologie.
Ça a rendu le tout magique et touchant.
Dans notre bureau, nous utilisions
des pochettes pour échanger les URL.
C'est extrêmement simple,
comme votre Navigo Easy.
On ajoute l'adresse du site Internet
sur la puce, ici,
on fait ceci et... voilà !
Le site Internet apparaît
sur votre téléphone.
Ça coute 10 cents.
On travaille sur un projet
appelé Treehugger
en collaboration avec Grumpy Sailor
et Finch, à Sydney.
Je suis super curieux
de savoir ce qui va arriver
quand on démantèle ces téléphones
et qu'on en dépose les composants
dans les arbres.
Mes enfants auront peut-être la chance
de visiter une forêt enchantée,
guidés par une baguette magique.
Ils pourraient y rencontrer des fées
numériques et leur poser des questions.
Les fées aussi leur poseraient
des questions.
Voyez-vous,
sur ce coup-là,
on est à l'étape du carton.
(Rires)
Mais je suis super enthousiaste
à l'idée que les enfants
puissent sortir sans écran en main
mais avec la magie puissante de l'Internet
au bout de leurs doigts.
On espère obtenir quelque chose comme ceci
d'ici la fin de l'année.
Pour rendre tout cela
plus physique encore,
nous avons une petite démo.
En bas, il y a un nombre d'oursons,
des Teddys Bears,
qui ont perdu leur propriétaire,
c'est incroyable mais c'est ainsi.
Ils attendent leur propriétaire
dans la cafétéria,
dans le lobby de l'opéra,
j'ignore le nom du hall,
celui-ci.
(Rires)
Nous vous invitons à vous réunir
en petits groupes, avec des gens
que vous ne connaissez pas,
que vous adoptiez un ourson
le temps d'une promenade dans l'opéra
et que vous l'écoutiez vous relater
son histoire en marchant.
Vous pourrez ainsi obtenir des indices
et découvrir qui est leur propriétaire.
Ensuite, vous êtes priés
de nous les ramener.
(Rires)
Avec une réponse.
Il y a un prix à la clé.
On les a nommés
TEDdyx.
(Rires)
Récapitulons :
l'homme privilégie
les solutions naturelles ;
l'homme aime l'information ;
l'homme a besoin d'outils simples.
Ces principes doivent rester à la base
de tout ce que nous concevons,
sans se limiter à Internet.
Vous vous sentez peut-être angoissé face
à l'ère de l'information qui s'annonce.
Remis en question plutôt que
vraiment excité par ce défi.
Vous savez quoi ? Moi aussi.
Nous vivons une époque extraordinaire
de l'histoire de l'humanité.
Nous sommes ceux qui construisons
vraiment notre monde,
sans intelligence artificielle...
pour le moment.
(Rires)
C'est nous, designers, architectes,
artistes et ingénieurs.
Et si on fait tous un effort,
je suis convaincu
qu'il y a un endroit heureux
où on trouve cette information
qu'on aime tant,
qui semble aussi naturelle et simple
qu'allumer une lampe.
Et quand bien même
cela nous semble inévitable
que le consommateur souhaite
des montres, des sites et des widgets,
nous devons réfléchir aux bouchons,
aux lumières et aux pochettes.
Merci.
(Applaudissements)